CINÉMA/5
MERCREDI 18 OCTOBRE
> “Bahia, ville basse” de Sérgio Machado avec Laza-
ro Ramos, Wagner Moura
> “Bamako” d’Abderrahmane Sissako avec Aïssa
Maïga, Tiecoura Traoré
> “Café transit” de Kambozia Partovi avec Fereshteh
Sadr Eorafai
> “Ces rencontres avec eux” de Danièle Huillet,
Jean-Marie Straub avec Angela Nugara, Vittorio Vigneri
> “La citadelle assiégée” de Philippe Calderon
> “L’école pour tous” d’Éric Rochant avec Arié El-
maleh, Élodie Navarre
> “Les fils de l’homme” d’Alfonso Cuaron avec
Clive Owen, Julianne Moore
> “Lucky girl” de Donald Petrie avec Lindsay Lohan,
Chris Pine
> “Napoléon (et moi)” de Paolo Virzi avec Daniel
Auteuil, Monica Bellucci
> “Ô Jérusalem” d’Elie Chouraqui avec Saïd Tagh-
maoui, J.J. Field
> “Patate” de Sylvain Vincendeau, Claude Barras, Isa-
belle Favez, Pierre-Luc Granjon, Damien Louche-Pélis-
sier, Benoît Chieux
> “The Queen” de Stephen Frears avec Helen Mir-
ren, James Cromwell
> “Les rebelles” de la forêt de Jill Culton, Anthony
Stacchi, Roger Allers avec Martin Lawrence, Ashton
Kutcher
> “Severance” de Christopher Smith avec Danny
Dyer, Laura Harris
> “Le bal des vampires” de Roman Polanski avec
Roman Polanski, Jack McGowran
> “Les Honneurs de la guerre” de Jean Dewever
avec Pierre Collet, Danielle
MERCREDI 25 OCTOBRE
> “Alex Rider : Stormbreaker” de Geoffrey Sax
avec Alex Pettyfer, Ewan McGregor
> “La balade des éléphants” de Mario Andreacchio
> “Between a smile and a tear : Il était une fois
le Montmartre Jazz Club de Copenhague” de
Niels Lan Doky
> “La Californie” de Jacques Fieschi avec Nathalie
Baye, Ludivine Sagnier
> “Flicka” de Michael Mayer avec Alison Lohman, Tim
McGraw
> “Last kiss” de Tony Goldwyn avec Zach Braff, Jacin-
da Barrett
> “Les lumières du faubourg” d’Aki Kaurismäki
avec Janne Hyytiäinen, Maria Heiskanen
> “Mémoires de nos pères” de Clint Eastwood avec
Ryan Phillippe, Adam Beach
> “Objectif Mars” de George Butler avec Paul New-
man
> “Octobre” de Pierre Léon avec Pierre Léon
> “Poltergay” d’Éric Lavaine avec Clovis Cornillac,
Julie Depardieu
> “Songe d’une nuit d’hiver” de Goran Paskaljevic
avec Lazar Ristovski
> “Azur et Asmar” de Michel Ocelot avec Cyril
Mourali, Karim M’Riba
> “Les Baliseurs du désert” de Nacer Khemir avec
Nacer Khemir, Soufiane Makni
> “Le cauchemar de Dracula” de Terence Fisher
avec Christopher Lee, Peter Cushing
> “Journal intime” de Valerio Zurlini avec Marcello
Mastroianni, Jacques Perrin
> “Là-bas” de Chantal Akerman
> “Le repas” de Mikio Naruse avec Setsuko Hara,
Ken Uehara
>LES SORTIES
Le film est très loin de la cari-
cature autour de la monarchie
britannique. Est-ce que c’est
l’aspect réaliste du scénario
qui vous a d’abord intéressé ?
Stephen Frears : Tout à fait.
C’est ce que nous voulions faire,
dès le départ, chercher un maxi-
mum de réalisme et surtout ne
pas tomber dans la caricature. Il
fallait pourtant rendre l’humour
très anglais de ce milieu.
