Document pédagogique - Théâtre de la Ville

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Dossier pédagogique
saison 2013 i 2014
ANTON TCHEKHOV I ÉRIC LACASCADE
Oncle Vania
D’APRÈS
Oncle Vania
ET
CRÉation 2014
L’Homme des bois
AVEC
Jérôme Bidaux
D’APRÈS LA TRADUCTION D’andré
Morvan
Markowicz & Françoise
Jean Boissery
PUBLIÉE AUX ÉDITIONS BABEL ACTES -SUD
&
Éric Lacascade
Daria Lippi, Éric Didry
SCÉNOGRAPHIE Emmanuel Clolus
LUMIÈRES Philippe Berthomé
COSTUMES Marguerite Bordat
SON Marc Bretonnière
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE noémie Rosenblatt
MISE EN SCÈNE
ASTROV
FÉDOR
arnaud Churin (DU 5 AU 16 MARS)
OU Philippe Frécon (DU 18 AU 22 MARS)
COLLABORATION ARTISTIQUE
alain d’Haeyer
P. 5
De l’Homme des bois à l’oncle Vania
P. 7
FRançoisE MoRVan
ELÉNA
SONIA
Jean-Baptiste Malartre
Maud Rayer
Éric Lacascade joue collectif
TÉLÉGUINE
JELTOUKHINE
Millaray Lobos garcia
Théâtre national de Bretagne – Rennes
CoPRoDuCtion Compagnie Lacascade – Théâtre de la Ville-Paris –
Maison de la Culture de Bourges.
Eric Lacascade est artiste associé au Théâtre national de
Bretagne – Rennes.
PRoDuCtion DÉLÉguÉE
P. 4
HuguEs LE tannEuR
VANIA
stéphane E. Jais
ambre Kahan
note d’intention
ORLOVSKI
arnaud Chéron
ADAPTATION
SOMMAIRE
P. 9
oncle Vania,
un monde dans une éprouvette
P. 10
SÉRÉBRIAKOV
MARIA VASSILIEVNA
Laure Werckmann
Résumé
YOULIA
Création au TNB – Rennes du 18 février au 1er mars 2014.
ViRgiL tanasE
un siècle de Vania
SAVOIR AIMER
La difficulté d’accepter son attachement aux choses, aux êtres. De s’accepter
soi-même. ainsi chez tchekhov va la famille, ainsi va le monde.
P. 13
giLLEs Costaz
L’univers tchekhovien
P. 15
Chronologie a. tchekhov
P. 16
Dans la tête du metteur en scène
P. 22
• RÉFÉREnCE à La CaPtation ViDÉo Du sPECtaCLE
• ConsiDÉRation iMPoRtantE
Le monde de tchekhov passionne Éric Lacascade. Régulièrement il revient vers ses bourgeois des villes mal à
l’aise dans leur propriété de campagne, héritage dont ils ne peuvent se passer, sinon lorsque, ruinés, ils doivent vendre – voir La Cerisaie – et c’est alors comme une mort. Ici, Vania aime et garde sa forêt. Mais, comme
tout personnage de Tchekhov, il vit à côté de ses désirs. Il ment et se ment, consciemment, avec une inébranlable sincérité. Avant tout il se voudrait capable d’être aimé, de donner du bonheur. L’exigence de ces êtres, leur
lucidité, leurs élans, leurs regrets, voilà ce qui entraîne Lacascade vers eux, toujours en lutte avec eux-mêmes,
dépendants d’un groupe plus ou moins familial, uni au point d’en devenir étouffant. Portrait d’une humanité
dont il tient à montrer les rêves et la fragilité. Et la dureté, en reliant Oncle Vania à sa première version, plus
rude, L’Homme des bois, écrite près de dix ans auparavant, en 1889.
• REMaRquEs gÉnÉRaLEs. notEs DE MisE En sCènE
Éric Lacascade
P. 35
Les comédiens
P. 36
tournée / rencontre / à lire / à voir
P. 39
Colette Godard
© B. Enguerrand
2
3
NOTE D’INTENTION
ÉRIC LACASCADE JOUE COLLECTIF
avec Oncle Vania, l’Homme des bois, le metteur en scène, directeur
de l’École du théâtre national de Bretagne à Rennes, revient à tchekhov,
un de ses auteurs favoris.
Depuis de nombreuses années j’explore régulièrement l’œuvre de Tchekhov. Elle est une source à laquelle je
reviens régulièrement. Il est vrai que ce fut mon premier amour d’auteur, et qu’un premier amour vous
marque à jamais. Au fil du temps, au fil de ces rendez-vous, je me suis senti en empathie, en symbiose avec
les personnages – plus que des personnages nous dirions des gens – et les situations qui les traversent :
Ivanov, Les Trois Sœurs, puis La Mouette et Platonov.
Aujourd’hui Vania, l’Homme des bois. Incontournable.
Tchekhov peint ici un microcosme familial étouffant, et cela me plaît. Son portrait d’une bourgeoisie micampagnarde, mi-intellectuelle en train de sombrer me parle. Je crois à cette fin du monde-là.
Les plaintes et les pleurs de Vania sur sa jeunesse envolée m’attirent aussi. Et la noirceur d’Astrov. De même
que ces histoires d’amour sans espoir, ces histoires d’amitié sans pitié. Et la vie qu’on dit ratée aussi. Et cet
écart entre ce que l’on croit être, ou pouvoir devenir, et ce que l’on est, à la fin. La violence des propos et des
sentiments, leur faiblesse, le peu d’exigence des êtres envers eux-mêmes, leur clairvoyance et leur exhibitionnisme, et pourtant leur incapacité à agir ou à évoluer.
Dieu sait pourtant qu’ils luttent !
Ce constat nous bouleverse, car avant la résignation mentale ou physique ces hommes et ces femmes luttent. Au bord de l’abîme, maladroitement, dans tous les sens, pour eux et contre les autres, pour les autres
et contre eux-mêmes, ils luttent.
C’est cette confrontation que je vais montrer.
Ce déferlement d’humanité, ce bouillonnement des passions qui se mêlent et s’entrechoquent sur scène,
nous sont d’un coup renvoyés en pleine figure et là, c’est avec nous-mêmes que nous avons à faire.
Tchekhov a écrit une première version d’Oncle Vania qui s’appelle L’Homme des bois. Il m’a semblé tentant
de réunir ces deux textes en un seul, pour la première fois.
Éric Lacascade
4
Éric Lacascade aime être sur scène avec ses comédiens. Quand on l’interroge sur ce besoin de se situer
à la fois à l’extérieur et sur le plateau, il se compare
souvent à un capitaine d’équipe de football à l’œuvre
sur le terrain avec les joueurs. L’image peut surprendre tant il est peu courant de mettre en parallèle le
théâtre et le sport. Cependant, quiconque a assisté à
un spectacle monté par Éric Lacascade a pu faire ce
constat d’une présence particulière, au milieu des
acteurs, de ce personnage légèrement à part tout en
étant au cœur de la représentation – non plus dans la
peau du metteur en scène mais en quelque sorte dans
celle du meneur de jeu. Ce double positionnement a
quelque chose de remarquable car, en observant Éric
Lacascade évoluer dans des pièces comme Ivanov, La
Mouette ou Platonov, on voit simultanément l’acteur
et l’homme. L’homme, c’est-à-dire le metteur en scène.
éphémères, même si réussies, mais se poursuit sur la
durée.
Après avoir un peu délaissé son auteur fétiche qu’est
Tchekhov pour monter notamment Hedda Gabler
d’Ibsen, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, ou
Les Barbares et Les Estivants de Gorki, Éric Lacascade
y revient aujourd’hui avec Oncle Vania. Ce retour à
un auteur qu’il a si bien servi jusque dans la Cour
d’honneur du palais des Papes à Avignon, en 2002
avec Platonov, est incontestablement un événement
important. Dès ses premiers pas en duo à la tête du
Ballatum Théâtre, avec son compagnon de route
Guy Alloucherie, le parcours d’Éric Lacascade s’est
toujours déroulé sous le signe d’une grande cohérence. Avec lui chaque nouvelle création est le fruit
de ses expériences précédentes. Ainsi, pendant dix,
ans l’aventure du Ballatum s’est nourrie des folies du
Grand Magic Circus ou du Living Theatre. Un théâtre explosif, insolent qui fait feu de tout bois. Au
point qu’on pourrait voir dans les premières créations en solo de Lacascade une forme d’assagissement quand il s’agit en réalité d’une nouvelle orientation. Il monte notamment une Phèdre de Racine
intense et frémissante dont tous les rôles sont interprétés par des comédiennes. Sa fréquentation assidue du Polonais Jerzy Grotowski, auquel il rend
régulièrement visite jusqu’à sa mort en 1999, l’encourage à poursuivre sa quête d’un théâtre qui ne
consiste pas seulement à mettre en scène des textes
mais à construire des formes suffisamment originales et stimulantes pour les faire entendre différemment. Ivanov est sa première incursion dans
l’univers de Tchekhov. La pièce s’ouvre sur My Sweet
Lord de George Harrisson. Ce qui pourrait ressembler à un contresens ou à une facilité contribue au
contraire à installer l’atmosphère aigre-douce dans
laquelle se débat le héros. Cette approche intuitive
fera aussi le succès de La Mouette, de Platonov et de
La Cerisaie. « Une analyse trop poussée qui met le
cœur à nu aurait enlevé à Tchekhov ce léger brouillard
poétique qui lui est propre », écrit Stanislavski.
Monter Tchekhov est une affaire de doigté, un travail
de précision où il est indispensable de trouver la
bonne mesure pour maintenir ensemble un subtil
Cette présence singulière dans l’action de celui dont
on sait qu’il en est aussi le regard extérieur – on
pourrait aussi bien dire l’ordonnateur – produit un
effet étrange. Toujours droit sans pour autant être
raide, son port dégage une énergie discrète. Il est là
un peu à la manière d’un agent secret, un personnage trouble ; ou au contraire, à la façon d’un ange
gardien plus rassurant. Éric Lacascade n’est sans
doute pas le seul metteur en scène à jouer aux côtés
de ses comédiens, mais dans son cas sa présence lui
confère un double rôle d’acteur et d’observateur d’autant plus important que ce positionnement influe
sur le comportement général de ceux qui participent
au spectacle. Pour Éric Lacascade, jouer un personnage ne consiste pas tant à l’incarner qu’à contribuer
à un mouvement d’ensemble. Ce qu’il met en scène
consiste d’abord en une dynamique de groupe. C’est
là qu’on retrouve la métaphore du sport d’équipe ; la
circulation, les accélérations, les passes et autres
échanges se retrouvent sur cet autre terrain qu’est le
plateau. Si Éric Lacascade monte si bien le théâtre
de tchekhov, c’est parce que selon lui, l’acteur participe toujours d’un ensemble et donc existe en interaction avec les autres acteurs. D’où l’importance, pour
ce chef de bande, d’un théâtre de troupe basé sur
une complicité qui ne se contente pas d’aventures
5
réseau de forces sous-jacentes en se gardant de tout
excès. Oncle Vania est sous-titré Scènes de la vie de
campagne en quatre actes. Certains commentateurs
disent de cette pièce qu’elle a la densité d’un roman.
