SC – Pathologie cardio-vasculaire 04-03-2016 DUBOIS Marie-Lucie D1 SC CR : Julie Chapon Pr Lepidi 14 pages Pathologie cardio-vasculaire Plan Première partie : Histologie cardiaque et vasculaire A. Rappels sur l'histologie du cœur B. Système vasculaire sanguin I. Système artériel II. Système veineux III. Système capillaire Deuxième partie : Pathologies Cardio-Vasculaires A. Athérosclérose I. Définitions II. Classification des lésions athéroscléreuses III. Plaque athérosléreuse simple IV. Complications V. Imperfections de la classification B. Cœur ischémique I. Physiopathologie de l'ischémie myocardique II. Type d'IDM C. Endocardites infectieuses I. Physiopathologie des EI II. Critères histologiques majeurs = critère de Dukes III. EI au diagnostic difficile D.Vascularites systémiques I. Définition II. Types de vaisseaux atteints III. Complications IV. Classification des vascularites Ce cours ne va absolument pas vous plaire... Première partie : Histologie cardiaque et vasculaire A. Rappels sur l'histologie du cœur Le cœur est composé de 3 secteurs : – endocarde (endothélium + tissu conjonctif (TC) sous-endothélial) – myocarde, la plus épaisse (cellules musculaire striées : cardiomyocytes + travées fibro-vasculaires) – épicarde (TC + péricarde viscéral) La cavité péricardique comprise entre le péricarde viscéral et le péricarde pariétal entoure le cœur. 1/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire Cardiomyocyte : noyau central, cellule allongée dont le cytoplasme est rempli de protéines contractiles, striations transversales en coupe longitudinale. Les cardiomyocytes sont reliés entre eux par les stries scalariformes. B. Système vasculaire sanguin Le système vasculaire sanguin regroupe les secteurs artériel, capillaire et veineux. Organisation de la paroi en 3 couches concentriques et 2 limitantes élastiques, de l'intérieur vers la périphérie : • Intima (endartère ou endoveine = endothélium pavimenteux + TC sous-endothélial) • Limitante élastique interne (LEI) qui n’existe pas au niveau capillaire, c'est une compaction des fibres élastiques • Média (cellules musculaires lisses + fibres élastiques +/- fibres de collagène). En fonction du type de vaisseaux, la proportion entre cellules musculaires lisses et fibres élastiques varie. • Limitante élastique externe • Adventice (fibre de collagène + vaisseaux nourriciers + nerfs de la paroi vasculaire) Les vaisseaux de l'adventice nourrissent l'adventice et une partie de la média, l'intima est vascularisé par le sang de la lumière artérielle. I. Système artériel Les artères sont divisées en fonction de leur calibre : – Artères proprement dites (diamètre : 25-30mm à 200-300 μm) – Artérioles (200-300 μm à 15-20 μm) Elles se regroupent en : – Artères élastiques (de gros calibre, artères dites de conduction) Il y a dans la média énormément de fibres élastiques, on voit peu la limitante élastique interne, mais bien la limitante élastique externe. ● Aorte et ses branches (carotides, TABC, sous clavières, iliaques) ● Artères pulmonaires Coloration classique à l’hématoxyline-éosine pour les artères élastiques. L'hématoxyline colore les noyaux, l’éosine colore les cytoplasmes. Pour mettre en évidence les fibres élastiques, on colore avec l’orcéine : les fibres élastiques prennent un aspect festonné dans la média. Cet aspect est artéfactuel, du à la rétraction de la paroi artérielle car il n’y a plus de sang dans la lumière artérielle, qui s'affaisse. La fixation entraîne également une rétraction de la paroi. – Artères musculaire (de moyen et petit calibre, artères de distribution) : ● Artères des membres ● Artères des viscères Sur une coupe histologique, on voit bien la limitante élastique interne, même sans orcéine, à l'aspect festonné. Il y a moins de fibres élastiques dans la média, mais plus de fibres musculaires lisses par rapport aux artères élastiques. La coloration est trichrome avec hematoxyline-éosine et bleu d'aniline pour colorer les fibres de collagène de l’advendice (c'est le trichrome de Masson). 