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marché des changes…) à tout l’ensemble, en raison de son intégration jusqu’à l’économie réelle et celle que le
choc initial se propage par contagion mimétique (3).
Les crises financières diffèrent généralement par leur origine et par leur capacité de nuisance. Ainsi, au cours
des dernières années, la crise asiatique et la crise américaine ont révélé les failles d’un système économique et
financier mondial de plus en plus intégré.
Pour ce qui est tout d’abord la crise asiatique (4), les pays de l’Asie du Sud-Est, qui connaissent une croissance
forte jusque-là, sont victimes en 1997 d’une crise financière forte qui met en lumière leurs faiblesses
structurelles (P. KRUGMAN et M. OBSTFELD, 2009) :
- la faible productivité : selon certaines études, la croissance de ces pays s’explique plus par une augmentation
des facteurs de production (capital et travail) que par des gains de productivité ;
- la fragilité du système bancaire : les pays de l’Asie du Sud-Est souffrent avant la crise d’une réglementation
du secteur bancaire trop laxiste. Persuadés que l’Etat jouera le rôle de prêteur en dernier ressort en cas de
difficultés, les opérateurs (résidents et non résidents) considèrent que les banques locales sont sûres, ce qui
accroît les risques pris par ces dernières. A cela il faut ajouter le fait que les réformes du secteur bancaire mises
en place au début des années 90 ont plutôt facilité les emprunts en monnaie étrangère, d’où le péché originel ;
- la faiblesse du cadre législatif : aucune disposition ne permet de régler le problème du paiement des dettes
des entreprises en difficulté ou en faillite.
Pour ce qui est ensuite de la crise financière américaine (2008), les difficultés commencent au printemps 2007
avec la crise du marché du crédit immobilier américain (subprime) qui a entraîné des faillites en chaîne, dont
celle de l’un des plus grands établissements américains, l’American Home Mortage (AHM). Apparue surtout
comme une crise du système de Bretton Woods, en ce sens qu’elle a révélé l’incapacité de ce système à
répondre aux exigences de la nouvelle économie mondiale, la crise financière américaine traduit la situation très
particulière des Etats Unis d’Amérique, émetteurs du dollar (principal monnaie internationale), qui enregistrent
des déficits extérieurs depuis deux décennies, accumulant une importante dette internationale portée par des
créanciers étrangers (qu’il s’agisse des bons du trésor américains détenus par la banque centrale chinoise ou de
la dette immobilière des ménages américains rachetée par les banques et les investisseurs étrangers, européens
notamment). La crise financière américaine semble donc tenir essentiellement à l’interaction de plusieurs
facteurs :
- des secteurs financiers nationaux fragiles ;
- une mauvaise gestion des affaires privées et publiques ;
- un système mondial déficient.
De façon générale, l’histoire des flux internationaux de capitaux est ponctuée d’épisodes de défauts et de crises
financières (5). Dans ce cas, le pays perd soudainement accès aux sources de financement étrangères, ce qui
conduit à une forte contraction du produit intérieur, de l’emploi et du solde courant. Etant donné que le
remboursement des prêts correspond à une sortie des capitaux, le pays est non seulement contraint à un solde
courant nul, car aucun prêt ne peut plus lui être accordé, mais en plus contraint à accroître ses exportations
nettes pour permettre le remboursement des prêts contractés auparavant.
De ce fait, un pays qui détient une part importante de sa dette sous forme de prêts à court terme est tenu de
réduire sa demande intérieure pour éviter le défaut, ce que G.A. CALVO qualifie de « Sudden Stop », autrement
dit un arrêt brutal des flux de capitaux. Pour mieux comprendre le processus, il est nécessaire de rappeler les
différentes formes d’entrées des capitaux :
- les obligations, qui sont devenues très courants après 1990 lorsque les pays en développement ont libéralisé
et modernisé leurs marchés financiers ;
- les prêts bancaires, auprès des banques commerciales des pays industrialisés ;
- les prêts officiels, accordés par la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement, la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement sur une base conditionnelle (taux plus faibles que ceux
du marché) ;
- les investissements directs ;
- les investissements de portefeuille, dynamisés par la vague de privatisations dans les pays en
développement.