Muriel LR

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Promotion DC 2015/2016
IFAS du CFSM de Malestroit
Module 5
« Situation de communication centrée sur le patient et son entourage »
par Muriel Le Roux
Introduction :
Actuellement élève aide soignante à l’IFAS de Malestroit, dans le cadre de ma formation et pour la validation
du module « Relation Communication », je vais vous présenter une situation relationnelle que j’ai vécu.
La situation que j’ai choisi de développer et d’analyser s’est déroulée lors de mon premier stage, en
hospitalisation à domicile.
J’ai choisi CE moment car il m’a prouvé une fois de plus que je ne m’étais pas trompée sur mon devenir de
soignante !
Un moment tellement simple et pourtant…
Je commence ma deuxième semaine de stage au sein d’une équipe de soins à domicile. Comme tous les
matins, le planning des tournées à effectuer est affiché sur un tableau. Ce matin je suis avec ma référente, Nicole,
c’est une aide soignante avec qui j’ai beaucoup appris. Nous partons accompagnées d’une infirmière, et toutes les
trois nous nous rendons chez plusieurs patients tout au long de la matinée. Puis après le déjeuner nous ne sommes
plus que toutes les deux, moi et Nicole, car les soins suivants ne nécessitent pas de soins infirmiers. Nous repassons
voir les patients de la matinée qui souvent sont alités, ont besoin d’un changement de position ou un changement
de protection.
Il est environ 14h quand nous arrivons chez Mme K., c’est une femme de 97 ans qui vit seule dans sa maison
près de la mer. Mme K., est de taille moyenne et de corpulence moyenne, elle a les cheveux courts et grisonnants.
C’est une femme fatiguée, très fatiguée physiquement et surtout moralement. Elle vivait avec son mari il y encore
quelques mois, mais suite à une grosse bronchite il a été hospitalisé, elle se retrouvait donc seule chez elle.
Comme tous les jours, nous sonnons à la porte de chez Mme K. et entrons sans attendre de réponse, nous
posons nos manteaux sur la rampe de l’escalier et entrons dans la salle à manger qui est aussi la chambre de Mm K.
Dans un coin de cette pièce, elle est là, allongée sur son lit, regardant toute la journée la télévision, seule dans le
noir, il n’est pourtant que 14h et les volets sont fermés, Mme K. souhaite être dans le noir.
Nous nous approchons d’elle pour lui dire bonjour mais comme tous les jours elle ne répond pas .Elle nous
regarde et ne dit rien. Nous nous préparons donc, nous enfilons une blouse à usage unique, préparons ce dont nous
avons besoin et nous approchons de son lit. Nous l’informons que nous allons lui changer sa protection et l’installer
correctement dans son lit. Mme K. n’est pas contente et ne veux pas qu’on la touche :
- « Laissez moi tranquille, pas besoin de me changer, laissez moi »
Nous lui expliquons l’importance du soin et que nous ne pouvons pas la laisser ainsi.
- « Allez-y! Faites! Et dépêchez-vous ! »
Une fois le soin terminé, nous l’installons correctement dans son lit. L’aide soignante se dirige vers la table de la salle
à manger ou est entreposé le classeur de suivi du patient. Pendant qu’elle y inscrit les soins effectués je recouvre
Mme K. de ses deux couvertures et de son couvre lit car Mme.K aime bien avoir chaud, elle ne bouge pas beaucoup
dans son lit, elle aime être bien couverte.
Je lui demande ensuite si elle souhaite que je lui fasse autre chose :
-« remontez le son de la télé et éteignez la lumière en partant ! » me demande t-elle.
-« Très bien Mme K, voulez vous des petits gâteaux pour tout à l’heure ? »
-« Oui »
Je vais vers la cuisine pour y préparer une petite assiette de gâteaux fourrés à la framboise. Ce n’est que la
troisième fois que je viens chez Mme K., mais je commence à connaître ses habitudes et ces petites choses qui lui
font plaisir, car ces petites choses elles sont si précieuses pour une personnes qui reste dans son lit toute la journée,
qui reste seule dans le noir à regarder la télévision, à penser certainement à son mari, à toutes ses années passées
ensemble, à sa vie et à ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Je dépose l’assiette sur l’adaptable que je l’approche d’elle pour qu’elle puisse prendre, quand elle le
souhaiterait, les gâteaux. Elle me remercie et me souris...
