À TOUT VA Photographie Guy Delahaye « Manifeste – Oratorio » d’après le journal, articles et notes de travail de Didier-Georges Gabily, mis en résonance avec les photographies de Guy Delahaye sur les créations de Didier-Georges Gabily À TOUT VA Conception Muriel Vernet Lumière Aurélien Villard Musique Peggy Lagay (Piano, Accordéon, Percussions) Danse Margaux Marielle-Tréhouart Avec Marie Bonnet, Sébastien Depommier, Lucie Donet, Laurent Marielle-Tréhouart, Muriel Vernet Aurélien Villard Photographie Guy Delahaye Exposition «mises en scène DGG» Guy Delahaye Esquisse Prieuré de Marnans (mai 2011), Création Festival Avignon Off – Maison de la Compagnie Fraction, 23 place des Carmes (juillet 2011) Reprise Villa Sainte Cécile – La Côte St André (octobre 2011) 2 Sommaire La genèse d’À tout va p. 4 À tout va p.6 La presse en parle p.9 Didier Georges Gabily p.10 Guy Delahaye p.14 Extraits p.15 Instant T photographié p.19 L’équipe artistique p.23 La Cie Choses Dites « Dans les champs de la langue, Didier-Georges Gabily voyait loin. De chacun de ses voyages en écriture il revenait avec quelques morceaux inouïs, d’une saisissante humanité » Bruno Tackels p.29 Photographie Guy Delahaye 3 Femme de théâtre en prise directe avec son temps, je défends un théâtre de la langue – un théâtre poétique – et mes choix de créations naissent avant tout de la rencontre avec une « écriture ». Après avoir travaillé sur bien des écritures contemporaines - ayant dans mon parcours connu les grandes « aventures théâtrales » comme celles de Vitez, mais aussi Chéreau et sa rencontre avec Koltès, ou encore Olivier Py - je n’ai cependant jamais vu ni croisé le théâtre de Didier Georges Gabily de son vivant. Aussi, cette rencontre – solitaire, uniquement par le livre - avec l’univers et l’écriture de Gabily, fut-elle de l’ordre de la déflagration, et tout particulièrement La genèse d’À t out va... cette œuvre inclassable qu’est son triptyque Gibiers du Temps. Tout de suite, j’ai eu envie « d’éprouver » cette matière, d’en faire l’expérience, de la mettre en corps et en voix, de la convoquer « au plateau ». Après avoir travaillé sur Chimères au cours d’un atelier avec des étudiants de conservatoire, je me suis attelée à ce Gibiers du temps avec mon équipe sur un chantier de création Gibiers (matériaux/fragments) du Temps. Plus nous travaillions et cherchions, plus l’ampleur, la complexité et la richesse de l’œuvre m’apparaissaient « Inouïes »… Il était incontournable d’éclairer, de sertir et fouiller de toutes parts, dans tous les écrits de natures diverses de Gabily. J’ai donc lu : son théâtre, bien sûr - mais aussi ses articles, notes de travail, romans, poèmes… C’est donc à ce moment-là qu’est né le désir de faire entendre aussi ces textes-là - à priori voués à l’écrit - faire entendre cette parole et cet homme – ce visionnaire à la langue incandescente, à la pensée aiguisée, éclairante, adressée au monde, aux « acteurs », à nous tous. Puis, il y a les belles rencontres qui aident et soutiennent… Ces textes naviguant de « l’intime au publique », nommant quelques compagnons de route, j’ai rencontré Bruno Tackels, dramaturge de Gabily, « l’oreille amie », et Frédérique Duchène, la compagne aimée, « l’actrice prophétique »… Tous deux m’ont encouragée, ont aussi nourri notre travail par leurs regard attentionné. Enfin, l’invitation de Jean-François Matignon - autre compagnon de route de Gabily - à venir « faire ce que je veux » dans « la petite maison de sa Compagnie», place des Carmes à Avignon, pour le festival 2011. «Textes inouïs, lieu improbable »…. Tout était là pour faire partager ces pépites d’humanité qui aident à vivre, à rester debout au cœur du monde… 4 Tout ? Non, il ne manquait que mon ami Guy Delahaye et son regard, qui photographie depuis longtemps mes spectacles. Au cours d’une conversation où je lui parle de ce travail autour de Gabily, il va chercher dans sa « Caverne laboratoire » des planches de photos qu’il avait faites à l’époque des propres mises en scène de Gabily…. Puis comme moi, tombe « amoureux » de cette petite maison place des Carmes, où ses photos ne peuvent que résonner dans la simplicité du lieu et répondre aux corps et voix de cette belle équipe d’acteurs qui fera exister cet « À tout va » - quête insatiable de l’être au monde, pris dans la nécessité aveuglante de chercher la lumière et fouiller une impossible vérité… Ainsi est né « À tout va »…. Muriel Vernet, Avril 2012 Photographie Guy Delahaye 5 À tout va Une invitation au voyage dans l’univers de Didier-Georges Gabily. Un regard proposé non seulement sur l’artiste – écrivain, metteur en scène, dramaturge, chef de troupe - mais aussi sur l’homme, ce citoyen enragé voire engagé avec ses questionnements politiques, artistiques, personnels... Une clef de voûte pour mieux comprendre et entrer dans cet univers littéraire, poétique et théâtral qu’est l’œuvre prolifique de Gabily. Un avant-propos à nos Gibiers du Temps, épopée théâtrale contemporaine qui questionne avant tout notre désir et liberté… « Pas envie de parole intelligente, pas envie de parole poétique, envie de boire à la coupe du réel qui m’échappe (…). Créer le désir, dérober l’assouvissement du désir. Avec ça on peut toujours croire à la révolution. » D-G Gabily Photographie de B. Bessy À tout va Villa Sainte-Cécile La Côte Saint-André Triptyque qui convoque toute la force des mythes fondateurs au coeur du monde Gibiers du temp s époque), contemporain. Voix Cette (deuxième oeuvre époque), en trois Phèdre, époques fragments - Thésée (première d’agonie (troisième époque) - puise au mythe de Phèdre, Thésée et Hippolyte sans pour autant être une pièce «sur» cette mythologie, et encore moins son adaptation ou son actualisation. Avec ce «théâtre roman», ce sont bien les schémas et archétypes de la mythologie qu’utilise Gabily, avec toute la pertinence qu’ils renferment à regarder le monde d’aujourd’hui, pour constituer une véritable épopée théâtrale, oeuvre majeure - la plus longue, dans laquelle la résonance du mythe dans le monde contemporain embrasse toujours, en pleins d’endroits, l’Humanité toute entière. «Tragédie de la coupure», Gibiers du Temps redonne aussi «voix, éros et chair à tous les blessés», elle donne la parole à tous ceux qui ne l’ont pas ou plus... et la langue éminemment poétique et concrète de Gabily, sa force et son esprit corrosif ne peuvent que convoquer notre monde d’aujourd’hui et créer une déflagration dont il a bien besoin en ces temps de perte de la langue, de perte du «poème en soi», où toute prose de parole longue et constituée n’est presque plus acceptable... 