Suites et séries numériques MP Lycée Clemenceau Table des matières I II Suites réelles ou complexes 1) Quelques rappels . . . . . . . . . a) Généralités . . . . . . . . . b) Convergence et limite . . . c) Relations de comparaisons 2) Compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2 2 2 4 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Séries de nombres réels ou complexes 1) Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2) Séries alternées . . . . . . . . . . . . . . . 3) Séries à termes réels positifs . . . . . . . . 4) Séries quelconques . . . . . . . . . . . . . 5) Sommation des relations de comparaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 . 5 . 6 . 7 . 10 . 11 III Familles sommables 12 1) Dénombrabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 2) Familles sommables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 3) Séries doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 1 Suites réelles ou complexes I 2 Suites réelles ou complexes 1) a) MP 2015-16 Quelques rappels Généralités Une suite définie sur un ensemble est une application de IN dans cet ensemble. Définition I - 1 : Majoration Soit (un )n∈IN une suite réelle, i) on dit que cette suite est majorée si : ∃M ∈ IR / ∀n ∈ IN, un ≤ M ii) on dit que cette suite est minorée si : ∃m ∈ IR / ∀n ∈ IN, m ≤ un iii) la suite est bornée si elle est majorée et minorée. Proposition I - 1 : Une suite réelle est bornée si et seulement si la valeur absolue de la suite est majorée. Définition I - 2 : Cas complexe Une suite complexe est bornée si la suite des modules des termes de la suite est majorée. Définition I - 3 : Suites extraites Soit U = (un )n∈IN une suite d’éléments de K. On appelle suite extraite de U toute suite V = (vn )n∈IN telle qu’il existe une application ϕ de IN dans IN strictement croissante et telle que ∀n ∈ IN, vn = uϕ(n) . b) Convergence et limite Définition I - 4 : Convergence Soit U = (un )n∈IN une suite d’éléments de K. On dit que cette suite est convergente s’il existe ` ∈ K tel que ∀ε > 0 ∃n0 ∈ IN / ∀n > n0 |un − `| 6 ε Propriété I - 1 : Limite Si la suite (un )n∈IN est convergente alors, avec la notation de la définition, ` est unique et est appelée limite (finie) de la suite. Propriété I - 2 : Toute suite convergente est bornée. Propriété I - 3 : Toute suite de nombres réels convergent vers un nombre strictement positif est minorée par un nombre strictement positif à partir d’un certain rang. Une suite qui n’est pas convergente est dite divergente. 1) Quelques rappels MP 2015-16 3 Proposition I - 2 : Structure de l’ensemble des suites convergentes L’ensemble des suites réelles ou complexes convergentes est un K-espace vectoriel. De plus l’application qui à une suite associe sa limite est une application linéaire. L’ensemble des suites réelles ou complexes convergentes est aussi un anneau. On dit que c’est une K-algèbre. Définition I - 5 : Limite infinie Une suite (un )n∈IN diverge vers plus l’infini (resp. moins l’infini) ou a pour limite +∞ (resp. −∞ ) si ∀A ∈ IR, ∃n0 ∈ IN / resp. ∀A ∈ IR, ∃n0 ∈ IN n > n0 ⇒ un > A / n > n0 ⇒ un 6 A Notation : Dans le cas d’une suite convergente vers ` ∈ IR ou d’une suite divergente vers ` = ±∞, on note, pour ` ∈ IR, un → `. Propriété I - 4 : Limites de suites extraites Si U est une suite admettant une limite ` ∈ IR alors toute suite extraite admet ` comme limite. Remarque : pratique on peut utiliser cette propriété pour montrer qu’une suite est divergente (ou n’a pas de limite) en exhibant une suite extraite divergente ou deux suites extraites n’ayant pas la même limite. Théorème I - 1 : limites par encadrement Soient U = (un )n∈IN , V = (vn )n∈IN et W = (wn )n∈IN trois suites réelles vérifiant : ∀n ∈ IN un 6 vn 6 wn On a alors les résultats suivants 1) si U et W convergent vers une même limite (finie) alors V converge aussi vers cette limite. 