L’aide soignante, Nicole, s’approche de nous et lui demande si elle souhaite un petit café, Mme K. me
regarde étonné, regarde Nicole et lui répond :
-« Oui volontiers »
Nicole part vers la cuisine lui préparer un café. Quant à moi je reste auprès de Mme K. et en profite pour essayer de
bavarder avec elle. Quand on vient chez elle le matin pour faire sa toilette et d’autres soins elle ne nous parle pas,
quand elle le fait c’est pour nous dire qu’elle n’a pas besoin de nous, qu’on lui fait mal, qu’elle préfère mourir que de
continuer à vivre ainsi, elle à le regard sombre et triste quand elle nous parle. Malheureusement nous n’avons pas le
temps, le matin nous voyons plusieurs patients et souvent beaucoup de kilomètres les séparent donc les soignants
ne peuvent pas rester « bavarder » ou tout simplement écouter les gens…
Je commence donc à lui demander d’où elle vient, elle me regarde en silence, puis elle me répond :
-« Je viens de Paris ! »
Je profite pour lui poser une seconde question :
-« De Paris et quand êtes vous venu vous installer en Bretagne ? »
Nicole arrive de la cuisine, pose le café près de Mme K. et l’écoute répondre à ma question, elle continue à
nous parler de son arrivée ici, dans cette maison qu’ils avaient achetée avec son mari pour leurs retraites. Elle nous
parle ensuite de sa vie sur Paris, de ce qu’elle faisait comme travail et de ce que faisait son mari, elle s’aperçoit qu’on
l’écoute et que l’on s’intéresse à ce qu’elle nous raconte, alors elle continue… elle et son mari n’avait pas voulu
d’enfant ils s’était consacrés tous les deux à leurs vies professionnelles, ils étaient ingénieurs dans l’aéronautique.
Elle nous raconte ses nombreux voyages en voiture, voiture qu’elle seule conduisait car son mari n’aimait pas ca.
Nous l’écoutons nous raconter toutes ses histoires, tous ces moments de sa vie qui l’avait rendue heureuse…
Quand elle nous parle elle sourit, en se remémorant tous ses souvenirs ses yeux brillent de joie. Ce fut un
réel plaisir de l’écouter! Nous sommes restées deux heures ce jour la chez Mme K. alors qu’habituellement nous ne
restions que trente minutes! J’ai beaucoup apprécié ce qu’à fait Nicole, lui proposer un café, ce n’est pas grandchose, et c’est ce café qui nous à permis de partager un agréable moment. Après cette longue conversation je me
rapproche de Mme K. :
-« reposez-vous Mme K., à demain »
Je commence à m’éloigner quand soudain elle attrape ma main, je la regarde, ses yeux sont rempli de larmes, avec
sa voix tremblante elle chuchote :
- « Merci, merci pour tout ! »
Moi aussi je suis émue, je serre sa main et la remercie à mon tour.
Je lui rapproche la table où sont posé les petits gâteaux, je lui donne la télécommande de la télévision,
j’éteins la lumière et nous nous avançons vers la sortie, mettons notre manteau, sortons et refermons cette porte en
laissant Mme K. seule une fois de plus…
Le temps de la réflexion :
Nous remontons dans la voiture, et là je parle à Nicole de ma satisfaction de ce moment partagé avec Mme
K.Je suis émue, je suis aussi heureuse d’avoir pu échanger avec cette femme qui habituellement ne nous parle pas,
ou se plaint de notre présence. Mais pourquoi a-t-elle réagi ainsi ? Pourquoi, sans doute parce qu’elle souhaite plus
que des soins !
Dans notre métier les soins sont très importants, mais l’écoute et la communication le sont parfois plus, la
communication dans le soin est un projet sans cesse révisé car il n’y a pas de marche à suivre indiscutable.
Selon Edwouard Hall1 les paroles traduisent l’intellect et la volonté consciente, tandis que le non verbal
transmet les émotions et les affects inconscients. La communication entre deux êtres sera donc plus harmonieuse et
constructive, que de part et d’autre, il y aura volonté, d’explorer, de décoder puis de confronter les deux discours
simultanés : le verbal et le non verbal2.
