Caractérisation axiomatique de l`homologie - IMJ-PRG

Chapitre 4
Caractérisation axiomatique de
l’homologie
4.1 Axiomes D’Eilenberg-Steenrod
Une théorie d’homologie (H,)consiste en :
a) un foncteur covariantHde la catégorie Top(2) des paires d’espaces vers la catégorie
ZgModdes groupes abéliens Z-gradués,
b) des morphismes naturels dedegré -1
(X,Y ):H(X,Y)H(Y)=H(Y,),
qui vérifientles axiomesénoncés ci-dessous :exactitude, homotopie et excision.
La conditionde naturalité signifie compatibilité avec les morphismes induits par les
applications continues entre paires d’espaces.
Exactitude :Pour toute paire (X,Y),on aune suite exacte longue :
. . . Hn(Y)Hn(X)Hn(X,Y)(X,Y)
Hn1(Y). . .
les deux premiers morphismes sontinduits par les inclusions
Homotopie :Des applications continues homotopes induisentdes isomorphismes en
homologie.
Excision :Soit (X,Y)une paire d’espace. Si l’adhérence d’un ouvert UXest
contenue dans l’intérieur de Y,alors l’inclusion de (XU,YU)(X,Y)induit
un isomorphisme en homologie.
Une théorie d’homologie Hest dite ordinaire si et seulementsi l’homologie du point
est isomorphe àl’homologie singulière du point.
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Une théorie d’homologie Hest dite additivesi et seulementsi l’homologie d’une
réunion disjointe est isomorphe àla somme directe des homologies.
Une théorie d’homologie Hest dite àsupport compact si et seulementsi pour
tout zH(X,Y), il existe une inclusion d’une paire compacte i:(K,L)֒(X,Y)et
yH(K,L)tels que H(i)(y)=z.
Exercice4.1.1.Toute théorie d’homologie àsupport compact est additive.
4.2 Conséquences des axiomes
Théorème 4.2.1 (Suite exacte longue pour une triade).Pour ABX,on aune
suite exacte longue :
. . . Hn(B,A)Hn(X,A)Hn(X,B)(X,B,A)
Hn1(B,A). . .
les deux premiers morphismes sont induits par les inclusions, et (X,B,A)est obtenu
en composant (X,B)avecle morphisme d’inclusion.
Définition 4.2.2. Une application continue entre paires :f:(X,A)(Y,B)est un
homéomorphisme relatif si et seulementsi elle induit un homéomorphisme entre XA
et YB.
Théorème 4.2.3 (Excision forte, Spanier 4.8.9).Soient Xun espaceséparéet A
un fermé dans X.On suppose que Aadmet un voisinagefermé Ftel qu’il existe
une retraction par déformation forte de Fsur X.Alors tout homéomorphisme rela-
tif f:(X,A)(Y,B),avecBfermé dans l’espaceséparéY,induit un isomorphisme
en homologie.
Support compact et limite inductive
Un ensemble ordonné (E,)peut être considéré comme une catégorie, avec un mor-
phisme de xàysi xyet pas de morphisme xàysinon.
Définition 4.2.4. a) Dans une catégorie C,un système inductif indexé par (E,)est
un foncteur covarianthde (E,)vers C:
pour chaque élémentEEil yaun objet h(E),
pour chaque relation EF, il yaun morphisme
h(EF)=φF
E:h(E)h(G),
pour toute composition EFG,φG
E=φG
FφF
E.
Définition 4.2.5. Soit (h, φ)un système inductif indexé par (E,)dans C.
a) Une donnée compatible estun objet Lde Cet pour chaque EEun morphisme :ψE:
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h(E)L,ces morphismes étantcompatibles avec les φF
Etous les triangles commutent.
b) Une limite inductiveest une donnée compatible (L, ψ)qui est universelle :toute autre
donnée compatible factorise de façon unique par l’objet L.
Si la limite inductiveexiste, alors elle est unique àun isomrphisme canonique près.
Dans la catégorie ZModdes groupes abéliens (resp. ZgModdes groupesabéliens
gradués ou ZdgModdes complexes de chaines) tout système inductif admet une limite
inductive:limE∈E h(E)est le quotientde la somme directe des h(E)par le sous-module
engendré par les yx,xh(E),yh(F),pour tous les couples E,Fqui ontun
majorantcommun.
Théorème 4.2.6. Soit hune théorie d’homologie àsupport compact, et Eun ensemble
de paires de sous-espaces de (X,Y)tel que toute paire compacte (K,L)(X,Y)est
incluse dans une pairede E,alors on aun isomorphisme canonique :
lim
E∈E h(A, B)
=h(X,Y).
Le résulat ci-dessus vaut en particulier pour l’ensemble de toutes les paires compactes
contenues dans (X,Y)
4.3 L’homologie singulière
Théorème 4.3.1. L’homologie singulièreest une théoried’homologie ordinaireàsup-
port compact.
L’axiome d’homotopie et l’axiome d’excision demandentun peu detravail.
Définition 4.3.2. Une homotopie algébriques entre deux morphismes de chaînes f,g:
CCest une application de degré 1,D:CC+1 telle que :gf=D+D.
Proposition 4.3.3. Des morphismes algébriquement homotopes induisent la même ap-
plication en homologie.
Théorème 4.3.4. Des applications continues homotopes induisent des morphismes des
complexes des chaînes singulières algébriquement homotopes.
L’axiome d’homotopie pour l’homologie singulière en résulte.