2) si U diverge vers +∞ alors V et W également. 3) si W diverge vers −∞ alors U et V également. Théorème I - 2 : de la limite monotone Toute suite réelle monotone possède une limite dans IR. Autrement dit : toute suite monotone bornée est convergente, toute suite monotone non bornée diverge vers ±∞. Définition I - 6 : Suites adjacentes Deux suites réelles U = (un )n∈IN et V = (vn )n∈IN sont dites adjacentes si – l’une est croissante et l’autre décroissante – la différence des deux est une suite convergente vers 0. Remarque : inégalité A l’aide de la définition on a : si U est croissante et V décroissante alors ∀n ∈ IN, un 6 vn . Dans le cas contraire on aurait une contradiction avec la convergence vers 0 du fait de la monotonie. 2) Compléments MP 2015-16 4 Théorème I - 3 : Deux suites adjacentes convergent et ont même limite. c) Relations de comparaisons Définition I - 7 : Soit α = (αn )n∈IN une suite de KIN . Soit U = (un )n∈IN une suite de KIN . On a les définitions suivantes : – domination : U est dominée par α s’il existe A ∈ IR∗+ tel que, à partir d’un certain rang |un | 6 A|αn |. On note alors un = O (αn ) (lire ”grand O” de ..) – prépondérance ou négligeabilité : U est négligeable devant α si pour tout ε > 0, à partir d’un certain rang, |un | 6 ε|αn |. On note alors un = o (αn ) (lire ”petit o” de ..) – équivalence : U est équivalente à α si un − αn = o (αn ), ou (ce qui revient au même) un − αn = o (un ). On note alors un ∼ αn . Remarque : autres formulations Par la définition des différentes notions sur les suites on peut donner les définitions suivantes : • U est dominée par α s’il existe une suite bornée (βn )n∈IN telle qu’à partir d’un certain range un = βn αn . • U est négligeable devant α s’il existe une suite (βn )n∈IN convergeant vers 0 telle qu’à partir d’un certain range un = βn αn . • U est équivalente à α s’il existe une suite (βn )n∈IN convergeant vers 1 telle qu’à partir d’un certain range un = βn αn . Remarque : α non nulle à partir d’un certain rang De part les définitions des différentes propriétés sur les suites on peut aussi dire : • U est dominée par α si la suite αunn est bornée. • U est négligeable devant α si la suite αunn est convergente vers 0. • U est équivalente à α si la suite αunn est convergente vers 1. Exemple : Si un = O(1) cela signifie que la suite est bornée. Si un = o(1) cela signifie que la suite converge vers 0. Propriété I - 5 : Suites équivalentes Deux suites réelles équivalentes ont même signe à partir d’un certain rang. Deux suites équivalentes ont même comportement asymptotique. Exemple : à connaitre Formule de Stirling : n! ∼ 2) √ 2πn n n e Compléments Définition I - 8 : Valeurs d’adhérence Définition : on appelle valeur d’adhérence d’une suite d’éléments de K, tout élément de K limite d’une suite extraite de cette suite. Exemple : -1 et 1 sont les deux valeurs d’adhérence de la suite ((−1)n )n∈IN . Propriété I - 6 : une suite convergente admet sa limite pour unique valeur d’adhérence. Séries de nombres réels ou complexes MP 2015-16 5 NB : le théorème de Bolzano-Weierstrass peut s’énoncer ainsi : dans IR ou C, toute suite bornée admet au moins une valeur d’adhérence. II 1) Séries de nombres réels ou complexes