REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE Département des affaires régionales, de l'économie et de la santé Service de la consommation et des affaires vétérinaires VI - ANALYSES GENERALES Au cours de l'année 2011, 1'184 échantillons ont été analysés dans le secteur des analyses générales. Parmi ceux-ci, 293 présentaient une non-conformité selon les ordonnances fédérales des denrées alimentaires et objets usuels en vigueur ce qui équivaut à un taux de non-conformité de près de 25 %. En 2011, le secteur AG en collaboration avec l'OFSP a évalué la contribution des denrées alimentaires à l'exposition humaine aux composés perfluorés. L'étude visait à analyser environ 200 échantillons parmi les plus représentatifs de la consommation alimentaire moyenne en Suisse. Cette étude fait l'objet d'un rapport complet détaillé au chapitre VII) Il n'y a pas eu d'acquisition d'appareillage nécessitant une formation conséquente ni de changement au niveau du personnel permanent. Comme chaque année, le SCAV participe au programme de formation professionnel. Ainsi le secteur notre secteur a accueilli et se charge de la formation d’une nouvelle apprentie laborantine en chimie. Méthodes développées en 2011 et perspectives : • mise au point d'une méthode espace-de-tête pour l'analyse quantitative des solvants volatiles en collaboration avec le secteur des objets usuels (OU) suite à une alerte liée à des tapis en mousse présentant des fortes teneurs en formamide; • méthode d'authentification de la gelée royale; • développement d'une méthode de dépistage et dosage de l'allergène gluten; • méthode permettant le dosage simultané de la caféine, taurine et quinine dans les boissons et "shot" énergisants; • méthode quantitative pour hépatotoxiques dans le miel; le dosage des alcaloïdes pyrrolizidiniques • méthode pour la quantification de 35 photo-initiateurs provenant des encres d'emballages alimentaires dans les denrées alimentaires solides par GC-MS/MS. Pour 2012, les développements de méthodes seront essentiellement consacrés à la consolidation des activités dans le domaine de l'analyse des encres d'emballages et d'étendre notre savoir-faire sur l’analyse des contaminants issus des matériaux d'emballages alimentaires. L’application de méthodes permettant l'analyse quantitative des hydrocarbures aromatiques polycycliques dans diverses matrices alimentaires dont notamment les poissons et la viande fumée seront prioritaires. Le benzo[a]pyrène, seule substance réglementée à l’heure actuelle, sera la substance d’intérêt principale. Les thématiques liées à l'authentification des denrées alimentaires seront renforcées. SCAV • Quai Ernest-Ansermet 22 • 1205 Genève Tél. +41 (22) 546 56 00 • Fax +41 (22) 546 56 96 • E-mail [email protected] • www.ge.ch/consommation Chapitre VI - Page : 2/20 RECAPITULATIF Tableau N° 1 : Thèmes traités et nombre de non-conformités Échantillons prélevés Échantillons non conformes Potabilité chimique de l'eau 46 16 (35 %)* Mesure de la fraction polaire des huiles de friture (cf. rapport inspection chapitre xx du rapport annuel) 98 64 (65 %)** Histamine dans les sauces poissons 12 Tous conformes Histamine dans les sauces soja 10 10 positifs*** Histamine dans les viandes de poisson 28 1 (3.6 %) Teneur en vitamine C dans les jus enrichis 33 Tous conformes 80 Tous conformes 31 6 (19 %) Acide borique dans les caviars 16 Tous conformes Dosage de l'anhydride sulfureux dans les vins 65 Tous conformes 160 23 positifs*** 150 2 (1.3 %) -1097 Gelée royale 10 5 (44 %) Analyse des eaux-de-vie 42 10 (24 %) Alcaloïdes pyrrolizidiniques (PAs) dans le miel 49 17 positifs*** Contrôle des compléments alimentaires à base de plante 235 192 (82 %) Divers 87 8 (11 %) Total 1'184 293 (25 %) Thématique Contrôle de l'allergène gluten dans les denrées annoncées sans gluten Caféine, taurine et quinine dans les boissons et "shot" énergisants Composés perfluorés dans les denrées alimentaires Photoinitiateurs issus des emballages alimentaires * Echantillons suspects ** Echantillons