Dossier pédagogique saison 2013 i 2014 ANTON TCHEKHOV I ÉRIC LACASCADE Oncle Vania D’APRÈS Oncle Vania ET CRÉation 2014 L’Homme des bois AVEC Jérôme Bidaux D’APRÈS LA TRADUCTION D’andré Morvan PUBLIÉE AUX ÉDITIONS Markowicz & Françoise BABEL ACTES -SUD Jean Boissery & MISE EN SCÈNE ASTROV FÉDOR arnaud Churin (DU 5 AU 16 MARS) OU Philippe Frécon (DU 18 AU 22 MARS) alain d’Haeyer Maud Rayer P. 5 De l’Homme des bois à l’oncle Vania P. 7 FRançoisE MoRVan ELÉNA SONIA Jean-Baptiste Malartre CoPRoDuCtion Éric Lacascade joue collectif TÉLÉGUINE JELTOUKHINE Millaray Lobos garcia Théâtre national de Bretagne – Rennes Compagnie Lacascade – Théâtre de la Ville-Paris – Maison de la Culture de Bourges. Eric Lacascade est artiste associé au Théâtre national de Bretagne – Rennes. PRoDuCtion DÉLÉguÉE P. 4 HuguEs LE tannEuR VANIA stéphane E. Jais ambre Kahan note d’intention ORLOVSKI arnaud Chéron Éric Lacascade COLLABORATION ARTISTIQUE Daria Lippi, Éric Didry SCÉNOGRAPHIE Emmanuel Clolus LUMIÈRES Philippe Berthomé COSTUMES Marguerite Bordat SON Marc Bretonnière ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE noémie Rosenblatt ADAPTATION SOMMAIRE MARIA VASSILIEVNA Laure Werckmann Résumé P. 9 oncle Vania, un monde dans une éprouvette P. 10 SÉRÉBRIAKOV YOULIA Création au TNB – Rennes du 18 février au 1er mars 2014. ViRgiL tanasE un siècle de Vania SAVOIR AIMER La difficulté d’accepter son attachement aux choses, aux êtres. De s’accepter soi-même. ainsi chez tchekhov va la famille, ainsi va le monde. P. 13 giLLEs Costaz L’univers tchekhovien P. 15 Chronologie a. tchekhov P. 16 Dans la tête du metteur en scène P. 22 • RÉFÉREnCE à La CaPtation ViDÉo Du sPECtaCLE • ConsiDÉRation iMPoRtantE Le monde de tchekhov passionne Éric Lacascade. Régulièrement il revient vers ses bourgeois des villes mal à l’aise dans leur propriété de campagne, héritage dont ils ne peuvent se passer, sinon lorsque, ruinés, ils doivent vendre – voir La Cerisaie – et c’est alors comme une mort. Ici, Vania aime et garde sa forêt. Mais, comme tout personnage de Tchekhov, il vit à côté de ses désirs. Il ment et se ment, consciemment, avec une inébranlable sincérité. Avant tout il se voudrait capable d’être aimé, de donner du bonheur. L’exigence de ces êtres, leur lucidité, leurs élans, leurs regrets, voilà ce qui entraîne Lacascade vers eux, toujours en lutte avec eux-mêmes, dépendants d’un groupe plus ou moins familial, uni au point d’en devenir étouffant. Portrait d’une humanité dont il tient à montrer les rêves et la fragilité. Et la dureté, en reliant Oncle Vania à sa première version, plus rude, L’Homme des bois, écrite près de dix ans auparavant, en 1889. • REMaRquEs gÉnÉRaLEs. notEs DE MisE En sCènE Éric Lacascade P. 35 Les comédiens P. 36 tournée / rencontre / à lire / à voir P. 39 Colette Godard © B. Enguerrand 2 3 NOTE D’INTENTION ÉRIC LACASCADE JOUE COLLECTIF avec Oncle Vania, l’Homme des bois, le metteur en scène, directeur de l’École du théâtre national de Bretagne à Rennes, revient à tchekhov, un de ses auteurs favoris. Depuis de nombreuses années j’explore régulièrement l’œuvre de Tchekhov. Elle est une source à laquelle je reviens régulièrement. Il est vrai que ce fut mon premier amour d’auteur, et qu’un premier amour vous marque à jamais. Au fil du temps, au fil de ces rendez-vous, je me suis senti en empathie, en symbiose avec les personnages – plus que des personnages nous dirions des gens – et les situations qui les traversent : Ivanov, Les Trois Sœurs, puis La Mouette et Platonov. Aujourd’hui Vania, l’Homme des bois. Incontournable. Tchekhov peint ici un microcosme familial étouffant, et cela me plaît. Son portrait d’une bourgeoisie micampagnarde, mi-intellectuelle en train de sombrer me parle. Je crois à cette fin du monde-là. Les plaintes et les pleurs de Vania sur sa jeunesse envolée m’attirent aussi. Et la noirceur d’Astrov. De même que ces histoires d’amour sans espoir, ces histoires d’amitié sans pitié. Et la vie qu’on dit ratée aussi. Et cet écart entre ce que l’on croit être, ou pouvoir devenir, et ce que l’on est, à la fin. La violence des propos et des sentiments, leur faiblesse, le peu d’exigence des êtres envers eux-mêmes, leur clairvoyance et leur exhibitionnisme, et pourtant leur incapacité à agir ou à évoluer. Dieu sait pourtant qu’ils luttent ! Ce constat nous bouleverse, car avant la résignation mentale ou physique ces hommes et ces femmes luttent. Au bord de l’abîme, maladroitement, dans tous les sens, pour eux et contre les autres, pour les autres et contre eux-mêmes, ils luttent. C’est cette confrontation que je vais montrer. Ce déferlement d’humanité, ce bouillonnement des passions qui se mêlent et s’entrechoquent sur scène, nous sont d’un coup renvoyés en pleine figure et là, c’est avec nous-mêmes que nous avons à faire. Tchekhov a écrit une première version d’Oncle Vania qui s’appelle L’Homme des bois. Il m’a semblé tentant de réunir ces deux textes en un seul, pour la première fois. Éric Lacascade 4 Éric Lacascade aime être sur scène avec ses comédiens. Quand on l’interroge sur ce besoin de se situer à la fois à l’extérieur et sur le plateau, il se compare souvent à un capitaine d’équipe de football à l’œuvre sur le terrain avec les joueurs. L’image peut surprendre tant il est peu courant de mettre en parallèle le théâtre et le sport. Cependant, quiconque a assisté à un spectacle monté par Éric Lacascade a pu faire ce constat d’une présence particulière, au milieu des acteurs, de ce personnage légèrement à part tout en étant au cœur de la représentation – non plus dans la peau du metteur en scène mais en quelque sorte dans celle du meneur de jeu. Ce double positionnement a quelque chose de remarquable car, en observant Éric Lacascade évoluer dans des pièces comme Ivanov, La Mouette ou Platonov, on voit simultanément l’acteur et l’homme. L’homme, c’est-à-dire le metteur en scène. éphémères, même si réussies, mais se poursuit sur la durée. Après avoir un peu délaissé son auteur fétiche qu’est Tchekhov pour monter notamment Hedda Gabler d’Ibsen, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, ou Les Barbares et Les Estivants de Gorki, Éric Lacascade y revient aujourd’hui avec Oncle Vania. Ce retour à un auteur qu’il a si bien servi jusque dans la Cour d’honneur du palais des Papes à Avignon, en 2002 avec Platonov, est incontestablement un événement important. Dès ses premiers pas en duo à la tête du Ballatum Théâtre, avec son compagnon de route Guy Alloucherie, le parcours d’Éric Lacascade s’est toujours déroulé sous le signe d’une grande cohérence. Avec lui chaque nouvelle création est le fruit de ses expériences précédentes. Ainsi, pendant dix, ans l’aventure du Ballatum s’est nourrie des folies du Grand Magic Circus ou du Living Theatre. Un théâtre explosif, insolent qui fait feu de tout bois. Au point qu’on pourrait voir dans les premières créations en solo de Lacascade une forme d’assagissement quand il s’agit en réalité d’une nouvelle orientation. Il monte notamment une Phèdre de Racine intense et frémissante dont tous les rôles sont interprétés par des comédiennes. Sa fréquentation assidue du Polonais Jerzy Grotowski, auquel il rend régulièrement visite jusqu’à sa mort en 1999, l’encourage à poursuivre sa quête d’un théâtre qui ne consiste pas seulement à mettre en scène des textes mais à construire des formes suffisamment originales et stimulantes pour les faire entendre différemment. Ivanov est sa première incursion dans l’univers de Tchekhov. La pièce s’ouvre sur My Sweet Lord de George Harrisson. Ce qui pourrait ressembler à un contresens ou à une facilité contribue au contraire à installer l’atmosphère aigre-douce dans laquelle se débat le héros. Cette approche intuitive fera aussi le succès de La Mouette, de Platonov et de La Cerisaie. « Une analyse trop poussée qui met le cœur à nu aurait enlevé à Tchekhov ce léger brouillard poétique qui lui est propre », écrit Stanislavski. Monter Tchekhov est une affaire de doigté, un travail de précision où il est indispensable de trouver la bonne mesure pour maintenir ensemble un subtil Cette présence singulière dans l’action de celui dont on sait qu’il en est aussi le regard extérieur – on pourrait aussi bien dire l’ordonnateur – produit un effet étrange. Toujours droit sans pour autant être raide, son port dégage une énergie discrète. Il est là un peu à la manière d’un agent secret, un personnage trouble ; ou au contraire, à la façon d’un ange gardien plus rassurant. Éric Lacascade n’est sans doute pas le seul metteur en scène à jouer aux côtés de ses comédiens, mais dans son cas sa présence lui confère un double rôle d’acteur et d’observateur d’autant plus important que ce positionnement influe sur le comportement général de ceux qui participent au spectacle. Pour Éric Lacascade, jouer un personnage ne consiste pas tant à l’incarner qu’à contribuer à un mouvement d’ensemble. Ce qu’il met en scène consiste d’abord en une dynamique de groupe. C’est là qu’on retrouve la métaphore du sport d’équipe ; la circulation, les accélérations, les passes et autres échanges se retrouvent sur cet autre terrain qu’est le plateau. Si Éric Lacascade monte si bien le théâtre de tchekhov, c’est parce que selon lui, l’acteur participe toujours d’un ensemble et donc existe en interaction avec les autres acteurs. D’où l’importance, pour