reperage precoce des troubles envahissants du developpement en

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Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0)
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD –LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON EST
Année 2014 N°
Repérage précoce des Troubles Envahissants du
Développement en médecine générale. Enquête
auprès des médecins généralistes de la région
Rhône-Alpes.
THESE
Présentée
A l’Université Claude Bernard Lyon 1
et soutenue publiquement le 5 juin 2014
pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par
PIMPAUD Louise Née le 02 mai 1985 À Charleville-­‐Mézières PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1
___________________
. Président de l'Université
François-Noël GILLY
. Président du Comité de Coordination des Etudes Médicales
François-Noël GILLY
. Directeur Général des Services
Alain HELLEU
SECTEUR SANTE
UFR DE MEDECINE LYON EST
Directeur : Jérôme ETIENNE
UFR DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE
LYON SUD - CHARLES MERIEUX
Directeur : Carole BURILLON
INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES
ET BIOLOGIQUES (ISPB)
Directeur : Christine VINCIGUERRA
UFR D'ODONTOLOGIE
INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE
READAPTATION
Directeur : Denis BOURGEOIS
Directeur : Yves MATILLON
DEPARTEMENT DE FORMATION ET CENTRE
DE RECHERCHE EN BIOLOGIE HUMAINE
Directeur : Anne-Marie SCHOTT
SECTEUR SCIENCES ET TECHNOLOGIES
UFR DE SCIENCES ET TECHNOLOGIES
Directeur : Fabien DE MARCHI
UFR DE SCIENCES ET TECHNIQUES DES
ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES (STAPS)
Directeur : Yannick VANPOULLE
POLYTECH LYON
Directeur : Pascal FOURNIER
I.U.T.
Directeur : Christophe VITON
INSTITUT DES SCIENCES FINANCIERES
ET ASSURANCES (ISFA)
Directeur : Véronique MAUME-DESCHAMPS
I.U.F.M.
Directeur : Régis BERNARD
CPE LYON
Directeur : Gérard PIGNAULT
OBSERVATOIRE DE LYON
Directeur : Bruno GUIDERDONI
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Faculté de Médecine Lyon Est
Liste des enseignants 2013/2014
Prfesseurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Allouachiche
André-Fouet
Argaud
Aubrun
Badet
Barth
Bastien
Baverel
Berthezene
Bertrand
Bessereau
Beziat
Blay
Boillot
Borson-Chazot
Boussel
Braye
Breton
Bernard
Xavier
Laurent
Frédéric
Lionel
Xavier
Olivier
Gabriel
Yves
Yves
Jean-Louis
Jean-Luc
Jean-Yves
Olivier
Françoise
Loïc
Fabienne
Pierre
Calender
Chapet
Chapurlat
Chassard
Chatelain
Chevalier
Claris
Cochat
Colin
Colombel
Cordier
Cottin
Cotton
D’Amato
Dalle
Delahaye
Denis
Descotes
Devouassoux
Di Fillipo
Disant
Douek
Dubernard
Ducerf
Dumontet
Dumortier
Durieu
Edery
Alain
Olivier
Roland
Dominique
Pierre
Philippe
Olivier
Pierre
Cyrille
Marc
Jean-François
Vincent
François
Thierry
Stéphane
François
Philippe
Jacques
Mojgan
Sylvie
François
Philippe
Gil
Christian
Charles
Jérome
Isabelle
Charles
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Cardiologie
Réanimation ; médecine d’urgence
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Urologie
Chirurgie générale
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Physiologie
Radiologie et imagerie médicale
Pédiatrie
Biologie cellulaire
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Cancérologie ; radiothérapie
Chirurgie digestive
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
Radiologie et imagerie médicale
Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ;
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
brûlologie
Génétique
Cancérologie ; radiothérapie
Rhumatologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Pédiatrie (surnombre)
Cardiologie
Pédiatrie
Pédiatrie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Urologie
Pneumologie ; addictologie
Pneumologie ; addictologie
Anatomie
Psychiatrie d’adultes ; addictologie
Dermato-vénéréologie
Cardiologie
Ophtalmologie
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Cardiologie
Oto-rhino-laryngologie
Radiologie et imagerie médicale
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Chirurgie digestive
Hématologie ; transfusion
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
Génétique
et de la reproduction ; gynécologie médicale
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Etienne
Fanton
Faure
Fauvel
Finet
Fouque
Fourneret
Gaucherand
Gillet
Girard
Gleizal
Gouillat
Guenot
Guérin
Guérin
Gueyffier
Guibaud
Guyen
Herzberg
Honnorat
Hot
Jacquin-Courtois
Janier
Javouhey
Jegaden
Jullien
Kodjikian
Kohler
Krolak Salmon
Lachaux
Laville
Lehot
Lejeune
Lermusiaux
Lina
Lina
Mabrut
Martin
Mauguière
Mellier
Merle
Mertens
Michallet
Mion
Miossec
Monneuse
Morel
Morelon
Mornex
Moulin
Mure
Nataf
Négrier
Jérôme
Laurent
Michel
Jean-Pierre
Gérard
Denis
Pierre
Pascal
Yves
Nicolas
Arnaud
Christian
Marc
Claude
Jean-François
François
Laurent
Olivier
Guillaume
Jérôme
Arnaud
Sophie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Médecine légale
Dermato-vénéréologie
Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie
Cardiologie
Néphrologie
Pédopsychiatrie ; addictologie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Pédiatrie
Pneumologie
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Chirurgie digestive
Neurochirurgie
Réanimation ; médecine d’urgence
Biologie et médecine du développement
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Radiologie et imagerie médicale
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Neurologie
Médecine interne
Médecine physique et de réadaptation
Marc
Etienne
Olivier
Denis
Laurent
Rémy
Pierre
Alain
Maurice
Jean-Jacques
Hervé
Patrick
Bruno
Gérard
Jean-Yves
Xavier
François
Georges
Philippe
Patrick
Mauricette
François
Pierre
Olivier
Yves
Emmanuel
Jean-François
Philippe
Pierre-Yves
Serge
Claude
Biophysique et médecine nucléaire
Pédiatrie
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Dermato-vénéréologie
Ophtalmologie
Chirurgie infantile
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
Pédiatrie
Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Biologie et médecine du développement et de la
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Chirurgie générale
Urologie
Neurologie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Anatomie
Hématologie ; transfusion
Physiologie
Immunologie
Chirurgie générale
Biochimie et biologie moléculaire
Néphrologie
Pneumologie ; addictologie
Nutrition
Chirurgie infantile
Cytologie et histologie
Hématologie ; transfusion
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Négrier
Neyret
Nicolino
Nighoghossian
Ninet
Ninet
Obadia
Ovize
Perrin
Peyramond
Philip
Picot
Pignat
Poncet
Ponchon
Pugeat
Raudrant
Raverot
Marie-Sylvie
Philippe
Marc
Norbert
Jacques
Jean
Jean-François
Michel
Gilles
Dominique
Thierry
Stéphane
Jean-Christian
Gilles
Thierry
Michel
Daniel
Gérald
Revel
Richard
Rivoire
Rode
Rossetti
Rousson
Rouvière
Roy
Rudigoz
Ruffion
Ryvlin
Saoud
Schaeffer
Scheiber
Schott-Pethelaz
Scoazec
Souquet
Didier
Jean-Christophe
Michel
Gilles
Yves
Robert-Marc
Olivier
Pascal
René-Charles
Alain
Philippe
Mohamed
Laurent
Christian
Anne-Marie
Jean-Yves
Jean-Christophe
Terra
Thivolet-Bejui
Tilikete
Touraine
Truy
Turjman
Vallée
Vandenesch
Vanhems
Jean-Louis
Françoise
Caroline
Jean-Louis
Eric
Francis
Bernard
François
Philippe
Vukusic
Wattel
Zoulim
Sandra
Eric
Fabien
Cancérologie ; radiothérapie
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Pédiatrie
Neurologie
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Physiologie
Neurochirurgie
Maladie infectieuses ; maladies tropicales
Cancérologie ; radiothérapie
Parasitologie et mycologie
Oto-rhino-laryngologie
Chirurgie générale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
reproduction ; gynécologie médicale
Radiologie et imagerie médicale
Réanimation ; médecine d’urgence
Cancérologie ; radiothérapie
Médecine physique et de réadaptation
Physiologie
Biochimie et biologie moléculaire
Radiologie et imagerie médicale
Biostatistiques, informatique médicale et
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Urologie
Neurologie
Psychiatrie d’adultes
Biologie cellulaire
Biophysique et médecine nucléaire
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Anatomie et cytologie pathologiques
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
technologies de communication
Psychiatrie d’adultes ; addictologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Physiologie
Néphrologie
Oto-rhino-laryngologie
Radiologie et imagerie médicale
Anatomie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
vieillissement ; médecine générale ; addictologie
Neurologie
Hématologie ; transfusion
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Professeur des Universités - Médecine Générale
Letrilliart
Moreau
Laurent
Alain
Professeurs associés de Médecine Générale
Flori
Zerbib
Marie
Yves
Professeurs émérites
Bérard
Boulanger
Bozio
Chayvialle
Daligand
Droz
Floret
Gharib
Itti
Kopp
Neidhardt
Petit
Rousset
Sindou
Tissot
Trepo
Trouillas
Trouillas
Jérôme
Pierre
André
Jean-Alain
Liliane
Jean-Pierre
Daniel
Claude
Roland
Nicolas
Jean-Pierre
Paul
Bernard
Marc
Etienne
Christian
Paul
Jacqueline
Chirurgie infantile
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Cardiologie
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Médecine légale et droit de la santé
Cancérologie ; radiothérapie
Pédiatrie
Physiologie
Biophysique et médecine nucléaire
Anatomie et cytologie pathologiques
Anatomie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Biologie cellulaire
Neurochirurgie
Chirurgie générale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Neurologie
Cytologie et histologie
Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers
Ader
Florence
Barnoud
Raphaëlle
Benchaib
Mehdi
Bontemps
Laurence
Bricca
Giampiero
Bringuier
Pierre-Paul
Bui-Xuan
Bernard
Buzluca Dargaud
Yesim
Cellier
Colette
Chalabreysse
Lara
Charbotel-Coing-Boyat Barbara
Charrière
Sybil
Chevallier-Queyron
Philippe
Collardeau Frachon
Cozon
Davezies
Dubourg
Duclos
Sophie
Grégoire
Philippe
Laurence
Antoine
Maladies infectieuses ; maladies tropicales
Anatomie et cytologie pathologiques
Biologie et médecine du développement et de la
Biophysique et médecine nucléaire
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Cytologie et histologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Hématologie ; transfusion
Biochimie et biologie moléculaire
Anatomie et cytologie pathologiques
Médecine et santé au travail
Nutrition
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
clinique ; addictologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Médecine et santé au travail
Physiologie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Escuret Poncin
Franco-Gillioen
Germain
Hadj-Aissa
Hervieu
Jarraud
Jouvet
Kolopp-Sarda
Lasset
Laurent
Le Bars
Lesca
Lièvre
Maucort Boulch
Vanessa
Patricia
Michèle
Aoumeur
Valérie
Sophie
Anne
Marie Nathalie
Christine
Frédéric
Didier
Gaëtan
Michel
Delphine
Meyronet
Normand
Peretti
Persat
Phan
Pharaboz-Joly
Piaton
Pina-Jomir
Plotton
Rabilloud
David
Jean-Claude
Noel
Florence
Alice
Marie-Odile
Eric
Géraldine
Ingrid
Muriel
Rheims
Rigal
Rimmele
Ritter
Roman
Sappey-Marinier
Schluth-Bolard
Streichenberger
Tardy Guidollet
Sylvain
Dominique
Thomas
Jacques
Sabine
Dominique
Caroline
Nathalie
Véronique
Thibault
Timour-Chah
Tristan
Vasiljevic
Venet
Vlaeminck-Guillem
Voiglio
Wallon
Hélène
Quadiri
Anne
Alexandre
Fabienne
Virginie
Eric
Martine
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Physiologie
Physiologie
Physiologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Biophysique et médecine nucléaire
Génétique
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Biostatistiques, informatique médicale et
médecine d’urgence (stag.)
Anatomie et cytologie pathologiques
Médecine et santé au travail
Nutrition
Parasitologie et mycologie
Dermato-vénéréologie
Biochimie et biologie moléculaire
Cytologie et histologie
Biophysique et médecine nucléaire
Biochimie et biologie moléculaire
Biostatistiques, informatique médicale et
reproduction ; gynécologie médicale
Neurologie (stag.)
Hématologie ; transfusion
Anesthésiologie-réanimation ;
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Physiologie
Biophysique et médecine nucléaire
Génétique
Anatomie et cytologie pathologiques
Biochimie et biologie moléculaire
technologies de communication
Physiologie
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Anatomie et cytologie pathologiques (stag.)
Immunologie
Biochimie et biologie moléculaire
Anatomie
Parasitologie et mycologie
Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale
Farge
Thierry
Figon
Sophie
Lainé
Xavier
1 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le Serment d'Hippocrate
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans
l'exercice de la Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans
discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans
leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage
de mes connaissances contre les lois de l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de
leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de
mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés
et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas
abusivement la vie ni ne provoquerai délibérément la mort.
Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui
dépasse mes compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour
assurer au mieux ma mission.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert d'opprobre et méprisé si j'y manque.
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
COMPOSITION DU JURY :
Président :
Mr le Professeur Pierre FOURNERET
Membres :
Mr le Professeur Associé Yves ZERBIB
Mme le Professeur Associé Sylvie ERPELDINGER
Directeur de thèse: Mr le Professeur Associé Yves ZERBIB
Membre invité :
Mme le Dr Catherine BRISSET
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
REMERCIEMENTS
A MESSIEURS ET MESDAMES LES MEMBRES DU JURY
Monsieur le Professeur Pierre FOURNERET
Vous me faites l’honneur de présider ce jury. Je vous remercie de l’intérêt
porté à notre travail.
Soyez assuré de ma profonde admiration et de ma sincère reconnaissance.
Monsieur le Professeur Yves ZERBIB
Tu as accepté de diriger ce travail. Je te remercie de ton aide précieuse et de
m’avoir fait partager ta passion pour la médecine générale.
Ton expérience et la richesse de tes réflexions ont été indispensables à
l’aboutissement de ce travail. Je te remercie également pour ta bonne humeur
toujours au rendez-vous.
Madame le Professeur Sylvie ERPELDINGER
Vous avez accepté de participer à ce jury de thèse. Je vous en suis
extrêmement reconnaissante.
Veuillez recevoir l’expression de mon profond respect.
Madame le Docteur Catherine BRISSET
Malgré tes doutes, tu as accepté de siéger à mon jury de thèse et je t’en suis
sincèrement reconnaissante.
Je te remercie pour ta motivation et ton intérêt porté à mon travail. Tu m’as
fait découvrir le travail de l’hôpital de jour « La Passerelle » de Bourg-enBresse ainsi que celui du Centre d’Evaluation et de Diagnostic de l’Autisme
de l’Ain, indispensables à l’écriture de ce travail.
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
J’ai énormément apprécié travailler à tes côtés. Tu m’as permis de
comprendre qu’avec une bonne dose de motivation, tous les parcours sont
possibles, merci encore !
