Bull. Math. Soc. Sci. Math. Roumanie
Tome 55(103) No. 3, 2012, 275–279
Am´elioration d’ une inegalit´e de Markov
by
Michel Grandcolas
Abstract
We generalize the Markov inequality for a polynomial in [-1,1] to any convex of the
plane including the position of the roots of this polynomial.
Soient Pun polynˆome `a coefficients dans Cet nson degr´e, Xest un convexe du
plan. On consid`ere ple nombre de z´eros de Psitu´es dans un domaine D simple proche
X:D=X+ 1, c’est `a dire l’ensemble des points du plan dont la distance `a Xest
inf´erieure ou ´egale `a 1. On pose kPk= supxX|P(x)|. Nous d´emontrons les in´egalit´es:
kP0k ≤ (np+2
D(X)pn)kPko`u D(X) est le diam`etre de X. Nous obtenons aussi kP0k ≤
(np+1
tZ(X)pn)kPko`u tZ(X) est le diam`etre transfini entier de Xlorsque Pest un
polynˆome `a coefficients dans Z. Ces r´esultats affinent et g´en´eralisent l’in´egalit´e de Markov
supx[1,1] |P0(x)| ≤ n2supx[1,1] |P(x)|.
Key Words: Diameter, transfinite diameter, roots of a polynomial.
2010 Mathematics Subject Classification: Primary 26C05; Secondary 26C10,
26D05.
1 Introduction
Soient Pun polynˆome `a coefficients dans Cet nson degr´e, Xest un convexe du plan. On
consid`ere ple nombre de z´eros de Psitu´es dans un domaine D simple proche X:D=X+ 1,
c’est `a dire l’ensemble des points du plan dont la distance `a Xest inf´erieure ou ´egale `a 1. On
pose kPk= supxX|P(x)|. Nous d´emontrons les in´egalit´es: kP0k ≤ (np+2
D(X)pn)kPk(1) o`u
D(X) est le diam`etre de X. Nous obtenons aussi kP0k ≤ (np+1
tZ(X)pn)kPk(2) o`u tZ(X) est
le diam`etre transfini entier de Xlorsque Pest un polynˆome `a coefficients dans Z. Ces r´esultats
affinent et g´en´eralisent l’in´egalit´e de Markov supx[1,1] |P0(x)| ≤ n2supx[1,1] |P(x)|. Ceci est
possible grˆace `a la position des z´eros de P. On voit par exemple que si X= [a, b], t(X) = 2
ba,
l’in´egalit´e de Markov donne kP0k ≤ 2
ban2kPkalors que (1) donne kP0k ≤ (np+2
bapn)kPk.
Elle est meilleure si ba2, en effet, on a toujours np+pn n2pour 0 pn. La borne
de Markov est obtenue lorsque toutes les racines de Psont dans Dalors que np+2
bapn
diminuent plus Pa de racines `a l’ext´erieur de D.
276 Michel Grandcolas
Comme corollaires importants de ces r´esultat, on a: kP0k ≤ nkPksi Pn’a pas de racine
dans D.
La d´emonstration fait intervenir la d´eriv´ee logarithmique de Pet quelques lemmes de
g´eom´etrie des z´eros des polynˆomes. Les z´eros de P0sont situ´es dans l’enveloppe convexe des
z´eros de Pd’apr`es le th´eor`eme de Gauss Lucas, d’o`u l’int´erˆet d’´etudier le lien entre les normes
de Pet P0(o`u la norme de Pvaut supx[a,b]|P(x)|) dans un cadre plus g´en´eral que l’in´egalit´e
de Markov.
Un r´esultat ressemblant `a l’in´egalit´e de Markov a ´et´e d´emontr´e par Bernstein [1]
sup
xD
|P0(x)| ≤ nsup
xD
|P(x)|
o`u Dest le disque unit´e mais la d´emonstration est fort diff´erente car elle fait appel aux int´egrales
de Cauchy.
Dans le paragraphe 2, nous donnons les diff´erents lemmes et l’´enonc´e du th´eor`eme, que nous
montrons au paragraphe 3.
2 Quelque lemmes et enonce du th´eor`em
Lemme 1. Soient nnombres complexes non nuls a1, a2, ..., an, il existe un complexe c, appel´ee
moyenne harmonique de a1, a2, ..., an,cerifie: 1
a1+1
a2+... +1
an=n
c.
On a:
1) inf(|a1|,|a2|, ..., |an|)≤ |c|.
2) Si les nnombres complexes a1, a2, ..., ansont de module sup´erieur ou ´egal `a 1 alors |c| ≥ 1.
