- 1 -
DOSSIER PEDAGOGIQUE
L’EFFRAYANTE FORET
JUSTE DEVANT NOUS
De Cendre Chassanne & Jérémie Fabre
Par la Compagnie Barbès35
- 2 -
« Savoir qui on est dans la vie
ça prend un temps fou. »
Quel spectacle pour quel public ?
Entrer dans le spectacle par le titre
Se souvenir du Conte de Perrault : « Le Petit Poucet »
Entrer dans le spectacle par le jeu
A) Improviser des situations clefs:
B) Improviser sur le théâtre social
C) Jouer la mise en abyme
Sur le sens de la pièce
A) Réfléchir à la violence du conte
B) Interroger notre société moderne
C) Réfléchir aux inégalités sociales
Explorer la réécriture
A) Réécriture fantaisiste du cannibalisme du Petit Poucet
B) Corpus
Après le spectacle
En guise de conclusion
Bibliographie
Interview de Cendre Chassane
- 3 -
QUEL SPECTACLE POUR QUEL PUBLIC ?
Bien qu’elle soit une réécriture du Petit Poucet, la pièce que propose la Compagnie Barbès
35 n’a rien d’un spectacle pour enfants, et le professeur ne pourra en proposer le spectacle qu’à
des adolescents – à partir de la fin du collège donc.
Les lycéens de la voie nérale et technologique abordent en Première la mise en scène,
le texte en représentation : le texte de Cendre Chassanne & Jérémie Fabre a été pensé comme un
matériau pour la scène ; qui évolue lors des répétitions, jusqu’à la création. L’objet d’étude
« Réécritures » en Première littéraire semble également tout indiqué : en partant des contes de
Perrault, reflets de la société du XVIIème, du style et des goûts de l’époque, on aboutit
facilement à leur universalité. L’étude de L’effrayante forêt Juste devant nous illustre toutes les formes de
réécriture : adaptation, pastiche, modernisation, parodie, On peut élargir l’étude et adopter
une approche comparatiste en y associant, au XVIIIème siècle, les Mille et une nuits traduites à par
Antoine Galland, et au XIXème, les Contes de Grimm, qui collectent les traditions orales de l’Europe
du Nord. Au lycée professionnel, la classe de Seconde s’intéresse aux « Parcours de
personnages ». La Terminale s’interroge sur « l’homme et son rapport au monde à travers la
littérature et les autres arts au XXème siècle », et travaille plus généralement sur « la parole en
spectacle ». Autant d’entrées possibles pour L’effrayante forêt. Enfin, le professeur qui a en
charge des élèves de 3ème peut intégrer cette pièce dans le thème du programme : « Théâtre :
continuité et renouvellement », puisque le texte de Cendre Chassanne & Jérémie Fabre permet
d’aborder la notion de « tragique contemporain », et répond à l’invitation à travailler « en
tenant compte de la collaboration entre les auteurs dramatiques et les metteurs en scène ».
- 4 -
ENTRER DANS LE SPECTACLE PAR LE TITRE
L’effrayante forêt Juste devant nous est un titre à la fois mystérieux et explicite.
On peut lister avec les élèves toutes les images et connotations qui leur viennent à
l’esprit.
Le lecteur/spectateur est associé au personnage par le truchement du pronom « nous ». Ce qui
est « effrayant » pour le héros le devient pour le spectateur, mais aussi pour le citoyen, le sujet,
selon qu’on se place d’un point de vue social, politique, philosophique, ou simplement
humain... Ce qui fait peur est « devant nous » : la menace est-elle en train de s’approcher, de
gagner de l’espace, de contaminer le lieu protecteur ? Pouvons-nous la faire reculer, la
dominer ? « Devant nous » suggère aussi que nous en sommes spectateurs, mais pas acteurs :
elle est dangereuse pour les autres, ceux qui sont concernés. La thématique de l’exclusion
apparaît donc implicitement.
La « forêt » est le lieu de toutes les rencontres et expériences, mais aussi celui de tous les
dangers. Avec le château, elle est le topos des contes le héros étant souvent chassé du château
pour se retrouver dans la forêt. Le cocon protecteur, le foyer, la chaleur et la sécurité de la
maison de l’enfance trouvent leur exacte antithèse dans le lieu appelé forêt, forcément effrayant.