A mon fils Lucien,
Tu m’accompagnes sans le savoir depuis le début de cette aventure. Je te
remercie pour ta sagesse et tes nombreuses siestes qui m’ont permis
d’aboutir ce travail. Mon petit chéri, je te souhaite une longue et heureuse vie,
sois certain de mon amour inconditionnel.
A mon mari Justinien,
Merci à toi pour ton soutien à toute épreuve, pour tes encouragements, pour
ton respect de mes choix professionnels, merci pour ton amour, pour les bons
petits plats, pour les ballades, pour les fous rires, pour notre merveilleux petit
garçon. Tu es le seul à comprendre mes silences. Avec tout mon amour,
MERCI.
A mes parents,
Maman, Papa, je vous remercie. Bien sur, sans votre aide, rien de tout cela
n’aurait été possible mais votre façon de m’accompagner depuis le début, de
m’encourager dans les moments de doute, de me remettre dans le droit
chemin lorsque je déviais, me permettent aujourd’hui d’être une jeune femme
heureuse et épanouie. Je vous aime et vous dédie ce travail.
A mon frère Emilien,
Le ch’ti de la famille ! Merci pour ton soutien, merci pour ton humour !
A ma marraine Sandrine,
Merci à toi pour tes conseils, ta présence, ton soutien, ton écoute, tu es une
super marraine !
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
A Fabien,
Merci pour ton aide précieuse, la maitrise des outils informatique n’est
vraiment pas mon « fort », heureusement que tu étais là…
A mes amis, la plupart d’entre vous sont loin maintenant, je fais partie des
gens qui pensent que la distance n’affaiblit pas les liens. Merci pour vos
encouragements et votre soutien. Je vous aime. Et à la « nouvelle
génération » parce qu’elle arrive en force !...
A Mme le Docteur Dominique Blond,
Merci à toi de m’avoir accueillie aussi chaleureusement en octobre 2010. J’ai
beaucoup appris durant ces premiers mois d’internat et je suis heureuse de
pouvoir travailler à nouveau à tes côtés.
A mes collègues de Centre d’Accueil Permanent,
Merci pour votre accueil et vos encouragements, c’est un plaisir de travailler
avec vous.
Merci à l’équipe de la bibliothèque de Centre Psychothérapique de l’Ain
pour votre aide précieuse et votre motivation au cours de ce travail.
Merci à l’Union Régionale de la Santé Rhône-Alpes, d’avoir accepté de
diffuser mon questionnaire, sans vous, ce travail n’aurait pas pu voir le jour.
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Liste des Abréviations :
ADI : Autism Diagnostic Interview
ADI-R : Austism Diagnostic Interview – Revised
ADOS : Autism Diagnostic Observation Schedule
CARS : Childhood Autism Rating Scale
CFTMEA : Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de
l’Adolescent
CIM-10 : Classification Internationale des Maladies 10ème édition
CAMSP : Centre d’Action Médico-Sociale Précoce
CARMF : Caisse Autonome de Retraite des médecins de France
CHAT : Checklist for Autism in Toddlers
CMPP : Centre Médico-Psycho-Pédagogique
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CRA : Centre de Ressource Autisme
CSAP : Centre de Soins Ambulatoires en Psychiatrie
CSBS-DP-IT : Communication ans Symbolic Behaviour Scales
Developmental Profile Infant Toddlers Checklist
DPC : Développement Professionnel Continu
DSM-IV : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
FMC : Formation Médicale Continue
HAS : Haute Autorité de Santé
HFME : Hôpital Femme Mère Enfant
IRM : Imagerie par résonnance Magnétique
M-CHAT : Modified-Checklist for Autism in Toddlers
OMS : Organisation Mondiale pour la Santé
PACA : Provence Alpes Cote d’Azur
PEP-R : Profil Psycho-Educatif Révisé
PMI : Protection Maternelle et Infantile
Se : Sensibilité
SNIR : Système National Inter Régimes
Sp : Spécificité
TED : Trouble Envahissant du Développement
TSA : Trouble du Spectre Autistique
URPS-RA : Union Régionale des Professionnels de Santé Rhône-Alpes
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Table des matières Introduction ........................................................................................................................ 1 I – Contexte ......................................................................................................................... 4 I-1 Historique (5,10,11,12,13,14,15,16) : ............................................................................................. 4 I-2 Epidémiologie ...................................................................................................................... 7 I-3 Le développement normal .............................................................................................. 8 I-4 Etiologie .................................................................................................................................. 9 I-5 Définitions ............................................................................................................................ 10 I-6 Classifications ................................................................................................................... 11 I-7 Nécessité d’un diagnostic précoce ........................................................................... 11 I-8 Signes précoces ................................................................................................................ 14 I-9 signes d’alerte .................................................................................................................... 15 I-10 Le médecin généraliste et l’autisme ....................................................................... 17 I-11 Utilisation du carnet de santé ................................................................................... 19 I-12 Le dépistage, ses limites, les outils utilisables ................................................. 21 I-13 Le diagnostic .................................................................................................................... 24 I-14 Le bilan initial ................................................................................................................... 28 I-15 Prise en charge : Projet Personnalisé d’Intervention (37) ................................ 29 II – Matériel et Méthodes ............................................................................................. 31 II-1 Matériel ................................................................................................................................ 31 II-2 Méthodes ............................................................................................................................. 32 III – Résultats ................................................................................................................... 33 IV – Discussion ............................................................................................................... 37 V – Conclusion ............................................................................................................... 42 ANNEXE 1 : Repères et surveillance du développement psychomoteur
de l’enfant (19,21) ............................................................................................................... 49 ANNEXE 2 : Classification ......................................................................................... 51 ANNEXE 3 : Tableau du développement psychomoteur précoce ............. 53 ANNEXE 4 : CHAT version française( Checklist for Autism in Toddlers)
.............................................................................................................................................. 57 ANNEXE 5 : M-CHAT version française ............................................................... 59 ANNEXE 6 : critères diagnostic CIM 10 ................................................................ 60 ANNEXE 7 : Notre questionnaire et son texte d’accompagnement ......... 65 ANNEXE 8 : Poster ........................................................................................................ 67 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Introduction
En 2014, l’autisme est un sujet qui intéresse beaucoup le grand public.
Il ne se passe pas un mois sans qu’un programme télévisuel, une émission
de radio ou un article de la presse n’évoque ce syndrome.
Le mot « Autisme » lui-même est passé dans le langage courant des plus
jeunes, désignant volontiers une personne timide, portant peu d’intérêt au
monde environnant.
Pourtant en 2010, 8% de la population générale et 6% des médecins avaient
connaissance du nombre d’enfants concernés en France et seulement un
tiers des médecins en donnaient la définition correcte1.
L’autisme est une pathologie globale touchant trois domaines majeurs du
développement :
•
la communication
•
les interactions sociales
•
le comportement
Son approche a beaucoup évolué au cours de ces dernières années. Il s’agit
d’une pathologie à la présentation clinique très variable selon le niveau de
langage, les capacités cognitives et de socialisation2.
Sur le plan médical, les connaissances concernant la symptomatologie,
l’étiologie, les prises en charge n’ont de cesse de faire l’objet de recherches
et d’avancées.
Actuellement, on le regroupe dans un cadre nosographique plus large : les
Troubles Envahissants du Développement (TED).
Auparavant, les enfants autistes étaient diagnostiqués vers leur sixième
anniversaire, à l’entrée à l’école primaire. Actuellement l’âge moyen du
diagnostic a baissé et se situe autour de trois ans et cinq mois 3. Un repérage
précoce permet la mise en place d’une prise en charge adaptée et spécifique
1 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
le plus tôt possible, augmentant ainsi les chances de progression ultérieure
des enfants 4.
Au printemps 2013, un troisième « Plan Autisme » a été présenté par le
gouvernement français. La Ministre de la Santé, Madame Marie-Arlette
Carlotti, a annoncé que le dépistage précoce avant trois ans en est l’un des
objectifs principaux3.
En 2012, l’Autisme a été déclaré « grande cause nationale» avec pour but
notamment la formation des professionnels, le repérage des troubles et
l’accès au diagnostic 4.
Déjà en 1995, la loi Veil avait vu la création de comités techniques régionaux
pour l’autisme dont la mission était d’élaborer des plans régionaux, ancêtres
des « plans autisme » de 2005 et 2008 prouvant s’il en est besoin l’enjeu de
santé publique que représente cette pathologie qui atteindrait plus de 6
enfants sur 1000 5.
La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en 2005 les « Recommandations
pour la pratique professionnelle du diagnostic de l’autisme »6, document
destiné, entre autres, aux médecins généralistes.
« Le dépistage doit reposer sur un réseau coordonné et non saturé impliquant
tout particulièrement les médecins généralistes (…) »
« La faisabilité du dépistage implique (…) de former les médecins de
première ligne (…) » Il fait état des signes précoces à connaître et à
rechercher par les praticiens de première ligne afin d’aboutir à un diagnostic
avant l’âge de trois ans.
Déjà en 2008, l’avis 102 du Comité Consultatif National d’Ethique indiquait
que la France accusait un retard par comparaison aux pays anglo-saxons et
d’Europe du nord concernant le diagnostic et l’accompagnement adapté des
autistes.
Pourtant, actuellement, la prise en charge des troubles envahissants du
développement est encore trop tardive, d’autant plus que l’on constate un
écart important entre l’âge du diagnostic et celui des premières inquiétudes
parentales 7,8 .
2 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
En France, d’après le rapport Sommelet réalisé en 2007, 50 % des
nourrissons sont suivis dès la naissance uniquement par un médecin
généraliste (avec en moyenne 16 actes par an). 66% le sont entre 9 mois et
2 ans et plus de 80% à partir de leur deuxième anniversaire. Seulement 5%
des enfants sont suivis uniquement par un pédiatre. Ce travail comporte
notamment la rédaction de trois certificats de santé (à 8 jours, 9 mois et 24
mois) dont un des objectifs est de dépister les affections invalidantes 9.
Le suivi des enfants représente une part importante de l’activité en médecine
générale puisqu’il concerne environ 16% des actes pratiqués.
Les médecins généralistes ont donc une place primordiale dans le repérage
précoce des enfants atteints de TED par leur rôle de soignants auprès des
enfants mais aussi de conseillers de première ligne au sein des familles qu’ils
suivent et qui leur confient leurs inquiétudes.
L’objectif de notre travail est de mettre à jour les problèmes auxquels sont
confrontés les médecins généralistes dans le repérage et l’orientation
spécialisée précoce d’enfants souffrant de TED pour y proposer des solutions.
Nous aurons recours à l’utilisation d’un questionnaire destiné aux médecins
généralistes de la région Rhône-Alpes.
3 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
I – Contexte
I-1 Historique (5,10,11,12,13,14,15,16) : Le mot « Autisme » est dérivé du Grec « auto » qui signifie « soimême ».
Jusqu’au XIXème siècle, la pathologie mentale de l’enfant était considérée
comme une déficience du développement de l’intelligence et les jeunes
malades étaient tous vus comme des arriérés mentaux. L’enfant était alors
considéré comme un adulte en miniature et personne n’avait décrit ses
troubles alors que bien des symptômes psychiatriques étaient connus depuis
l’antiquité (mélancolie, délire…).
Au XVIIIè siècle, plusieurs cas d’enfants sauvages élevés par les animaux ont
été recensés par le naturaliste Suédois Carl Von Linné. Amala (18 mois) et
Kamala (8 ans), deux petites filles « loup » sont notamment découvertes en
Inde. Ces enfants meurent tous de façon précoce. On évoque alors le rôle de
la carence profonde et primaire dans l’origine de leur trouble mais également
l’hypothèse qu’ils aient été abandonnés en raison de leurs troubles
congénitaux du développement.
« Victor, l’enfant sauvage » rendu célèbre par le film de François Truffaut en
1970, est recueilli pour la première fois en 1797 dans la forêt du Tarn alors
qu’il est âgé d’une dizaine d’années. Il se déplace sur quatre pattes et n’utilise
pas la parole. Il est confié au Dr Jean Itard de l’Institut des Sourds et Muets
de Paris. Malgré l’amélioration de ses relations sociales, il n’accédera jamais
à la parole et décédera à l’âge de 40 ans. Le Dr Itard publiera en 1801 et
1806 ses observations intitulées « Mémoire » et « Rapport » sur Victor de
l'Aveyron. Celles-ci ne sont pas sans rappeler les caractéristiques des enfants
atteints d’autisme telles qu’on les décrira plus tard.
Le terme « Autisme »
est introduit au début du 20è siècle (1911) par le
psychiatre suisse Eugen Bleuler (1857-1939) faisant référence à une
perturbation de base retrouvée au cours de la schizophrénie (terme qu’il a
4 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
également inventé) pour désigner le rétrécissement des relations avec les
gens et le monde extérieur, celui-ci semblant tout exclure à l’exception du
sujet schizophrène lui-même.
En 1867, Henry Maudsley publie le premier ouvrage concernant les troubles
mentaux chez l’enfant « The Insanity of early life ».
En 1888, le Dr Paul Moreau de Tours dans son ouvrage « De la folie chez
l’enfant » nie pour la première fois l’existence de troubles psychotiques
analogues à ceux des adultes chez les enfants.
En 1930, Mélanie Klein, psychanalyste britannique décrit dans un article
intitulé « L’importance de la formation du symbole dans le développement du
Moi » le cas d’un garçon de quatre ans dont la symptomatologie rappelle celle
des autistes sans en utiliser le terme.
En 1943, le pédopsychiatre Austro-Hongrois Léo Kanner (1894-1981) publie
à Baltimore, les premières études détaillées de cas d’enfants autistes.
L’année suivante, Hans Asperger (1906-1980) pédiatre Autrichien en fait de
même au cours de son article "Die Autistischen Psychopathen" (psychopathie
autistique).
Tous deux esquissent une tentative d’explication par des perturbations
fondamentales conduisant à des signes cliniques typiques. Les observations
fournies par les Dr Kanner et Asperger concernent toutes des enfants dans
l’impossibilité d’entretenir des relations affectives « normales » avec autrui, ce
dès la naissance et ne font état d’aucune détérioration progressive (ce qui les
différencie de l’autisme décrit au cours de la schizophrénie par Bleuler), ils
rapportaient même parfois des améliorations comportementales au fil du
développement et des apprentissages.
L’article de Léo Kanner « Autistic disturbances of affective contact »
(Perturbations autistiques du contact affectif) expose onze cas d’autisme
(neuf garçons et deux filles âgés de deux à huit ans) et en dresse certaines
caractéristiques qu’il décrit comme typiques : « l’isolement et le défaut
profond de liens affectifs avec autrui, le besoin obsessionnel et angoissé
5 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
d’immuabilité, le mutisme ou l’existence d’un langage non fonctionnel auquel
s’associent l’impression de surdité, l’existence d’une physionomie intelligente
témoin d’un bon potentiel cognitif qui se traduit par des prouesses mnésiques
ou des compétences particulières dans l’organisation spatiale, et le délai de
trente mois pour affirmer le diagnostic ».
