faire le travail correctement.
Qu’est-ce que le candidat a à perdre dans cette histoire
?
Le candidat ne sait pas ni où, ni quand, ni à qui son CV est
envoyé, ni précisément pour quel type d’emploi il
candidate. Le cabinet qui ne cherche qu’à placer inonde le
marché avec son CV, sans l’avoir rencontré, sans
connaître ses motivations. Sur le nombre de CV envoyés, il
y a forcément un pourcentage qui va aboutir à un
engagement ! C’est la loi des grands nombres. La
protection de la personnalité n’est plus garantie et la loi sur
la protection des données (LPD) est bafouée.
Le problème est que le jour où le candidat veut postuler à
une offre qui l’intéresse, il va découvrir que son CV a déjà
été envoyé (sans même qu’il le sache) et stocké dans la
base de données de la société. Cela le décrédibilise et son
dossier est le plus souvent écarté. A ce titre, le candidat a
une possibilité d’action juridique contre le « pourvoyeur de
dossiers indélicat ».
Y a-t-il des « victimes » types ?
Les métiers sensibles les plus susceptibles de pâtir de ces
« CV shooters » sont les profils qui intéressent beaucoup le
marché comme les relationship managers dotés d’un
portefeuille de clients transférable d’une banque à l’autre,
ou ceux qui apportent une vraie valeur ajoutée de par leurs
connaissances linguistiques, leur expertise géographique
d’une zone convoitée ou qui ont une compétence plus rare
comme la comptabilité bancaire.
Quels conseils donneriez-vous aux candidats pour
éviter de tomber dans les filets de cabinets peu sérieux
?
Souvent ces cabinets attirent le candidat avec des postes
très attrayants mais fictifs. Aussi avant de postuler, il
convient de vérifier qui est derrière l’annonce, visiter le site
Internet du cabinet, s’assurer qu’il a une adresse en Suisse
et une autorisation d’exercer (pour le vérifier, vous pouvez
vous rendre sur le site du Seco). Bref, il ne faut pas
envoyer son CV à tout va. Le candidat doit rester maître de
ses propres données.
Quel est l’état de l'évolution du marché du recrutement
aujourd'hui sur la place financière genevoise ?
Le marché est tendu, chahuté et on le ressent en termes de
nombre d’offres d’emploi. C’est inquiétant, d’autant que l’on
connaît mal l’ampleur de cet impact : un certain nombre de
postes sont officiellement ouverts mais ne débouchent pas
en réalité sur des engagements. Sur le terrain, les banques
licencient et beaucoup de sociétés adoptent un gel des
embauches en attendant que l’économie et les marchés
européens se redressent. Cela dit, la situation semble
aujourd’hui moins grave qu’après la crise de 2008 et le
scandale Madoff. Il n’y a pas encore un afflux de CV de
professionnels suisses. En revanche, on constate une nette
augmentation de CV provenant de candidats basés à
l’étranger (près de 7 CV sur 10 !).
Quels sont les métiers et activités qui tirent aujourd'hui
leur épingle du jeu ?
Nous travaillons actuellement aussi bien avec des grandes
banques suisses, des banques privées et des banques
cantonales, que des tiers gérants (independant asset
managers), des family offices et des sociétés financières.
Côté hedge funds, la mode s’est essoufflée, malgré