ce chef de bande, d’un théâtre de troupe basé sur une complicité qui ne se contente pas d’aventures 5 réseau de forces sous-jacentes en se gardant de tout excès. Oncle Vania est sous-titré Scènes de la vie de campagne en quatre actes. Certains commentateurs disent de cette pièce qu’elle a la densité d’un roman. Tchekhov lui-même, déçu par le mauvais accueil du public lors des premières représentations de La Mouette, a d’abord pensé en faire un récit. Au cœur d’un été étouffant, Oncle Vania saisit un moment à la fois ramassé et extrêmement dense dans l’existence de quelques personnages. La présence d’une jolie femme venue de la ville fait monter la tension. Vania et son ami, le docteur Astrof, s’éprennent de la belle Elena Andréevna, épouse du tyrannique professeur Sérébriakov. Malade, celui-ci a décidé de se retirer dans son domaine, dont Vania s’occupe tant bien que mal avec Sonia, sa nièce, fille d’un premier mariage du professeur. Tchekhov a d’abord écrit une première version de la pièce intitulée L’Homme des bois. Pour cette mise en scène, Éric Lacascade a choisi d’utiliser les deux textes pour n’en faire qu’un. Dans ce microcosme où le quotidien s’organise en fonction du rythme des saisons, avec de temps à autre quelques rasades de vodka pour se réchauffer un peu le cœur, on vit au gré de ses rêveries pour passer la mélancolie. « Lorsqu’on n’a pas de vie véritable, on la remplace par des mirages », réplique Vania à sa nièce qui lui reproche d’avoir trop bu. En quelques traits, Tchekhov laisse monter peu à peu une tension d’abord discrète jusqu’à ce qu’elle parvienne à ébullition. Les élans du cœur, les rêves, les espoirs les plus fous soulevés par la beauté d’Elena atteignent un paroxysme pour s’effondrer et laisser place à la résignation. Avec, à la fin de la pièce, les mots de Sonia dont la vérité résonne avec une telle force après tout ce qui s’est passé qu’ils sont absolument bouleversants. Ce drame minuscule et immense, Éric Lacascade le voit comme celui d’une humanité en crise où, malgré leur lucidité, les héros n’ont au fond d’autre choix que de continuer à vivre, même si c’est en se résignant. Hugues Le tanneur 6 DE L’HOMME DES BOIS À L’ONCLE VANIA AVANT-PROPOS DE L’HOMME DES BOIS, FRANÇOISE MORVAN Objet de toutes les critiques, ce malheureux Homme des bois avait été d’abord été écrit dans une sorte d’euphorie. En 1889, Tchekhov, alors dans la période la plus heureuse de sa vie, était rasséréné par le succès d’lvanov (joué dans sa deuxième version) et de ses pièces en un acte. Il se mit à écrire Le Tragédien malgré lui et La Noce, qui devaient compter d’emblée au nombre de ses plus grands succès, tout en travaillant à bâtons rompus à cette pièce jeune et neuve, une « grande comédie-roman » aux personnages « absolument nouveaux ». L’Homme des bois, dans sa première version, franchit le barrage de la censure le 10 octobre, mais fut refusé par le Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg, deux lecteurs et metteurs en scène de renom, Lenski et Némirovitch-Dantchenko, allant jusqu’à inciter Tchekhov à renoncer au théâtre pour se consacrer à ses nouvelles : la plupart des personnes auxquelles Tchekhov avait soumis le manuscrit se répandirent en critiques, les uns disant que le titre ne convenait pas car l’Homme des bois n’était pas le personnage principal, les autres que le suicide de Voïnistski ne se justifiait pas et d’autres encore que l’auteur ignorait les règles du théâtre et que, de toute façon, le sujet traité était un sujet de roman. Cependant, dès novembre, le théâtre Abramova de Moscou l’ayant acceptée, à l’instigation du metteur en scène, N. N. Solovtsov, Tchekhov entreprit de revoir la pièce en urgence : la première devait avoir lieu le 27 décembre. Les trois premiers actes de la deuxième version furent remis le 20 décembre et, le 25 décembre, Solovtsov en était encore à demander à Tchekhov d’apporter le quatrième acte lorsqu’il viendrait assister à la répétition du jour. La première eut lieu à la date prévue, mais les acteurs n’étaient pas prêts, la période ne convenait pas car on attendait pour les fêtes une comédie légère, et les acteurs du théâtre Korch, à qui Tchekhov s’était aussi adressé, étaient venus siffler la pièce pour se venger. Ainsi l’échec fut-il parfait. Lorsque, pour la première fois, en 1995, nous avons traduit L’Homme des bois, nous avons ressenti une grande tendresse pour cette pièce, généralement considérée comme le brouillon d’Oncle Vania, ou plutôt comme une version manquée dont le seul intérêt était d’éclairer la genèse d’un chef-d’œuvre. Puis, le temps passant, quelques metteurs en scène nous ont avoué leur prédilection pour L’Homme des bois et, après avoir travaillé avec Claire Lasne Darcueil, nous avons décidé de donner une nouvelle version de cette traduction, en tenant compte des corrections que nous avions apportées entre-temps au texte d’Oncle Vania. Au fil des années, nous avons aussi constaté combien les versions originales des pièces de Tchekhov, telles qu’il les avait déposées à la censure, nous semblaient plus riches et plus fines que les versions définitives, revues selon les directives de Stanislavski, et nous avons pris l’habitude de donner tout à la fois la version première, d’après le manuscrit de censure, et la version académique publiée par Tchekhov. Dans le cas de L’Homme des bois, nous avons découvert, non sans surprise, qu’il existait également un texte sous le texte ; si la version avant remaniements n’avait jamais été traduite, ni même, du reste publiée en tant que telle en Russie, elle était si profondément différente de la version revue et corrigée que nous avons vu émerger une nouvelle pièce en la traduisant. Certains critiques affirnent que Tchekhov entreprit de remanier L’Homme des bois dès 1890, d’autres assurent qu’il ne le fit qu’en 1896, l’échec étant trop douloureux. Ce que nous savons de manière certaine 7 est qu’en 1896 le texte d’Oncle Vania était prêt pour la publication. Cependant, Tchekhov ne devait en autoriser quelques représentations en province que deux ans après, et la manière dont il s’exprime à ce sujet montre à quel point il restait sceptique : « Vous, vous êtes attaché au théâtre, écrivait-il alors à Souvorine, et, moi, je m’en éloigne – de plus en plus, visiblement – et je le regrette, parce que le théâtre, jadis, m’a donné beaucoup de bonnes choses (sans compter que ça rapporte ; cet hiver, on a joué mes pièces comme jamais auparavant, même Oncle Vania a été joué). Avant, je n’avais pas de plus grand plaisir que d’être au théâtre ; maintenant, j’ai toujours l’impression qu’on va crier “au feu !” au poulailler. Et, les acteurs je ne les aime pas. Mes écritures pour le théâtre ont tout gâché. » Cependant Oncle Vania connut rapidement un succès triomphal et Némirovitch-Dantchenko lui-même fut le premier à demander le droit de la monter. Tchekhov refusa toujours que L’Homme des bois figure dans ses œuvres complètes. Et, cependant, il se trouva d’entrée de jeu des spectateurs qui le déplorèrent : « J’ai relu attentivement Oncle Vania, écrivit ainsi A. I. Ouroussov à Tchekhov, et je dois dire avec tristesse qu’à mon avis vous avez abîmé L’Homme des bois. Vous l’avez rapetissé, réduit à une esquisse, défiguré. Vous aviez un magnifique personnage de fripouille comique : il a disparu ; or, vous avez besoin de lui pour la symétrie intérieure, et puis, les chenapans de ce calibre, avec leurs plumes riches et brillantes, vous les réussissez toujours particulièrement bien. Dans la pièce, il comptait beaucoup, il apportait une petite note comique. Deuxième péché, et, d’après moi, péché bien plus grave : le changement de l’intrigue. Le suicide du troisième acte et la scène nocturne au bord de la rivière, en prenant le thé au quatrième, le retour de la femme chez le docteur (sic) – tout cela était plus nouveau, plus audacieux, plus intéressant que la fin actuelle. Quand, cet été, je racontais cela aux Français, c’est justement cela qui les sidérait : le héros est mort, et la vie continue. Les acteurs auxquels j’ai parlé sont du même avis. Bien sûr, Vania aussi est bien, mieux que tout ce qui s’écrit actuelle ment, mais L’Homme des bois était mieux, et ce serait bien que vous donniez l’autorisation de le monter. » Le vœu d’Ouroussov finit par être exaucé, quoique bien tardivement, et, en France, L’Homme des bois fut traduit en 1958 par Arthur Adamov, sous le titre L’Esprit des bois, puis par Georges Perros et Génia Cannac, sous le titre Le Sauvage. primé des personnages, condensé des motifs, effacé le tragique (puisque Voïnitski ne se suicide plus) et renoncé simultanément à ce qui faisait de L’Homme des bois une comédie, supprimant aussi, avec l’étonnant quatrième acte, la cocasserie, la fin heureuse, et le mouvement d’expansion qui portait l’ensemble. On a observé que, pour la première fois, en rédigeant Oncle Vania, il avait renoncé à la division en scènes pour adopter une division par tableaux, incluant divers mouvements dans une même unité. Il y a là un résultat très concret de ce travail de synthèse, et l’on en verrait une autre expression dans l’importance donnée au motif de la carte, ou plutôt du « cartogramme », que peint L’Homme des bois : c’est le seul motif qui, loin d’être réduit, se développe et occupe désormais une place centrale. On pourrait dire que la carte