atteindre ce but de façon personna-
lisée, l’infirmière doit d’abord tenir
compte du degré d’autonomie du
patient. Il sagit en effet d’un moment
de stimulation: il est utile de laisser
la personne effectuer elle-même ce
qu’elle est en mesure de réaliser, y
compris, souvent, la toilette des
organes nitaux. Pour l’infirmière
comme pour tout soignant, il est éga-
lement important de connaître les
habitudes du patient en termes de
toilettes. L’Idel peut se renseigner,
auprès de la personne mais aussi de
ses proches, sur son rapport à l’hy-
giène avant même sa perte d’auto-
nomie. « Ces renseignements pourront
concerner la fréquence à laquelle s’ef-
fectuaient les soins d’hygne, la ac-
tion typique de la personne à ceux-ci
et les stratégies que les proches consi-
dèrent comme utiles », lit-on dans
l’ouvrage Soins infirmiers aux aînés
en perte d’autonomie (références de
cet ouvrage à retrouver p.48).
Une adaptation
individualisée
La liste de matériel, le déroulement
et les techniques détaillés dans cette
partie restent toriques, comme ils
peuvent être enseignés par exemple
en formation. Ces conseils non exhaus-
tifs s’inspirent d’ailleurs de plusieurs
sources destinées aux étudiants
(lire les rérences dans l’encadré p.40).
Le déroulé chronologique tel que
l’apprennent les étudiants doit être
adapté à chaque personne. Pas
question ici d’appliquer au soin
«une technique rigide »: « l’ordre
dans lequel les soins corporels sont
prodigués n’est pas immuable. Il
importe de procéder avec logique,
de façon naturelle », explicitent Jac-
queline Bregetzer et Laurence Bour-
deaux, toutes deux infirmières et
travaillant dans la formation, à
l’adresse des aides-soignantes. Cette
remarque vaut pour l’horaire de la
toilette, qui, « dans certains cas »,
peut s’effectuer l’après-midi.
En pratique, et à la différence d’un
environnement hospitalier, l’Idel doit
très souvent travailler dans des condi-
tions de proprenon optimales et
s’adapter à ce qui est disponible chez
la personne en termes de bassine
(dans les cas où un lavabo est sit
trop loin du lit de la personne), de
produits lavants et de linge. Il s’are
rare, ainsi, que les patients disposent
de gants jetables, dont la présence à
domicile est plus souvent liée au pas-
sage dun Ssiad ou de l’hospitalisation
à domicile. Cet achat peut toutefois
être suggéré au patient et à sa famille,
éventuellement dans le cadre de
l’APA, de même que l’acquisition de
produits d’hygiène (lire la deuxième
partie de Savoir faire, p.41).
MATÉRIEL NÉCESSAIRE
Deux gants de toilette (l’un pour le
haut, l’autre pour le bas du corps), et
de me deux serviettes de toilette.
38 L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE - N° 322 - FÉVRIER 2016
Cahier de
formation n° 87
Savoir faire
Réalisés quotidiennement par les infirmières libérales, les soins dhygiène nécessitent
autant de savoir-faire technique (gestes à faire et à ne pas faire, diagnostics à poser,
produits à choisir...) que de savoir-être relationnel tant ils touchent à lintime du malade.
Vous arrivez pour un soin
d’hygiène chez Mme V., 88 ans,
en fin de vie, souffrant
de métastases osseuses, et dont
vous retrouvez les vêtements
régulièrement souillés. Elle confie
d’emblée qu’une poussée
d’arthrose lacloue aujourdhui
au lit, et quelle ne peut pas
se rendre, comme habituellement,
au lavabo pour sa toilette.
Son affection, la douleur
et le risque de chute lempêchent
effectivement de se mouvoir:
vous essayez de la rassurer
en lui proposant une toilette
complète au lit. Vous commencez
par faire avec elle un inventaire
de son matériel (bassine,
cuvette, crèmes) pour réaliser
cet acte au mieux. Elle na pas
de gants jetables à sa disposition:
heureusement, vous en avez
dans votre mallette... Vous
lui présentez le déroulement
de la toilette au lit et, après avoir
évalué son degré de mobilisation,
vous débutez le soin.
Réaliser une toilette
complète au lit
AVANT LA TOILETTE
Une investigation
préalable
Lobjectif principal dune toilette com-
plète au lit est double: il s’agit à la
fois dassurer l’hygiène de la personne
et de surveiller son état cutané. Pour
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FÉVRIER 2016 - N° 322 - L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE 39
PRINCIPES RAUX
Réaliser lavage, rinçage et chage
sans précipitation mais de façon
appliquée et sûre, par zones du
corps, l’une après l’autre, et du plus
“propre” au plus “sale”. La toilette
s’effectue ainsi en commençant par
le visage et en finissant par la toilette
génitale et le siège, mais si la per-
sonne porte des vêtements souillés
par des selles ou urines, commencer,
pour son confort, par la toilette géni-
tale puis celle du siège.