ciblés *** Pas de norme officielle en vigueur mais des seuils toxicologiques sont publiés ou établis Chapitre VI - Page : 3/20 ANALYSE DE LA POTABILITE CHIMIQUE DE L’EAU Introduction Le SCAV accepte régulièrement des dépôts d’échantillon d’eau de la part de particuliers domiciliés sur le canton de Genève (par exemple : eaux de source, de puits et du réseau) pour une analyse de potabilité chimique. Parmi tous les échantillons analysés cette année, plusieurs non-conformités ont été mises en évidence, essentiellement dans des eaux de puits et de source ainsi que dans des eaux provenant de citernes ou de bac de récupération d'eaux de pluie. L'analyse de la potabilité chimique est réalisée en 2 étapes : tout d'abord une première série d'analyses physicochimiques permet de déterminer des paramètres de base tels que le pH, la dureté, l'alcalinité, l'oxydabilité, les taux de silicates et de fer. Puis le dosage des sels minéraux (anions et cations) est réalisé par chromatographie ionique. Dans des cas exceptionnels où une recherche plus spécifique s’avère indispensable, le secteur peut procéder à un dépistage plus complet de substances étrangères mettant en œuvre des techniques analytiques sophistiquées. Résultats Au cours de l'année 2011, 46 échantillons d'eau ont été déposés par des clients privés et/ou des entreprises. 16 d'entre eux ont été déclarés non conformes selon différents critères. La figure 1 ci-dessous résume la répartition des échantillons d’eau non potable selon leur paramètre de non-conformité. Par rapport à l'année dernière, on constate une augmentation du taux de non-conformité et une augmentation des paramètres ne répondant pas aux exigences légales pour une eau potable. Sur la figure 6, on peut observer la variabilité des non-conformités. Parmi les dépassements de valeurs, les taux d'ammonium, de nitrites et d'oxydabilité sont généralement les paramètres les plus souvent mis en cause. Figure 1 : répartition des échantillons non-conformes (remarque : certains échantillons peuvent cumuler plusieurs paramètres de non-conformités). 8 7 Nombre d'échantillons 6 5 4 3 2 1 0 ammonium > 0.1 mg/L fer > 0.3 mg/L KMnO4 > 6 mg/L nitrites > 0.1mg/L Critères de non-conformité pH phosphates > 1 mg/L Trop faible minéralisation Chapitre VI - Page : 4/20 CONTROLE DES HUILES DE FRITURES DANS LA RESTAURATION Introduction La dégradation d'une huile de friture se traduit par une élévation de sa fraction polaire ellemême corrélée à l’accroissement du taux de matières grasses oxydées. Ainsi, le SCAV réalise tout au long de l'année des contrôles de la qualité des huiles de friture dans les restaurants afin de limiter au maximum au consommateur l'ingestion de substances altérées. Le contrôle des huiles de friture est d'abord réalisé directement sur le lieu de l'inspection à l'aide d'une sonde Testo qui permet, via la mesure de la constante diélectrique, de tester rapidement la qualité de l'huile et la fraction polaire. Une fois ce premier test de criblage établi, une confirmation des échantillons positifs est réalisée au laboratoire. L’ensemble de ces mesures et résultats sont détaillés au chapitre III "Inspections". RECHERCHE D'HISTAMINE DANS LES SAUCES DE POISSONS ET LES SAUCES SOJA Introduction Lors de la présence concomitante de chaleur et de bactéries spécifiques, l'histidine, un acide aminé naturellement présent dans les denrées alimentaires en proportion variable, peut se dégrader en histamine, donnant lieu à une réaction humaine individuelle plus ou moins sensible. En effet, l'histamine est un pseudo-allergène dont le contact provoque les symptômes d'une allergie (rougeur, démangeaisons, détresse respiratoire, voire dans un cas extrême, un choc anaphylactique). Ce phénomène de dégradation est surtout connu chez les poissons du genre scombridé riche en histidine (thon, anchois) mais peut également se produire dans d'autres matrices alimentaires telles que les sauces fermentées à base de poisson ou de soja. Une dizaine d'échantillons de sauces de poisson et de