Le film aurait pu s’appeler
“The Prime Minister” car la fi-
gure de Tony Blair est aussi
imposante que celle de la
Reine.
Oui, c’est vrai, puisqu’en plus on
avait déjà fait un film sur Blair
(“The Deal”) avant qu’il n’arrive
au pouvoir. Donc “The Queen”
c’est un peu la suite, mais quand
il y a une Reine en jeu, c’est elle
qui a le dessus (rires)… Sa Ma-
jesté est une patate chaude
comme on dit ici, un sujet de
fascination permanente. Vous ne
pouvez rien dire sur elle sans
voir vos propos immédiatement
déformés par la presse tabloïd,
que ce soit en bien ou en mal
d’ailleurs. Je marche donc sur
des œufs, essaye d’être objecti-
ve. Ce qui m’intéresse, c’est la
femme tout autant que le chef
d’État. D’ailleurs, les tabloïds ont
usé de toutes les astuces pour
connaître les lieux de tournage,
l’équipe était pourchassée jour
et nuit par les paparazzis. Nous
avons dû laisser filtrer une
photo du tournage, un gros plan
d’Helen Mirren qui joue Elizabe-
th pour les calmer un peu. J’ai
tout de suite su à quel moment
précis je voulais situer l’action :
la semaine qui a suivi la mort de
Diana. Mais je ne voulais pas en
faire une histoire exclusivement
centrée sur la reine, il me fallait
un contrepoint, Tony Blair. Ce
que je voulais montrer, c’est le
contraste entre ces deux
mondes, la démocratie et la mo-
narchie. C’est une étude de
deux milieux à un moment cru-
cial de l’histoire du pays. Il faut
se replonger dans la presse de
cette semaine-là pour com-
prendre l’importance des en-
jeux. Les Britanniques sont fu-
rieux, ils veulent punir la reine
et sa famille de leur cruauté en-
vers Diana. Ce qu’ils réclament,
pourtant, n’est nullement la fin
de la monarchie, ils veulent juste
entendre la reine manifester
quelque chagrin et partager leur
souffrance. Leur colère n’est pas
un rejet mais un appel au se-
cours. Les républicains anglais
qui ont voulu y voir un retour-
nement de l’opinion, se sont
complètement trompés. Les Bri-
tanniques sont monarchistes, et
cela, Tony Blair l’a bien compris.
Lui, n’est rien, ni républicain ni
monarchiste, juste un pragma-
tique conservateur à l’intuition
étonnante. Il fait partie des chefs
d’État nouvelle manière pour
lesquels le marketing politique
prime sur les idées. Leur impéra-
tif : savoir ce que veut le peuple
pour le lui donner.
Avez-vous subi des pressions ?
Nous n’avons eu aucune pres-
sion, aucune obligation que de
décrire des êtres humains avec
des sentiments troubles dans un
univers où le pouvoir déjoue les
idéaux.
La famille royale a-t-elle vu le
film ?
Le film est dans les salles et ils
peuvent aller le voir…
Quelle est la part de fiction et
de réalité ici ?
Le film repose sur une énorme
quantité de recherche, et donc
cette recherche amène forcé-
ment un peu de vérité. Mais
c’est vrai que les dialogues ont
été créés de toutes pièces, évi-
demment, mais nous avons tou-
jours voulu que les situations
soient crédibles.
Êtes-vous royaliste ?
En Angleterre, on ne vous laisse
pas vraiment le choix. On naît
royaliste. C’est comme ça
(rires)…
N’est-ce pas ironique de pré-
senter un premier ministre
travailliste qui sauve à sa ma-
nière la monarchie ?
Oui, c’est vrai (rires)… Mais
Tony Blair est-il vraiment tra-
vailliste ? (silence)… Je ne le
crois pas…
> Propos recueillis
par J. Z.
•“The Queen” de Stephen Frears
(France/GB/USA/2005/1h39), avec
Helen Mirren, Michael Sheen
Sortie le 18 octobre
RROOIISS EETT RREEIINNEE
> “The Queen”
Un portrait d’Eli-
zabeth II sauvé
par Tony Blair
juste après la
mort de Lady Di.