Rappels Définition II - 1 : Série formelle Soit (un )n∈IN une suite de nombres réels ou complexes. On appelle série de terme général un la suite n X (Sn )n∈IN définie par Sn = un . k=0 Le terme de cette X suite est appelé somme partielle de la série. P On note un ou un cette série. n>0 Définition II - 2 : Série convergente P Soit un une série, on dit que la série est convergente si la suite des sommes partielles converge. On note alors +∞ n X X un = lim un n=0 n→+∞ k=0 la limite de la suite et on dit que c’est la somme de la série. +∞ P Si on note S cette limite, S − Sn = uk est appelé reste d’orde n. k=n+1 Une série qui n’est pas convergente est dite divergente. Remarque : convergence et reste D’après la définition on a directement que le reste d’une série convergente est une suite qui converge vers 0 Proposition P II - 1 : Si la série un converge alors la suite (un )n∈IN converge vers 0. Remarque : importante la condition lim un = 0 est donc une condition nécessaire mais loins d’être suffisante. Il suffit de regarder la n→+∞ série harmonique. Lorsque suite (un )n∈IN ne converge pas vers 0 on dit que la série est grossièrement divergente. Proposition II - 2 : Espaces des séries convergentes L’ensemble des séries convergentes est un espace vectoriel. De plus l’application qui à une série associe sa somme est linéaire. Propriété II - 1 : Une série à termes complexes converge si et seulement si la série des parties réelles et la série des parties imaginaires convergent. Démonstration : Cela vient directement de la propriété sur les suites. Propriété - 2 : Série géométrique P II La série z n avec z ∈ C est convergente si et seulement si |z| < 1 1 . De plus sa somme est alors 1−z 2) Séries alternées MP 2015-16 6 Démonstration : Lorsque z = 1 la suite est constante et la série clairement divergente (grossièrement). On suppose z 6= 1. n n X X 1 − z n+1 Par propriété des suites géométriques on a Sn = uk = u0 . z k = u0 1−z k=0 k=0 +∞ X 1 On obtient alors le résultat et de plus zn = 1−z n=0 Propriété II - 3 : Suite-série P Soit (un )n∈IN une suite d’éléments de K. On a que la suite (un )n∈IN et la série (un+1 − un ) ont même nature. 2) Séries alternées Définition II - 3 : P On appelle série alternée toute série réelle un telle la suite ((−1)n un )n∈IN est de signe constant. Théorème II - 1 : Critère spécial des séries alternées ou critère de Leibniz P On considère une série alternée un . P Si la suite (|un |)n∈IN est décroissante et convergente vers 0 alors la série un est convergente. 3) Séries à termes réels positifs MP 2015-16 7 Propriété II - 4 : Majoration du reste P Soit un une série alternée convergente. Si on note L sa somme on a ∀n ∈ IN 3) |L − Sn | ≤ |un+1 | Séries à termes réels positifs Dans cette partie on ne considère que des séries à termes réels et positifs. Théorème II - 2P : Convergence Pour qu’une série un de nombres réels positifs converge, il faut et il suffit que la suite des sommes partielles soit majorée. De plus on a +∞ X un = lim Sn = sup Sn n=0 n→+∞ n∈IN Démonstration : Soit (un )n∈IN une suite de réels à termes positifs. On note Sn = n X uk . On a alors k=0 Sn+1 − Sn = un+1 ≥ 0 La suite des sommes partielles est donc croissante. Par propriété des suites réelles monotones, la suite converge si et seulement si elle est majorée. De plus sa limite est égale à la borne supérieure de ses termes. Définition II - 4 : On appelle série de Riemann toute série de la forme X 1 avec α ∈ IR nα 3) Séries à termes réels positifs MP 2015-16 8 Propriété II - 5 : Convergence