sauces soja ont été analysés au laboratoire. Aucune valeur réglementaire dans la sauce soja n'existe pour le moment. A titre comparatif, la législation indique pour les sauces à base de poisson (type nuoc mam) une valeur limite de 500 mg/L exprimée pour une teneur en azote total de 20 g/L alors que la limite de l'OSEC pour le poisson (thon, anchois essentiellement) est de 100 mg/L. Par comparaison la limite donnée pour les sauces de poissons (500 mg/L) a été "normalisé" à 375 mg/L pour tenir compte de la teneur moyenne en azote de 15 g/L dans les sauces soja. Produits analysés 10 échantillons de sauce soja ont été analysés et 12 échantillons de sauce de poisson ont été analysés. Résultats 20 % des échantillons de sauces soja étaient positifs à l'histamine (teneur entre 25 et 95 mg/L) alors que 83 % des échantillons de sauces de poisson étaient positifs (teneur en histamine entre 77 et 145 mg/L). Aucun de ces échantillons ne dépassait sa limite respective (limite OSEC donnée pour les sauces de poisson 500 mg/L ou tolérance "normalisée" à 375 mg/L pour les sauces soja). En revanche, il est étonnant de constater que presque tous les échantillons de sauces de poisson contiennent de l'histamine. Chapitre VI - Page : 5/20 RECHERCHE D'HISTAMINE DANS LES VIANDES DE POISSONS Introduction L’analyse des viandes de poissons portant sur la recherche de l'histamine dans les poissons du genre scombridé reste une activité continue du laboratoire. En plus d'un contrôle régulier d'échantillons de poissons, le secteur peut être alerté pour des cas d’intoxication. Dans ces cas particuliers, le SCAV réagit rapidement et procède au dépistage des échantillons suspects afin de séquestrer et éliminer la marchandise impropre à la consommation. Bases légales Selon l'OSEC, la valeur limite de l'histamine dans les produits de pêche est fixée à 100 mg/kg ou 200 mg/kg selon le traitement préalable du poisson. Lorsque la valeur atteint 200 mg/kg, la marchandise est déclarée impropre à la consommation et doit être retirée du commerce. Produits analysés et résultats 28 échantillons de poissons ont été analysés par une méthode de dépistage rapide suite à des prélèvements dans les restaurants. Parmi ceux-ci, la majorité correspondait à du thon et tous les prélèvements étaient conformes. Toutefois, un échantillon de thon a été apporté au laboratoire pour confirmer l’hypothèse d’une intoxication histaminique suite à une hospitalisation d'un consommateur. La teneur en histamine était supérieure à 500 mg/kg et la marchandise a été détruite. DOSAGE DE L'ACIDE ASCORBIQUE (VITAMINE C) DANS LES JUS DE FRUITS Introduction Les vitamines sont des substances chimiques indispensables au bon fonctionnement de notre organisme et peuvent prévenir les carences ou contribuer à éviter l'apparition de certaines pathologies. Parmi les vitamines les plus connues, l'acide ascorbique ou vitamine C, possède de nombreuses propriétés et intervient à plusieurs niveaux: elle favorise l'absorption du fer, permet l'amélioration du système immunitaire, possède des propriétés antioxydantes, est nécessaire au maintien de l'ossature ainsi qu'à la synthèse des érythrocytes. L’apport journalier recommandé en vitamine C par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est de 60 mg. L'acide ascorbique fait partie de la liste des additifs autorisés dans les denrées alimentaires selon l'OAdd (RS 817.022.31), et peut être ajouté conformément aux bonnes pratiques de fabrication ou en quantité limitée selon le type de denrées. Dans le cas particulier de boisson à base de cidre, la quantité d'acide ascorbique ne doit pas dépasser 150 mg/L. Les jus de fruits vendus dans le commerce peuvent être enrichis en vitamine C pour autant que cette addition soit déclarée sur l'étiquetage. Ainsi, il faut savoir qu'à partir du moment où la liste des ingrédients mentionne la présence de vitamine C il s'agit d'un ajout exogène (produit de synthèse) à la préparation. OH O HO HO O OH Chapitre VI - Page : 6/20 Produits analysés 33 échantillons annonçant