L`affouragement de la vache tarie et la rétention placentaire sont

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la peine à porter à nouveau. C’est
pourquoi, une expulsion complète
des arrière-faix est si importante
pour la vache. En même temps, un
enchevêtrement solide des enveloppes fœtales et de la matrice est décisif pour l’approvisionnement du veau
durant la gestation. Cet enchevêtrement se résorbe au moment de la
mise-bas, au travers d’un mécanisme
compliqué, dans lequel interviennent
de nombreux facteurs, tels que
l’affouragement et l’obstétrique.
Formation et développement
des enveloppes fœtales
L’embryon bovin commence déjà à
former et développer ses enveloppes
fœtales à un stade étonnement précoce. Quinze jours après la fécondation déjà, celle qui deviendra l’enveloppe extérieure (le chorion) remplit
la corne utérine gravide. Une semaine plus tard, elle atteint déjà la pointe
de la corne opposée. A ce stade là,
l’embryon lui-même ne peut pas être
reconnu à l’œil nu. Les enveloppes
fœtales entrent alors en contact étroit
L’affouragement
de la vache tarie et
la rétention placentaire
sont étroitement liés
Une relation étroite entre les enveloppes fœtales
et la matrice est essentielle au bon développement du fœtus. A l’inverse, pour la bonne santé
de la vache, il est important que les enveloppes
fœtales puissent se détacher rapidement après la
mise-bas. L’éleveur a son rôle à jouer dans ce
processus, au travers de l’affouragement durant
la phase de tarissement.
jbg. Si l’on considère les vaches qui
doivent être éliminées durant les 60
premiers jours de lactation, on
constate que, dans 25% des cas, les
problèmes ont débuté avec une mauvaise expulsion des arrière-faix (ou
placenta). Les vaches qui souffrent
de rétention placentaire doivent être
traitées par un vétérinaire, sans quoi
elles tombent gravement malades et
ont généralement de la fièvre. La plupart contractent une inflammation
de la matrice (métrite) et ont alors de
Une bonne gestion du
tarissement, une naissance
sans stress et le léchage
intensif du veau par la
mère sont autant de
facteurs qui permettent de
limiter le risque d’une
rétention placentaire.
avec la muqueuse utérine. A ce moment-là, l’approvisionnement de
l’embryon passe toujours et encore
par le lait utérin (voir TORO 3/10).
Puis, les villosités minuscules de
l’enveloppe fœtale s’accrochent à celles de la muqueuse utérine, pour former les cotylédons fœtaux typiques
des bovins (houppes choriales), sur
le chorion, et les caroncules maternelles en forme de bouton, sur la
matrice. A la fin de la gestation, on
dénombre entre 75 et 120 caroncules.
Entre ces dernières, le chorion et la
muqueuse utérine se touchent sans
pour autant être reliés. Lorsqu’elles
sont complètement formées, les caroncules atteignent la taille d’un
poing; la tige qui les relie à la matrice
mesure entre 2 et 3 centimètres et
abrite les vaisseaux sanguins, qui
approvisionnent le fœtus. Plus les
caroncules se trouvent près de
l’embryon, plus elles sont grandes et
plus elles sont proches les unes des
autres. L’échange métabolique entre
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la vache et le veau se fait par la zone
de contact entre les cotylédons fœtaux qui enveloppent pour ainsi dire
les caroncules maternelles. Cette
structure enchevêtrée permet d’augmenter la surface de contact. Si l’on
étalait les villosités des cotylédons
d’un placenta mature, on arriverait à
une surface totale de 130m2!
Arrivé à la 5e semaine de gestation,
deux poches soudées se sont formées
à l’intérieur du sac. La poche extérieure (poche des eaux) apparaît généralement en premier lors de la
naissance du veau, avant la poche
intérieure (poche de mucus).
Comment les arrière-faix
se détachent-ils?
Le processus de détachement des
arrière-faix commence durant les
derniers jours de gestation et prend
fin quelques heures après la misebas. Les tissus des caroncules et cotylédons sont transformés et des
enzymes spécialisées dans la décomposition des protéines dissolvent
chimiquement les ancrages entre
eux. Ces processus de maturation
sont également décisifs pour l’expulsion du placenta. Au fil des contractions qui précèdent la naissance, les
cotylédons sont comprimés contre le
veau. Ils s’aplatissent et sont vidés de
leur sang. Durant les pauses entre les
règle générale, c’est soit le mécanisme de détachement chimique (pendant les derniers jours de gestation)
soit le processus mécanique de libération et d’expulsion des enveloppes
fœtales (pendant et après le vêlage)
qui est perturbé.
