de la légitimation.
1/ La légitimité historique de l'audit social de la chaîne d'approvisionnement :
En prenant le parti de considérer l'audit social de la chaîne d'approvisionnement comme un 
véritable fait social, nous envisagerons les différents sens, les couches de significations, pour reprendre 
l'expression   de   Danilo   Martuccelli5,  accumulées   au   cours   du   temps,   notamment   les   pratiques,   les 
perceptions et les représentations. Si l'audit social devient un véritable enjeu pour l'entreprise, c'est qu'il 
est issu d'une longue histoire qui fonde son utilisation aujourd'hui.
a/ Filiation de l'audit social :
Issu de l'audit comptable et financier, l'audit social ne peut en être dissocié si l'on souhaite étudier 
la question de sa légitimité. Par conséquent, dans une perspective historique, comprendre d'où vient la 
légitimité des cabinets d'audit comptable et financier nous permettra de mieux appréhender celle des 
audits sociaux.
Pour rétablir la confiance dans les marchés financiers ébranlés par la crise de 1929, des autorités 
de régulation ont été créées, les normes comptables améliorées et l'indépendance des auditeurs renforcée. 
C’est ainsi que, au cours du XXème  siècle, les méthodes d’investigation et les pratiques de contrôle 
légitimant la démarche des cabinets d'audit ont été continuellement développées et améliorées. « Les 
auditeurs financiers et les commissaires aux comptes ont créé des outils d'analyse et développé des 
démarches d'investigation qui ont été appréciées, notamment par les directions générales et les conseils 
d'administration des sociétés de grande taille »6.
Or, rapidement, au vu du succès de ces méthodes d'analyse, l'élargissement des objets d'audit 
apparaît comme envisageable voire nécessaire. Ainsi, quelques auteurs aux Etats-Unis, comme Bowen en 
1953, Steiner en 1971 ou encore Humble en 1973, cherchent à fonder l'idée d'un audit sur le « social » de 
l'entreprise. Bowen envisage l'audit social comme un outil du changement institutionnel permettant aux 
entreprises de devenir plus responsables. « De même que les dirigeants soumettent leurs comptes à des 
audits réalisés par des commissaires aux comptes indépendants, ils pourraient également accepter de 
soumettre leurs performances sociales à des experts extérieurs à l'entreprise et indépendants »7.
En France, P. Sudreau, dans son rapport rendu en 1975 au gouvernement, préconise la mise en 
place de l'audit social en arguant que « si l'on veut que la gestion sociale participe aux préoccupations 
stratégiques de la firme, il faut qu'elle sorte du relatif et du subjectif [...] »8. Cette « rationalisation » de la 
5Martuccelli, Danilo (2005),  La consistance du social, une sociologie pour la modernité,  Rennes,  éd. Presses 
Universitaires de Rennes, coll. Le sens social.
6Combemale Martine, Igalens Jacques (2005), L'audit social, Paris, éd. PUF, Coll. Que sais-je?, p.8.
7Bowen, Howard R. (1953) , in Igalens Jacques, Benraiss Laïla (2005), Aux fondements de l'audit social :  
Howard R. Bowen et les églises protestantes, Actes de la 23° Université d'été de l'Audit Social, 1er et 2 
septembre 2005, IAE de Lille, http://ias2005.free.fr/
8Combemale M., Igalens J. (2005), Op. Cit., p. 13.
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