6 À tout va Une traversée littéraire, architecturale et photographique du paysage gabilien. Un mariage avec le chant et la danse, très présents dans les pièces et romans de Gabily. Ce spectacle mêle fidèlement à la mise en scène une écriture exigente au regard des pièces de l’homme de théâtre photographiées par Guy Delahaye. Son théâtre est un théâtre choral, un théâtre de bande, un théâtre organique… Toujours fasciné par les langues archaïques et vibratoires comme celle de Robert Garnier ou de Paul Claudel, sa propre écriture appelle aussi la « parole proférée », et possède une grande musicalité. D’ailleurs il reprenait souvent Le soulier de satin : « cette phrase de Dona Musique dans Celui qui ne sait plus parler, qu’il chante ! » Nous avons donc créé une partition musicale – Piano, Accordéon, quelques Percussions, Voix – et mis en chansons «Comptines et ritournelles» qui traversent tous les écrits de l’auteur. Nous avons également ajouté la danse pour ainsi expérimenter un travail chorégraphique en résonance avec cette écriture qui appelle tant les corps, présences incontournables, notamment sur des textes de nature particulièrement poétique. La particularité de ce projet, investir des lieux dits atypiques. Une difficulté alors réinventée pour donner un sens unique à cette proposition. En découle un travail de recherche avec l’espace pour créer un univers singulier notamment par la lumière et l’installation légère et précise qui chaque fois propose des Photographie de Gérard Berne À tout va Festival Avignon 2011 «points de vue» différents. Ce choix scénographique permet une mise en scène, une installation et une architecture de l’exposition différentes pour chaque lieu où le spectacle est joué. Ce « parti pris » nous conduit à modifier le regard et l’écoute des spectateurs ainsi que la présence des acteurs ; eux mêmes portés par cet autre espace de présences créé par la force et la densité des photographies des comédiens en jeu. Il amène aussi à faire découvrir «autrement» à ces passagers curieux un lieu de patrimoine, de mémoire, un lieu du quotidien, plus urbain ou contemporain, en préservant toujours ce rapport intime entre écoutants et écoutés. À tout va du a été créé à «quotidien» avec Avignon dans une petite maison de ville entrée, cuisine, chambre et petite cour… Puis repris dans une vaste demeure du 18ème, La Villa Ste-Cécile à La Côte St-André avec petits, grands salons, cour intérieure, atelier de peintre… Nous avons en projet d’investir une ancienne usine désaffectée, des loges et sous sols de théâtres, un cloître, un tribunal.…. 7 Il s’agit donc de décliner et faire entendre les motifs insistants et les diverses variations qui peuplent l’espace littéraire de Gabily, à la fois auteur de théâtre, de romans, d’articles pour la presse… Certains des textes extraits de son journal et de ses notes de travail sont à la croisée des chemins « Publiques – intimes », toujours portés par une écriture exigeante et une langue vibratoire, nourris par le regard entier et incisif qu’il posait sur le monde. Le désir est de proposer un voyage, une traversée, un partage… A l’image d’une vie, faite d’engagements, de doutes, de bouleversements, d’aventures, de rencontres, visages et paysages divers…. Nous avons donc travaillé sur des articles pour la presse - – des sur quelques textes de écrits, questions facture politique, programmes et de réflexions philosophique théâtre sur l’art ciblant et la société - des notes plus personnelles, autobiographiques, lettres - des passages de romans, quelques extraits de théâtre, enfin le chant/champ purement poétique (poèmes dramatiques, allégoriques, prophétiques)…. Montage et textes choisis tirés de : À tout va - Journal, 1993-96, Extraits de l Pour Les Cahiers de Prospéro, Fév.96 – Corps du délit l Pour la revue d’esthétique, Mars 94 – Fragments de Mars l Pour le théâtre des Bernardines, Mars 96 l Ange, art, agonie ébauche l Dernière charrette - une imprécation calme l Notes de travail, Extraits de l L’écart, l’entre-deux l Notes éparses sur Enfonçures l Lalla (ou la Terreur) l Extrait du monologue l Postface de Chimère et autres bestioles l Harangues Berceuses avec chambre la nuit, télévision et un enfant (malade) l Théâtre du mépris 3 - Comptines Ahou maou… Croquis - Aurélien Villard Contention - Comptines Avais beau chapeau… Violences - Comptines Ça fait rien si le roi t’aime pas… L’Au-delà - Comptines Merde à dehors… Enfonçures - Oratorio / Matériau - Cinq rêves de théâtre en temps de guerre Nous nous sommes donné la liberté de transformer le cheminement, d’avoir dans notre valise d’autres textes – d’enlever, rajouter, remplacer - en fonction des lieux d’accueil et de « l’air du moment »… 8 (...) une amicale invitation au voyage intérieur, À tout va… d’après Didier-Georges Gabily Revue spectacle.com Avignon Festival off endroit privilégié et paradoxal de la Comment définir l’impression que donne ce spectacle ? L’ambiance d’une maison aux volets clos, le charme d’un ancien carrelage, d’un couloir rencontre avec faiblement éclairé qui distribue des pièces comme des lieux de mystère et l’altérité. de métamorphoses ? Des comédiens La presse en pa rle l’importance de nous leur accueillent mission, Gabily, de cette parole singulière avec lire des la textes gravité de due à Didier-Georges qui veut se faire entendre par toutes les voix des générations, parole à la fois poétique, prophétique, avec la pertinence du refus d’un monde en déclin et de celle d’un monde à construire. Rien ne peut vraiment témoigner, autrement qu’en le vivant, ce moment vivre de ensemble, de plaisir mutuel, au gré des apparitions, des musiques, et des voix, une amicale invitation au voyage intérieur, endroit privilégié et paradoxal de la rencontre avec l’altérité. Claude Kraif - Avignon Off 2011 Le théâtre d’ombres de Gabily Dauphiné libéré – Pays de Bièvre-Liers En résidence depuis deux saisons sur le territoire, la compagnie Choses Dites ouvrait de superbe manière la saison culturelle du pays de Bièvres-Liers avec, ce mercredi soir à la villa Sainte-Cécile, la première représentation du (...) déambulation spectacle «À tout va» qu’elle créait l’été dernier au Festival off d’Avignon. Six mois après son adaptation de Gibiers du temps, Muriel Vernet puisait onirique, au cœur dans le journal et les notes de travail du dramaturge pour en transcender les de la superbe questionnements et les révoltes, en extirper la noire beauté et l’exposer à la exposition des lumière froide et parcimonieuse d’une remarquable mise en scène. Fidèle à elle-même, la compagnie s’offrait hier sous un très bon jour. photographies de Et qu’il soit ou non réceptif à la dureté des mots de Gabily, le public Guy Delahaye, bel ne pouvait que se rendre à l’évidence : il avait sous les yeux du beau, hommage à l’œuvre créatrice du très beau. Et ceci par la grâce des comédiens, musiciens, et danseuse maîtrisant parfaitement leur approche de l’auteur et sa mise en espace dans des lieux adaptés à leur déambulation onirique, au cœur de la superbe exposition des photographies de Guy Delahaye, bel hommage à l’œuvre créatrice de Gabily. 