Victor
OU LES ENFANTS
AU POUVOIR
ROGER VITRAC I
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
SAISON 2012 I 2013 Dossier pédagogique
DU 18 AU 29 MARS 2013
{AU THÉÂTRE DE LA VILLE}
AVEC
ÉLODIE BOUCHEZ
CÉLINE CARRÈRE
VALÉRIE DASHWOOD
THOMAS DURAND
PHILIPPE DEMARLE
ANNE KAEMPF
SARAH KARBASNIKOFF
STÉPHANE KRÄHENBÜHL
SERGE MAGGIANI
HUGUES QUESTER
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La satire révèle. Avec Victor ou les Enfants au pouvoir, créé en
1928 par Antonin Artaud et Vitrac lui-même, Roger Vitrac fai-
sait voler en éclats les convenances bourgeoises de la cellule
familiale.
Victor, c’est lenfance subversive, l’innocence trompée qui se
mue en anarchisme cynique. La ruade d’un enfant du siècle
(Vitrac le fait naître en 1900) qui envoie au diable tout le
décorum des faux-semblants lourdement hérités du passé.
Une implosion. Un ouragan dévastateur.
Le théâtre s’en délecte. Fait feu de tout bois.
À 20 ans, fasciné par le mouvement surréaliste, Emmanuel
Demarcy- Mota était tombé sur la pièce de Vitrac. Au même
moment, il s’intéressait à Büchner, à la rupture que celui-ci a
opérée avec le modèle romantique allemand: « J’avais le sen-
timent que Vitrac était dans cette lignée d’un théâtre faisant
sécession avec le siècle précédent. C’est en retravaillant
Rhinocéros pour une grande tournée aux États-Unis que j’ai
relu Victor ou les Enfants au pouvoir. Ce sont les racines de
Ionesco. On comprend également très bien pourquoi Antonin
Artaud ou André Breton furent fascinés par l’audace de Vitrac. »
Sa mise en scène porte la marque d’une jubilation savamment
distillée. Au diapason d’un texte qui regorge de pépites :
« Derrière chaque mot se cache un labyrinthe, celui de l’incons-
cient. » Et qui s’évade en liberté partagée dans l’interpréta-
tion: «Je vois l’impact de cette langue surréaliste sur les acteurs »,
disait Emmanuel Demarcy-Mota au moment des répétitions.
Car Victor ou les Enfants au pouvoir, c’est aussi une bande d’ac-
teurs […]. Tous compagnons de scène d’Emmanuel Demarcy-
Mota : « Avec eux, nous avons monté Horváth, Buchner,
Pirandello, Ionesco… […] Ces pièces, ces personnages, nous les
avons créés ensemble. Et puis ça apporte le pur plaisir du théâ-
tre qu’est la liberté d’improvisation entre des acteurs, entre ces
êtres qui se connaissent, qui s’écoutent, s’observent et cherchent à
se surprendre. »
Jean-Marc Adolphe
MISE EN SCÈNE Emmanuel Demarcy-Mota
ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE Christophe Lemaire
SCÉNOGRAPHIE & LUMIÈRE Yves Collet
MUSIQUE Jefferson Lembeye
COSTUMES Corinne Baudelot
MAQUILLAGE Catherine Nicolas
ACCESSOIRES Clémentine Aguettant
COLLABORATION ARTISTIQUE François Regnault
AVEC
Élodie Bouchez ÉMILIE PAUMELLE,mère de Victor
Céline Carrère MADAME IDA MORTEMART
Valérie Dashwood THÉRÈSE MAGNEAU, mère de Esther
Thomas Durand VICTOR, neuf ans
Philippe Demarle LE GÉNÉRAL ÉTIENNE LONSÉGUR
Anne Kaempf ESTHER, six ans
Sarah Karbasnikoff LILI, bonne des Paumelle
Stéphane Krähenbühl le médecin
Serge Maggiani CHARLES PAUMELLE, père de Victor
Hugues Quester ANTOINE MAGNEAU, père d’Esther
2eASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE Stéphane Krähenbühl
ASSISTANTE DÉCORS Federica Mugnai
ASSISTANTE COSTUMES Élisabeth Cerqueira
ASSISTANT ACCESSOIRE Antoine Alliot
ASSISTANT LUMIÈRE Thomas Falinower
CONSTRUCTION DÉCORS atelier JIPANCO
SCULPTURE RACINE Anne Leray / ESPACE et CIE
ET l’équipe technique du Théâtre de la Ville
PRODUCTION Théâtre de la Ville-Paris
COPRODUCTION Grand Théâtre de Luxembourg
ROGER VITRAC IEMMANUEL DEMARCY-MOTA
Victor OU LES ENFANTS AU POUVOIR REPRISE
BONJOUR JEUNESSE
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SOMMAIRE
Reprendre, continuer IColette Godard p. 4
Vitrac, Ionesco & les autres IFrançois Regnault p. 7
Un autre théâtre p. 8
Le Théâtre Alfred-Jarry p. 10
Visions critiques p. 12
Ida Mortemart p. 14
Texte et Représentations p. 16
Roger Vitrac p. 18
Chronologie 1899-1952 p. 20
Emmanuel Demarcy-Mota p. 26
Équipe artistique p. 27
Tournée p. 30
© Jean-Louis Fernandez
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Emmanuel Demarcy-Mota retrouve la pièce de Roger Vitrac
Victor ou les Enfants au pouvoir, créée la saison dernière, dans
la suite de Casimir et Caroline de Horváth, du Rhinocéros de
Ionesco.