exprime le travail même de Tchekhov, cette vue globale d’un ensemble qui, en raison de cette perception synthétique, peut être désormais traité selon une esthétique toute différente1. Dans le sous-titre Scènes de la vie à la campagne, outre l’allusion au théâtre de Tourguéniev 2, c’est peut-être surtout le mot « scène » qui importe, et précisément au moment où Tchekhov commence à travailler par tableaux, par unités ayant leur cohérence interne, et non par ensembles construits selon la dynamique d’une action. Tous les éléments superflus sont supprimés, l’ensemble s’épure et s’immobilise : on serait tenté de dire qu’il y a là le passage d’une pièce jeune, joyeuse, un peu fouillis, à une pièce de la maturité, plus fine, mieux maîtrisée, et ce serait sans doute juste, mais on aurait grand tort d’y voir le passage d’un travail inabouti à un chef-d’œuvre accompli dans son ultime, unique, perfection. Les éléments ont été repris, disposés autrement, selon les règles d’une esthétique nouvelle, mais ils auraient pu être repris de dix façons différentes et donner autant de pièces également intéressantes : ce que le passage de L’Homme des bois à Oncle Vania a de plus riche et de plus captivant, c’est ce jeu de kaléidoscope. RÉSUMÉ Le vieux professeur sérébriakov est venu se retirer à la campagne, dans la maison de sa première épouse. Cette arrivée perturbe la vie paisible de sonia, la fille du professeur, et d’oncle Vania, qui à eux deux exploitent tant bien que mal le domaine. D’autant que l’attention des proches, y compris celle de Vania, se cristallise bientôt sur Eléna, la seconde et très désirable épouse. Dans un dernier sursaut pour combattre la peur de ne pas vivre vraiment, les personnages tentent d’aimer, de haïr, de tuer. Dans l’immense maison, par un chaud aprèsmidi d’été, suivi d’une nuit d’orage, se croisent et se toisent les destins des personnages suspendus entre l’illusion de leurs désirs et la solitude implacable de leurs existences s. Dans un dernier sursaut pour combattre la peur de s’être trompé, de ne pas avoir vécu pleinement, chacun tente d’aimer, de haïr, de détruire. Dans un texte crépusculaire, tchekhov est au plus près des thèmes qui font la beauté de son œuvre. Dans le terrain vague entre la fin d’un monde et le commencement incertain d’un autre, l’histoire nous parle du temps, des changements inexorables, de la fin des illusions, de la grandeur et de la faiblesse des hommes, en identifiant le vide de chacun à la perte symbolique de cette maison-mère. Avant-propos L’Homme des bois, Éd.Acte Sud, col. Babel, 2009 On trouverait une esquisse de cette perception dans la réplique, tout à fait incongrue, elle aussi, de Diadine (scène 6 de l’acte l) : « C’est à présent qu’il serait intéressant de regarder cette table à vol d’oiseau… » Le fait que à vol d’oiseau soit en français dans le texte lui donne une place extérieure, en dehors – ce que rappelle, peut-être aussi, un peu plus tard, l’image de l’épervier qui tourne dans le ciel et qui regarde, au sens propre, à vol d’oiseau. 2 Qu’on pense à sa « comédie en cinq actes » Un mois à la campagne. 1 […] Pour passer de L’Homme des bois, comédie, à Oncle Vania, scènes de la vie à la campagne, Tchekhov s’est livré à un prodigieux travail de resserrement, mais aussi de fractionnement et de réorganisation : il a sup- © B. Enguerrand 8 9 ONCLE VANIA, UN MONDE DANS UNE ÉPROUVETTE PAR VIRGIL TANASE IN L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE, N° 1266, 2009 après des études à l’institut de théâtre de Bucarest, Virgil tanase quitte la Roumanie, son pays natal, quand son roman se voit censuré dès la publication. il obtient en France un doctorat de sémiologie de la mise en scène sous la direction de Roland Barthes. Metteur en scène, écrivain et traducteur – de tchekhov, entre autres – il est l’auteur d’une récente biographie de l’écrivain russe parue chez gallimard (coll. Folio biographies). il revient ici sur les circonstances de l’écriture d’Oncle Vania, véritable peinture de la société de son temps. Tchekhov n’invente rien. Comment oserait-il ? « Les grands écrivains, écrit-il à son ami Souvorine, vont quelque part et vous invitent à les suivre. Vous sentez, pas seulement par l’esprit, mais par tout votre être, qu’ils ont un but… » Tchekhov n’est pas de ceux-là. Il appartient à une génération médiocre : « Nous n’avons pas de politique, nous ne croyons pas à la révolution, nous n’avons pas de Dieu, nous n’avons pas peur des fantômes et, en ce qui me concerne, je n’ai même pas peur de la mort ou d’être aveugle. Celui qui ne veut rien, n’espère rien et ne craint rien ne peut pas être un artiste… » Lui, qui écrit parce que ses « balivernes », rapportent davantage que sa médecine, s’interdit de tricher. Tchekhov se considère comme « un chimiste » : il observe les phénomènes et les décrit. Il met dans une éprouvette des caractères et note les réactions. Ce qui lui vaut des déconvenues : il installe des personnages réels – qui se reconnaissent – dans des situations inattendues ; ils accomplissent alors des gestes pas toujours glorieux, qu’ils refusent d’assumer, et reprochent à l’auteur de leur prêter des attitudes que leur épargnent la prudence et la médiocrité de leur vie ordinaire. Un des oncles de Tchekhov lui en a voulu pendant des années, son bon ami Levitan a failli le provoquer en duel et l’histoire de Lika Mizinova ressemble tellement à celle de Nina Zaretchnaïa de La Mouette qu’à la lecture de la pièce, les comédiens du Théâtre d’Art de Moscou étaient gênés. Onde Vania ne fait pas exception. Certains ont cru reconnaître dans le vieux professeur Sérébriakov le meilleur ami de Tchekhov : Alexei Souvorine. Ils ont tort : après le suicide de sa première femme, ce petitfils de serf, devenu un des hommes les plus riches et les plus influents de Russie, s’est remarié avec une 10 femme beaucoup plus jeune. Mais quel rapport y at-il entre cet individu intelligent et sombre, « d’une énergie diabolique » et le personnage de Tchekhov ? Pourtant, les problèmes d’un couple si singulier par la différence d’âge sont pris sur le vif. En août 1888, Tchekhov est chez les Souvorine, dans leur villa de Féodossia, en Crimée. Les deux amis se promènent, prennent des bains de mer et discutent littérature. Ils envisagent d’écrire ensemble une pièce de théâtre où il serait question d’un vieux professeur d’histoire de l’art et de sa ravissante jeune femme qui séduit d’instinct sans oser aimer. Est-ce un hasard s’il y avait à Féodossia, parmi les invités, le fameux peintre septuagénaire Ivan Aïvazovsky et sa très jeune femme, « une créature de conte de fées » ? Et puis, Tchekhov a passé le mois de juillet à Louka, chez les Lintvariev, une famille de nobles appauvris. Rendue presque aveugle par une tumeur au cerveau, leur fille aînée, Zenaïda, qui a fait des études de médecine, attend la mort avec sérénité et soigne les pauvres avec l’aide de sa sœur, Éléna, médecin aussi, dont Tchekhov admire la charité. Laide, elle s’est résignée à rester vieille fille. La ressemblance avec Sonia, la nièce de Vania, est saisissante. Les Lintvariev ont deux fils. L’aîné, exclu de l’université pour ses activités politiques, mène la vie paisible des propriétaires terriens. Son frère, bon pianiste, voudrait appliquer sur son domaine les principes de Tolstoï. Ils rêvent d’une vie meilleure sans rien entreprendre. « Quel être bizarre que le Russe, s’exclame Tchekhov. Comme un crible qui ne retiendrait rien. Dans sa jeunesse, il remplit son âme de tout ce qu’il rencontre dont il ne reste, après trente ans, qu’un fatras grisâtre […]. La Russie est un pays de gens ambitieux mais paresseux. » Oui, Vania pouvait être un Schopenhauer ou un Dostoïevski, mais, la trentaine passée, il ressemble aux fils Lintvariev. Comme son ami Astrov, il est résigné à mener une vie insignifiante, accomplissant consciencieusement leur devoir, mais laissant à d’autres le pouvoir de réaliser leurs rêves. Les personnages de cette Russie en mutation, de cette Russie qui veut être européenne sans se satisfaire du rationalisme occidental, ces personnages sont là. Il ne reste qu’à les réunir dans l’éprouvette d’une pièce, et à les faire réagir. Souvorine abandonne le projet. Tchekhov le reprend l’année suivante, étonné par cette « comédie-roman » qui ne ressemble à rien. Il renonce. Il faut l’obstination du comédien Pavel Svobodine, qui espère un rôle, pour que Tchekhov finisse Le Génie de la forêt. Svobodine est déçu. Il propose quand même la pièce au Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg, qui la refuse : il n’y a pas d’action et les dialogues sont plats. Pour sortir Tchekhov de ses éternelles difficultés financières, le directeur du Théâtre Abramov lui avait versé une avance. Il demande la pièce qui ne lui coûte rien. La première a lieu le 27 novembre 1889. La critique est mauvaise, et le spectacle est arrêté après quelques représentations. Tchekhov abandonne la littérature : il quitte Moscou pour un an, traverse dans des conditions épouvantables la Sibérie et consacre plusieurs mois à une enquête concernant les conditions de vie des bagnards de l’île de Sakhaline. Sept ans plus tard, Tchekhov est de nouveau chez Souvorine, en Crimée. Un télégramme lui apprend que La Mouette a eu le visa de la censure et qu’elle sera jouée à Saint-Pétersbourg. Théâtre d’Art de