Tchekhov lui-même, déçu par le mauvais accueil du
public lors des premières représentations de La
Mouette, a d’abord pensé en faire un récit. Au cœur
d’un été étouffant, Oncle Vania saisit un moment à la
fois ramassé et extrêmement dense dans l’existence
de quelques personnages. La présence d’une jolie
femme venue de la ville fait monter la tension. Vania
et son ami, le docteur Astrof, s’éprennent de la belle
Elena Andréevna, épouse du tyrannique professeur
Sérébriakov. Malade, celui-ci a décidé de se retirer
dans son domaine, dont Vania s’occupe tant bien
que mal avec Sonia, sa nièce, fille d’un premier
mariage du professeur. Tchekhov a d’abord écrit une
première version de la pièce intitulée L’Homme des
bois. Pour cette mise en scène, Éric Lacascade a
choisi d’utiliser les deux textes pour n’en faire qu’un.
Dans ce microcosme où le quotidien s’organise en
fonction du rythme des saisons, avec de temps à
autre quelques rasades de vodka pour se réchauffer
un peu le cœur, on vit au gré de ses rêveries pour
passer la mélancolie. « Lorsqu’on n’a pas de vie véritable, on la remplace par des mirages », réplique
Vania à sa nièce qui lui reproche d’avoir trop bu. En
quelques traits, Tchekhov laisse monter peu à peu
une tension d’abord discrète jusqu’à ce qu’elle parvienne à ébullition. Les élans du cœur, les rêves, les
espoirs les plus fous soulevés par la beauté d’Elena
atteignent un paroxysme pour s’effondrer et laisser
place à la résignation. Avec, à la fin de la pièce, les
mots de Sonia dont la vérité résonne avec une telle
force après tout ce qui s’est passé qu’ils sont absolument bouleversants. Ce drame minuscule et
immense, Éric Lacascade le voit comme celui d’une
humanité en crise où, malgré leur lucidité, les héros
n’ont au fond d’autre choix que de continuer à vivre,
même si c’est en se résignant.
Hugues Le tanneur
6
DE L’HOMME DES BOIS
À L’ONCLE VANIA
AVANT-PROPOS DE L’HOMME DES BOIS, FRANÇOISE MORVAN
Objet de toutes les critiques, ce malheureux Homme
des bois avait été d’abord été écrit dans une sorte
d’euphorie. En 1889, Tchekhov, alors dans la période
la plus heureuse de sa vie, était rasséréné par le succès d’lvanov (joué dans sa deuxième version) et de
ses pièces en un acte. Il se mit à écrire Le Tragédien
malgré lui et La Noce, qui devaient compter d’emblée
au nombre de ses plus grands succès, tout en travaillant à bâtons rompus à cette pièce jeune et neuve, une
« grande comédie-roman » aux personnages « absolument nouveaux ».
L’Homme des bois, dans sa première version, franchit
le barrage de la censure le 10 octobre, mais fut refusé
par le Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg,
deux lecteurs et metteurs en scène de renom, Lenski et
Némirovitch-Dantchenko, allant jusqu’à inciter Tchekhov
à renoncer au théâtre pour se consacrer à ses nouvelles : la plupart des personnes auxquelles Tchekhov
avait soumis le manuscrit se répandirent en critiques, les uns disant que le titre ne convenait pas
car l’Homme des bois n’était pas le personnage principal, les autres que le suicide de Voïnistski ne se justifiait pas et d’autres encore que l’auteur ignorait les
règles du théâtre et que, de toute façon, le sujet traité
était un sujet de roman.
Cependant, dès novembre, le théâtre Abramova de
Moscou l’ayant acceptée, à l’instigation du metteur
en scène, N. N. Solovtsov, Tchekhov entreprit de revoir
la pièce en urgence : la première devait avoir lieu le
27 décembre. Les trois premiers actes de la deuxième
version furent remis le 20 décembre et, le 25 décembre, Solovtsov en était encore à demander à Tchekhov
d’apporter le quatrième acte lorsqu’il viendrait assister à la répétition du jour. La première eut lieu à la date
prévue, mais les acteurs n’étaient pas prêts, la période
ne convenait pas car on attendait pour les fêtes une
comédie légère, et les acteurs du théâtre Korch, à qui
Tchekhov s’était aussi adressé, étaient venus siffler
la pièce pour se venger. Ainsi l’échec fut-il parfait.
Lorsque, pour la première fois, en 1995, nous avons
traduit L’Homme des bois, nous avons ressenti une
grande tendresse pour cette pièce, généralement considérée comme le brouillon d’Oncle Vania, ou plutôt
comme une version manquée dont le seul intérêt était
d’éclairer la genèse d’un chef-d’œuvre. Puis, le temps
passant, quelques metteurs en scène nous ont avoué
leur prédilection pour L’Homme des bois et, après
avoir travaillé avec Claire Lasne Darcueil, nous avons
décidé de donner une nouvelle version de cette traduction, en tenant compte des corrections que nous
avions apportées entre-temps au texte d’Oncle Vania.
Au fil des années, nous avons aussi constaté combien les versions originales des pièces de Tchekhov,
telles qu’il les avait déposées à la censure, nous semblaient plus riches et plus fines que les versions définitives, revues selon les directives de Stanislavski, et
nous avons pris l’habitude de donner tout à la fois la
version première, d’après le manuscrit de censure, et
la version académique publiée par Tchekhov. Dans le
cas de L’Homme des bois, nous avons découvert, non
sans surprise, qu’il existait également un texte sous
le texte ; si la version avant remaniements n’avait jamais été traduite, ni même, du reste publiée en tant
que telle en Russie, elle était si profondément différente de la version revue et corrigée que nous avons
vu émerger une nouvelle pièce en la traduisant.
Certains critiques affirnent que Tchekhov entreprit
de remanier L’Homme des bois dès 1890, d’autres assurent qu’il ne le fit qu’en 1896, l’échec étant trop
douloureux. Ce que nous savons de manière certaine
7
est qu’en 1896 le texte d’Oncle Vania était prêt pour
la publication. Cependant, Tchekhov ne devait en autoriser quelques représentations en province que deux
ans après, et la manière dont il s’exprime à ce sujet
montre à quel point il restait sceptique : « Vous, vous
êtes attaché au théâtre, écrivait-il alors à Souvorine,
et, moi, je m’en éloigne – de plus en plus, visiblement –
et je le regrette, parce que le théâtre, jadis, m’a donné
beaucoup de bonnes choses (sans compter que ça rapporte ; cet hiver, on a joué mes pièces comme jamais
auparavant, même Oncle Vania a été joué). Avant, je
n’avais pas de plus grand plaisir que d’être au théâtre ;
maintenant, j’ai toujours l’impression qu’on va crier
“au feu !” au poulailler. Et, les acteurs je ne les aime
pas. Mes écritures pour le théâtre ont tout gâché. » Cependant Oncle Vania connut rapidement un succès
triomphal et Némirovitch-Dantchenko lui-même fut
le premier à demander le droit de la monter.
Tchekhov refusa toujours que L’Homme des bois
figure dans ses œuvres complètes. Et, cependant, il
se trouva d’entrée de jeu des spectateurs qui le déplorèrent : « J’ai relu attentivement Oncle Vania, écrivit ainsi A. I. Ouroussov à Tchekhov, et je dois dire avec
tristesse qu’à mon avis vous avez abîmé L’Homme des
bois. Vous l’avez rapetissé, réduit à une esquisse, défiguré. Vous aviez un magnifique personnage de fripouille
comique : il a disparu ; or, vous avez besoin de lui pour
la symétrie intérieure, et puis, les chenapans de ce calibre, avec leurs plumes riches et brillantes, vous les réussissez toujours particulièrement bien. Dans la pièce, il
comptait beaucoup, il apportait une petite note comique.
Deuxième péché, et, d’après moi, péché bien plus grave :
le changement de l’intrigue. Le suicide du troisième
acte et la scène nocturne au bord de la rivière, en prenant le thé au quatrième, le retour de la femme chez le
docteur (sic) – tout cela était plus nouveau, plus audacieux, plus intéressant que la fin actuelle. Quand, cet
été, je racontais cela aux Français, c’est justement cela
qui les sidérait : le héros est mort, et la vie continue. Les
acteurs auxquels j’ai parlé sont du même avis. Bien sûr,
Vania aussi est bien, mieux que tout ce qui s’écrit actuelle
ment, mais L’Homme des bois était mieux, et ce serait
bien que vous donniez l’autorisation de le monter. »
Le vœu d’Ouroussov finit par être exaucé, quoique bien
tardivement, et, en France, L’Homme des bois fut traduit en 1958 par Arthur Adamov, sous le titre L’Esprit
des bois, puis par Georges Perros et Génia Cannac,
sous le titre Le Sauvage.
primé des personnages, condensé des motifs, effacé
le tragique (puisque Voïnitski ne se suicide plus) et
renoncé simultanément à ce qui faisait de L’Homme
des bois une comédie, supprimant aussi, avec l’étonnant quatrième acte, la cocasserie, la fin heureuse, et
le mouvement d’expansion qui portait l’ensemble.
On a observé que, pour la première fois, en rédigeant
Oncle Vania, il avait renoncé à la division en scènes
pour adopter une division par tableaux, incluant divers
mouvements dans une même unité. Il y a là un résultat très concret de ce travail de synthèse, et l’on en
verrait une autre expression dans l’importance donnée au motif de la carte, ou plutôt du « cartogramme »,
que peint L’Homme des bois : c’est le seul motif qui,
loin d’être réduit, se développe et occupe désormais
une place centrale. On pourrait dire que la carte exprime
le travail même de Tchekhov, cette vue globale d’un
ensemble qui, en raison de cette perception synthétique, peut être désormais traité selon une esthétique toute différente1.