Nous sommes tous sensibles au non verbal, et je pense que nos regards, nos sourires lui ont permis de se sentir
écoutée et considérée.
De l’écoute voilà ce qu’elle recherchait, alors je repense à ce moment, ai-je bien fait de lui poser cette
question qui à fait débuter la conversation, et qui lui à fait remonter des souvenirs ?
Et bien j’y réponds rapidement, repensant à son sourire et à son grand merci, je n’éprouve aucun regret de l’avoir
« poussée » à nous raconter tout cela. Je repense à tout ce qu’elle nous a dit, tous ses moments personnels qu’elle
nous a dévoilés et qu’elle a vécu avec « l’homme de sa vie ». Quand elle parlait de son mari j’ai ressenti beaucoup
d’émotion, dans ses yeux on pouvait y voir l’amour qu’elle éprouve pour lui. Dés qu’elle a commencé à me parler je
me suis rapprochée d’elle.
Edward Hall à défini 4 distances de base dans la communication3 :




Espace intime : 15 - 50 cm
Espace privé : 50 – 20 cm
Espace social : 120 - 350 cm
Espace public : 350 cm
Notre échange s'est fait par une communication verbale et non-verbale, par le regard, par l'attention, par
l'écoute et par ce geste, cette main qu’elle m’a prise pour me remercier, à ce moment je me trouvais dans cet
espace intime.
Selon Walter Hesbeen « on ne peut prendre soin d’un homme ou d’une femme malade en tentant d’accueillir sa
singularité sans se sentir concerné par sa situation, sans se laisser toucher par ce qui arrive à cet humain ». Je suis
soignante et humaine. Alors à ce moment là oui je suis satisfaite, mais je ressens aussi de la tristesse, car en
refermant cette porte nous la laissons seule.
Alors une nouvelle question se pose à moi : Quel est mon rôle ? Quel est le rôle d’une aide soignante ?
Selon la définition du métier d’aide soignant.
« . L’aide soignant accompagne cette personne dans les activités de la vie quotidienne, il contribue à son
bien être et à lui faire recouvrer, dans la mesure du possible, son autonomie ».
Aide soignant c’est plus qu’un métier, c’est aussi être patient, être présent, avoir de l’empathie, être calme,
attentif, souriant, motivé, dynamique et être à l’écoute.
C’est pourquoi après avoir passé ce moment avec Mme K. je suis convaincue que mon futur rôle d’aide
soignante c’est bien sur de réaliser des soins mais avant tout d’écouter et de respecter la personne.
1
Edward Hall : anthropologue américain et spécialiste de l'interculturel.
Communication verbal et non verbal : cours Module 5
3
Distance de base selon Edward Hall : Cours Module 5
2
En conclusion :
Cela fait plusieurs années que je travaille auprès de la personne âgée et j’ai énormément appris et muri. Je
découvre en permanence de nouvelles situations auxquelles il faut que je réagisse spontanément. Il nous est
impossible d’analyser chaque situation avant d’y répondre.
Je me rends compte une fois de plus l’importance de cette qualité de communication qui ne peut
qu’humaniser encore plus les soins réalisés par les aides soignants.
Aide soignant, ce n’est pas que mettre en pratique les gestes techniques appris en cours, mais aussi être soimême et authentique, en n’oubliant pas que chaque personne est unique et a sa propre histoire.
J’aime le métier d’aide soignant, c’est le métier que j’ai choisi d’exercer, et encore plus quand je vis des
moments comme celui-ci qui me permettent de m’épanouir, je sais alors que ne me suis pas trompée.
Alors oui je suis sûr je veux prendre soin !
Bibliographie
Sites internet :
www.babelio.com
www.deboecksuperieur
www.wikipedia.fr
Référence au cours I.F.A.S Malestroit :- « Communication verbal et non verbal »
- « Distance de base selon Edward Hall »
Un sourire
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,
Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel,
Personne n'est assez riche pour s'en passer,
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter,
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires,
Il est le signe sensible de l'amitié,
Un sourire donne du repos à l'être fatigué,
Donne du courage au plus découragé
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'à partir du moment où il se donne.
Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire,
Soyez généreux donnez-lui le vôtre,
Car nul n'a autant besoin d'un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.
Raoul Follereau
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