TOPIC
Avril 2003
Un virus peut en cacher un autre…
Transition
politique…
… et Fête du
Printemps
… sont pour partie à
l’origine du manque
de transparence de la
part des autorités…
… mais la sortie du
virus hors des
frontières chinoises a
obligé la Chine à
accepter l’intrusion
d’équipes de l’OMS
Les conséquences
négatives sur le trafic
aérien en Asie…
16 Novembre 2002 : le premier malade porteur du SARS
(Severe Acute Respiratory Syndrom) apparaît en Chine dans la
province du Guandong. Huit jours plus tôt, s’est ouvert en grande
pompe, à Beijing, le XVIème Congrès du Parti Communiste Chinois
(PCC). Rien ne doit venir troubler cette transition politique voulue et
programmée par Jiang Zemin.
Début février, la Fête du Printemps conduit des millions de
Chinois partis travailler dans les provinces côtières à retourner dans
leur région d’origine pour rejoindre leurs familles. On assiste alors à
un gigantesque phénomène de migration vers le centre du pays. Au
même moment, ce qu’on va nommer un mois plus tard la pneumonie
atypique s’est répandue à Canton et, ceci d’autant plus aisément
qu’aucune précaution sanitaire ou mesure d’hygiène n’est préconisée.
Officiellement pourtant, sur les six millions d’habitants que compte la
ville, seuls 31 décès et 800 cas sont répertoriés.
Un mois plus tard, les 3 000 délégués de l’Assemblée
Nationale Populaire (ANP) se trouvent réunis à Beijing pour entériner
la transmission du pouvoir à la « quatrième génération ». Le 16 mars,
Hu Jintao succède à Jiang Zemin tandis que Zhu Rongji cède sa
place à Wen Jiabao. La nouvelle équipe dirigeante semble bien
décidée à poursuivre les réformes engagées et à offrir son meilleur
profil aux hommes d’affaires.
Or, la cession de l’ANP est à peine close que le Vietnam et
Hong Kong révèlent la présence sur leur territoire d’une maladie très
contagieuse, inconnue jusqu’alors. Rapidement, l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) identifie le foyer d’origine de la maladie
en Chine. Accusées d’avoir caché au monde ce qu’il convient
d’appeler une épidémie, les autorités chinoises, le 2 avril, acceptent
avec réticence ce qu’elles ne sont pas loin de considérer comme de
l’ingérence : l’arrivée d’équipes médicales de l’OMS sur leur sol.
Entre-temps, c’est toute l’Asie qui est touchée. Le tourisme,
déjà affecté par les attentats de Bali en octobre dernier, source majeur
de revenus dans la zone, est frappé de plein fouet. Les courants
d’affaires qui passent traditionnellement par Hong Kong et Singapour
ralentissent leur activité. Résultat : le nombre de passagers à
destination de Hong Kong a baissé de 30% ces dernières semaines et
de 56% vers Singapour durant la première semaine d’avril. Taiwan a
vu le nombre de ses visiteurs chuter de plus de 30%. Les réservations
… prélude à un recul
de la croissance dans
toute la zone pour
2003
Choix de
l’ouverture
économique…
… par souci
d’intégration à la
communauté
internationale…
… mais opacité dans
les affaires
intérieures qui
pourrait conduire,
cette fois, à un recul
de la croissance
d’hôtel à Singapour ont chuté de 20%. Cathay Pacific dont le hub se
situe à Hong Kong a diminué le nombre de ses vols hebdomadaires de
37% depuis la mi-avril. Singapour Airlines et Quantas subissent la
même déroute avec en moyenne, une baisse de 25% des réservations
pour Hong Kong. La croissance de Hong Kong devrait tomber à 1.4%
contre les 3% prévus initialement et à 2.6% pour Singapour contre
3.1%.