Il envisage d’abord l’autisme comme une forme précoce de schizophrénie
puis la reconnaît vite comme une affection autonome et spécifique de la petite
enfance. Kanner décrit des caractéristiques cliniques de la pathologie dont
certaines gardent encore leur actualité aujourd’hui :
-­‐
L’Isolement Autistique : « qui aboutit à une extrême solitude autistique
qui ignore et exclut tout ce qui vient de l’extérieur vers l’enfant »
-­‐
Le désir d’immuabilité
-­‐
Les stéréotypies
-­‐
Les troubles du langage
-­‐
L’intelligence conservée : ce qui les différenciait à l’époque des enfants
déficients intellectuels avec lesquels ils étaient jusqu’alors confondus.
Il conclut à une « incapacité biologique innée à développer des contacts
affectifs usuels avec autrui » mais fait également état de facteurs
psychodynamiques interpersonnels influençant l’apparition de la pathologie.
De son côté Hans Asperger fait également la description détaillée de cas
d’autisme et tente d’établir un lien de causalité entre le comportement
autistique, la personnalité et l’intelligence.
Suite aux observations de Kanner, bien des auteurs ont étudié l’autisme pour
en préciser le concept dans sa spécificité et hiérarchiser les symptômes.
L’intérêt croissant pour l’autisme infantile a donné lieu à de nombreuses
recherches
dans
les
domaines
neurobiologiques,
cognitifs
et
psychanalytiques menant parfois à des débats vifs concernant l’origine et la
définition exacte de l’autisme et des troubles apparentés.
Les années 1970 ont vu la description de maladies souvent associées à
l’autisme telles que l’épilepsie ou la Sclérose tubéreuse de Bourneville,
suscitant un intérêt dans la recherche sur les facteurs biologiques de
l’autisme.
6 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Par la suite le développement des classifications des pathologies mentales a
contribué à définir des critères précis pour le diagnostic de l’autisme menant
aux premières études épidémiologiques. Celles-ci ont permis de mettre à jour
la plus grande fréquence de la pathologie dans certaines fratries, orientant
vers une origine génétique partielle.
Les années 1980 ont été marquées en France par une importante
controverse concernant l’autisme, son origine, ses prises en charge. En 1995,
à l’apogée de débats parfois compliqués entre gouvernement, soignants et
associations de famille de patients, Mme Simone Veil, alors ministre de la
santé a présenté la première circulaire concernant le diagnostic et la prise en
charge de l’autisme. En parallèle, le parlement a voté la première loi
reconnaissant le caractère handicapant de ce trouble.
De nos jours, on considère l’« autisme » comme l’a décrit Léo Kanner, par
son
grand
polymorphisme,
comme
un
Trouble
Envahissant
du
Développement. Il entrave chez le petit enfant, la mise en place des grandes
fonctions développementales. L’Autisme est considéré comme la forme la
plus caractérisée des troubles envahissants du développement. Il est
majoritaire puisqu’il en représente un tiers des cas.
I-2 Epidémiologie
La prévalence correspond au nombre de cas du trouble à un moment
donné dans une population donnée, la fréquence correspond au nombre
d’observation de cas.17
Selon les dernières données publiées par la Haute Autorité de Santé (HAS)
en mars 201218, la prévalence actuelle en France des troubles envahissants
du développement serait de 0,6 à 0,7 %. Concernant l’autisme on l’estime à
0,2%. Environ 1 enfant sur 150 serait porteur d’un TED et au total on estime
qu’entre 92 000 et 107 500 seraient atteints. Les TED sont donc trente fois
plus fréquents que les maladies orphelines elles-mêmes définies par une
prévalence de 2 pour 10000 24.
7 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Depuis les années 1960, à travers le monde, environ une trentaine d’études
épidémiologiques concernant l’autisme et les troubles apparentés ont été
menées et on a pu observer une augmentation progressive de la prévalence
des troubles, passant de 6 pour 10000 à 60 pour 10000 actuellement17.
Cette observation évoquée telle une « épidémie d’autisme » s’expliquerait en
réalité par2:
-­‐
l’élargissement des critères diagnostic par rapport à la description
initiale
-­‐
la disponibilité et l’accès à des outils standardisés
-­‐
la multiplication des professionnels formés, en mesure de procéder à
l’évaluation
-­‐
un public et des professionnels davantage avertis et sensibilisés aux
signes de TED.
A l’heure actuelle, en France on ne dispose que de deux méta-analyses
évaluant l’épidémiologie des TED, ce manque de données rend difficile les
estimations et la mise à jour de ces chiffres est un des objectifs du troisième
plan autisme3.
I-3 Le développement normal
Etymologiquement,
« développement »
signifie
« retirer
les
enveloppes ». Chez l’humain, il s’agit du processus de retrait des enveloppes
masquant les capacités d’un individu. Ce processus continu est une
caractéristique centrale du vivant évoluant jusqu’à la mort19.
A la naissance, l’humain est caractérisé par une plus grande immaturité que
dans les autres espèces animales. Son système nerveux est en constante
maturation avec créations et disparitions de synapses selon les stimulations
comportementales, affectives mais aussi fantasmatiques reçues et ceci
jusqu’à la fin de sa vie20.
Vous trouverez en annexe 1 les repères et surveillance du développement
psychomoteur de l’enfant19,21.
8 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
I-4 Etiologie
Il n’existe pas à ce jour de consensus pour expliquer l’origine des
troubles envahissants du développement.
Les facteurs de risque connus sont 18 :
-­‐
le sexe masculin (les garçons ont 4 fois plus de risque d’être atteint
que les filles)
-­‐
les antécédents de TED dans la fratrie (4% de risque pour un enfant
d’être atteint si il a un frère atteint, 7% si il s’agit d’une sœur ; contre
1% dans la population générale).
-­‐
les
pathologies
psychiatriques
associées :
troubles
du
sommeil,
troubles
(anxiété, troubles du sommeil, dépression, Trouble
Déficit de l’Attention Hyperactivité), l’épilepsie, les retards mentaux.
Auparavant considérée affective, l’origine du trouble serait multifactorielle et il
existe des théories explicatives qui font encore aujourd’hui l’objet de
nombreuses recherches. Tout se passe comme si il existait un facteur
primaire de vulnérabilité et des facteurs secondaires de maintien des troubles,
tel un cercle vicieux à vocation auto-aggravante22. Le Collège des médecins
du Québec et l’Ordre des psychologues de Québec décrivent les TED comme
« un désordre neurodéveloppemental d’origine biologique impliquant un grand
nombre de facteurs génétiques dont on ignore (…) le mode de
transmission »2. Le troisième plan autisme met l’accent sur la promotion de la
recherche sur les mécanismes moléculaires et cellulaires3.
- Théorie génétique : l’implication de facteurs génétiques est certaine, en
effet la concordance de la pathologie chez les jumeaux homozygotes est de
60 à 90%. Il ne semble pas exister de « gène de l’autisme » mais les
recherches scientifiques s’orientent vers plusieurs étiologies génétiques.
D’une part les anomalies chromosomiques, comme en témoigne la fréquente
association entre le « syndrome de l’X fragile » et l’autisme infantile. D’autres
parts des mutations de certains gènes impliqués dans le fonctionnement des
synapses glutaminergiques ont été identifiées dans les cas d’autisme
familiaux.
9 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
- Théorie cognitive : s’oriente vers une décomposition de syndromes
psychologiques en sous-groupe, vers la notion de voie finale commune, ayant,
une fois constituée, sa propre dynamique et relevant d’étiologie multiples et
interactives16.
- Théorie neurobiologique : s’appuie sur l’augmentation de la vitesse de
croissance du périmètre crânien entre 6 et 12 mois, constatée chez les
enfants autistes23. Par ailleurs, il existerait chez 30 à 50% des enfants
autistes une élévation de la sérotonine plaquettaire mais cette particularité
n’est pas spécifique à l’autisme24.
- Théorie psychanalytique : d’abord exploré d’un point de vue causaliste
tel qu’un enchainement de mécanismes purement psychologiques à partir
d’une origine traumatique, on s’oriente maintenant deux notions essentielles :
la narration et l’interaction c’est à dire que le vécu présent du patient est
considéré comme le fruit de ce qu’il vit ici et maintenant et ce qu’il a vécu
autrefois et ailleurs, redéfinis et réinventés en fonction du présent à travers
une grille interprétative propre à sa propre personnalité, son passé16.
I-5 Définitions
Les Troubles Envahissants du Développement correspondent à un
groupe hétérogène de troubles qui se caractérisent tous par des altérations
qualitatives des interactions sociales réciproques et des modalités de la
communication et du langage ainsi que par un répertoire d’intérêts et
d’activités restreints, stéréotypés et répétitifs 6,18.
Ils se caractérisent par « la triade de Wing » :
1. troubles de la communication verbale et non-verbale ;
2. troubles des relations sociales ;
3. centres d'intérêts restreints et/ ou des conduites répétitive.
Le terme « envahissant » traduit l’atteinte de plusieurs domaines du
développement, à la différence du seul retard mental ou des troubles
spécifiques des acquisitions. Cette définition, reprise par la Haute Autorité de
Santé en 2012, regroupe des présentations cliniques diversifiées qui
10 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
entrainent des situations de handicap très hétérogènes, un retard mental
étant associé dans 70% des cas 25.
L’autisme infantile est le stéréotype des TED, c’est à dire la forme la mieux
décrite. Il apparaît précocement et persiste à vie. Il est caractérisé par un
développement altéré avant trois ans. Seulement la moitié des enfants dont
le diagnostic actuellement retenu est l’autisme correspondent aux critères de
l’autisme de Kanner définis en 1943.
Actuellement, le terme de Troubles du Spectre Autistique (TSA) est souvent
utilisé de manière à éviter l’écueil d’un retard de prise en charge adaptée ou
d’un enfermement dans les représentations parentales de l’enfant dans la
pathologie26.
I-6 Classifications
Plusieurs classifications internationales fournissent des classifications
descriptives spécifiques des TED. La HAS recommande de se reporter à la
Classification Internationale des Maladies CIM-10 afin d’aboutir aux
diagnostics nosologiques des TED 6. Il est également possible d’utiliser à la
CFTMEA (Classification Française des Troubles Mentaux des Enfants et des
Adolescents) ainsi que le DSM-IV(Diagnostic and Statistical Manual of mental
disorder). Dans ce cas, la correspondance avec la CIM-10 doit être précisée.
Le terme de « Trouble du Spectre Autistique » est aussi parfois utilisé pour
regrouper l’autisme infantile, le syndrome d’asperger et les TED non
spécifiques. Depuis mai 2013 le DSM-V est également disponible, il s’agit de
la révision du DSM-IV TR, elle est peu utilisée en France, il n’existe pas à
l’heure actuelle de version en langue française.
Vous trouverez en annexe 2 un détail de ces classifications.
I-7 Nécessité d’un diagnostic précoce
La nécessité d’un diagnostic précoce est l’un des rares points qui fasse
consensus en matière d’autisme30. Celle-ci a d’ailleurs été rappelée dans le
troisième plan autisme : « En prenant en charge l’enfant autiste dès 18 mois,
c’est tout son parcours de vie qui s’en trouve facilité. C’est un ensemble de
11 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
capacités
sensorielles,
motrices,
langagières
et
cognitives
qui
sont
améliorées, permettant ensuite d’envisager une intégration facilitée à
l’école »3. En effet, les connaissances acquises au cours de ces dernières
années, notamment la notion de plasticité cérébrale et de fenêtre
développementale au cours du développement cérébral, fenêtre pendant
laquelle il est encore possible de modifier des anomalies fonctionnelles
renforcent l’intérêt pour la mise en place d’un repérage précoce31.
La HAS recommande depuis 2005 une prise en charge globale et coordonnée
avant quatre ans et dans les trois mois suivant le diagnostic des enfants
atteints de TED et ceci pour une durée d’au moins deux ans6. L’objectif de
celle-ci est la socialisation, l’autonomie, l’épanouissement personnel du
patient et sa qualité de vie, au final de limiter son handicap. L’enjeu est
d’éviter toute structuration, d’organisation ou d’enkystement autistique du
développement de l’enfant22.
L’âge limite de quatre ans a été retenu car les études montrent que les
interventions dont l’efficacité est prouvée concernent en priorité des
interventions précoces démarrées avant quatre ans. Ainsi, par le biais d’un
accompagnement et de soins adaptés précoces avant quatre ans il est
possible d’améliorer les performances de communication, des interactions
sociales et du développement et d’en restreindre les conséquences pour
l’enfant et son entourage
4, 27
. En 1987, le Professeur Lovaas, psychologue
norvégien, a réalisé une étude dans laquelle il concluait à des progrès
significatifs de neuf enfants sur dix-neuf faisant partie d’un groupe ayant
bénéficié d’une intervention précoce et d’une durée importante. Ces progrès
leur auraient permis de bénéficier d’une scolarité alors que les autres enfants
auraient progressé de manière moins significative. Ces progrès ont été
confirmés par le suivi à long terme de huit des neuf enfants. Ces travaux ont
fait l’objet de critiques par la suite et il en ressort que pour être bénéfique une
intervention doit être à la fois précoce, mais aussi intense, individuelle et les
parents doivent se sentir concernés et impliqués29.
Les troubles semblent assez stables à l’âge de trois ans pour permettre un
diagnostic fiable, parfois dès deux ans6. Plus tôt, la certitude diagnostique
n’est pas établie mais il est déjà possible pour les médecins d’émettre une
12 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
hypothèse de risque de TED qui devrait aboutir à une orientation spécialisée
précoce.
La HAS précise les intérêts du diagnostic précoces des TED 6 :
«- limite l’errance et le stress des familles, leur permettant l’accès à
l’information et à des conseils pratiques.
- permet la prise en charge plus précoce de l’enfant et de sa famille.
- limite pour l’enfant le risque de survenue de surhandicap.
- permet la prise en charge des troubles associés. »
La place de la famille dans le dépistage et la prise en charge mérite d’être
soulignée. En effet, les premières inquiétudes parentales concernant le
développement psychomoteur de leur enfant a lieu approximativement entre
12 et 18 mois alors que le diagnostic est actuellement posé en France aux
alentours de quatre ans voire six ans et plus pour les formes sans retard
mental associé
25
. Ces préoccupations des parents portent principalement sur
le langage, les compétences sociales relationnelles
25
. Elle mènent à
l’évocation de ce trouble avec le médecin de première ligne souvent après
déjà quelques semaines voire mois de la première constatation.
Une étude américaine
28
récente de grande ampleur concernant des enfants
de l’âge d’un an suggère qu’il est envisageable de repérer les troubles du
développement dans la population générale à l’aide d’un questionnaire
parental (M-CHAT). Dans l’attente de la généralisation d’outil semblable en
France, le médecin à qui les parents confient une inquiétude concernant le
développement de leur jeune enfant ou qui constate lors des examens
systématiques une anomalie du développement devrait le surveiller de façon
rapprochée, voire d’emblée l’orienter vers une équipe spécialisée et surtout
éviter l’attitude du « wait and see ». Le repérage précoce des enfants permet
la mise en place rapide de la procédure diagnostic et de la prise en charge
adaptée27,32.