Moscou / MKhAT créé en 1897 11 Oncle Vania, acte IV au Théâtre d’Art de Moscou Ravi, il voudrait écrire une nouvelle pièce. Il reprend Le Génie de la forêt et du 15 août au 15 septembre 1896, il en fait Oncle Vania. La première de La Mouette est un désastre : la pièce est sifflée, la critique particulièrement méprisante. Tchekhov ne veut plus entendre parler de théâtre : « Même si je vis cent ans, je n’écrirai plus jamais de pièces. Je suis un auteur dramatique nul ». Oncle Vania se joue en province, parce que Tchekhov a besoin de rentrées d’argent, mais il refuse sa pièce aux grands théâtres. Vladimir Nemirovitch-Dantchenko insiste. Il a des atouts : il dirige le nouveau Théâtre d’Art de Moscou où le travail de Stanislavski avec les comédiens fait des miracles ; sa Mouette avait ravi le public populaire et rempli les caisses. Après la fin de la saison, les acteurs jouent dans un théâtre vide La Mouette pour Tchekhov, de passage à Moscou. Il y a dans le jeu une vérité qui le séduit. Il y a dans la distribution Olga Knipper qui deviendra sa femme. Nemirovitch-Dantchenko a l’accord de Tchekhov. La première d’Oncle Vania a lieu le 26 octobre 1899. La critique trouve la pièce mal construite et pleine d’invraisemblances. Tchekhov acquiesce : cette pièce est « vieillotte, déjà passée de mode et mal écrite ». Le public payant lui fait un triomphe. Sur scène rien ne se passe, c’est vrai. Mais ces gens aussi ridicules et médiocres que nous affrontent, comme nous, les démons cachés derrière les apparences sociales, économiques ou politiques : le temps, la mort, l’incapacité de notre intelligence à trouver un sens au monde. L’énormité de l’ennemi donne de la grandeur à notre défaite, et le désastre est encourageant : notre souffrance rachète nos défaillances. Oui, le public ne s’est pas trompé. UN SIÈCLE DE VANIA PAR GILLES COSTAZ IN L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE, N° 1266, 2009 De stanislavski à Louis Malle, de Pitoëff à Julie Brochen, Oncle Vania s’est prêté à toutes les esthétiques, à tous les regards, éclairant chaque fois l’époque à laquelle on l’a monté… Retour sur cent ans de mises en scène. Anton Tchekhov et Maxime Gorki © D.R. LETTRE DE MAXIME GORKI À ANTON TCHEKHOV NOV. 1898 J’ai vu ces jours-ci Oncle Vania – j’ai vu et j’ai pleuré comme une bonne femme, même si je suis loin d’être un homme nerveux, je suis rentré abasourdi, chaviré par votre pièce, je vous ai écrit une longue lettre et – je l’ai déchirée. Pas moyen d’écrire bien, clairement ce que cette pièce vous fait naître dans l’âme, mais je sentais cela en regardant vos personnages : c’était comme si on me sciait en deux avec une vieille scie. Les dents vous coupent directement le cœur, et le cœur se serre sous ses allées et venues, il crie, il se débat Pour moi, c’est une chose terrifiante. Votre Oncle Vania est une forme absolument nouvelle dans l’art dramatique, un marteau avec lequel vous cognez sur les crânes vides du public. [… ] Dans le dernier acte de Vania, quand le docteur, après une longue pause, parle de la chaleur qu’il doit faire en Afrique – je me suis mis à trembler d’enthousiasme devant votre talent, et à trembler de peur pour les gens, pour notre vie misérable, incolore. Quel drôle de coup – et comme il est précis – vous avez frappé là ! Votre déclaration selon laquelle vous n’avez plus envie d’écrire pour le théâtre m’oblige à vous dire quelques mots sur la façon dont le public qui vous comprend considère vos pièces. On dit, par exemple, que Oncle Vania et La Mouette sontl une nouvelle forme d’art dramatique dans laquelle le réalisme s’élève à la hauteur d’un symbole porté par l’émotion et profondément pensé. Je trouve qu’ils ont raison de dire cela. En écoutant votre pièce, je pensais à la vie qu’on sacrifia une idole, à l’irruption de la beauté dans la vie miséreuse des gens et à beaucoup d’autres choses graves, fondamentales. 12 Depuis la création d’Oncle Vania au Théâtre d’Art à Moscou par Constantin Stanislavski (qui y jouait Astrov, et c’était en 1899), on est souvent resté dans la continuité d’un jeu nourri de réalisme et guidé par la recherche des émotions les plus secrètes. Les histoires du théâtre n’ont pas retenu grand-chose des spectacles tirés de tchekhov pendant la première moitié du XXe siècle. Peu de Vania visibles dans les annales de cette période qui n’a pourtant pas été indifférente à Tchekhov. Même les créations de Georges Pitoëff qui a été, en son temps, le plus grand passeur des œuvres de l’auteur de La Cerisaie, sont peu étudiées et relatées. Pourtant Pitoëff a monté et joué Oncle Vania au VieuxColombier, en 1921. Faute de documents, on citera ce que ce grand artiste disait dans une conférence sur la mise en scène en 1925, citée dans le catalogue de l’exposition Le Cartel, à la Bibliothèque nationale, en 1987 : « Ce qui reste d’éternel dans la poésie déjà légendaire de Tchekhov n’a pas besoin pour prendre forme scénique de l’appareil réaliste de Stanislavski qui, il y a vingt ans, faisait valoir un tourment alors présent et qui est devenu pour nous passé. Le troisième acte du Jardin des cerises [ndlr : Pitoëff parle évidemment de la pièce qu’on appelle généralement La Cerisaie], dans la mise en scène de Stanislavski, qui restera pour moi l’exemple de la perfection réaliste, m’a transporté d’émotion lors de la création du Jardin à Moscou, et m’a bouleversé d’étonnement par son inutilité quand j’ai revu ce même acte il y a deux ans avec les mêmes acteurs et dans la même représentation. » Ainsi Pitoëff sut, lui, se défaire de l’héritage stanislavskien et son fils, Sacha, qui reprit le répertoire de Tchekhov à Paris dans les années 1950, continua dans cette direction où l’on s’abstrait du décor et de l’exactitude du contexte. Après la Seconde Guerre mondiale, Tchekhov devient 13 l’un des auteurs les plus aimés de la décentralisation théâtrale. L’Oncle Vania marquant de ces années-là, c’est celui que Jean Dasté joue à la Comédie de Saint-Étienne dans une mise en scène de Gabriel Monnet. Le grand pionnier du théâtre populaire s’en souviendra ainsi dans son livre Jean Dasté, qui êtes-vous ? (La Manufacture, 1987) : « Pour un comédien, essayer de vivre un rôle dans une pièce de Tchekhov est passionnant. Se pénétrer du personnage dans toute sa complexité, ses incertitudes, ses faiblesses, son angoisse, son humeur, son « attente » d'« un repos ». Ce repos est « l 'inconnu » pour Tchekhov. Certains meurent d’une sorte d’asphyxie intérieure. Peu s’épanouissent. Tous attendent quelque chose. Lorsque j’ai fait connaissance avec Beckett en regardant et en écoutant En attendant Godot, j’ai pensé à Tchekhov. Les comédiens qui l’aiment et le jouent le disent : ne rien imposer, laisser vivre et la plante grandit. On pénètre dans la forêt, on est heureux de s’y perdre. » Depuis, les belles interprétations de Vania se sont succédé, mais dans des visions qui n’ont pas été nouvelles et décisives. En 1985, la Comédie-Française a donné la pièce à l’extérieur de Paris, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis dans une mise en scène de Félix Prader : belles prestations de François Chaumette et Alain Pralon, dans une mise en forme assez sage. En 1995, à la Cartoucherie, Maurice Benicou joue Vania d’une manière poignante et sans pathos, mais la mise en scène de Robert Cantarella pèche par sa sécheresse. En 1997, à Hébertot, Patrice Kerbrat dirige un beau lot d’acteurs : Gérard Desarthe en Vania, Mathilde Seigner, Jacques François, Samuel Labarthe… Il y a une jolie musique intérieure, tandis que Desarthe tente une représentation plus dure du personnage qui peut déconcerter. En 2001, à la Manufacture de Nancy, Charles Tordjman réunit François Clavier, Évelyne lstria, Isabelle Sadoyan et Serge Maggiani (nous ne la citons que pour mémoire, n’ayant pas vu cette mise en scène, comme nous citerons la mise en scène collective de la troupe des Possédés au Théâtre de la Bastille, en 2009). En 2004, Yves Beaunesne confie le rôle à Roland Bertin, escorté de Nathalie Richard, mais le spectacle se perd, du moins lors des toutes premières représentations, dans le trop grand espace du Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines. Tout récemment, à l’hiver 2008-2009, Claudia Stavisky oppose Didier Bénureau (Vania) et Philippe Torreton (Astrov) dans sa mise en scène des Boufffes du Nord : la composition de Bénureau vise seulement à banaliser le personnage, à le rendre plus quotidien et plus proche des gens d’aujourd’hui. La mise en scène la plus passionnante aura été, ces dernières décennies, celle qu’a effectuée Julie Brochen au Théâtre de l’Aquarium et à la Cartoucherie de Vincennes en 2002. La scène est dédoublée, c’est un double théâtre avec une scène haute, une scène basse, des marches, des fauteuils rouges. Il y a là François Loriquet, qui joue Vania, Jeanne Balibar, Pierre Cassignard, Bruce Myers, Nathalie Nerval… C’est d’une émotion folle, et aussi d’une grande drôlerie – de ce fameux rire aux bord des larmes. Les acteurs chantent des chansons russes. Ce spectacle cristallin, qui a été filmé par la chaîne de télévision Arte, restera dans les mémoires. Il y eut aussi un très étonnant spectacle tiré de Vania sous le titre Espia a una mujer que se mata par le metteur en scène argentin Daniel Veronese, présenté à Avignon et à Bobigny en 2007 et 2008 : l’action était