Preuve. 1) On a |1
a1+1
a2+... +1
an| ≤ n
inf(|a1|,|a2|,...,|an|)donc |n
c| ≤ n
inf(|a1|,|a2|,...,|an|)donc
|c| ≥ inf(|a1|,|a2|, ..., |an|).
2) |1
a1+1
a2+... +1
an|≤|1
a1|+|1
a2|+... +|1
an| ≤ ndonc |c| ≥ 1.
Lemme 2. Soient nnombres complexes a1, a2, ..., anet Xun convexe du plan de diam`etre
D(X), on a:
supxX|Qn
k=1(xak)| ≥ (D(X)
2n)n.
Preuve. On consid`ere les points Aet Bde Xtels que AB =D(X).
On recouvre le segment [A, B] par ndisques de diam`etre D(X)
ncentr´es sur ce segment:
1) si on a moins de n1 complexes parmi a1, a2, ..., andans ces n disques, on choisit z
parmi le centre de ces disques qui ne contient pas de racines de telle sorte que |zak| ≥ D(X)
2n
pour tout k∈ {1, ..., n}.
2) si on a ncomplexes parmi a1, a2, ..., andans ces n disques, on d´ecoupe le segment [A, B]
en 2n intervalles de longueur D(X)
2n, on consid`ere les bandes qui ont pour largeur ces intervalles;
on a deux cas possibles
a) une bande extrˆemale ne contient pas de racines, on choisit le complexe z=aqui est
l’affixe de Aou z=bqui est l’affixe de A appartenant `a cette bande et |zak| ≥ D(X)
2npour
tout k∈ {1, ..., n}.
b) les deux bandes extrˆemales contiennent des racines, il y a donc n2 racines `a placer dans
les 2n2 bandes restantes, on a donc 2 bandes cons´ecutives sans racine, on choisit zparmi le
Une inegalit´e de Markov 277
bord commun de ces bandes appartenant au segment [A, B]. On a encore |zak| ≥ D(X)
2npour
tout k∈ {1, ..., n}.
Lemme 2 bis. Si Pest un polynˆome unitaire `a coefficients dans Zet kPk= supxX|P(x)|,
on a: kPk ≥ tZ(X)n.
Preuve. Si on pose tn(X) = minPZ[X]kPk1
n, il est connu que la suite (tn(X))nNconverge
en d´ecroissant vers tZ(X).
Lemme 3 . Soit Xun convexe de diam`etre D(X)et Pun polynˆome `a coefficients dans
Cdont les racines sont les nombres complexes a1, a2, ..., an, on consid`ere zX. Il existe un
j∈ {1, ..., n}tel que l’on ait: (|Qn
k=1,k6=j(zak)|)(2n
D(X)) supx[a,b]|Qn
k=1(xak)|.
Preuve. Sinon s’il existe zet pour tout indice j∈ {1, ..., n}on a: (|Qn
k=1,k6=j(zak)|)>
(n
t(X)) supx[a,b]|Qn
k=1(xak)|, ainsi Qn
j=1(|Qn
k=1,k6=j(zak)|)>(n
t(X))n(supx[a,b]|Qn
k=1(x
ak)|)n, on obtient ainsi (supxX|Qn
k=1(xak)|)n1(2n
D(X))n(supxX|Qn
k=1(xak)|)n, d’o`u:
supxX|Qn
k=1(xak)|<(D(X)
2n)nce qui est absurde d’apr`es le lemme 2.
Lemme 3 bis. Soit Xun convexe et Pun polynˆome unitaire `a coefficients dans Zdont les
racines sont les nombres complexes a1, a2, ..., an, on consid`ere zX. Il existe un j∈ {1, ..., n}
tel que l’on ait: (|Qn
k=1,k6=j(zak)|)(n
tZ(X)) supx[a,b]|Qn
k=1(xak)|.
Preuve. Sinon s’il existe zet pour tout indice j∈ {1, ..., n}on a: (|Qn
k=1,k6=j(zak)|)>
(n
t(X)) supx[a,b]|Qn
k=1(xak)|, ainsi Qn
j=1(|Qn
k=1,k6=j(zak)|)>(n
tZ(X))n(supx[a,b]|Qn
k=1(x
ak)|)n, on obtient ainsi (supxX|Qn
k=1(xak)|)n1(n
tZ(X))n(supxX|Qn
k=1(xak)|)n, d’o`u:
supxX|Qn
k=1(xak)|<(tZ(X)
n)nce qui est absurde d’apr`es le lemme 2 bis car on aurait
tZ(X)> n(kPk)1/n.
Corollaire du Lemme 3. Soit 1pn,Pest un polynˆome `a coefficients dans C(resp.
dans C).
