Les facteurs structurels et conjoncturels qui expliquent la faiblesse des taux d’intérêt hypothécaires
2. Les principaux déterminants des taux hypothécaires fixes : un aperçu4
Alors que les mouvements des taux hypothécaires variables sont
principalement influencés par le taux directeur de la Banque du
Canada, l’évolution des taux hypothécaires fixes résulte, pour sa part,
de la combinaison complexe de plusieurs facteurs. De manière
générale, il est possible de distinguer deux composantes principales qui
peuvent influencer le niveau des taux hypothécaires fixes (voir
encadré 1).
Le coût des fonds
La première composante correspond au coût des fonds que l’institution
financière met à disposition sur le marché hypothécaire pour financer
les prêts. Ces fonds proviennent majoritairement des dépôts des
épargnants5 qui sont considérés comme un type de placement très sûr
puisqu’ils sont garantis par le gouvernement6 et doivent offrir une
rémunération compétitive par rapport aux obligations du gouvernement
canadien qui constituent le produit financier similaire de référence.
L’autre partie des fonds7 est empruntée sur le marché des obligations
hypothécaires où les investisseurs achètent des titres financiers (dans
ce cas-ci des obligations) adossés à des créances hypothécaires
assurées8. Ces obligations hypothécaires sont des titres financiers
garantis par le gouvernement canadien9. Ce sont donc des produits
financiers similaires aux obligations du gouvernement canadien, que ce
soit en termes de liquidité (marché très liquide) ou de risque de défaut
(tous deux garantis par le gouvernement canadien et cotés AAA par les
principales agences de notation). L’évolution du rendement sur le
marché des obligations hypothécaires dépend donc sensiblement des
mêmes forces qui sont en jeu sur le marché des obligations
gouvernementales. Au final, l’évolution du coût des fonds utilisés par
les institutions financières pour effectuer des prêts hypothécaires est
donc semblable à celle du rendement des obligations du gouvernement
canadien, ce dont témoigne la corrélation positive quasiment parfaite
entre les taux hypothécaires et les taux de rendement obligataires de
même échéance10 (voir graphique 2).
Alors que les mouvements
des taux hypothécaires
variables sont principalement
influencés par le taux
directeur de la Banque du
Canada, l’évolution des taux
hypothécaires fixes résulte,
pour sa part, de la
combinaison complexe de
plusieurs facteurs.
4 Pour plus d’information à ce sujet, consultez le Mot de l’économiste de février 2011 intitulé « Quels facteurs expliquent les fluctuations des taux hypothécaires au Canada? ».
5 En 2010, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les fonds utilisés pour le financement du marché hypothécaire provenaient de plus de la moitié
(58,9 % exactement) des dépôts effectués auprès des institutions financières (certificats de placement garanti et autres dépôts à terme notamment).
6 La Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC), qui est une société d’État fédérale, assure à hauteur de 100 000 $ la plupart des dépôts (compte-chèques et d’épargne,
certificats de placement garanti et autres dépôts à terme dont l'échéance est de 5 ans ou moins) effectués auprès des institutions financières canadiennes qui en sont
membres.
7 Toujours selon la SCHL, le marché des obligations hypothécaires sécurisées et garanties fournissait environ 31 % des fonds utilisés pour le financement du marché
hypothécaire au Canada en 2010. Le reste du financement provient des dépôts (voir note numéro 6), de la titrisation privée (qui a fortement diminuée à la suite de la crise
des subprimes) et des fonds provenant des sociétés de fiducie, des prêteurs hypothécaires, des sociétés d’assurance-vie, des caisses de retraite et des institutions qui
n’acceptent pas les dépôts.
8 Le mécanisme décrit ici est celui de la titrisation publique. Il correspond à l’émission d’obligations garanties par des blocs de prêts hypothécaires résidentiels assurés par la
SCHL ou des assureurs privés. La titrisation privée, qui a fortement diminué au Canada après l’éclatement de la crise des subprimes, repose quant à elle sur des prêts
hypothécaires non assurés.
9 La garantie porte soit directement sur l’obligation elle-même (comme dans le cadre des deux programmes de titrisation de la SCHL que sont le Programme des titres
hypothécaires émis en vertu de la Loi nationale sur l’habitation et le Programme des obligations hypothécaires du Canada), soit indirectement (les prêts hypothécaires
associés à l’obligation sont garantis comme dans le cas des obligations sécurisées).
10 Le coefficient de corrélation entre le rendement des obligations du gouvernement du Canada pour 5 ans et le taux hypothécaire fixe de même échéance est de 0,98. Cela
signifie donc que les deux variables évoluent d’une façon très similaire.
L’évolution du coût des fonds
utilisés par les institutions
financières pour effectuer des
prêts hypothécaires est
semblable à celle du
rendement des obligations du
gouvernement canadien, ce
dont témoigne la corrélation
positive quasiment parfaite
entre les taux hypothécaires
et les taux de rendement
obligataires de même
échéance.