28 SERVICE 4/10 TORO 04/10 la peine à porter à nouveau. C’est pourquoi, une expulsion complète des arrière-faix est si importante pour la vache. En même temps, un enchevêtrement solide des enveloppes fœtales et de la matrice est décisif pour l’approvisionnement du veau durant la gestation. Cet enchevêtrement se résorbe au moment de la mise-bas, au travers d’un mécanisme compliqué, dans lequel interviennent de nombreux facteurs, tels que l’affouragement et l’obstétrique. Formation et développement des enveloppes fœtales L’embryon bovin commence déjà à former et développer ses enveloppes fœtales à un stade étonnement précoce. Quinze jours après la fécondation déjà, celle qui deviendra l’enveloppe extérieure (le chorion) remplit la corne utérine gravide. Une semaine plus tard, elle atteint déjà la pointe de la corne opposée. A ce stade là, l’embryon lui-même ne peut pas être reconnu à l’œil nu. Les enveloppes fœtales entrent alors en contact étroit L’affouragement de la vache tarie et la rétention placentaire sont étroitement liés Une relation étroite entre les enveloppes fœtales et la matrice est essentielle au bon développement du fœtus. A l’inverse, pour la bonne santé de la vache, il est important que les enveloppes fœtales puissent se détacher rapidement après la mise-bas. L’éleveur a son rôle à jouer dans ce processus, au travers de l’affouragement durant la phase de tarissement. jbg. Si l’on considère les vaches qui doivent être éliminées durant les 60 premiers jours de lactation, on constate que, dans 25% des cas, les problèmes ont débuté avec une mauvaise expulsion des arrière-faix (ou placenta). Les vaches qui souffrent de rétention placentaire doivent être traitées par un vétérinaire, sans quoi elles tombent gravement malades et ont généralement de la fièvre. La plupart contractent une inflammation de la matrice (métrite) et ont alors de Une bonne gestion du tarissement, une naissance sans stress et le léchage intensif du veau par la mère sont autant de facteurs qui permettent de limiter le risque d’une rétention placentaire. avec la muqueuse utérine. A ce moment-là, l’approvisionnement de l’embryon passe toujours et encore par le lait utérin (voir TORO 3/10). Puis, les villosités minuscules de l’enveloppe fœtale s’accrochent à celles de la muqueuse utérine, pour former les cotylédons fœtaux typiques des bovins (houppes choriales), sur le chorion, et les caroncules maternelles en forme de bouton, sur la matrice. A la fin de la gestation, on dénombre entre 75 et 120 caroncules. Entre ces dernières, le chorion et la muqueuse utérine se touchent sans pour autant être reliés. Lorsqu’elles sont complètement formées, les caroncules atteignent la taille d’un poing; la tige qui les relie à la matrice mesure entre 2 et 3 centimètres et abrite les vaisseaux sanguins, qui approvisionnent le fœtus. Plus les caroncules se trouvent près de l’embryon, plus elles sont grandes et plus elles sont proches les unes des autres. L’échange métabolique entre 29 SERVICE 4/10 TORO 04/10 la vache et le veau se fait par la zone de contact entre les cotylédons fœtaux qui enveloppent pour ainsi dire les caroncules maternelles. Cette structure enchevêtrée permet d’augmenter la surface de contact. Si l’on étalait les villosités des cotylédons d’un placenta mature, on arriverait à une surface totale de 130m2! Arrivé à la 5e semaine de gestation, deux poches soudées se sont formées à l’intérieur du sac. La poche extérieure (poche des eaux) apparaît généralement en premier lors de la naissance du veau, avant la poche intérieure (poche de mucus). Comment les arrière-faix se détachent-ils? Le processus de détachement des arrière-faix commence durant les derniers jours de gestation et prend fin quelques heures après la misebas. Les tissus des caroncules et cotylédons sont transformés et des enzymes spécialisées dans la décomposition des protéines dissolvent chimiquement les ancrages entre eux. Ces processus de maturation sont également décisifs pour l’expulsion du placenta. Au fil des contractions qui précèdent la naissance, les cotylédons sont comprimés contre le veau. Ils s’aplatissent et sont vidés de leur sang. Durant les pauses entre les règle générale, c’est soit le mécanisme de détachement chimique (pendant les derniers jours de gestation) soit