9 Naissance à Saumur le 26 août 1955. Enfance et adolescence à Tours. Comédien dans la troupe d’André Cellier. À Paris, au début des années 70, découverte déterminante de l’œuvre d’Adamov. Rencontre avec Bernard Dort qui l’encourage à écrire. 1979 Quitte Paris et rejoint André Cellier qui vient de créer au Mans le Centre Théâtral du Maine. Fonde son premier atelier d’acteurs : l’Atelier Maïathéâtre. 1981 Écrit La Maison sans jardin (France Culture, NRD, Lucien Attoun) et L’Emploi du temps. 1982-1983 Dirige des ateliers de formation au Centre Théâtral du Maine. Obtient une bourse d’auteur du Ministère de la Culture pour Scarron (qu’il Didier-Georges Gabily D-G Gabily auteur metteur en scène 1955 - 1996 met en voix avec des comédiens du Théâtre national de Strasbourg) 1984 Crée en collaboration avec Marc Klein le Centre de Recherche Et de Formation pour l’Acteur (CREFAC). 1986 Met en scène à Evry, dans un garage, la première version de L’Échange de Paul Claudel ; création du DG Groupe (issu du CREFAC), qui fonctionne sans lieu fixe ni subvention pendant des années. 1988 Publie son premier roman Physiologie d’un accouplement chez Actes Sud. 1989 et Met en Nadejda Présente scène Ossia, Mandelstam avec ses au comédiens variations à la Théâtre de Travaux orestiens mémoire Poche d’Ossip Montparnasse. au Théâtre de L’Enfumeraie au Mans (à partir de fragments de L’Orestie d’Eschyle). Le DG Groupe devient le Groupe T’chan’G. 1990 Monte Phèdre(s) et Hippolyte(s), ébauche d’un travail sur un cycle autour du « mythe de Phèdre ». Commence la rédaction du récit Couvre-feux. Publication par Théâtre Ouvert de Corps et Tentations, premier panneau d’un diptyque intitulé Violences (parution de l’intégralité chez Actes SudPapiers en 1991). 1991 Première présentation de Violences à Paris au Théâtre de la Cité Internationale (plus de 7 heures d’un «spectacle manifeste» qui ouvre un « nouveau temps dans le travail du Groupe » : 5 nouvelles créations en moins de 4 ans). Rédige Enfonçures- Oratorio /Matériau : partition théâtrale dont le sujet est Hölderlin (son silence), le contre-sujet, la guerre du Golfe (son vacarme). 1992 Parution de L’Au-delà chez Actes Sud (unanimement salué par le milieu littéraire français). Juillet : lecture de Chimères et autres bestioles à La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. Décembre : le Groupe T’chan’G crée Des cercueils de zing, au Théâtre de la Bastille (d’après les témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch de soldats russes revenus d’Afghanistan). 1993 Reprise de la pièce, qui fonctionne en diptyque avec la création d’Enfonçures. 10 Homme de théâ tre Commence de la Christian rédaction Colin de Théâtre (création à du Mépris 3, commande puis au TGP-Saint- Wuppertal, Denis, 1996). Dirige à l’École du Théâtre national de Bretagne, un atelier-stage qui s’achève par la création des Juives de Robert Garnier. Participe à la création «Les Cahiers de Prospero». 1994 Parution du premier numéro des Cahiers de Prospero. Juin : création de la 1re époque de Gibiers du Temps : « Thésee », au Quartz de Brest. Le projet naît de l’impossibilité institutionnelle de monter le cycle intégral du mythe de Phèdre et « revisite » le mythe, essentiellement à partir de l’Hippolyte d’Euripide. 1995 Mars: création de la 2e époque de Gibiers du Temps : «Voix», aux Fédérés. Novembre : représentation de la 3e (et dernière) époque de Gibiers du Temps « Phèdre, fragments d’agonie » au Théâtre national de Bretagne à Rennes. Décembre : représentation du triptyque au Théâtre de Gennevilliers (puis en février 1996 au Théâtre de la Métaphore à Lille). 1996 Reprend la rédaction de Lalla, ou la terreur (théâtre-roman). Juillet : répétitions de Dom Juan de Molière et de Chimères et autres bestioles au Théâtre des Amandiers à Nanterre. Interrompues par le décès de Gabily, le 20 août à Paris des suites d’une opération. Le Groupe T’chang’G décide de poursuivre le travail sur Dom Juan / Chiméres (création au TNB à Rennes en octobre). Théâtre Corps et Tentations, premier panneau du diptyque Violences, Tapuscrit n°63 Théâtre Ouvert, Paris, 1990. Violences, un dyptique : Corps et Tentations suivi de Âmes et Demeures, Éditions Actes Sud-Papiers, Arles, 1991. Enfonçures, Oratorio /Matériaux, Éditions Actes Sud-Papiers, 1993 (épuisé) (rééd. avec des ajouts, 1996). Gibiers du Temps, Éditions Actes Sud-Papiers, 1995. T.D.M.3, Théâtre du Mépris 3, Éditions Actes Sud-Papiers, 1996. Dernière charrette (une imprécation calme), publiée dans le livret-programme de la saison 1996-1997 du théâtre Les Fédérés, CDN de Montluçon. Contention (un baisser de rideau), in Théâtre contre l’oubli, Actes Sud-Papiers, 1996 Lalla, ou la terreur, Éditions Actes Sud-Papiers, 1998. Zoologie, 1984 (inédit). Hinkeman d’Ernst Toller, traduction du texte original de la pièce établie en collaboration avec Mireille Davidovici, 1982 (inédit). Mise en scène de D-G Gabily photographié par Guy Delahaye Romans et nouvelles Physiologie d’un accouplement, Éditions Actes Sud, 1988. Couvre-feux (récit), Éditions Actes Sud, 1990. L’Au-delà, Éditions Actes Sud, coll. « Générations », 1992. Incident, 1994 (inédit). Poèmes Phèdre(s) & Hippolyte(s), « La Métaphore » (revue), n°3, printemps-été 1995. Harangue berceuse, postface à Chimères et autres bestioles, Actes Sud-Papiers, 1994. Cinéma D.G. Gabily, Partie de, court métrage, Venacoproduction, 1987. Pascaline Simar, Le Violoncelle, moyen métrage, dialogues écrits en collaboration avec P. Simar, Les Productions Cercle Bleu, 1988. Philippe Orhendi, Voyage dans une toile, téléfilm, scénario et dialogues, long métrage, Agal Production / FR3, 1990. Guy Marignagne, Alberto Segales, Feux et anges, scénario, co-production franco-espagnole Quetzal Films-Spetimania, 1991. 