La Chine : un pays riche et/ou développé ? Nous sommes en mars 2009. Le plan de relance chinois (dépenses publiques de 460 milliards d'euros) semble « réussir ». Ainsi la Chine a des chances de continuer à connaître une croissance économique de 8% pour l'année 2009. Cette croissance sera-t-elle durable et soutenable ? La Chine sera-t-elle un pays développé ? C'est à votre équipe d'économistes qu'a été confiée la tâche d'établir un rapport synthétique sur la situation de la Chine afin de répondre aux deux questions posées précédemment. Voici les thèmes qui devront apparaître dans le rapport : -diagnostic économique (points forts, points faibles) -causes de la croissance chinoise -conséquences (positives et négatives) de la croissance -solutions envisageables pour que la Chine se développe Votre rapport ne dépassera pas trois pages. Il doit être structuré en parties et sous-parties. Vous pouvez ajouter des schémas explicatifs. N'oubliez pas que vous devez être précis et complets afin que le lecteur puisse vous comprendre. Temps requis : -2h pour l'analyse des documents -2h pour la rédaction de l'analyse Vous pouvez former des équipes de 2 ou 3. Doc1 Taux de croissance et revenu par habitant en parité de pouvoir d'achat doc2 Évolution de l'emploi Doc3 Les dix plus grandes économies du monde en 2003 doc4 Chine : une spécialisation efficace doc5 Les inégalités sociales et régionales se creusent Le niveau de vie en Chine, estimé en parité de pouvoir d'achat, se situe actuellement à un peu plus de la moitié de la moyenne mondiale, alors qu'il n'était que d'un sixième en 1980. La Chine est donc un des rares pays en développement à avoir réduit l'écart qui le sépare des pays riches. Elle reste cependant un pays pauvre. Le niveau de vie du Chinois moyen est actuellement moins du cinquième de celui du citoyen moyen d'un pays riche. Quant aux inégalités sociales et régionales, elles se creusent. La croissance bénéficie principalement aux urbains (39% de la population) et aux provinces de la façade maritime. Une classe moyenne se développe, dont le pouvoir d'achat interne se reflète dans le mode de consommation et permet, par exemple, à la Chine d'être le premier marché du monde pour les téléphones portables, avec 250 millions d'abonnés. Pourtant les ménages dont les revenus sont suffisamment élevés pour alimenter une demande solvable de biens de consommation occidentaux représentent sans doute entre 30 et 50 millions de personnes, une fraction étroite de la population chinoise. Françoise Lemoine : Economiste au Cepii. Alternatives Economiques - n°222 - Février 2004 doc6 Le retournement démographique Le grand écart entre les villes et les campagnes Guillaume Duval, Alternatives Economiques - n°235 - Avril 2005 doc7 La Chine peine à changer son modèle Le choc de la crise mondiale sur la Chine et les économies asiatiques a mis en évidence la fragilité d'un modèle de croissance trop dépendant de la demande extérieure et qui réduit la consommation des ménages à la portion congrue. Mais une relance de la consommation se heurte à des obstacles avant tout institutionnels. Depuis le milieu des années 2000, l'économie chinoise connaît une croissance rapide, mais très déséquilibrée. Un rythme de croissance à deux chiffres a été atteint depuis 2005 grâce à l'accélération des exportations, qui ont assuré plus de deux points de croissance du produit intérieur brut (PIB), et grâce à la progression de l'investissement, qui est devenu une composante de la demande plus importante que la consommation (voir graphique). Le poids de la consommation des ménages dans le PIB a chuté de 46% en 2000 à 36% en 2007 (voir graphique). Chine : contribution des exportations, de l'investissement et de la consommation à la croissance du PIB de 1995 à 2007, en points de pourcentage Chine : poids de la consommation des ménages et de l'investissement dans le PIB, en % L'importance des exportations a rendu l'économie vulnérable à un retournement de la demande mondiale, comme le montre amplement la crise actuelle. En outre, le rôle d'"usine du monde" a entraîné une dilatation du secteur industriel, augmenté la consommation d'énergie et aggravé les dégâts environnementaux. La Chine est devenue en 2007 le premier émetteur de gaz à effet de serre, devant les Etats-Unis. Ses besoins croissants en pétrole et en matières premières importées ont contribué à la hausse des cours mondiaux, dont elle a été la première à pâtir. Enfin, la recherche de compétitivité sur les marchés internationaux a exercé une pression à la baisse sur les salaires, ce qui à son tour a réduit la consommation intérieure. Françoise Lemoine : économiste senior au Cepii, Alternatives Economiques - n°279 - Avril 2009 doc8 IDH de la Chine, 1976-2006 source : PNUD, Human development report China 2007/08 doc9 La croissance chinoise va également buter rapidement sur des limites énergétiques et écologiques très difficiles à dépasser. Le modèle chinois est particulièrement énergivore: d'une moyenne de 4% par an entre 1980 et 2000, l'augmentation de la consommation d'énergie est passée à plus de 10% par an depuis 2001. La Chine est devenue