
1. Introduction
Depuis son indépendance, la Côte d'Ivoire a concentré son développement économique sur le secteur
agricole. Pays, peu pourvu de ressources minières, elle est parvenue grâce à la fertilité de son sol, à
asseoir sa croissance économique sur le secteur agricole. Ceci a été possible grâce à l’intervention de
l’Etat qui, dès les premières années de l’indépendance, a mis en place de nombreuses structures et
sociétés d’encadrement et de vulgarisation agricole. Les efforts déployés dans ce sens ont très vite
porté leurs fruits. Sur la période allant de 1960 à 1980, le pays a enregistré une croissance économique
remarquable. Sur cette période on a enregistré un taux de croissance moyen de 7% en terme réel (Côte
d’Ivoire, 1997). La conjoncture qui prévalait sur les marchés internationaux, le dynamisme de
l’agriculture ivoirienne et les efforts du gouvernement visant à doter le pays des infrastructures de base
pour son développement économique ont permis de procurer des revenus substantiels aux agriculteurs.
Cependant, la situation a commencé à se dégrader à partir de 1980. L’effondrement des cours des
principaux produits d’exportation (le café et le cacao), le choc pétrolier de 1979 et le fardeau de la
dette contractée dans les années 1970 ont plongé l’économie ivoirienne dans une crise profonde. Pour
faire face à cette situation, les autorités ont adopté plusieurs programmes successifs de redressement
économique et financier et d’ajustement structurel. Entre 1980 et 1993, la Côte d'Ivoire a conclut cinq
programmes d’ajustement structurel avec les institutions de Bretton Wood. Ces programmes visaient
tous les mêmes objectifs fondamentaux : le désengagement de l’Etat des secteurs productifs, la
restauration des équilibres intérieurs et extérieurs et l’amélioration de la compétitivité globale de
l’économie nationale (Tano et al 2001 ; Kouadio, 2001). Même si ces programmes ont permis de
rétablir certains équilibres budgétaires, ils n’ont pas enrayé la récession économique qui frappait le
pays.
Face à la persistance des difficultés le gouvernement a décidé, en 1994, de procéder à la dévaluation
du franc CFA pour renforcer les mesures prises dans le cadre du programme de stabilisation et de
relance économique de 1991. La dévaluation devait résorber les déséquilibres macro-économiques,
rétablir la compétitivité de l’économie et accroître les exportations.
A l’issue de cette mesure d’ajustement monétaire, l’économie ivoirienne a renoué avec la croissance.
D’un taux de croissance moyen négatif de -0.2% entre 1987 et 1992 et -0.6% en 1993, on est passé à
un taux positif de 1.7% en 1994 (Tano et al, 2001). La reprise économique s’est confirmée en 1995
avec un taux de croissance réel de 5% (Kouadio, 2001) et s’est poursuivi jusqu'en 1998 où l’on a
enregistré un net ralentissement de l’activité économique. Le taux de croissance qui était de 6.7% en
1996 et 6.3% en 1997 est passé à 5.8% en 1998 (PNUD/INS, 2000) et 1.6% en 1999 (Kouadio, 2001).
Cette situation de l’économie a évolué de pair avec la situation sociale. Les restrictions budgétaires et
la suppression des subventions des intrants agricoles qui ont résulté de l’application des mesures
d’ajustement structurel ont fortement affecté le secteur agricole. A titre d’exemple, le secteur primaire
de l’économie n’a enregistré qu’une croissance de 1% en 1990 et ce grâce au seul sous secteur des
produits vivriers, l’agriculture de rente ayant stagné suite à la baisse des prix aux producteurs (PNUD,
1991). La chute des prix des produits agricoles et le désengagement de l’Etat ont donc eu pour effet de
réduire les revenus des populations rurales, et l’aggravation de la paupérisation de la masse paysanne.
Alors qu’en 1985 seulement 15.2% de la population rurale vivaient sous le seuil de pauvreté, cette
proportion est passée à 42% en 1993, 46.1% en 1995 et 41.8% en 1998 (PNUD/INS, 2000 ; Côte
d'Ivoire, 2000). Outre les facteurs liés à la politique économique, cette situation est également
imputable aux facteurs démographiques.
Un diagnostic de la situation économique en milieu rural laisse apparaître une rupture de l’équilibre
homme-terre dans la quasi-totalité des régions forestières. La pression foncière qui en résulte se
traduit, dans beaucoup d’exploitations paysannes, par un raccourcissement de la jachère qui passe
ainsi de 10-15 ans à moins de 3 ans parfois (Côte d'Ivoire, 2000). La limitation de la jachère a pour
corolla ire la dégradation des sols et la baisse des rendements agricoles. Ce faisant, les revenus des