On constate une « errance » entre les premières inquiétudes parentales et le
diagnostic. D’après de nombreuses études, des progrès de sensibilisation des
médecins généralistes aux TED restent à faire. Il s’agissait d’ailleurs de l’un
des objectifs principaux des deux premiers plans autisme. L’évaluation du
13 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
niveau de formation des médecins généralistes concernant le dépistage
précoce des TED est l’un des buts de ce travail.
I-8 Signes précoces
Kanner a décrit les troubles autistiques comme « innés », en réalité il
existe plusieurs modes de début des troubles30:
-­‐
Progressif: présents dès la naissance ou les premiers mois de vie mais
il est rare que les parents consultent spontanément pour des signes
très précoces. Les signes très précoces concernent l’alimentation et le
sommeil mais sont très peu spécifiques des TED26.
-­‐
Régressif:
les
enfants
présentent
d’abord
une
période
de
développement normal puis régressent (souvent aux alentours de 18
mois).
-­‐
Alternance entre 6 à 18 mois de périodes où l’enfant semble interagir
normalement et de périodes où il semble présenter des signes
d’autisme.
Une étude portant sur 1512 patients autistes ou TED situe l’âge de début des
troubles à la fin de la première année dans 38% des cas, au cours de la
deuxième année dans 41% des cas et entre deux et trois ans dans 16% des
cas, les débuts plus tardifs semblent moins fréquents. A l’aide d’études
rétrospectives et prospectives de vidéos familiales, les spécialistes sont en
mesure de repérer certaines particularités chez les enfants atteints dès la fin
de la première année33.
Les classifications retiennent l’âge de trente mois pour la constitution
complète du syndrome de l’autisme.
Comme nous l’avons précisé précédemment, les inquiétudes parentales
concernant le développement de l’enfant ont une importance capitale pour
repérer les signes précoces d’autisme. Une étude québécoise montre
d’ailleurs que dans 75% des cas de troubles envahissants du développement
ce sont les parents qui se sont inquiétés les premiers, les soignants ne
représentent que 13% des cas7. L’âge moyen des premières inquiétudes
14 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
parentales (à différencier de l’âge de début des troubles) se situe aux
alentours de 18 mois. A l’âge de 24 mois, 80% des parents d’enfants autistes
ont repéré des anomalies du développement23. Ces préoccupations précoces
des parents concernent en priorité un retard de langage, un trouble des
réponses sociales ou émotionnelles et enfin un retard psychomoteur. Les
études montrent que ces résultats ne sont pas influencés par le statut socioéconomique des parents, l’âge des parents, le genre de l’enfant.
Voici quelques remarques de parents d’enfants autistes étant fréquemment
rapportées au médecin et étant des signes précoces de TED32:
Ne répond pas à son prénom, est hypersensible à certains bruits, bébé très
sage, ne demande jamais rien, ne pleure jamais, ne sait pas faire au revoir de
la main, ne fait pas les marionnettes, ne sourit pas facilement, ne joue pas, à
toujours le même objet dans la main, ne montre pas du doigt, regarde sur le
côté, fait des colères inexpliquées, ne supporte pas le changement, reste
éveillé dans son lit, refuse la cuillère, ne supporte pas les morceaux, fait
toujours les mêmes gestes.
Le diagnostic ne peut être posé avant 30 mois, avant cet âge il convient de
repérer les enfants « à risque » de TED, pour cela le médecin généraliste au
cours des examens systématiques de surveillance de l’enfant doit surveiller le
développement de la communication sociale, notamment par un interrogatoire
des parents mais aussi par un examen de l’enfant6.
Vous trouverez en annexe 3 un tableau récapitulatif des signes précoces de
TED avant 2 ans.
I-9 signes d’alerte
Le diagnostic de TED est posé en règle générale par les équipes
spécialisées. Les médecins de première ligne sont davantage concernés par
ce qu’on appellera le repérage précoce ou dépistage. En effet, au cours des
examens de surveillance de la croissance de l’enfant, le médecin généraliste
doit s’habituer à repérer les signes évocateurs de TED ou de risque de TED
afin de proposer une orientation spécialisée aussi précoce que possible. Une
15 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
attention encore plus particulière doit être portée aux frères et sœurs
d’enfants porteurs de TED34. Comme nous l’avons évoqué précédemment,
les enfants souffrant de TED sont décrits comme des bébés « trop sages »,
« dans leur monde ».
Dans les Recommandations de 2005 pour le diagnostic d’autisme et de TED,
la HAS précise les signes à connaître et repérer par les médecins de
première ligne.
Une attention particulière doit être portée à toute inquiétude parentale
concernant le développement de leur enfant, celles-ci étant très souvent
corrélées à une véritable anomalie du développement4,34. Il est indispensable
d’interroger les parents sur les compétences sociales de leur enfant.
Les signes d’alerte de TED avant trois ans concernent 2,6:
-­‐
La communication : trouble du langage, absence de babillage à 12 mois, peu
de réponse à son prénom, déficit de la communication non verbale, absence
de sourire social, d’accrochage visuel et d’attention conjointe.
-­‐
La socialisation : passivité, manque de jeu d’imitation, ne montre pas d’objets
à l’adulte, manque d’intérêt pour les autres enfants ou intérêt inhabituel,
difficultés à reconnaître les émotions d’autrui, enfant dans son monde, préfère
les activités solitaires, relation étrange avec les adultes, absence de jeu
d’imitation.
-­‐
Intérêts, activités et autres comportements : hypersensibilité tactile ou auditive,
gestuelle restreinte ou atypique balancement, agressivité, résistance aux
changements, activités répétitives avec les objets.
Les signes d’alerte absolue :
-­‐
Absence de babillage, de pointage ou autre gestes sociaux à 12 mois.
-­‐
Absence de mots à 18 mois.
-­‐
Absence d’association de mots à 24 mois.
-­‐
Toute régression du langage ou de compétence sociale.
L’existence de ces signes précoces qu’il est indispensable de repérer tôt a
donné lieu à la rédaction d’outils de dépistage sous forme d’échelles encore
peu utilisées en France par les médecins de première ligne.
16 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
A défaut d’utilisation de celles-ci, les pédiatres M. Roussey et O.Kremp
suggèrent dans un article publié en 2007 35 que le médecin de première ligne
pose 4 questions aux parents lors de l’examen des 24 mois :
«- Votre enfant a-t-il déjà utilisé son index pour pointer ?
- Votre enfant joue-t-il à faire semblant ?
- Votre enfant vous imite-t-il ?
- Votre enfant répond-il au sourire ? »
Une ou plusieurs réponses négatives doivent aboutir à l’orientation de l’enfant
vers un spécialiste ou une structure spécialisée.
Dans un article publié en 2004, Catherine Isserlis et Marco Sperenza
suggèrent
aux
personnes
responsables
de
soins
primaires
de
systématiquement rechercher les signes d’alerte qui sont souvent mieux mis
à jour dans une situation de jeux dès 12 mois avec une attention plus
particulière entre 18 et 24 mois32.
I-10 Le médecin généraliste et l’autisme
On peut se poser la question de l’intérêt d’un travail sur l’autisme en
médecine générale. Nous avons déjà évoqué la prévalence actuelle des
troubles envahissants du développement qui justifie en partie notre démarche,
d’autre part, les compétences du médecin généraliste méritent d’être
rappelées36,44:
-­‐
Il assure une médecine curative de premier recours, d’urgence,
apportant une solution à plus de 70% des motifs de consultation pour des
problèmes de santé indifférenciés. Une évaluation régulière de l’état de santé
de l’enfant autiste est d’ailleurs recommandée au moins deux fois par an et à
chaque fois qu’une pathologie intercurrente est suspectée37.
-­‐
Il assure une médecine globale, prenant en compte la complexité du
patient et de ses proches. Ainsi, il occupe une place de choix au sein de la
famille, et il est à l’écoute pour guider et accompagner l’enfant lorsqu’une
anomalie du développement est suspectée. Il est en mesure d’évaluer les
éléments de la situation dans son contexte bio-psycho-social et culturel. Il a
également sa place au sein du travail en réseau qui se met en place dans la
prise en charge de l’enfant26.
17 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
-­‐
Il construit une relation avec le patient, son entourage et les institutions
qui le concernent en utilisant les habiletés communicationnelles adéquates
dans l’intérêt du patient.
-­‐
Il assure la coordination et la continuité des soins en orientant vers les
autres spécialistes en cas de nécessité, puis une synthèse et un suivi.
-­‐
Il assure une médecine de dépistage, prévention et d’éducation pour la
santé individuelle et communautaire. Au sujet du dépistage de l’autisme, dans
un article paru en 1996, un médecin généraliste déclarait26: « Il y a 20 ans, les
partisans de Bettelheim nous ont expliqué que l’autisme était uniquement
psychogène et qu’il fallait en trouver la cause dans les désirs mortifères
inconscients des parents, ainsi que dans les conduites qui en dérivaient.
Nous connaissions certains de ces parents, nous les avions vus fonctionner
tout à fait convenablement avec d’autres enfants de la fratrie. Nous ne
pouvions pas les considérer coupables. Nous nous sommes donc tus. Puis,
dix ans plus tard, on nous a expliqué qu’il s’agissait d’une maladie organique
et qu’il n’y avait rien à faire, sinon essayer de rééduquer. Nous nous sommes
encore tus ; ou alors nous avons voulu rassurer, ménager un temps d’illusion
supplémentaire à la famille. Vous nous présentez une troisième voie ; elle
permet de réintroduire une dynamique de prévention, elle nous intéresse. »
En France, vingt examens systématiques de dépistage précoce des
anomalies du développement sont proposés aux enfants de moins de six ans,
dont neuf au cours de la première année de vie (Un à 8 jours de vie, puis un
par mois jusqu’à six mois puis tous les trois mois jusqu’à un an, puis tous les
quatre mois jusqu’à deux ans, puis tous les six mois jusqu’à six ans). Trois
d’entre eux sont dits obligatoires et font l’objet de la rédaction de certificats
médicaux officiels12. L’objectif est le repérage précoce d’une infirmité et sa
prise en charge35. Il s’agit des examens :
•
Du 8ème jour de vie : souvent rédigé par le pédiatre à la sortie de la
maternité, 95 % de la population s’y soumet.
•
Du 9ème mois : rédigé par le généraliste ou le pédiatre traitant, 70%
des enfants sont concernés.
18 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
•
Du 24ème mois, également rédigé par le médecin de première ligne
et 60% de la population seulement le réalisent.
En France, 60% des examens pédiatriques avant deux ans sont réalisés par
des médecins généralistes24.
Tous ces examens ont pour but la surveillance de la croissance, du
développement psychomoteur et intellectuel, l’examen physique et sensoriel
ainsi que le suivi des vaccinations. Il est recommandé de rechercher des
signes évocateurs d’un risque de TED à chaque visite, l’examen doit se
réaliser au calme, dans un climat de confiance, nécessitant parfois pour
l’examinateur d’ « apprivoiser » l’enfant. Il arrive que les visites à domicile
permettent de détecter des signes passés inaperçus au cabinet.
Le médecin généraliste intervient à un niveau très précoce du repérage, il
n’existe pas à l’heure actuelle de dépistage de masse, le repérage repose sur
la surveillance du développement. Lorsqu’un médecin généraliste suspecte
un TED, il est confirmé dans 90% des cas2.
I-11 Utilisation du carnet de santé
Comme nous l’avons évoqué précédemment, le médecin généraliste
est amené à réaliser la surveillance du développement de l’enfant parfois dès
la naissance. Les consultations sont consignées dans le carnet de santé de
l’enfant. Celui ci constitue alors un outil de communication entre les différents
intervenants.
Son utilisation est réglementée en France depuis 194538. Il est délivré à la
naissance par l’officier d’état civil ou souvent par le service de maternité. Il
doit être conservé par le responsable légal de l’enfant jusqu’à sa majorité et
présenté lors de chaque consultation médicale. Les médecins doivent y
inscrire leurs constatations, indications, remarques et il est couvert par le
secret médical. Pourtant, une étude au sujet de son utilisation montre une
faible déclaration des informations médicales jugées par les médecins comme
étant susceptibles d’être préjudiciables à l’enfant. Le manque d’information
pourrait être lié à une crainte de la part des médecins d’un manque de
confidentialité.
19 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Sa version actuelle date de 2006, elle devrait être améliorée en matière d’aide
au dépistage des TED d’après l’annonce du troisième plan autisme. En effet,
à l’heure actuelle il aide peu à repérer les enfants autistes. Une étude est en
cours pour analyser ses données afin de publier l’arrêté d’une nouvelle
version de ce carnet en 2015 avec pour objectif son utilisation en 20193.
Les trois examens médicaux dits obligatoires sont inclus dans le carnet de
santé et doivent être remplis et signés par le médecin examinateur. Leur
objectif est de connaître la situation médicale, sanitaire et sociale des enfants
et de les surveiller pour dépister tôt les affections9.
Certains de ces items aident au repérage des TED (acquisition du sourire
réponse, poursuite oculaire, pointage protodéclaratif, jeu de faire semblant,
retard d’acquisition du prélangage). En cas de doute sur le développement, le
médecin généraliste devrait programmer une seconde consultation dédiée à
affiner l’examen en réalisant une échelle de dépistage et en cas de doute
persistant, orienter l’enfant vers un spécialiste.
La version actuelle contient des modifications portant surtout sur la période de
0 à 2 ans avec un enrichissement de la surveillance médicale par de
nouveaux examens plus détaillés notamment à la recherche de signes
précoces de troubles sensoriels, de troubles du langage, de troubles de la
relation.
En 2010, une étude de la Direction Générale de la Santé39 a été publiée, elle
concernait le recueil du point de vue de 441 professionnels de santé vis à vis
de cette version du carnet de santé. Les résultats montrent que 99% des
médecins consultent ce document systématiquement lors d’une consultation
d’enfant et 96% déclarent le remplir systématiquement. Concernant l’ajout
d’items visant à dépister les troubles de la communication, 66% des
interrogés les utilisent souvent, 12% ne les utiliseraient jamais (ceux ci
considèrent que leurs habitudes d’examen sont suffisantes, ou bien que les
items sont mal adaptés). La question concernant le pointage proto-déclaratif à
9 mois semble poser problème, jugée peu pertinente à cet âge par 14% des
médecins.
20 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
I-12 Le dépistage, ses limites, les outils utilisables
Il existe deux niveaux de repérage de l’autisme : le premier niveau
correspond à une phase de repérage en population générale, systématique
chez tous les enfants à la recherche de signes évocateurs d’un risque de
développement autistique. Le second, réalisé par les spécialistes correspond
au processus de diagnostic.
Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, le dépistage
consiste à identifier à l’aide de test, d’examens, ou d’autres techniques
rapides, les sujets atteints d’une maladie ou d’une anomalie jusque là
passées inaperçues26. Les critères retenus pour qu’une pathologie puisse être
l’objet d’un dépistage sont les suivants : elle doit être fréquente, la prise en
charge précoce doit améliorer son pronostic, il doit exister des moyens de
poser un diagnostic fiable, le test de dépistage doit être peu couteux,
acceptable par la population, facile d’utilisation et sans risque40.