transposée de nos jours, concentrée dans une cuisine, jouée par des comédiens presque collés les uns aux autres. Et on ne peut oublier le film que Louis Malle tourna à New York en 1994, Vanya, 42e Rue : des acteurs (Wallace Shawn incarne Vania) répètent la pièce de Tchekhov dans un théâtre désaffecté de la 42e Rue. Le film relie Tchekhov à la vie américaine, la fiction à la vie, la scène aux coulisses, ouvrant encore à la pièce de nouvelles perspectives… 14 L’UNIVERS TCHEKHOVIEN CLAUDE FRIOUX IN LA PLÉIADE, INTRODUCTION tchekhov est sans doute l’écrivain russe le plus profondément et le plus spontanément apprécié à l’étranger. Tolstoï et Dostoïevski ont des rugosités naturelles qui déconcertent ou que l’on ignore, des violences qui inquiètent le lecteur européen. Le monde de Tchekhov, avec ses proportions réduites, ses contours légers, ses teintes sourdes, et ses résonances étouffées, passe au contraire les frontières avec une étonnante facilité. Le succès de la prose de Tchekhov, dans les pays anglo-saxons, de son théâtre en France, où il ne s’écoule pas une saison sans que plusieurs de ses pièces soient jouées, est saisissant. Cela ne signifie nullement que cette œuvre soit cosmopolite ou perçue comme telle. Sa charge d’exotisme demeure considérable, essentielle. Mais Tchekhov offre un exotisme russe particulièrement accessible, d’un relief mesuré et poli. Cette âme russe, aux amplitudes de marée, auprès de laquelle l’Europe ira chercher un dernier vertige romantique, il l’incarne sous des formes familières : les habitudes craintives et gourmandes des petits fonctionnaires, la nostalgie velléitaire des professions libérales en province, des personnages à lorgnon et à barbiche aux redingotes un peu fripées, les songeries d’éternels étudiants, souffreteux, la mélancolie des propriétés déclinantes et appauvries, celle des changements de garnisons lointaines et les soupirs au fond des jardins de campagne, les châles noirs de grandes jeunes filles aux traits tirés, les conversations languissantes sur les terrasses des datchas où chacun suit le fil de ses rêves déçus, les dames au regard triste promenant leur petit chien le long des quais moroses. Tchekhov est d’abord le témoin d’une certaine époque de la vie russe dont il restitue les types, les décors et les humeurs avec la plus grande minutie. La foule de ses personnages, multipliée par le nombre et l’exiguïté de ses récits, est une forme de concurrence à l’état civil, un miroir promené le long des datchas engourdies. Vingt ans d’histoire russe, l’étrange période où, après trop de déceptions et d’échecs, le temps semblait s’être arrêté et chacun, enfermé dans la médiocrité de ses habitudes et l’amertume morose de ses déboires, trouve là sa chronique intégrale, le portrait de son âme, aussi fouillé que celui de son visage. 15 Car l’univers s’y déroule savamment selon deux plans : un fond de personnages où domine le pittoresque extérieur, caractéristique, un défilé de croquis de mœurs concis et aigu, où sont passées en revue toutes les couches de la société russe, du paysan misérable au professeur d’université, chacune dotée de son costume, de ses manières, de son parler ; et sur le devant de la scène, comme en surimpression, comme ces grandes figures de coin qui barrent et contemplent les paysages de Nesterov, un protagoniste introverti et solitaire détaille le mécanisme d’une précoce usure intérieure et de cette démission morale qui mine sourdement toute la société qui l’entoure. Cet étrange isolement mental du premier rôle tchékhovien, assez lucide pour juger, mais impuissant à rien changer, séparé de ceux qu’il côtoie par un cruel ravin d’indifférence ou de répulsion, muré dans ces mornes monologues désabusés, figure la projection agrandie et dépouillée du mal dont, plus ou moins consciemment, souffre une génération entière. Peu d’époques ont trouvé, en littérature, d’analyste aussi complet, et aussi subtil. Tchekhov est un exceptionnel peintre de la réalité, d’une réalité précise. À la différence de la plupart des classiques russes, dont l’univers repose sur des idéologies préconçues qui infléchissent ou déforment délibérément leur peinture, Tchekhov ne manifeste jamais des idées a priori sur le mal, la responsabilité, le juste et l’injuste, le péché ou l’idéal. Rien ni personne, dans son œuvre, ne fait figure de porte-parole, les propos à thèse ont toujours une signification légèrement parodique. L’approbation ou la condamnation demeure toujours ambiguë, savamment réfractée. On ne sait jamais très bien ce que pense Tchekhov de la manière dont le monde est fait, comme on le sait de Tolstoï ou Dostoïevski. Tout au plus, lui fait-on crédit d’une indulgence souriante et générale. « Il comprenait tout », dira Gorki. Cet aspect de Tchekhov en fait donc un exemple privilégié de littérature affranchie, autonome, évoluant à l’écart des doctrines, des passions d’idées et de leurs outrances. L’équivoque tchekhovienne illustre bien cette distance de principes entre l’expression littéraire et l’expression philosophique si passionnément discutée dans la tradition russe. CHRONOLOGIE ANTON TCHEKHOV & SON ÉPOQUE → 1860 1876 1877 1879 1880 ANTON TCHEKHOV • 17 janvier. naissance à Taganrog (sur la mer d’Azov. au sud de la Russie) de Anton Pavlovith Tchekhov, fils de Pavel Egorovitch Tchekhov, épicier. • Anton a deux frères ainés, Alexandre et nicolas. Il aura encore deux frères Ivan et Michel, et une sœur Marie. • Le père fait faillite, quitte Taganrog, s’installe à Moscou. • Anton et Ivan restent à Taganrog, sont élèves au lycée. • Anton devient répétiteur. Il compose son premier drame Sans père (manuscrit égaré) et fréquente le théâtre de Taganrog. Evénements politiques et économiques Vie des arts et sciences humaines hors Russie • Rattachement de l’Italie centrale, puis de l’Italie du sud au Piémont. nice et la savoie réunies à la France. • Traité franco-britannique de libre-échange. • Berthelot : chimie organique fondée sur la synthèse. • GEoRGE ELIoT : Le Moulin sur la Floss • BAuDELAIRE : Les Paradis artificiels • LABIchE : Le Voyage de M. Perrichon • Invention du téléphone par Grey et Bell. • REnoIR : Le Moulin de la Galette, La Balançoire • MAnET : Portrait de Mallarmé • WAGnER ouvre un théâtre à Bayreuth • MALLARMé : L’Après-Midi d’un faune • Premier voyage à Moscou. • Premiers petits textes, Des miettes, confiés à son frère Alexandre. • Guerre russo-turco-roumaine. La Roumanie doit céder la Bessarabie. • Invention du phonographe par Edison. • DEGAs : café-concert des Ambassadeurs. • BRAhMs : IIe Symphonie. • zoLA : L’Assommoir • huGo : Les Dernières séries de la Légende des siècles (1877-1883), L'Art d’être grand-père • Anton passe l’examen de maturité et s’installe à Moscou. • s’inscrit à la faculté de médecine. • naissance de staline. • Mac-Mahon démissionne, Jules Grévy lui succède. • La Duplice (Alliance austro-allemande). • Guerre du Pacifique (chili, Bolivie, Pérou). • PAsTEuR : Principe du vaccin. • IBsEn : La Maison de poupée • zoLA : Nana • Parution en mars d’une première nouvelle dans un magazine humoristique, La Libellule. • Instruction primaire obligatoire en Angleterre. • RoDIn commence : La Porte de l’Enfer • nIETzschE : Le Voyageur et son ombre • MAuPAssAnT : Boule de Suif 16 ANTON TCHEKHOV Vie artistique et théâtrale en Russie • osTRoVsKI : L’Orage 1881 1882 • TchAïKoVsKI : Francesca da Rimini • Mort de nEKRAssoV 1884 1885 • DosToïEVsKI : Les Frères Karamazov 1886 Evénements politiques et économiques Vie des arts Vie artistique et sciences humaines hors Russie et théâtrale en Russie • Début de la publication des Textes bigarrés sous des pseudonymes variés dont Tchekhonte dans de petites revues puis dans le quotidien Le Journal de Petersbourg. • Assassinat d’Alexandre II ; Alexandre III, Tsar de Russie (atmosphère de répression). • Le populisme se détache de l’action révolutionnaire. • Gratuité de l’enseignement primaire en France. • FAuRé : Ballades • nIETzschE : Gai Savoir (1881-1887), Aurore • FLAuBERT : Bouvard et Pécuchet • VERLAInE : Sagesse • huysMAns : En ménage • IBsEn : Les Revenants • Mort de MoussoRGsKI. • Expansion brillante de la littérature Russe: œuvre de DosToïEVsKI et celle de TouRGuEnIEV sont achevées. • ToLsToï, osTRoVsKI, LEsKoV, sALTyKoVchTchEDRInE continuent d’élargir leur audience. • Platonov est refusé par le théâtre Marly. • Sur la grand-route est interdit par la censure. • Triple Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. • Koch : bacille de la tuberculose. • zoLA : Pot-Bouille • MAuPAssAnT : Mademoiselle Fifi • huysMAns : A vau-l’eau • IBsEn : Un Ennemi du peuple • naissance de sTRAVInsKI. • Premiers symptômes du mal qui l’emportera, la tuberculose. • Fin des études médicales à l’université de Moscou. Est médecin à Vozkresensk, puis à zvenigorod. • se lie avec le milieu littéraire, en particulier avec Guiliarovski et Korolenko. Publie son premier recueil: Les Contes de Melpomène. • PLEKhAnoV : Nos différences. • Loi Waldeck-Rousseau autorisant les grèves en France. • Mise au point par Pasteur du vaccin contre la rage. • De 1885 à 1887 : la famille passe ses étés, près de Vozkresensk. • Rencontre le peintre paysagiste Isaac Levitan. • Première agitation ouvrière en Russie (la première grande grève éclate à orekhovozouiévo). • Daimler et Benz : l’automobile à pétrole. • sEuRAT : La Grande Jatte • huysMAns : À rebours • BEcq DE FouquIéREs : L’Art de la mise en scène. • VERLAInE: Jadis et naguère • zoLA : La Joie de vivre • IBsEn : Le Canard Sauvage • collaboration avec l’éditeur du quotidien Le Temps nouveau, Alexis souvorine. • écrit des nouvelles : Le Chagrin, La Sorcière, Agafia • Félicitations de Grigorovith après la publication de Messe pour l’âme de Marie • Alphonse XIII, roi d’Espagne : régence de Marie-christine. 