Dans le sous-titre Scènes de la vie à la campagne, outre
l’allusion au théâtre de Tourguéniev 2, c’est peut-être
surtout le mot « scène » qui importe, et précisément
au moment où Tchekhov commence à travailler par
tableaux, par unités ayant leur cohérence interne, et
non par ensembles construits selon la dynamique
d’une action. Tous les éléments superflus sont supprimés, l’ensemble s’épure et s’immobilise : on serait
tenté de dire qu’il y a là le passage d’une pièce jeune,
joyeuse, un peu fouillis, à une pièce de la maturité,
plus fine, mieux maîtrisée, et ce serait sans doute
juste, mais on aurait grand tort d’y voir le passage
d’un travail inabouti à un chef-d’œuvre accompli dans
son ultime, unique, perfection. Les éléments ont été
repris, disposés autrement, selon les règles d’une
esthétique nouvelle, mais ils auraient pu être repris
de dix façons différentes et donner autant de pièces
également intéressantes : ce que le passage de L’Homme
des bois à Oncle Vania a de plus riche et de plus captivant, c’est ce jeu de kaléidoscope.
RÉSUMÉ
Le vieux professeur sérébriakov est venu se retirer à la campagne, dans la maison de sa première épouse. Cette arrivée perturbe la vie paisible de sonia, la fille du professeur, et d’oncle
Vania, qui à eux deux exploitent tant bien que
mal le domaine.
D’autant que l’attention des proches, y compris
celle de Vania, se cristallise bientôt sur Eléna, la
seconde et très désirable épouse. Dans un dernier sursaut pour combattre la peur de ne pas
vivre vraiment, les personnages tentent d’aimer,
de haïr, de tuer.
Dans l’immense maison, par un chaud aprèsmidi d’été, suivi d’une nuit d’orage, se croisent
et se toisent les destins des personnages suspendus entre l’illusion de leurs désirs et la solitude implacable de leurs existences s. Dans un
dernier sursaut pour combattre la peur de s’être
trompé, de ne pas avoir vécu pleinement, chacun tente d’aimer, de haïr, de détruire.
Dans un texte crépusculaire, tchekhov est au
plus près des thèmes qui font la beauté de
son œuvre. Dans le terrain vague entre la
fin d’un monde et le commencement
incertain d’un autre, l’histoire nous
parle du temps, des changements inexorables, de la fin des
illusions, de la grandeur et de
la faiblesse des hommes,
en identifiant le vide de
chacun à la perte
symbolique de cette
maison-mère.
Avant-propos L’Homme des bois, Éd.Acte Sud, col. Babel, 2009
On trouverait une esquisse de cette perception
dans la réplique, tout à fait incongrue, elle aussi, de Diadine
(scène 6 de l’acte l) : « C’est à présent qu’il serait intéressant
de regarder cette table à vol d’oiseau… » Le fait
que à vol d’oiseau soit en français dans le texte lui donne
une place extérieure, en dehors – ce que rappelle,
peut-être aussi, un peu plus tard, l’image de l’épervier
qui tourne dans le ciel et qui regarde, au sens propre,
à vol d’oiseau.
2
Qu’on pense à sa « comédie en cinq actes » Un mois à la
campagne.
1
[…] Pour passer de L’Homme des bois, comédie, à
Oncle Vania, scènes de la vie à la campagne, Tchekhov
s’est livré à un prodigieux travail de resserrement, mais
aussi de fractionnement et de réorganisation : il a sup-
© B. Enguerrand
8
9
ONCLE VANIA,
UN MONDE DANS UNE ÉPROUVETTE
PAR VIRGIL TANASE IN L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE, N° 1266, 2009
après des études à l’institut de théâtre de Bucarest, Virgil tanase quitte la Roumanie,
son pays natal, quand son roman se voit censuré dès la publication. il obtient
en France un doctorat de sémiologie de la mise en scène sous la direction
de Roland Barthes. Metteur en scène, écrivain et traducteur – de tchekhov,
entre autres – il est l’auteur d’une récente biographie de l’écrivain russe parue
chez gallimard (coll. Folio biographies). il revient ici sur les circonstances
de l’écriture d’Oncle Vania, véritable peinture de la société de son temps.
Tchekhov n’invente rien. Comment oserait-il ? « Les
grands écrivains, écrit-il à son ami Souvorine, vont
quelque part et vous invitent à les suivre. Vous sentez,
pas seulement par l’esprit, mais par tout votre être,
qu’ils ont un but… » Tchekhov n’est pas de ceux-là. Il
appartient à une génération médiocre : « Nous n’avons
pas de politique, nous ne croyons pas à la révolution,
nous n’avons pas de Dieu, nous n’avons pas peur des fantômes et, en ce qui me concerne, je n’ai même pas peur
de la mort ou d’être aveugle. Celui qui ne veut rien, n’espère rien et ne craint rien ne peut pas être un artiste… »
Lui, qui écrit parce que ses « balivernes », rapportent davantage que sa médecine, s’interdit de tricher.
Tchekhov se considère comme « un chimiste » : il
observe les phénomènes et les décrit.
Il met dans une éprouvette des caractères et note les
réactions. Ce qui lui vaut des déconvenues : il installe des personnages réels – qui se reconnaissent –
dans des situations inattendues ; ils accomplissent
alors des gestes pas toujours glorieux, qu’ils refusent
d’assumer, et reprochent à l’auteur de leur prêter des
attitudes que leur épargnent la prudence et la
médiocrité de leur vie ordinaire.
Un des oncles de Tchekhov lui en a voulu pendant
des années, son bon ami Levitan a failli le provoquer
en duel et l’histoire de Lika Mizinova ressemble tellement à celle de Nina Zaretchnaïa de La Mouette
qu’à la lecture de la pièce, les comédiens du Théâtre
d’Art de Moscou étaient gênés.
Onde Vania ne fait pas exception. Certains ont cru
reconnaître dans le vieux professeur Sérébriakov le
meilleur ami de Tchekhov : Alexei Souvorine. Ils ont
tort : après le suicide de sa première femme, ce petitfils de serf, devenu un des hommes les plus riches et
les plus influents de Russie, s’est remarié avec une
10
femme beaucoup plus jeune. Mais quel rapport y at-il entre cet individu intelligent et sombre, « d’une
énergie diabolique » et le personnage de Tchekhov ?
Pourtant, les problèmes d’un couple si singulier par
la différence d’âge sont pris sur le vif. En août 1888,
Tchekhov est chez les Souvorine, dans leur villa de
Féodossia, en Crimée. Les deux amis se promènent,
prennent des bains de mer et discutent littérature.
Ils envisagent d’écrire ensemble une pièce de théâtre
où il serait question d’un vieux professeur d’histoire
de l’art et de sa ravissante jeune femme qui séduit
d’instinct sans oser aimer. Est-ce un hasard s’il y
avait à Féodossia, parmi les invités, le fameux peintre septuagénaire Ivan Aïvazovsky et sa très jeune
femme, « une créature de conte de fées » ?
Et puis, Tchekhov a passé le mois de juillet à Louka,
chez les Lintvariev, une famille de nobles appauvris.
Rendue presque aveugle par une tumeur au cerveau,
leur fille aînée, Zenaïda, qui a fait des études de
médecine, attend la mort avec sérénité et soigne les
pauvres avec l’aide de sa sœur, Éléna, médecin aussi,
dont Tchekhov admire la charité. Laide, elle s’est
résignée à rester vieille fille.
La ressemblance avec Sonia, la nièce de Vania, est
saisissante. Les Lintvariev ont deux fils. L’aîné, exclu
de l’université pour ses activités politiques, mène la
vie paisible des propriétaires terriens. Son frère, bon
pianiste, voudrait appliquer sur son domaine les
principes de Tolstoï. Ils rêvent d’une vie meilleure
sans rien entreprendre. « Quel être bizarre que le Russe,
s’exclame Tchekhov. Comme un crible qui ne retiendrait rien. Dans sa jeunesse, il remplit son âme de tout
ce qu’il rencontre dont il ne reste, après trente ans,
qu’un fatras grisâtre […]. La Russie est un pays de gens
ambitieux mais paresseux. » Oui, Vania pouvait être
un Schopenhauer ou un Dostoïevski, mais, la trentaine passée, il ressemble aux fils Lintvariev. Comme
son ami Astrov, il est résigné à mener une vie insignifiante, accomplissant consciencieusement leur
devoir, mais laissant à d’autres le pouvoir de réaliser
leurs rêves.
Les personnages de cette Russie en mutation, de cette
Russie qui veut être européenne sans se satisfaire du
rationalisme occidental, ces personnages sont là. Il
ne reste qu’à les réunir dans l’éprouvette d’une pièce,
et à les faire réagir.
Souvorine abandonne le projet. Tchekhov le reprend
l’année suivante, étonné par cette « comédie-roman »
qui ne ressemble à rien. Il renonce. Il faut l’obstination du comédien Pavel Svobodine, qui espère un
rôle, pour que Tchekhov finisse Le Génie de la forêt.
Svobodine est déçu. Il propose quand même la pièce
au Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg, qui
la refuse : il n’y a pas d’action et les dialogues sont
plats. Pour sortir Tchekhov de ses éternelles difficultés financières, le directeur du Théâtre Abramov lui
avait versé une avance. Il demande la pièce qui ne lui
coûte rien. La première a lieu le 27 novembre 1889.
La critique est mauvaise, et le spectacle est arrêté
après quelques représentations.
Tchekhov abandonne la littérature : il quitte Moscou
pour un an, traverse dans des conditions épouvantables
la Sibérie et consacre plusieurs mois à une enquête
concernant les conditions de vie des bagnards de l’île
de Sakhaline.
Sept ans plus tard, Tchekhov est de nouveau chez
Souvorine, en Crimée. Un télégramme lui apprend
que La Mouette a eu le visa de la censure et qu’elle
sera jouée à Saint-Pétersbourg.
Théâtre d’Art de Moscou / MKhAT créé en 1897
11
Oncle Vania, acte IV au Théâtre d’Art de Moscou
Ravi, il voudrait écrire une nouvelle pièce. Il reprend
Le Génie de la forêt et du 15 août au 15 septembre
1896, il en fait Oncle Vania. La première de La Mouette
est un désastre : la pièce est sifflée, la critique particulièrement méprisante. Tchekhov ne veut plus entendre parler de théâtre : « Même si je vis cent ans, je
n’écrirai plus jamais de pièces. Je suis un auteur dramatique nul ».
Oncle Vania se joue en province, parce que Tchekhov
a besoin de rentrées d’argent, mais il refuse sa pièce
aux grands théâtres. Vladimir Nemirovitch-Dantchenko insiste. Il a des atouts : il dirige le nouveau Théâtre
d’Art de Moscou où le travail de Stanislavski avec les
comédiens fait des miracles ; sa Mouette avait ravi le
public populaire et rempli les caisses. Après la fin de
la saison, les acteurs jouent dans un théâtre vide La
Mouette pour Tchekhov, de passage à Moscou. Il y a
dans le jeu une vérité qui le séduit. Il y a dans la distribution Olga Knipper qui deviendra sa femme.
