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Enfin, l’ONUDU et la CNUCED, dans un rapport spécial publié en 2011, supposent que dans 
les  économies  modernes,  une  croissance  forte  et  durable,  capable  de  réduire  la  pauvreté, 
implique  généralement  le  déclenchement  d’un  processus  d’industrialisation  et 
particulièrement l’essor du secteur manufacturier.  
En se basant sur les principaux résultats de ces  rapports publiés sur  l’Afrique, on a  voulu 
étudier le lien entre la transformation structurelle et la croissance inclusive d’une part, et le 
lien entre la croissance inclusive et le développement humain d’autre part. Pour atteindre tel 
objectif, on va traiter les deux questions suivantes : i) comment la transformation structurelle 
peut  améliorer  le  niveau  d’inclusion  de  la  croissance  économique?    et  ii)  comment  la 
croissance  inclusive  peut  contribuer  dans  la  réalisation  du  développement  humain  en 
Afrique ? 
Le  choix  de  cette  problématique  est  justifié  essentiellement  par  au  moins  trois  facteurs. 
Premièrement, le fort lien entre la transformation structurelle et le développement humain. 
L’expérience d’autres pays en développement (le Brésil et d’autres pays asiatiques) a montré 
que  la  transformation  structurelle  dans  un  contexte  de  croissance économique  rapide  peut 
amener au développement humain. Deuxièmement, le coût très élevé de la non-inclusion dans 
le continent dont les estimations effectuées montrent qu’une accentuation des inégalités de 
1% aggrave la pauvreté de 2.16%. Troisièmement, l’obligation d’optimiser l’utilisation des 
ressources  naturelles  du  continent  qui  sont  épuisables  et  mêmes  non  renouvelables  pour 
certaines. 
En  réalité,  la  croissance  inclusive  est  basée  sur  un  ensemble  de  mécanismes  dont 
particulièrement la diminution des inégalités5, la création de l’emploi décent, la diminution de 
la pauvreté et la protection des populations les plus vulnérables. Dans ce présent travail nous 
allons focaliser notre analyse sur le concept d’emploi pour au moins quatre grandes raisons 
qui sont présentées par la BAD (2013). Premièrement, parmi ces différents concepts adoptés, 
l’emploi reste l’élément essentiel et le majeur défi à relever pour aboutir à une croissance 
inclusive. Deuxièmement, la grande leçon économique de la décennie donnée par la région 
MENA et qui consiste à montrer que ce qui importe n’est pas la croissance en soi, mais par 
contre la qualité et le modèle de  la croissance6. Troisièmement, dans son élaboration d’un 
score pour la croissance inclusive dans les pays de l’Afrique du Nord, la BAD a montré la 
forte sensibilité de ce score par rapport aux indicateurs de l’emploi. Enfin, contrairement aux 
pays d’Asie de l’Est et du Sud-est, l’Afrique n’a pas tiré parti de ses atouts démographiques. 
En effet, entre 1970 et 2000, dans les 4.3% de croissance réelle du PIB par consommateur 
effectif,  le  dividende  démographique  dans  ces  pays  a  contribué  à  raison  de  1.9  point  de 
pourcentage. Alors que pour l’Afrique, ces taux sont respectivement de 0.8 et 0.06%. Donc, 
pour ces différentes raisons, nous allons assimiler la croissance inclusive à la capacité de la 
croissance économique de créer de l’emploi de qualité. Autrement dit, l’emploi productif et 
bien rémunéré. 
Pour traiter cette problématique, nous organiserons notre travail en trois sections. La première 
section est consacrée à une présentation brève des performances économiques réalisées par les 
pays africains, leur potentiel immense en matière de ressources et leur retard en matière de 
croissance inclusive et par conséquent en  matière de développement humain.  La deuxième 
                                                             
5 Toutes catégories confondues. 
6 Au cours de la période (2000-2010), cette région a réalisée une croissance annuelle moyenne du PIB réel autour 
de  4  à  5%.  Mais,  les  disparités  régionales  et  le  chômage  des  jeunes  ont  représentés  les  principales 
caractéristiques de  ces  économies. Boughzala et Hamdi (2014) ont  attribué  les  revendications  sociales dans 
quelques pays essentiellement à ces deux facteurs. De même, la Banque Mondiale dans un rapport publié en 
2014 a souligné l’importance de la création de l’emploi de bonne qualité pour que la Tunisie dépasse cette 
situation très difficile.