2/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire • II. Système veineux Veinules (< 200-300μm) : ● post-capillaires (péricytaires), les péricytes sont des cellules à propriété contractile qui entourent les veinules post-capillaires ● musculaires, contenant dans leur paroi des cellules musculaires lisses • Veines petites, moyennes, grosses : contiennent moins de cellules musculaires lisses et de fibres élastiques. D'avantage de fibres de collagène. A calibre équivalent, la paroi veineuse est toujours plus fine que la paroi artérielle. Pour chacune de ces catégories, la structure des veines peut être : • Fibreuse (veines de la dure-mère et du cerveau) • Fibro-élastique, veine susceptible d’être distendue par le contenant sanguin (veines de gros calibre : VCS, veines brachio-céphaliques, jugulaires, sous-clavières, pulmonaires) • Fibro-musculaire (veines abdominales et des membres) Sur coupe histologique, l’adventice fibreuse se confond avec le tissu fibreux péri-veineux. Un vaisseau rempli de sang est arrondi, sur les lames, la veine se collabe, sa paroi étant assez fine. Sur une coupe histologique, la forme des cellules dépend de l’incidence de coupe : la cellule musculaire lisse étant fusiforme, si elle est coupée dans l’axe longitudinal elle apparaît allongée, si la coupe passe par son petit axe, elle apparait arrondie. III. Système capillaire Un capillaire est défini par un diamètre < 15 μm Le diamètre peut varier en fonction des facteurs physiologiques (T°) ou pathologiques. Structure : endothélium + fine couche conjonctive +/- péricytes en fonction du type de capillaire. Il existe 3 types : • Capillaires continus : il s'agit de cellules endothéliales jointives qui cloisonnent la lumière du vaisseau. La membrane basale entoure les cellules endothéliales. Dans un dédoublement de la MB, il peut y avoir des péricytes. Ex : tissus musculaires, TC, alvéoles pulmonaires, SNC. • Capillaires fenêtrés : les cellules endothéliales présentent des zones d’amincissement du cytoplasme, permettant de faire passer plus facilement certaines molécules. Les cellules endothéliales sont également recouvertes de MB. Ex : glandes endocrines et exocrine, muqueuse digestive, glomérule rénale, ce sont des zones où se produisent de nombreux échanges entre les organes et le sang. 3/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire • Capillaires discontinus ou sinusoïdes: cellules endothéliales non jointives. La MB qui les entoure est discontinue. Au niveau hépatique, la MB est même absente. Permet de faire passer des cellules entières entre le secteur extra-vasculaire et la lumière vasculaire, comme les cellules hématopoïétiques. Ex : rate, foie, MO. Les péricytes par leur propriétés contractiles jouent un rôle dans la réaction inflammatoire. Les leucocytes arrivent par voie sanguine, la vasodilatation initiale permet de rétracter les péricytes afin que les leucocytes sortent du vaisseaux sur le lieu de la réaction inflammatoire. Deuxième partie : Pathologies Cardio-Vasculaires A. Athérosclérose I. Définitions Définition (OMS) : Association de remaniements de l’intima des artères de gros et moyen calibre consistant en une accumulation focale de lipides, de glucides complexes, de sang et produits sanguins, de tissus fibreux (collagène) et de dépôts calcaires (calcifications) ; le tout s’accompagnant de modifications de la média dans sa partie interne ou dans sa totalité. Athérosclérose = athérome + sclérose : • Athérome : partie centrale lipidique • Sclérose : partie périphérique fibreuse. Fibrose macroscopiquement visible (fibrose = terme microscopique ; sclérose = terme macroscopique) Atériosclérose : sclérose dure de la paroi artérielle, en grande partie liée au vieillissement physiologique. II. Classification des lésions athéroscléreuses Les lésions sont consécutives ; chaque type représentant l'évolution du type précédent. Les lésions ont un caractère dynamique. Les lésions sont non circonférentielles, elles n’atteignent en règle générale qu’une partie de l’artère. Il existe 6 différents types de lésions : Lésions athéroscléreuses initiales : • Type I : macrophages (ou histiocytes) spumeux dans l’intima. Spumeux : macrophage à cytoplasme clair car surchargé. La surcharge peut être lipidique, glucidique ou d'origine infectieuse (ex : M. tuberculosis). Spumeux n'est pas synonyme de lipidique. N.B : histiocyte dans le langage courant = cellule macrophagique • Type II (= stries lipidiques) : amas de macrophages spumeux dans l’intima. Donne des lésions macroscopiquement visibles : stries jaunâtres sur l’intima. • Type III : amas de macrophages spumeux dans l’intima et accumulation discrète de lipides extra cellulaires. 