Nemirovitch-Dantchenko a l’accord de Tchekhov.
La première d’Oncle Vania a lieu le 26 octobre 1899.
La critique trouve la pièce mal construite et pleine
d’invraisemblances. Tchekhov acquiesce : cette pièce
est « vieillotte, déjà passée de mode et mal écrite ». Le
public payant lui fait un triomphe.
Sur scène rien ne se passe, c’est vrai. Mais ces gens
aussi ridicules et médiocres que nous affrontent,
comme nous, les démons cachés derrière les apparences sociales, économiques ou politiques : le
temps, la mort, l’incapacité de notre intelligence à
trouver un sens au monde.
L’énormité de l’ennemi donne de la grandeur à notre
défaite, et le désastre est encourageant : notre souffrance rachète nos défaillances. Oui, le public ne s’est
pas trompé.
UN SIÈCLE DE VANIA
PAR GILLES COSTAZ IN L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE, N° 1266, 2009
De stanislavski à Louis Malle, de Pitoëff à Julie Brochen, Oncle Vania s’est prêté
à toutes les esthétiques, à tous les regards, éclairant chaque fois l’époque
à laquelle on l’a monté… Retour sur cent ans de mises en scène.
Anton Tchekhov et Maxime Gorki © D.R.
LETTRE DE MAXIME GORKI À ANTON TCHEKHOV
NOV. 1898
J’ai vu ces jours-ci Oncle Vania – j’ai vu et j’ai pleuré comme une bonne femme, même si je suis
loin d’être un homme nerveux, je suis rentré abasourdi, chaviré par votre pièce, je vous ai écrit une
longue lettre et – je l’ai déchirée. Pas moyen d’écrire bien, clairement ce que cette pièce vous fait
naître dans l’âme, mais je sentais cela en regardant vos personnages : c’était comme si on me
sciait en deux avec une vieille scie. Les dents vous coupent directement le cœur, et le cœur se
serre sous ses allées et venues, il crie, il se débat Pour moi, c’est une chose terrifiante. Votre Oncle
Vania est une forme absolument nouvelle dans l’art dramatique, un marteau avec lequel vous
cognez sur les crânes vides du public. [… ]
Dans le dernier acte de Vania, quand le docteur, après une longue pause, parle de la chaleur qu’il
doit faire en Afrique – je me suis mis à trembler d’enthousiasme devant votre talent, et à trembler
de peur pour les gens, pour notre vie misérable, incolore. Quel drôle de coup – et comme il est
précis – vous avez frappé là !
Votre déclaration selon laquelle vous n’avez plus envie d’écrire pour le théâtre m’oblige à vous dire
quelques mots sur la façon dont le public qui vous comprend considère vos pièces. On dit, par
exemple, que Oncle Vania et La Mouette sontl une nouvelle forme d’art dramatique dans laquelle
le réalisme s’élève à la hauteur d’un symbole porté par l’émotion et profondément pensé.
Je trouve qu’ils ont raison de dire cela. En écoutant votre pièce, je pensais à la vie qu’on sacrifia
une idole, à l’irruption de la beauté dans la vie miséreuse des gens et à beaucoup d’autres choses
graves, fondamentales.
12
Depuis la création d’Oncle Vania au Théâtre d’Art à
Moscou par Constantin Stanislavski (qui y jouait
Astrov, et c’était en 1899), on est souvent resté dans
la continuité d’un jeu nourri de réalisme et guidé par
la recherche des émotions les plus secrètes. Les histoires du théâtre n’ont pas retenu grand-chose des
spectacles tirés de tchekhov pendant la première
moitié du XXe siècle. Peu de Vania visibles dans les
annales de cette période qui n’a pourtant pas été indifférente à Tchekhov. Même les créations de Georges
Pitoëff qui a été, en son temps, le plus grand passeur
des œuvres de l’auteur de La Cerisaie, sont peu étudiées et relatées.
Pourtant Pitoëff a monté et joué Oncle Vania au VieuxColombier, en 1921. Faute de documents, on citera ce
que ce grand artiste disait dans une conférence sur
la mise en scène en 1925, citée dans le catalogue de
l’exposition Le Cartel, à la Bibliothèque nationale, en
1987 : « Ce qui reste d’éternel dans la poésie déjà légendaire de Tchekhov n’a pas besoin pour prendre forme
scénique de l’appareil réaliste de Stanislavski qui, il y a
vingt ans, faisait valoir un tourment alors présent et
qui est devenu pour nous passé. Le troisième acte du
Jardin des cerises [ndlr : Pitoëff parle évidemment
de la pièce qu’on appelle généralement La Cerisaie],
dans la mise en scène de Stanislavski, qui restera pour
moi l’exemple de la perfection réaliste, m’a transporté
d’émotion lors de la création du Jardin à Moscou, et
m’a bouleversé d’étonnement par son inutilité quand
j’ai revu ce même acte il y a deux ans avec les mêmes
acteurs et dans la même représentation. » Ainsi Pitoëff
sut, lui, se défaire de l’héritage stanislavskien et son
fils, Sacha, qui reprit le répertoire de Tchekhov à Paris
dans les années 1950, continua dans cette direction où
l’on s’abstrait du décor et de l’exactitude du contexte.
Après la Seconde Guerre mondiale, Tchekhov devient
13
l’un des auteurs les plus aimés de la décentralisation
théâtrale.
L’Oncle Vania marquant de ces années-là, c’est celui
que Jean Dasté joue à la Comédie de Saint-Étienne
dans une mise en scène de Gabriel Monnet. Le grand
pionnier du théâtre populaire s’en souviendra ainsi
dans son livre Jean Dasté, qui êtes-vous ? (La Manufacture, 1987) : « Pour un comédien, essayer de vivre
un rôle dans une pièce de Tchekhov est passionnant. Se
pénétrer du personnage dans toute sa complexité, ses
incertitudes, ses faiblesses, son angoisse, son humeur,
son « attente » d'« un repos ». Ce repos est « l 'inconnu »
pour Tchekhov. Certains meurent d’une sorte d’asphyxie
intérieure. Peu s’épanouissent. Tous attendent quelque
chose. Lorsque j’ai fait connaissance avec Beckett en
regardant et en écoutant En attendant Godot, j’ai
pensé à Tchekhov. Les comédiens qui l’aiment et le
jouent le disent : ne rien imposer, laisser vivre et la
plante grandit. On pénètre dans la forêt, on est heureux
de s’y perdre. »
Depuis, les belles interprétations de Vania se sont succédé, mais dans des visions qui n’ont pas été nouvelles et décisives. En 1985, la Comédie-Française a
donné la pièce à l’extérieur de Paris, au Théâtre
Gérard-Philipe de Saint-Denis dans une mise en
scène de Félix Prader : belles prestations de François
Chaumette et Alain Pralon, dans une mise en forme
assez sage. En 1995, à la Cartoucherie, Maurice
Benicou joue Vania d’une manière poignante et sans
pathos, mais la mise en scène de Robert Cantarella
pèche par sa sécheresse. En 1997, à Hébertot, Patrice
Kerbrat dirige un beau lot d’acteurs : Gérard Desarthe
en Vania, Mathilde Seigner, Jacques François,
Samuel Labarthe… Il y a une jolie musique intérieure, tandis que Desarthe tente une représentation
plus dure du personnage qui peut déconcerter.
En 2001, à la Manufacture de Nancy, Charles Tordjman réunit François Clavier, Évelyne lstria, Isabelle
Sadoyan et Serge Maggiani (nous ne la citons que
pour mémoire, n’ayant pas vu cette mise en scène,
comme nous citerons la mise en scène collective de
la troupe des Possédés au Théâtre de la Bastille, en
2009). En 2004, Yves Beaunesne confie le rôle à
Roland Bertin, escorté de Nathalie Richard, mais le
spectacle se perd, du moins lors des toutes premières représentations, dans le trop grand espace du
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Tout récemment, à l’hiver 2008-2009, Claudia
Stavisky oppose Didier Bénureau (Vania) et Philippe
Torreton (Astrov) dans sa mise en scène des Boufffes
du Nord : la composition de Bénureau vise seulement à banaliser le personnage, à le rendre plus
quotidien et plus proche des gens d’aujourd’hui. La
mise en scène la plus passionnante aura été, ces dernières décennies, celle qu’a effectuée Julie Brochen
au Théâtre de l’Aquarium et à la Cartoucherie de
Vincennes en 2002. La scène est dédoublée, c’est un
double théâtre avec une scène haute, une scène
basse, des marches, des fauteuils rouges.
Il y a là François Loriquet, qui joue Vania, Jeanne
Balibar, Pierre Cassignard, Bruce Myers, Nathalie
Nerval… C’est d’une émotion folle, et aussi d’une
grande drôlerie – de ce fameux rire aux bord des
larmes. Les acteurs chantent des chansons russes. Ce
spectacle cristallin, qui a été filmé par la chaîne de
télévision Arte, restera dans les mémoires.
Il y eut aussi un très étonnant spectacle tiré de Vania
sous le titre Espia a una mujer que se mata par le
metteur en scène argentin Daniel Veronese, présenté
à Avignon et à Bobigny en 2007 et 2008 : l’action
était transposée de nos jours, concentrée dans une
cuisine, jouée par des comédiens presque collés les
uns aux autres. Et on ne peut oublier le film que
Louis Malle tourna à New York en 1994, Vanya, 42e
Rue : des acteurs (Wallace Shawn incarne Vania)
répètent la pièce de Tchekhov dans un théâtre désaffecté de la 42e Rue. Le film relie Tchekhov à la vie
américaine, la fiction à la vie, la scène aux coulisses,
ouvrant encore à la pièce de nouvelles perspectives…
14
L’UNIVERS TCHEKHOVIEN
CLAUDE FRIOUX
IN LA PLÉIADE, INTRODUCTION
tchekhov est sans doute l’écrivain russe le plus profondément et le plus spontanément apprécié à l’étranger. Tolstoï et Dostoïevski ont des rugosités naturelles
qui déconcertent ou que l’on ignore, des violences qui
inquiètent le lecteur européen.