A l’heure actuelle en France, il n’existe pas de programme de dépistage de
masse des Troubles Envahissants du Développement comme c’est le cas aux
Etats-Unis. Dans notre pays, il est recommandé aux médecins de première
ligne de rechercher des signes précoces d’autisme par l’interrogatoire des
parents ainsi que d’effectuer un examen clinique de l’enfant permettant de
l’observer et de le solliciter sur un temps suffisant dans l’interaction avec son
environnement34. Cet examen doit être réalisé à plusieurs moments lors des
examens systématiques de 9, 12, 18 et 24 mois6. En cas de doute, le
médecin doit proposer une consultation dédiée à un examen plus approfondi
du développement socio communicatif avec éventuellement l’aide d’une
échelle de dépistage. Si le doute persiste, il doit l’orienter vers une prise en
charge spécialisée. La présence des « signes d’alerte » décrits dans le
chapitre du même nom doit orienter vers une prise en charge spécialisée dès
que possible.
Pourtant, le repérage précoce des signes d’autisme reste encore difficile.
D’abord ceci s’explique par les caractéristiques de la pathologie : il existe
différentes formes de début et de grandes variations interindividuelles ; de la
même manière, le développement de l’enfant ne se fait pas de manière
linéaire. Il est lui aussi variable ; c’est une pathologie relativement rare ; la
21 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
clinique est souvent discrète chez le petit enfant et assez difficile à évaluer en
cabinet médical ; il n’existe pas de signe physiques associés. D’autre part ces
difficultés peuvent s’expliquer par la façon de travailler des professionnels de
première ligne : le manque d’expérience peut les conduire à banaliser les
premiers signes et se montrer rassurants envers les parents ; il arrive aussi
que les parents soient dans le déni des troubles de leur enfant ; l’examen du
développement socio communicatif est un exercice qui demande du temps et
celui ci est un bien précieux qui manque souvent aux médecins de première
ligne45.
Il existe des outils de dépistage des troubles envahissants du développement
qui méritent d’être connus. Il s’agit de grilles d’éléments cliniques précoces à
rechercher dans la population générale prenant en compte le vécu parental
par leur interrogatoire rétrospectif ainsi que les signes cliniques retrouvés par
le médecin au cours de l’examen au cabinet. Leur objectif est de détecter les
enfants à risque de TED et de les orienter vers une équipe spécialisée. Ils
bénéficieront ainsi d’une évaluation, d’une prise en charge et d’un diagnostic.
L’utilisation de ces échelles par les médecins de première ligne, notamment
les médecins généralistes est encore marginale en France. Elle est en cours
d’étude dans de nombreux pays, notamment les pays scandinaves41: En 2010,
en Suède une étude a été menée chez 13999 enfants lors de leur visite
systématique à 30 mois. Ils ont alors passé l’échelle Modified-Checklist for
Autism in Toddlers (M-CHAT). Les résultats ont confirmé l’intérêt de cet
instrument puisque il présente une Valeur Prédictive positive de 90%, une
sensibilité de 96% et à l’issue de cette étude, il a été intégré au programme
de dépistage
national. En 2009, une étude menée chez 220 médecins
généralistes de la région PACA révélait que seulement 2% d’entre eux
utilisaient de tels outils pour dépister les TED 24.
Une étude américaine publiée en 2011 a comparé la faisabilité en terme de
temps ainsi que les résultats (sensibilité, spécificité, valeur prédictive positive,
valeur prédictive négative) du dépistage par différents outils de dépistage27.
Elle suggère l’utilisation préférentielle de la Modified Checklist for Autism in
Toddlers dans leur pays. L’Académie Américaine de Pédiatrie a recommandé
en 2011 un double dépistage dans la population générale aux examens des
18eme et 24eme mois. L’utilisation de ces échelles améliore les possibilités
22 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
d’un diagnostic précoce. Néanmoins, il existe deux écueils importants à celleci :
-­‐
les faux-positifs : ces enfants faussement repérés comme à risque de
TED par les échelles, bénéficient d’un bilan spécialisé et bien souvent
nécessitent des soins spécialisés pour d’autres troubles.
-­‐
Les faux-négatifs : il s’agit notamment des formes à révélation tardive,
avec régression, ou les syndromes d’Asperger. Il est donc important de
multiplier les surveillances du développement psychomoteur durant l’enfance.
En France l’âge le plus adapté pour pratiquer un dépistage des TED serait 24
mois puisqu’il correspond à un des examens de santé systématique mais des
études sont nécessaires pour évaluer l’applicabilité des différentes échelles
dans notre pays.
– La Checklist for Autism in Toddlers (CHAT) (Annexe4):
Sa version française est le seul outil de dépistage conseillé par la HAS pour
repérer les enfants à risque de TED dans la population générale de dix huit
mois à trois ans. Elle a été publiée pour la première fois en 1991 par Baron
Cohen et Al. au Royaume-Uni. Cet outil est très spécifique mais assez peu
sensible. Il nécessite un temps de 5 minutes de réalisation40 et est constitué
d’un questionnaire de neuf items auxquels doivent répondre les parents ainsi
que de cinq points d’observation médicale directe de l’enfant par le médecin
étudiant spécifiquement l’attention conjointe, le pointage protodéclaratif et le
jeu de faire semblant, faisait défaut chez les enfants autistes.
– La Modified Checklist for Autism in Toddlers (M-CHAT) (Annexe5):
Publiée en 2001, il en existe également une version française. Il s’agit d’un
questionnaire parental auto administré portant sur 24 points concernant le
développement de l’enfant. Utilisable de 16 à 30 mois, il a la particularité
d’être très spécifique (Sp 99%) et sensible (Se 87%) ainsi que peu
pourvoyeur de surcharge de travail pour le médecin.
- Autres :
D’autres échelles existent comme la Communication and Symbolic Behavior
Scales Developmental Profile Infant Toddlers Checklist (CSBS-DP-IT) qui a
23 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
notamment fait l’objet d’une large étude de 2005 à 2008 à San Diego42 et où
elle a été administrée lors de la visite systématique de 12 mois chez 10479
enfants. Ce test a permis de détecter 32 cas de troubles envahissants du
développement soit la moitié dès résultats attendus en raison de la
prévalence du trouble. Ceci s’explique par la précocité de sa réalisation. 96%
des médecins qui ont participé à cette étude se sont dits satisfaits de son
utilisation et l’ont intégrée à leur examen des 12 mois systématiquement. On
peut également citer l’échelle First Year Inventory et l’Early Screening of
Autistic Traits questionnaires qui sont utilisables de 12 à 16 mois mais
disponibles uniquement en anglais23. Des études sont nécessaires pour
apprécier son applicabilité en France.
I-13 Le diagnostic
Lorsqu’un TED est suspecté par le médecin de première ligne sur la
surveillance clinique classique, suite à un dépistage à l’aide d’un outil ou aux
inquiétudes parentales, l’enfant doit être orienté rapidement vers une équipe
spécialisée pluridisciplinaire qui devra réaliser une évaluation plus spécifique
afin
d’aboutir
au
diagnostic.
Cette
équipe
doit
être
entrainée
au
développement de l’enfant dans ses aspects psychopathologiques et avoir
une bonne connaissance de ce qui peut être proposé aux enfants en terme
de soins, d’éducation, de pédagogie et d’accompagnement34.
L’identification d’au moins une équipe pluridisciplinaire de diagnostic de
proximité par département est un objectif du troisième plan autisme3, elles
peuvent être situées en CAMPS, en CMPP, en CRA, en service de
psychiatrie infanto juvénile, en service de pédiatrie ou bien en cabinets
libéraux coordonnés entre eux. Cette étape d’évaluation, deuxième niveau du
repérage des TED, ne doit pas retarder la prise en charge et les soins doivent
commencer avant même que le diagnostic précis ne soit posé. La HAS
recommande un délai inférieur à 3 mois entre la première évocation d’un
trouble développemental et la prise en charge6. Il est recommandé de ne pas
annoncer le diagnostic avant le résultat des évaluations initiales, et de ne pas
utiliser le terme d’autisme ou de TED chez un enfant de moins de deux ans
24 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
ou en cas de doute et d’utiliser plutôt le notion de troubles du développement
dont la nature est à préciser34.
Le long délai entre la date de première identification des troubles et celle du
diagnostic s’explique également par le fait que le diagnostic de TED soit un
processus qui demande du temps et du recul, les classifications retiennent
l’âge de 3 ans pour la stabilité diagnostic. De plus, les délais existants entre
les consultations des différents intervenants semblent encore trop longs26.
Les relations entre les médecins de première ligne et les équipes spécialisées
seront particulièrement étudiées au cours de notre travail ainsi que les délais
pour obtenir un avis spécialisé.
A-Diagnostic différentiel :
Les diagnostics différentiels des TED sont les suivants22:
-­‐
la surdité
-­‐
la cécité
-­‐
les troubles du langage
-­‐
le retard mental mais il n’exclut pas l’autisme
-­‐
les dépressions et carences affectives.
B – Signes cliniques :
Les parents repèrent souvent les premiers signes cliniques au cours des deux
premières années de vie de leur enfant. Bien avant que le diagnostic soit
posé. Ils sont les premiers à se rendre compte que leur progéniture ne se
développe pas comme les autres et le décrivent comme un bébé trop sage,
isolé, dans son monde, qui ne s’intéresse pas à eux, bizarre ou encore
colérique. Les troubles du langage sont également un des premiers motifs
d’inquiétude.
Les TED regroupent des signes cliniques variables allant de l’absence de
toute communication à une certaine autonomie avec des capacités
intellectuelles exceptionnelles et des relations sociales maladroites. Dans
tous les cas ils sont caractérisés par :
25 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
-­‐
Des troubles de la communication verbale et non verbale :
Contact oculaire pauvre, trouble du langage, mutisme, cris, enfant ne
répondant pas à son prénom, absence d’utilisation du « je », n’utilisant
pas les gestes pour se faire comprendre, absence de pointage protodéclaratif, absence d’attention conjointe, ne répondant pas à des
consignes, paraissant sourd ou semblant entendre mais ne répondant
pas toujours, semble ne pas comprendre les messages corporels,
langage étrange, stéréotypies verbales, écholalies, mimique peu
expressive ou mal adaptée.
-­‐
Des troubles des relations sociales :
Absence de sourire réponse, enfant préférant jouer seul, difficulté à
initier des relations avec les autres, absence de jeu d’imitation,
absence de jeu de faire semblant, utilisation la main des autres comme
un outil, très indépendant, pas intéressé par les autres enfants,
colérique, opposant, isolement excessif, passivité sociale, relations à
sens unique.
-­‐
Des centres d’intérêts restreints et des conduites répétitives :
Jeux répétitifs avec des objets étranges, absence de jeu symbolique,
vérification de l’environnement, hypersensibilité à certaines textures ou
bruits, marche sur la pointe des pieds, alignement des objets,
stéréotypies.
-­‐
Troubles tonico-posturaux et psychomoteurs :
Hypotonie ou au contraire hypertonie rigide chez le nourrisson, défaut
d’ajustement postural, troubles du développement moteur.
-­‐
Parfois régression :
Après une première période de développement normal, l’enfant
régresse et perd ses capacités de communication et de socialisation.
Souvent avant deux ans.
-­‐
Autres signes cliniques moins spécifiques :
26 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Difficulté dans l’apprentissage de la propreté, peurs extrêmes, colères,
troubles du sommeil, troubles de l’alimentation.
C – Critères diagnostic : (Annexe 6)
Nous considérerons ici les critères diagnostic de la Classification
Internationale des Maladies de l’OMS (CIM10).
-­‐
L’autisme infantile :
Début toujours avant trois ans, perturbations caractéristiques des
interactions
sociales,
de
la
communication
associées
à
un
comportement restreint et répétitif.
-­‐
L’autisme atypique :
Tableau clinique ne correspondant pas exactement aux critères de
l’autisme infantile, l’âge de début est plus tardif
-­‐
Le syndrome de Rett :
Syndrome exclusivement féminin, caractérisé par un développement
initial normal avec perte progressive du langage et de l’usage des
mains ainsi qu’un ralentissement de la croissance du périmètre crânien.
Début des troubles entre 7 et 24 mois.
-­‐
Les autres troubles désintégratifs de l’enfance :
Développement initialement normal au minimum les deux premières
années. Début des troubles caractérisé par une période d’hyperactivité,
d’opposition, d’angoisses, d’irritabilité. Puis apparaît en quelques mois
une perte dans les domaines de la communication, du fonctionnement
social et du comportement.
-­‐
Le syndrome d’Asperger :
TED diagnostiqué le plus tardivement en raison de l’absence de retard
de langage et du développement cognitif. Présence d’altération de la
communication, du fonctionnement social et
centres d’intérêts
restreints et répétitifs dans un contexte d’intelligence normale et de
maladresse.
-­‐
L’hyperactivité liée à un retard mental et à des stéréotypies :
Souvent associé à un retard mental sévère.
27 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
-­‐
Autres
troubles
envahissants
du
développement
et
Troubles
envahissants du développement sans précision :
Nosologie utilisée pour classifier les TED impossibles à classer dans
les autres catégories en raison d’un manque d’information.
D – Echelles diagnostic :
Le diagnostic de TED est clinique, en effet à ce jour, il n’existe pas de
marqueur spécifique de TED. Le spécialiste établit le diagnostic en se basant
sur sa propre observation de l’enfant et sur les observations parentales.
Afin d’affiner le diagnostic, des échelles diagnostic sont souvent utilisées :
-­‐
L’ADI (Autism Diagnosis Interview) : entretien semi-structuré avec les
parents, utilisable de deux ans à l’âge adulte, permet de poser le
diagnostic et d’évaluer la sévérité.
-­‐
La CARS (Childhood Autism Rating Scale) :
La plus utilisée. Echelle diagnostic simple basée sur le même principe
que l’ADI.
-­‐
Il en existe d’autres comme l’ADOS, la PEP-R, l’ADI-R que nous ne
ferons que citer ici, l’objectif étant davantage de s’intéresser au
dépistage qu’au diagnostic.
I-14 Le bilan initial
La prise en charge spécialisée pluridisciplinaire doit permettre la mise
en place de thérapeutiques adaptées au patient avant même que le
diagnostic ne soit posé et ceci de préférence dans les trois mois suivant la
première consultation évoquant un TED. Elle peut avoir lieu en CAMSP
(Centre d’Action Médicosocial Précoce), CMPP (Centre Médico-PsychoPédagogique), auprès de spécialistes libéraux coordonnés entre eux, en
service de psychiatrie infanto-juvénile ou encore en CRA (Centre de
Ressource Autisme) 6.
28 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Dans le même temps, un bilan pluridisciplinaire ambulatoire doit être initié par
l’équipe pour évaluer les troubles et maladies associées
37
. L’objectif est à la
fois de poser le diagnostic et aussi d’évaluer le degré de la pathologie. Ce
bilan comporte :
-­‐
Un examen psychologique43 afin de déterminer les capacités
intellectuelles et socioadaptatives. Il comporte un interrogatoire des parents
avec une investigation du contexte familial et une anamnèse permettant de
situer la genèse et la nature du trouble. On utilise ensuite un test général du
niveau de développement qui sera adapté selon le résultat. Les épreuves
proposées aux nourrissons n’ont pas la vocation de mesurer l’intelligence
mais le niveau et l’homogénéité du développement.
