PMU 2015 • ÉDITO LE MESSAGE DU DIRECTEUR • PMU 2015
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Pierre-Luc Maillefer
Président du Conseil
ÉDITO LE MESSAGE DU DIRECTEUR
Prof. Jacques Cornuz
Directeur de la PMU
MÉDECINE PARTICIPATIVE
ET RECONNAISSANCE DE
LA RECHERCHE CLINIQUE,
signes d’une médecine qui évolue
avec son temps.
ans ses statuts, PRATIQUE, RECHERCHE et ENSEI-
GNEMENT de la médecine générale figurent comme
premières missions de notre institution. Leur com-
plémentarité ne laisse ici pas de doute si l’on admet que dans
cette recherche mais aussi dans ce rôle d’enseignement (pré
et post-gradué ou de formation continue), le patient demeure
toujours au centre de la démarche.
Vu sous un autre angle, la complémentarité des activités de
médecine générale, mission déjà évoquée, et les tâches de
médecine communautaire (addictions – prévention – popula-
tions vulnérables), autre mission de la PMU, mérite analyse à
la lumière des approches thérapeutiques actuelles telles que
la médecine personnalisée (ou mieux définie comme médecine de
précision quand la connaissance du génome influe sur le choix
thérapeutique).
Dans cette nouvelle perspective, le médecin de premier re-
cours, proche confident de son patient, pourra se voir adresser
des questions telles que :
– Comment pourrais-je appréhender les conséquences sur ma
personne de la multitude de tests de prédisposition géné-
tique qui me sont proposés ?
– Qui aura accès à mes tests de prédisposition génétique ?
Mon médecin, mon assurance, le public ? Comment seront-
ils protégés ?
– Quelles conséquences si je refusais de me soumettre à des
tests qui permettraient de mieux prévenir ou soigner les
maladies d’autres individus ?
– Comment vivre avec cette illusion, renforcée par ces nou-
veaux champs de connaissance, de pouvoir éviter la maladie,
la mort ?
Et finalement l’interrogation du médecin à lui-même : «déve-
loppement d’une médecine du moi – déclin d’une médecine du nous ?
mon rôle de témoin – mon devoir d’information ?»
Ces nombreuses questions concernent également la PMU
dont les activités devront dorénavant intégrer cette nouvelle
dimension «médecine du moi» dans son approche de médecine
générale et communautaire. Cette intégration s’avère néces-
saire si l’on veut maintenir une équité des soins, un enjeu de
société toujours plus d’actualité !
année 2015 est représentative de l’évolution du sys-
tème de santé occidental, que l’on pourrait résumer
par les mots-clés : «médecine participative». Déjà
engagés avec leurs patients dans une relation basée sur le
dialogue, les soignants sont appelés à développer davantage
leurs compétences en communication, en particulier en ce
qui concerne les risques de développer une maladie ou un
problème de santé. Au sein de la PMU, cette réalité est notable
dans le domaine des maladies chroniques et des dépistages.
Cette année, une partie de nos efforts a ainsi porté sur l’élabo-
ration d’aides décisionnelles. Ces outils ont pour but d’aider
les médecins à informer leurs patients sur les bénéfices et les
risques de réaliser une intervention de dépistage ou de démar-
rer un traitement. Ces outils doivent répondre à des critères
de qualité élevés, reconnus internationalement : la clarté et la
pondération de l’information, le recours à des données fiables
et enfin, la validation par les pairs ainsi que par les patients.
Il y a quinze ans, le concept de partage de la décision n’en
était qu’à ses balbutiements. Nous manquions d’outils de
qualité pour favoriser cette collaboration entre soignant et
soigné. Récemment, ce concept a connu un véritable essor
au sein du secteur de la santé comme dans les sphères poli-
tiques et citoyennes.
La PMU s’inscrit dans cette dynamique par des réalisations
concrètes. Cette année, nous avons en effet élaboré de nou-
veaux outils. Il s’agit d’aides à la décision pour le dépistage
du cancer du côlon et du cancer de la prostate, ainsi que
pour le dépistage de l’hypercholestérolémie en prévention
primaire (pour les patients n’ayant pas encore eu de pro-
blèmes cardiaques). Déjà, nous explorons d’autres pistes :
le dépistage du cancer du poumon et le partage décisionnel
pour les médicaments permettant de lutter contre la dépen-
dance nicotinique, à moyen et non plus à court terme.
Nous sommes ainsi parmi les premiers centres universitaires
à décliner cette thématique de manière concrète, tout en
l’intégrant dans les cursus de formation pré, post-graduée et
continue. Pour nourrir la création de connaissances, il faut
toutefois soutenir l’activité de recherche. Celle-ci fait partie
des priorités de notre institution. Nous avons ainsi soumis
plusieurs demandes dans le cadre du Programme national de
recherche «Système de santé» (PNR 74) qui veut promouvoir
des recherches innovantes dans le domaine des services de
santé, notamment pour améliorer le traitement des maladies
chroniques.
Ce programme national témoigne d’une évolution du Fonds
national suisse (FNS) par rapport à l’activité de recherche,
autrefois associée aux analyses en laboratoire. L’apport de la
recherche clinique centrée sur le patient est désormais pleine-
ment reconnu. La PMU a contribué à créer ce changement : en
dix ans, de nombreux collaborateurs ont sollicité, et reçu, le
soutien du FNS.
D
L
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LA PMU :
hétérogénéité ou complémentarité
de ses missions?