Le monde de Tchekhov, avec ses proportions réduites,
ses contours légers, ses teintes sourdes, et ses résonances étouffées, passe au contraire les frontières avec
une étonnante facilité. Le succès de la prose de Tchekhov, dans les pays anglo-saxons, de son théâtre en
France, où il ne s’écoule pas une saison sans que plusieurs de ses pièces soient jouées, est saisissant. Cela
ne signifie nullement que cette œuvre soit cosmopolite
ou perçue comme telle. Sa charge d’exotisme demeure
considérable, essentielle. Mais Tchekhov offre un exotisme russe particulièrement accessible, d’un relief
mesuré et poli. Cette âme russe, aux amplitudes de
marée, auprès de laquelle l’Europe ira chercher un
dernier vertige romantique, il l’incarne sous des formes familières : les habitudes craintives et gourmandes des petits fonctionnaires, la nostalgie velléitaire des professions libérales en province, des personnages à lorgnon et à barbiche aux redingotes un
peu fripées, les songeries d’éternels étudiants, souffreteux, la mélancolie des propriétés déclinantes et
appauvries, celle des changements de garnisons lointaines et les soupirs au fond des jardins de campagne, les châles noirs de grandes jeunes filles aux
traits tirés, les conversations languissantes sur les
terrasses des datchas où chacun suit le fil de ses rêves
déçus, les dames au regard triste promenant leur petit
chien le long des quais moroses.
Tchekhov est d’abord le témoin d’une certaine époque
de la vie russe dont il restitue les types, les décors et
les humeurs avec la plus grande minutie. La foule de
ses personnages, multipliée par le nombre et l’exiguïté
de ses récits, est une forme de concurrence à l’état civil,
un miroir promené le long des datchas engourdies.
Vingt ans d’histoire russe, l’étrange période où, après
trop de déceptions et d’échecs, le temps semblait s’être
arrêté et chacun, enfermé dans la médiocrité de ses
habitudes et l’amertume morose de ses déboires, trouve
là sa chronique intégrale, le portrait de son âme, aussi
fouillé que celui de son visage.
15
Car l’univers s’y déroule savamment selon deux plans :
un fond de personnages où domine le pittoresque extérieur, caractéristique, un défilé de croquis de mœurs
concis et aigu, où sont passées en revue toutes les
couches de la société russe, du paysan misérable au
professeur d’université, chacune dotée de son costume, de ses manières, de son parler ; et sur le devant
de la scène, comme en surimpression, comme ces grandes figures de coin qui barrent et contemplent les
paysages de Nesterov, un protagoniste introverti et
solitaire détaille le mécanisme d’une précoce usure
intérieure et de cette démission morale qui mine sourdement toute la société qui l’entoure.
Cet étrange isolement mental du premier rôle tchékhovien, assez lucide pour juger, mais impuissant à
rien changer, séparé de ceux qu’il côtoie par un cruel
ravin d’indifférence ou de répulsion, muré dans ces
mornes monologues désabusés, figure la projection
agrandie et dépouillée du mal dont, plus ou moins
consciemment, souffre une génération entière. Peu
d’époques ont trouvé, en littérature, d’analyste aussi
complet, et aussi subtil. Tchekhov est un exceptionnel
peintre de la réalité, d’une réalité précise. À la différence de la plupart des classiques russes, dont l’univers
repose sur des idéologies préconçues qui infléchissent
ou déforment délibérément leur peinture, Tchekhov
ne manifeste jamais des idées a priori sur le mal, la
responsabilité, le juste et l’injuste, le péché ou l’idéal.
Rien ni personne, dans son œuvre, ne fait figure de
porte-parole, les propos à thèse ont toujours une
signification légèrement parodique.
L’approbation ou la condamnation demeure toujours
ambiguë, savamment réfractée. On ne sait jamais très
bien ce que pense Tchekhov de la manière dont le
monde est fait, comme on le sait de Tolstoï ou Dostoïevski. Tout au plus, lui fait-on crédit d’une indulgence souriante et générale. « Il comprenait tout »,
dira Gorki. Cet aspect de Tchekhov en fait donc un
exemple privilégié de littérature affranchie, autonome,
évoluant à l’écart des doctrines, des passions d’idées
et de leurs outrances. L’équivoque tchekhovienne illustre bien cette distance de principes entre l’expression
littéraire et l’expression philosophique si passionnément discutée dans la tradition russe.
CHRONOLOGIE ANTON TCHEKHOV & SON ÉPOQUE
→
1860
1876
1877
1879
1880
ANTON
TCHEKHOV
• 17 janvier. naissance
à Taganrog (sur la mer
d’Azov. au sud de
la Russie) de Anton
Pavlovith Tchekhov,
fils de Pavel Egorovitch
Tchekhov, épicier.
• Anton a deux frères
ainés, Alexandre
et nicolas. Il aura encore
deux frères Ivan et Michel,
et une sœur Marie.
• Le père fait faillite,
quitte Taganrog,
s’installe à Moscou.
• Anton et Ivan restent
à Taganrog, sont élèves
au lycée.
• Anton devient répétiteur.
Il compose son premier
drame Sans père
(manuscrit égaré)
et fréquente le théâtre
de Taganrog.
Evénements
politiques et économiques
Vie des arts
et sciences humaines
hors Russie
• Rattachement de l’Italie
centrale, puis de l’Italie
du sud au Piémont. nice
et la savoie réunies
à la France.
• Traité franco-britannique
de libre-échange.
• Berthelot :
chimie organique
fondée sur la synthèse.
• GEoRGE ELIoT :
Le Moulin sur la Floss
• BAuDELAIRE :
Les Paradis artificiels
• LABIchE :
Le Voyage de M. Perrichon
• Invention du téléphone
par Grey et Bell.
• REnoIR :
Le Moulin de la Galette,
La Balançoire
• MAnET :
Portrait de Mallarmé
• WAGnER ouvre un théâtre
à Bayreuth
• MALLARMé :
L’Après-Midi d’un faune
• Premier voyage
à Moscou.
• Premiers petits textes,
Des miettes, confiés
à son frère Alexandre.
• Guerre
russo-turco-roumaine.
La Roumanie
doit céder la Bessarabie.
• Invention
du phonographe
par Edison.
• DEGAs : café-concert
des Ambassadeurs.
• BRAhMs : IIe Symphonie.
• zoLA : L’Assommoir
• huGo : Les Dernières
séries de la Légende
des siècles (1877-1883),
L'Art d’être grand-père
• Anton passe l’examen
de maturité et s’installe
à Moscou.
• s’inscrit à la faculté
de médecine.
• naissance de staline.
• Mac-Mahon démissionne,
Jules Grévy lui succède.
• La Duplice
(Alliance austro-allemande).
• Guerre du Pacifique
(chili, Bolivie, Pérou).
• PAsTEuR :
Principe du vaccin.
• IBsEn :
La Maison de poupée
• zoLA : Nana
• Parution en mars
d’une première nouvelle
dans un magazine
humoristique,
La Libellule.
• Instruction primaire
obligatoire en Angleterre.
• RoDIn commence :
La Porte de l’Enfer
• nIETzschE :
Le Voyageur et son ombre
• MAuPAssAnT :
Boule de Suif
16
ANTON
TCHEKHOV
Vie artistique
et théâtrale
en Russie
• osTRoVsKI : L’Orage
1881
1882
• TchAïKoVsKI :
Francesca da Rimini
• Mort de nEKRAssoV
1884
1885
• DosToïEVsKI :
Les Frères Karamazov
1886
Evénements
politiques et économiques
Vie des arts
Vie artistique
et sciences humaines
hors Russie
et théâtrale
en Russie
• Début de la publication
des Textes bigarrés
sous des pseudonymes
variés dont Tchekhonte
dans de petites revues
puis dans le quotidien
Le Journal de Petersbourg.
• Assassinat d’Alexandre II ;
Alexandre III,
Tsar de Russie
(atmosphère de répression).
• Le populisme se détache
de l’action révolutionnaire.
• Gratuité de l’enseignement primaire en France.
• FAuRé : Ballades
• nIETzschE : Gai Savoir
(1881-1887), Aurore
• FLAuBERT :
Bouvard et Pécuchet
• VERLAInE : Sagesse
• huysMAns : En ménage
• IBsEn : Les Revenants
• Mort de
MoussoRGsKI.
• Expansion brillante de la
littérature Russe: œuvre de
DosToïEVsKI et celle de
TouRGuEnIEV
sont achevées.
• ToLsToï, osTRoVsKI,
LEsKoV, sALTyKoVchTchEDRInE continuent
d’élargir leur audience.
• Platonov est refusé
par le théâtre Marly.
• Sur la grand-route
est interdit par la censure.
• Triple Alliance
entre l’Allemagne,
l’Autriche et l’Italie.
• Koch :
bacille de la tuberculose.
• zoLA : Pot-Bouille
• MAuPAssAnT :
Mademoiselle Fifi
• huysMAns :
A vau-l’eau
• IBsEn :
Un Ennemi du peuple
• naissance de
sTRAVInsKI.
• Premiers symptômes
du mal qui l’emportera,
la tuberculose.
• Fin des études médicales
à l’université de Moscou.
Est médecin à Vozkresensk,
puis à zvenigorod.
• se lie avec le milieu
littéraire, en particulier avec
Guiliarovski et Korolenko.
Publie son premier recueil:
Les Contes de Melpomène.
• PLEKhAnoV :
Nos différences.
• Loi Waldeck-Rousseau
autorisant les grèves
en France.
• Mise au point par Pasteur
du vaccin contre la rage.
• De 1885 à 1887 :
la famille passe ses étés,
près de Vozkresensk.
• Rencontre le peintre
paysagiste Isaac Levitan.
• Première agitation
ouvrière en Russie
(la première grande grève
éclate à orekhovozouiévo).
• Daimler et Benz :
l’automobile à pétrole.
• sEuRAT :
La Grande Jatte
• huysMAns :
À rebours
• BEcq DE
FouquIéREs :
L’Art de la mise en scène.
• VERLAInE:
Jadis et naguère
• zoLA : La Joie de vivre
• IBsEn :
Le Canard Sauvage
• collaboration avec
l’éditeur du quotidien
Le Temps nouveau,
Alexis souvorine.
• écrit des nouvelles :
Le Chagrin, La Sorcière,
Agafia
• Félicitations
de Grigorovith après
la publication de Messe
pour l’âme de Marie
• Alphonse XIII, roi
d’Espagne : régence de
Marie-christine.
17
• VAn GoGh :
Les Mangeurs de pomme
de terre.
• Mort de VIcToR huGo.
• zoLA : Germinal
• MAuPAssAnT : Bel ami
• nIETzschE : Par delà le
bien et le mal
• RIMBAuD :
Les Illuminations
• zoLA : L’Œuvre
• VERhAEREn : Les Moines
• sTRInDBERG :
La Chambre Rouge
• IBsEn : Rosmersholm
• FEyDEAu :
Tailleur pour dames.
• Le peintre LEVITAn
devient un ami intime
et assidu de la famille
de l’écrivain Tchekhov.
ANTON
TCHEKHOV
• Première grande pièce
donnée à Moscou au théâtre de Korch, lvanov.
Evénements
politiques et économiques
• carnot, président de la
République française.
