5 > 24 janvier 2016
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theatredelaquarium.com
REVUE DE PRESSE //////////////
VICTOR F. de Laurent Gutmann
d’après
Cris et chuchotements
d’Ingmar Bergman
texte d’Elsa Granat
de Roland Schimmelpfennig
diptyque > deux spectacles à voir ensemble ou séparément
mise en scène Aulie Van Den Daele
DANS LES VEINES RALENTIES
PEGGY PICKIT VOIT LA FACE DE DIEU
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mardi 5 > dimanche 24 janvier 2016
VICTOR F. DE LAURENT GUTMANN
d’après
Frankenstein
de Mary Shelley
texte et mise en scène Laurent Gutmann
scénographie Alexandre de Dardel, lumière Yann Loric, son Estelle Gotteland, costumes
Axel Aust, maquillages, perruques Catherine Saint-Sever, collaboration artistique Aurélien
Desclozeaux, masque Alexis Kinebanyan KFX Studio
avec Éric Petitjean, Cassandre Vittu de Kerraoul, Luc Schiltz et Serge Wolf
photographie Pierre Grosbois
CE QU’EN DIT LA PRESSE EN QUELQUES MOTS !
La représentation bien rythmée oscille en permanence entre la fantaisie
et l’étrangeté, en s’appuyant sur un texte ciselé dont la drôlerie ne
gomme pas la nature des propos.
Jean Chollet
Le parti pris d’actualisation est mené de main de maître. (...) la réalisation
est constamment auréolée d’humour dans le jeu, ce qui permet de penser
en s’amusant. Parole, ce n’est pas tous les jours que l’intelligence et
l’esprit de finesse sont ainsi mis à contribution. On souhaite une longue
vie théâtrale à ce monstre en mal d’amour, qui semble une effrayante
marionnette consumériste de supermarché.
Jean-Pierre Léonardini
Alliant grotesque et profondeur, le spectacle de Laurent Gutmann
nous gagne immédiatement à la cause de son univers. Virtuosité des
comédiens, brio de la scénographie, finesse du texte et de la mise en
scène : pas une fausse note ne vient contrarier cette grande réussite.
Manuel Piolat Soleymat
La force du spectacle c’est ce boitillement entre expérimentation
hasardeuse et maîtrise, c’est ce balbutiement entre tragique et loufoque,
cette alternance entre une nature enchanteresse et les débuts du
surhomme.
Anna Grahm
La mise en scène et la scénographie sont au rendez-vous du propos. La
pièce est belle. Le spectacle est un ravissement.
David Rofé-Sarfati
Le retour du Dr Frankenstein
En 1816, en Suisse, pour tromper son désœuvrement, Mary Shelley (20 ans), jeune
femme britannique aux cheveux sagement coiffés en bandeaux, compose
Frankenstein
ou le Prométhée moderne
, un conte voué à une longue postérité cinématographique.
La créature monstre qu’elle invente, campée à l’écran par Boris Karloff, ne porte pas
encore ce nom illustre, gage d’effroi, car Frankenstein n’est que le patronyme du savant
démiurge qui la crée de toutes pièces.
Avec Mary Shelley, pas de boulons ni d’électrodes chez l’espèce de robot humanoïde qui
finit par tout casser par manque d’amour. Idem pour Laurent Gutmann qui, d’après le
roman, a écrit et mis en scène
Victor F.
Il y remet hardiment le mythe populaire au goût
du jour. La scène est contemporaine, dans une scénographie sobre et claire d’Alexandre
de Dardel. Victor F. (Éric Petijean), assis, l’air mi-figue mi-raisin, attend le public, avant
de confier à Henri, son ami aveugle (Serge Wolf), ses doutes raisonnes sur la viabilité de
son expérience folle. Apparition d’une autre figure, celle de la fiancée (Cassandre Vittu de
Kerraoul) du scientifique désabusé, laquelle l’arrache à sa morosité pour d’oublieuses
vacances dans un riant décor de printemps helvétique. L’étrange créature abandonnée
(Luc Schiltz) ne l’entend pas de cette oreille. Lancée sur la trace de celui qui s’en lave les
mains en déniant toute paternité, elle surgit aux champs, terrorisant son monde.