Le placenta doit mûrir
Les arrière-faix sont composés des enveloppes fœtales qui entourent
le veau durant la gestation. Les cotylédons, de la taille d’un poing, se
détachent des caroncules maternelles sous l’effet de processus
chimiques et mécaniques compliqués.
contractions, le sang reflue dans les
villosités des caroncules, permettant
d’assurer l’approvisionnement du
veau durant le vêlage. L’action mécanique du flux et du reflux dans les
vaisseaux sanguins dissout l’ancrage
entre cotylédons et caroncules. Lorsque les vaisseaux sanguins des enveloppes fœtales se vident après que le
cordon ombilical se soit rompu, la
surface des villosités diminue et les
cotylédons se détachent complètement des caroncules de la matrice.
Les contractions qui suivent le vêlage proprement dit conduisent à
l’expulsion des arrière-faix dans les
6 à 12 heures.
L’alimentation de la vache tarie a une grande influence sur la
rétention placentaire:
Les facteurs nuisibles sont:
– une mauvaise consommation pour cause de:
– manque de qualité (restes de la crèche, ensilage de mauvaise
qualité, vieux foin ou foin moisi)
– mauvaises conditions de garde ou manque de confort
– absence d’une ration de transition (appropriée)
– approvisionnement insuffisant en eau
– problèmes d’onglons
– vaches taries trop grasses
– apport insuffisant de fourrage (les vaches trop grasses doivent
cependant être restreintes)
– excès de protéine dans la ration
– manque d’oligo-éléments (notamment en vitamine E et/ou en
sélénium)
– manque secondaire d’oligo-éléments en raison d’une teneur élevée
en cendres brutes (ensilage souillé, restes de la crèche)
– manque secondaire d’oligo-éléments en raison d’une acidose de la
panse (les vaches taries ne sont pas séparées du troupeau, pâture
intégrale des vaches taries)
– toxines dans le fourrage
– mycotoxines (vieux foin, ensilage sec ou mal conditionné)
– toxines de clostridies (ensilage souillé)
– ration riche en calcium (restes d’aliments concentrés provenant
de la crèche des vaches en lactation, pas de sel spécial pour vaches
taries)
– excès de potassium (herbe d’automne)
Que faire si les arrière-faix ne
sont pas expulsés
Si les arrière-faix ne sont pas expulsés dans les 12 heures qui suivent le
vêlage, on parle de rétention placentaire. Cette affection, par le passé,
avait souvent une origine infectieuse
(Maladie de Bang). Aujourd’hui,
cette pathologie est généralement la
conséquence d’une erreur d’alimentation durant la phase de tarissement
ou d’une erreur d’obstétrique, surtout
si elle survient fréquemment sur la
même exploitation. Des études ont
permis de démontrer qu’entre 4 et
12% des vaches laitières étaient actuellement concernées par la rétention placentaire et que cela pouvait
toucher jusqu’à 60% des animaux,
sur les exploitations à problème. En
Plus la gestation est courte et plus le
risque d’une rétention placentaire est
grand, vu que le mécanisme de détachement chimique est interrompu.
C’est pourquoi, la rétention placentaire est quasi préprogrammée en cas
de vêlage prématuré (par ex. suite à
la chute d’une vache ou d’une naissance gémellaire), d’avortement ou
de vêlage provoqué par le vétérinaire.
La problématique peut aussi survenir
en cas de gestation prolongée, lorsque les enveloppes fœtales se raccrochent à nouveau aux caroncules et
n’arrivent plus à se détacher. Le mécanisme de défense immunitaire de
la matrice joue aussi un rôle majeur
dans le processus de détachement du
placenta; il est donc d’autant plus important que le fonctionnement du
système immunitaire et du foie soit
intact chez la vache. Des problèmes
de foie pendant la phase de tarissement entraînent souvent la rétention
placentaire. Ces problèmes peuvent
survenir à la suite d’une intoxication,
lorsque – ce qui arrive souvent dans
la pratique – la ration de tarissement
contient des fourrages de qualité inférieure (foin trop vieux, moisi ou
Les vaches taries ne sont pas des poubelles! Pour assurer un bon
démarrage de la lactation suivante et pour prévenir une rétention
placentaire, il faut administrer une ration appétante, mais limitée en
énergie (environ 5.0 MJ NEL), et garantir un apport suffisant en sels
minéraux et en oligo-éléments.
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