Pp
i=1 |1
zai||P(z)|
kPk2
D(X)pn.
(resp. Pp
i=1 |1
zai||P(z)|
kPk1
tZ(X)pn).
Preuve. Pp
i=1 Qn
k=1,k6=i|zak| ≥ pmini∈{1,...,n}Qn
k=1,k6=i|zak|donc: 1
Pp
i=1 Qn
k=1,k6=i|zak|
1
pmini∈{1,...,n}Qn
k=1,k6=i|zak|D(X)
2pn .
2.5. Lemme 4.
Si Pest un polynˆome non nul de degr´e n`a coefficients complexes de racines a1, a2, ..., anet
z diff´erent des pr´ec´edentes racines alors P0(z)
P(z)=1
za1+1
za2+... +1
zan.
Remarque: P0(z)
P(z)est la d´eriv´ee logarithmique de P et a ´et´e utilis´e par Gauss et Lucas [2]
pour montrer que les z´eros de la d´eriv´ee d’un polynˆome sont dans l’enveloppe convexe des z´eros
de ce polynˆome.
Th´eor`eme. Lorsque Pest un polynˆome `a coefficients dans C(resp. dans Z), nson degr´e
et pest le nombre de z´eros de Psitu´es dans D=X+ 1, on a:
kP0k
kPknp+np 2
D(X)
278 Michel Grandcolas
(resp. kP0k
kPknp+np 1
tZ(X))
3 Preuve du th´eor`em
Pest un polynˆome non nul de degr´e n. On pose kPk= supuX|P(u)|
1) On choisit zXtel que |P0(z)|= supuX|P0(u)|si P(z)6= 0 sinon si P(z) = 0, on
choisit ztel que |P0(z)|= supu[a,b]|P0(u)| − ( > 0 arbitrairement petit) et P(z)6= 0.
2) On va majorer |P0(z)
P(z)| × |P(z)|
kPken d´ecomposant P0(z)
P(z)en deux termes
D’apr`es le lemme 4: P0(z)
P(z)=Pn
k=1 1
zakpeut s’´ecrire aussi `a A+Ben posant:
A=Pp
k=1 1
zako`u |zak|<1 pour tout k∈ {1, ..., p}
B=Pn
k=p+1 1
zako`u |zak| ≥ 1 pour tout k∈ {p+ 1, ..., n}(0 pn)
3) Majoration de |A| × |P(z)|
kPkpar 2
D(X)np ( ou 1
tZ(X)np si Pest `a coefficients dans Z).
On a d’apr`es le corollaire du lemme 3: Pp
i=1 |1
zai| × |P(z)|
kPk2
D(X)pn.
( ou Pp
i=1 |1
zai| × |P(z)|
kPk1
tZpn si Pest `a coefficients dans Z).
4) Majoration de |B| × |P(z)|
kPkpar np:
D’apr`es le lemme 1, il existe gerifiant |zg| ≥ 1 tel que:
B=Pn
k=p+1 1
zak=np
zg
donc |B| × |P(z)|
kPk≤ |np
zg| × |P(z)|
kPknpvu que |P(z)|≤kPket |zg| ≥ 1.
5) Conclusion:
kP0k−
kPknp+np 2
D(X). Mais puisque  > 0 peut ˆetre choisi arbitrairement petit, on a:
kP0k
kPknp+np 2
D(X). De plus les pracines v´erifiant |zak|<1 pour tout k∈ {1, ..., p}sont
`a une distance strictement inf´erieur `a 1 de X.
6) Remarque: si on ne distingue pas les racines entre elles, On peut majorer |P0(z)
P(z)| × |P(z)|
kPk
par le corollaire du lemme 3. On obtient: kP0k ≤ 2
D(X)n2kPk
Remerciements. Merci `a Michel Langevin pour m’avoir sensibilis´e `a ce genre de probl`emes
et `a Georges Rhin pour de constructives discussions.
References
[1] Langevin M., G´eom´etrie autour d’un th´eor`eme de Bernstein, S´em. de Th. des Nombres de Paris 1982-83,
Birkh¨auser (1984), p.143-160.
[2] Marden M., The geometry of the zeros of a polynomial in a complex variable (Mathematical Surveys
Number 3, AMS, 1949).
[3] Markoff A., Ueber ein problem von D. I. Mendelejeff (Abh. derAkad. der Wiss. St Petersburg 62 (1889),
1-24.
Received: 24.09.2010, Accepted: 14.01.2012.
Dpartement de mathmatiques, Universit de Lorraine, Ile du Saulcy, 57045 Metz
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