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Introduction
Les grandes banques françaises ont retrouvé en 2015 le niveau de profit qu’elles
affichaient avant la crise financière. Sur l’année, les six grands établissements ont
généré 23 milliards d’euros de profits, à la grande satisfaction des commentateurs
économiques.
Cet apparent retour à la normale a clos le débat public sur la réforme des banques
en France. Alors que d’autres secteurs se préparent à des changements majeurs
(téléphonie, taxis, transport ferroviaire, énergie, distribution en ligne), le secteur
financier échappe lui aux regards et au débat.
Le monde occidental a pourtant connu en 2008 une crise financière dévastatrice qui,
huit ans après, laisse encore des traces visibles dans nos économies. L’implosion du
système financier mondial, son renflouement en urgence par les Etats (290md€
injectés1 dans les banques en Europe, sans compter les 1200 md€ de garanties
accordées et les 120 md€ dépensés dans le cadre des « bad banks ») et la
récession historique de 2009 (une hausse de 4 points du chômage de 2007 à 2011)
ont conduit, en seulement trois ans, à une très forte augmentation de l’endettement
public (20% du PIB en moyenne) qui pèsera durablement sur la solvabilité des Etats
européens. La crise de 2008 n’était pas seulement anglo-saxonne, contrairement à
ce que les banques continentales veulent maintenant faire croire à l’opinion : entre
2007 et 2010, les aides d’Etat effectivement déboursées en faveur des banques ont
représenté des montants énormes2, 10% du PIB en Allemagne (406md€) et 6% en
France (217md€). Sans ces aides, le système bancaire européen aurait littéralement
fait faillite.
En outre, entre 2010 et 2012, la zone euro a connu une crise majeure qui, là
aussi contrairement aux discours officiels, a été d’abord et avant tout une crise
bancaire. La France n’a pas non plus été épargnée. A l’été 2011, les grandes
banques françaises ont fait l’objet d’attaques sur les marchés très violentes qui, un
moment, ont semblé gagner le marché de la dette publique française lui-même. Le
système bancaire européen n’a dû son salut qu’à une intervention salvatrice à la
limite de la légalité des traités de la Banque centrale européenne. Sans l’injection
massive de liquidités par Mario Draghi à partir de 2012 (LTRO), les banques
d’Europe du sud n’auraient pas été en mesure de rembourser leurs dettes vis-à-vis
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
1 Données rassemblées dans l’excellent et complet rapport Liikanen rendu à la Commission
européenne en Octobre 2012.
2 Pour le Royaume-Uni, ces montants ont atteint 18% du PIB et près de 500md€.