Veiller au respect de la pudeur de
la personne, par exemple en cou-
vrant d’une serviette pubis et dos
pendant la toilette du siège, et pri-
vilégier une position confortable.
Afin de prévenir les escarres (lire
aussi p.42), effectuer des effleurages
sur tout point d’appui au fur et à
mesure de la toilette, à l’arrière du
crâne, sur l’occiput, sur le coude et
le bras (d’autant plus si la personne
est forte), sur les talons (par des
mouvements circulaires et sans
appuyer avec l’huile de massage),
frictionner le sacrum avec l’huile de
massage, effleurer l’épine dorsale
(surtout chez les patients très mai-
gres), les omoplates...
VISAGE
Si besoin, raser la personne.
À noter:
mieux vaut laver le visage
après le rasage pour éviter de raser
une peau fragilisée et desséce par
le savon, qui élimine son film hydro-
lipidique protecteur.
Laver le visage à l’eau claire, à
l’eau savonneuse, avec un savon
spécial ou un produit dermatolo-
gique, en fonction des indications
éventuelles du médecin et de la per-
sonne (recourir au savon seulement
si la personne le souhaite).
Commencer par les yeux avec l’an-
gle du gant de toilette, en allant du
nez vers les oreilles. Laver le front,
du milieu vers l’extérieur et derrière
chaque oreille. Laver le cou.
TORSE, ABDOMEN,
BRAS ET MAINS
Commencer par le membre le plus
éloigné. Mettre la serviette pour le
haut sous le bras. Couvrir l’hémi-
corps le plus proche avec une petite
couverture. Savonner l’épaule de
l’intérieur vers l’extérieur puis l’ais-
selle (et vérifier si elle est irritée),
ainsi que le bras en allant de l’épaule
vers la main en effectuant des mou-
vements en forme de 8 autour du
bras, et enfin la main et les doigts.
Rincer en procédant de la même
façon. Essuyer en tamponnant, sans
frotter.
Procéder de la même façon pour
le bras le plus proche.
Laver le torse ainsi que l’abdomen
en insistant au niveau des plis
Vêtements propres pour le patient;
linge propre pour le lit.
Protection anatomique en cas d’in-
continence.
Produit lavant (savon ou syndet,
lire la distinction p.42).
Huile de massage de type huile
d’amande douce ou Sanyrène,
crème hydratante dermocosmétique
(Ictyane, Lipiderm…).
Brosse, peigne.
Rasoir et mousse à raser.
Une cuvette, si possible deux (une
pour le haut, une pour le bas du
corps).
Papier hygiénique.
Deux paires de gants non stériles
à usage unique.
sinfectant de surface et chiffon.
Nécessaire pour l’hygiène des
mains.
INSTALLATION
Informer le patient à l’avance du
soin qui va être fait.
Préserver au maximum l’intimité
de la personne (fermer la porte,
tirer les rideaux, poser un para-
vent...); lui garantir une “ambiance
la plus proche possible de ses pré-
férences (horaire, éclairage,
musique, température...).
Installer le matériel sur une surface
propre, idéalement désinfectée, et
à portée de main pour limiter les
risques dinterruption du soin à venir.
Remplir la cuvette d’eau tiède, à
une température agréable pour la
personne. S’assurer par la suite du
fait que l’eau soit toujours chaude,
et la changer de façon régulière.
Respecter un triangle dhygiène, de
sécuri et dergonomie entre le maté-
riel propre, le patient et la poubelle.
Si le patient est son, vider la
poche de recueil des urines avant
le soin; s’il est continent, lui proposer
de vider sa vessie avant le soin
l’aide du bassin ou de l’urinal).
Se laver les mains avec une solu-
tion hydro-alcoolique.
Les soins inrmiers dhygiène
Témoignage
« Des sentiments variés »
Jean-Dominique Bauby, atteint du syndrome d’enfermement (locked-in
syndrom), dans Le Scaphandre et le Papillon, Robert Laffont, 1997
« Un épisode domestique comme la toilette peut m’inspirer des
sentiments vars. Un jour, je trouve cocasse d’être, à 44 ans, nettoyé,
retourné, torché et lan comme un nourrisson. En pleine régression
infantile, j’y prends me un trouble plaisir. Le lendemain, tout cela
me semble le comble du pattique et une larme roule dans la mousse
à raser qu’un aide-soignant étale sur mes joues. Quant au bain
hebdomadaire, il me plonge à la fois dans la détresse et la félici. »
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© Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016
(notamment de l’aine) et du nombril,
rincer et sécher en tamponnant.