Formidable idée : sur un corps normal, une tête énorme (masque d’Alexis Kinebanyan) au
grand sourire éternellement figé. Imaginez quelque chose entre les frères Bogdanov et
la mascotte du championnat d’Europe de football. Le parti pris d’actualisation est mené
de main de maître. Ainsi illustrée, la volonté scientiste effrénée de manipulation sur le
vivant décline, en sourdine, une réflexion sur les « transhumanismes » en tout genre dont
les tenants se targuent d’être les docteurs Frankenstein d’aujourd’hui et de demain.
Il y a, par-dessus tout, que la réalisation est constamment auréolée d’humour dans le jeu,
ce qui permet de penser en s’amusant. Parole, ce n’est pas tous les jours que l’intelligence
et l’esprit de finesse sont ainsi mis à contribution. On souhaite une longue vie théâtrale
à ce monstre en mal d’amour, qui semble une effrayante marionnette consumériste de
supermarché.
Jean-Pierre Léonardini
le 11 janvier 2016
Forcément, la question que se pose
d’emblée le spectateur, c’est : verra-t-on le
monstre de Frankenstein, et, si oui, quelle
gueule aura-t-il ? Celle de Boris Karloff,
avec ses agrafes et ses boulons ? ou un
visage génétiquement modifié ? Une tête
d’animal rebidouillée ? Le metteur en scène
Laurent Gutmann annonçant d’emblée qu’il
a écrit cette pièce d’après le chef d’œuvre
de Mary Shelley, on s’interroge. Aura-t-on
peur un peu, beaucoup, passionnément ?
Pourquoi cette relecture ? Vers quoi va-t-
elle nous emmener ?
Tout commence avec Victor F., gringalet
barbichu à lunettes qui a l’air très content de
lui et nous fait un topo à la Steve Jobs, avec
petites confidences perso, gestuelle ad hoc,
et l’air de nous prendre pour des demeurés.
Ce soir, mesdames et messieurs, «
vous
allez assister à la naissance du premier
être humain conçu de manière entièrement
artificiellei
». Présent dans un coin, son ami
aveugle Henri ne dit mot. Surgissant dans
la salle, l’amoureuse du savant fou dit son
scepticisme «
Ton homme nouveau, on
l’embarque avec nous ? On emménage à
trois ? On le scolarise ?
»
Et le moment tant attendu arrive. On entend
un cri, on ne voit rien. Victor F. nous demande
de partir, «
il n’y a rien a voir
», que s’est-il
passe de si affreux ?
Apparaîtra enfin la créature, qu’on ne décrira
pas ici. Disons juste qu’elle est très réussie,
très troublante, à la fois belle et horrible,
d’une inquiétante étrangeté, avec son sourire
permanent aussi délicieux qu’atroce, entre
celui de l’Homme qui rit et celui du chat
d’Alice... Nous nous retrouverons ensuite
dans un décor de Suisse paradisiaque, un
chromo trop beau pour être vrai, la nature
à l’état pur comme on la rêve bêtement.
Comme dans le roman, le drame va suivre
son cours, la créature solitaire s’interroger
sur son identité, rencontrer son créateur,
lequel lâche le morceau «
Quand je travaillais
à ta fabrication, je te rêvais fort, déterminé,
débarras des peurs qui nous entravent,
nous, les humains, affolés à l’idée de mourir
un jour
». Mais voilà que cet imbécile d’ «
homme nouveau
» réclame de l’amour, une
reconnaissance, un père, une filiation, un
lien ! Et, cela, le savant en est incapable ;
peut-on se reconnaître le père d’un machin
fabriqué dans un laboratoire ?
Ça finira mal, évidemment. Et bien pour
nous : car, mine de rien, sur un mode
ironique, facétieux, subtilement décalé,
Gutmann et ses trois (bons) acteurs nous
auront fait gamberger sur les manipulations
aujourd’hui en cours, notamment celles
que nous promettent les transhumanistes,
ces allumés persuadés que l’homme ne
doit pas être seulement réparé, mais
augmenté, qu’il doit s’affranchir de la mort
et des limites naturelles que lui impose
son corps. Pour eux, les pauvres humains
d’aujourd’hui, bientôt dépassés, ne sont
que les «c
chimpanzés du futur
». Amis
chimpanzés, courez voir ce spectacle !
Jean-Luc Parquet
le 13 janvier 2016
Frankenstein, ne vois-tu rien venir ?
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