1887
• écrit le récit poétique,
La Steppe,
puis L’Anniversaire.
• 1er emprunt russe à Paris.
• Guillaume Il, empereur
d’Allemagne.
1888
1889
1890
1891
Vie des arts
et sciences humaines
hors Russie
• VAn GoGh :
Le Père Tanguy
• nIETzschE :
Généalogie de la morale
• MAuPAssAnT : Le Horla
• AnToInE fonde à Paris
le Théâtre libre.
• sTRInDBERG : Plaidoyer
d’un fou, Le Père
• Fondation de la
Deuxième Internationale.
• Grèves en Angleterre, en
Allemagne et en France.
• Exposition universelle à
Paris, inauguration de la
tour Eiffel.
• VAn GoGh :
L’Autoportrait à l’oreille
coupée
• GAuGuIn : Autoportrait
• VERLAInE :
Parallèlement
• hAuPTMAnn :
Le Lever du soleil
• MAETERLIncK :
Les Serres chaudes
• Voyage à travers
la sibérie jusqu’à
sakhaline,
île des déportés.
Visite les camps
de forçats.
• écrit pour
Le Temps nouveau,
ses Lettres de Sibérie.
• Démission de Bismarck.
• suffrage universel
institué en Espagne.
• TouLousE-LAuTREc :
La Danse au Moulin-Rouge
• sTRAuss :
Mort et Transfiguration
• zoLA : La Bête humaine
• IBsEn : Hedda Gabler
• MæTERLIncK : L’intruse
• sTRInDBERG :
Créanciers
• cLAuDEL : Tête d’or
• Voyage à l’étranger :
Vienne, Venise, Florence,
Rome, naples et Paris.
• Publication du roman,
Duel.
• Lutte contre la famine,
soigne gratuitement
les paysans
les plus pauvres.
• Terrible famine en
Russie.
• Début de la construction
du Transsibérien.
18
et théâtrale
en Russie
• naissance du peintre
MARc chAGALL.
1892
• sEuRAT : Les Poseuses
• GAuGuIn :
Le Christ Jaune
• MAuPAssAnT :
Sur l’eau
• zoLA : Le Rêve
• IBsEn :
La Dame de la mer
• sTRInDBERG compose
Mademoiselle Julie
• Publie
Une morne histoire.
• Mort de son frère nicolas.
• Voyage dans le sud à
yalta et odessa.
• Première représentation
de L’Esprit des bois
(1re version de
L’Oncle Vania).
• Admission à la société
des auteurs dramatiques.
• sEuRAT : Le Cirque
• de 1891 à 1893, zoLA
termine Les Rougon
Macquart : L’Argent,
La Débâcle, Le Docteur
Pascale
ANTON
TCHEKHOV
Vie artistique
1893
1894
1895
• Le peintre LEVITAn
est élu membre
de la « société
des Expositions
Ambulantes ».
• ToLsToï :
Les Fruits de l’instruction
1896
Evénements
politiques et économiques
• Publication de
La Sauteuse
et de Chambre
d 'hôpital N° 6.
• Met fin à sa collaboration
avec Temps nouveau.
• Achète en Russie
centrale, un domaine,
Mélikhovo.
• occupe des fonctions
aux zemtovo local.
Vie des arts
et sciences humaines
hors Russie
Vie artistique
et théâtrale
en Russie
• cézAnnE :
Les Joueurs de cartes
• REnoIR :
Jeunes Filles au piano
• hAuPTMAnn :
Les Tisserands
• IBsEn :
Solness le constructeur
• À la 12e « Exposition
Périodique de la société
des Amateurs d’Arts de
Moscou », LEVITAn
expose ses paysages :
Au bord de la rivière,
Crépuscule, Journée d’été.
• GoRKI : première
publication dans la presse
locale, Makar Tchoudra.
• Mort de TchAïKoVsKI.
• BounInE :
Nouvelles du Pays.
• Fréquente Lika Mizinova,
qu’il ne se résout pas
à épouser et en qui
on a vu un modèle possible
pour nina
dans La Mouette.
• écrit L’Histoire
d’un homme inconnu,
très critiqué
par Temps nouveau.
• Alliance franco-russe.
• AI. De Dion et Bouton :
voiture à essence.
• Mort de MAuPAssAnT.
• couRTELInE :
Messieurs les Ronds
de Cuirs.
• Passe une partie
de l’année à l’étranger
(Trieste, Venise, Milan…).
• Atteint de Tuberculose,
se rend en crimée
pour se soigner.
• Publie Le Violon
de Rothschild.
• Mort d’Alexandre Ill.
nicolas Il, tsar de Russie,
maintient un régime
autocratique.
• casimir-Perier : Président
de la République française.
• Début de l’affaire Dreyfus.
• TouLousE-LAuTREc :
Yvette Guilbert saluant le
public
• DEBussy : Prélude à
l’après-midi d’un faune
• KIPLInG :
Le Livre de la jungle
• 1re version
de La Mouette
• Voyage à Poliana.
• Rencontre Tolstoï
• Parution de
L’Île de Sakhaline
• Félix Faure, président
de la République
française.
• Fondation de la c.G.T.
• Roentgen : les rayons X.
• Les frères Lumière :
1re projection
cinématographique.
• RoDIn :
Les Bourgeois de Calais
• VERhAEREn :
Les ViIles tentaculaires
• BounInE
rencontre TchEKhoV.
• GoRKI : publication de
Tchelkache dans le Journal
de Saint-Pétersbourg.
• ToLsToï : La Puissance
des ténèbres.
• souVoRInE obtient
l’autorisation de mettre en
scène La Puissance des
ténèbres de ToLsToï.
• Parution de La Maison
à mezzanine.
• échec retentissant
de La Mouette
sur la scène du Théâtre
Alexandrinsky
• Fait la connaissance
de stanislavski.
• Accord austro-russe
sur les Balkans.
• Les chinois accordent
à la Russie la concession
du chemin de fer transmandchourien.
• TouLousE-LAuTREc :
Elles
• DVoRáK : Symphonie
du Nouveau monde
• VALéRy : La Soirée
avec Monsieur Teste
• FEyDEAu : Le Dindon
• IBsEn :
Jean-Gabriel Borkman
À l’Exposition nationale
des Arts et Métiers
à nijni-novgorod.
LEVITAn expose : Mars,
Fougères dans la forêt.
19
ANTON
TCHEKHOV
1897
1898
1899
1900
1901
Vie des arts
Vie artistique
• Entente austro-russe.
• 2 millions d’ouvriers
en Russie (prolétariat
important : grave problème
social).
• Voyage du président
Félix Faure en Russie.
• Becquerel : travaux
sur la radioactivité.
• Marconi : la T.s.F.
• Le moteur Diesel.
• GIDE :
Les Nourritures terrestres
• MALLARMé : Divagations
• sTRInDBERG : Inferno,
écrit en français.
• ouverture du théâtre
Antoine à Paris.
• RosTAnD :
Cyrano de Bergerac
• Fondation du Théâtre
d’Art de Moscou par
stanislavski et
némirovitch-Dantchenko.
némirovitch-Dantchenko
demande à Tchekhov
l’autorisation de monter La
Mouette, triomphe.
• Lie connaissance avec
l’actrice olga Knipper qui
deviendra sa femme.
• Premier congrès
du P.o.s.D.R. (Parti
ouvrier social-Démocrate
de Russie) à Minsk.
• Lénine fonde
le Parti social ouvrier.
• construction d’une flotte
de guerre allemande.
• zola : J’accuse.
• Pierre et Marie curie :
le Radium.
• FAuRé :
Pelléas et Mélisande
• huysMAns :
La Cathédrale
• LuGné-PoE : première
expérience de théâtre
au cirque (Mesure pour
mesure au nouveau
cirque à Paris).
• hAuPTMAnn :
Le Voiturier Henschel.
• 1er congrès des
Professionnels de la scène
à Moscou.
• 22 juin : rencontre
de V. néMIRoVITchDAnTchEnKo
et c. sTAnIsLAVsKI
au Bazar slave à Moscou :
la création du Théâtre d’Art
est décidée.
• GoRKI :
Malva, Gens d’autrefois.
• Vend ses droits d’auteur
à l’éditeur A. F. Marx.
• Lie connaissance avec
Gorki, Bounine, Kouprine.
• Première représentation
d’Oncle Vania.
• La Dame au petit chien :
Premier tome des œuvres
complètes éditées
chez Marx.
• s’installe définitivement
à yalta.
• Lénine :
Le Développement
du capitalisme en Russie.
• E. Loubet, président
de la République française.
• Révision
du procès Dreyfus.
• Est élu membre
de l’Académie.
• Parution de
Dans un ravin.
• Le Théâtre d’Art joue
à Yalta.
• Travaille sur une nouvelle
pièce, Les Trois Sœurs.
• Premier numéro de l’Iskra
(journal dont l’objectif essentiel était l’élaboration
du programme du parti)
rédigé par Plekhanov
et Lénine.
• Mort de Lavrov, l’un des
principaux représentants
du populisme en Russie.
• Paris : Expo. Internationale.
• Métropolitain de Paris.
• RAVEL : Pavane pour
une infante défunte.
• APPIA publie à Munich, Die
Musik und die Inscenierung.
• sTRInDBERG :
La Danse de mort.
• zoLA publie les 2 premiers
de ses Quatre Evangiles :
Fécondité (1899),
Travail (1901), Vérité (1903)
• FEyDEAu :
La Dame de chez Maxim
• Première
des Trois Sœurs.
• Mariage
avec olga Knipper.
• Edouard VII
roi d’Angleterre.
• Théodore Roosevelt,
président des états-unis.
• Le 21 mars son état
s’aggrave.
Entre en clinique, Tolstoï
lui rend visite.
• Publication du long récit,
Les Paysans.
• Repart à l’étranger
(Paris, Biarritz) où il écrit
Le Pétchénègue.
• suit les péripéties
de
l’affaire Dreyfus.
Evénements
politiques et économiques
20
et sciences humaines
hors Russie
• FAuRé : Prométhée
• FREuD :
La Science des rêves
• PéGuy fonde Les
Cahiers de la Quinzaine
• Première mise en scène
d’E. G. craig en Angleterre
(Didon et Enée)
• RosTAnD : L’Aiglon
• Mort de TouLousELAuTREc.
• Th. MAnn :
Les Buddenbrooks
et théâtrale
en Russie
• création de la revue du Monde
de l’Art animé par Diaghilev et
Benois (1re génération du « symbolisme » russe, étroite liaison
avec l’art occidental).
• ouverture du nouveau
Théâtre à l’initiative d’A. Lenskij,
pour jeunes acteurs (filiale des
Théâtres impériaux).
