résumé des communications – Néphrologie clinique
Néphrologie Vol. 24 n° 5 2003 205
9 - A
REIN ET MALADIE DE TAKAYASU
Bouhamed L(1) , Kharrat M(1), kammoun D(1) , kammoun K(1), Zaghden S(1), Charfi
A(1), Jarraya F(1), Charfeddine K(1), Ben hmida M(1), Hachicha J.(1)
(1) Service Néphrologie, CHU Sfax.
L’artérite de Takayasu (AT) est une aorto artérite inflammatoire non spéci-
fique touchant électivement l’aorte et les gros troncs artériels.
Nos objectifs sont d’étudier l’hypertension artérielle au cours de l’AT : étio-
logie, traitement et évolution.
Nous rapportons 4 observations d’AT colligées dans un milieu néphrolo-
gique entre 1982 et 2002. Il s’agit de 4 femmes d’âge moyen 34 ans (26- 49).
L’atteinte rénale a été révélée par une HTA dans 3 cas (75%) et par des épi-
sodes d’éclampsie dans le quatrième cas.
L’insuffisance rénale est présente dans 2 cas (50%). La protéinurie est
notée dans 2 cas (50%) avec une valeur moyenne de 2 g/ 24 heures.
* L’artériographie a montré :
- Une sténose artérielle unilatérale dans 3 cas (75%) et bilatérale dans un
cas.
- Un anévrisme artériel unilatéral dans un cas
- Une occlusion artérielle complète unilatérale dans un cas.
* Le traitement préconisé était :
- Une corticothérapie à faible dose dans un cas au cours de la grossesse
- Un pontage artériel dans 2 cas.
- Une néphrectomie dans un cas.
La période de suivi est de 84 mois (12-156)
L’évolution en post-opératoire immédiat est marquée par une normalisa-
tion de la pression artérielle dans un cas, un bon contrôle par une bithérapie
antihypertensive dans un cas, et une oblitération du pontage artériel dans 2
cas.
A long terme, l’HTA restait incontrôlable dans 2 cas malgré un traitement
antihypertenseur agressif. Une aggravation de la fonction rénale est survenue
dans 3 cas. Le délai moyen de dédoublement de la créatinémie était de 104
mois (12–156). Une seule femme a été prise en dialyse itérative après un
délai de 12 mois.
Conclusion : L’HTA renovasculaire au cours de l’AT reste un facteur de
mauvais pronostic. Un traitement chirurgical est souvent nécessaire mais les
résultats sont imprévisibles en raison de l’évolutivité de la maladie.
10 - A
UNE CAUSE EXCEPTIONNELLE D’HTA REFRACTAIRE DE L’ADULTE :
COARCTATION CONGENITALE DE L’AORTE THORACO-ABDOMINALE
Hillion D (1), Taieb W (2), Bruet A (1), Kieffer E (2)
(1) Sce Médecine Interne Néphrologie CHI Poissy-St Germain
(2) Sce de Chirurgie vasculaire CHU Pitié-Salpêtrière
Une HTA réfractaire impose des explorations des artères rénales (AR)
quel que soit l’âge du patient.
Une femme âgée de 60 ans est adressée pour HTA rebelle à l’association
de 5 classes d’anti-hypertenseurs. La patiente, active à temps plein, dit " avoir
toujours été hypertendue ". La PA est identique aux deux bras, il n’existe pas
de souffle abdominal, tous les pouls sont perçus. La créatininémie est à 160
mmol/L. A l’échographie,le rein gauche est nettement diminué de taille avec
un flux artériel faible. L’angioscanner, l’angioIRM, l’artériographie conduisent
au diagnostic pré-opératoire de coarctation congénitale de l’aorte (CCA) tho-
raco-abdominale et d’un trajet aberrant des artères rénales. A l’intervention,
les lésions commencent 8 cm au dessus du diaphragme : calcification aor-
tique, tronc commun (TC) coelio-mésentérique volumineux et anévrysmal à
son origine. Naissance à ce niveau de deux AR dont le trajet intra-thoracique
est occlus de façon ancienne puis reperméabilisé après 5 cm. En dessous,
l’aorte est atrésique et obstruée jusqu’à la naissance d’une volumineuse artè-
re mésentérique inférieure. L’arcade de Riolan circule de bas en haut. Il exis-
te une VCI gauche. Sont réalisés un pontage aorte descendante-aorte abdo-
minale, une réimplantation directe du TC et l’ARG, indirecte de l’ARD, une
résection de l’anévrysme. Au déclampage de l’ARG le rein gauche se tend et
se recolore. A 3 mois de l’intervention la PA est à 110-70 mmHg avec de
faibles doses d’anti-hypertenseurs, la créatininémie est à 110mmol/L.
On décrit les CCA abdominales sus-rénales, inter-rénales les plus fré-
quentes, sous-rénales et des lésions associées : athérome, dissection locali-
sée, thrombose. Les CCA abdominales représentant 2% des coarctations
aortiques sont une affection du sujet jeune de sexe féminin. Le diagnostic est
fait entre 15 et 35 ans. L’HTA est le signe clinique le plus constant. Les lésions
des AR, plus fréquentes que celles des artères digestives, se voient dans tous
les types de CCA : sténoses, hypoplasie évoluant vers l’occlusion, reperméa-
bilisation à partir des artères thoraciques, urétérales… Spontanément la sur-
vie ne dépasse pas 35 ans à cause de l’HTA.
L’observation présentée est exceptionnelle en raison de l’âge de la patien-
te au moment du diagnostic, des lésions anatomiques, de l’évolution favo-
rable tant pour l’HTA que pour la fonction rénale.