11 Propos recueilli s - Le Monde - 13 nov. 2003 Bruno Tackels, rédacteur à la revue Mouvement, publie Avec Gabily, voyant de la langue un essai éclairant sur le dramaturge, dont il fut proche. Quelle place occupe Gabily dans l’actualité ? Son théâtre tranche singulièrement dans le paysage. Il est mort il y a sept ans et son écriture n’est pas encore déchiffrée. Quelques metteurs en scène ont tenté de s’en emparer : Stanislas Nordey, Aurelin Recoing, Jean-François Matignon, et, cependant cette langue est restée inédite, pas frayée, pas vraiment repérable. Quelle était la fonction du groupe d’acteur chez Gabily ? Les acteurs de Gabily étaient dans un sens deleuzien, profondément délirants. Ils formaient une communauté de fous. Ils osaient se dégonder, comme une porte qui sort de ses gonds, sortir d’eux-mêmes. Il y avait chez eux quelque chose de cette vieille tradition – au fond – chrétienne – de l’extase, qui demande une immense confiance dans celui qui est en face, le metteur en scène. Comment naît Violences ? Le jour où les acteurs lui disent : « On sait que tu écris, pourquoi n’écrirais-tu pas pour nous ? » Belle idée, qu’il ait accouché ses acteurs et que ses acteurs aient accouché de l’écrivain. Il écrit Violences pour Yann-Joël Collin, pour Jean-François Sivadier et les autres. En aucun cas il n’aurait écrit la même chose s’il avait eu d’autres acteurs. Et c’est peut-être une difficulté du devenir de son écriture. Qu’en reste-il ? Contrairement à Koltès et Lagarce, il n’est pas dans le circuit des contemporains largement embrassés. Et, soudain, on a l’impression de passer à un autre temps que les gens qui ont travaillé avec lui peuvent à nouveau le regarder en face, se refrayer un chemin dans ses textes. Cela présage un troisième temps, qui sera le vrai lâchage. Combien de pièces a t-il écrites ? Six pièces ont été publiées chez Acte Sud, mais il y a au moins autant d’inédits. L’œuvre est considérable. Il y a des inédits de grande valeur, comme Ossia, sur la vie de Mandelstam, allégorie sur le communisme et son effondrement ; il y a Evénements, un texte extraordinaire sur mai 68 ; il y a un roman magnifique à partir de la Mouette de Tchekhov. Des poèmes, des chansons, des films, des scénarios. En vingt ans, il a couvert énormément de champs. A-t-il des continuateurs ? Il n’y a pas eu d’école, il ne représente pas un modèle flamboyant à la Vitez. Il est mort dix ans trop tôt pour lui être comparé, même s’il a des points communs avec lui. Mais sa dramaturgie traverse de part en part la génération actuelle, parce 12 que personne ne fait l’économie de la guerre ni celle des motifs mythologiques. On le voit chez Laurent Gaudé, Emmanuel Darley, Yann Apperry, Olivier Py. Et, comme par hasard, tous se situent entre le théâtre et roman. Quelle place accordez vous au romancier ? Elle a été minorée parce que l’élément le plus visible a été le théâtre. Du coup, les trois romans publiés n’ont pas été recensés à l’époque. L’Au-delà (Actes Sud) est essentiel. Il prend au sérieux l’idée que la misère du monde dont parle Bourdieu est l’élément structurant du siècle finissant et qu’il faut travailler à partir de ça. A condition d’oser le pari de la fiction, ce qui est d’une incroyable difficulté. Où se situe le metteur en scène ? Il est un peu en retrait, un peu souffrant aussi tiraillé entre les exigences du groupe d’acteurs et celles de l’écriture. La posture de metteur en scène n’était pas de grand confort et, pourtant, comme il disait toujours : «Je me dois d’y revenir.» Il y avait chez lui une double tendance : celle d’aller vers le jour, de faire entendre et, en même temps, avec cette modestie paysanne, celle de ne rien vouloir lâcher, de ne pas laisser les choses filer tant qu’il n’était pas sûr. Quel est le poids de la langue ? Le travail de l’écrivain Gabily est très physique. Même s’il a une forme théorique. On en parle rarement, mais c’est un grand théoricien. Il avait beaucoup lu, avait un rapport à la philosophie intuitif, mais précis, impressionnant. Je me souviens de discussions sur les grecs, sur le XVIIe siècle, sur Rousseau. Je pense qu’il aurait continué à écrire de la théorie, comme Vitez. Quelle est la place de Violences ? L’Au-delà est le roman fondateur et Violences la pièce fondatrice. A nouveau: comment la misère du monde s’enracine dans la mythologie. D’où la nécessité de repasser par le vieux terreau des Atrides et de dire qu’au fond ce n’est jamais que d’une famille que naissent toutes les guerres. Il y a des prémonitions sur le terrorisme actuel – il n’aurait pas mis ce mot -, mais il dit : « Les villes sont des champ de mines. » Ce n’est pas un hasard si Sarajevo l’avait travaillé à ce point. Il cherchait à comprendre ces guerres civiles démultipliées en repartant des mythologies : qu’est ce que la famille trahie, à venger, vengée, se vengeant ? Propos recueillis par J.-L.P. Photo Delahaye C’est un acteur du groupe tchang. C’est une photographie de Guy Delahaye. La photographie a été prise à la Chartreuse de Villeneuve Lès Avignon durant une des représentations des Cercueils de zinc. Guy n’a photographié que les visages des acteurs, obsessionnellement. Je regarde ce visage. Je me dis que ce pourrait être quelqu’un d’autre qu’un acteur du groupe tchang. Un suppliant-peut être. Qulqu’un du monde qui ne tourne pas rond. Je suis heureux que cela puisse être possible. Je me dis aussi que ce ne pourrait pas être la photographie de quelqu’un d’autre Témoignage que Guy Delahaye. Austère et un peu folle, comme ça, sans effet, sans joliesse, justement habitée. Le néon pendouille du ciel et - pas de doute - le ciel est vide. Un homme (un acteur se redresse et à ses pieds -hors cadre, donc - le monde doit continuer à se répandre en paroles cadavéreuses, en violences, en gesticulations. L’homme (l’acteur) se tait avant de reprendre bouche avec le monde et dire à son tour, peut-être, son fait au monde avec les paroles de la défaite et de l’humiliation. Et la lumière macule son crâne. A son front, la lumière coule. Didier Georges Gabily. Propriété de l’IMEC, tous droits réservés 13 Né le 17 janvier 1943 à Tully, petit village de la Picardie profonde.Ne compte que des ouvriers dans son arbre généalogique et en tire