Si l’Asie était la seule région du monde à résister à la morosité
mondiale, avec un taux de croissance de 5% prévu pour 2003,
désormais, on envisage un taux plus proche des 4.5%. La guerre en
Irak lui pose donc moins de difficulté que le SARS contre lequel,
jusqu’à présent, aucune parade n’a été trouvée. En réalité, les
incertitudes sur l’ampleur de la maladie, entretenues volontairement
par le gouvernement chinois, semblent davantage inquiéter les
populations que le virus lui-même.
Bien plus que les conséquences de la pneumonie atypique sur
l’ensemble de l’Asie, ce sont les interrogations nouvelles sur la Chine
qu’il convient d’analyser. Car ce n’est pas un hasard si la Chine a
choisi de cacher cette maladie « qui ne relève pas de la liste nationale
des maladies contagieuses » selon le Ministère de la Santé.
Pourtant, n’était-ce pas aussi cette même Chine qui, en
décembre 2001, lors de son entrée à l’OMC, s’engageait à plus de
transparence ? La nature de l’intégration de la Chine dans la
communauté internationale se pose donc. L’ouverture de la Chine aux
investissements étrangers, en réalité, n’a toujours répondu qu’à un seul
objectif : la prospérité. Et les 7% à 8% de croissance annuelle,
condition - avec la censure de l’information - de la stabilité sociale
selon le Parti valent bien selon lui quelques sacrifices.
La Chine s’est pliée aux exigences de l’OMC en acceptant de
modifier en profondeur le cadre réglementaire de l’activité
économique. 1 500 textes de lois ont été révisés, de nouvelles lois ont
été créées, en particulier dans les secteurs de l’assurance et de la
finance, tandis que de nouvelles normes étaient adoptées pour protéger
les brevets. Depuis le 12 avril, les nouvelles règles de fusions-
acquisitions entre des sociétés étrangères et chinoises sont entrées en
vigueur. Cette transparence affichée dans les relations économiques
tranche avec l’opacité qui entoure les affaires considérées par le
pouvoir comme strictement domestiques.
A voir les difficultés que la nouvelle équipe au pouvoir
rencontre dans sa gestion de la crise liée au SARS, il est clair que la
plus grande transparence affichée par le gouvernement est
volontairement limitée au domaine économique. Ainsi, la sous-
évaluation du risque lié à la pneumonie atypique demeure la règle
depuis près de six mois. Et pourtant, cette sous-évaluation pourrait
coûter 0.5 point de croissance à la Chine. Ce léger recul limiterait le
bond spectaculaire du premier trimestre qui a vu le PIB chinois
s’accroître de 9.9% par rapport à la même période en 2002. Les
investissements étrangers qui sont en hausse de 56.7% sur la même
période pourraient marquer une légère pause dans le cas où les
L’inertie de la
bureaucratie : raison
profonde de
l’expansion du SARS
La prise de
conscience trop
tardive de la part du
nouveau Président…
… pourrait coûter
cher à la Chine du
centre…
… et à la Chine toute
entière en terme
d’image sur la scène
internationale
autorités ne feraient pas preuve de détermination pour limiter
l’expansion du virus. Ainsi la Foire de Canton qui attire chaque année
plus de 120 000 visiteurs et donne lieu à de nombreux partenariats
devrait voir baisser sa fréquentation de 75% !
Au delà du double régime appliqué en matière de transparence,
le silence chinois est révélateur de la rigidité de la bureaucratie
chinoise. Les départements de la santé de chaque province ont ainsi
pour habitude d’envoyer leurs rapports aux responsables locaux du
Parti avant de les faire connaître au ministère dont, pourtant, ils
dépendent directement. Le chef du Parti, toujours soucieux d’attirer les
investissements étrangers et d’avoir les faveurs de Beijing, cherche
avant tout à préserver ses intérêts. D’où le silence entretenu depuis le
16 novembre par la province du Guangdong. Cette province côtière, à
l’origine de 35% des exportations chinoises, a préféré ne pas paniquer
les investisseurs étrangers. Aujourd’hui, cependant, ces derniers sont
dubitatifs. La conquête du marché chinois se révèle assez périlleuse
pour les inciter à rester mais la mauvaise gestion de cette crise vient à
point nommé pour leur rappeler que le marché chinois est un eldorado
qui a ses limites.
