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Les arguments militant en faveur de la promotion
de la transformation économique et structurelle en
Afrique
Pourquoi transformer ?
Au cours de la décennie passée l’Afrique a connu une croissance sans précédent et a remarquablement
résisté à la crise économique mondiale. Le continent s’est classé comme la deuxième région à la croissance
la plus rapide du monde derrière l’Asie de l’Est (CEA, 2012). Entre 2000 et 2009, 11 pays africains
ont enregistré un taux de croissance égal ou supérieur à 7 %, considéré susant pour qu’ils réalisent un
doublement de leur économie dans 10 ans. Se chirant à 2 000 milliards de dollars des États-Unis, le
PIB collectif de l’Afrique est aujourd’hui à peu près égal à celui du Brésil ou de la Russie. En dépit de la
crise de la dette souveraine en Europe et du ralentissement de la croissance en Amérique du Nord et en
Chine, les perspectives de croissance à moyen terme de l’Afrique qui, selon les projections, seront de 4,8
% en 2013 et de 5,1 % en 2014, demeurent fortes. Le climat des aaires sur le continent s’est également
amélioré et on note l’émergence d’une classe moyenne qui se développe. En 2010, elle comprenait, d’après
les estimations, 355 millions de personnes, soit 30 % de la population totale. Les indicateurs sociaux se
sont également améliorés comme l’attestent les résultats remarquables obtenus en ce qui concerne la
scolarisation primaire, la parité entre les sexes dans l’éducation, la baisse des taux de mortalité maternelle
et infantile, la réduction des taux de prévalence et d’incidence du VIH/sida, les améliorations de la
gouvernance et des transitions démocratiques moins violentes.
Cependant, lorsqu’on procède à une évaluation minutieuse des économies de la région, les caractéristiques
suivantes se révèlent : en dehors de l’agriculture, les économies sont pour la plupart tirées par les
ressources naturelles et /ou les produits de base ; le secteur manufacturier reste à l’état embryonnaire, ce
qui limite les gains sur le plan de l’emploi qu’aurait pu rapporter la transformation des produits de base
; la productivité agricole reste faible, se situant à 56 % de la moyenne mondiale et est caractérisée par
une application limitée des technologies modernes (BAD, 2011) ; le secteur rural est fortement sous-
développé, entraînant un exode rural massif qui a transformé les zones urbaines en refuges pour habitants
de taudis ; les taux de naissance et de décès sont élevés ; les taux de prévalence du VIH, de mortalité
maternelle et infantile sont les plus élevés au monde et les programmes de protection sociale sont
sous-développés et sous-nancés, ce qui a pour eet d’aggraver la vulnérabilité des personnes âgées des
personnes handicapées ainsi que de la main-d’œuvre en chômage et sous-employée.
De fait, la croissance de l’Afrique peut être qualiée comme étant largement non inclusive étant donné sa
contribution limitée à la création d’emplois et à l’amélioration générale des niveaux de vie des populations
(CEA, 2011). En fait, en dépit d’une baisse du nombre absolu de personnes pauvres et d’une diminution
de cinq points de pourcentage du taux de pauvreté entre 2005 et 2008, le continent abrite la plus forte
population de pauvres dans le monde, le taux de pauvreté étant de 47,25 % en 2008 (en prenant 1,25
dollar par jour comme seuil).
Ainsi l’Afrique a-t-elle besoin de transformer ses économies pour créer de la richesse, réduire la pauvreté,
réduire au minimum les inégalités, renforcer ses capacités de production, améliorer les conditions
sociales de ses populations et réaliser le développement durable. Si elle réalise sa transformation
économique, l’Afrique optimisera l’utilisation de ses ressources naturelles qui sont épuisables et même
non renouvelables pour certaines. En outre, dans la mesure où la transformation structurelle favorise le