• 14 octobre: Tsar Fédor
Ioannvitch de ToLsToï par le
Théâtre d’Art.
• DIAGhILEV organise
à saint-Pétersbourg
une exposition internationale
de peinture comportant
beaucoup d’impressionnistes
français.
• naissance de nABoKoV.
• ToLsToï : Résurrection.
• GoRKI : Vingt-six
hommes et une fille.
• 26 octobre : Oncle Vania
(par le Théâtre d’Art).
• Mort du peintre LEVITAn.
• RIMsKI-KoRsAKoV :
Le Tsar Saltan
• 24 septembre : La Belle
des neiges d’osTRoVsKI
(par le Théâtre d’Art).
ANTON
TCHEKHOV
1902
Vie des arts
Vie artistique
• MEyERhoLD fonde
« la compagnie
du Drame nouveau ».
• KoMIssARJEVsKAïA
quitte le Théâtre Alexandre
• V. BRJusoz écrit Une vérité
inutile (n° 4 du Monde de l’Art)
contre le naturalisme scénique.
• GoRKI commence à écrire
pour le théâtre sous l’impulsion
de TchEKhoV: Les Petits
Bourgeois et Les Bas-Fonds.
et sciences humaines
hors Russie
• Démissionne
de l’Académie
pour protester
contre l’éviction de Gorki.
• Parution de L’Évêque.
• Troubles paysans
en ukraine et dans
la province de saratov.
• Attentats organisés
par les socialistes
révolutionnaires russes.
• Lénine : que faire ?
• Fondation de l’Académie
Goncourt.
• Meliès tourne Le Voyage
dans la Iune
• GAuGuIn :
Cavaliers sur la plage
• DEBussy :
Pelléas et Mélisande
• sTRInDBERG : Le
Songe
• Travaille une nouvelle
pièce, La Cerisaie.
• scission du 2e congrès
du P.o.s.D.R entre
Bolcheviks et Mencheviks.
• Guerre de Rostov
en Russie (meeting de masse,
première grande expression
de conscience ouvrière).
• Révolution serbe Pierre
Karageorgevitch, roi de serbie.
• 1er vol des frères Wright.
• Pavlov : réflexes conditionnés.
• PIcAsso :
Buveurs d’absinthe
• huysMAns : L’Oblat
• hAuPTMAnn :
Rose Bernd
• RoMAIn RoLLAnD
publie
Le Théâtre du peuple.
1903
1904
Evénements
politiques et économiques
• 17 janvier, première
de La Cerisaie.
• Mai, détérioration
de son état de santé,
il part avec sa femme
en Allemagne et meurt
à Badenweiler le 2 juillet.
• Est enterré à Moscou
le 9 juillet au cimetière
du Monastère des Vierges.
• Guerre russo-japonaise.
• Accord colonial
franco-anglais.
• séparation de l’état
et de l' Êglise en France.
• 31 janvier :
Les Trois Sœurs
(par le Théâtre d’Art).
21
• RoDIn : Le Penseur
• RoMAIn RoLLAnD :
Jean-Christophe
• FREuD : Psychopathologie
de la vie quotidienne
• Premier succès d’Isadora
Duncan à Paris.
• Grand succès du Roi
Lear au théâtre Antoine à
Paris.
• G. Fuchs :
Le Théâtre de l’avenir
et théâtrale
en Russie
• scRIABInE : Quatrième
Sonate, Poèmes tragiques.
• création de la revue La
Voix nouvelle qui regroupe
les philosophes et les écrivains du Monde de l’Art,
abandonnée aux seuls
plasticiens.
• KoMIssARJEVsKAïA
crée son théâtre dramatique
à saint-Pétersbourg et joue
Les Estivants de GoRKI.
• 17 jan. : La Cerisaie
(par le Théâtre d’Art),
• 19 oct. : Ivanov
(par le Théâtre d’Art).
• 21 déc. : Les Miniatures
(Chirurgie, Malveillance, le
Sous-officier Latrique) par
le Théâtre d’Art.
DANS LA TÊTE DU METTEUR EN SCÈNE
NOTES D’ÉRIC LACASCADE SUR LA PIÈCE
Extrait du dossier du tnB-centre européen théâtral et chorégraphique.
© Mario Del curto
oncle Vania / aCtE i.
En VERt →
Référence à la captation vidéo du spectacle Oncle Vania
créé en Lituanie en 2008.
En RougE →
En BLEu →
Considération importante
Remarques générales. notes de mise en scène
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ÉRIC LACASCADE
En 2002, il met en scène
Platonov dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes,
reprogrammé l’année suivante (mais c’est l’année de
l’annulation du Festival liée
à la crise des intermittents
du spectacle). Il revient dans
cette même cour en 2006
pour la création des Barbares
de Maxime Gorki. À l’Odéon,
il monte Ivanov de Tchekhov
en 1999, Hedda Gabler (2004,
avec Isabelle Huppert). Il
explore également des voies
plus expérimentales, dirige
Norah Krief dans deux spectacles musicaux (Les Sonnets
de Shakespeare et La Tête
ailleurs)…
Éric Lacascade est né à Lille ; il étudie le droit et se forme,
en même temps à tous les métiers du théâtre au Prato, salle
alternative lilloise ou il fait la rencontre de Guy Alloucherie
avec lequel il co-fonde le Ballatum Théâtre en 1983. Leurs
activités se situent autour de l’improvisation, le travail collectif de troupe, la danse contemporaine. Ils sont invités quatre années à Théâtre en Mai dirigé par François Le Pillouër
et Marie-Odile Wald.
À Caen, il expérimente pendant six ans une école d’apprentis pour une vingtaine de jeunes artistes au contact de
maîtres successifs, complétée par un dispositif d’insertion
appelé Laboratoire d’imaginaire social. Il quitte la direction
du CDN de Caen en 2007. Il met en place un laboratoire
sur Oncle Vania, d’après Oncle Vania et l’Homme des bois
de Tchekhov, avec la compagnie d’Oskaras Korsounovas
présenté dans le cadre de Vilnius, capitale européenne de
la culture en 2009. Il met en scène au TNB Les Estivants de
Gorki en 2010, Le Tartuffe de Molière créé au Théâtre VidyLausanne (2011 et tournée en 2011 et 2012).
Ils sont nommés ensemble à la tête du Centre Dramatique
National de Normandie à Caen en 1997 ; Guy Alloucherie
reprend sa liberté ; Lacascade élabore un répertoire
autour d’une équipe de comédiens fidèles avec lesquels il
présente ses spectacles en France (TNS, Odéon, Festival
d’Avignon…) et sur les scènes européennes.
En 2000, il crée Ivanov (accueilli au TNB en octobre 2000),
La Mouette et Cercle de famille pour Trois Sœurs de Tchekhov dans un même lieu Avignonnais.
34
Il est artiste associé au Théâtre national de Bretagne-Rennes
depuis septembre 2011.
Après le départ de Stanislas Nordey, il est devenu le responsable pédagogique de l’école supérieure d’art dramatique
du TNB à partir de septembre 2012.
35
JÉRÔME
ARNAUD
BIDAUX
CHURIN
Jérôme Bidaux suit sa formation au conservatoire national de la région de Lille. Au
théâtre, il travaille avec Gilles
Gleizes, Simone Amouyal,
Gilles Defacque au Théâtre
du Prato et participe à un
chantier organisé par l’Académie Expérimentale du Théâtre
intitulé De la parole au chant sous la direction de Farid
Paya. En 1995, il collabore avec l’équipe du Workcenter
de Jerzy Grotowski. Au Ballatum Théâtre on a pu le voir
dans On s’aimait trop pour se voir tous les jours, Ennui de
noces, Les Trois Sœurs, mises en scène de Guy Alloucherie et Éric Lacascade. Avec le Panta Théâtre, il joue dans
L’Idiot, Les Démons et Richard III, mises en scène de Guy
Delamotte. Il travaille régulièrement sous la direction d’Éric
Lacascade : De la vie, Frôler les pylônes, Ivanov,
Platonov, Les Estivants, Tartuffe.
Il a travaillé avec François Rancillac, Adel Akim, M. Koroutchkine et a récemment participé au David Bobée Hamlet mis
en scène par David Bobée.
ARNAUD
CHERON
arnaud Cheron son expérience de la scène passe par
l’interprétation, le chant, la
régie, la technique de l’éclairage. Il a joué sous la
direction d’Éric Lacascade
en 2002 dans Platonov de
Tchekhov, Les Barbares de Gorki en 2006, créés dans la
Cour d’Honneur à Avignon, Les Estivants de Gorki, création au Théâtre National de Bretagne/Rennes en janvier
2010, Tartuffe de Molière, créé à Vidy-Lausanne en
2011/2012. Il a tenu le rôle de Pylade, dans la pièce
éponyme de Pasolini, dirigée par Lazare Gousseau. Il a joué
dans Hamlet avec David Bobée. Il a dirigé plusieurs pièces,
notamment une adaptation d’Un fils de notre temps, de
Ödön von Horváth, et Encore plus demain, d’après les textes
d’Isabelle Pinçon, créés au Théâtre de la Passerelle à
Limoges. Il a interprété, depuis 1991, des textes de Marivaux,
Antonin Artaud, Vincent Van Gogh, Shakespeare, Marguerite Duras, Lewis Carroll, Fernando Pessoa, Tchekhov,
DAF de Sade, Henri Miller, Kurt Schwitters…
36
arnaud Churin est issu du
Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris.
Au Théâtre il est dirigé par
Olivier Py dans La Farce Des
Dindons, La Femme Canon,
Les Aventures de Paco
Goliard ; Éric Vigner dans La Maison d’os de Roland Dubillard
et Le Régiment de Sambre et Meuse ; Pierre Guillois dans
La Princesse Courageuse de Stanislas Witkiewicz, Roméo
et Juliette de Shakespeare ; Stuart Seide dans La Tragédie
du Docteur Faustus de Christopher Marlowe, La Tragédie
de Macbeth de Shakespeare ; Bruno Bayen dans Qu’une
Tranche de Pain de Rainer-Werner Fassbinder ; JeanMarie Patte dans Titre Provisoire ; Michel Didym dans Le
Miracle de Georgie Schwajda ; Laurent Laffargue dans
Sauvés d’Edward Bond et Le Songe d’une nuit d’été de
Shakespeare ; Alain Ollivier dans Toute Nudité sera Châtiée
de Nelson Rodrigues ; Jean Boillot dans Le Balcon de Jean
Genet; Bérangère Jannelle dans Ajax de Sophocle ; Bernard
Levy dans Bérénice de Jean Racine ; Olivier Balazuc dans
L’Ombre amoureuse, Laurent Guttman dans Pornographie
de Simon Stephens. Sous la direction d’Éric Lacascade, il
joue dans La Mouette et Platonov de Tchekhov, et dans
Les Barbares de Gorki, Tartuffe de Molière.