11 - A
GLOMERULOPATHIES (GN) ASSOCIEES AU DEFICIT EN FACTEUR H
Remy Ph (1), Fremaux-Bacchi V(2), Desvaux D.(3), Kari (4), Audart V.(1), Dahmane D (1),
Boulmerka H (1), Pardon A(1), Sahali D (1), Lang Ph (1).
Service de néphrologie(1), d’ immuno-biologie (2) HEGP.d’ana path - (3) Hôpital H. Mondor
Créteil, Ana path CHU d’Alger(4)
Le facteur H (FH) est une protéine de régulation du système du complé-
ment synthétisée par le foie, les cellules endothéliales et les monocytes, inter
réagissant avec les fragments de clivage du C3 et du C4. Le déficit congéni-
tal en FH est connu comme étant responsable de certaines microangiopa-
thies thrombotiques (MAT) récidivantes en pédiatrie ; il peut cependant être
associé à d’autres GN de type membrano proliférative atypique voire de GN
à IgA, rarement décrites dans la littérature. Nous rapportons ici deux cas dans
la même famille.
Cas n°1 : patient de 21 ans ayant développé depuis l’âge de 2 ans un
syndrome glomérulaire à prédominance hématurique (hématurie microsco-
pique ; protéinurie <1gr/24h) évoluant vers une insuffisance rénale(IR) modé-
rée (clearance de 35 ml/mn) avec syndrome néphrotique .Le bilan retrouve un
dosage antigénique du FH effondré compatible avec un déficit complet en FH
dont nous avons précisé la mutation.Le facteur I est normal ; absence de
C3NeF circulant. La biopsie rénale (BR) met en évidence une GNMP de type
II en optique ; en immunofluorescence il existe des dépôts granuleux de C3
dans la mésangium et le long des parois capillaires. Actuellement il ne répond
pas aux IEC ; à court terme se pose le probléme de la thérapeutique par plas-
mathérapie voire transplantation combinée rein foie pour éviter la récidive de
sa GN sur le greffon .
Cas n°2 : l’oncle paternel du cas N°1 est connu pour avoir une HTA récen-
te depuis 1 an qui permet de déceler une IR avec syndrome glomérulaire,
dont le bilan retrouve un déficit hétérozygote en FH ; la BR met en évidence
une GN avec dépôts d’ IgA mésangiaux et de C3 inhabituels associés à des
lésions interstitielles avancées qui le conduit rapidement en dialyse ; actuel-
lement il est en attente de greffe rénale .
Dans la littérature le déficit en FH, de transmission autosomique récessi-
ve, dont plusieurs mutations ont été décrites, est surtout lié aux MAT récidi-
vantes dans une trentaine de famille. Seulement quelques cas de GNMP ont
été rapportées et 2 cas d’IgA dont le nôtre .La physiopathologie et les pro-
blèmes thérapeutiques qui y sont liés seront discutés (plasmathérapie, place
de la greffe hépatique ….).
12 - A
DIVERSITE DE L’ATTEINTE GLOMERULAIRE CHEZ L’ADULTE ATTEINT
DE MUCOVISCIDOSE.
Yahiaoui Y (1), Tricot L (1), Hubert D (2), Monier-Pudar H (2), Noël LH (1), Grünfeld JP (1),
Chauveau D (1) - (1) Service de néphrologie hôpital Necker - (2) Services de pneumolo-
gie et (3) d’endocrinologie, hôpital Cochin, Paris.
Introduction : Les progrès accomplis dans la prise en charge de la muco-
viscidose (MVS) et de ses complications ont accru l’espérance de vie mais
exposent probablement à l’émergence de nouvelles pathologies à l’âge adul-
te. Les observations de néphropathie chez les adultes MVS sont exception-
nelles, en dehors des complications toxiques d’origine médicamenteuse.
Nous rapportons 4 observations de glomérulopathie chez des patients âgés
de 32 à 53 ans.
Méthodes : Les 4 patients MVS (2 femmes, 2 hommes) protéinuriques
sont issus d’une cohorte de 300 malades et ont été adressés pour biopsie
rénale. Les mutations du gène CFTR sont identifiées.
Résultats : La mucoviscidose a été diagnostiquée dans la première
année de vie (n=2), ou dans l’exploration d’une dilatation des bronches à 33
ans, et d’un syndrome néphrotique à 50 ans. Chez les 4 patients, l’atteinte
extra-rénale est responsable de surinfections broncho-pulmonaires et d’une
insuffisance respiratoire sévère : 3 patients sont en attente de greffe pulmo-
naire. Les 2 plus jeunes présentent une insuffisance pancréatique exocrine et
un diabète insulino-dépendant connu depuis 5 et 7 ans respectivement, avec
un bon contrôle métabolique (HbA1c <6,5%) et l’absence de rétinopathie.
Les 4 patients ont un syndrome néphrotique, sans hématurie. La biopsie
rénale objective : 1) des lésions de glomérulosclérose nodulaire chez les 2
patients diabétiques ; ceux-ci sont homozygotes pour la mutation DF508 du
gène CFTR ; 2) des lésions glomérulaires minimes chez une patiente avec
des mutations G542Y/2143delCÆT ; 3) une amylose AA chez une patiente
hétérozygote composite pour les mutations DF508/Y1032.
Une appréciation précise des marqueurs de fonction rénale dans la cohor-
te de 300 patients MVS sera présentée.
Conclusion : Les atteintes glomérulaires chez l’adulte atteint de muco-
viscidose sont variées. L’observation de néphropathies diabétiques en l’ab-
sence de rétinopathie, après une évolution en apparence brève du diabète
justifient une intensification du traitement du trouble métabolique chez ces
patients, pour prévenir la néphropathie qui complique les projets de greffe pul-
monaire.