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« variations sur thèmes », autrement dit son travail n’est pas un système de pensée structuré suivant 
une  idée  initale  (thèse,  hypothèse,  principe)  et  le  développement  d’une  argumentation  pour  la 
soutenir.  La  philosophie  de  Foucault  s’invente,  se  crée,  se  produit  – pour  utiliser  une  triade  de 
verbes chère au philosophe  – : elle se dirige toujours  vers de nouvelles problématisations  et de 
nouveaux terrains interprétatifs. En dépit de la particularité d’un tissage philosophique opéré par 
variations sur thèmes, la philosophie foucaldienne n’a rien de « fragile », au contraire. Donc, la 
première  astuce  méthodologique  consistera  à  repérer  les  susdites  variations,  afin  d’observer 
l’édification de cette pensée et d’en respecter la cohérence philologique. En deuxième lieu, quant au 
sujet de cette thèse, il s’agira de réaliser une enquête génétique enserrant le parcours philosophique 
de Foucault selon un ordre chronologique. 
  À ce propos, une des attitudes les plus fréquentes au sein, pour ainsi dire, de la communauté 
de chercheurs foucaldiens, consiste à s’interroger sur l’existence d’un fil rouge persistant dans tous 
les  ouvrages  du  philosophe
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.  Je  n’insisterai  pas  sur  ce  point,  mais  mon  choix  de  parcourir 
l’éventuelle  parabole  conduisant  Foucault  à  formuler  l’ontologie  de  nous-mêmes  et  de  repérer, 
justement,  la persistance des problématiques liées à ce sujet, laisse, il est vrai, la question du fil 
rouge traverser la trame des développements. 
  La  deuxième  précaution  méthodologique  émerge  de  l’histoire  éditoriale  des  ouvrages de 
Foucault qui n’ont pas été édités en ordre chronologique. En outre, lorsqu’au début de l’année 2012, 
j’ai commencé à rédiger ma thèse de doctorat, des textes restaient encore à publier : le cours qui n’a 
pas été prononcé au Collège de France mais à l’Université de Louvain, Mal faire, dire vrai (1981) 
paru en septembre 2012, Du gouvernement des vivants (Cours au Collège de France 1979-80) paru 
en novembre 2012. L’année suivante voit la publication chez Vrin de La société punitive, (Cours au 
Collège de France 1972-1973), de L’origine de l’herméneutique de soi. Conférences prononcées à 
Dartmouth Collège, 1980, et enfin de La grande étrangère : à propos de littérature, aux éditions de 
l’EHESS  suite  à  un  travail  sur  les  transcriptions  inédites  de  cours,  conférences  et  émissions 
radiophoniques de  Foucault.  En  2014  paraît Subjectivité  et vérité,  (Cours  au  Collège de  France 
1980-1981) et en 2015 Vrin publie Qu’est-ce que la critique ? Suivie de La culture de soi : il s’agit 
respectivement des conférences de 1978 prononcée devant la Société française de Philosophie –
                                                 
3  Je renvoie par exemple aux analyses de Hubert L. Dreyfus et Paul Rabinow, Michel Foucault: beyond Structuralism 
and Hermeneutics (1982) qui formulent une non univocité du travail de Foucault. Une autre voix, opposée, est 
représentée  par  J.  Revel,  Michel  Foucault.  Une  pensée  du  discontinu  (2010)  avec  l’hypothèse  d'une  recherche 
unitaire du philosophe.