Lemme 4.3.5. Pour j{0,1},soit Soit ij:X[0,1] ×Xl’application x7→ (j,x).
Les morphismes C(i0)et C(i1)entreles complexes des chaînes singulières C(X)et
C([0,1] ×X)sont algébriquement homotopes.
Pour prouver ce lemme, on peut s’appuyer sur le théorème des modèlesacycliques
qui sera aussi utile plus tard.
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Définition 4.3.6. Un foncteur Fd’une catégorie Cvers la catégorie ZModdes groupes
abéliens (resp. ZgModdes groupes abéliens gradués ou ZdgModdes complexes de
chaînes) est libre de base les gjF(Mj),jJ,si et seulementsi pour tout objet Xde
C,F(X)est le groupeabélien libre de base les F(σ)(gj),jJ,σHomC(Mj,X).On
dit queFest libre àmodèles dans Ms’il aune base gjF(Mj),jJ,avec MjM
pour tout jJ.
Théorème 4.3.7. Soient Fet Gdeux foncteurs de la catégorie Cvers la catégoriedes
complexes de chaîne. On suppose que Fnet Gnsont nuls pour n<0,que Fest libreà
modèles dans Met que Gest acyclique sur les modèles :pour tout modèle MMet
tout n>0,Hn(G(M)) est nul.
a) Toute famille naturelle de morphismes µX:H0(F(X)) H0(G(X)),Xobjet de C,
est induite par des morphismes naturels
νX:F(X)G(X).
b) Deux familles naturelles de morphismes νX,ν
X:F(X)G(X)qui induisent les
mêmes morphismes en H0:H0(νX)=H0(ν
X),sont naturellement homotopes.
Ce théorème estcorollaire des deux théorèmes suivants :
Théorème 4.3.8 (Enoncé A).Soient Fet Gdeux foncteurs de Cvers ZdgMod.
Si, pour un entier n,Fnest libreàmodèles dans Mn,
si on a pour k<ndes morphismes naturels qui commutent avecle bord:
νk(X):Fk(X)Gk(X),
et si Hn1(G(M)) est nul pour tout modèle MMn,
alors νs’étend en degrén.
On démontre ce théorème en définissantd’abord νn(Mj)(gj)pour un élémentde la
base de Fn:gjF(Mj).La naturalité donne une unique extension, et celle-ci satisfait
l’énoncé.
Théorème 4.3.9 (Enoncé B).Soient Fet Gdeux foncteurs de Cvers ZdgMod.
Si on a pour kndes morphismes naturels qui commutentavecle bord,
si pour un entier n,Fnest libreàmodèles dans Mn,
si on ades morphismes naturels qui commutent avecle bord
νk(X),ν
k:Fk(X)Gk(X),
et une homotopie naturelle partielle entreνket ν
k
hk(X):Fk(X)Gk+1(X),k<n,
et si Hn(G(M)) est nul pour tout modèle MMn,
alors hs’étend en degrén.
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Ici aussi on définit d’abord hn(Mj)(gj)pour un élémentde la base de Fn:gjF(Mj).
On peut égalementétablir l’excision en s’appuyantsur les modèles acycliques :voir
l’article de Egil Heistad Excision in singular theory,Math. Scand. 20 (1967) 61-64.
4.4 Homologie des complexes cellulaires
On considère ici une théorie d’homologie ordinaire Hàsupport compact.
1. Comme pour l’homologie singulière, on obtientun isomorphisme
Hk(Dn,Sn1)
e
Hk1(Sn1),
le groupeétantnul pour k6=net libre de rang 1pour k=n.
2. Laxiome du support compact entraîne l’additivité. On en déduit le calcul de l’ho-
mologie d’un espace discret et le calcul de H0(X).
3. Comme pour l’homologie singulière on choisit des générateurs compatibles des
groupes isomorphes
Hn(Dn,Sn1)
e
Hn1(Sn1)Hn1(Dn1/Sn2,)Hn1(Dn1,Sn2),n>1.
Proposition 4.4.1. a) Soit Hune théorie d’homologie ordinaireàsupport compact et
(X;Xn,n0) un complexe cellulaire, alors pour tout n0,Hk(Xn,Xn1)est nul pour
kdistinct de n,et Hn(Xn,Xn1)est un groupelibrede base indexéepar les cellules de
dimension n.
b) Si on aune familled’applications d’attachement des cellules :
j,φj):(Dn,Sn1)(Xn,Sn1),jJn,
alors les j)([Dn]),jJn,forment une base de Hn(Xn,Xn1),de plus un reparamé-
trage de la cellule change ce générateur par un signe qui est le degrédu reparamétrage
(positif pour un reparamétrage orienté, gatif sinon).
Une orientation d’une cellule est une application d’attachementàreparamétrage
orienprès.
Définition 4.4.2. Le complexe cellulaire Ccell(X)est le groupeabélien libre de base les
cellules orientée quotienpar le changementde signe pour l’orientation contraire, avec la
graduation donnée par la dimension (le groupeCcell
n(X)est isomorphe àHn(Xn,Xn1)).
Le bord cell :Ccell
n(X)Hn(Xn,Xn1)Hn(Xn1,Xn2)Ccell
n1(X)est obtenu
en composantle bord dela paire (Xn,Xn1)avec le morphisme d’inclusion.
Théorème 4.4.3. Soit Hune théorie d’homologie ordinaireàsupport compact. Alors
pour tout complexe cellulaire(X;Xn,n0) on aun isomorphisme gradué
Hcell(X)
H(X).
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