le processus mécanique de libération et d’expulsion des enveloppes fœtales (pendant et après le vêlage) qui est perturbé. Le placenta doit mûrir Les arrière-faix sont composés des enveloppes fœtales qui entourent le veau durant la gestation. Les cotylédons, de la taille d’un poing, se détachent des caroncules maternelles sous l’effet de processus chimiques et mécaniques compliqués. contractions, le sang reflue dans les villosités des caroncules, permettant d’assurer l’approvisionnement du veau durant le vêlage. L’action mécanique du flux et du reflux dans les vaisseaux sanguins dissout l’ancrage entre cotylédons et caroncules. Lorsque les vaisseaux sanguins des enveloppes fœtales se vident après que le cordon ombilical se soit rompu, la surface des villosités diminue et les cotylédons se détachent complètement des caroncules de la matrice. Les contractions qui suivent le vêlage proprement dit conduisent à l’expulsion des arrière-faix dans les 6 à 12 heures. L’alimentation de la vache tarie a une grande influence sur la rétention placentaire: Les facteurs nuisibles sont: – une mauvaise consommation pour cause de: – manque de qualité (restes de la crèche, ensilage de mauvaise qualité, vieux foin ou foin moisi) – mauvaises conditions de garde ou manque de confort – absence d’une ration de transition (appropriée) – approvisionnement insuffisant en eau – problèmes d’onglons – vaches taries trop grasses – apport insuffisant de fourrage (les vaches trop grasses doivent cependant être restreintes) – excès de protéine dans la ration – manque d’oligo-éléments (notamment en vitamine E et/ou en sélénium) – manque secondaire d’oligo-éléments en raison d’une teneur élevée en cendres brutes (ensilage souillé, restes de la crèche) – manque secondaire d’oligo-éléments en raison d’une acidose de la panse (les vaches taries ne sont pas séparées du troupeau, pâture intégrale des vaches taries) – toxines dans le fourrage – mycotoxines (vieux foin, ensilage sec ou mal conditionné) – toxines de clostridies (ensilage souillé) – ration riche en calcium (restes d’aliments concentrés provenant de la crèche des vaches en lactation, pas de sel spécial pour vaches taries) – excès de potassium (herbe d’automne) Que faire si les arrière-faix ne sont pas expulsés Si les arrière-faix ne sont pas expulsés dans les 12 heures qui suivent le vêlage, on parle de rétention placentaire. Cette affection, par le passé, avait souvent une origine infectieuse (Maladie de Bang). Aujourd’hui, cette pathologie est généralement la conséquence d’une erreur d’alimentation durant la phase de tarissement ou d’une erreur d’obstétrique, surtout si elle survient fréquemment sur la même exploitation. Des études ont permis de démontrer qu’entre 4 et 12% des vaches laitières étaient actuellement concernées par la rétention placentaire et que cela pouvait toucher jusqu’à 60% des animaux, sur les exploitations à problème. En Plus la gestation est courte et plus le risque d’une rétention placentaire est grand, vu que le mécanisme de détachement chimique est interrompu. C’est pourquoi, la rétention placentaire est quasi préprogrammée en cas de vêlage prématuré (par ex. suite à la chute d’une vache ou d’une naissance gémellaire), d’avortement ou de vêlage provoqué par le vétérinaire. La problématique peut aussi survenir en cas de gestation prolongée, lorsque les enveloppes fœtales se raccrochent à nouveau aux caroncules et n’arrivent plus à se détacher. Le mécanisme de défense immunitaire de la matrice joue aussi un rôle majeur dans le processus de détachement du placenta; il est donc d’autant plus important que le fonctionnement du système immunitaire et du foie soit intact chez la vache. Des problèmes de foie pendant la phase de tarissement entraînent souvent la rétention placentaire. Ces problèmes peuvent survenir à la suite d’une intoxication, lorsque – ce qui arrive souvent dans la pratique – la ration de tarissement contient des fourrages de qualité inférieure (foin trop vieux, moisi ou Les vaches taries ne sont pas des poubelles! Pour assurer un bon démarrage de la lactation suivante et pour prévenir une rétention placentaire, il faut administrer une ration appétante, mais limitée en énergie (environ 5.0 MJ NEL), et garantir un apport suffisant en sels minéraux et en oligo-éléments.