une certaine fierté. Péripéties scolaires inénarrables et études accidentelles après un séjour idyllique au sanatorium des étudiants, à Paris. Bifurcation d’études utiles vers des études futiles. Licence de lettres puis préparation d’une thèse sur « Villard de Honnecourt et l’architecture du XIIIe siècle en Europe ». Prend quantité de photos pour illustrer ladite thèse. Après un beau cursus de pion dans divers lycées, devient Conseiller d’Education pour pallier aux pénuries pécuniaires dues aux activités susdites peu lucratives par nature. Premières photos de spectacles lors de l’ouverture de la Maison de la Culture de Grenoble en 1968. Divorce avec empressement pour se remarier avec à-propos et fabrique une fille photogénique. Abandonne l’enseignement le jour de ses quarante ans, comme prévu, le 17 janvier 1983. S’ensuivront 600 000 photos sous forme de négatifs qui se transformeront en 320 expositions différentes, quelques livres, des centaines d’affiches, de programmes et de parutions diverses. A publié pratiquement dans tous les supports de presse sauf Minute par Photographe aversion et Playboy par omission. Coupable de faiblesses artistiques pour Y. Beaunesne, P. Chéreau, G. Lavaudant, P. Bausch, J. Bouvier et R. Obadia, A. Preljocaj, C. Carlson, U. Amagatsu, B. Wilson, P. Brook. Se souvient de Kantor, de D-G Gabily. Guy Delahaye Continue « de nos jours », à sillonner le monde en quête de ceux qui font le spectacle vivant et par qui la vie vaut d’être vécue. Expositions dans plus de 60 villes dans le monde entier. Portraits de plus de 75 artistes. Guy Delahaye a réalisé plus de trois cents expositions, illustré une trentaine de livres et publié des ouvrages sur Pina Bausch, Carolyn Carlson, Sankai Juku, Jean-Claude Gallotta et Angelin Prejlocaj. Photographie de Gérard Berne À tout va - Festival Avignon 2011 14 Notes de travail Mai 1995 « L’art est tout, quoi qu’ils en disent. Ce qu’il en est de l’art de l’acteur – une toute petite partie de ce tout (quoi qu’ils en disent aussi) – est essentielle parce qu’elle est une des seules voies qui nous parle directement : Un chant – le chant le plus simple et, évidemment le plus difficile à mettre en œuvre. Il est si reposant de faire semblant dans Ce qui n’est pas l’art n’est rien, quoi qu’ils en disent. Une formalisme) formelle où les (oui, formelle, hommes voilà repus (la bien l’unique et total majorité) croient se dans monde de reconnaître parce qu’elle semble leur parler. Il ce monde singerie est si reposant de faire semblant ce faux-semblants. de faux-semblant. Ne soyez pas de ce semblant-là, si c’est possible. Evitez-le, si c’est possible encore. Soyez, si c’est possible, et chacun à votre rythme, à votre force, celui qui fait le geste non reconnaissable, soyez la voix inouïe, le corps non repérable en ces temps de fausse sagesse et de vénale ressemblance. Et pour l’à-venir vous concernant, cette chose si petite, si humble, et Extrait d’orgueil lent et long mêlé, d’humanité mêlée, devenez, comme vous le pourrez, une durée d’exigence. Un seul mouvement, si c’est possible, qui va de chacun à tous, et qui ne s’impatiente pas de la surdité des hommes. » Didier Georges Gabily Croquis - Aurélien Villard 15 Corps du délit Février 1996 Jours sombres. J’écrivais les yeux contre le mur. Dos au monde. Extrait L’écoutant, le monde. une grimace ; ricane encore, et la grimace ne cesse de s’accentuer, Jours sombres. J’écrivais les yeux monstrueuse, jusqu’à disparaître. contre le mur. Dos au monde. Un verre de rouge, alors. Un autre. L’écoutant, Quand Encore. Il (le verre) est dessiné c’était possible. Ce n’était pas sur la feuille. Quand les mots se toujours possible. Des lieux de tordent vient le dessin tordu. Je hasard, de raccroc, d’abîme. C’était suis dans l’arrière-salle de ce café ma vie. Longtemps ce fut ma vie. de province dont je me souviens Des feuillets perdus qui n’étaient bien. C’est à Tours. J’ai dix-sept souvent même pas des feuillets ans. Face au mur. Les oreilles mais tout ce qui me ouvertes. le monde. tombait Les yeux penchés. sous la main - surtout l’intérieur J’entends. Les voix avinées. Les des paquets de cigarettes et les commentaires carnets de commande des vieux qui ne parlent bien d’eux-mêmes bistrots à l’en tête de Cinzano ou et des richesses pauvres de leur de Byhrr – écriture minuscule, vie que dans l’ivresse ou dans illisible, l’agonie, ratures ; des cahiers de quand tous le ceux-là Dieu s’est (perdus, aussi pour la plupart) emparé d’eux. J’écris. Des mots, quand la main allait s’attarder des phrases, des paragraphes, dans les papeteries et toucher les des corps du délit, les pages lisses et raturés. Un champ de bataille où blanches comme des vierges, les les vergés sans tâches. sur les blanches avec les flèches Enfouir alors dans sa poche avec la peur de se faire prendre le corps du délit où se coucheraient les premiers mots d’un poème (insatisfaisant), d’un roman d’une les débuts (désespérant) pièce (insane) ; ou puis aller dans les librairies, la main chapitres masses biffés, noires rayés, l’emportent et les traits qui désignent et qui tuent, avec les cadres qui préservent, les châteaux de sens insensés, appelés à leur tour à se faire assiéger par le doute et reviennent alors les flèches et les traits…. La première version de quelque chose qui parlait pour la première fois de tous ceux-là qui Jardin clos, déjà. glissant à nouveau sur les pages Champ ou creuse harmonieuses de glissant les le soc en petit caractères qui disaient le livre, périmètre. J’ai longtemps désespéré de cette Un commencement. Ecrire – le mouvement d’écrire, pas s’envisager, qui s’envisage c’est-à-dire aussi d’écrire ; c’est- pourtant, qui devine que là aussi à-dire, encore plus, l’artisanat, réside une part essentielle de le labeur à l’œuvre – était tout, l’approfondissement demeure Après, j’ai voyagé. grisées maintenant sur de signes, caractères, signes, les sa fin et son commencement. fin et de ce commencement. par-dessus tout ce pour tout ne parlent pas, je l’ai écrite, là pourtant. Ca avait commencé. Le palimpseste qui serait mille fois déchiré puis de nouveau assemblé. Face au mur. Là. Aussi face au miroir de ce café – il suffit de relever la tête qui est en général penchée, qui ne veut (aussi le moi, et risque de l’avilissement). Jardin l’ange du clos, déjà. Champ ou creuse doute – quand ce n’était pas le le soc en petit périmètre. Un démon – souriait (sourit encore) commencement. doucement – le démon, lui ricanait voyagé. 