Samedi 10 janvier 2015, de 08h00 à 10h00. Pas de documents, pas de calculette.
Commentaire de texte. « Pétrole : les gagnants et les perdants de la chute des cours », A. Eveno et J.-M.
Bezat, Le Monde, 28 novembre 2014.
« En décidant, jeudi 27 novembre, de ne pas réduire leur production de pétrole, les douze pays membres de
l’Opep ont accepté que la chute des cours de l’or noir entamée depuis le début de l’été s’accélère. Vendredi
28 novembre à l’ouverture à New York, le baril de pétrole WTI a ouvert en baisse de 4,40 dollars à par
rapport à mercredi soir, à 69,29 dollars. (…). Depuis la mi-juin, les cours se sont effondrés de 35 %. Entre la
fin de 2010 et mi-2014, les prix du brut étaient contenus dans une bande allant de 100 à 120 dollars.
Ce changement de la donne fait des gagnants et des perdants.
Un coup de pouce pour les économies européennes importatrices d’or noir.
Les pays occidentaux importateurs de pétrole bénéficient de la baisse des cours à plusieurs titres comme le
montre l’exemple de la France. Ses importations (toutes énergies confondues) ont atteint 66 milliards d’euros
en 2013. « Sa facture sera réduite d’au moins 5 milliards d’euros en 2014 », estime COE-Rexecode. La baisse
de 16 % du Brent [pétrole vendu à Londres] entre septembre 2013 et octobre 2014 va aussi entraîner, selon
l’institut, un recul de 0,2 % des prix de la production. Dans l’industrie, le phénomène gonflera l’excédent brut
d’exploitation de 2,9 %, soit 2 milliards d’euros, et son impact sera « supérieur à celui du crédit d’impôt
compétitivité-emploi (CICE) » en 2014. (…)
Cette baisse devrait tout de même « accroître le niveau du PIB de la zone euro de 0,5 % au total sur deux ans,
soit 0,25 % par an », calcule-t-il. Son estimation rejoint celle du Fonds monétaire international (FMI), qui
indique qu’un recul de 30 % du prix du brut accroît le PIB mondial de 0,2 point.
Le pouvoir d’achat des automobilistes dopé.
Les automobilistes sont les premiers à bénéficier de la baisse. Les prix du gazole et de l’essence ont retrouvé
leur niveau de décembre 2010, indique le ministère de l’écologie et de l’énergie. La baisse serait plus nette
sans le poids des taxes (TVA et TIPCE), qui représentent 60 % du prix de l’essence et 52 % du prix du gazole.
Une fiscalité lourde que ne connaissent pas les Américains, pour lesquels le gain de pouvoir d’achat sera
beaucoup plus important. (…)
Les compagnies pétrolières à la peine.
La baisse des cours du pétrole peut menacer certains investissements très coûteux et menacer les
approvisionnements à moyen terme. « Certains groupes pétroliers reconsidèrent leur participation à de gros
projets, du Canada à l’Angola, prévient l’AIE. Les retards ou les réductions de coûts affecteront les
perspectives d’approvisionnement à plus long terme plutôt que la production à court terme. »
Aux Etats-Unis, les compagnies pétrolières n’ont pas été dissuadées d’investir par la chute des cours. Dans
certaines régions, la productivité a augmenté notamment grâce à la réduction de la durée des forages, et le coût
d’extraction du baril d’huile de schiste n’excède pas 50 dollars. Mais certaines compagnies ont annoncé
qu’elles feraient moins de forages en 2015.
Résultat, les compagnies européennes du secteur pétrolier souffrent en Bourse. En début de séance à Paris,
vendredi, Total perdait 4,58 %, Maurel et Prom 4 % et Technip 2,98 %. (…)
Une instabilité politique pour certains pays.
La chute des cours accroît les risques d’instabilité dans des pays exportateurs de pétrole, incapables de
financer leur politique sociale. C’est le cas du Venezuela, du Nigeria, de l’Irak, de l’Iran, de l’Algérie et de la
Libye, où le « prix d’équilibre » pour boucler le budget se situe très au-dessus de la barre des 100 dollars le
baril. On comprend pourquoi ils ont plaidé, à Vienne, pour des mesures vigoureuses, contrairement aux
pétromonarchies du Golfe qui ont les poches bien plus profondes.
La Russie, particulièrement exposée.
Le budget russe dépend pour plus de la moitié des recettes des hydrocarbures. Or cette chute des cours du brut
se conjugue à la fuite massive des capitaux depuis un an et aux sanctions prises par les Occidentaux pour
punir Moscou de ses interventions armées en Ukraine. Moscou a certes des réserves de devises, mais
l’effondrement du rouble par rapport au dollar et à l’euro inquiète de plus en plus les consommateurs russes.
Selon certains analystes, l’Arabie saoudite cherche à maintenir des prix bas pour dissuader la Russie (et la
Chine) à investir dans leurs réserves de pétrole de schiste, plus coûteux à exploiter.
Université Paris I - UFR d’économie - L1 - Janvier 2015
INTRODUCTION GENERALE A L’ECONOMIE
Cours d’Antoine d’Autume, Nicolas Canry et Angela Greulich