Depuis la fin des années 1980, des appareils de surveillance
de l’INR à domicile utilisables par les patients eux-mêmes
sont disponibles dans un grand nombre de pays européens
et nord américains mais jusqu’à présent, ils étaient indispo-
nibles en France. Pourtant, depuis plusieurs années, ils ont
fait la preuve de leur efficacité non seulement en termes de
confort mais également en termes de qualité de surveillance
de l’INR, sous réserve d’un encadrement médical adapté
[6-8]. Depuis quelques années, des familles françaises utili-
saient ces dispositifs en se les procurant à l’étranger. Dans
certains pays, une éducation était parfois assurée lors de la
délivrance du dispositif, dans d’autres pays, la délivrance
n’était accompagnée d’aucune précaution. Ces utilisations
sans contrôle médical devenaient inquiétantes.
De nombreuses raisons ont donc conduit les sociétés savan-
tes (GEHT et FCPC) à se mobiliser pour que l’utilisation de
ces dispositifs soit remboursée et réglementée en France,
avec dispensation d’une éducation et mise en place d’un
encadrement médical adapté pour l’ensemble des enfants
nécessitant un traitement par AVK. Les fabricants et/ou
distributeurs de 2 dispositifs ayant un marquage CE (le
Coaguchek XS
®
(société Roche), l’INRatio
®
(Société Bio-
dis, puis Inverness) nous ont accompagnés dans ces démar-
ches.
Selon les termes du décret, « les appareils d’automesure de
l’INR et leurs consommables sont pris en charge chez les
enfants âgés de moins de 18 ans notamment en cas de port
de prothèses valvulaires mécaniques, dérivations cavopul-
monaires, anévrisme artériel de la maladie de Kawasaki,
hypertension artérielle pulmonaire, prévention des throm-
boses intracavitaires dans les cardiomyopathies, et en cas
de thromboses veineuses ou artérielles. Les enfants et
leurs parents doivent avoir reçu une éducation thérapeuti-
que au traitement par antivitamines K et une formation à
l’automesure. La prescription, la formation et le suivi des
enfants doivent être assurés par un service de cardiologie
ou de pédiatrie ayant une activité cardiopédiatrique
congénitale. Ce service doit être formé à la prise en
charge des traitements anticoagulants notamment à l’édu-
cation thérapeutique, et aux dispositifs d’automesure de
l’INR. Il doit également disposer d’une astreinte disponi-
ble 24 heures/24 ». Afin de standardiser l’éducation dis-
pensée avant toute prescription d’un dispositif d’autome-
sure, le GEHT et la FCPC ont organisé 2 séances de
formation des équipes amenées à former les familles à
l’automesure. Ces deux séances, organisées à l’une à Paris
et l’autre à Lyon, ont permis de réunir un cardiopédiatre et
un infirmier de chacun des 27 centres de cardiopédiatrie
Français. Ces centres de cardiopédiatrie sont dits « services
référents » pour l’automesure de l’INR. Le décret précise
également que pour les enfants ayant une indication aux
AVK non cardiologique, les médecins prescripteurs doivent
travailler en concertation avec un service référent. De
même, lorsqu’une structure de type « clinique des anticoa-
gulants » existe, un travail en concertation avec les services
référents et cette structure doit être réalisé.
Ces dispositifs doivent être prescrits pour de l’automesure,
(équivalent dans la littérature internationale du terme « self
testing »), c’est-à-dire que le patient ou un membre de son
entourage réalise le test et communique le résultat de l’INR
au cardiopédiatre du service référent qui adapte le cas
échéant la posologie d’AVK et indique au patient la date du
prochain contrôle. Il ne s’agit pas d’un autocontrôle (« self
management ») pratiqué dans certains pays où le patient
fait l’automesure et ajuste lui-même la posologie de l’AVK
en fonction du résultat du test.
Selon le décret « la prescription du dispositif doit être
accompagnée d’un courrier adressé au médecin traitant
ainsi qu’au laboratoire d’analyses médicales qui réalisent
habituellement les contrôles de l’INR. Les coordonnées
d’un référent hospitalier en cas de difficultés doivent être
mises à disposition du patient et/ou de sa famille ».
En ce qui concerne la formation initiale de l’enfant et/ou
d’un membre de son entourage, celle-ci doit comprendre :
«une formation théorique aux traitements AVK et au
remplissage du carnet de suivi aux AVK et une formation
pratique à l’autopiqûre et notamment sur le prélèvement,
et à l’utilisation du dispositif d’automesure ». Un contrôle
de la bonne compréhension et de la mémorisation des
différentes informations transmises au cours de la forma-
tion est réalisé à l’issue de la formation initiale pour autori-
ser la prescription du dispositif et des bandelettes pour
3 mois. Un contrôle continu à 3 mois, puis tous les 6 mois,
sont également réalisés par un service référent pour le
renouvellement de la prescription des bandelettes.
La mesure de l’INR en pédiatrie doit être réalisée toutes les
2 semaines dans les situations d’équilibre. Un contrôle sera
réalisé 48 heures après chaque changement de posologie ou
événement susceptible de modifier l’INR. Lors de la mise
en route du traitement, c’est-à-dire au moment du relais
héparine-AVK, les rythmes de mesure de l’INR indiqués
dans le décret sont présentés dans le tableau I. Ces fréquen-
ces de mesures ont été proposées au regard de la littérature
mais peuvent être très variables d’un enfant à un autre.
Les enfants sous AVK au long court peuvent donc désor-
mais bénéficier de l’automesure pour la surveillance de
l’INR. L’attente des familles est telle que les services de
cardiopédiatrie doivent s’organiser rapidement pour assu-
rer l’éducation des patients. On estime à environ 500 le
nombre d’enfants sous AVK. D’après les données de la
littérature chez l’adulte, 60 % de l’ensemble de la popula-
tion est réceptif au programme éducationnel, 300 disposi-
STV, vol. 20, n° 10, décembre 2008
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