Atelier Recherche Scène (1+1=3)
Martine Venturelli
ENFONÇURES ORATORIO MATERIAU
DIDIER-GEORGES GABILY
Projet en cours d’élaboration
: Oratorio Matériau Enfonçures / Didier
-
Georges Gabily
Note d’intentions 2 Martine Venturelli ..……
…………………………………………………………………………..
p.3
Note d’intentions 1 Martine Venturelli ..………………………………………………………………………………..
p.6
Equipage……………………………………………………………………………………………………………………..
p.9
Soutiens pour ce projet
Zad Moultaka,
François Tanguy, Thierry Besche, G
eorges Banu…………………
.....
p.12
Texte de DG Gabily «
Trois chansons pour deux voix oratorio
-
matériau
»……………………………………………
p.17
Présentation de l’Atelier
Histoire
…………………………………………………………………………………………………………...
p.24
Article Alternatives Théâtrales…………………………………
…………………………………………………………...
p.2
7
Retours et échos de spectateurs de précédents spectacles
Bruno Tackels, Erwann Rougé, Georges Banu /Artpress juin 2016, François Tanguy, Jean-Paul Manganaro,
Véronique Perruchon, Edwige Armand, Jean-Pierre Dupuy, Anne Baudoux, Stanislas Nordey, Martin Moulin,
Georges Banu, Jean-François Perrier, Pascal Pistone, Robert
Cantarella………………………………………………………………….................................……………………....
p.31
Images du chantier en cours
…………………………………………………………………………………………
p.46
Contact ..................................
........
.......................................................................................................................
p.
55
Atelier Recherche Scène (1+1=3)
-
Martine Venturelli
-
septembre
2016
Mise en scène, partitions lumière et son MARTINE VENTURELLI
Avec
Musiciens
JULIETTE DE MASSY, voix (soprano)
CAPUCINE MEENS (Dessus)
FLORENT BAFFI (Basse)
XAVIER DE LIGNEROLLES (Ténor)
CECIL GALLOIS (Contre-Ténor)
JEROME COLLET, voix (baryton) et violoncelle
QUENTIN BIARDEAU, saxophone
Acteurs
RIWANA MER
SYLVAIN FONTIMPE
MAXIME RENARD, acteur et vidéo
Lumière MATTHIEU FERRY
Son FRANCK BERTHOUX
Vidéo JEAN-PASCAL RETEL
Scripte de plateau TYPHAINE ROUGER
Administration TYPHAINE ROUGER, RIWANA MER, MARTINE VENTURELLI
PRODUCTION ATELIER RECHERCHE SCENE (1+1=3)
COPRODUCTION NEGOCIATIONS EN COURS
SOUTIENS - ACCUEILS EN RESIDENCE PREVUS POUR 2016-2017
LA FONDERIE DU MANS
T2G - CDN DE GENNEVILLIERS
THEATRE DE L’ECHANGEUR
CDN DE BESANÇON
NOTE DINTENTIONS 2
"Tout échappe et tout veut le renoncement. Tout dans chaque parole se perd, et rien n'est digne de
représentation. Le monde seul serait digne de représentation. Mais nous ne sommes pas le monde, et
le monde ne nous contient pas. C'est ce que nous apprenons pas à pas. Tout se tient en un geste, en
un mouvement, même en une parole, un cri. Ou encore nous ne sommes pas et il faut faire encore,
apprenant la séparation, la diffraction, nous qui rêvions d'ensemble. Jusqu'à quand, jusqu'à quelle
révolte de ceux qui ne sont pas, jusqu'à quelle nouvelle théorie de la matière. Il faut bien fêter ça, cette
défaite absolue de nous. L'impossibilité à faire théâtre avec la guerre. Mais parmi eux des voix s'élèvent
et elles chantent, oui on espère cela : qu'elles chanteront."