X 1 La série de Riemann est convergente si α > 1. nα Elle diverge si α ≤ 1 Démonstration : Théorème II - 3 : Soient (u Pn )n∈IN et (αn )n∈IN deux suites P de nombres réels positifs telles que un = O (αn ). On a alors, si la série αn converge alors la série un converge aussi. Démonstration : Par hypothèse il existe un réel M strictemtent positif tel que pour tout n (ou pour n assez grand) un ≤ M αn . On a donc n n X X uk ≤ M αk k=0 Si on suppose que la série P k=0 αn converge, alors pour tout entier n on a n X uk ≤ M k=0 La suite n P k=0 n X αk ≤ M k=0 +∞ X αk k=0 uk est donc majorée, et par suite elle converge. n∈IN Corollaire II - 1 : Si un ∼ vn alors les séries ont même nature. Corollaire II - 2 : Application pratique (critère de Riemann) 1. si une suite (un )n∈IN vérifie un = O 2. si une suite (un )n∈IN vérifie 1 nα 1 nα avec α > 1 alors elle est convergente. = O (un ) avec α ≤ 1 alors elle est divergente Proposition II - 3 : Soient (un )n∈IN et (vn )n∈IN deux suites de réels strictement positifs. un+1 vn+1 On suppose qu’il existe n0 ∈ IN tel que ∀n ≥ n0 ≤ un vn Alors : P P 1) si la série un diverge alors vn diverge P P 2) si la série vn converge alors un converge et de plus pour n ≥ n0 +∞ X k=n+1 uk ≤ +∞ un X vk vn k=n+1 Démonstration : Il suffit de faire le produit d’inégalité pour obtenir (ou par récurrence) un vn ≤ un0 vn0 3) Séries à termes réels positifs MP 2015-16 9 Corollaire II - 3 : Soit (un )n∈IN une suite de réels strictement positifs P un+1 ≤ k, alors la série un converge et un 1) S’il existe k ∈ ]0, 1[ et n0 ∈ IN tels que pour tout n ≥ n0 pour tout n ≥ n0 +∞ X 0 ≤ Rn = uk ≤ k=n+1 k.un 1−k P un+1 2) S’il existe n0 ∈ IN tels que pour tout n ≥ n0 ≥ 1 alors la série un diverge (grossièrement) un Démonstration : 1) Cela consiste à comparer la suite à une suite géométrique de raison k 2) La suite est alors croissante et ne peut converger vers 0 Théorème II - 4 : Règle de D’Alembert un+1 S’il existe λ tel que lim = λ alors : n→+∞ un P a) si λ < 1 la série un converge b) si λ > 1 la série diverge c) si λ = 1, on ne peut rien dire. Démonstration : un+1 a) si λ < 1, on considère k tel que λ < k < 1. comme lim = λ, on peut trouver n0 tel que pour n > n0 n→+∞ un un+1 < k (penser k = λ + ε ) un un+1 b) si λ > 1, alors on peut trouver n0 tel que pour n > n0 > 1 (penser 1 = l − ε ) un P 1 P1 c) exemples : n2 converge alors que n diverge. Théorème II - 5 : Comparaison série-intégrale Soit f une fonction continue par morceaux sur [a, +∞[ et positive. On suppose de Zplus que f est décroissante. n On pose wn = f (t) dt − f (n) pour n ≥ a + 1. Xn−1 Alors la série wn est convergente Démonstration : On a N X k=n0 wk = N X Z ! k f (t) dt − f (k) Z k−1 k=n0 N f (t) dt − = n0 or comme f est décroissante, on a f (k) ≤ f (t) ≤ f (k − 1) d’où Z k f (k) ≤ f (t) ≤ f (k − 1) k−1 et donc 0 ≤ 0 ≤ wk ≤ f (k − 1) − f (k) N X k=n0 wk ≤ f (n0 ) − f (N ) ≤ f (n0 ) N X k=n0 f (k) 4) 4) Séries quelconques MP 2015-16 10 Séries quelconques Définition II - 5 : Absolue convergence X X Une série un est dite absolument convergente si la série |un | est convergente. Théorème II - 6 : toute série X absolument convergente est convergente. De plus si un est une telle série, on a +∞ +∞ X X un ≤ |un | n=0 n=0 Démonstration : On va commencer P par le cas réel. Soit (un )n∈IN telle que la série un est absolument convergente. On définie alors deux suites (vn )n∈IN et (wn )n∈IN par : un si un ≥ 0 0 si un ≥ 0 ∀n ∈ IN vn = wn = 0 si un ≤ 0 −un si un ≤ 0 P |un | est Les deux suites sont alors à P termes positifs. De