-­‐
Un bilan orthophonique pour évaluer le langage et la communication.
-­‐
Un bilan psychomoteur par un psychomotricien.
-­‐
Evaluation de l’audition et de la vision.
-­‐
Examen général pédiatrique avec évaluation de la croissance
notamment du périmètre crânien.
-­‐
Consultation neuropédiatrique avec selon la clinique réalisation d’un
électroencéphalogramme et d’une IRM cérébrale.
-­‐
Consultation génétique avec caryotype.
A l’issue de ce bilan et de la procédure diagnostic, il revient au médecin
responsable et coordonnateur de l’équipe pluridisciplinaire d’annoncer le
diagnostic et le résultat du bilan aux parents et à l’enfant et de leur proposer
la prise en charge la plus adaptée.
(37)
I-15 Prise en charge : Projet Personnalisé d’Intervention La prise en charge globale doit débuter dès l’évocation d’un TED. Suite
au diagnostic, elle doit être adaptée aux résultats et suivre un Projet
Personnalisé d’Intervention global et coordonné. De préférence celui ci doit
être mis en place avant 4 ans.
L’objectif est l’épanouissement personnel, la participation à la vie sociale,
l’autonomie de l’enfant.
29 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Les interventions consistent en une approche éducative, comportementale et
développementale par le biais de séances coordonnées de psychothérapie
seul ou en petit groupe, d’orthophonie, de psychomotricité. Les traitements
médicamenteux n’ont aucune place dans la prise en charge, sauf exception.
Un membre de l’équipe de prise en charge est désigné comme référent, en
accord avec l’enfant et les parents. Il coordonne les prises en charge et le
suivi et assure le lien avec la famille. C’est lui qui rédige le Projet
Personnalisé d’Intervention qui doit préciser :
-­‐
Les objectifs fonctionnels à court et moyen terme.
-­‐
Les moyens proposés.
-­‐
Les professionnels compétents.
-­‐
Les échéances de réévaluation.
Un suivi régulier est mis en place avec des évaluations dans les domaines de
la communication, des interactions sociales, cognitif, sensori-moteur,
comportemental et au minimum un examen somatique par an qui peut être
réalisé par le médecin généraliste.
30 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
II – Matériel et Méthodes
II-1 Matériel
Nous avons fait le choix d’une enquête de pratique auprès des
médecins généralistes de la région Rhône-Alpes. Nous avons donc réalisé
une étude transversale descriptive par questionnaire.
Un questionnaire a été envoyé via le réseau URPS-RA (Union Régionale des
Professionnels de Santé de Rhône-Alpes). Cette union rassemble les
représentants des professionnels de santé exerçant en région Rhône-Alpes à
titre libéral sous le régime des conventions nationales. Ses missions sont les
suivantes :
•
Préparation et mise en œuvre du projet régional de santé ;
•
Analyse des besoins de santé et de l’offre de soins, en vue notamment de
l’élaboration du schéma régional d’organisation des soins ;
•
Organisation de l’exercice professionnel, notamment en ce qui concerne la
permanence des soins, la continuité des soins et les nouveaux modes
d’exercice ;
•
Actions dans le domaine des soins, de la prévention, de la veille sanitaire,
de la gestion des crises sanitaires, de la promotion de la santé et de
l’éducation thérapeutique ;
•
Mise en œuvre des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens avec les
réseaux de santé, les centres de santé, les maisons de santé et les pôles
de santé, ou des contrats ayant pour objet d’améliorer la qualité et la
coordination des soins ;
•
Déploiement et utilisation des systèmes de communication et d’information
partagés ;
•
Mise en œuvre du développement professionnel continu.
Au total, le questionnaire a été adressé par message électronique à 2730
médecins
généralistes
le
29
Août
2013.
Les
critères
d’inclusion
correspondaient à la liste de diffusion des médecins généralistes appartenant
à l’URPS. Nous n’avons pas retenu de critères d’exclusion.
31 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
II-2 Méthodes
A- Questionnaire :
Notre questionnaire a été envoyé par e-mail via le logiciel en ligne
Google Doc, il était accompagné d’un court texte explicatif (annexe 7).
Il comportait onze questions dont quatre concernaient le profil du médecin
généraliste, une concernait son activité de pédiatrie, et six concernaient son
rapport avec les TED. Les réponses étaient à renseigner en ligne par le
médecin de façon anonyme. Les résultats ont été recueillis le 1er Mars 2014.
B- Recherche bibliographique :
Une recherche bibliographique a été réalisée à la bibliothèque de
l’université Claude Bernard Lyon 1 ainsi qu’à la bibliothèque médicale du
Centre Psychothérapique de l’Ain à Bourg-en-Bresse. Nous avons également
consulté certaines bases de données en ligne : le Sudoc, Medline et EMC
consult.
Les mots-clés utilisés pour la recherche ont été « autisme » ; « trouble
envahissant du développement » ; « dépistage » ; « médecine générale » (ou
en terme MeSh (autis* ; early screen*, autism apectrum disorder, general
medecine). Des articles de langues française et anglaise ont été consultés.
Chaque article a été lu dans son intégralité.
Le site internet de la HAS a également été consulté pour se référer aux
recommandations françaises actuelles.
32 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
III – Résultats
Sur les 2730 questionnaires envoyés par mail aux médecins
généralistes, nous avons obtenus 219 réponses, soit un taux de participation
de 8,02%. Toutes les réponses étaient exploitables.
Caractéristiques de l’échantillon :
•
Sexe :
Féminin 48% •
Masculin 52% Age moyen : 49,15 ans avec un échantillon de 29 à 69 ans.
33 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
•
Mode d’exercice :
lieu d'activité rural 16% urbain 45% semi-­‐rural 39% Seul 33% En cabinet de groupe 67% Activité pédiatrique :
Le pourcentage d’activité pédiatrique apparaissant sur le relevé individuel
d’activité professionnelle est de 23,98% en moyenne avec des résultats allant
de 0 à 65%.
34 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Rapport des médecins généralistes avec les TED :
87% des répondants déclarent n’avoir suivi aucune formation spécifique
concernant les TED et leur repérage précoce en médecine de première ligne.
60% des médecins que nous avons interrogés suivent ou ont suivi au cours
de leur carrière un patient porteur de TED.
85% ne connaissent pas les recommandations actuelles concernant les TED.
73% ne considèrent pas que le carnet de santé actuel soit un outil utile au
dépistage des TED.
Si vous suspectez un cas d'autisme ou de TED chez un patient, à qui l'adressez-­‐vous? Autre Centre de Ressource Autisme 7% 11% Pédiatre Pédopsychiatre 34% 48% Parmi les réponses concernant l’orientation des patients précisées de façon
libre (7%) :
-­‐
3 médecins ont déclaré adresser vers un Centre Médico-PsychoPédagogique (CMPP),
-­‐
3 vers un pédiatre hospitalier,
-­‐
2 vers un Centre d’Action Médico Social Précoce (CAMSP),
-­‐
1 vers l’Hôpital Femme-Mère-Enfant de Lyon (HFME),
35 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
-­‐
1 vers un pédiatre de Centre Hospitalier Universitaire (CHU),
-­‐
1 vers un neuropédiatre,
-­‐
1 vers un centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI)
-­‐
1 vers un Centre de Soins Ambulatoire en Psychiatrie (CSAP)
-­‐
1 vers le centre de Guidance, faisant référence au Centre-MédicoPsychologique pour enfants de Bourg-en-Bresse
-­‐
1 vers un magnétiseur
A votre avis, quelles sont les difNicultés rencontrées par les médecins généralistes dans le cadre du dépistage de TED et d'autisme? Autre 3% Délai des rendez-­‐vous spécialisés DifLiculté de contact avec les spécialistes Défaut de connaissance/formation 32% 20% 45% Les réponses concernant les difficultés des médecins précisées de manière
libre ont été les suivantes :
-­‐
« Absence de réflexion sur les facteurs déclenchant environnementaux
et nutritionnels »,
-­‐
« Imprécision
diagnostique »,
« Difficultés
diagnostiques »,
« Durée/errance pour affirmer le diagnostic », « Outils de dépistage »
-­‐
« Méconnaissance des structures d’accueil »,
-­‐
« Peur de médicaliser un enfant qui ne présente qu’un développement
atypique et non pathologique avec tout le stress que cela implique »,
-­‐
« Déni des parents ou au contraire, surinvestissement », « difficulté à
faire accepter à certains parents un trouble possible », « parents
souvent réticents », « déni de l’entourage qui tarde à consulter ».
36 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
IV – Discussion
Nous avons obtenu 219 réponses, soit un taux de 8,02%. Actuellement,
les enquêtes de pratique effectuées auprès des médecins généralistes se
heurtent à un fort taux de non-réponses39. Ceci s’explique en partie par leur
activité professionnelle transversale qui les conduit à de nombreuses
sollicitations. Le risque encouru est l’exploitation de résultats issus d’une
population non représentative de la population ciblée. Ainsi, bien qu’ayant au
total un nombre important de participants à notre étude, nous risquons de
nous heurter à un manque de représentativité de notre échantillon.
L’échantillon que nous avons étudié diffère de la population nationale des
médecins généralistes :
-­‐
La répartition des sexes est différente : 48% de femmes et 52%
d’hommes dans notre étude, alors qu’en France les femmes
représentent 42% des médecins généralistes et les hommes
58%.(source Atlas national de démographie médicale 2013),
-­‐
L’âge est sensiblement identique puisque notre population a un âge de
49 ans en moyenne contre 52 au niveau national (source CARMF)
-­‐
Les médecins ayant répondu à notre étude travaillent davantage en
cabinet de groupe : ils représentent 67% de notre population alors
qu’ils sont 52% au niveau national (source CARMF),
-­‐
La moyenne d’activité pédiatrique retrouvée sur le relevé d’activité
individuel d’activité professionnelle est de 24% dans notre population
alors qu’elle est de 21% au niveau national (source SNIR).
-
60% des médecins interrogés déclarent avoir suivi au cours de leur
carrière un patient atteint de TED. Ce résultat n’est pas représentatif
de la population médicale de première ligne si l’on fait référence à la
prévalence de la pathologie. Il semble que les répondants soient plus
intéressés par le sujet et ils ont davantage participé à notre enquête.
La formation des médecins généralistes de notre échantillon concernant le
repérage des TED et de l’autisme semble être insuffisante. En effet, 45% des
médecins interrogés évoquent un défaut de connaissance et/ou de formation
37 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
comme difficulté rencontrée au cours du repérage des TED en cabinet. En
2005, une étude a révélé que seulement 2,4% des médecins jugent leur
formation suffisante dans ce domaine46. Ils sont 87% à déclarer n’avoir suivi
aucune formation à ce sujet. En 2002, l’Académie Nationale de Médecine a
créé un groupe de travail pour connaître les missions et les attentes des
médecins généralistes36. Il en est ressorti leur désir de formation
professionnelle initiale et continue plus adaptées. Ce groupe jugeait
l’enseignement qu’il a reçu comme une juxtaposition d’enseignement de
spécialités et non un enseignement de médecine générale libérale. La
question du repérage et du diagnostic des TED était absente jusqu’à il y a
une dizaine d’année des items d’enseignement du deuxième cycle des études
médicales45. La Formation Médicale Continue (FMC) est obligatoire selon le
code de déontologie. Elle n’est suivie que par une faible proportion de
médecins36. Déjà le plan autisme 2008-2010 signalait le manque de
connaissances actuelles sur l’autisme et les TED chez les médecins de
première ligne, une de ses principales missions consistait à améliorer le
niveau de formation des professionnels aux spécificités de l’autisme45. La
formation spécifique aux TED est pourtant recommandée aux professionnels
de première ligne avec des mises à jour fréquentes selon l’évolution de la
recherche37. Le troisième plan autisme (2013-2017) a, entre autres, pour
objectif l’introduction dans la formation médicale initiale de «modules
conformes à l’état des connaissances en matière de TED et d’autisme »
portant notamment sur le repérage
précoce afin de
mettre en place le
dépistage puis l’orientation vers les structures adaptées. Les orientations
nationales du Développement Professionnel Continu (DPC) envisagent de
développer des programmes de FMC consacrés aux TED. Ils devaient être
mis en œuvre en septembre 20133 et devraient comporter les bases
théoriques et les modalités d’utilisation d’échelles de dépistage.
85% des personnes que nous avons interrogées ne connaissent pas les
recommandations actuelles en matière de repérage d’autisme et de TED. En
2009, au cours d’une étude menée auprès des médecins généralistes de
région PACA, 89% des interrogés déclaraient ne pas connaître ces
recommandations24. Ce fait peut s’expliquer par la charge de travail qui
38 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
incombe aux médecins généralistes, elle ne leur permet pas de dégager
suffisamment de créneaux dédiés à la documentation personnelle et à leur
formation. De plus, les champs de connaissances exigés sont de plus en plus
vastes avec des recommandations à maitriser de plus en plus nombreuses
dans un contexte démographique actuellement défavorable47.
73% des personnes que nous avons interrogées considèrent que le carnet de
santé n’est pas un outil d’aide au repérage de l’autisme et des troubles
apparentés. La version actuelle du carnet de santé date de 2006. Elle
comprend différentes modifications par rapport à la version précédente, dont
l’introduction d’élément concernant les troubles de la communication.
L’enquête réalisée par la Direction Générale de la Santé en 2009 auprès des
médecins de première ligne (médecins généralistes, pédiatres, médecins de
PMI) montre que seulement 38% des médecins généralistes ont repéré
l’apparition des éléments concernant les troubles de la communication. Parmi
ceux qui les ont repéré 67% les utilisent souvent, 21% occasionnellement et
12% ne les utilisent jamais39. Le carnet de santé est actuellement jugé
inefficace pour le repérage des TED selon le 3ème plan autisme3. Après des
études sur de nouveaux items à y intégrer, il prévoit en 2015 la publication
d’un arrêté pour le nouveau carnet de santé à paraître en 2019. Il pourrait
comporter plusieurs items « clés » des TED à rechercher à l’examen de 24
mois, notamment le jeu de faire semblant, le pointage protodéclaratif et
l’attention conjointe. Néanmoins, comme pour tout type d’outil, il ne faut pas
s’attendre à ce que ces nouvelles modifications suffisent à faire évoluer
significativement les pratiques des professionnels39. Elles devront s’intégrer
dans un ensemble d’action de santé publique visant à la sensibilisation des
médecins.