16 Après, j’ai On dit : j’ai vécu. Des lieux, des lieux, taraudait (passion qui n’est peut- lieux, des lieux ; des visages, être qu’une seconde façon de des visages ; et tourner le dos au monde – je veux des injures, et d’amoureuses dire à l’obscène mondanité mais paroles qui s’oublient si la main avec l’autre – l’acteur, le public – des aveux ne les a notées sur les corps des lieux ; du délit. Je n’oublierai pas. J’ai beaucoup noté. Un bout de vie des visages, avec le monde qui change et des des visages ; des aveux et des injures, murs qui s’écroulent et des crises Extrait sur les corps du J’écris dos au mur, envisageant mon joyeux désert (peuplé) et ceux (rares) qui y habitent ou le visitent. Des petites âmes obstinées. Dos au deuil d’humanité), un jour, disaisje, j’eus cette chose, ce lieu pour moi où demeurer hors le hasard, pour s’abîmer soi seul. Une joie. Ce sont mes amis ceux qui me libéralisme montant, triomphant, main ne les a notées accomplissement comme en son le raccroc, l’abîme. Un endroit Un bout de vie avec la haine du qui s’oublient si la le public – chaque jour en son Je n’habite nulle part. Chez tous. nous nous aimons, quelque fois. paroles envisageable, envisagé – l’acteur, qui naissent et qui persistent. logent pour écrire et manger – et et d’amoureuses délit. On dit : j’ai vécu. Des lieux, des s’épandant sur des restes de la dernière révolution et de ses devenusavec en la cadavres haine art, totalitaires, du naturalisme montant, triomphant, s’épandant sur les scènes de toutes les renonciations accompagnant la nouveauté (je dis, oui, nouveauté et encore l’impensé) totalitaire qu’est devenue la télévision. Ce sont mes amis ces lieux qui m’accueillent leur et tournant m’acceptent, le dos. Et aucun chemin ne se dessine vraiment. Mais quelque chose s’est creusé à force. Il y a des voix qui ouvrent et c’est là que le corps fouit, s’abîmant, c’est là que l’esprit reprend souffle. Jours éclairés. Je ne vais pas parler des rapports précieux et néanmoins conflictuels j’entretiens avec ma que machine (ordinateur) à écrire. Ainsi tout va. Ratures et biffures demeurent dans les ventres et les mémoires. On peut croire que ça change quelque chose. Ca ne change rien. Des carnets sont ouverts qui seront perdus et d’autres verres de vin rouge (ou d’autres alcools, whisky surtout s’y dessinent qui seront bus. L’écrivain (en déduira-t-on) est mieux payé de son travail. On aura raison. C’est un moment fragile, et l’écrivain sait qu’il ne durera peutêtre pas. Mais. La table fait face à la pièce. Je regarde. J’écris dos au mur, envisageant mon joyeux désert (peuplé) et ceux (rares) qui y habitent ou le visitent. Des petites âmes obstinées. Un jour – c’est près de vingt ans Dos au mur, face au monde. plus tard – j’ai quelque chose Ce doit être un progrès bien que je pour moi où demeurer. Un jour, sache depuis longtemps qu’il n’y a grâce à des acteurs de théâtre et pas de progrès en art – mais (peut- à quelques figures tutélaires, à être) des accomplissements de vie. cause aussi – surtout – de cette Un retournement qui n’est pas une passion pour le théâtre, tout à révolution, hélas. Tout tremble. la fois complice et concurrente Il y a seulement la nécessité des de l’écriture, et qui naquit dans choses vivantes. D’un mouvement. le même temps où l’envie de Des mouvements tremblants. tourner le dos au monde me mur, face au monde. 17 Ecris pour le ciel changeant, me dis-je, écris pour tous ceux qui passent sous le ciel, D’une révolte l’ordre un autre haut mur. C’est une (établi, conscient, inconscient). transparence. Car au-dessus de ce D’un approfondissement sans fin haut mur. Je vois le ciel. Un petit (aussi sans mystique), désespéré bout de ciel changeant. Voici les d’espérer. Il y a une femme qui faits. Ecris pour le ciel changeant, lit. C’est mon amour qui fait me dis-je, écris pour tous ceux qui silence et qui contre Désespéré passent sous le ciel, les ombres et d’espérer. Nous tous. Et ma petite lit. les hommes ; écris là où tu te tiens, fille fait sa sieste à l’heure où toutes regardant les roses et les pierres. les petites filles font encore leur les ombres et les sieste. Nous tous. Et j’attends des nouvelles d’un acteur qui risque hommes ; écris là où de faire défaut aux mots que j’ai écrits pour lui. Il ne viendra pas. tu te tiens, Il fera défaut. Nous tous. Il y a deux fenêtres et je lève les yeux, regardant les roses et je sais maintenant que je n’ai nul besoin d’un mur face à moi ni et les pierres. d’un miroir face à moi. Il y a un clos où poussent miraculeusement quelques roses que je vois battre Extrait au vent quand je lève les yeux. Et derrière le clos et les rosiers, Croquis - Aurélien Villard 18 Didier Georges Gabily Instant T photo graphié Photographies de B. Bessy À tout va Villa Sainte-Cécile La Côte Saint-André 19 Instant T photo graphié Photographies de B. Bessy À tout va Villa Sainte-Cécile La Côte Saint-André 20 Instant T photo graphié Photographies de B. Bessy À tout va Villa Sainte-Cécile La Côte Saint-André 21 Instant T photo graphié Photographies de B. Bessy À tout va Villa Sainte-Cécile La Côte Saint-André 22 L’équipe artistique 1961, le 9 février naissance au bord du lac d’Annecy où elle fréquente assidûment le conservatoire de musique en piano et chant. 1980, arrivée à Lyon au Conservatoire d’art dramatique. 1981, s’installe à Paris pour y vivre de nombreuses années ; suit le cours J.L. Martin-Barbaz. 1983, entre à L’Ecole du TNP de Chaillot où elle fera des rencontres décisives pour toute sa vie : A.Vitez, Y. Kokkos, M. Marion ; parallèlement à ses années d’école, elle continue à Paris la danse, le chant et s’intéresse particulièrement à la poésie, l’écriture et le cinéma. À partir de 1986, comédienne au théâtre avec J-L. Martin-Barbaz, M. Marion, S. Charrier, J-P. Rossfelder, F. Roy, F. Bourcier, au cinéma avec F. Comencini, Bruno Nuytten ; suit la classe de M. Marion au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris et est assistante mise en scène sur les travaux de sortie ; donne ses premiers cours de théâtre au Cours M.Granvalle. 1993, de nouveau en Rhône-Alpes, continue son métier de comédienne Muriel VERNET avec Michel Belletante, Nino d’Introna, Moïse Touré, Thierry Mennessier ; metteur en scè ne et comédien ne poursuit l’enseignement et la direction d’acteur au CNAC de Chalons, au Festival d’été de Carcassonne, avec des classes option théâtre et enfin au Conservatoire de Grenoble où elle co-dirige le département théâtre. 