Didier-Georges Gabily, Journal
L’écriture du jour et l'écriture de la nuit
Depuis une quinzaine d'années Gabily a toujours été un compagnon des recherches de notre Atelier, un "stalker",
dont les soucis1 nous ont entraînés à la découverte de quelques-unes des couches géologiques présentes dans
son théâtre. Sédimentations, concrétions, précipités d'autres auteurs, de l'opéra (Chimères), du cinéma (TDM3). La
langue de Gabily a traversé et bouleversé nos corps sur le plateau, des pièces écrites pour le théâtre jusqu'à son
roman L'Au-delà... Avec les ombres de Sophocle et de Sénèque, le texte Enfonçures, dans son écriture, sa forme
et son contenu nous est apparu comme le texte qui révélait encore autrement cette figure d'un Didier-Georges
Gabily poète.
Le souffle de la langue de Gabily, cette manière d'imprimer une vitesse au monde, de le ralentir, de l'accélérer, de
vivre à travers les autres, à travers la souffrance qu'il partage. Sa langue même est une liaison active entre le noble
et l'ignoble, et interdit de séparer évènement extérieur et évènement intérieur. L'infiniment cruel et l'infiniment
compatissant. C'est pourquoi, de notre part, l'écriture de Gabily ne peut être habitée comme une exacerbation de la
violence, un moyen de connaissance morale ou une dénonciation. Cette langue s'amplifie en nous et se transforme
en performatif, en perforation ontologique. Son chant est ce qui parle intimement de ce qui se joue dans le destin,
de ce qui nous est le plus proche et le plus immédiat. C'est donc la figure de Gabily poète que nous tenterons de
partager.
La langue de Gabily, ou comment conjuguer l'expérience existentielle avec la rationalité du langage. Dans la
recherche que nous menons il y a toujours d'abord la tentative de faire corps avec le corps de l'écriture, qui est la
voix de l'écrivain, comme le musicien fait corps avec le corps musical du compositeur déposé dans la partition. Et
le texte est traité souvent comme un battement de signifiants, afin d’ouvrir aussi ses propriétés polysémiques. C'est
une expérience que nous cherchons aussi avec la langue de Didier-Georges Gabily.
Pour « Enfonçures », Gabily annonce la forme musicale de l'oratorio : "Un oratorio, quelque chose comme cela, si
possible, dis-je. De la musique donc, du chant donc, dis- je." (DGG, Notes de travail). L'Oratorio nous permet de
prolonger les soucis, les questions et les passions qui sont les nôtres de la recherche de l'écriture du son au
1 “Je garde les soucis mêmes que je cède, ils suivent la couronne et pourtant ils me restent” Shakespeare
plateau. Dessins de la matière des voix par leurs déplacements dans l'espace, rapport des choeurs, des solistes,
du tissage entre bande-son et son direct du plateau, voix chantées, voix parlées.
Comme nous le disions dans la note d'intentions 1: " ... chercher comment mettre en écho ces mots au supplice de
la musique, car ce qui intéresse toujours nos recherches c’est comment le son en est venu à être exclu du mot
écrit, et comment la page en a perdu sa voix. Bien que, dans ce cas particulier, la langue de Didier-Georges Gabily
soit elle-même empreinte d’une grande musicalité. Ici dans l’appellation « Oratorio/Matériau » il nous semble que
l'invitation est ouverte de chercher à mettre en écho ces mots au supplice d’autres musiques." La nature
géologique de l'écriture musicale de Zad Moultaka, compositeur libanais, est venue comme une évidence pour une
écriture dramaturgique de la musique au plateau. Une circulation dans une grande partie de son œuvre, avec son
accord, a permis un choix de montages et un agencement de partitions qui sera joué et chanté au plateau. Mais
aussi des superpositions et des tissages d'autres moments musicaux écrits à partir du plateau. Deux
instrumentistes au plateau (un saxophoniste et un violoncelliste), cinq chanteurs et trois acteurs, sachant que la
scène réclamera à chacun d'agrandir son rôle habituel.
Cet oratorio se présente formellement comme un long chapelet de voix à la fois identiques, mélangées et bien
distinctes. Si le souffle engendre le monde, peut-être est-il également le lieu de sa perpétuelle mise en danger.
Une écriture qui ne serait alors pas seulement un combat moral, mais l'extension du domaine de l'irreprésentable,
un lieu poétique, ontologique. Etre au monde, être dans le monde, peut être partager non pas une identité mais un
même souffle.
