Cours 5. La politique économique
Depuis le début du cours, on a mis l’emphase sur les théories économiques,
aujourd’hui on passe à un autre niveau, à une autre dimension, celle du rôle et de l’action
des pouvoirs publics.
La semaine dernière : Le néolibéralisme qui s’est imposé dans les années 70 et 80.
Hayek et Friedman comme figures centrales. Le marché tend vers l’équilibre, Les
déséquilibres ne justifient pas l’intervention. L’intervention est néfaste elle fausse le
marché, empêche les ajustements et elle brime les libertés économiques.
1. Le rôle de l’état (du politique) et des politiques économiques : une constante variable
État rôle économique : le rôle des États dans l’économie a toujours été fort présent.
Tout est dans le rôle et la finalité de l’action publique. Un des indicateurs est le poids du
secteur public dans le PIB (Tanzi cite 12% PIB en 1913 et 45% en 1995). L’ampleur et la
nature de son rôle varient selon les époques, et les pays.
Les facteurs qui influencent le rôle de l’État ainsi que les formes et orientations des
politiques économiques sont nombreux.
facteurs idéologiques (idées des économistes - idées politiques/fonctions de
l’état)
facteurs économiques-conjoncturels (crimes économiques, évolution
économique, dépression, catastrophe) :
o prévenir les abus de pouvoir économique (Sherman Act),
o les crises : La crise de 1929 marque la fin du mythe de
l’autorégulation des marchés, a notion de régulation (opposée à
réglementation, conception plus interventionniste et dirigiste) apparaît
aux États-Unis. Le New Deal de 1933 est un programme pour sortir
de la crise. Aux Etats-Unis, la réponse est la mise en place d’un
contrôle indépendant du pouvoir exécutif et administratif (rôle
important des commissions, mandatées par les lois qui ont des
pouvoirs d’instruction, de délibération et de sanction indépendants du
pouvoir public. Pas de vision globale et de finalité sociale,
pragmatisme. En Europe : nationalisations (chemin de fer, électricité),
processus plus politique lié au gouvernement. Contrôle direct.
o Mondialisation, changements technologiques
facteurs politiques (guerre, rivalités, terrorisme),
structures sociales et de pouvoirs, cultures, etc…
2. Influence des idées économiques
a. Mercantilisme et approches nationalistes-industrialistes
Lien étroit entre Marché (commerçants) et État : connivence; Système de privilèges
(réglementation, entente) Rôle de l’État dans le développement industriel, idée de soutien
aux champions nationaux et de protection aux industries naissantes (List). Instrument
Politiques Industrielles et Commerciales. Les industrialistes.
b. Libéralisme
o Réaction contre le rôle prédominant du secteur public et contre les monopoles.
L’état et les monopoles sont des freins à croissance économique et une interférence
pour l’activité économique.
o Idée de séparation économie et politique : rejet des monopoles soutenus par l’État.
o Idéalisation du principe de concurrence et des forces du marché. Lien direct entre
intérêt privé et intérêt général. Idée d’autorégulation.
o L’état gendarme ; l’état minimal. Son rôle se limite
o à garantir les libertés individuelles,
o assurer la défense nationale et maintenir l’ordre (pouvoir coercitif monopole
de la violence),
o créer et garantir un système de droits de propriété et faire respecter
l’inviolabilité des contrats,
o contrôler la monnaie,
o et faire respecter les règles économiques.
o L’état est neutre : il n’a pas à procurer une assistance aux moins performants ou aux
plus démunis. La pauvreté est nécessaire à l’équilibre de la société.
c. Socialisme État social
Principe d’égalité, instruit le rôle de l’état dans la redistribution des revenus (pays
communistes, autres pays - économies mixtes, différents degrés de planification). L’état
doit réduire les inégalités, réduire les revenus des riches et augmenter celui des pauvres
(taxation des revenus, taxation progressive, subventions aux produits de base, prestations
sociales). Idée de services universels (santé, éducation, téléphone).
d. Keynesianisme - L’État-Providence (se concrétise dans l’après-guerre).