1999, co-fonde la Cie Choses Dites avec Laurent Marielle-Tréhouart et travaille à ses propres créations. 2004/2008 résidence à l’Hexagone scène nationale de Meylan. 2010/11/12 nouvelle résidence de territoire en Bièvre-Liers… projet de création de « Gibiers du temps », triptyque de Didier-Georges Gabily… Divers chantiers de création proposés au fil des trois années de résidence, en résonance au triptyque de Gabily qui convoque toute la force des mythes fondateurs au cœur du monde contemporain… Muriel Vernet crée à la scène avec la Cie Choses Dites : Gibiers (matériaux/fragments) du Temps, chantier artistique autour de Gibiers du Temps de Didier-Georges Gabily, 2011 – À tout va, ManifesteOratorio D’après le journal, des articles et notes de travail de Gabily, juillet 2011 – Phèdre de Yannis Ritsos, 2010 , 2011 - Et si on jouait au camion, Marguerite ? » d’après Le Camion de Marguerite Duras, 2008-2009 – Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon, 2008 – Rencontres avec Bram van Velde… ou l’art pour ne pas être broyé de Charles Juliet, 2007 – Grand et Petit de Botho Strauss, 2005, 2006 – L’impossible innocence du monde d’après Büchner, Kleist, Handke, Celan, Strauss, 2004,2006 – Du rire et de l’oubli d’après Milan Kundera, 2004 – L’Échange de Paul Claudel, 2002, 2003 – L’Épître aux jeunes acteurs, pour que soit rendue la Parole à la Parole d’Olivier Py, 2001, 2003, 2004, 2006 – Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman, 2000 – Rimbaud, la tentation du soleil de Jean-Pierre Chambon, 1999. 23 Elle crée aussi des lectures, petites formes atypiques et cabarets – et a mis en scène avec d’autres structures (ateliers, festivals, conservatoires, autres compagnies…) Violences de Gabily, Ciel et Simulacre de Jean-Marie Piemme, Fragments d’Eros autour du mythe de Phèdre, Réponse à la question précédente de J.Rebotier, Des monstres d’infinie solitude avec S.Guillermin et L.Damei, Chimères de Gabily, Le visage d’Orphée – 1ère époque de Py, Baal et Maaghonny de Brecht, Quai Ouest et Zucco de Koltès, La pluie d’été de Duras, Clap , Black Out et Opéra Bleu de Calaferte, Donc et Le Contrat des Attachements de Picq, La Cerisaie de Tchekhov, Fantasio de Musset, La Conférence des Oiseaux de Carrière. Photographie de Gérard Berne À tout va - Festival Avignon 2011 24 Marie Bonnet est diplômée de la Classe d’Art dramatique du Conservatoire National de Région de Grenoble, où elle a été formée par Muriel Vernet, Patrick Zimmermann et Philippe Sire. Elle y a rencontré le travail de Jacques Vincey, Stéphane Auvray-Nauroy, Emmanuel Daumas, Bernadette Gaillard. En chant, elle est formée par Cécile Fournier à la Chaufferie à Grenoble. Elle pianote un peu sur son accordéon. Elle travaille avec la Compagnie des Mangeurs d’Etoiles, d’abord comme assistante à la mise en scène de Tristan Dubois, puis en tant que comédienne Marie BONNET dans Les Souliers rouges de Lucattini, Aux pieds de nos murs de Chabuel, La Guinguett’à Marie, et La Foire aux Voyageurs de Chabuel. comédienne Pour la compagnie Les voisins du dessous, elle est assistante à la mise en scène de Pascale Henry sur Far Away de Caryl Churchill. Elle travaille également avec la compagnie Les Gentils dirigée par Aurélien Villard et la compagnie Les Veilleurs, dirigée par Emilie Leroux. Avec la compagnie Choses Dites, elle travaille avec Muriel Vernet dans les spectacles Gibiers (matériaux/fragments) du Temps - chantier artistique et À tout va d’après Gabily. Sébastien Depommier a été formé au Conservatoire d’Annecy puis au Conservatoire de Grenoble où il obtient son Diplôme d’Études Théâtrales en juin 2009. Ses professeurs sont alors Muriel Vernet et Patrick Zimmermann. Il participe également à de nombreux stages notamment avec Michel Fau, Eric Frey, Pierre Kuentz, Gilles Arbona, Jacques Osinski, Laurence Roy, Sandrine Lanno, Johan Leysen... Il joue sous la direction de Pascale Henry Différents, d’Émilie Leroux Alice pour le moment, et Vénézuela. De sa rencontre avec Michel Fau, il assiste la création Les Enfants de Saturne d’Olivier Py - août 2009, et travaille avec Michel Fau pour le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris en tant qu’assistant de La Tragédienne Amoureuse - novembre et décembre 2009. Sébastien DEPOMMIER Depuis 2008, il fait partie de la Compagnie Les Gentils où il travaille régulièrement avec l’Espace 600 - Grenoble, le Festival Texte en l’Air - St comédien Antoine L’Abbaye.... En mars 2010, il crée une mise en espace de l’opéra baroque Idoménée de Campra avec les Musiciens du Louvre Grenoble et des chanteurs et comédiens du Conservatoire de Grenoble. En octobre 2010, il entre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris où il poursuit sa formation. Avec la compagnie Choses Dites, il travaille avec Muriel Vernet dans les spectacles Gibiers (matériaux/fragments) du Temps - chantier artistique et À tout va d’après Gabily et Phèdre de Yannis Ritsos. 25 Lucie Donet elle obtient a son été formée Diplôme au Conservatoire d’Études Théâtrales de en Lyon juin où 2010. Elle travaille avec le collectif «La Meute» et joue sous la direction de comédienne Clément Bondu dans Hamlet d’après Shakespeare et de Florian Bardet et Lucie DONET Nicolas Mollard dans Looking for Karamazov d’après Fédor Dostoievski. Elle travaille également avec Gilles Chavassieux en tant qu’assistante et comédienne dans TDM3 de Didier Georges Gabily et Camillo Olivetti de Laura Curino et Gabriele Vacis. Avec la compagnie Choses Dites, elle travaille avec Muriel Vernet dans les spectacles Gibiers (matériaux/fragments) du Temps - chantier artistique autour de Gibiers du Temps de Didier-Georges Gabily et À tout va d’après Gabily. Peggy Lagay a suivi une formation professionelle musicale (piano, chant, harmonie...) à Jazz Action Valence, a suivi des cours de piano à la Chaufferie, école de musique moderne de Grenoble, a aussi été formée au Conservatoire de musique de Saumur. En parallèle de sa formation musicale elle suit des cours d’art dramatique au Conservatoire de Grenoble. Depuis, elle mène deux «duos» Yelkouan avec Camille Perret un autre Boucher et chante et du joue Dieu Dubois musicienne Joëlle Sophie Elle Peggy LAGAY avec joue et Bonheur et dans Lambert Joëlle un Lambert, piano, compose puis de trio (elle Bazik compose, l’accordéon également d’Heiner Müller, Angélique boxe pour mise avec en et le en la des interpréte, percussions). théâtre scène cie «Les et soi avec dans de Le Natasha Tournefois». Avec la compagnie Choses Dites, elle travaille avec Muriel Vernet dans les spectacles Gibiers (matériaux/fragments) du Temps - chantier artistique et À tout va d’après Gabily. 