Paulus C. Possibilités et limites du traitement de la dysharmonie dents-arcades par chirurgie maxillo-faciale 19
a b
Figure 5
Distracteurs symphysaires (a) dento-porté et (b) ostéoporté en fin d’activation.
les apex. L’ostéotomie inter-radiculaire est réalisée au
ciseau frappé pour la majorité des auteurs. L’activa-
tion du disjoncteur permet de vérifier la mobilité des
fragments.
Les distracteurs utilisés sont soit dento-portés
(Fig. 5), soit ostéo-portés, soit mixtes. Certains sont
posés par l’orthodontiste en préopératoire ou par le
chirurgien en peropératoire. Notre préférence va vers
les distracteurs de type hyrax dento-portés, situés en
rétro-incisif et fixés sur les premières prémolaires et
les premières molaires. Dans cette technique, le bord
basilaire s’écarte moins que la région alvéolaire [4],
ce qui, pour Lesne [16], peut contribuer à un risque
de récidive alvéolaire, mais limite le risque d’entraî-
ner une largeur du menton excessive, craint par cer-
tains mais jamais retrouvé chez nos patients. L’inter-
vention peut être associée à une distraction maxil-
laire (Fig. 6).
Une période de latence est observée durant cinq
jours. Le distracteur est alors activé de 0,5−1mm
par jour en deux à trois fois selon les distracteurs.
Le moulage diagnostique permet de quantifier l’in-
suffisance de périmètre d’arcade et de décider de la
quantité de distraction nécessaire. Dans certains cas,
l’objectif est très important, obligeant à un change-
ment de distracteur en cours de traitement. Une fois
la distraction terminée, le dispositif est bloqué par
un fil ou une pointe de résine. Deux semaines après
la fin de la distraction active, le multibague peut être
posé.
Là encore, la technique peut comporter deux
traits d’ostéotomie latéraux nécessitant alors d’isoler
un fragment dento-alvéolaire [26]. Elle est particu-
lièrement intéressante devant un encombrement an-
térieur associé à un surplomb. L’orthodontiste crée
une divergence radiculaire en distal des canines pour
faciliter la section osseuse et installe un distracteur
dento-porté en vestibulaire de cet espace. Le chirur-
gien mobilise le fragment incisivo-canin et le fixe
à l’aide d’une plaque articulée de manière à défi-
nir la nouvelle position des apex. La partie coro-
naire est avancée par le distracteur progressivement
au rythme de 1/2 mm par jour. Après une période
de consolidation de trois mois, le distracteur et la
plaque articulée peuvent alors être retirés.
La distraction de la symphyse mandibulaire per-
met de traiter des encombrements dentaires impor-
tants. Dans l’étude de Gunbay [1], la distraction
moyenne était de 6,48 mm pour traiter l’encombre-
ment mandibulaire. Elle peut être poursuivie jusqu’à
obtention de l’objectif visé. Dans certains cas, un
deuxième distracteur doit remplacer un premier ar-
rivé au bout de sa course. La distraction symphysaire
est une technique sûre et stable [16,22].
L’éventuelle complication, dont il faut parler aux
patients, est la lésion d’une dent adjacente à l’ostéo-
tomie (d’où l’intérêt de choisir un site pas forcément
médian mais éventuellement entre incisive latérale et
centrale, voire incisive latérale et canine ou de pré-
parer orthodontiquement un diastème entre les inci-
sives centrales).
Si la distraction n’est pas conduite à une vitesse
adéquate, l’ossification peut être trop rapide, néces-
sitant une reprise chirurgicale. Comme dans toute
chirurgie, un hématome ou une infection peuvent
survenir. La distraction symphysaire, dans le cadre
de l’augmentation de la longueur d’arcade pour trai-
ter l’encombrement dentaire ou la vestibuloversion,
n’a pas d’effets négatifs sur les ATM [8,10].
5. Discussion
Le concours de la chirurgie maxillo-faciale pour
traiter la dysharmonie dents-arcades est un concept
plus récent que celui du traitement des anomalies