Trois pièces, trois auteurs, trois visions parallèles d’un scle que
nous venons juste de quitter. Un siècle traversé par l’horreur,
les faux espoirs, les rêves illusoires. Et qui par là même, nous a
légué le doute, un sentiment d’insécurité, d’instabilité. Toutes
choses qui habitent Emmanuel Demarcy-Mota, le poursuivent,
et qu’il retrouve chez les personnages de Vitrac, chez les enfants
tout comme chez les adultes.
«Je ne me projette pas en eux, je m’interroge sur leur manière de
vivre. Vivre l’amour et la fin de l’amour, vivre leurs relations tant
amicales que familiales. Éprouver les mensonges, les trahisons.
J’ai cherché ce qui se passe en eux et entre eux, au-delà des ques-
tions d’argent, des rivalités sociales, qui sont de l’ordre de l’anec-
dote. Je veux men éloigner, pour me concentrer sur les révoltes
individuelles. Révolte de chacun contre ce qu’il est devenu, ou
craint de devenir. Dans ces doutes, ces peurs, ces interrogations, je
me retrouve, même si je ne me projette jamais dans aucun person-
nage. Pas plus Victor que les autres. ».
Si Emmanuel Demarcy-Mota remet ce spectacle en action, c’est
parce que, comme avec la plupart de ses mises en scène, il
éprouve la nécessité d’aller plus loin. Non pas ailleurs, les
grandes lignes demeurent les mêmes. Et dans le cas présent, si
le décor a perdu sa blancheur, la netteté de ses murs peuplés
d’ombres fantomatiques, il raconte toujours la boîte dans
laquelle tous sont enfermés.
«Il ne sagit pas de reprendre un spectacle, mais un travail, conti-
nuer à chercher ensemble. C’est-à-dire avec un groupe d’individus
– acteurs, qui forment un ensemble. Continuer à creuser avec eux
les thèmes de l’œuvre. En particulier ici, l’inquiétude, l’angoisse
mais aussi, aujourd’hui, la fantaisie. De toute façon, après la pre-
mière, nous continuons à répéter pendant plusieurs jours. On le
sait, à chaque spectacle il y a des moments qui font notre bonheur
pendant le travail et puis tombent à plat devant le public. Comme
on dit, ça ne passe pas la rampe… Il ne s’agit surtout pas de céder
à la complaisance. Nous gardons notre ligne et cherchons en laf-
finant à ce qu’elle soit lisible. Avec Victor, pour y parvenir, nous
avons tenté d’équilibrer le jeu entre désarroi et fantaisie. À mon
avis, lors des premières représentations, nous avions réussi à met-
tre en place le désarroi, mais aux dépens de la fantaisie.»
Au long des représentations, au fil des tournées, le regard des
spectateurs nourri aussi leur approche, soulève d’autres ques-
tions. Ou apporte des réponses. «Le regard du public, des publics,
est évidemment indispensable. Parfois surprenant. Lorsque nous
avons joué Casimir et Caroline à Moscou ou Rhinocéros à Los
Angeles, à New York, devant des gens qui navaient pas vu de spec-
tacle en français depuis des années, il y a eu des réactions tout à
fait inédites, des moments inattendus. On sent que les références
ne sont plus les mêmes. Que nous sommes dans un autre monde,
à la fois proche et lointain. Alors, très naturellement, d’une autre
manière, cela irrigue notre travail.
« Reprendre une création, c’est faire apparaître des possibilités
nouvelles. C’est comme une relation humaine, amoureuse. On la
poursuit ou on se sépare. Seul le théâtre peut vous offrir ça. »
Colette Godard
REPRENDRE, CONTINUER
Si Emmanuel Demarcy-Mota reprend la plupart de ses spectacles, c’est pour aller au
bout d’une relation profonde, poursuivre une histoire artistique et humaine.
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