C. Antonin, C. Blot, J. Creel, P. Hubert, F. Labondance et V. Touzé
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a crise que traverse la zone euro depuis 2008 a mis en
évidence les nombreuses carences de la construction européenne.
Bien que la politique monétaire soit unique depuis le 1er janvier
1999, aucun processus d’union fiscale ou d’union bancaire n’avait
été envisagé initialement. Les turbulences financières résultant de
la crise des subprime puis de la crise des dettes souveraines ont fragi-
lisé les banques de la zone euro et la situation des finances
publiques créant un cercle vicieux dans lequel crises bancaire et de
la dette se renforçaient (Shambaugh, 2012). Il s’en est suivi une
rupture de confiance sans précédent qui a provoqué une double
crise de liquidité, en septembre 2008, après la chute de Lehman
Brother, puis à la fin de l’année 2011 du fait de la crise des dettes
souveraines. En dépit des nombreuses règles communes1 appli-
quées par les États membres en matière de régulation financière, et
d’un cadre favorisant la concurrence et la liberté d’établissement,
le système bancaire et financier, qui était en apparence de plus en
plus intégré2, est devenu fragmenté. De telles différences ont
modifié la transmission de la politique monétaire, pourtant
unique, renforçant les divergences apparues entre un cœur et la
périphérie. La BCE a tenté de contrecarrer ce mouvement en
proposant à plusieurs reprises diverses mesures non-convention-
nelles, privilégiant le soutien au système bancaire du fait du rôle
principal qu’il joue dans le financement des agents non-financiers,
mais la mesure d’approfondissement institutionnel d’ampleur
demeure la mise en place d’une union bancaire visant à assurer la
supervision des banques systémiques de la zone euro.
Cette étude spéciale propose une présentation de la fragmenta-
tion bancaire au sein de la zone euro, puis des mesures mises en
place par la BCE et enfin une présentation de l’Union bancaire.
1. Règles issues de la transposition des directives européennes, qui s’inspirent elles-mêmes très
régulièrement des préconisations faites par le Comité de Bâle.
2. Les nombreux rapports rédigés sur l’intégration financière européenne montraient en effet
que si les marchés interbancaires étaient fortement intégrés, ce n’était pas le cas de la banque
de détail.