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Inspirer n°25 - décembre 2012
des muscles respiratoires. Enfin, il a été
rapporté que la VNI est associée à un
ralentissement du déclin de la fonction
respiratoire dans la mucoviscidose
[Fauroux et al. Respiration, 2008].
Il est encore difficile de savoir à quel
moment il convient de commencer la VNI,
en dehors d’une période d’exacerbation
chez les patients atteints de mucoviscidose.
Il existe un critère : l’hypercapnie nocturne.
Mais quand faut-il faire un enregistrement
polysomnographique ? Il n’existe pas de
réelle corrélation entre la qualité subjective
et la qualité objective du sommeil dans
cette population [Fauroux et al. Arch Child
Dis, sous presse]. De même, les
corrélations sont faibles entre les
gazométries nocturnes et diurnes et les
symptômes, les explorations fonctionnelles
respiratoires, ou le sommeil. Dans une
étude récente, Damy et al. [Pulm Circ,
2012] ont mis en évidence l’importance du
suivi d’un paramètre écho-cardiographique
dans la gestion des greffes pulmonaires.
Les auteurs ont démontré que le temps
d’accélération du flux pulmonaire,
marqueur indirect de l’hypertension
artérielle pulmonaire, était un facteur
prédictif temporel de la nécessité d’une
greffe chez les patients atteints de
mucoviscidose.
Dans le cadre de cette pathologie,
les bénéfices prouvés de la VNI sont :
l’amélioration des échanges gazeux,
l’amélioration de la tolérance à l’effort
et à la kinésithérapie, la diminution de la
dyspnée, et un possible ralentissement
du déclin de la fonction respiratoire.
Les bénéfices, non prouvés à ce jour,
mais attestés par les praticiens sont :
une augmentation de la survie, une
amélioration de la qualité du sommeil,
de la qualité de vie, du statut nutritionnel
et une diminution ou correction de
l’hypertension artérielle pulmonaire.
Actuellement, il est admis que la mise sous
VNI est indiquée chez les patients porteurs
d’une mucoviscidose dès lors qu’il y a
décompensation respiratoire aiguë
hypercapnique ou hypercapnie nocturne
associée à des signes de troubles
respiratoires du sommeil, et dans le cadre
d’efforts physiques (programme de
réentraînement à l’effort ou séances
de kinésithérapie induisant une fatigue
associée à des désaturations).
étude objective du sommeil. Les centres
interrogés ont rapporté de nombreux
bénéfices cliniques à la VNI, bien que peu
d’entre eux soient à ce jour
scientifiquement prouvés. Il n’y a pas eu
d’étude prospective randomisée sur le
bénéfice de la VNI en aigü dans la
mucoviscidose et B. Fauroux précise que,
d’un point de vue éthique, ce genre de
protocole ne serait pas acceptable.
Toutefois, il existe des études dites « de
terrain » dont deux études françaises
[Texereau et al. Respir Res 2006] [Ellaffi
et al. AJRCCM 2005] qui montrent que la
VNI est largement efficace et que les
échecs s’observent sur des patients trop
sévères pour lesquels la VNI n’est pas
suffisamment efficace ; lorsque la
ventilation invasive doit être utilisée, elle
est associée à une mortalité extrêmement
élevée.
L’efficacité de la VNI chez les enfants
porteurs d’une mucoviscidose est
directement liée à son action sur la
mécanique respiratoire. La VNI permet de
diminuer le travail respiratoire et
d’augmenter le volume courant,
améliorant ainsi les échanges gazeux
(augmentation de la PaO2 et diminution
de la PaCO2) [Hart et al. AJRCCM 2002].
Dans une étude portant sur 8 enfants avec
mucoviscidose, âgés en moyenne de 13
ans, B. Fauroux et al. [Crit Care Med,
2001] ont comparé les bénéfices
physiologiques à court terme (20 minutes)
de 2 modes de ventilation : volumétrique
et barométrique. Ces deux modes de
ventilation diminuent tous deux de façon
significative le travail des muscles
respiratoires ce qui améliore les échanges
gazeux nocturnes et diurnes.
Le Pr. B. Fauroux a précisé que
l’oxygénothérapie corrige la saturation en
oxygène mais n’améliore pas la respiration
des enfants. En 2001, Milross et al. [Am J
Respir Crit Care, 2001] ont montré que la
VNI était significativement plus efficace
que l’oxygénothérapie pour améliorer la
qualité des échanges gazeux pendant le
sommeil, préserver le volume courant et
éviter l’hypercapnie nocturne chez des
patients atteints de mucoviscidose [Figure
2]. De même, Young et al. [Thorax 2008]
ont montré que la mise sous VNI
(6 semaines) était plus efficace que la
mise sous oxygène pour améliorer la
dyspnée et la tolérance à l’effort (test
de marche de 6 minutes) dans cette
population. Cette étude confirme que
la VNI permet une mise au repos des
muscles respiratoires.
Dans une de leurs études, B. Fauroux et al.
[Crit Care, 2001] ont mis en évidence que
la diminution de la dyspnée par la VNI était
un paramètre important de la tolérance et
du confort des patients ; par exemple, elle
améliore la tolérance des enfants aux
séances de kinésithérapie [Fauroux et al.
Pediatrics 1999] en prévenant les
désaturations et en diminuant la fatigue
Figure 2
Effets comparés de l’oxygène de la VNI sur la qualité des échanges gazeux pendant
le sommeil chez des patients atteints de mucoviscidose.
D’après Milross et al. AJRCCM 2001.
% de temps avec une SaO2 > 90%
100
80
60
40
20
0
Sommeil non
paradoxal Sommeil
paradoxal Temps de
sommeil total
Delta de PtcPCO2 (mmHg) entre
le sommeil paradoxal et non paradoxal
100
80
60
40
20
0
Air
ambiant Sous O2 Sous VNI
Air ambiant Sous Oxygène Sous VNI