REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUILLET-AOÛT 2010 - N°424 // 45
IMMUNOLOGIE : ACTUALITÉS 2010
respectivement [16]. Les protéines de la famille des NLRs,
représentée par les molécules NOD1 et NOD2, sont syn-
thétisées sous une forme inactive et la xation d’un ligand
induit l’oligomérisation du récepteur et donc la signalisa-
tion. NOD1 et NOD2 reconnaissent respectivement l’acide
γ-D-glutamyl-meso-diaminopimelique (DAP) et le muramyl
dipeptide, constituants du peptidoglycane bactérien. La
reconnaissance d’un ligand par NOD1 et NOD2 induit
l’activation de NF-κB et donc la production de cytokines
pro-inammatoires ainsi que l’expression de peptides
antibactériens, tel que la cryptidine.
La détection des virus indépendante des molécules TLR
est médiée par les RLR qui reconnaissent les ARNs viraux
synthétisés dans le cytoplasme des cellules infectées.
Les protéines « retinoic acid-inducible gene I » (RIG-I) et
« melanoma-differentiation-associated gene-5 » (MDA5)
sont des molécules cytosoliques. Les souris décientes
pour les gènes RIG-I et MDA5 présentent une importante
sensibilité aux infections virales. La signalisation via RIG-I
et MDA5 aboutit à l’activation des facteurs de transcription
impliqués dans la production des interférons de type I et
des cytokines pro-inammatoires.
3. Récepteurs solubles
del’immunité innée
Aux récepteurs associés aux cellules s’ajoutent les com-
posants de l’immunité humorale ou PRRs solubles, tels
que les collectines, les colines et les pentraxines. Cette
famille est constituée de molécules hétérogènes, pré-
sentées comme étant les ancêtres des anticorps. Ces
molécules participent à l’opsonisation des microorganis-
mes, à l’activation du complément, à la reconnaissance
et l’élimination des cellules apoptotiques, et modulent la
réponse inammatoire.
3.1. Les collectines et les ficolines
Les collectines appartiennent à la famille des lectines de
type-C et sont constituées de neuf membres : «mannose
binding lectin » (MBL), conglutinine, « surfactant protein »
(SP)-A, SP-D, les collectines (CL) CL-P1, CL-L1 et CL-K1.
Les collectines CL-43 et CL-46 ne sont exprimées que
chez les bovidés [17].
MBL est une protéine sérique produite par le foie et l’in-
testin grêle. SP-A et SP-D sont principalement produites
par les épithéliums pulmonaires et sont donc retrouvées
au niveau des alvéoles pulmonaires. SP-A est également
produite par la muqueuse intestinale, le thymus ou encore
la prostate et se retrouve dans le liquide séminal et les
muqueuses. CL-L1 et CL-K1 ont une expression ubiquitaire,
à l’exception des muscles squelettiques. CL-P1 est une
collectine particulière car elle est exprimée à la membrane
des cellules endothéliales ; elle a également été qualiée
de SR puisqu’elle reconnaît les Ox-LDL.
La famille des colines est composée de trois membres :
la H-coline (également connue sous le nom d’antigène
Hakata), la L-coline et la M-coline. À l’exception de la
M-coline qui n’est pas retrouvée dans le sérum, H-coline
et L-coline sont des protéines sériques (3 à 4 μg/mL).
Cependant, le fait que la M-coline soit détectée dans les
granules de sécrétion des neutrophiles suggère que cette
protéine pourrait également être sécrétée. H-coline est
produite par le foie et les épithéliums bronchiques, L-co-
line est produite par le foie et la M-coline est produite
par l’utérus, les monocytes, les neutrophiles et les cellules
épithéliales alvéolaires.
Les collectines et les colines possèdent une structure de
base particulière constituée de sous-unités composées par
trois chaînes polypeptidiques identiques (homotrimère).
Chaque polypeptide de collectines contient notamment
une région similaire au collagène et le domaine de recon-
naissance des carbohydrates est localisé à l’extrémité
apicale. Le polypeptide des colines possède une organi-
sation similaire à l’exception d’un domaine brinogène à la
place du domaine carbohydrate. Le nombre de sous-uni-
tés trimériques diffère entre les collectines (SP-D contient
4trimères alors que SP-A et MBL contiennent 6 trimères)
et les colines (L-coline contient 4 trimères alors que
la H-coline contient 3 trimères). Ces molécules recon-
naissent différents sucres, tels que mannose, glucose,
L-fucose, N-acetyl-mannosamine et N-acétyl-glucosa-
mine. Le calcium est indispensable à la reconnaissance
des carbohydrates par les collectines alors qu’il n’est pas
nécessaire pour les colines. Les collectines et les colines
reconnaissent un grand nombre de pathogènes (e.g. virus,
bactéries, champignons). MBL et SP-A reconnaissent par
exemple Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumo-
niae, Escherichia coli, Aspergillus fumigatus alors que la
L-coline reconnaît Salmonella typhimurium.
3.2. Les pentraxines
Les pentraxines forment une famille de protéines très
conservées durant l’évolution et sont ainsi retrouvées
chez les mammifères, les arthropodes, les amphibiens,
les oiseaux et les vertébrés inférieurs. Sur la base de leur
structure primaire, les pentraxines ont été divisées en pen-
traxines courtes et en pentraxines longues. Les protéines
de la phase aiguë de l’inammation « C-reactive protein »
(CRP) et « serum amyloid P » (SAP) constituent les pen-
traxines courtes alors que la pentraxine 3 (PTX3) fait partie
des pentraxines longues. CRP a été, durant les années
30, le premier membre de la famille des PRRs découvert
dans le sérum de patient en réponse à une infection [18].
Les pentraxines xent de nombreux ligands du soi et du
non soi (tableau II).
3.2.1. Les pentraxines courtes
Les pentraxines courtes CRP (PTX1) et SAP (PTX2) pos-
sèdent 51 % d’identité de séquence en acides aminés et
proviennent de la duplication d’un gène ancestral. Au niveau
structural, CRP est composée de cinq monomères formant
ainsi un pentamère qui a donné le nom de pentraxine à cette
famille. CRP est produit par les hépatocytes en réponse à
l’IL-6 et son expression est potentialisée par l’IL-1β.
CRP a été mise en évidence et caractérisée sous la forme
d’une fraction protéique capable de se lier à la phosphoryl-
choline, composant majeur de la fraction C de la capsule
du pneumocoque, d’où sa dénomination de C-reactive
protein. CRP et SAP se fixent à de nombreux ligands
(tableau II). CRP engage des liaisons dépendantes du
calcium avec les groupements phosphocholines des mem-