plus elles sont majorées par (|un |) , comme la série P convergente, les deux séries vn et P wn sont aussi convergentes. De plus un = vn − wn , donc la série un , par propriété algébrique, est aussi convergente. L’inégalité recherchée vient de l’inégalité triangulaire des sommes partielles. Dans le cas où la suite est P complexe, P il suffit d’écrire un = an + ibn . Comme on a |an | ≤ |un | et |bn | ≤ |un | , on en déduit que les séries a et bn sont absolument convergente et donc convergentes. n P Par propriété la série un est alors convergente. Proposition II - 4 : Série exponentielle X zn Pour tout nombre complexe z, la série est absolument convergente. n! n +∞ P z Par définition on a exp (z) = . n=0 n! Démonstration : par la règle de d’Alembert Définition II - 6 : Produit de Cauchy On appelle produit de Cauchy de deux séries P un et P vn la série P wn définie par wn = n P uk vn−k k=0 Théorème P II - 7 : P Convergence P Si les séries un et vn sont absolument convergentes, alors leur produit de Cauchy wn l’est aussi. +∞ +∞ +∞ X X X De plus dans ce cas wn = un vn n=0 n=0 n=0 Démonstration : On considère des séries à termes positifs En écrivant les sommes partielles Un , Vn et Wn , on a Wn ≤ Un Vn ≤ W2n La première inégalité donne la convergence Puis la seconde la double inégalité 5) 5) Sommation des relations de comparaisons MP 2015-16 11 Sommation des relations de comparaisons Théorème II - 8 : Séries divergentes X Soit αn une série à termes réels positifs divergente. 1) Si 2) Si X X un est une série à termes complexes telle que un = O (αn ) alors un est une série à termes complexes telle que un = o (αn ) alors n X n X uk = O k=0 n X k=0 n X k=0 k=0 uk = o ! αn . ! αn . X X 3) Si un est une série réelle à termes positifs telle que un ∼ αn alors la série un diverge et n n X X uk ∼ αk . k=0 k=0 Théorème II - 9 : Séries convergentes X Soit αn une série à termes réels positifs convergente. 1) Si X un est une série à termes complexes telle que un = O (αn ) alors +∞ X uk = O k=n+1 2) Si X un est une série à termes complexes telle que un = o (αn ) alors +∞ X k=n+1 uk = o ! +∞ X αn . k=n+1 +∞ X ! αn . k=n+1 X X 3) Si un est une série réelle à termes positifs telle que un ∼ αn alors la série un converge et +∞ +∞ X X αk . uk ∼ k=n+1 k=n+1 Familles sommables III 1) MP 2015-16 12 Familles sommables Dénombrabilité Définition III - 1 : Rappel : ensemble fini Un ensemble est fini s’il est vide ou s’il existe un entier n non nul et une bijection de E dans [[1, n]]. n est alors le cardinal de l’ensemble. Le cardinal de l’ensemble vide est 0. Définition III - 2 : Dénombrable On dit qu’un ensemble E non vide est dénombrable si il existe une bijection de IN vers E. Un ensemble est au plus dénombrable lorsqu’il est fini ou dénombrable. Propriété III - 1 : Parties de IN Les parties de IN sont au plus dénombrables. Plus exactement une partie de IN est finie ou, sinon, il existe une unique bijection strictement croissante de IN dans cette partie. Démonstration : Soit A une partie de IN. • Si A est finie alors elle est au plus dénombrable. Supposons A infini. Comme l’ensemble vide est considéré fini de cardinal 0, A est non vide. Comme A est une partie non vide de IN elle contient un plus petit élément qu’on note a0 . On considère alors A1 = A \ {a0 }. Cette partie de IN est non vide car sinon A serait fini. On peut alors considérer son plus petit élément a1 . On construit donc la suite des éléments de A de la façon suivante : – On suppose avoir construit les n premiers éléments a0 , a1 ,.., an−1 