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valerie.busseuil@strasbourg.eu
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NOTES DE MISE EN SCENE
Lee Hall ne fait pas parler des gens, vous ou moi, il fait parler le peuple – non les masses ou
les victimes (même atteintes de tétraplégie, comme dans La Cuisine d’Elvis ou le cancer dans
Face de cuillère) – il fait parler le peuple dans sa dignité d’acteur du genre humain : des
pâtissiers, des professeurs, des artistes, des mineurs de fond, des amateurs d’art, vous et
moi.
Quand Voltaire écrivait : le théâtre instruit mieux qu’un gros livre, sans doute ne pensait-il
pas à une école du spectateur mais plutôt à ce que l’émotion, tragique ou comique, reste
une forge universellement accessible de la libre pensée.
Lee Hall veut être compris de tous, non décodé par quelques initiés. Ses pièces vibrent d’un
engagement, de quelque chose qui veut se mettre debout. J’essaie de retrouver ce
mouvement.
Etrangement au pays de Molière, de Marivaux et de Beaumarchais, l’injonction dominante
place souvent le peuple sous la loupe compatissante du sérieux avec ce regard
d’anthropologue penché sur une ethnie méconnue. On rit parfois du populaire
(heureusement !), mais l’on rit souvent de séquences, d’habitudes répertoriées, et le « on »
de ce rire nous distingue délicieusement, nous les autres…
Il est rare aujourd’hui qu’au théâtre, l’homme de la rue vive des aventures – à l’instar de
Sosie, Scapin, quelque Lisette, Figaro et tant d’autres – qu’il se voie conférer un destin, une
trajectoire où l’expérience va désengager un questionnement métaphysique, une
émancipation morale, politique, susceptibles d’apporter un témoignage universel.
Dans le cadre d’un cours de « sensibilisation artistique », les mineurs de Lee Hall se
commentent eux-mêmes avec humour et passion. Eux qui n’avaient jamais vu un tableau en
vrai vont peu à peu soutenir la controverse avec leur maître.
Marion Bierry
VOIR PLUS LOIN QUE LA MINE
Après avoir mis en scène Cinq hommes de Daniel Keene, évoquant les conditions de vie de
cinq étranger travaillant au noir sur un chantier et avoir pu, grâce au texte mais aussi au
travail avec les comédiens et le scénographe, déjouer nombre de clichés sur les clandestins,
j’ai été séduit par cette histoire d’une communauté d’hommes désirant s’ouvrir à d’autres
horizons que la mine où il se rendent chaque jour pour un salaire dérisoire.
Portraits touchants, inattendus, drôles de ces mineurs qui veulent s’inscrire à des cours du
soir d’économie mais qui sont finalement amenés à suivre des cours d’histoire de l’art. On
est saisi par la cocasserie d’un malentendu, la grâce d’une révélation, l’humanité des
personnages. le ton qui prédomine dans Les Peintres au charbon est celui de la comédie,
mais il n’exclut pas de passionnants débats sur le rôle de l’art aujourd’hui.