17 • VAn GoGh : Les Mangeurs de pomme de terre. • Mort de VIcToR huGo. • zoLA : Germinal • MAuPAssAnT : Bel ami • nIETzschE : Par delà le bien et le mal • RIMBAuD : Les Illuminations • zoLA : L’Œuvre • VERhAEREn : Les Moines • sTRInDBERG : La Chambre Rouge • IBsEn : Rosmersholm • FEyDEAu : Tailleur pour dames. • Le peintre LEVITAn devient un ami intime et assidu de la famille de l’écrivain Tchekhov. ANTON TCHEKHOV • Première grande pièce donnée à Moscou au théâtre de Korch, lvanov. Evénements politiques et économiques • carnot, président de la République française. 1887 • écrit le récit poétique, La Steppe, puis L’Anniversaire. • 1er emprunt russe à Paris. • Guillaume Il, empereur d’Allemagne. 1888 1889 1890 1891 Vie des arts et sciences humaines hors Russie • VAn GoGh : Le Père Tanguy • nIETzschE : Généalogie de la morale • MAuPAssAnT : Le Horla • AnToInE fonde à Paris le Théâtre libre. • sTRInDBERG : Plaidoyer d’un fou, Le Père • Fondation de la Deuxième Internationale. • Grèves en Angleterre, en Allemagne et en France. • Exposition universelle à Paris, inauguration de la tour Eiffel. • VAn GoGh : L’Autoportrait à l’oreille coupée • GAuGuIn : Autoportrait • VERLAInE : Parallèlement • hAuPTMAnn : Le Lever du soleil • MAETERLIncK : Les Serres chaudes • Voyage à travers la sibérie jusqu’à sakhaline, île des déportés. Visite les camps de forçats. • écrit pour Le Temps nouveau, ses Lettres de Sibérie. • Démission de Bismarck. • suffrage universel institué en Espagne. • TouLousE-LAuTREc : La Danse au Moulin-Rouge • sTRAuss : Mort et Transfiguration • zoLA : La Bête humaine • IBsEn : Hedda Gabler • MæTERLIncK : L’intruse • sTRInDBERG : Créanciers • cLAuDEL : Tête d’or • Voyage à l’étranger : Vienne, Venise, Florence, Rome, naples et Paris. • Publication du roman, Duel. • Lutte contre la famine, soigne gratuitement les paysans les plus pauvres. • Terrible famine en Russie. • Début de la construction du Transsibérien. 18 et théâtrale en Russie • naissance du peintre MARc chAGALL. 1892 • sEuRAT : Les Poseuses • GAuGuIn : Le Christ Jaune • MAuPAssAnT : Sur l’eau • zoLA : Le Rêve • IBsEn : La Dame de la mer • sTRInDBERG compose Mademoiselle Julie • Publie Une morne histoire. • Mort de son frère nicolas. • Voyage dans le sud à yalta et odessa. • Première représentation de L’Esprit des bois (1re version de L’Oncle Vania). • Admission à la société des auteurs dramatiques. • sEuRAT : Le Cirque • de 1891 à 1893, zoLA termine Les Rougon Macquart : L’Argent, La Débâcle, Le Docteur Pascale ANTON TCHEKHOV Vie artistique 1893 1894 1895 • Le peintre LEVITAn est élu membre de la « société des Expositions Ambulantes ». • ToLsToï : Les Fruits de l’instruction 1896 Evénements politiques et économiques • Publication de La Sauteuse et de Chambre d 'hôpital N° 6. • Met fin à sa collaboration avec Temps nouveau. • Achète en Russie centrale, un domaine, Mélikhovo. • occupe des fonctions aux zemtovo local. Vie des arts et sciences humaines hors Russie Vie artistique et théâtrale en Russie • cézAnnE : Les Joueurs de cartes • REnoIR : Jeunes Filles au piano • hAuPTMAnn : Les Tisserands • IBsEn : Solness le constructeur • À la 12e « Exposition Périodique de la société des Amateurs d’Arts de Moscou », LEVITAn expose ses paysages : Au bord de la rivière, Crépuscule, Journée d’été. • GoRKI : première publication dans la presse locale, Makar Tchoudra. • Mort de TchAïKoVsKI. • BounInE : Nouvelles du Pays. • Fréquente Lika Mizinova, qu’il ne se résout pas à épouser et en qui on a vu un modèle possible pour nina dans La Mouette. • écrit L’Histoire d’un homme inconnu, très critiqué par Temps nouveau. • Alliance franco-russe. • AI. De Dion et Bouton : voiture à essence. • Mort de MAuPAssAnT. • couRTELInE : Messieurs les Ronds de Cuirs. • Passe une partie de l’année à l’étranger (Trieste, Venise, Milan…). • Atteint de Tuberculose, se rend en crimée pour se soigner. • Publie Le Violon de Rothschild. • Mort d’Alexandre Ill. nicolas Il, tsar de Russie, maintient un régime autocratique. • casimir-Perier : Président de la République française. • Début de l’affaire Dreyfus. • TouLousE-LAuTREc : Yvette Guilbert saluant le public • DEBussy : Prélude à l’après-midi d’un faune • KIPLInG : Le Livre de la jungle • 1re version de La Mouette • Voyage à Poliana. • Rencontre Tolstoï • Parution de L’Île de Sakhaline • Félix Faure, président de la République française. • Fondation de la c.G.T. • Roentgen : les rayons X. • Les frères Lumière : 1re projection cinématographique. • RoDIn : Les Bourgeois de Calais • VERhAEREn : Les ViIles tentaculaires • BounInE rencontre TchEKhoV. • GoRKI : publication de Tchelkache dans le Journal de Saint-Pétersbourg. • ToLsToï : La Puissance des ténèbres. • souVoRInE obtient l’autorisation de mettre en scène La Puissance des ténèbres de ToLsToï. • Parution de La Maison à mezzanine. • échec retentissant de La Mouette sur la scène du Théâtre Alexandrinsky • Fait la connaissance de stanislavski. • Accord austro-russe sur les Balkans. • Les chinois accordent à la Russie la concession du chemin de fer transmandchourien. • TouLousE-LAuTREc : Elles • DVoRáK : Symphonie du Nouveau monde • VALéRy : La Soirée avec Monsieur Teste • FEyDEAu : Le Dindon • IBsEn : Jean-Gabriel Borkman À l’Exposition nationale des Arts et Métiers à nijni-novgorod. LEVITAn expose : Mars, Fougères dans la forêt. 19 ANTON TCHEKHOV 1897 1898 1899 1900 1901 Vie des arts Vie artistique • Entente austro-russe. • 2 millions d’ouvriers en Russie (prolétariat important : grave problème social). • Voyage du président Félix Faure en Russie. • Becquerel : travaux sur la radioactivité. • Marconi : la T.s.F. • Le moteur Diesel. • GIDE : Les Nourritures terrestres • MALLARMé : Divagations • sTRInDBERG : Inferno, écrit en français. • ouverture du théâtre Antoine à Paris. • RosTAnD : Cyrano de Bergerac • Fondation du Théâtre d’Art de Moscou par stanislavski et némirovitch-Dantchenko. némirovitch-Dantchenko demande à Tchekhov l’autorisation de monter La Mouette, triomphe. • Lie connaissance avec l’actrice olga Knipper qui deviendra sa femme. • Premier congrès du P.o.s.D.R. (Parti ouvrier social-Démocrate de Russie) à Minsk. • Lénine fonde le Parti social ouvrier. • construction d’une flotte de guerre allemande. • zola : J’accuse. • Pierre et Marie curie : le Radium. • FAuRé : Pelléas et Mélisande • huysMAns : La Cathédrale • LuGné-PoE : première expérience de théâtre au cirque (Mesure pour mesure au nouveau cirque à Paris). • hAuPTMAnn : Le Voiturier Henschel. • 1er congrès des Professionnels de la scène à Moscou. • 22 juin : rencontre de V. néMIRoVITchDAnTchEnKo et c. sTAnIsLAVsKI au Bazar slave à Moscou : la création du Théâtre d’Art est décidée. • GoRKI : Malva, Gens d’autrefois. • Vend ses droits d’auteur à l’éditeur A. F. Marx. • Lie connaissance avec Gorki, Bounine, Kouprine. • Première représentation d’Oncle Vania. • La Dame au petit chien : Premier tome des œuvres complètes éditées chez Marx. • s’installe définitivement à yalta. • Lénine : Le Développement du capitalisme en Russie. • E. Loubet, président de la République française. • Révision du procès Dreyfus. • Est élu membre de l’Académie. • Parution de Dans un ravin. • Le Théâtre d’Art joue à Yalta. • Travaille sur une nouvelle pièce, Les Trois Sœurs. • Premier numéro de l’Iskra (journal dont l’objectif essentiel était l’élaboration du programme du parti) rédigé par Plekhanov et Lénine. • Mort de Lavrov, l’un des principaux représentants du populisme en Russie. • Paris : Expo. Internationale. • Métropolitain de Paris. • RAVEL : Pavane pour une infante défunte. • APPIA publie à Munich, Die Musik und die Inscenierung. • sTRInDBERG : La Danse de mort. • zoLA publie les 2 premiers de ses Quatre Evangiles : Fécondité (1899), Travail (1901), Vérité (1903) • FEyDEAu : La Dame de chez Maxim • Première des Trois Sœurs. • Mariage avec olga Knipper. • Edouard VII roi d’Angleterre. • Théodore Roosevelt, président des états-unis. • Le 21 mars son état s’aggrave. Entre en clinique, Tolstoï lui rend visite. • Publication du long récit, Les Paysans. • Repart à l’étranger (Paris, Biarritz) où il écrit Le Pétchénègue. • suit les péripéties de l’affaire Dreyfus. Evénements politiques et économiques 20 et sciences humaines hors Russie • FAuRé : Prométhée • FREuD : La Science des rêves • PéGuy fonde Les Cahiers de la Quinzaine • Première mise en scène d’E. G. craig en Angleterre (Didon et Enée) • RosTAnD : L’Aiglon • Mort de TouLousELAuTREc. • Th. MAnn : Les Buddenbrooks et théâtrale en Russie • création de la revue du Monde de l’Art animé par Diaghilev et Benois (1re génération du « symbolisme » russe, étroite liaison avec l’art occidental). • ouverture du nouveau Théâtre à l’initiative d’A. Lenskij, pour jeunes acteurs (filiale des Théâtres impériaux). • 14 octobre: Tsar Fédor Ioannvitch de ToLsToï par le Théâtre d’Art. • DIAGhILEV organise à