JAMBES ET PIEDS
Prendre le second gant de toilette
et si possible une seconde cuvette.
Commencer encore par le mem-
bre le plus éloigné. Mettre une ser-
viette sous la jambe et la soutenir
sous la cheville pendant le lavage.
Commencer à savonner à partir de
la moitié de la cuisse en effectuant des
mouvements en 8. Laver les espaces
interdigitaux avec le bord du gant de
toilette. Rincer de la même façon.
Essuyer en tamponnant avec la ser-
viette servée pour la toilette du bas.
Procéder de la même façon pour
la jambe la plus proche.
ORGANES NITAUX
Changer l’eau de la bassine, se
laver les mains, mettre des gants
non stériles.
Si la personne a une protection
anatomique, l’ouvrir et rabattre l’ou-
verture entre les cuisses, vers la
région anale.
Faute de bassin de lit, possibili
de glisser une protection à usage
unique sous le siège, pour la femme.
Savonner avec un gant de toilette
ou des tampons de coton en com-
mençant par la cuisse la plus éloi-
ge, remonter vers l’abdomen, pas-
ser sur le pubis puis finir en
descendant sur la cuisse la plus
proche. Savonner ensuite les organes
de l’extérieur vers l’intérieur et de
haut en bas, sans retour afin d’éviter
une dissémination de germes anaux
au niveau du vagin ou du pénis. Insis-
ter au niveau des plis.
Bien rincer et bien sécher, sans
frotter.
Jeter les gants. Effectuer un nou-
veau lavage simple des mains. Chan-
ger l’eau de la bassine.
DOS
Installer la personne en position
latérale (elle peut aussi être assise).
Si besoin et si possible, demander
de l’aide.
Reprendre le gant de toilette et la
serviette réservés pour la toilette du
haut. Mettre cette serviette sous le
dos. Savonner de haut en bas, sans
passer plusieurs fois au même
endroit, dans l’idéal et surtout en
cas de pansement stérile ou de plaie.
Rincer et essuyer.
SIÈGE
Se laver les mains et mettre une
seconde paire de gants non stériles.
Le patient est toujours installé en
position couchée latérale.
Reprendre le gant de toilette et
la serviette réservés pour la toilette
du bas. Jeter la protection anato-
mique. Si présence de selles,
essuyer le siège avec du papier toi-
lette puis le jeter.
Savonner en partant des organes
génitaux et en remontant vers la
région anale.
Rincer et sécher par tamponnement.
Jeter les gants. Effectuer un nou-
veau lavage simple des mains.
LIT
La réfection du lit se fait autant de
fois que possible, en tenant compte
des moyens de la personne – mul-
tiplier les lessives peut ainsi consti-
tuer un investissement en argent et
en énergie trop important.
40 L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE - N° 322 - FÉVRIER 2016
Cahier de
formation n° 87
Point de vue
« À domicile, il n’y a plus
de protocoles, on s’adapte »
Charline, infirmière lirale en zone rurale dans l’Ouest
de la France et auteur du blog “C’est linfirmre
« À domicile, rien n’est protocolaire. On a de toutes
petites douches, des baignoires impossibles à utiliser pour des patients
qui ne peuvent pas lever la jambe, pas de marielIl faut s’adapter
aux lieux et aux gens. J’ai une dame dont je fais la toilette deux fois
par jour, chez qui je nai qu’un gant et une serviette pour toute la semaine
et qui servent à toute la famille. On a essayé avec mon collègue
de demander au moins un second gant pour le bas. Réponse? Oh non,
c’est pas cessaire, on a toujours fait comme ça. Alors on sadapte,
on retourne le gant pour faire une petite toilette au plus propre. Mais
c’est finalement mieux d’être dans un cadre moins protocoli, c’est
la vie réelle. Cela fait plus de quatre-vingt dix ans que cette dame se lave
comme ça : pourquoi devrais-je la heurter pour tout changer? Je suis
pour qu’elle soit bien, qu’elle puisse finir ses jours tranquillement dans
sa maison. C’est ça qui compte vraiment. »
© Mathou, blog Crayon d’humeur
La page très compte sur
lhygne corporelle du site
soins-infirmiers.com, rédie
par Morgan Pitte, faisant
fonction cadre de san
formateur à lIfsi du Havre;
Les pratiques de lAS,
Jacqueline Bregetzer et
Laurence Bourdeaux, Lamarre,
4eéd., 2012; Infectiologie et
hygiène. Unité d’enseignement
2.10, Warren Vidal, Vuibert,
2013; Mémo-guide infirmier
UE 4.1 à 4.8, Pascal Hallouët,
Elsevier Masson, 2011.
Références
ILM322_P038_048_FORMATION_SF_Mise en page 1 26/01/2016 18:46 Page40
© Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016
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