la présence de vitamine C ont été prélevés et analysés au laboratoire. Ces échantillons étaient à base de jus de fruits, nectars, purées de fruits ou cidre. Résultats Tous les échantillons ont été déclarés conformes à la législation même si pour certains échantillons, l'écart entre le pourcentage de vitamine C annoncé et le pourcentage déterminé par notre méthode était relativement important. Ainsi, dans la majorité des cas, la concentration mesurée dépassait les teneurs annoncée ce qui est autorisé jusqu'autour de 300% de la valeur indiqué pour combler les éventuelles dégradations au cours du temps de stockage. A l'exception des échantillons de cidre analysés pour lesquels l'ajout de vitamine C est relativement faible, un verre de jus de fruit couvre généralement la moitié voir la totalité des apports journalier recommandés en vitamine C. DETERMINATION DE L’ALLERGEN GLUTEN Introduction En Suisse, plus d'un million d'individus souffrent d'une allergie ou d'une intolérance alimentaire. Des quantités infimes de substances allergisantes suffisent pour déclencher de fortes réactions chez ces personnes, qui n'ont alors pour seule option de ne pas consommer les substances en question. Il est donc d'autant plus important, dans ce contexte, que la déclaration des ingrédients figurant sur les emballages alimentaires soit complète, correcte et compréhensible. L'OFSP et le Centre suisse pour l'allergie, la peau et l'asthme ont réuni, dans une brochure axée sur la pratique, les principales informations auxquelles les personnes allergiques doivent être tout particulièrement attentives en lisant les indications figurant sur les emballages d'aliments : (http://www.aha.ch/pages/info-allergies/allergies/allergies-alimentaires/396/?oid=1582&lang=fr) La présente campagne avait pour but de contrôler l'absence de traces de gluten dans les denrées alimentaires annoncées exemptes de gluten. La consommation de produits contenant malgré tout des faibles teneurs en gluten peut déclencher une réaction indésirable plus ou moins prononcée chez les personnes coeliaques. On désigne par coeliakie une intolérance au gluten. Chez les personnes qui en sont atteintes, la muqueuse de l’intestin grêle est endommagée par le gluten qui est une protéine présente dans la plupart des céréales. C’est elle qui confère son élasticité aux pâtes. Base légale La valeur maximale de gluten non déclaré (mention de la présence potentielle de traces de gluten) ne peut être supérieure à 1 g par kilogramme ou par litre de la denrée alimentaire prête à consommer. Chapitre VI - Page : 7/20 Les denrées alimentaires pour personnes souffrant d’intolérance au gluten sont des denrées alimentaires qui ont été spécialement fabriquées, préparées et traitées pour répondre aux besoins diététiques spéciaux des personnes souffrant d’une intolérance au gluten. Si ces denrées alimentaires sont constituées d’un ou plusieurs ingrédients fabriqués à partir de blé, y compris toutes les espèces de Triticum, de seigle, d’orge, d’avoine ou de leurs variétés croisées ou qu’elles contiennent de tels ingrédients, et qu’elles ont été spécialement traitées pour réduire leur teneur en gluten, la teneur en gluten ne dépasse pas 100 mg/kg dans l’aliment vendu au consommateur. Ils portent la mention "très faible teneur en gluten". Ils peuvent comporter la mention "sans gluten" si leur teneur en gluten ne dépasse pas 20 mg/kg. Produits analysés et résultats Denrées alimentaires à base de céréales contenant du gluten telles que blé, froment, seigle, orge, avoine, épeautre n'annonçant pas la présence de gluten dans la composition ou ne mentionnant pas d'éventuelles traces de gluten. L’ensemble des 79 échantillons analysés, et annoncés sans gluten, étaient conformes selon la législation en vigueur et renfermaient effectivement moins de 20 mg de gluten par kg de denrée. Toute une série de denrées à base de céréales naturellement exemptes de gluten comme le riz, le maïs, le millet, le sarrasin, la farine à base de pommes de terre, de soja, de