26 Laurent Marielle Théhouart se forme à l’Institut National Supérieur des Arts de la Scène à Bruxelles avec Mario Gonzales, Chantal Ackerman, Philippe Morand, Michel Dezoteux ; plus tard à Paris, avec Madeleine Marion, Jean-Claude Fall, Nadine Trintignant . Il travaille sous la direction de Sophie Charrier , Fabien Roy , Anne Raphaël, François Bourcier, Giorgio Strelher, Nina Companez, Muriel Vernet ; il donne également depuis de nombreuses années des lectures de poésie tant en France qu’à l’étranger notamment au marché de la poésie de Montréal et Laurent MARIELLE TREHOUART aux Rencontres Internationales de poésie de Marrakech. Chargé de mission à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes depuis 1997, il a été à ce titre membre du Conseil d’Administration de l’Agence régionale comédien Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation (A.R.A.L.D.) de 2000 à 2006. Poète il a publié dans les revues Verso, Aléatoire, Le Fou du lire international, Bacchanales . Il anime aussi des ateliers d’écriture et de lecture à voix haute de la poésie. Il est en 1999 avec Muriel Vernet co-fondateur de la Compagnie Choses Dites en résidence à l’Hexagone Scène Nationale de Meylan de 2003 à 2008, aujourd’hui en résidence sur le territoire de la communauté de communes de Bièvre Liers en Isère. Margaux Marielle Théhouart suit de 1997 à 2009 un double cursus en danse (classique/contemporain) au Conservatoire National de Région de Grenoble. Puis en 2009 elle entre à la Folkwang Universität der Kunste pour la formation supérieure de danseur/interprète. Elle y suit quotidiennement des cours de classique et et technique moderne avec des professeurs comme Malou Airaudo, Dominique Mercy, Lutz Förster, Rodolfo Leoni, Stefan Brinkman, Franco Schmidt, Georgia Madamma, Anne-Marie Benati… Mais aussi des cours d’improvisation, de flamenco (Alberto Alarcon, Maria del Mar), technique Alexander, gyrokinesis, kinétographie (laban notation), musique, histoire de la danse, parler sur scène, danses de salon… Elle participe également à de nombreux projets chorégraphiques en tant que danseuse ou chorégraphe aux cartes blanches de l’école. Margaux danseuse MARIELLE TREHOUART Parallèlement à sa formation elle travaille sous la direction de Claudia Castellucci de Societas Raffaello Sanzio dans le Sacre du Printemps au festival allemand « Theater der Welt » ; de Pierre Audi dans Gisela opéra moderne de Hans Werner Henze au festival allemand « Ruhrtriennale ». Avec la compagnie Choses Dites, elle travaille avec Muriel Vernet dans le spectacle À tout va d’après Gabily. 27 créateur lumièr e et comédien Aurélien Villard est titulaire d’une Licence Arts du Spectacle et d’un Diplôme Aurélien VILLARD d’Études Théâtrales à l’issue de ses études aux Conservatoires de Grenoble et de Lyon. En 2008 il crée sa compagnie Des Gentils, et met en scène : Ouasmok ? de Sylvain Levey ; Le roi du plagiat de Jan Fabre ; Yaël Tautavel de Stéphane Jaubertie ; La messe basse et Douce Barbarie deux cabarets musicaux. Il crée également « Le Labo » pour le Festival Textes en l’air de St-Antoine L’Abbaye, espace de recherche et de propositions débridées, où il écrit et met en scène avec « sa bande de Gentils » : La nef des fous ; Hamlet à peu près ; Contre la fin ; Faire pleuvoir les anges Il met également en place sur la durée du festival « Les petits-déjeuners cabaret »… Il écrit et réalise des courts-métrages. Il travaille régulièrement avec Muriel Vernet en tant qu’ assistant à la mise en scène et comédien dans les spectacles Gibiers (matériaux/fragments) du Temps - chantier artistique, À tout va d’après Gabily ; Phèdre de Yannis Ritsos ; Chimères de Gabily ; Si vous m’aimez fermez vos gueules - cabaret Brel. Cette équipe artistique participera à la création de Gibiers du temps de Gabily. Photographie de Gérard Berne À tout va - Festival Avignon 2011 28 La Cie Choses Dites Créée par Muriel Vernet - metteur en scène et comédienne, et Laurent Marielle-Tréhouart - poète et comédien, la Compagnie Choses Dites a pour vocation de « faire théâtre de tout », faire ressurgir une écriture, une langue, un souffle, en cherchant d’autres champs d’ expériences : croisements avec différentes voies de création (la poésie, la photographie, la peinture, la danse, le cinéma…). Tout en revendiquant l’espace du plateau de théâtre, elle cherche aussi différentes incarnations scénographiques dans des espaces divers et lieux uniques, propose aussi autour de diverses lectures, des rencontres et échanges avec le public afin de partager du sens et du désir pour toujours réinventer ensemble, voire «ré enchanter» le monde… Contacts COMPAGNIE CHOSES DITES « Dire », c’est s’enfouir en l’autre, c’est s’enfouir dans une mémoire Emmanuelle Guérin Chargée de production 06 76 43 58 07 Dire, suppose l’écoute Muriel Vernet Direction artistique 06 80 50 16 47 Choses Dites, c’est en cet instant ce qui est, ce qui a été et qui sera partagée Dire, suppose avoir écouté Dire est cet acte multiple qui relie soi à l’autre, aux autres, au monde. écouté et transmis. Dire, fonde. [email protected] www.chosesdites.fr 18 chemin des Villauds Clos des Capucins 38240 Meylan Dire, c’est provoquer l’autre et l’enjoindre à prendre acte à son tour. Laurent Marielle-Tréhouart Mais pour dire quoi et comment ? Dire le monde, raconter le monde, dire aux autres et redire, sans certitude mais par nécessité. Une sorte d’immense écoute de la vie. La Compagnie Choses Dites Créer, inventer des possibilités là où il n’y en a presque pas ou presque est subventionnée par plus. Et que tous et chacun se laissent traverser. la DRAC Rhône-Alpes, Laisser des traces aussi, pour que d’autres les suivent un moment afin la Région Rhône-Alpes, de trouver leur chemin comme nous avons mis nous aussi nos pieds dans le Conseil Général de l’Isère la Ville de Meylan celles d’un autre pour commencer à comprendre, à entrevoir : et la Communauté de Commune La parole, les mots et le silence de Bièvre-Liers. Le grand et le petit Les cris et les chuchotements Et les traces qui s’estompent dans l’indicible et l’invisible à mettre à jour. Muriel Vernet 29