JIR DU 27 AOUT 2009
L’Humanitude : la nouvelle méthode pour soigner nos gramounes
L’Association Saint-François d’Assise inaugurera vendredi un nouvel Etablissement
d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) à Sainte-Clotilde. Cette
structure
s’efforcera d’appliquer la méthode de soins fondée sur le concept d’Humanitude.
Aujourd’hui,
au Cinépalmes de Sainte-Marie, se tiendra un colloque sur cette notion révolutionnaire.
Rencontre avec son plus ardent défenseur, Yves Gineste.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’Humanitude ?
Le mot a été inventé par un journaliste suisse, puis repris par le philosophe Albert Jacquard,
dans le cadre de sa réflexion sur ce qu’un homme apporte à autrui. Cette réflexion a été
transformée en philosophie de soins. Pour le personnel soignant, il s’agit de se demander si
ces actes sont cohérents. Il faut bien se souvenir que jusqu’à présent, la philosophie du soin
élaborée dans les années 1950 repose essentiellement sur les besoins de l’homme. Tout le
système de soins doit ainsi tendre à combler les besoins de l’homme quand il n’est plus en
capacité de le faire par lui- même. Maintenant, nous considérons que l’homme est un être de
désir. L’humanitude se définit à la fois comme l’ensemble des particularités qui fait que je me
reconnais comme un être humain et comme l’ensemble des particularités qui permet à un
homme de reconnaître autrui comme un être humain faisant parti de l’humanité. C’est une
philosophie du lien.
Cette méthode est centrée sur le patient mais est-elle utile pour le personnel soignant ?
Depuis trente ans, je vais dans les hôpitaux, les structures de soins et je demande à m’occuper
des patients qui posent le plus de problèmes. J’ai expérimenté la méthode “Gineste-
Marescotti” auprès de plusieurs dizaines de milliers de malades très difficiles. Cette méthode
explique ce que nous sommes en tant que soignant. Et cette méthode s’accompagne d’une
démarche éthique.
Nous affichons des valeurs et nous cherchons à les mettre en pratique dans chacun de nos
actes.
Quand cette méthode est appliquée dans les établissements, les résultats permettent de faire
baisser le taux de prise de médicaments de 50 %. Les infirmiers sont moins stressants pour les
patients et eux-mêmes demandent moins de neuroleptiques. Le plus souvent, les soignants
demandent des arrêts maladies quand ils sont à bout. Avec notre méthode, les défections
diminuent de 50 %. Nous sommes certains que ce que nous faisons est bien.
Cette méthode a-t-elle sa place à la Réunion ?
Il n’y a que cinq ou six établissements dans le monde qui fonde leur organisation sur cette
méthode. A la Réunion, il y a de contraintes spatiales qui font qu’on ne peut pas créer des
pavillons individuels pour les personnes âgées. Pour qu’elles se sentent comme à la maison.
L’objectif de l’AFSA est d’introduire cette méthode dans ses établissements.
Maisl’humanitude est avant tout une technique. Il ne s’agit pas d’agir avec du cœur. La
manière de regarder, de parler et de toucher est essentielle. Il s’agit de se comporter de telle
manière que le patient prenne le soignant comme un ami. C’est décisif pour les malades
d’Alzheimer dont on dit qu’ils sont hyper agressifs. Dans 83 % des cas, on obtient une