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Résumé : Madagascar souffre d’une insuffisance chronique en riz, aliment de base de la population.
La filière peine à sortir de la dépendance aux importations et encore moins à développer les
exportations. Nous tentons de voir en quoi ces contre-performances reflètent une « crise de la qualité »
dans les échanges à l’aide du modèle de marché de Harrison White (2002) qui analyse la notion de
viabilité des échanges autour des questions de qualité. Celle-ci passe par l’existence d’un ordre de
qualité du riz (paddy ou blanchi) fondé sur les perceptions ressenties par les acteurs. Pour cela, les
intermédiaires de la filière ont à définir une orientation de leurs activités en amont ou en aval selon la
localisation de la plus grande incertitude sur la qualité du riz, pour saisir, et être en accord avec, les
perceptions de la qualité par les acteurs concernés. L’analyse des échanges dans l’Alaotra-Mangoro
donne les résultats suivants. 1/ Trois circuits de commercialisation du riz sont théoriquement viables.
Le circuit « dominant » et le circuit « à la marge » sont dominés respectivement par une convention de
qualité « domestique » basée sur la qualité nutritive du paddy et une autre « industrielle » basée sur la
qualité esthétique du riz blanchi. Sur le circuit « transitionnel », coexistent les deux conventions de
qualité, « domestique » en amont et « industrielle » en aval. 2/ L’ordre de qualité sur ce circuit
résulterait d’un compromis entre conventions matérialisé par un référentiel de qualité esthétique et
nutritive du riz (paddy et blanchi). 3/ La reconnaissance de ces deux conventions de qualité et de la
nécessité d’un compromis entre celles-ci rendrait les échanges viables et lèverait l’actuelle « crise de la
qualité » au sein de la filière.
Mots-clés : Filière rizicole, Madagascar, Qualité, Économie des Conventions, Nouvelle Sociologie
Économique.
Economic Approach of Input Quality. Application to the rice value chain in the Alaotra-
Mangoro region (Madagascar).
Summary: Madagascar suffers from a chronic insufficiency of rice, the staple food of the population.
The value chain is struggling to emerge from dependence on imports and even less to develop exports.
We try to see how these poor performances reflect a "quality crisis" in rice exchanges by means of the
market model of Harrison White (2002) and its concept of market “viability” based on quality issues.
To be viable, market needs to be governed by an order of quality defined by perceptions on rice
quality from actors at play. The intermediaries have then to orient upstream or downstream their
activities depending on where the greatest uncertainty on quality is in order to take into account
quality perceptions by the actors involved. Rice exchanges analysis in the Alaotra-Mangoro gives the
following results. 1 / Three rice marketing channels are theoretically viable. The “dominating”
marketing channel and the “marginal” one are respectively ruled by a "domestic" quality convention
around the nutritious quality of paddy and an "industrial" one around the esthetic quality of milled
rice. Both quality conventions exist on the "transitional" channel: the "domestic" convention is shared
by upstream and the "industrial" one by downstream. 2 / The order of quality on this last marketing
channel would be a compromise between the two existing conventions and is materialized by a
referential of esthetic and nutritious quality. 3 / The recognition of these two quality conventions and
of the need for compromise between them would enable rice exchanges to be viable and then would
end the "quality crisis" at the origin of the poor performances of the Malagasy rice value chain.
Keywords: Rice value chain, Madagascar, Quality, Economics of Conventions, New Economic
Sociology.
Laboratoire EconomiX
Ecole Doctorale Economie, Organisations et Société
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
200, avenue de la République
92001 Nanterre Cedex