Leyder P., Wycisk G., Quilichini J.
L’Orthodontie Bioprogressive - Vol. 20 - n° 2
20
Les techniques à la disposition
du chirurgien
Les corrections peropératoires
immédiates avec un Le Fort I total
Deux traits paramédians palatins associés à une cor-
ticotomie 11-21 permettent d’anguler les deux hémi-
maxillaires dans un plan horizontal réalisant classi-
quement une ostéotomie bipartie. En arrière, la
résistance à l’ouverture est faible mais ce mouvement
angulaire est de fait limité en avant par une fibro-
muqueuse totalement inextensible dans son tiers
antérieur :
Il est impossible, voire dangereux, de chercher à obte-
nir des écarts postérieurs supérieurs à 4 mm mesurés
au niveau des molaires. Pour cette même raison, tout
écart antérieur inter-incisif supérieur au millimètre
est impossible.
Le gain obtenu est maintenu deux à trois mois par un
dispositif transpalatin dont le plus utilisé est une
plaque en résine acrylique, confectionnée sur un
modèle à la valeur de la correction souhaitée.
Beaucoup d’auteurs ont aussi souligné le côté récidi-
vant de ces corrections peropératoires où la disten-
sion des tissus apparaît comme peu favorable à la
consolidation osseuse transversale.
La disjonction intermaxillaire
chirurgicalement assistée
Il s’agit d’une véritable distraction ostéogénique avec
une croissance pluritissulaire générant en particulier
de la fibromuqueuse et de l’os. Cette technique est
beaucoup plus favorable à la stabilité transversale.
Malheureusement, elle connaît aussi des limites pré-
cises : elle doit être réalisée isolément comme préam-
bule à une chirurgie orthognathique plus complexe,
ce qui oblige les patients à être opérés deux fois1.
L’essence même de cette technique réside dans un Le
Fort I bipartie incomplet. C’est là le premier écueil car
il laisse persister des zones corticales postérieures
dont l’affrontement est souvent source de résistance
en cours de distraction, que l’on fasse ou non une dis-
jonction inter-ptérygo maxillaire2-4.
L’autre écueil plus évitable, réside dans l’utilisation
d’un dispositif de distraction palatin à appui dentaire
monté trop antérieurement par rapport à ces mêmes
résistances postérieures.
Pour ces deux raisons essentielles, le résultat obtenu
est caricatural :
Écart inter-incisif important, ouverture généreuse
osseuse antérieure mais beaucoup plus limitée pos-
térieurement, torque des deux hémi-maxillaires et
mouvement dentaire peu souhaitables.
Pour la plupart des auteurs, l’ouverture osseuse obte-
nue au niveau des molaires est moins de la moitié du
gain dentaire. Aussi, les études récentes objectivent
des récidives au niveau molaire sur le long terme5.
Depuis quelques années, des dispositifs à appui
osseux ont permis de gommer certains de ces incon-
vénients en particulier l’amincissement de la corticale
vestibulaire dans les effets délétères dentaires ; mais
ils n’ont pas pu apporter la preuve d’une ouverture
osseuse plus généreuse dans la région postérieure.
De surcroît, ces procédés à appui osseux restent d’un
maniement plus complexe avec en particulier un
décollement palatin, qui même limité, ne permet pas
non plus d’envisager une chirurgie plus globale,
maxillaire ou mandibulaire, au cours d’une seule et
même intervention.
Une nouvelle stratégie
Depuis trois ans, nous avons développé deux nou-
veaux outils qui autorisent une stratégie chirurgicale
différente en forme de contre-pied. En effet le gain
transversal prédomine en arrière tandis qu’il reste
plus modeste en avant.
Cette stratégie est beaucoup plus adaptée aux cas cli-
niques traités. Elle permet aussi de régler tous les pro-
blèmes sagittaux et transversaux au cours de la même
intervention chirurgicale.
Nous avons conservé le principe d’une distraction
ostéogénique pour la stabilité de ces résultats et pour
l’importance de l’ouverture osseuse, mais nous la vou-
lions aussi plus adaptée à la réalité clinique car les
déficits postérieurs sont le plus souvent prépondé-
rants
.
Ainsi nous avons cherché à éviter tout écart inter-inci-
sif intempestif peu compatible avec une stabilité occlu-
sale qui est toujours immédiatement requise dans ce
type de chirurgie. De la même façon, nous avons
recherché un écart osseux postérieur préférentiel
dans les endomaxillies. Le diastème incisif que l’on va
créer n’est en fait destiné qu’à gérer l’encombrement
dentaire maxillaire ou à augmenter une distance
inter-canine déficitaire voire à changer une forme
d’arcade trop retreinte à sa partie antérieure. Mais
ces situations ne nécessitent qu’un écart antérieur
faible de l’ordre de 2 à 3 mm qui toutefois peut
atteindre 6 à 7 mm dans les grands encombrements.
Les nouveaux outils sont adaptés à ces écarts. En