Age d’or de l’interventionnisme de l’état 1950-70. Préconise des politiques de
stabilisation macro-économique. Idée de construire une économie permettant de réduire la
sensibilité aux fluctuations et les inégalités.
e. Du néolibéralisme à l’état compétitif :
3. L’État providence
Selon la définition de Tanzi (recueil), l’État-providence désigne l’ensemble des
politiques sociales visant à fournir des services élémentaires (santé, éduction, retraite) en
fonction des besoins, à faibles coûts ou coût nul à partir des fonds publics.
Le débat autour de l’État dans l’après-guerre a été marqué par deux grandes idées : le
solidarisme et le fonctionnalisme. Au niveau national et international.
Le lien est étroit entre le solidarisme, qui se concrétisera dans la mise en place
d’un système d’assurance sociale, et le fonctionnalisme, qui se concrétisera
dans l’intervention régulatrice discrétionnaire de l’État.
o Le fonctionnalisme : Le fonctionnalisme repose sur l’idée que le
système capitaliste est un système perfectible.
o Le solidarisme est à la confluence de deux écoles de pensée :
§ le socialisme d’État, tel que symbolisé par le modèle
bismarckien (lois sur accidents du travail 1871 ; loi sur
l’assurance maladie : 1883 ; loi sur les accidents de travail,
1884 ; loi sur l’assurance vieillesse, 1889 ; ces lois seront
codifiées et fusionnées dans le code des assurances sociales de
1911).
§ le coopératisme tel que défendu et promu par les sociétés et
associations au XIXème-début du XXème siècle / associer les
travailleurs à la production (coopératives) et partager les
risques (sociétés d’assurance mutuelle).
o Contrat social : placer l’État au centre du contrat
social. L’état est social et solidaire : un instrument et la
concrétisation de la solidarité sociale. Elle est
développée dans les deux livres blancs de Beveridge
(Social Insurances and Allied Services : 1942 ; Full
Employment in a Free Society : 1944).
o L’État a un double mandat : voir à la réalisation du
plein emploi et voir à la mise en place d’un système
d’assurance sociale collective. L’assurance-chômage
par exemple, est un système d’assurance collective qui
vise à protéger l’individu contre les aléas de la vie
économique, qui, lui-même, découle de la
reconnaissance du droit au travail en tant que droit
social.
o Un droit social apparaît. Il ne s’agit pas
seulement de reconnaître aux individus des
droits individuels mais également des droits
sociaux (droit au travail, à l’éducation, à la
santé, à la vieillesse, au logement, etc) ; il faut
assurer l’égalité des chances, mais également de
reconnaître l’égalité face aux aléas de la vie.
Un élément sera central dans la mise en œuvre de cette nouvelle gouvernance,
le tripartisme, associant l’État, les milieux d’affaires et les syndicats. Un
élément sera central dans la mise en œuvre de cette nouvelle gouvernance, le
tripartisme, associant l’État, les milieux d’affaires et les syndicats.
4. fonctions de l’état
Typologie pour décrire le rôle de l’État repose sur les 3 fonctions proposées par Richard
Musgrave (The Theory of Public Finance, 1959) : allocation, stabilisation. distribution.
Musgrave synthétisera ces trois volets de la politique en présentant l’État comme un
ministère à trois départements, chacun d’eux ayant une fonction particulière à remplir. En
pratique, la politique économique va être orientée dans trois directions.
Fonction de productionallocation des ressources: L’allocation des
ressources sera étroitement liée à l’idée de planification et à celle
d’encadrement des marchés. Infrastructure, entreprise d’état. Aussi droits de
propriété.
o Optimalité : L’efficacité économique consiste à utiliser les ressources
disponibles de façon à en tirer le maximum de satisfaction pour les
individus. La théorie retient le critère d’efficacité proposé par Vilfredo
Pareto (1906) : L’allocation des ressources entre les différents
emplois possibles est optimale quand on ne peut plus améliorer la
satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’au moins un autre.
o Les défaillances de l’économie de marché. Lorsque le marché ne peut
assurer l’optimum de Pareto : deux situations :
§ Après la guerre, le concept de biens publics prend aussi une
importance et procure une nouvelle justification de
l’intervention de l’état : le marché ne peut pas fournir en
quantité suffisante certains biens (difficulté d’exclure les
consommateurs qui ne paient pas (passager clandestin), free
ride. Les biens publics purs- on ne peut exclure les usagers qui
ne voudraient pas contribuer au financement du service (ex;
défense nationale, l’ordre public, la sécurité des biens et des
personnes, la justice, le réseau routier, l’éclairage public ….
§ Les externalités : On parle d,externalités quand les choix d’un
individus ont des effets sur le bien-être des autres qui ne
peuvent être pris en compte dans les échanges marchands.
(santé, éducation, effets positifs/pollution-déséconomies
externes). Tenir compte des coûts et avantages sociaux des
choix individuels. Renforcer les externalités positives et
réduire les externalités négatives. Sans l’état, le marché
produit trop ou pas assez de ces biens selon que les externalités
sont positives ou négatives. Subvention, réglementation,
taxation.
Fonction de stabilisation : La stabilisation économique sera quant à elle
orientée vers l’action contracyclique (empêcher la surchauffe de l’économie
en période de forte croissance et empêcher le glissement de celle-ci dans la
récession). On retient les objectifs du carré magique de Nickolas Kaldor : la
croissance, le plein-emploi, la stablité des prix, l’équilibre extérieur.
o Croissance : augmentation du PIB doit améliorer le bien-être collectif.
Objectif est compatible avec le plein emploi mais entre en
contradiction avec les objectifs de stabilité des prix et d’équilibre
extérieur. Tendance à hausse des prix et augmentation des
importations.
o Le plein-emploi : signifie l’utilisation optimale des facteurs de
production. Signifie la productivité la plus élevée possible. Réduire le
chômage au chômage volontaire (Frictionnel).
o Stabilité des prix : niveau général des prix. 1-3%.
o L’équilibre extérieur :
§ Balance des paiements courants : échanges avec le reste du
monde
§ Balance des mouvements de capitaux non monétaires (Prêts,
emprunts, placements, ide in et out).
§ Variation des réserves de change : balance globale est la
somme des deux précédentes. Positive : entrée nette de devises
qui gonfle les comptes en devises détenus par les résidents ou
qui est convertie en monnaie nationale (par les banques, le
Trésor public ou la banque centrale), négative, sortie nette)
o Contrainte extérieure à long terme balance transactions courantes
o À court terme. Les spéculateurs peuvent forcer le gouvernement
chercher l’équilibre des paiements courants à court terme. Anticipent
une dévaluation du taux de change, spéculation contre la monnaie
nationale.
Fonction de redistribution : Quant à la répartition, il s’agira pour l’État de corriger
les tendances naturelles aux inégalités, par des actions fiscales ou normatives
positives. État se substitue aux mécanismes du marché.
Pour reprendre Heller, le carré magique du plein-emploi, de la croissance, de la
stabilité des prix et de l’équilibre de la balance des paiements viendra symboliser la
détermination et la capacité gouvernementale à réaliser des équilibres macro-économiques
que le marché, laissé à lui-même, ne peut réaliser. Au carré magique seront associées trois
idées maîtresses :
(1) la croissance rapide doit permettre la réalisation du plein-emploi, contribuer à
l’amélioration des niveaux et standards de vie, et générer les revenus et les
ressources nécessaires à la réalisation des objectifs sociaux.
(2) Des arbitrages sont nécessaires, entre inflation et plein-emploi d’une part,
entre équilibre interne et équilibre externe d’autre part. L’idéal est de fixer des
objectifs en termes de plein-emploi et d’équilibre interne, mais de contrôler
les contraintes de l’inflation et du déséquilibre de balance des paiements
(3) idée d’arbitrage et de fine tuning Le fonctionnalisme de la politique
économique trouvera sa consécration avec l’idée de budget fonctionnel. Sur le
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