4/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire Les lésions précoces asymptomatiques sont susceptibles de régresser et se développent dans les zones sensibles de l’arbre artériel (zones de bifurcation, à flux turbulent). Ces lésions peuvent être présentes : – à partir de la naissance pour les lésions de type I et II – après 20 ans pour les lésions de type III Les stries lipidiques : Constituées de cellules musculaires lisses venant de la média et de quelques macrophages en partie spumeux, sans dépôt lipidiques extra-cellulaires. Elles sont responsables d’un épaississement focal de l’intima. Elles apparaissent tôt au cours de la vie (aorte et artères coronaires +++) leur nombre et leur étendue augmentent avec l’âge. Lésions arthéroscléreuses avancées : • Type IV : formation d’un centre lipidique sans fibrose • Type V : lésions classiques ● Va : plaque fibro-lipidique (=classique plaque d‘athérosclérose) partie lipidique centrale entouré de fibrose ● Vb : plaque fibro-lipidique avec calcifications ● Vc : plaque fibreuse sans centre lipidique • Type VI : lésions compliquées, font la gravité des lésions arthéroscléreuses, les complications peuvent se surajouter. ● VIa : Ulcération ● VIb : Hématome intra-plaque ● VIc : Thrombose Les lésions se voient macroscopiquement. En MO, les solvants de la fixation à la paraffine dissolvent la graisse. Tout ce qui est lipidique apparaît optiquement vide : on observe ainsi des cristaux de cholestérol, en forme d'aiguilles de pin. Le saphran colore en orange les fibres de collagène. On observe une intima épaissi et des histiocytes spumeux, qui n’arrivent pas a résorber les lipides extra-cellulaires. On ne voit par contre pas la média. III. Plaque athéroscléreuse simple = fibro-athérome Épaississement focal de l'intima saillant dans la lumière, de couleur jaune. • Athérome = cœur lipidique au centre de la plaque ● Constitué d’amas de lipides (cholestérol+++) : intracellulaires (cellules spumeuses, ou cellules musculaires lisses spumeuses) ou extra-cellulaires (cristaux de cholestérol). ● Peut avoir des foyers nécrotiques • Sclérose = pourtour de la plaque : anneau fibreux rigide périphérique pouvant se calcifier. La rigidité gène le travail de l'artère : distension lors de la systole, puis retour au calibre initial pendant la diastole, permettant de faire avancer le sang dans tout le système artériel. 5/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire La plaque simple se trouve dans les lésions non encore compliquées : • La média sous la plaque est souvent amincie • Elle est recouverte par un endothélium normal Les lésions arthéroscléreuses simples sont focales et présentes surtout au niveau des bifurcations, courbures et branchements. Les localisations fréquentes sont : Aorte abdominale, fourche aortique, origine des grosses branches aortiques, coronaires, carotides internes, artères fémorales et poplités. IV. Complications Ulcération : Fracture de la chape fibreuse qui recouvre la plaque. Conséquences : hématome intra-plaque (augmentation du volume de la lésion) et thrombose (car le TC sousendothélial est mis à nu). Peut entraîner des micro-embolies de cholestérol par détachement de petite partie de la plaque qui est emportée par le courant artériel. Bouche des petits vaisseaux en périphérie : syndrome des orteils bleus par occlusion des artérioles des pieds. Hématome intra-plaque : Collection de sang dans la plaque : de la simple suffusion hémorragique à l’hématome disséquant : dissection de la paroi artérielle, la média est séparée en 2. Augmente le volume de la plaque et sa saillie dans la lumière artérielle, gênant le passage du sang. Peut résulter d’une brèche créée par l’ulcération. Thrombose : hémostase déclenchée par contact sang-structures internes de la plaque, suite à une ulcération. 