L’orientation des enfants à risque autistique reste encore difficile pour les
médecins que nous avons interrogés. Les recommandations actuelles
préconisent leur orientation vers un CAMPS, un CMP, un cabinet de
praticiens libéraux coordonnés entre eux (pédopsychiatre), un service de
psychiatrie infanto-juvénile, un service de pédiatrie, un Centre de Ressource
Autisme(CRA)6. Une étude menée en 200546 rapportait que seuls 20% des
39 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
médecins pensent pouvoir orienter un enfant dès la naissance vers un
Centre-Médico-Psychologique et 10% pensent que cette orientation n’est
possible qu’à partir de 4 ans. Les CMP ont été désignés par seulement 4 des
médecins que nous avons sollicité. Les Centres ressource Autisme sont cités
par 11% des interrogés, leur mission est celle du diagnostic, du suivi des cas
complexes et de l’organisation du réseau local. Une étude menée en 201045
auprès des omnipraticiens du Lot-et-Garonne montrait sensiblement le même
résultat que le nôtre : les médecins orientent préférentiellement vers un
pédopsychiatre (48% dans notre étude) puis vers un pédiatre (34% dans
notre étude). Une des personnes que nous avons interrogées désigne
étonnamment un magnétiseur comme possible orientation d’un enfant
suspect de TED. Ces résultats posent la question du lien existant entre les
différents partenaires des réseaux prenant en charge les troubles autistiques
et peuvent expliquer en partie le repérage tardif de certains enfants. Le
troisième Plan Autisme prévoit de développer un réseau national de repérage,
de diagnostic et d’intervention précoce dès 18 mois, ce dispositif sera décliné
dans chaque région sous l’égide des CRA.
A la question concernant les difficultés rencontrées par les médecins
généralistes dans le cadre du repérage des TED, 45% évoquent un défaut de
connaissance et de formation comme nous l’avons évoqué précédemment.
Par ailleurs, 32% évoquent des délais de rendez-vous spécialisés trop longs.
Actuellement la démographie médicale est défavorable et les interlocuteurs
de moins en moins nombreux. En parallèle, les demandes d’interventions en
pédopsychiatrie augmentent46. Le troisième plan autisme prévoit de créer 40
postes de médecins spécialisée en CAMPS pour palier en partie cette
difficulté3, encore faudra-t-il qu’ils soient connus des médecins de première
ligne puisque seuls deux médecins ont évoqué le CAMPS comme possible
orientation parmi ceux que nous avons interrogés. Le recrutement de ces 40
médecins risque d’être difficile, le nombre de médecins cessant leur activité
annuellement étant supérieur au nombre de nouveaux diplômés. Il est
également évoqué par 20% des médecins des difficultés de contact avec les
spécialistes. La mise en place d’actions de santé publique visant à organiser
et à promouvoir un réseau local de prise en charge permettrait d’améliorer
40 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
cette lacune. Cela a été expérimenté dans le département du Maine-et-Loire20
avec de bons résultats au niveau de la précocité des prises en charge ainsi
qu’au niveau de l’alliance thérapeutique entre les familles et les soignants.
Plusieurs médecins ont également évoqué le possible déni parental des
troubles qui retarderait leur repérage précoce, ces résultats vont à l’encontre
des données issues de la littérature puisque comme nous l’avons évoqué
précédemment ils sont les premiers à repérer les troubles de leur enfant25.
Cette notion aura toute sa place dans la formation des médecins de première
ligne.
41 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
V – Conclusion
CONCLUSIONS
L'autisme et les Troubles Envahissants du Développement sont des
pathologies dont la prise en charge précoce améliore le pronostic avec pour
objectif l'autonomie et la limitation du handicap à l'âge adulte. Cette précocité de
prise en charge nécessite de repérer tôt les signes cliniques. A l'heure actuelle en
France, il n'existe pas de dépistage de masse. L'âge moyen du diagnostic se
situe aux alentours de trois ans et cinq mois. Des progrès restent à faire puisqu'il
est possible de repérer bien plus tôt des signes de risque autistique. Les
médecins généralistes lorsqu'ils réalisent la surveillance du développement d'un
enfant doivent rechercher les signes évocateurs de ces troubles. Cet examen de
repérage peut se faire spontanément selon les habitudes du professionnel,
à l'aide des questions dédiées intégrées au carnet de santé ou encore à
l'aide d'une échelle de dépistage. En cas d'anomalie, il doit coordonner la prise
en charge de cet enfant et l'orienter vers un spécialiste rapidement. Il devra
bénéficier d'une prise en charge ainsi que d'une démarche diagnostique
adaptées.
Les médecins généralistes se sentent insuffisamment formés à ce repérage. Ils
sont peu nombreux à connaître les recommandations de la Haute Autorité de
Santé concernant cet exercice. Le carnet de santé actuel est jugé inefficace à
l'aide au repérage précoce des troubles autistiques et devrait être mis à jour de
manière à le rendre plus pratique. Des actions de formation et de sensibilisation
des professionnels de première ligne devraient être renforcées ces prochaines
années. Les médecins repérant des enfants à risque autistique sont confrontés à
un problème d'orientation : ils savent peu vers qui adresser leurs patients et les
délais de rendez-vous sont longs. Il sera nécessaire de faire la promotion du
42 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
43 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
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48 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 1 : Repères et surveillance du développement psychomoteur
de l’enfant (19,21)
-­‐ Motricité :
-­‐
-­‐
•
Contrôle de la tête à 3 mois.
•
Station assise avec appui à 6 mois.
•
Station assise sans appui à 9 mois.
•
Station debout avec appui à 9 mois.
•
Station debout sans appui à 12 mois.
•
Marche autonome à 18 mois.
Préhension :
•
Préhension au contact à 3 mois.
•
Préhension active volontaire à 5 mois.
•
Passe un objet d’une main à l’autre à 6 mois.
•
Opposition pouce-index à 9 mois.
•
Empile 3 cubes à 18 mois.
•
S’habille seul, mange seul à 36 mois.
Langage :
•
Gazouillis voyelles à 3 mois.
•
Gazouillis consonnes à 6 mois.
•
Papa/Mama(n) à 10 mois.
•
Trois mots + Jargon à 15 mois.
•
Utilise le « je », vocabulaire de 50 mots, phrases courtes à 24 mois.
49 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
-­‐
Sociabilité :
•
Sourire réponse avant 3 mois.
•
Rit aux éclats à 4 mois.
•
Répond à son prénom à 8 mois.
•
Peur de l’étranger à 9 mois.
•
Jeux symboliques à 20 mois.
•
Obéit à un ordre simple à 24 mois.
50 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 2 : Classification
♦ La CIM-10 :
La classification reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé,
publiée en 1993 regroupe sous le terme de Troubles Envahissants du
Développement :
-­‐
l’autisme infantile.
-­‐
l’autisme atypique.
-­‐
le syndrome de Rett.
-­‐
les autres troubles désintégratifs de l’enfance.
-­‐
l’hyperactivité associée à un retard mental et à des mouvements
stéréotypés.
-­‐
le syndrome d’Asperger.
-­‐
les autres TED et TED sans précision.
Une révision est prévue pour 2014.
♦ Le DSM-V :
Disponible depuis mai 2013, cette classification est la révision du DSM-IV TR.
Les Troubles du Spectre Autistique (TSA) : Une seule catégorie diagnostique
est utilisée pour l’autisme et les troubles associés.
On ne retrouve pas de spécificité pour le syndrome d’Asperger, ni pour les
Troubles Envahissants du développement Non Spécifiés qui font désormais
partie des TSA.
Le syndrome de Rett ne paraît plus dans la catégorie de TSA, de même que
les troubles désintégratifs de l’enfance.
Un nouveau diagnostic a par ailleurs fait son apparition :
-­‐
Trouble
de
la
communication
sociale :
difficultés
dans
la
communication verbale et non verbale observées durant la période
du développement précoce et entrainant des perturbations
fonctionnelles sans comportement ou comportement restreints,
répétitifs ou stéréotypés.
51 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
♦ La CFTMEA
Publiée en 1988, la dernière révision date de 2010. Elle est peu utilisée sur le
plan international. Elle inclut les TED parmi la rubrique Psychoses infantiles /
TED qui regroupe :
-­‐
L’autisme de Kanner.
-­‐
L’autisme atypique.
-­‐
La dysharmonie psychotique.
-­‐
La psychose déficitaire.
52 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 3 : Tableau du développement psychomoteur précoce
Signes précoces de l’autisme avant 2 ans :
DOMAINE
TROUBLE
DES
SIGNIFICATIFS
MOIS
DES Mauvaise
CONSUITES
SOCIALES
TROUBLES
6 DES
MOIS
12 DES
18
MOIS
x
qualité
de
NON l’ajustement
LINGUISTIQUES
postural
Défaut
x
d’attention
conjointe
Défaut
de x
pointage
protodéclaratif
Aversion pour le
x
contact corporel
Pas de plaisir
x
partagé aux jeux
interactifs
Absence de jeu
de
x
faire
semblant
Désintérêt vis-à-
x
vis des autres
enfants
TROUBLE
PRELANGAGE
DU Défaut
de x
lallation
Babillage
x
monotone
Vocalisations
x
idiosyncrasiques
Absence de mot
x
53 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
Absence
de
x
phrase de deux
mots
ANOMALIES
DU Dystonie
x
DEVELOPPEMENT
MOTEUR
Absence
x
d’attitude
anticipatrice
Mauvais
x
contrôle postural
Anomalie
x
staturale ou des
déplacements
Perte
x
temporaire
des
acquisitions
ABSENCE
DES Absence/rareté
ORGANISATEURS
x
du sourire aux
visages
Absence
x
d’angoisses
de
l’étranger
TROUBLE
DES Anomalies
CONDUITES
contact
PERCEPTIVES
oeil
œil
Evitement
du x
à
du
x
regard
Regard
x
périphérique
Répulsion à être
x
touché
Impression
de
x
54 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
surdité
Réaction
x
paradoxale aux
bruits
TROUBLES
DU Inactivité,
COMPORTEMENT
x
ralentissement
Retrait,
x
indifférence
au
monde extérieur
Absence
x
d’interet pour les
jouets
Comportements
x
répétitifs
Mouvements
x
stéréotypés
Maniement
étrange
x
des
objets
TROUBLES
Difficulté à téter
x
FONCTIONNELS
Anorexie
très x
précoce
Vomissements
x
Mérycisme
x
Insomnies
x
agitées
ou
calmes
PHOBIES
Des
bruits
x
PRECOCES
ménagers
BIZARRERIES ET Fascination pour
x
CONDUITES
les
mains,
la
55 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
D’AGGRIPEMENT
lumière
Fascination pour
les
objets
x
en
mouvement
ANGOISSES
Cris,
MASSIVES
auto-agressivité
colères,
x
x
56 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 4 : CHAT version française( Checklist for Autism in Toddlers)
SECTION A : Questions aux parents
1. Votre enfant aime-t-il être balancé, sauter sur vos genoux, etc.?
Oui / Non :
2. Votre enfant montre-t-il de l’intérêt pour les autres enfants?
Oui / Non :
3. Votre enfant aime-t-il grimper, par exemple monter les escaliers?
Oui / Non :
4. Votre enfant aime-t-il jouer à faire "coucou" ou à "cache-cache" ?
Oui / Non :
5. Votre enfant aime-t-il faire semblant, par exemple, de faire du thé avec
une tasse et une théière jouet, ou faire semblant d’autre chose?
Oui / Non :
6. Votre enfant utilise-t-il parfois son index en pointant pour DEMANDER
quelque chose?
Oui / Non :
7. Votre enfant utilise-t-il parfois son index en pointant pour indiquer son
INTÉRÊT pour quelque chose?
Oui / Non :
8. Votre enfant est-il capable de s’amuser avec des petits jouets (comme
des autos ou des briques) sans constamment les mettre dans sa
bouche, les brasser ou les lancer ?
Oui /Non :
9. Votre enfant vous apporte-t-il parfois des objets pour vous MONTRER
quelque chose?
Oui / Non :
Section B : Observation directe
A. Pendant l’évaluation, l’enfant vous a-t-il regardé dans les yeux?
Oui / Non :
B. Assurez-vous d’avoir l’attention de l’enfant, puis pointez du doigt un
objet intéressant à l’autre bout de la pièce et dites-lui : "Regarde"
(nommez un jouet). Surveillez son visage. L’enfant regarde-t-il dans la
direction du jouet ?
Pour répondre OUI à cette question, assurez-vous que l'enfant n'a pas
regardé seulement votre main, mais vraiment l'objet que vous pointez.
Oui / Non :
57 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
C. Assurez-vous d’avoir l’attention de l’enfant. Donnez-lui une tasse et
une théière jouet et dites : "Peux-tu faire une tasse de thé?" Fait-il
semblant de servir du thé, d’en boire, etc.?
Si vous pouvez amener l'enfant à jouer à faire semblant avec autre
chose, répondez OUI.
Oui / Non :
D. Dites à l’enfant : "Où est la lumière?" ou bien: "Montre-moi la lumière".
L’enfant pointe-t-il la lumière de l’index?
Choisissez au besoin un point d'intérêt éloigné, autre que la lumière.
Pour pouvoir répondre OUI, il faut que l'enfant vous ait regardé le
visage au moment où vous pointez.
Oui /Non :
E. L’enfant peut-il construire une tour en briques Lego?
Oui / Non :
Si oui, de quelle hauteur? _____Avec combien de briques? _____
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(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 5 : M-CHAT version française
M-CHAT: Version française
Remplissez les questions en fonction du comportement habituel de votre enfant. Si le comportement se
manifeste de façon irrégulière (par exemple si vous ne l'avez vu qu'une seule fois ou deux), ignorez-le dans vos
réponses.
1. Votre enfant aime t-il être balancé sur vos genoux?
Oui
Non
2. Votre enfant s'intéresse t-il à d'autres enfants?
Oui
Non
3. Votre enfant aime t-il monter sur des meubles ou des escaliers?
Oui
Non
4. Votre enfant aime t-il jouer aux jeux de cache-cache ou ‘coucou me voilà’?
Oui
Non
5. Votre enfant joue t-il a des jeux de faire semblant, par exemple, fait-il
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
9. Votre enfant amène t-il de objets pour vous les montrer?
Oui
Non
10. Votre enfant regarde t-il dans vos yeux plus d'une seconde ou deux?
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
semblant de parler au téléphone ou joue t-il avec des peluches ou des
poupées ou à d'autres jeux?
6. Votre enfant utilise t-il son index pour pointer en demandant quelque chose?
7. Votre enfant utilise t-il son index en pointant pour vous montrer des choses
qui l'intéressent?
8. Votre enfant joue t-il correctement avec de petits jouets (des voitures,
des cubes) sans les porter à la bouche, tripoter ou les faire tomber?
11. Arrive t-il que votre enfant semble excessivement sensible à des bruits?
(jusqu’à se boucher les oreilles)
12. Votre enfant vous sourit-il en réponse à votre sourire?
13. Votre enfant vous imite t-il? (par exemple, si vous faites une grimace,
le ferait-il en imitation?)
14. Votre enfant répond-il à son nom quand vous l'appelez?
15. Si vous pointez vers un jouet de l'autre côté de la pièce, votre enfant suivra t-il
Oui
Non
16. Votre enfant marche t-il sans aide?
des yeux?
Oui
Non
17. Votre enfant regarde t-il des objets que vous regardez?
Oui
Non
18. Votre enfant fait-il des gestes inhabituels avec ses mains près du visage?
Oui
Non
19. Votre enfant essaie t-il d'attirer votre attention vers son activité?
Oui
Non
20. Vous êtes vous demandé si votre enfant était sourd?
Oui
Non
21. Votre enfant comprend-il ce que les gens disent?
Oui
Non
22. Arrive t-il que votre enfant regarde dans le vide ou qu'il se promène sans but?
Oui
Non
Oui
Non
23. Votre enfant regarde t-il votre visage pour vérifier votre réaction quand
il est face à une situation inhabituelle?
