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CONTEXTE HISTORIQUE
Le XIXème siècle est pour l’Europe une pé-
riode d’intense agitation politique et so-
ciale : initiés par la Révolution Française, de
nombreux mouvements libéraux naissent
dans tous les pays du Vieux Continent. Tous
ont en commun des idéaux de liberté et
d’égalité, et nombreux sont ceux qui aspirent
au remplacement des Monarchies par des
Républiques.
A cette époque, l’Allemagne porte le nom de
Confédération Germanique et n’est pas en-
core unifiée sous un seul drapeau : elle est
composée d’une multitude de petits duchés,
comtés et principautés directement hérités
du Moyen-âge ; pour faire bref, le système
sociétal est encore principalement féodal, et
le pouvoir est majoritairement tenu par
l’aristocratie.
Par ailleurs, la littérature européenne est elle
aussi en pleine ébullition : en France,
l’influence des Lumières se fait encore net-
tement sentir ; des genres nouveaux au
théâtre ont fait leur apparition, le « drame
bourgeois » et la « comédie larmoyante »,
notamment avec Diderot et Beaumarchais.
L’Allemagne, elle, est en plein cœur de sa
période romantique : les auteurs allemands
tels que Kleist ou Schiller cherchent mais
peinent à trouver des sujets sinon universels,
du moins nationaux*1.
BIOGRAPHIE
C’est dans ce contexte historique bouillon-
nant que naît Georg Karl Büchner, le 17 oc-
tobre 1813. Il est le fils d’Ernst Karl Büchner,
médecin et chirurgien, et de son épouse Ca-
roline, née Reuss, dont la famille est originaire
de Strasbourg.
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1 Tous les astérisques renvoient à la partie POUR
ALLER PLUS LOIN
Après une petite enfance dont nous ne sa-
vons que peu de choses, Georg Büchner entre
au lycée en 1825, pour y suivre des cours de
rédaction allemande, de latin et d’histoire.
Les premiers devoirs conservés du jeune
Büchner datent de 1829/1830, et témoignent
déjà de ses intérêts politiques.
En 1831, Büchner entame des études scienti-
fiques à la Faculté de Médecine de Stras-
bourg. En Allemagne, la situation politique et
sociale est alors de plus en plus tendue, avec
une apogée en 1833**.
En mars 1834, Büchner écrit et fait diffuser,
par l’intermédiaire de la Société des Droits
de l’Homme qu’il a fondé avec plusieurs de
ses amis, un pamphlet politique visant à faire
se soulever la paysannerie allemande. Ce
texte s’intitule Le Messager Hessois.
Un mandat d’arrêt circule dès lors contre
Büchner qui se prépare à l’exil ; il rédige sa
première pièce, La Mort de Danton***.
Arrivé à Strasbourg à l’automne 1835, il ré-
dige un mémoire sur le système nerveux du
barbeau (un poisson d’eau douce) tout en
travaillant à sa nouvelle, Lenz****, qui à bien
des égards préfigure Woyzeck. Il rédige en
même temps un mémoire de philosophie sur
Descartes et Spinoza.
En juin 1836, alors qu’il vient d’être accepté
comme chargé de cours de philosophie et de
sciences naturelles à l’Université de Zürich, il
écrit Léonce et Léna, sa deuxième pièce, pour
participer à un concours.
Durant les mois d’automne et d’hiver 1836, il
entame le travail sur Woyzeck.
Le 2 février 1837, le typhus se déclare brus-
quement. Büchner mourra deux semaines
plus tard, le 19 février, à 23 ans.