qui vérifient : a0 < a1 < .. < an−1 et ∀a ∈ A, a > an−1 On pose alors An = A \ {a0 , .., an−1 }. An est alors une partie de IN non vide, sinon A serait finie. On pose alors an = min An . La suite ainsi construite définit une injection strictement croissante de IN dans A. – Montrons que cette application (définissant la suite) est surjective. Par récurrence immédiate (comme toute application strictement croissante de IN dans lui même) on a, pour tout n ∈ IN, an > n. Soit p ∈ A, on a donc ap > p et donc p 6∈ Ap . On en déduit que p ∈ {a0 , .., ap−1 }. Conclusion l’application n 7→ an est bien surjective dans A. Cette application est donc bien une bijection strictement croissante de IN dans A. D’où A est dénombrable. • Montrons maintenant que cette application est bien unique. Soit ψ une autre bijection strictement croissante de IN dans A. Par monotonie et construction des An on montre que ψ(n) = min An et on obtient l’identification avec l’application précédente. 1) Dénombrabilité MP 2015-16 13 Corollaire III - 1 : Un ensemble est au plus dénombrable s’il est en bijection avec une partie de IN. Ou encore, E est au plus dénombrable si et seulement si il existe un injection de E dans IN, ou encore si et seulement si il existe une surjection de IN dans E. Démonstration : Propriété III - 2 : Tout sous ensemble d’un ensemble dénombrable est dénombrable Proposition III - 1 : IN × IN L’ensemble IN × IN est dénombrable. Démonstration : Il suffit, par exemple, de considérer l’application (p, q) 7→ 2p (2q + 1) − 1. Celle-ci est une bijection de IN × IN dans IN. Proposition III - 2 : Produit cartésien fini d’ensembles dénombrables Le produit cartésien fini d’ensembles dénombrable est dénombrable. Démonstration : Si E et F sont deux ensembles dénombrables ils sont en bijection avec IN. On peut donc construire une bijection de E × F dans IN × IN qui est lui même en bijection avec IN. Il suffit alors de faire une récurrence sur le nombre d’ensemble. Proposition III - 3 : Réunion Une réunion finie ou dénombrable d’ensembles finis ou dénombrables est finie ou dénombrable. Démonstration : (non exigible) Le cas de la réunion finie d’ensembles finis a été vu en sup. On peut supposer, à bijection près, que la famille des ensembles est indexée par IN, c’est à dire qu’on considère la famille F = (Ep )p∈IN . Pour chaque ensemble Ep de cette famille il existe une surjection ϕp de IN dans Ep . On considère alors l’application de IN × IN dans F qui à (n, m) associe ϕn (m). Celle-ci est surjective donc F est au plus dénombrable. 1) Dénombrabilité MP 2015-16 14 Proposition III - 4 : Z, Q Les ensembles Z et Q sont dénombrables. Démonstration : Une preuve pour Z consiste à utiliser l’application qui à n associe n/2 si n est pair (ou nul) ou −(n + 1)/2 si n est impair. On démontre aisément que cette application est bien bijective et donc Z est dénombrable. On en déduit que Z × IN∗ est dénombrable. L’application de Z × IN∗ dans Q qui à (p, q) associe pq est surjective, donc Q est dénombrable. IN Proposition III - 5 : {0, 1} L’ensemble des applications de IN dans {0, 1} n’est pas dénombrable. Démonstration : On fait une démonstration par l’absurde. IN On suppose que {0, 1} est dénombrable, c’est à dire qu’il existe une suite (ϕn )n∈IN telle que tout élément IN de {0, 1} est un élément de cette suite. On considère alors l’application ϕ de IN dans {0, 1} qui à n associe 1 − ϕn (n). Il n’existe alors aucun n tel que ϕ = ϕn . Ceci contredit l’hypothèse. Corollaire III - 2 : IR l’ensemble [0, 1] n’est pas dénombrable