FIG 2013 – M. HOLZMAN– La pollution environnementale en Chine 5
plaines du Nord-est sont considérés comme inutilisables. D’ailleurs cette pollution
a ouvert des marchés à la France, qui, en 2009, a signé un accord de coopération
franco-chinois pour l’assainissement de ce fleuve, long de 1 400 km, qui traverse
les provinces du Hebei, du Shanxi, du Henan et de Mongolie intérieure. Son
bassin, qui couvre une zone de 320 000 km carrés, souffre, selon les experts, de
« sécheresse chronique, de pollution et de dégradation environnementale »
.
De fait, environ 15 % des plus grands cours d’eau nationaux sont considérés
comme impropres au moindre usage, et plus de la moitié des nappes phréatiques
sont qualifiées de « polluées » ou d’ « extrêmement polluées », selon les plus
récentes statistiques officielles.
Des accidents provoqués par l’industrie chimique ou l’absence de traitement des
eaux sales provenant des égouts ne cessent d’attirer l’attention sur la qualité
délabrée de l’eau du pays, mais l’essentiel de la pollution vient pourtant encore
plus souvent de l’agriculture elle-même : l’usage abusif de pesticides, d’engrais
chimiques, ainsi que les déjections des animaux provoquent des pollutions qui
sont entraînées dans les rivières, les marécages, les lacs, les eaux côtières et les
réserves souterraines par la pluie et la fonte des neiges.
En 2004, le gouvernement chinois avait tenté de proposer une « croissance du
PNB verte » et estimé que le coût de la pollution annulait environ 3 % de
croissance du PNB. De son côté la Banque Mondiale estime que, durant la
décennie des années 2000, ce serait plutôt 10 % de points de croissance qui
auraient été annulés par la dégradation de l’environnement, dont 2,1 % seraient
liés à la pollution de l’eau et 1,1 % à la pollution du sol. Cette étude prenait surtout
en compte l’impact de la pollution sur la santé humaine.
Selon une enquête établie par un activiste environnementaliste, Lu Jun, en mai
2013, 298 millions de Chinois seraient actuellement obligés de se passer d’eau
considérée comme potable par les scientifiques.
Les villages du cancer
Ce n’est qu’en mars 2013 que le gouvernement chinois a fini par reconnaître qu’il
existait quatre cents « villages du cancer » recensés à travers le pays. Ces
villages où l’apparition de cancers au sein de la population prenait des proportions
tout à fait hors normes sont bien connus de tous les observateurs et chercheurs
chinois et étrangers, mais leur existence faisait encore partie des « secrets
d’État » soigneusement gardés, et il n’était pas question de mentionner leur
existence dans la presse. Pourtant, entre 2008 et 2011, il s’est produit un grave
incident lié à l’utilisation de produits chimiques tous les cinq jours
… Ces villages
du cancer sont particulièrement nombreux dans les zones côtières à cause des
nombreuses usines polluantes, que ce soit dans le textile, qui ne traite pas les
eaux servant à la teinture des textiles, ou dans l’industrie du cuir, qui ne recycle
pas les produits servant à assouplir les peaux, ou dans une ateliers de recyclage
des déchets de l’informatique, ou encore dans des provinces reculées où l’usage
des pesticides et des engrais chimiques a augmenté de façon inconsidérée, sans
que les paysans soient le moins du monde formés à leur utilisation, ni aux
précautions d’usage lors de l’épandage, de la manipulation ou du dosage. De la
même façon, les ouvriers dans les mines, atteints de silicose, mettent parfois des
Bulletin de l’ambassade de France en Chine du 9 février 2012.
Chiffres cités par le responsable du Projet Green peace, Jiang Zhuoshan sur son site en chinois, le 2
mars 2013.