Loin de la carica-
ture, le réalisa-
teur Stephen
Frears confronte
le pouvoir du
deuil et le deuil
du pouvoir.
Si Anders Morgenthaler, jeune
trentenaire, est connu dans
son pays, le Danemark, pour ses
illustrations de l’actualité dans le
quotidien danois Politiken, ses
bandes dessinées et une série
culte pour enfants, il réalise avec
“Princesse” un premier long-mé-
trage interdit au public mineur.
“Princesse”, ça a pourtant le goût
d’un dessin animé pour enfants,
comme “Princesse Mononoke”
de Miyazaki ou “Princes et Prin-
cesses” de Michel Ocelot. Sauf
que “Princesse”, c’est un peu “Kill
Bill” version tarte aux poils, le
premier manga européen à
(même si son auteur réfute ce
qualificatif, sans doute a-t-il rai-
son) la fois ultra-violent et ultra-
attachant, l’histoire d’un prêtre
qui, après avoir récupéré la fille
de sa sœur âgée de 5 ans, part
venger cette sœurette qui, j’ai ou-
blié de vous dire, était aussi star
du porno : “« Je ne suis pas scan-
dalisé. Je ne suis pas un puritain
nouvelle mouture. Mais j’ai mes
opinions, et je n’en peux plus de
cette indifférence “libérée” vis-à-
vis de la pornographie », a ainsi
déclaré Morgenthaler lors du der-
nier festival de Cannes où son
film était sélectionné à la “Quin-
zaine des réalisateurs”.
Pourtant, son héros, prêtre angé-
lique et exterminateur qui va exé-
cuter dans un bain de sang tous
ceux qu’il tient pour responsables
de la mort de sa sœur. Malin,
peut-être trop, Morgenthaler mé-
lange animation et prises de vue
réelles, ce qui lui permet une li-
berté de ton unique, comme
cette image de petite fille castrant
un agresseur à coups de pied-de-
biche. La vision est en animation,
ce qui allège l’horreur de la scène.
Ce n’est donc pas un dessin
animé porno… “Princesse” parle
de l’enfance face au porno, de
mémoire collective envahie par
ses postures, de bouches grandes
ouvertes, ses jambes quasi écarte-
lées. Et Morgenthaler d’en appe-
ler à un retour au sexe : « Je suis
vraiment un fan de sexe… Et je
pense que probablement toi aussi
tu es un fan de sexe. Je ne veux
pas baiser dans une seule posi-
tion, je veux faire l’amour dans
toutes les positions. Mais… Je ne
suis pas un fan de porno… Je
pense que le porno, c’est l’exact
contraire de la sexualité. C’est
rien du tout, une toute petite fe-
nêtre sur ce qu’est réellement la
sexualité. Le porno, c’est juste du
business qui en plus contamine
l’imaginaire des gosses. Contre
cette industrie, je ne peux pas ac-
cepter d’avoir une conduite de
vie puritaine. Donc, j’ai fait un film
pour faire comprendre aux gens
que le porno, c’est dangereux et
malsain. » En clair, on a le droit
de faire l’amour comme on veut,
mais tout dépend avec qui. Après
avoir divisé le public cannois,
“Princesse” s’apprête ainsi à scot-
cher le public hexagonal. À voir,
le cœur bien accroché.
> J. Z.
•“Princesse” d’Anders Morgenthaler
(Danemark/2006/1h30), avec Stine
Fischer Christensen, Thure Lindhardt,
Mira Hall
Sortie le 4 octobre
NNÉÉEE SSOOUUSS XX
> “Princesse”
Déjà classé X dans
son pays d’origi-
ne, le premier
manga danois est
une déclaration
de guerre à l’es-
prit porno qui en-
vahit nos vies mo-
dernes. En clair,
des larmes et du
cochon pour une
animation interdi-
te aux mineurs.
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