et par suite IR n’est pas dénombrable. Démonstration : (non exigible) +∞ X an . Cette application est correcn+1 2 n=0 tement définie car les termes de la série sont majorés par les termes d’une série géométrique convergente. De +∞ +∞ X X an 1 plus 6 = 1. n+1 n+1 2 2 n=0 n=0 Cette application est surjective : ... Elle n’est cependant pas injective car l’image de (0, 0, 0, 1, 1, ...) est identique à celle de (0, 0, 1, 0, 0, ...). On considère alors Ω l’ensemble des suites stationnaires égale à 1 à partir d’un certain rang. Cet ensemble est dénombrable car union dénombrable d’ensembles finis (une suite stationnaire à partir du rang n est caractérisée par ses n premiers termes). IN On note alors Ω0 = {0, 1} \ Ω . L’application définit alors une bijection de Ω0 dans [0, 1[. Si ce dernier est dénombrable alors Ω0 aussi et par IN union, {0, 1} aussi, ce qui est absurde. On considère l’application de {0, 1} IN dans [0, 1] qui à (an )n∈IN associe 2) Familles sommables 2) MP 2015-16 15 Familles sommables Définition III - 3 : Sommabilité dans le cas positif On considère une famille (ui )i∈I de réels positifs, indexée par I X ensemble dénombrable. La famille (ui )i∈I est dite sommable si l’ensemble des sommes ui où J décrit l’ensemble des parties i∈J finies de I, est majoré ; dans ce cas, la somme de la famille (ui )i∈I est la borne supérieure de l’ensemble précédent. Si la famille (ui )i∈I n’est pas sommable, Xsa somme est +∞. Dans tous les cas, la somme est notée ui . i∈I Remarque : On a donc, pour avoir la sommabilité, l’existence de M ∈ IR∗+ tel que pour tout ensemble J fini inclus dans I, X on a ui 6 M . i∈J ( ) X L’ensemble a ∈ IR+ /∃J ⊂ I, fini , a = ui est donc non vide majoré. Il admet donc une borne supérieure i∈J qu’on note S. Par définition (ou caractérisation de la borne supérieure) on a donc : X ∀ε > 0 ∃J ⊂ I finie telle que S − ε 6 ui 6 S i∈J Or, X comme Xles éléments de la famille sont positifs, on a, pour toute partie finie K de I contenant J, ui 6 ui . i∈J i∈K On en déduit que, pour tout K ⊂ I fini contenant J, S − ε 6 X ui 6 S. i∈K Dans le cas où S = +∞ on écrit ∀S 0 ∃J ⊂ I finie telle que ∀K ⊂ I contenant J, S 0 6 X ui . i∈K Remarque : Sous famille Toute sous-famille sommable est sommable . Proposition III - 6 : Comparaison Soient (ui )i∈I et (vi )i∈I deux familles de réels positifs indexées par le même ensemble I dénombrable. On suppose qu’il existe λ > 0 tel que ∀i ∈ I ui 6 λvi . Si (vi )i∈I est sommable alors (ui )i∈I aussi et de plus X X ui 6 λ vi . i∈I i∈I Proposition III - 7 : Somme Soient (ui )i∈I et (vi )i∈I deux familles de réels positifs indexées par le même ensemble I dénombrable. Si ces deux familles sont sommables alors la famille (ui + vi )i∈I est aussi sommable. X X X De plus on a ui + vi = ui + vi . i∈I i∈I i∈I Démonstration : En notant S1 et S2 les sommes respectives des deux familles, on utilise la remarque pour X obtenir S1 + S2 − 2ε 6 (ui + vi ) 6 S1 + S2 . i∈K 2) Familles sommables MP 2015-16 16 Théorème III - 1 : Sommation par paquets si (In )n∈IN est une partition de I et (ui )i∈I une famille de réels positifs, alors la famille (ui )i∈I est sommable si et seulement si : a) Pour tout entier n la famille (ui )i∈In est finie ou sommable. ! X X ui converge. b) La série n i∈In Dans ce cas : X ui = i∈I ! +∞ X X i=0 i∈In ui Démonstration : HP Remarque : Dans le cas ou la famille n’est pas sommable, l’une des sommes est infinie ou la série est divergente. L’écriture finale reste correcte avec pour valeur +∞. Définition III - 4 : Famille sommable de