Le Président et le Premier Ministre ont commencé à mesurer
les conséquences que pouvaient entraîner leur manque de
communication. Aussi ont-ils fait une visite surprise dans la province
du Guangdong le 14 avril pour juger par eux-mêmes de la situation. Le
constat inquiétant qu’ils ont pu en tirer n’a pas empêché le
gouvernement d’inciter la population à profiter du long week-end du
1er mai pour voyager. L’an passé, 70 millions de Chinois s’étaient
déplacés et avaient dépensé 3.3 milliards de dollars ! Un moteur non
négligeable pour l’économie.
Mais déjà, la propagation du virus dans le centre de la Chine -
la Mongolie Intérieure, le Shanxi, le Guangxi, le Hunan et le Sichuan
sont touchés – constitue un défi bien plus grand qu’à Beijing, Shanghai
ou Canton. Dans les provinces intérieures, le manque d’équipements
médicaux et de personnel hospitalier adéquats, faute de moyens
financiers suffisants, ne pourra pas longtemps permettre de contenir la
maladie. Une fois de plus, tout ceci témoigne bien du fossé grandissant
entre la Côte et le reste de cet immense territoire où vivent encore
quelques 800 millions de Chinois, encore moins bien informés que les
citadins. Le nouveau gouvernement risque aussi peut-être de
comprendre que sa crédibilité - à l’intérieur de ses frontières et sur la
scène internationale - ne dépend pas uniquement de son soutien à la
croissance mais aussi de sa capacité à gérer une crise de cette nature.
L.B
www.hec.fr/eurasia
Des avancées vers plus de transparence économique…
Réduction des barrières douanières sur 70% des biens déterminés par l ’OMC de
15.3% à 12% en moyenne
Relèvement des quotas, en particulier dans le secteur automobile
Mise en conformité progressive de son système de régulations : plus de 2 300 lois
ont déjà été amendées, et 830 autres abolies
Formation de milliers de responsables et d’hommes d’affaires aux exigences de
l ’OMC
Ouverture accélérée de certains secteurs de l’économie chinoise tels que :
le secteur bancaire : dès l’année prochaine, les banques étrangères
seront autorisées à offrir leurs services aux particuliers chinois. Dans le
cas des entreprises, il faudra attendre 2007.
le secteur de l’assurance : les institutions étrangères ont commencé à
obtenir des licences pour proposer sur le marché chinois des produits
d’assurance vie et non-vie
Réorganisation des institutions liées au commerce suite au XVIème Congrès afin
de supprimer les interférences et d’améliorer la comptabilité, avec :
le Ministère aux Affaires Commerciales (ou du Commerce) qui réunit
les compétences de l’ancien MOFTEC et les activités qui concernent les
échanges domestiques auparavant dévolues à la SETC qui disparaît
la Commission au Management et à la Supervision des Actifs d’Etat
la Commission d’Etat au Plan et à la Réforme
… versus opacité de l’information dans les affaires domestiques
(et ses conséquences internationales)
Cas avérés (fin mars – mi-
avril)
Décès (fin mars – mi-
avril)
Hong Kong 123 - 1268 1 - 61
Chine 305 - 1807 5 - 79
Vietnam 63 - 0 5 - 5
Singapore 31 158 0 - 13
Taiwan 3 29 0 - 0
Thaïlande 1 - 7 0 - 2
Malaisie 0 6 0 - 1
Australie 1 - 3 0 - 0
Canada 8 - 304 2 - 14
Total monde 538 - 3842 10 - 196
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