On peut demander aux élèves de répertorier toutes les histoires et les contes qui se
déroulent dans la forêt : on voit très vite qu’elle est le passage obligé de la quête, de l’épreuve
dont le héros sort vainqueur. Poucet, Peau-d’Ane, Blanche-Neige, Robin des Bois… Mais c’est
aussi le lieu de l’errance, de l’échec, car c’est un lieu de non droit. Le Chaperon rouge n’en sort
que pour mieux être croqué, à l’image de l’agneau chez La Fontaine, que le loup emporte « au
fond des forêts » pour cacher la honte de son forfait. On peut aborder aussi la lecture
psychanalytique des contes de fée proposée par Bruno Bettelheim (1976) : la forêt représentant
les pulsions, les aspects inquiétants de notre âme, l’inconscient.
Limportance de la forêt dans le titre peut nous amener à réfléchir en classe au décor
possible pour la rendre présente sur scène. On peut faire dessiner, créer des maquettes, mais
aussi chercher ce qui peut symboliquement, métaphoriquement « faire » forêt dans le monde
d’aujourd’hui.
On peut aussi réfléchir au sens du titre du conte originel. Puisque « poucet » est déjà en
soi un diminutif, formant donc pléonasme, on peut se demander quelles autres significations ce
titre peut apporter au conte. On pourrait le comprendre aussi comme le petit poussait : le conte
se lit alors comme l’histoire d’un enfant, le dernier, le plus jeune et le plus vulnérable, qui
grandit et cherche à trouver sa place en écartant les forces qui le destinent à une mort horrible,
le condamnent à la faim, l’obligent à subir la cruauté de parents indignes. Il est celui qui
repousse les limites et les obstacles, celui qui grandit en force et en sagesse. C’est bien ce que
donne à voir le spectacle de L’effrayante forêt.
- 5 -
SE SOUVENIR DU CONTE DE PERRAULT : « LE PETIT POUCET »
Partir de ce que les élèves savent du conte :
leur demander cinq mots caractéristiques de
cette histoire. Devraient immanquablement
apparaître : la faim, l’abandon, la forêt, la
terreur, les petits cailloux, l’ogre, les bottes
de sept lieues… Leur soumettre ensuite ces
deux citations de Poucet tirées de la pièce et
leur proposer de réagir :
Poucet. C’est des conneries tout ça. Je ne
suis jamais retourné chez mes parents, je
n’ai jamais semé le moindre petit caillou. Il
n’y a pas de Petit Poucet ! […]
Papa, maman, vous n’existez pas, vous
n’avez jamais existé ! Je me casse. Je vais
semer des pavés sur les pares- brise. Je
marquerai mon chemin en brûlant des
bagnoles.
Les élèves sont alors confrontés aux particularités du spectacle : une réécriture moderne,
certes, mais surtout une interrogation systématique des éléments du conte. Qui serait le Petit
Poucet aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fait son identité ? Et cette interrogation va jusqu’à l’identité
de genre, puisque le héros du conte se revendique libre de pouvoir être une héroïne en
s’exclamant : « ne vous inquiétez pas, je vais très bien, c’est formidable de pouvoir choisir ! » !
Autre marque de l’écriture de Cendre Chassanne & Jérémie Fabre : une écriture kaléidoscopique,
puisque, à la manière d’un jeu vidéo, le petit Poucet a plusieurs vies, et nous cheminons avec ses
différents avatars, ainsi que ceux de sa famille.
Après cette découverte, ou après le spectacle, on peut proposer aux élèves de formuler,
pour chaque conte connu de tous, le nœud, ce qui fait la célébrité du conte. Faire écrire ensuite
un paragraphe commençant par « C’est des conneries tout ça. » Introduire obligatoirement « je
n’ai jamais… » et la variante : ce que le héros a fait à la place, qui s’inscrit dans une thématique
d’aujourd’hui.
Les textes produits pourront être lus ou joués devant la classe.
ENTRER DANS LE SPECTACLE PAR LE JEU
Improviser des situations avant d’être confrontés au texte permet aux élèves d’entrer
dans la pièce en gardant ouvertes de nombreuses perspectives. Après avoir regardé plusieurs
propositions, on donne le texte de la pièce, on le commente ou on le joue en essayant de
réutiliser des émotions, des intonations, des gestes et déplacements qui ont é trouvés
naturellement dans l’improvisation.
On peut également faire jouer les situations, mais ne pas donner le texte après, et
annoncer aux élèves que cette situation se trouve dans la pièce. Le défi consiste alors à
reconnaître cette situation qui aura éexplorée sous plusieurs angles, et à en commenter après
coup les choix de mise en scène faits par la Compagnie.
1 / 23 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !