Perte tissulaire complète dans laquelle la profondeur de l’escarre
est complètement masquée par de la brine (jaune, beige, gris, vert
ou brun) et/ou par de la nécrose (beige, brun ou noire) présentes
dans le lit de la plaie. Une nécrose talonnière stable (sèche, adhé-
rente, intacte sans érythème ou avec décollement tissulaire) a pour
fonction d’être une couverture naturelle (biologique) du corps et
ne doit pas être retirée.
Lésion de tissus profond suspectée
Zone délimitée de couleur pourpre ou brun-rouge avec une peau
décolorée intacte ou une phlyctène à contenu hématique, résul-
tant d’une lésion des tissus mous sous-jacents dû à une pression et/
ou du cisaillement. L’évolution pourrait inclure la présence d’une
phlyctène ne sur un lit de plaie foncé. L’évolution de l’escarre peut
être rapide et atteindre d’autres couches tissulaires malgré le trai-
tement proposé.
Traitement
Diminuer la pression
Avant de traiter la plaie, il est nécessaire de traiter la cause. Comme
la dénition le précise, la pression est considérée depuis plusieurs
années comme le facteur extrinsèque le plus important dans la
formation de l’escarre. Il est donc nécessaire de diminuer celle-ci
pour les patients à risque de développer une escarre ou chez tous
les patients porteurs d’escarres.
Divers supports préventifs et thérapeutiques se trouvent
actuellement sur le marché. Des matelas en mousse viscoélastique
sont des supports très utiles dans la prise en charge des patients.
Ils diminuent la pression en redistribuant le poids sur une plus
grande surface. Lors d’escarres de catégorie 3 ou 4 chez un patient
à mobilité réduite, il est probablement nécessaire d’avoir recours
à un support dynamique, et ainsi diminuer au minimum la pres-
sion sur les points d’appui, mesure indispensable pour permettre
la cicatrisation de la plaie. En situation d’escarre sacrée ou aux
ischions, il est nécessaire d’avoir recours à un coussin thérapeu-
tique lorsque le patient est installé au fauteuil.
Pour favoriser la redistribution de la pression, il est nécessaire
d’encourager tout mouvement autonome du patient. Dans l’im-
possibilité, le repositionnement du patient doit être assuré par
une personne soignante ou quelqu’un de l’entourage du patient,
tant au lit qu’au fauteuil. Il est important de souligner que l’usage
d’un support diminuant la pression, tel qu’il soit, n’élimine pas le
besoin du repositionnement. Ces supports permettent seulement
d’espacer les intervalles de repositionnement.
Gestion de l’humidité
La gestion de l’humidité en cas d’incontinence urinaire est impor-
tante chez les patients à risque d’escarre car celle-ci altère la barrière
cutanée chez une population dont la peau est déjà fragilisée. Lorsque
l’incontinence urinaire ne peut être prise en charge, il est néces-
saire de protéger la peau humide contre davantage de dommages. De
nombreux protecteurs cutanés et diverses protections absorbantes
ont montré leur ecacité dans la prise en charge de l’incontinence.
Nutrition
Un facteur de risque contributif au risque d’escarre est la malnu-
trition. Il est nécessaire d’identier et d’évaluer celle-ci précoce-
ment. Il existe diérents outils d’évaluation du risque nutritionnel
comme le Nutritional Risk Screening (NRS) (7) et le Mini Nutri-
FORMATION CONTINUE
TAB. 1 Acronyme POSSIBLE (6)
Paramètres d’analyse Observation clinique Critères d’évaluation
Physiopathologie Comprendre et traiter la cause avant de traiter la plaie:
• De quelle origine est la plaie ? Quel type de plaie?
• Quel est l’objectif visé (réaliste et concerté)?
• Investigations, examens faits ou à faire
• Diagnostic déni
• Résultats signicatifs en lien avec la plaie
Observation • Localisation anatomique de la plaie?
• Evolution et changement d’aspect?
• Morphologie
• Site de la plaie, visibilité sur schéma
• Amélioration ou péjoration de l’évolution de la plaie
• Atone, tumorale, saignement ?
Satisfaction • Tolérance du pansement et/ou traitement
• Compliance du patient au/x traitement/s préventif/s,
curatif/s et/ou palliatif/s mis en œuvre
• Représentation du patient face à sa plaie, sa maladie
• Niveau de douleur
• Amélioration ou aggravation du confort du patient
• Adhésion ou non du patient au traitement
• Compréhension du patient
• Amélioration ou aggravation de la douleur relative à la plaie,
à la réfection du pansement
Supercie • La taille de la plaie en longueur x largeur x profondeur
• Présence ou absence de sous-minage, de cavités
• Réduction ou augmentation de la taille de la plaie
• Mesure du sous-minage : augmentation ou réduction
Infection • Présence de signes inammatoires et/ou infectieux • Rougeur, chaleur, œdème, douleur, odeurs, qualité et quantité
(plus qu’attendu ou d’habitude) d’exsudats, résultats de frottis
ou biopsie
• plaie atone, état fébrile
Berges • La qualité de l’état cutané au pourtour de la plaie • Qualité du pourtour: calme, inammatoire, irrité, macéré, eczé-
mateux, phlyctène, œdème, prurigineux, sec, hyperkératosique
Lit de la plaie • L’apparence du lit de la plaie
• Pourcentage des différents tissus
• L’échelle colorielle:
• % moindre ou accru de nécrose, brine, bourgeonnement,
épithélialisation
Exsudat •Présence et type de sécrétion (quantité/aspect/origine)
• Saturation du pansement
• Quantité et qualité de l’exsudat: absent, faible, moyen,
important/séreux, sanguinolent, séro-sanguinolant, purulent,
verdâtre/lymphatique, infection
Infection
Nécrose Fibrine Bourgeonnement Epithélislisation
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