Zool. baetica, 15: 77-137, 2004
B. BELQAT & M. DAKKI
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Mais, si les recherches sur les peuplements lotiques sont favorisées,
l’étude de la faune simulidienne des eaux courantes est peu en faveur. En
effet, depuis le travail consacré à tous les macro-invertébrés aquatiques
(Bouzidi, 1989), aucune contribution importante n’a été apportée à cette
question, les hydrobiologistes marocains se sont beaucoup plus intéressés
aux autres groupes d’insectes qui, d’une façon générale, sont mieux connus
à l’heure actuelle, tant au point de vue faunistique qu’écologique.
Parmi les hôtes des eaux rapides, les larves et les nymphes des Si-
mulies sont sans doute les organismes qui ont le moins retenu l’attention
des naturalistes marocains, les premières études ayant été faites par des
chercheurs européens lors de séjours plus ou moins prolongés au Maroc
(Edwards, 1923; Puri, 1925; Séguy, 1930; Grenier & Théodorides, 1953;
Grenier & Faure, 1956; Grenier et al., 1957; Grenier & Bailly-Choumara,
1970; Bernard et al., 1972).
A la suite de ces travaux que nous jugeons fragmentaires et déjà anciens,
diverses mises au point ont été faites, et la systématique des Simuliidae a
subi des remaniements: plusieurs espèces douteuses ont été rayées du ca-
talogue, d’autres sont tombées en synonymie, certaines ont été maintenues
avec un statut ambigu (Crosskey & Howard, 1997; Belqat et al., 2001a;
Belqat, 2002) et d’autres ont été scindées en plusieurs taxons (Grenier,
1953; Crosskey & Howard, 1997).
Jusqu’à ces derniers temps, les recherches disponibles consistaient en des
inventaires régionaux (Rif et Haut-Atlas) (Bailly-Choumara & Beaucournu-
Saguez, 1978, 1981), mais pour ces auteurs, certains taxons ne sont pris en
compte qu’au niveau du groupe; le travail de Bouzidi (1989), est généralisé
à tous les macroinvertébrés des cours d’eau des massifs du Haut-Atlas; ce-
lui de Benhoussa (1986) s’est limité à l’étude de la dynamique, des cycles
biologiques et de la microdistribution de quelques populations de simulies
du Bou Regreg (plateau Central marocain).
En effet, à l’état actuel de nos connaissances, seules Bailly-Choumara
& Beaucournu-Saguez (1978) ont donné un inventaire de la faune simu-
lidienne du Rif. Nonobstant, dans ce travail tous les taxons n’ont pas été
déterminés au niveau spécifique et n’ont été pris en compte que les stades
préimaginaux. Ainsi, jusqu’à présent, hormis les descriptions d’espèces
inédites, aucune étude marocaine n’a touché les stades adultes; celles-ci
se résumant pour la plupart à des inventaires faunistiques accompagnés de
brèves indications de l’écologie des espèces, d’une répartition géographique
régionale et biogéographique, et d’une étude biotypologique sur les massifs
des cours d’eau du Haut-Atlas (Bouzidi, 1989; Giudicelli et al., 2000).
C’est pourquoi il devenait urgent d’entreprendre une étude plus exhausti-
ve, complète sur ces insectes ayant trait à tous les stades de développement