complexes Soit (ui )i∈I une famille de complexes indexée par un ensemble dénombrable I. On dit que cette famille est sommable si la famille (|ui |)i∈I l’est. Proposition III - 8 : − a) Soit (ui )i∈I une famille de réels. Pour tout i ∈ I on pose u+ = min {−ui , 0}. i = max{ui , 0} et u i + − La famille (ui )i∈I est sommable si et seulement si les familles ui i∈I et ui i∈I le sont. b) Soit (ui )i∈I une famille de complexes, cette famille est sommable si et seulement si les familles (<(ui ))i∈I et (=(ui ))i∈I le sont. Démonstration : a) Par simple majoration et utilisation de la somme de deux familles sommables. b) on utilise |<(z)| 6 |z| 6 |<(z)| + |=(z)|. On en déduit la définition cohérente des sommes : Définition III - 5 : Sommes a) Si la famille de réels (ui )i∈I est sommable, on pose X ui = i∈I b) Si la suite de complexes (ui )i∈I est sommable, on pose X u+ i − i∈I X i∈I ui = X u− i . i∈I X i∈I <(ui ) + i X =(ui ). i∈I Propriété III - 3 : Espaces des familles sommables L’ensemble des familles indexées par un ensemble I dénombrable et qui sont sommables, est un espace vectoriel noté `1 (I). De plus l’application qui à une famille associe sa somme est linéaire. 2) Familles sommables MP 2015-16 17 Proposition III - 9 : Inégalité triangulaire Dans le cas d’une famille sommable (ui )i∈I on a X X |ui | ui 6 i∈I i∈I Démonstration : Dans le cas réel c’est immédiat par l’inégalité triangulaire sur les sommes finies ou en utilisant la proposition II-6 X Dans le cas complexe : on pose un = reiθ . On a alors n∈I ! X X X X X −iθ −iθ −iθ ui e ui e un = =< ui e = < ui e−iθ 6 n∈I n∈I n∈I n∈I n∈I Proposition III - 10 : Dirichlet : cas où I = IN X Si la série un est absolument convergente alors est commutativement convergente. C’est-à-dire que X pour toute permutation σ de IN la série uσ(n) est aussi absolument convergente et sa somme est indépendante de σ/ Démonstration : La série étant absolument convergente elle est convergente. On en déduit que pour tout +∞ X un 6 ε. ε > 0 il existe N tel que n=N +1 Soit m ∈ IN tel que [[0, N ]] ⊂ σ ([[0, m]]). On a alors m m m +∞ X X X X uk − uσ(k) 6 |uk | 6 |uk | k=0 k=0 k=N +1 k=N +1 Corollaire III - 3 : Une suite d’éléments de C est sommable si et seulement si sa série est absolument convergente. De la somme ne dépend pas de l’ordre de sommation. max(J) Démonstration : Pour J fini X i∈J |ui | 6 X |un | 6 n=0 +∞ X |un |. n=0 Pour la réciproque on prend J = [[0, n]]. Théorème III - 2 : Sommation par paquets si (In )n∈IN est une partition de I et (ui )i∈I une famille de complexes sommable alors : a) Pour tout entier n la famille (ui )i∈In est finie ou sommable. ! X X b) La série ui converge absolument. n i∈In On a de plus : X i∈I ui = ! +∞ X X i=0 i∈In ui Démonstration : HP On vérifiera l’hypothèse de sommabilité en appliquant le théorème de sommation par paquets à la famille (|ui |)i∈I 3) Séries doubles 3) MP 2015-16 18 Séries doubles C’est une application de la sommation par paquets. Théorème III - 3 : Tonelli discret La famille (am,n )(m,n)∈IN2 de réels positifs est sommable si et seulement si : X a) pour tout n, la série am,n converge ! +∞ X X b) la série un,m converge. m=0 Si tel est le cas +∞ X +∞ X n=0 m=0 ! un,m = +∞ X +∞ X m=0 n=0 ! un,m Théorème III - 4 : Fubini discret Si la famille (am,n )(m,n)∈IN2 de nombres complexes est sommable, alors : +∞ X +∞ X n=0 m=0 ! un,m = +∞ X +∞ X m=0 n=0 ! un,m Toutes les séries sont absolument convergentes. On vérifie l’hypothèse de sommabilité en appliquant l’énoncé précédent à la famille (|am,n |)(m,n)∈IN2 .