saint-Pétersbourg une exposition internationale de peinture comportant beaucoup d’impressionnistes français. • naissance de nABoKoV. • ToLsToï : Résurrection. • GoRKI : Vingt-six hommes et une fille. • 26 octobre : Oncle Vania (par le Théâtre d’Art). • Mort du peintre LEVITAn. • RIMsKI-KoRsAKoV : Le Tsar Saltan • 24 septembre : La Belle des neiges d’osTRoVsKI (par le Théâtre d’Art). ANTON TCHEKHOV 1902 Vie des arts Vie artistique • MEyERhoLD fonde « la compagnie du Drame nouveau ». • KoMIssARJEVsKAïA quitte le Théâtre Alexandre • V. BRJusoz écrit Une vérité inutile (n° 4 du Monde de l’Art) contre le naturalisme scénique. • GoRKI commence à écrire pour le théâtre sous l’impulsion de TchEKhoV: Les Petits Bourgeois et Les Bas-Fonds. et sciences humaines hors Russie • Démissionne de l’Académie pour protester contre l’éviction de Gorki. • Parution de L’Évêque. • Troubles paysans en ukraine et dans la province de saratov. • Attentats organisés par les socialistes révolutionnaires russes. • Lénine : que faire ? • Fondation de l’Académie Goncourt. • Meliès tourne Le Voyage dans la Iune • GAuGuIn : Cavaliers sur la plage • DEBussy : Pelléas et Mélisande • sTRInDBERG : Le Songe • Travaille une nouvelle pièce, La Cerisaie. • scission du 2e congrès du P.o.s.D.R entre Bolcheviks et Mencheviks. • Guerre de Rostov en Russie (meeting de masse, première grande expression de conscience ouvrière). • Révolution serbe Pierre Karageorgevitch, roi de serbie. • 1er vol des frères Wright. • Pavlov : réflexes conditionnés. • PIcAsso : Buveurs d’absinthe • huysMAns : L’Oblat • hAuPTMAnn : Rose Bernd • RoMAIn RoLLAnD publie Le Théâtre du peuple. 1903 1904 Evénements politiques et économiques • 17 janvier, première de La Cerisaie. • Mai, détérioration de son état de santé, il part avec sa femme en Allemagne et meurt à Badenweiler le 2 juillet. • Est enterré à Moscou le 9 juillet au cimetière du Monastère des Vierges. • Guerre russo-japonaise. • Accord colonial franco-anglais. • séparation de l’état et de l' Êglise en France. • 31 janvier : Les Trois Sœurs (par le Théâtre d’Art). 21 • RoDIn : Le Penseur • RoMAIn RoLLAnD : Jean-Christophe • FREuD : Psychopathologie de la vie quotidienne • Premier succès d’Isadora Duncan à Paris. • Grand succès du Roi Lear au théâtre Antoine à Paris. • G. Fuchs : Le Théâtre de l’avenir et théâtrale en Russie • scRIABInE : Quatrième Sonate, Poèmes tragiques. • création de la revue La Voix nouvelle qui regroupe les philosophes et les écrivains du Monde de l’Art, abandonnée aux seuls plasticiens. • KoMIssARJEVsKAïA crée son théâtre dramatique à saint-Pétersbourg et joue Les Estivants de GoRKI. • 17 jan. : La Cerisaie (par le Théâtre d’Art), • 19 oct. : Ivanov (par le Théâtre d’Art). • 21 déc. : Les Miniatures (Chirurgie, Malveillance, le Sous-officier Latrique) par le Théâtre d’Art. DANS LA TÊTE DU METTEUR EN SCÈNE NOTES D’ÉRIC LACASCADE SUR LA PIÈCE Extrait du dossier du tnB-centre européen théâtral et chorégraphique. © Mario Del curto oncle Vania / aCtE i. En VERt → Référence à la captation vidéo du spectacle Oncle Vania créé en Lituanie en 2008. En RougE → En BLEu → Considération importante Remarques générales. notes de mise en scène 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 ÉRIC LACASCADE En 2002, il met en scène Platonov dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, reprogrammé l’année suivante (mais c’est l’année de l’annulation du Festival liée à la crise des intermittents du spectacle). Il revient dans cette même cour en 2006 pour la création des Barbares de Maxime Gorki. À l’Odéon, il monte Ivanov de Tchekhov en 1999, Hedda Gabler (2004, avec Isabelle Huppert). Il explore également des voies plus expérimentales, dirige Norah Krief dans deux spectacles musicaux (Les Sonnets de Shakespeare et La Tête ailleurs)… Éric Lacascade est né à Lille ; il étudie le droit et se forme, en même temps à tous les métiers du théâtre au Prato, salle alternative lilloise ou il fait la rencontre de Guy Alloucherie avec lequel il co-fonde le Ballatum Théâtre en 1983. Leurs activités se situent autour de l’improvisation, le travail collectif de troupe, la danse contemporaine. Ils sont invités quatre années à Théâtre en Mai dirigé par François Le Pillouër et Marie-Odile Wald. À Caen, il expérimente pendant six ans une école d’apprentis pour une vingtaine de jeunes artistes au contact de maîtres successifs, complétée par un dispositif d’insertion appelé Laboratoire d’imaginaire social. Il quitte la direction du CDN de Caen en 2007. Il met en place un laboratoire sur Oncle Vania, d’après Oncle Vania et l’Homme des bois de Tchekhov, avec la compagnie d’Oskaras Korsounovas présenté dans le cadre de Vilnius, capitale européenne de la culture en 2009. Il met en scène au TNB Les Estivants de Gorki en 2010, Le Tartuffe de Molière créé au Théâtre VidyLausanne (2011 et tournée en 2011 et 2012). Ils sont nommés ensemble à la tête du Centre Dramatique National de Normandie à Caen en 1997 ; Guy Alloucherie reprend sa liberté ; Lacascade élabore un répertoire autour d’une équipe de comédiens fidèles avec lesquels il présente ses spectacles en France (TNS, Odéon, Festival d’Avignon…) et sur les scènes européennes. En 2000, il crée Ivanov (accueilli au TNB en octobre 2000), La Mouette et Cercle de famille pour Trois Sœurs de Tchekhov dans un même lieu Avignonnais. 34 Il est artiste associé au Théâtre national de Bretagne-Rennes depuis septembre 2011. Après le départ de Stanislas Nordey, il est devenu le responsable pédagogique de l’école supérieure d’art dramatique du TNB à partir de septembre 2012. 35 JÉRÔME ARNAUD BIDAUX CHURIN Jérôme Bidaux suit sa formation au conservatoire national de la région de Lille. Au théâtre, il travaille avec Gilles Gleizes, Simone Amouyal, Gilles Defacque au Théâtre du Prato et participe à un chantier organisé par l’Académie Expérimentale du Théâtre intitulé De la parole au chant sous la direction de Farid Paya. En 1995, il collabore avec l’équipe du Workcenter de Jerzy Grotowski. Au Ballatum Théâtre on a pu le voir dans On s’aimait trop pour se voir tous les jours, Ennui de noces, Les Trois Sœurs, mises en scène de Guy Alloucherie et Éric Lacascade. Avec le Panta Théâtre, il joue dans L’Idiot, Les Démons et Richard III, mises en scène de Guy Delamotte. Il travaille régulièrement sous la direction d’Éric Lacascade : De la vie, Frôler les pylônes, Ivanov, Platonov, Les Estivants, Tartuffe. Il a travaillé avec François Rancillac, Adel Akim, M. Koroutchkine et a récemment participé au David Bobée Hamlet mis en scène par David Bobée. ARNAUD CHERON arnaud Cheron son expérience de la scène passe par l’interprétation, le chant, la régie, la technique de l’éclairage. Il a joué sous la direction d’Éric Lacascade en 2002 dans Platonov de Tchekhov, Les Barbares de Gorki en 2006, créés dans la Cour d’Honneur à Avignon, Les Estivants de Gorki, création au Théâtre National de Bretagne/Rennes en janvier 2010, Tartuffe de Molière, créé à Vidy-Lausanne en 2011/2012. Il a tenu le rôle de Pylade, dans la pièce éponyme de Pasolini, dirigée par Lazare Gousseau. Il a joué dans Hamlet avec David Bobée. Il a dirigé plusieurs pièces, notamment une adaptation d’Un fils de notre temps, de Ödön von Horváth, et Encore plus demain, d’après les textes d’Isabelle Pinçon, créés au Théâtre de la Passerelle à Limoges. Il a interprété, depuis 1991, des textes de Marivaux, Antonin Artaud, Vincent Van Gogh, Shakespeare, Marguerite Duras, Lewis Carroll, Fernando Pessoa, Tchekhov, DAF de Sade, Henri Miller, Kurt Schwitters… 36 arnaud Churin est issu du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Au Théâtre il est dirigé par Olivier Py dans La Farce Des Dindons, La Femme Canon, Les Aventures de Paco Goliard ; Éric Vigner dans La Maison d’os de Roland Dubillard et Le Régiment de Sambre et Meuse ; Pierre Guillois dans La Princesse Courageuse de Stanislas Witkiewicz, Roméo et Juliette de Shakespeare ; Stuart Seide dans La Tragédie du Docteur Faustus de Christopher Marlowe, La Tragédie de Macbeth de Shakespeare ; Bruno Bayen dans Qu’une Tranche de Pain de Rainer-Werner Fassbinder ; JeanMarie Patte dans Titre Provisoire ; Michel Didym dans Le Miracle de Georgie Schwajda ; Laurent Laffargue dans Sauvés d’Edward Bond et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ; Alain Ollivier dans Toute Nudité sera Châtiée de Nelson Rodrigues ; Jean Boillot dans Le Balcon de Jean Genet; Bérangère Jannelle dans Ajax de Sophocle ; Bernard Levy dans Bérénice de Jean Racine ; Olivier Balazuc dans L’Ombre amoureuse, Laurent Guttman dans Pornographie de Simon Stephens. Sous la direction d’Éric Lacascade, il joue dans La Mouette et Platonov de Tchekhov, et dans Les Barbares de Gorki, Tartuffe de Molière. Il a mis en scène Le Jeu du Veuf d’Olivier Py; L’Ours Normand, Fernand Léger, textes de Fernand Léger et Dora Vallier ; Pas Vu (à la télévision), création utilisant une émission Des Chiffres et des Lettres de janvier 1979 et des textes d’Edgar Morin et de Boris Cyrulnik ; Œdipe de Sénèque ; Fragments d’un discours amoureux. Au cinéma, il joue dans les films Rémy Duchemin, Marie Helia, Bertrand Tavernier, Diane Bertrand, Dante Desarthe, Patrice Lecomte, Éric Atlan, Claire Denis, Olivier Assayas, Xavier Giannoli… ALAIN D’HAEYER alain D’Haeyer joue dans La Double Inconstance de Marivaux, mise en scène de