le deuxième consommateur mondial d'énergie après les Etats-Unis, le premier consommateur de charbon et le deuxième importateur de pétrole. Et le pays est de plus en plus dépendant de ses importations pour soutenir sa croissance. Or, l'offre énergétique mondiale a de plus en plus de mal à suivre la demande chinoise. De plus, les infrastructures ne suivent pas en interne. Les coupures d'électricité, devenues chroniques depuis 2000, rappellent les fragilités de la promesse de "société de petite prospérité", lancée par le Parti communiste pour souder la population et justifier les sacrifices. Sans compter les pollutions colossales qui résultent de cette hausse des consommations, notamment du fait de l'usage encore très dominant du charbon. François Lantz, Alternatives Economiques - n°245 - Mars 2006 doc10 De plus en plus de pollution en Chine Les risques écologiques majeurs se multiplient. La cause : la nature de la croissance économique. « Ce mode de croissance entraîne inéluctablement de graves dommages environnementaux. Le tiers de nos sols est souillé par des pluies acides ; 41 % des sept grands fleuves chinois souffrent d’une pollution de niveau 5 ; un quart de la population boit et utilise une eau non potable ; cinq des villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine… Aussi, si nous ne mettons pas un frein à la pollution liée au développement en restructurant l’industrie en promouvant une économie de recyclage et les énergies nouvelles, il est à craindre que la pollution atteigne un niveau irréparable. » Ce bilan terrible ne vient nullement d’ONG de défense de l’environnement occidentale. Il est dressé par les Chinois eux-mêmes. En l’occurrence, Pan Yue viceministre de l’Environnement, qui dans une récente interview publiée par un journal chinois a dressé un véritable réquisitoire sur « le modèle de croissance entraînant inéluctablement de graves dommages environnementaux ». Ils sont de plus en plus nombreux en Chine à s’alarmer des conséquences écologiques d’une industrialisation fulgurante et non contrôlée sur le plan écologique. Plus de 400 000 personnes meurent prématurément chaque année en Chine en raison de la pollution de l’air, affirmait encore la semaine dernière un expert d’un centre de recherches gouvernemental. « C’est un chiffre prudent. Le vrai chiffre pourrait être plus élevé », affirmait Wang Jin Nan, ingénieur en chef de l’Académie chinoise de planification environnementale, qui dépend de l’Agence de protection de l’environnement. Ce bilan est tiré d’un rapport réalisé en 2003 par l’académie qui n’a cependant jamais été publié en raison des réticences des autorités, en particulier au niveau local, à voir leur image ternie. Selon le document, 300 000 personnes sont mortes en raison de la pollution extérieure et 110 000 en raison de la pollution à l’intérieur des habitations, a expliqué Wang Jin An, qui s’exprimait en marge d’une conférence internationale sur la pollution de l’air organisée à Pékin par l’Agence chinoise de protection de l’environnement, son équivalent américain, la Commission européenne et le ministère italien de l’Environnement. Pour le chercheur chinois, les centrales électriques au charbon sont la cause principale de la pollution de l’air, avec les usines et le nombre croissant d’automobiles. Lête de l’académie révèle également qu’un tiers des habitants des villes vivent dans un environnement avec une pollution de niveau 2, voire supérieure. Les villes les plus affectées sont situées dans le nord et l’ouest. Celles qui sont entourées de montagnes, comme la capitale Pékin, sont également particulièrement touchées par le phénomène. Mais, selon le vice-ministre de la Construction, Qiu Baoxing, l’eau est le principal défi posé à la Chine qui affronte « une crise plus grave et plus urgente que n’importe quel pays au monde ». Non seulement le nord du pays manque d’eau, mais cinq des sept grands fleuves de Chine sont pollués et le réseau de distribution est en mauvais état avec des fuites représentant plus de 20 %. Le fleuve Jaune dépérit et le Yangzi Jiang, troisième grand fleuve du monde, « pourrait devenir une rigole puante d’ici dix ans », selon Chen Bangzhu, directeur de la commission de la population, des ressources énergétiques et de l’environnement, si l’on n’accorde pas une attention particulière à la pollution. « Certaines entreprises considèrent le Yangzi Jiang comme le canal de drainage des ordures », dénonce Chen Bangzu, Ce qui est aussi le cas de la rivière des Perles, dans le Guangdong, saccagée par des usines vétustes qui crachent de la fumée noire et rejettent leurs eaux usées dans les nombreux affluents qui se déversent dans le delta. Ces dernières années, le gouvernement a fait fermer plus de 84 000 petites entreprises gravement polluantes mais les décisions de Pékin se heurtent aux différentes autorités locales rétives à de telles mesures pouvant entraîner des troubles sociaux à la suite des pertes d’emplois. Lancés dans la course à la compétitivité, les entrepreneurs ne se sentent guère la fibre écologique. D.B., L'Humanité, 26 novembre 2005 doc11 source : rapport du PNUD, 2008