1999 Robins, D., Fein, D., Barton, M., & Green, J. (2001). The Modified Checklist for Autism on Toddlers: An initial study investigating the
early detection of autism and pervasive developmental disorders. Journal of Autism and Developmental Disorders, 31(2), 131-144.
59 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 6 : critères diagnostic CIM 10
I) Autisme Infantile (F84.0) :
A. Présence, avant l’âge de 3 ans, d’anomalies ou d’altérations du
développement, dans au moins un des domaines suivants :
1) Langage (type réceptif ou expressif) utilisé dans la communication sociale ;
2) Développement des attachements sociaux sélectifs ou des interactions
sociales réciproques ; 3) Jeu fonctionnel ou symbolique.
B. Présence d’au moins six des symptômes décrits en 1), 2), et 3), avec
au moins deux symptômes du critère 1) et au moins un symptôme de
chacun des critères 2) et 3) :
1) Altérations qualitatives des interactions sociales réciproques, manifestes
dans au moins deux des domaines suivants :
a. absence d’utilisation adéquate des interactions du contact
oculaire, de l’expression faciale, de l’attitude corporelle et de la
gestualité pour réguler les interactions sociales ;
b. incapacité à développer (de manière correspondante à l’âge
mental et bien qu’existent de nombreuses occasions) des
relations avec des pairs, impliquant un partage mutuel d’intérêts,
d’activités et d’émotions ;
c. manque de réciprocité socio-émotionnelle se traduisant par une
réponse altérée ou déviante aux émotions d’autrui ou manque
de modulation du comportement, selon le contexte social ou
faible intégration des comportements sociaux, émotionnels, et
communicatifs ;
d. ne cherche pas spontanément à partager son plaisir, ses
intérêts ou ses succès avec d’autres personnes (par exemple,
ne cherche pas à montrer, à apporter ou à pointer à autrui des
objets qui l’intéressent).
2) Altérations qualitatives de la communication, manifestes dans au moins un
des domaines suivants :
a. retard ou absence totale de développement du langage oral
(souvent précédé par une absence de babillage communicatif),
sans tentative de communiquer par le geste ou la mimique ;
b. incapacité relative à engager ou à maintenir une conversation
comportant un échange réciproque avec d’autres personnes
(quel que soit le niveau de langage atteint) ;
c. usage stéréotypé et répétitif du langage ou utilisation
idiosyncrasique de mots ou de phrases ;
d. absence de jeu de « faire semblant », varié et spontané ou,
dans le jeune âge, absence de jeu d’imitation sociale.
3) Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts
et des activités, manifeste dans au moins un des domaines suivants :
a. préoccupation marquée pour un ou plusieurs centres d’intérêt
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(CC BY-NC-ND 2.0)
stéréotypés et restreints, anormaux par leur contenu ou leur
focalisation ; ou présence d’un ou de plusieurs intérêts qui sont
anormaux par leur intensité ou leur caractère limité, mais non
par leur contenu ou leur focalisation ;
b. adhésion apparemment compulsive à des habitudes ou à des
rituels spécifiques, non fonctionnels ;
c. maniérismes moteurs stéréotypés et répétitifs (par exemple,
battements ou torsions des mains ou des doigts, ou
mouvements complexes de tout le corps) ;
d. préoccupation par certaines parties d’un objet ou par des
éléments non fonctionnels de matériels de jeux (par exemple,
leur odeur, la sensation de leur surface, le bruit ou les vibrations
qu’ils produisent).
C. Le tableau clinique n’est pas attribuable à d’autres variétés de trouble
envahissant du développement : trouble spécifique de l’acquisition du
langage, versant réceptif (F80.2), avec des problèmes socio-émotionnels
secondaires; trouble réactionnel de l’attachement de l’enfance (F94.1)
ou trouble de l’attachement de l’enfance avec désinhibition (F94.2) ;
retard mental (F70-F72) avec quelques perturbations des émotions ou
du comportement ; schizophrénie (F20) de survenue inhabituellement
précoce ; syndrome de Rett (F84.2).
II) Autisme Atypique (F84.1) :
A. Présence, à partir de l’âge de 3 ans ou plus tard, d’anomalies ou
d’altérations du développement (mêmes critères que pour l’autisme sauf
en ce qui concerne l’âge d’apparition).
B. Altération qualitative des interactions sociales réciproques, altération
qualitative de la communication, ou caractère restreint, répétitif et
stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités (mêmes
critères que pour l’autisme, mais il n’est pas nécessaire que les
manifestations pathologiques répondent aux critères de chacun des
domaines touchés).
C. Ne répond pas aux critères diagnostiques de l’autisme (F84.0).
L’autisme peut être atypique par l’âge de survenue (F84.10) ou par sa
symptomatologie (F84.11). Dans le domaine de la recherche, les deux
types peuvent être différenciés par le cinquième caractère du code. Les
syndromes atypiques par ces deux aspects sont à classer sous F84.12.
Atypicité par l’âge de survenue
A. Ne répond pas au critère A de l’autisme : l’anomalie ou l’altération du
développement est évidente seulement à partir de l’âge de 3 ans ou plus tard.
B. Répond aux critères B et C de l’autisme (F84.0).
Atypicité par la symptomatologie
A. Répond au critère A de l’autisme : l’anomalie ou l’altération du
61 PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
développement est évidente avant l’âge de 3 ans.
B. Altération qualitative des interactions sociales réciproques, altération
qualitative de la communication, ou caractère restreint, répétitif et stéréotypé
des comportements, des intérêts et des activités (mêmes critères que pour
l’autisme, mais il n’est pas nécessaire que les manifestations pathologiques
répondent aux critères de chacun des domaines touchés).
C. Répond au critère C de l’autisme.
D. Ne répond pas entièrement au critère B de l’autisme (F84.0).
Atypicité par l’âge de début et la symptomatologie
A. Ne répond pas au critère A de l’autisme : l’anomalie ou l’altération du
développement est évidente seulement à partir de l’âge de 3 ans ou plus tard.
B. Altération qualitative des interactions sociales réciproques, altération
qualitative de la communication, ou caractère restreint, répétitif et stéréotypé
des comportements, des intérêts et des activités (mêmes critères que pour
l’autisme, mais il n’est pas nécessaire que les manifestations pathologiques
répondent aux critères de chacun des domaines touchés).
C. Répond au critère C de l’autisme. D. Ne répond pas entièrement au critère
B de l’autisme (F84.0).
III) Syndrome de Rett (F84.2) :
A. La période prénatale et périnatale et le développement psychomoteur
au cours des 5 premiers mois sont apparemment normaux, et le
périmètre crânien est normal à la naissance.
B. Décélération de la croissance crânienne entre 5 mois et 4 ans et perte,
entre 5 et 30 mois, des compétences fonctionnelles manuelles
intentionnelles acquises, associées à une perturbation concomitante de
la communication et des interactions sociales, ainsi qu’à l’apparition
d’une démarche mal coordonnée et instable ou d’une instabilité du tronc.
C. Présence d’une altération grave du langage, versant expressif et
réceptif, associée à un retard psychomoteur sévère.
D. Mouvements stéréotypés des mains sur la ligne médiane (par
exemple, torsion ou lavage des mains), apparaissant au moment de la
perte des mouvements intentionnels des mains ou plus tard.
IV) Autres troubles désintégratifs de l’enfance :( F84.3)
A. Développement apparemment normal jusqu’à l’âge d’au moins 2 ans.
La présence des acquisitions normales, en rapport avec l’âge, dans le
domaine de la communication, des relations sociales et du jeu, est
nécessaire au diagnostic, de même qu’un comportement adaptatif
correspondant à un âge de 2 ans ou plus.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
B. Perte manifeste des acquisitions antérieures, à peu près au moment
du début du trouble. Le diagnostic repose sur la mise en évidence d’une
perte cliniquement significative des acquisitions (et pas seulement
d’une incapacité à utiliser ces dernières dans certaines situations) dans
au moins deux des domaines suivants :
1. Langage, versant expressif ou réceptif ;
2. Jeu ;
3. Compétences sociales ou comportement adaptatif ;
4. Contrôle sphinctérien, vésical ou anal ;
5. Capacités motrices.
C. Fonctionnement social qualitativement anormal, manifeste dans au
moins deux des domaines suivants :
1. Altérations qualitatives des interactions sociales
réciproques (du type de celles définies pour l’autisme) ;
2) Altérations qualitatives de la communication (du type
de celles définies pour l’autisme) ;
2. Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des
comportements, des intérêts et des activités
s’accompagnant de stéréotypies motrices et de
maniérismes ;
3. Perte générale de l’intérêt pour les objets et pour
l’environnement.
D. Le trouble n’est pas attribuable à d’autres variétés de trouble
envahissant du développement, à une aphasie acquise avec épilepsie
(F80.6), à un mutisme électif (F94.0), à un syndrome de Rett (F84.2) ou à
une schizophrénie (F20.-).
V) Syndrome d’Asperger (F84.5)
A. Absence de tout retard général, cliniquement significatif, du langage
(versant expressif ou réceptif) ou du développement cognitif.
L’acquisition de mots isolés vers l’âge de 2 ans, ou avant, et l’utilisation
de phrases communicatives à l’âge de 3 ans, ou avant, sont nécessaires
au diagnostic. L’autonomie, le comportement adaptatif et la curiosité
pour l’environnement au cours des trois premières années doivent être
d’un niveau compatible avec un développement intellectuel normal. Les
étapes du développement moteur peuvent être toutefois quelque peu
retardées, et la présence d’une maladresse motrice est habituelle (mais
non obligatoire pour le diagnostic). L’enfant a souvent des capacités
particulières isolées, fréquemment en rapport avec des préoccupations
anormales, mais ceci n’est pas exigé pour le diagnostic.
B. Altération qualitative des interactions sociales réciproques (mêmes
critères que pour l’autisme).
C. Caractère inhabituellement intense et limité des intérêts ou caractère
restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des
activités (mêmes critères que pour l’autisme, mais les maniérismes
moteurs ou les préoccupations pour certaines parties d’un objet ou pour
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(CC BY-NC-ND 2.0)
des éléments non fonctionnels de matériels de jeu sont moins
fréquents).
D. Le trouble n’est pas attribuable à d’autres variétés de trouble
envahissant du développement, à une schizophrénie simple (F20.6), à un
trouble schizotypique (F21), à un trouble obsessionnel- compulsif (F42.-),
à une personnalité anankastique (F60.5), à un trouble réactionnel de
l’attachement de l’enfance (F94.1), à un trouble de l’attachement de
l’enfance, avec désinhibition (F94.2).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 7 : Notre questionnaire et son texte d’accompagnement
Bonjour, dans le cadre d'une thèse de DES de médecine générale dont
le thème est le repérage précoce de l'autisme et des Troubles Envahissants
du Développement en médecine générale, je réalise une enquête auprès des
médecins généralistes.
Je me permets de vous soumettre un questionnaire court et rapide et
vous remercie par avance de vos réponses.
Merci de votre aide,
Louise Pimpaud
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•
Quel est votre sexe ?
Féminin
Masculin
Quel âge avez-vous?
Quel est votre mode d'exercice ?
Rural
Semi-rural
Urbain
Comment exercez-vous ?
Seul
En cabinet de groupe
Quel pourcentage de votre activité la pédiatrie représente-t-elle sur votre
relevé individuel d'activité professionnelle ?
Avez-vous suivi une formation particulière concernant l'autisme et les
Troubles Envahissants du Développement et leur dépistage en
médecine de première ligne?
Oui
Non
Avez-vous au cours de votre carrière suivi un ou plusieurs patients
porteur de TED ou d'autisme ?
Oui
Non
Connaissez-vous les recommandations concernant le dépistage des
enfants atteints d'autisme ou de TED en médecine de première ligne ?
Oui
Non
Pensez-vous que le carnet de santé soit actuellement un outil d'aide au
dépistage d'autisme et de TED en médecine générale
Oui
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(CC BY-NC-ND 2.0)
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•
•
Non
Si vous suspectez un cas d'autisme ou de TED chez un patient, à qui
l'adressez-vous?
Plusieurs réponses possibles / Si "autre", précisez.
Pédiatre
Pédopsychiatre
Centre de Ressource Autisme
Autre :
A votre avis, quelles sont les difficultés rencontrées par les médecins
généralistes dans le cadre du dépistage de TED et d'autisme ?
Plusieurs réponses possibles / Si "autre" précisez
Défaut de connaissance / formation
Difficulté de contact avec les spécialistes
Délai de rendez-vous spécialisés
Autre :
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(CC BY-NC-ND 2.0)
ANNEXE 8 : Poster
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(CC BY-NC-ND 2.0)
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(CC BY-NC-ND 2.0)
PIMPAUD Louise : Repérage précoce des Troubles Envahissants du Développement en médecine générale. Enquête auprès des médecins généralistes de la région Rhône-­‐Alpes.
Nbr f.ill.tab.
Th. Méd : Lyon 2014 n°
____________________________________________________________________________
Résumé : Introduction : Les Troubles Envahissants du Développement concernent
actuellement une naissance sur 150 en France. L’âge moyen du diagnostic se situe aux
alentours de 3 ans et 5 mois. Un repérage précoce permet une prise en charge le plus
tôt possible augmentant les chances de progression des enfants. Cette thèse a pour
objectif de mettre à jour les problèmes auxquels sont confrontés les médecins
généralistes dans le repérage et l’orientation spécialisée des enfants souffrant de TED
et d’y proposer des solutions. Méthode :Nous avons réalisé étude transversale
descriptive par enquête de pratique auprès des médecins généralistes de la région
Rhône-Alpes. Résultats : 87% des interrogés n’ont suivi aucune formation spécifique au
repérage des TED. 85% ne connaissent pas les recommandations actuelles. 73%
considèrent que le carnet de santé actuel n’est pas un outil d’aide au repérage des TED.
48% des répondants adressent leur patient à un pédopsychiatre lorsqu’ils suspectent un
TED et 32% estiment que les délais de rendez-vous spécialisés sont une difficulté pour
la coordination des soins du patient. Discussion : La formation des médecins
généralistes concernant le repérage des TED semble insuffisante et les orientations
nationales du Développement Professionnel Continu envisagent de développer des
programmes de formation consacrés à ce sujet dès septembre 2013. Une version
modifiée du carnet de santé devrait paraître en 2019, elle devrait simplifier l’utilisation
des items concernant le repérage précoce de l’autisme. L’orientation des enfants à
risque autistique reste difficile et il sera nécessaire de développer et promouvoir auprès
des médecins généralistes le réseau de prise en charge par des actions de santé
publique.
MOTS CLES : troubles envahissants du développement, autisme, dépistage, médecine générale, carnet de santé
JURY :
Président : Monsieur le Professeur Pierre FOURNERET
Membres : Monsieur le Professeur Yves ZERBIB
Madame le Professeur Sylvie ERPELDINGER
Madame le Docteur Catherine BRISSET
DATE DE SOUTENANCE : 05/06/2014
Adresse de l’auteur :
[email protected]
PIMPAUD
(CC BY-NC-ND 2.0)
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