3 éventualités possibles : • Le plus souvent, la thrombose reste murale, limitée à la zone ulcérée puis s’incorpore à la plaque. Elle augmente la taille de la lésion. • Peut se détacher et donner une embolie artérielle • Occlusion si bouche la totalité de l’artère. V. Imperfections de la classification La classification est imparfaite : il y a une non reconnaissance : – des sténoses et obstructions artérielles : conséquences directes de l'extension de la plaque – des embolies thrombotiques ou de cholestérol – de la dégénérescence anévrismale – des plaques à risque – du caractère inflammatoire des lésions En effet, il ne faut pas oublier que l’athérosclérose en dehors de la partie accumulation anormale de lipides, est une maladie inflammatoire. Constitution de la plaque d’athérosclérose : • MEC (collagène) • CML dans la chape fibreuse et myofibroblastes migrés, venus de la média et responsables de la fibrose 6/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire car synthétisent des fibres de collagène. • Macrophages 70% dans le centre lipidique, 30% dans la chape fibreuse • LT (10 %) dans le centre lipidique • Cellules spumeuses qui dérivent à la fois des macrophages et des CML Les lésions arthéroscléreuses sont des lésions fibro-inflammatoires avec production de nombreux médiateurs de l’inflammation. Des phénomènes immunitaires sont impliqués dans la progression des lésions et production de collagène via l'activation des CML et des myofibroblastes par les cytokines pro-inflammatoires. Ce ne sont pas simplement des lésions de surcharge. Notion de plaque à risque: – La thrombose coronarienne avec IDM ne survient pas nécessairement à partir de lésions sténosantes. – Plaque à risque = plaque athéroscléreuse pas nécessairement volumineuse mais ayant un fort potentiel de thrombose – Caractéristiques structurales de la plaque fragile: ● chape fibreuse fine ou quasi inexistante ● centre lipidique relativement volumineux ● infiltration inflammatoire de la plaque (= facteur de fragilisation) L’athérosclérose peut aussi se développer et se compliquer sur un pontage coronarien. B. Cœur ischémique Résulte d’une pathologie coronarienne dont la cause est l’athérosclérose dans plus de 95 % des cas. Manifestations cliniques : • Angor (angine de poitrine) • IDM, peut être d’emblée, sans angor préalable L’athérosclérose coronaire est naturelle. Elle atteint les coronaires épicardiques (l’IVA étant la plus touchée). Les lésions initiales sont non compliquées, elles correspondent à des plaques arthéroscléreuses fibro-lipidiques. Ces dernières peuvent évoluer en plaques compliquées (ulcération, thrombose, hématome sous-plaque). Les lésions athéroscléreuses coronariennes sont responsables d’une sténose coronaire. Elles sont significatives cliniquement lorsqu’elles induisent une sténose > 75 % du diamètre de l’artère. Les lésions coronaires les plus sténosantes se compliquent le plus souvent en thrombose. L'infarctus du myocarde est une nécrose ischémique du cœur, résultant dans la grande majorité des cas à une thrombose coronaire occlusive (IDM trans-muraux+++). La vascularisation artérielle cardiaque est terminale, il n’y a pas de réseau de suppléance (collatérales). L’IDM peut également être du à des pathologies coronaires non athéroscléreuses : • Anomalies congénitales des coronaires • Artérites • Embolies coronaires, suite à des épisodes infectieux (occlusion par un embole septique) • Dissections coronaires 7/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire I. Physiopathologie de l'ischémie myocardique Aspects tissulaires • Nécrose cardiomyocytaire = aspect d’une nécrose de coagulation, résultant d'un arrêt de la circulation • A la fin du 1er jour : réaction inflammatoire (arrivée de PNN sur le site nécrotique) • Détersion totale ou partielle (macrophages +++) en quelques semaines. Cellules éboueurs qui phagocytent les débris nécrotiques. • Évolution en fibrose collagénique cicatricielle, sans aucune propriété contractile. Les cardiomyocytes ne se régénèrent pas. Aspects macroscopiques La plus part des IDM sont blancs (caractère terminal de la circulation coroniare) IDM visibles macroscopiquement à partir de la 12ème h. • Du 