JANVIER-FÉVRIER 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■N°81 103
Le Cret-Log est un centre de recherche en
sciences de gestion d’Aix Marseille Université spé-
cialisé en logistique et Supply Chain Management.
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les ordures avant leur expulsion, libérant ainsi
l’espace de stockage principal. La troisième
logistique du tri est la mutualisation. Elle se sert
des autres logistiques du quotidien, notamment
les courses alimentaires, pour gérer de manière
optimale les flux d’ordures. Ceci conduit à les
stocker dans le contenant qui sert à faire les
courses (caddie, sac, panier). Ce contenant est
placé dans la cuisine, afin à la fois de vider les
courses (flux entrant) et de le remplir des ordures
à recycler (flux sortant).
Des logistiques pensées d’un point de vue
rationnel et émotionnel
Ainsi que cela paraîtra évident à tout bon
« logisticien », les con- sommateurs optent pour
telle ou telle logistique en fonction des caracté-
ristiques de leur Supply Chain, qui est ici com-
posée de leur domicile et du système de
collecte. Ainsi, la massification est d’autant
plus utilisée que les individus ont de la place
chez eux pour stocker
et que les systèmes de
collecte sont éloignés
et contraignants.
Inversement, le juste-à-
temps est une solution
plébiscitée par les indi-
vidus manquant de
place, mais pouvant
expédier facilement
leurs ordures grâce à
une forte proximité des
points de collecte.
Enfin, la mutualisation
est une stratégie mobi-
lisée par les individus
devant faire face à la
fois à des contraintes de
place chez eux et d’éloignement des points de col-
lecte, double contrainte qui justifiera d’adopter
une logistique totalement « optimisée ». Toutefois,
à la différence des entreprises, les consomma-
teurs ne sont pas seulement rationnels : ils sont
aussi guidés par leurs émotions ! Or, chaque
logistique induit pour le consommateur un
vécu différent avec les déchets, qui peut ou
non être acceptable. Ainsi, un consommateur qui
ne supporte pas le désordre n’acceptera pas le
juste-à-temps, parce qu’il impose de stocker ses
déchets à trier sur le sol de la cuisine. Un
consommateur qui a un fort besoin de propreté
n’acceptera pas la mutualisation, parce qu’elle
impose de stocker ses bouteilles sales dans le
cabas utilisé pour faire ses courses, etc. L’enjeu
pour le consommateur est donc de trouver une
logistique à la fois adaptée à sa Supply Chain
(logique rationnelle) et au vécu qu’il souhaite
avoir avec ses ordures (logique émotionnelle).
Cela est loin d’être simple, d’autant que plusieurs
individus composent un même foyer !
La nécessité d’accompagner
les consommateurs
Dans ce cadre, un enjeu clef semble être de mieux
accompagner les consommateurs dans la mise en
place de la logistique inhérente au tri. Pour les
collectivités, il s’agit d’aller au-delà des mesures
actuelles, qui cherchent essentiellement :
1. à motiver les consommateurs (communication
sur son importance pour la planète, paiement
des ordures au poids) ;
2. à les informer sur les règles du tri (dépliants
indiquant quelle ordure mettre dans quelle pou-
belle, informations sur les horaires et dates de
collecte).
Cela pourrait passer par plusieurs types d’actions :
développement d’une gamme de bacs adaptés
aux différentes logistiques, au sein de laquelle
les consommateurs pourraient puiser le ou les
bacs qu’ils souhaitent ; réalisation de guides
présentant les différentes solutions logistiques
possibles pour trier ; mise en place par les com-
munes d’ambassadeurs de tri, qui pourraient
aller « auditer » les logistiques des individus et
les aider à trouver des solutions. ■
Variables influençant le choix d’un type de logistique
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