L'obscur est un souffle. L'illimité est le souffle qui nous anime et nous échappe, nous essayons de le saisir sans
l'étouffer, et inventons à cet effet un langage où se combine la rigueur et le vague, la mesure n'empêche pas le
mouvement de se poursuivre sans se perdre.
Vivre tout événement quotidien dans les coordonnées de l'humanité. L'immensité de cette aventure dont nous ne
savons rien. Comment humain, de par l'âme et le corps, obtenir que les morts commémorés germent dans le corps
des vivants. L'homme se concentre sur ce qu'il est, essaie de renoncer aux simulacres, d'éviter les pièges qui le
crétinisent : idéologie, moralisme politique, commerce, transactions. Le poète tente de s'adresser à l'homme. Le
poète dans son inaliénable et irréductible célébration de l'homme essentiel tente de sauver cet homme essentiel au
moyen de la parole essentielle.
Il n'enseigne rien, crée et partage : "Frères humains qui après nous vivez...."2. Le poète est universellement seul, la
poésie est l'âme de milliards de corps. La poésie serait-elle donc un rapport sensuel à la terre en me temps
qu'un rapport sensuel au langage ? une fusion de l'éros et du logos qui brise l'ordre établi des choses et des
mots ? Essayer, au-delà du royaume de l'être, d’accéder au royaume de la vie. Penser et vivre dans un chaos-
cosmos, un chaosmos dirait Joyce, toujours inachevé qui pourrait être le produit de sa rencontre immédiate avec la
terre, avec les choses de la terre, perçues non comme des objets mais comme des présences.
L'acte poétique ne prétend rien expliquer, il n'implique pas l'impression que les choses n'ont ni explication, ni
cohérence, il ne s'oppose pas à l'absurde et même consent avec lui à la plus haute convergence. Il ne s'agit pas
d'une expérience absurde mais de l'expérience de l'absurde.
De l'existence, si on la vit en profondeur, de cet "arrière-pays"3, de l'abîme humain, la poésie est la fondation de
l'"être" par la parole. Cultiver un savoir de la profondeur et de l'abîme humain4, bien au-delà de la biographie, de la
biologie, de la psychologie et de l'histoire. C'est de l'homme vulnérable, de sa précarité que s'élève une force,
2 Villon, Ballade des pendus
3 Yves Bonnefoy, L'Arrière-pays
4 "Etre humain jusqu'à demain encore. Questionner encore." DGG - Enfonçures p. 26
capable de créer certaines formes qui témoignent de son être5. Vivre la dimension absolue de l'homme, toute
transitoire qu'elle est. La poésie est le culte de cette dimension. Le poète ne s'adresse pas à la société, mais à
l'homme, de solitude à solitude, de silence à silence, d'être à être.
Il me semble que la poésie est active en nous depuis plus longtemps que les langues, elle est donc dans bien
autre chose que des poèmes, c'est peut-être une tentative de refonder, de réintensifier l'être au monde, cette
pleine présence simple du monde6 qui remet à autrui son lot de responsabilités, sa participation affectueuse à
l'oeuvre commune, journalière et universelle. Le poète apporte sa contribution à la sueur, au pain7, au vin et aux
rêves de toute l'humanité. Elle est tout le contraire de la lâcheté, elle est l'expérience profonde du mystère et de
l'inexplicable (Enfonçures - le silence d'Hölderlin).
"Une énigme, comme le nom l'indique, est une énonciation telle que l'on ne trouve pas l'énoncé."8
Martine Venturelli - mai 2016
5 notre solitude / D'archers /Pauvres en blessantes flèches / D'archers aux arcs enfantins / Ô nous /Ne durerons pas /Mais
le trait / Le trait / Ne se consumera /Pas" - DGG - Enfonçures p. 31
6 "J'accueille", dit Hölderlin, "j'accomplis. Quelque chose. Mais quoi ?" "J'accueille. Est-ce bien cela qu'ils désirent ? Faut-il
donc toujours accueillir ?" DGG
7 "Là, fantômes de pain et de vin sur l'ombre d'une planche. Brot und Wein." DGG - Enfonçures p.5
8 Lacan - Séminaire 23 "Le Sinthome"
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