1er au 4ème jour IDM = zone pâle jaunâtre entouré d'un liseré congestif • Fin de 1ère semaine : amincissement de la paroi ventriculaire • Dans les semaines suivantes : cicatrice fibreuse blanchâtre et rétractile, avec atrophie de la paroi cardiaque. A son contact, l'endocarde est épaissi et fibreux. CR : La paroi atrophiée peut se détendre et être le siège d'un anévrysme. Aspects histopathologiques à la 6ème h : • Traduction morphologique de la nécrose cardiomyocytaire = nécrose de coagulation avec rétraction et densification (pycnose) nucléaire et hyper éosinophilie du cytoplasme • Inflammation avec congestion et diapédèse leucocytaire (PNN, puis macrophage) : vasodilatation et arrivée des cellules inflammatoires La cinétique des différents événements cellulaires et tissulaires permettent de dater d’IDM (médecine légale). II. Types d'IDM (non précisé en cours, mais sur le diapo) IDM régionaux : IDM siégeant dans le territoire de la vascularisation de l'artère épicardique lésionnelle. Secondaire le plus souvent à une lésion athéroscléreuse compliquée de thrombose occlusive : – coronaire droite – coronaire gauche : circonflexe ou inter-ventriculaire antérieure (IVA) Le territoire de l'IDM dépend de l'artère coronaire responsable et donc des variations anatomiques de la distribution du réseau coronaire. – lésion de l'IVA = IDM antéro septal – lésion de la circonflexe = IDM latéral gauche dans 10 % des cas, réseau gauche dominant et donc IDM postéro-latéral) – lésion de la coronaire droite = IDM postéro-diaphragmatique (80 % des cas si réseau droit dominant) Le territoire et l'étendue de l'IDM dépendent du siège de la lésion sur la coronaire épicardique : – Proximal : lésions d'IDM plus étendues – Distal : lésions d'IDM plus limitées La plus part des IDM prédominent largement sur le VG et le septum, l'atteinte du VD étant plus limitée. Les IDM auriculaires exposent aux troubles du rythme. 8/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire IDM non régionaux : Le territoire de ces IDM n'est pas sous la dépendance directe d'une lésion coronaire bien individualisée. Ils surviennent le plus souvent sur le réseau coronaire avec des lésions athéroscléreuses sténosantes ou compliquées, étendues aux 3 réseaux principaux (Coronaires D/Circonflexe/IVA). Dans ces conditions anatomiques, un réseau collatéral développé et une thrombose coronaire occlusive sont mis en évidence seulement dans moins de 1/3 des cas. C. Endocardites infectieuses (EI) Les EI sont des pathologies graves de diagnostic difficile, car le tableau n'est pas franc : AEG, fièvre au long cours... Une valve cardiaque est un tissu comportant des fibres de collagène (résistance) et de fibres élastiques (déformabilité de la structure). Les valves cardiaques sont des structures soumises à un stress permanent (ouverture/fermeture). Ce tissu fibro-élastique est recouvert par un endothélium en continuité avec celui de l’endocarde. Il y a peu de fibroblastes, et ne sont pratiquement pas vascularisées. En pratique courante, les pathologies des valves cardiaques sont dégénératives, et non infectieuses. Il s'agit du remplacement anormal des fibres élastiques par des fibres de collagène, avec plus ou moins de calcifications. Les valves en deviennent moins efficaces, il en résulte une sténose ou une insuffisance valvulaire. En dehors des pathologies dégénératives, il y a les EI. I. Physiopathologie des EI 2 étiologies des EI : – EI classiques : staphylocoques, streptocoques – Notion de NBTE : non-bacterial thrombotic endocartis : formation d'un thrombus à la surface valvulaire. Des pathologies valvulaires prédisposent à l'ulcération, ce qui fait le lit des EI. Le modèle couramment admis est la formation d’un thrombus sur la valve. En effet le revêtement endothélial de la valve peut s'ulcérer, à cause des turbulences anormales du courant sanguin au contact de la structure valvulaire. Les valves lésées peuvent facilement s’ulcérer et prédisposent à l’EI. Lorsqu'il y a une bactériémie (situation fréquente), les bactéries sanguines s’accrochent au thrombus et le colonisent, détruisant la valve cardiaque et induisant une réaction inflammatoire et une végétation (thrombus bourré de germes). II. Critères histologiques majeurs (critères de Dukes d'EI confirmée) Au niveau valvulaire on observe lors d’une EI : • Présence des microorganismes (détection histologique) : ➔ Colorations spéciales de détection non spécifiques (Giesma, Grocott, Warthin-Starry, Gram, PAS) ➔ Immunohistochimie : méthode spécifique de détection (Ac anti-Bartonella sp. ; Ac anti-Coxiella burnetti l'agent de la fièvre Q ; ac anti-Tropheryma whipplei l'agent de la maladie de Whipple) • Végétations : thrombus inflammatoire, localisation majeure des microorganismes, sous antibiothérapie, les germes ne sont pas forcement retrouvés dans le thrombus. Le thrombus est visible en échographie. • Inflammation valvulaire : critère toujours présent. Ne pas confondre une inflammation d’EI à celle issue des remaniements valvulaires (endocardite dégénérative). 9/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire Pour le diagnostic différentiel avec les endocardites dégénératives on s’intéresse : • à l’intensité des infiltrats inflammatoires (aspect quantitatif) : infiltrat dense dans l'EI ; modéré dans les ED • à leur composition (aspect qualitatif) : neutrophiles dans EI, macrophages et lymphocytes dans ED (inflammation chronique). La valve cardiaque est peu vascularisée, donc la RI mais longtemps à se mettre en place, laissant le temps aux microorganismes de se développer. CR : en effet la RI fait suite à un mécanisme de néoangiogenèse pour apporter les médiateurs de l'inflammation sur le site de l'infection. Il peut y avoir des EI sur des bioprothèses valvulaires, c’est un tissu mort sans vascularisation, donc il ne peut y avoir de réaction inflammatoire, c’est pourquoi il s’altère. Les microtraumatismes valvulaires ne peuvent être réparés par les quelques fibroblastes normalement présent. Les bioprothèses peuvent être l’objet d’une infection en cours d'opération ou en post-op. N.B : les 2 types de prothèses actuellement proposées sont les prothèses métalliques, ne s'altérant pas mais nécessitant un traitement anti-coagulant et les bioprothèses, ne nécessitant pas de traitement anti-coagulant mais devant être changées tout les 10 ans. III. EI au diagnostic difficile Il existe des EI au diagnostic difficile car elle ne se comportent pas comme les autres. Elles s'échelonnent sur des semaines, voire des mois, les douleurs sont progressives, la mise en évidence de la bactérie est malaisée. Elles sont : • Fièvre Q à Coxiella burnetti : pauvre en PNN et riche en macrophages (localisation intra macrophagique de la bactérie), peut se confondre avec une ED • EI à Bartonella : présente des calcifications • EI à maladie de Whipple à Topheryma whipplei : les macrophages spumeux sont surchargés en microorganismes Le diagnostic de certitude de ces EI repose sur l'immunohistochimie pour mettre en évidence la bactérie dans la végétation. D. Vascularites systémiques I. Définition Affections caractérisées par une inflammation et une nécrose des parois vasculaires. La pathogénie en grand partie incomprise. Il y a un rôle de l’immunité à médiation cellulaire et des complexes immuns circulants. II. Types de vaisseaux atteints L’inflammation et la nécrose sont au niveaux des plans vasculaire, avec une atteinte d’artères +/- de veines de tailles et localisations variées. • Atteinte des gros vaisseaux : toutes les artères définies par un nom et leurs premières branches de division • Des vaisseaux de petit calibre : capillaires, vaisseaux pré- et post-capillaires • Des vaisseaux de moyen calibre : vaisseaux de position intermédiaire L'atteinte est inflammatoire : infiltration leucocytaire des parois artérielles. La nature de cet infiltrat inflammatoire est très varié : 10/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire • PNN pour les vx de petit calibre • Cellules mononuclées (macrophages, lymphocytes) pour les vx de moyen et gros calibre • III. Conséquences de l'inflammation vasculaire Nécrose pariétale = fibrinoïde (apparaissant sous forme de barrière rouge car contient beaucoup de fibrine en coupe histologique) • Thrombose • Inflammation s’étendant dans les espaces cellulaires, para-vasculaires = inflammation granulomateuse (macrophages +++) caractérisant les maladies de Churg-Strauss et Wegener IV. Classification des vascularites (le prof est passé très rapidement, ce qui est en italique est sur le diapo mais non dit par le prof à l'oral) Classification anathomopathologique des vascularites systémiques : • Vascularites leucocytoclasiques • Vascularites nécrosantes • Vascularites nécrosantes et granulomateuses • Vascularites granulomateuses • Vascularites thrombosantes • Vascularites fibrosantes • Vascularites avec infiltrats à prédominance lymphoïde Les 7 vascularites constituant des syndromes cliniques les plus fréquents sont : • PAN (péri-artérite-noueuse) • Syndorme de Churg-Strauss • Granulomatose de Wegener • Vascularites d'hypersensibilité • Purpura rhumatoïde • Maladie de Horton • Maladie de Takayasu 1. Vascularites leucocytoclasiques : Atteinte des petits vaisseaux (capillaires et veinules post-capillaires). L'image histologique typique est la microangéite leucocytoclasique (infiltrat avec PNN altérés, pycnotiques et nécrose fibrinoïde). 2 types : – Cutanées : symptologie cutanéo-muqueuse – Angéite d'hypersensibilité de Zeek (ou PAN microscopique) : prédominance cutanéo-muqueuse avec possibilité d'atteinte d'autres tissus. La caractère synchrone des lésions et sa localisation exclusive des petits vaisseaux la distinguent de la PAN. 11/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire Les causes sont multiples : infectieuses, médicamenteuses, dysimmunitaires, lymphoprolifératives, tumorales. 2. Vascularites nécrosantes PAN : • Touche les artères musculaires de moyen calibre. • L'image histologique caractéristique est une infiltration riche en PN avec nécrose fibrinoïde et thrombose secondaire fréquente aux lésions endothéliales. Donne des microanévrismes rénaux si les artères rénales sont touchées. Pour le diagnostic de cette pathologie, des biopsies musculaires sont souvent faites. • Les lésions évoluent de manière aspécifique et fibreuse. Syndrome de Kawasaki (rare, ne pas retenir) : syndrome cutanéo-muqueux de l'enfant, touche notamment les artères coronaires avec des lésions similaires à celles de la PAN. Ce type de vascularite se retrouve dans le Lupus Erythémateux Disséminé et la Polyarthrite Rhumatoïde. Il faut surtout retenir – Dans les vascularites en général le caractère segmentaire des vascularites : segment d’artère pathologique séparé par segment d’artère saine. – Ne pas confondre une PAN avec des lésions vasculaires au contact d’un foyer infectieux. 3. Vascularites nécrosantes et granulomateuses Il s'agit de granulomes inflammatoires qui se situent dans la paroi ou à distance ( en plein TC). Angéite allergique de Churg et Strauss : • • Atteinte pulmonaire avec triade diagnostique : asthme sévère, hyper-éosinophilie, vascularite Les lésions sont segmentaires. • Image histologique typique : granulomes péri-et extra-vasculaire +/- riche en PN éosinophiles, vascularite nécrosante Granulomes centrés par une nécrose éosinophile contenant des PN pycnotiques avec en périphérie des macrophages et des cellules géantes • • • Évolution des lésions vers la fibrose cicatricielle. Localisations : poumons et foie Granulomatose de Wegener : peu fréquent, de moins en moins de prélèvements histologiques • Infiltration granulomateuse extra-vasculaire (infiltrat polymorphe : macrophages, cellules géantes, lymphocytes et PNN) et vascularite avec dégénérescence fibrinoïde et vascularite avec infiltration granulomateuse pariétale. • • Touche les vaisseaux de tout calibre Il existe toujours une nécrose tissulaire • Localisations : poumon, sphère ORL, reins, peau 12/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire 4. Vascularites granulomateuses (ou giganto-cellulaires) Maladie de Horton : vascularite la plus fréquente (à retenir !!) Localisation : Atteinte des artères à destinée céphalique et de l'aorte • Lésions prédominant au niveau de la média et la LEI (limitante élastique interne). On a typiquement une réaction giganto-cellulaire et des signes d'élastolyse (LEI absente ou fragmentée) • Pan-artérite oblitérante segmentaire : atteint toute la paroi de l'artère • Lésions focales Clinique : • Sujet âgé (exceptionnel avant 50 ans), diagnostic difficile • Symptomatologie : fièvre au long cours, asthénie, migraine, AEG • Lésions atypiques dans 40 % des cas (Un cousin du prof est atteint , et il n'y a pas pensé car la symptomatologie était atypique: super info!) • Diagnostic : Biopsie de l'artère temporale, une biopsie normale n'élimine pas le diagnostic de maladie de Horton car les lésions sont segmentaires ! • Tendance thrombosante avec occlusion +/- complète de la lumière artérielle (épaississement intimal occlusif), fait la gravité de la maladie de Horton. Si touche les 2 artères ophtalmiques, cela conduit à la cécité. • Traitement par corticothérapie à haute dose. • Possibilité de vasculites adventicielles Maladie de Takayasu : peu fréquent • Localisations artérielles : aorte thoracique et abdominale et leurs branches, artères pulmonaires • Femme jeune avant 40 ans (prédominance féminine à 80 %) • Lésions segmentaires et focales, prédominant à la jonction média-adventice (LEE) (et pas ailleurs), avec inflammation mononucléées et giganto-cellulaires sans nécrose. • Évolution des lésions pas poussées inflammatoires, donnant une fibrose cicatricielle (gangue fibreuse collagénique adventicielle avec mutilation de la LEE) • Évolution sténosante (utile pour le diagnostic), thrombose rare 5. Vascularites thrombosantes Maladie de Buerger = Thromboangéite oblitérante : • Atteinte inflammatoire segmentaire plurifocale des artères de petit et moyen calibre et des veines périphériques évoluant par poussées • Lésion la plus fréquente : thrombose récente, artérielle ou veineuse ; thrombose isolée ou associée à une inflammation polymorphe avec PNN et macrophages • Artères : intima inflammatoire (PNN et macrophages) avec média et LEI relativement bien préservées • Veines : atteinte pan pariétale, tous les plans sont inflammatoires avec inflammation du tissu périveineux • Terrain : homme avant 40 ans, tabagique +++ 13/14 SC – Pathologie cardio-vasculaire • Gravité car entraîne amputations itératives des extrémités (nécrose des extrémités digitales) Maladie de Behçet : • Atteinte des petits vaisseaux • Atteinte non rare des gros vaisseaux essentiellement représentée par des thrombophlébites veineuses • Atteintes artérielles rares • Atteinte aortique possible avec aspect histologique pseudo-infectieux (nécrose et inflammation riche en PNN) • Classiquement en clinique on a une aphtose bipolaire (aphtes buccaux et génitaux) 6. Vascularites fibrosantes Anévrismes inflammatoires de l'aorte : pas rare • Péri-aortites (aorte abdominale) caractérisées par un épaississement majeur de la paroi aortique, le plus souvent anévrysmale, avec fibrose extensive adventicielle et fibrose destructrice de la média. • Inflammation : amas lymphoïdes périvasculaires • Athérosclérose constante • Incidence : 10 % des anévrismes opérés, surtout de l'aorte abdominale Artérites et aortites infectieuses : • Peuvent être à spirochètes (syphilis, maladie de Lyme) ; à mycobactéries ; à pyogènes (bactéries, champignons) ; à Rickettsies ; à virus ; maladie de Whipple • TDD : aortite syphilitique (syphilis tertiaire) : • atteinte de l'aorte thoracique ascendante avec inflammation lymphoplasmocytaire autour des vasavasorum • lésions d'endartérite oblitérante des vasa-vasorum, foyers de mutilation musculo-élastique de la média avec foyers fibro-inflammatoires, hyperplasie intimale • évolution possible vers la dilatation anévrysmale 7. Vascularites avec infiltrats à prédominance lymphoïde : • Infiltrats à lymphocytes normaux : groupe hétérogène • Infiltrats lymphomateux : groupe des lymphomes angio-centriques (granulome malin centro-facial, granulomatose lymphoïde de Liebow...) = lymphome T Voila pour ce cours horrible, ce n'était pas une grande joie de réentendre la merveilleuse voix soporifique du Pr Lepidi. Je souhaite un beaucoup de patience à mon relecteur (ou relectrice). Deuxième et dernier ronéo. Bon courage à tous. P.S : Qui songe à sa reconversion ? CR : en effet relire ça en rentrant de manade ce n'est pas le meilleur moyen de se remettre ! Je dédicace cette relecture à Marlouse parce que ça m'a fait super plaisir de croiser nos coupaings hier soir ! 14/14