Guy Alloucherie, Les Mains d’Edwige au moment de la naissance de Wajdi Mouawad, mise en scène de Vincent Goethals ; L’O De Là… et Le Cabaret de la Saint-Urbain, mises en scène de Gilles Defacque ; Roméo et Juliette d’après William Shakespeare, mise en scène de David Bobée. Il joue sous la direction de Pierre Foviau dans Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, Plus loin que loin de Zinnie Harris, Richard III d’après William Shakespeare, Gagarin Way de Gregory Burke. Il met en scène et joue dans En attendant Godot de Samuel Beckett, Un artiste de la faim de Kafa, La Polka des saisons. Avec Éric Lacasacde, il joue dans Ivanov, La Mouette et Platonov de Tchekhov, et dans Les Barbares de Gorki. est seule en scène dans une comédie musicaleculinaire Baba, mise en scène de Delphine Bailleul ; joue dans Chef d’œuvre de Lollike, mise en scène de Simon Delétang au Théâtre des Ateliers à Lyon. Elle met en scène une proposition dans le cadre des Sujets à Vif pour le festival d’Avignon 2013. MILLARAY LOBOS GARCIA Millaray Lobos garcia est issue de l’école de théâtre de l’université du Chili. Elle suit également des études théoriques d’art ; travaille au Théâtre national du Chili avec différents metteurs en scène tels que Rodrigo Perez, Ramon Griffero, Veronica GarciaHuidbro. Dans un cadre universitaire, elle participe à des laboratoires de recherche avec Fernando Gonzalez, Alfredo Castro et Éric Lacascade. Très liée à la nouvelle génération de dramaturges chiliens, elle joue à plusieurs reprises aux Festivals Dramaturgia Nacional, Dramaturgia Corta et Monologos de la Ciudad. En France, elle participe en 1999 à l’atelier sur « La Mouette » dirigé par Éric Lacascade et en 2001 intègre le Conservatoire national supérieur de Paris comme que stagiaire étrangère. Elle joue sous la direction d’Éric Lacascade dans Platonov de Tchekhov, Les Barbares puis Les Estivants de Gorki, tartuffe de Molière. Elle joue aussi dans La vie est un rêve de Pedro Calderon de la Barça, mis en scène par Galin Stoev. STÉPHANE E. JAIS stéphane E. Jais suit le travail d’Éric Lacascade depuis de nombreuses années. Il a joué sous sa direction dans Frôler les pylônes, Ivanov, La Mouette, Cercle de famille pour trois Sœurs, Platonov, Les Barbares, Les Estivants, Tartuffe… AMBRE KAHAN ambre Kahan est née à Avignon, en 1985, où elle commence le théâtre aux ateliers du Chêne Noir. Elle poursuit sa formation à Paris au conservatoire du 8e arrondissement, puis à l’école départementale de Théâtre à Corbeille-Essonne, et à l’école Claude Matthieu. Elle travaille avec Anatoli Vassiliev dans la création de Thérèse Philosophe à l’Odéon en 2007, et participe à la création Le Temps des gitans de Kusturica à l’Opéra Bastille, fait l’assistanat d’Adrien Dupuis-Hepner sur Variations sur la mort de Jon Fosse avant d’intégrer l’école du Théâtre National de Bretagne. En parallèle, elle se forme au chant lyrique et pratique le violon depuis l’âge de cinq ans. Get Out Of My Garden est sa première mise en scène, création en 2011 au Théâtre National de Bretagne. Elle joue en 2012, dans Nouer la corde du pendu avec les dents d’un cheval mort, mise en scène de Tristan Rothut et Simon Gauchet. La même année, elle joue dans Living ! d’après Julian Beck et Judith Malina, mise en scène Stanislas Nordey, au festival Mettre en Scène au TNB. Elle JEAN-BAPTISTE MALARTRE Jean-Baptiste Malartre – sociétaire de la ComédieFrançaise – intègre en 1968 l’école de Pierre Debauche au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Il rentre à cette époque dans la classe d’Antoine Vitez. Il rejoint le 15 février 1991 la troupe de la Comédie-Française, engagé par Jacques Lassalle, comme interprète du répertoire classique, moderne et contemporain. Il fait ses débuts dans La Fausse Suivante de Marivaux mise en scène par Jacques Lassalle (1991), La Nuit de l’iguane de Tennessee Williams, mise en scène par 37 LAURE Brigitte Jaques-Wajeman, et Le Mariage de Figaro, mis en scène par Antoine Vitez (1992). Il est interprète également dans Le Bal masqué de Lermontov, mis en scène par Anatoli Vassiliev (1992) ; Chat en poche de Georges Feydeau, mis en scène par Muriel Mayette (1998) ; Ruy Blas de Victor Hugo (2001), et Britannicus de Racine (2005), tous deux mis en scène par Brigitte Jaques-Wajeman. Plus récemment il participe à la nouvelle production de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand (2008), mis en scène par Denis Podalydès, ainsi qu’à la création de L’Ordinaire de Michel Vinaver, mis en scène par l’auteur et par Gilone Brun. S’il mène une carrière importante au sein de la ComédieFrançaise, il a aussi activement collaboré au dehors de cette maison, auprès notamment d’Antoine Vitez, avec qui il travaillera de 1970 à 1974 au Théâtre des Quartiers d’Ivry ; avec Patrice Chéreau pour Lear d’Edward Bond, au TNP de Villeurbanne (1975) ; Claude Régy, Eden cinéma d’après Marguerite Duras (1977) ; Bernard Sobel, Coriolan de Shakespeare au Théâtre de Gennevilliers (1983) ; suivent encore d’autres collaborations auprès d’Alain Françon, d’André Engel, et Jacques Lassalle. Au cinéma, Jean-Baptiste Malartre tourne sous la direction de Sophie Filières, Alix de La Porte, Olivier Assayas, Lucas Belvaux. MAUD WERCKMANN Laure Werckmann fait ses débuts au Théâtre du Peuple de Bussang (Vosges). Elle y travaille dans des mises en scènes de Philippe Berling, entre autre dans Peer Gynt d’Ibsen au côté d’Éric Ruf. À la suite à cette rencontre, elle intègre la Compagnie d’Edvin(e), collectif d’acteurs dirigé par Éric Ruf, et participe aux créations : Du Désavantage du Vent et Les belles endormies du bord de scène, créées au Centre dramatique de Lorient avant des tournées en France. Elle continue de jouer dans des mises en scène de Philippe Berling et travaille également avec Gilles Bouillon, Guy Delamotte, Jean-Luc Falbriard, Philippe Lebas… tant sur le répertoire classique que contemporain. Au cinéma, elle travaille sous la direction de Pascale Ferrand, Elisabet Gustafson, Dominik Moll. Elle joue sous la direction d’Éric Lacascade dans Les Estivants de Gorki et tartuffe de Molière RAYER JEAN BOISSERY Maud Rayer a commencé sa carrière dans le théâtre comme comédienne et tragédienne. Elle a joué notamment sous la direction, de Georges Wilson, Jean Anouilh, Roger Planchon, Jean-Luc Lagarce, Giorgio Strelher, Pierre Négre, John Strasberg, Jöel Jouanneau, Vincent Dussart. Elle a travaillé sous la direction d’Éric Lacascade dans Les Barbares de Gorki. À la télévision, elle a joué, entre autre, dans La vie de Molière de Marcel Camus, Sarah Bernhardt d’Abder Isker, Virginia Woolf de Régis Milcent, La Petite Fille dans les tournesols de Bernard Férie, L’Allée du Roi de Nina Companez, Deux femmes à Paris de Caroline Huppert et dans des séries comme Maguy, Marc et Sophie, la Crim’, Le Château des oliviers. Au cinéma, elle a joué notamment dans Peau d’Âne de Jacques Demy, L’Américain de Marcel Bozzufi, Tapage Nocturne de Catherine Breillat, Le Pull-over rouge de Michel Drach, Le sang des autres de Claude Chabrol, Un long dimanche de fiançailles de Jean Pierre Jeunet, Ici-Bas de Jean Pierre Denis. Il quitte la Nouvelle-Calédonie pour étudier l’histoire, la philosophie, le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’italien, suit également une formation musicale et est reçu au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris. Il intègre en tant que comédien la compagnie Renaud/Barrault de 1975 à 1977. Ensuite, il travaille auprès de John Dexter equus d’Anne Delbée, La Ville de Claudel, d’Éric Rohmer La Petite Catherine de Heilbron. En 1983, il travaille pour la première fois avec le Ballatum théâtre (Guy Alloucherie, Éric Lacascade) dans Babylone Future, puis dans un cycle Tchekhov (cour d’honneur Avignon 02/03), puis dans Les Barbares et Les Estivants de Gorki. Il travaille plusieurs fois avec Adel Hakim et aussi avec Serge Noyelle. Il collabore avec Arnaud Churin sur une adaptation d’Œdipe d’après Sénèque. En tant que metteur en scène, il monte Chanson de sac et de corde de P. Fructus, Jeannot le Berger de J.C Bernard, opéra pour enfants, ainsi que Pizza point chaud de P. Fructus, Le Grand Chariot de Jacky Viallon, et Ceux qui donnent de Frédéric Sabrou. Au cinéma, il a travaillé entre autre avec Fr. Cassenti, J. Jaeckin, E. Rohmer… 38 TOURNÉE 2014 26 au 29 mars 2 au 4 avril 9 au 18 avril 6 et 7 mai 14 au 16 mai Théâtre national de Bordeaux Aquitaine Brest, Le Quartz Lille, Théâtre du Nord Douai, L’Hippodrome Maison de la Culture de Bourges RENCONTRE PUBLIC autouR D'onCLE Vania DiManCHE 16 MaRs Rencontre avec Éric Lacascade et l'équipe artistique à l'issue de la représentation de 15 H. INSCRIVEZ VOUS À LA RENCONTRE www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) À LIRE / À VOIR • Oncle Vania, Anton Tchekhov – • L’Homme des bois – ACTES SUD, COL. BABEL ACTES SUD, COL. BABEL 1994 2009 • Littératures 2, Gogol, Tourguéniev, Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov, Gorki de Vladimir Nabokov – ÉD. FAYARD • Tchekhov d’Henry Troyat – ÉD. FLAMMARION 1984 • Conseils à un écrivain, Anton Tchekhov, Anatolia – • Lexi, Théâtre de la Colline – L’ARCHE ÉDITEUR, 2005 • Vanya, 42e Rue de Louis Malle, 1995 - DVD 39 ÉD. DU ROCHER 2004 « Prenez ma vie et mon amour : où dois-je les mettre, que puis-je en faire ? » anton tchekhov, Oncle Vania