Il a mis en scène Le Jeu du Veuf d’Olivier Py; L’Ours Normand,
Fernand Léger, textes de Fernand Léger et Dora Vallier ;
Pas Vu (à la télévision), création utilisant une émission Des
Chiffres et des Lettres de janvier 1979 et des textes d’Edgar
Morin et de Boris Cyrulnik ; Œdipe de Sénèque ; Fragments
d’un discours amoureux.
Au cinéma, il joue dans les films Rémy Duchemin, Marie
Helia, Bertrand Tavernier, Diane Bertrand, Dante Desarthe,
Patrice Lecomte, Éric Atlan, Claire Denis, Olivier Assayas,
Xavier Giannoli…
ALAIN
D’HAEYER
alain D’Haeyer joue dans La
Double Inconstance de Marivaux, mise en scène de Guy
Alloucherie, Les Mains d’Edwige au moment de la naissance de Wajdi Mouawad,
mise en scène de Vincent
Goethals ; L’O De Là… et Le Cabaret de la Saint-Urbain,
mises en scène de Gilles Defacque ; Roméo et Juliette
d’après William Shakespeare, mise en scène de David
Bobée. Il joue sous la direction de Pierre Foviau dans
Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie
Koltès, Plus loin que loin de Zinnie Harris, Richard III
d’après William Shakespeare, Gagarin Way de Gregory
Burke. Il met en scène et joue dans En attendant Godot de
Samuel Beckett, Un artiste de la faim de Kafa, La Polka
des saisons.
Avec Éric Lacasacde, il joue dans Ivanov, La Mouette et
Platonov de Tchekhov, et dans Les Barbares de Gorki.
Stanislas Nordey, au festival Mettre en Scène au TNB. Elle
est seule en scène dans une comédie musicaleculinaire
Baba, mise en scène de Delphine Bailleul ; joue dans Chef
d’œuvre de Lollike, mise en scène de Simon Delétang au
Théâtre des Ateliers à Lyon. Elle met en scène une proposition dans le cadre des Sujets à Vif pour le festival
d’Avignon 2013.
MILLARAY
LOBOS
GARCIA
STÉPHANE E.
Millaray Lobos garcia est
issue de l’école de théâtre de
l’université du Chili. Elle suit
également des études théoriques d’art ; travaille au
Théâtre national du Chili avec différents metteurs en scène
tels que Rodrigo Perez, Ramon Griffero, Veronica GarciaHuidbro. Dans un cadre universitaire, elle participe à des
laboratoires de recherche avec Fernando Gonzalez,
Alfredo Castro et Éric Lacascade.
Très liée à la nouvelle génération de dramaturges chiliens,
elle joue à plusieurs reprises aux Festivals Dramaturgia
Nacional, Dramaturgia Corta et Monologos de la Ciudad.
En France, elle participe en 1999 à l’atelier sur « La Mouette »
dirigé par Éric Lacascade et en 2001 intègre le Conservatoire national supérieur de Paris comme que stagiaire
étrangère. Elle joue sous la direction d’Éric Lacascade dans
Platonov de Tchekhov, Les Barbares puis Les Estivants de
Gorki, tartuffe de Molière. Elle joue aussi dans La vie est
un rêve de Pedro Calderon de la Barça, mis en scène par
Galin Stoev.
JAIS
stéphane E. Jais suit le travail d’Éric Lacascade
depuis de nombreuses
années. Il a joué sous sa
direction dans Frôler les
pylônes,
Ivanov,
La
Mouette, Cercle de famille
pour trois Sœurs, Platonov, Les Barbares, Les Estivants,
Tartuffe…
AMBRE
KAHAN
ambre Kahan est née à
Avignon, en 1985, où elle commence le théâtre aux ateliers
du Chêne Noir. Elle poursuit sa formation à Paris au
conservatoire du 8e arrondissement, puis à l’école départementale de Théâtre à Corbeille-Essonne, et à l’école
Claude Matthieu. Elle travaille avec Anatoli Vassiliev dans
la création de Thérèse Philosophe à l’Odéon en 2007, et
participe à la création Le Temps des gitans de Kusturica à
l’Opéra Bastille, fait l’assistanat d’Adrien Dupuis-Hepner sur
Variations sur la mort de Jon Fosse avant d’intégrer l’école
du Théâtre National de Bretagne. En parallèle, elle se forme
au chant lyrique et pratique le violon depuis l’âge de cinq
ans. Get Out Of My Garden est sa première mise en
scène, création en 2011 au Théâtre National de Bretagne.
Elle joue en 2012, dans Nouer la corde du pendu avec les
dents d’un cheval mort, mise en scène de Tristan Rothut
et Simon Gauchet. La même année, elle joue dans Living !
d’après Julian Beck et Judith Malina, mise en scène
JEAN-BAPTISTE
MALARTRE
Jean-Baptiste Malartre –
sociétaire de la ComédieFrançaise – intègre en 1968
l’école de Pierre Debauche
au Théâtre des Amandiers
de Nanterre. Il rentre à cette
époque dans la classe
d’Antoine Vitez. Il rejoint le 15 février 1991 la troupe de la
Comédie-Française, engagé par Jacques Lassalle, comme
interprète du répertoire classique, moderne et contemporain. Il fait ses débuts dans La Fausse Suivante de
Marivaux mise en scène par Jacques Lassalle (1991), La
37
Nuit de l’iguane de Tennessee Williams, mise en scène par Brigitte Jaques-Wajeman, et Le Mariage de Figaro, mis en
scène par Antoine Vitez (1992). Il est interprète également dans Le Bal masqué de Lermontov, mis en scène par Anatoli Vassiliev (1992) ; Chat en poche de Georges Feydeau, mis en scène par Muriel Mayette (1998) ; Ruy Blas de Victor
Hugo (2001), et Britannicus de Racine (2005), tous deux mis en scène par Brigitte Jaques-Wajeman. Plus récemment
il participe à la nouvelle production de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand (2008), mis en scène par Denis Podalydès,
ainsi qu’à la création de L’Ordinaire de Michel Vinaver, mis en scène par l’auteur et par Gilone Brun.
S’il mène une carrière importante au sein de la Comédie-Française, il a aussi activement collaboré au dehors de cette maison, auprès notamment d’Antoine Vitez, avec qui il travaillera de 1970 à 1974 au Théâtre des Quartiers d’Ivry ; avec
Patrice Chéreau pour Lear d’Edward Bond, au TNP de Villeurbanne (1975) ; Claude Régy, Eden cinéma d’après
Marguerite Duras (1977) ; Bernard Sobel, Coriolan de Shakespeare au Théâtre de Gennevilliers (1983) ; suivent encore
d’autres collaborations auprès d’Alain Françon, d’André Engel, et Jacques Lassalle.
Au cinéma, Jean-Baptiste Malartre tourne sous la direction de Sophie Filières, Alix de La Porte, Olivier Assayas, Lucas
Belvaux.
MAUD
26 au 29 mars
2 au 4 avril
9 au 18 avril
6 et 7 mai
14 au 16 mai
Théâtre national de Bordeaux Aquitaine
Brest, Le Quartz
Lille, Théâtre du Nord
Douai, L’Hippodrome
Maison de la Culture de Bourges
RENCONTRE PUBLIC
RAYER
Maud Rayer a commencé sa carrière dans le théâtre comme comédienne et tragédienne.
Elle a joué notamment sous la direction, de Georges Wilson, Jean Anouilh, Roger Planchon,
Jean-Luc Lagarce, Giorgio Strelher, Pierre Négre, John Strasberg, Jöel Jouanneau,
Vincent Dussart. Elle a travaillé sous la direction d’Éric Lacascade dans Les Barbares de
Gorki.
À la télévision, elle a joué, entre autre, dans La vie de Molière de Marcel Camus, Sarah
Bernhardt d’Abder Isker, Virginia Woolf de Régis Milcent, La Petite Fille dans les tournesols de Bernard Férie, L’Allée du Roi de Nina Companez, Deux femmes à Paris de Caroline
Huppert et dans des séries comme Maguy, Marc et Sophie, la Crim’, Le Château des oliviers. Au cinéma, elle a joué
notamment dans Peau d’Âne de Jacques Demy, L’Américain de Marcel Bozzufi, Tapage Nocturne de Catherine
Breillat, Le Pull-over rouge de Michel Drach, Le sang des autres de Claude Chabrol, Un long dimanche de fiançailles
de Jean Pierre Jeunet, Ici-Bas de Jean Pierre Denis.
LAURE
TOURNÉE 2014
WERCKMANN
Laure Werckmann fait ses débuts au Théâtre du Peuple de Bussang (Vosges). Elle y travaille dans des mises en scènes de Philippe Berling, entre autre dans Peer Gynt d’Ibsen
au côté d’Éric Ruf. À la suite à cette rencontre, elle intègre la Compagnie d’Edvin(e), collectif d’acteurs dirigé par Éric Ruf, et participe aux créations : Du Désavantage du Vent
et Les belles endormies du bord de scène, créées au Centre dramatique de Lorient
avant des tournées en France. Elle continue de jouer dans des mises en scène de
Philippe Berling et travaille également avec Gilles Bouillon, Guy Delamotte, Jean-Luc
Falbriard, Philippe Lebas… tant sur le répertoire classique que contemporain. Au cinéma, elle travaille sous la direction de Pascale Ferrand, Elisabet Gustafson, Dominik Moll.
Elle joue sous la direction d’Éric Lacascade dans Les Estivants de Gorki et tartuffe de Molière
autouR D'onCLE Vania
DiManCHE 16 MaRs
Rencontre avec Éric Lacascade et l'équipe artistique à l'issue de la représentation de 15 H.
INSCRIVEZ VOUS À LA RENCONTRE
www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS)
À LIRE / À VOIR
• Oncle Vania, Anton Tchekhov –
• L’Homme des bois –
ACTES SUD, COL. BABEL
ACTES SUD, COL. BABEL
• Littératures 2, Gogol, Tourguéniev, Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov, Gorki
de Vladimir Nabokov –
ÉD. FAYARD
• Tchekhov d’Henry Troyat –
ÉD. FLAMMARION
1984
• Conseils à un écrivain, Anton Tchekhov, Anatolia –
• Lexi, Théâtre de la Colline – L’ARCHE
ÉDITEUR,
2005
• Vanya, 42e Rue de Louis Malle, 1995 - DVD
38
1994
2009
39
ÉD. DU ROCHER
2004
«
Prenez ma vie
et mon amour :
où dois-je les mettre,
que puis-je
en faire ?
»
anton tchekhov, Oncle Vania
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