lentilles, de pois, de tapioca, de châtaignes a été analysée car les denrées peuvent avoir été contaminées par des céréales contenant du gluten soit dans les champs de culture, soit au cours de la transformation. Toutes renfermaient moins de 20 mg de gluten par kg. Par conséquent tous les échantillons contrôlés étaient conformes. CONTROLE DES TENEURS EN CAFFEINE, TAURINES ET QUININE DANS LES BOISSONS ENERGISANTES ET TONIQUES Introduction La popularité des boissons énergisantes est telle que le revenu annuel des entreprises de ce fructueux marché à vraisemblablement dépassé les 5 milliards de dollars en 2011. Aussi, au vu des teneurs en ingrédients stimulants rencontrés, les institutions de réglementation et surveillance des denrées alimentaires se penchent sur l'évaluation de l'effet de ce type de produit sur la santé. La substance phare de ce marché est la caféine, mais la taurine et la glucuronolactone s'ajoutent au cocktail énergisant. A ce jour, il est difficile d'établir un lien entre la quantité de caféine consommée et des effets précis sur la santé au vu des différents degrés de tolérance à la caféine d'une personne à l'autre. Chez les adultes en bonne santé, une petite quantité de caféine peut même avoir des effets positifs. Chez les enfants, la consommation de caféine risque davantage d'influencer le comportement. Chapitre VI - Page : 8/20 D'après les récentes études scientifiques on peut considérer qu'une consommation quotidienne de 200 mg de caféine ne conduit pas à des effets observables sur la santé d'un adulte. L'exposition à la taurine et la glucuronolactone ne semble pas non-plus conduire à des effets néfastes sur la santé avec les concentrations communément mesurées. Ces conclusions sont basées sur une consommation variant de 1 à 1.5 cannettes de boisson énergisantes par jour pour un adulte. Inutile de rappeler que des données de consommation réelles des jeunes d'aujourd'hui sont nécessaires pour évaluer l'exposition effective à ces substances. Ceci est sans compter l'impact calorifique et édulcorant potentiellement néfaste de ces boissons et leur mélange éventuel avec des boissons alcoolisées. Rappelons qu'un verre de coca ou une tasse de thé renferme typiquement entre 30 et 40 mg de caféine et qu'un café contient à peu près 2-3 fois cette quantité. Bases légales La dénomination spécifique "Boisson énergisante" ou "Energy Drink" est admise pour les boissons spéciales contenant de la caféine. Les teneurs maximales de caféine et taurine sont respectivement de 320 et 4'000 mg/L. L'étiquetage doit indiquer ces teneurs et porter la mention "ne pas mélanger avec de l’alcool". Les limonades contenant de la quinine ne doivent pas présenter une teneur en quinine supérieure à 80 mg/L. Produits analysés Tout type de boissons énergisantes à base de caféine ou taurine et limonades contenant de la quinine. Résultats En tout, 31 échantillons ont été analysés et 6 présentaient une non-conformité. Le but visé et/ou l'étiquetage ainsi que la composition de 3 produits n'étaient pas conformes avec les exigences du droit alimentaire. Un échantillon renfermait une teneur en caféine supérieure au seuil fixé par l'ordonnance sur les boissons énergisantes. Une boisson contenait de la Damiana (Turnera diffusa Willd. ex Schult.) qui est une plante Swissmedic ne pouvant entrer dans la composition d'une denrée alimentaire. Un échantillon était non conforme du point de vue de son étiquetage. Il est à noter que les 2 échantillons (26 et 27 de la figure 2) n'ont pas pu être contestés malgré leur trop forte teneur en caféine et taurine par manque d'une législation appropriée pour ce type d'échantillon (Shot, dose concentrée de boisson énergisante sous la forme de "petite bouteille" d'environ 30 ml). L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) devra se prononcer prochainement sur la catégorisation de ces produits énergisants. Les 2 limonades toniques analysées pour leur teneur en quinine étaient conformes et contenaient respectivement 36 et 79 mg de quinine par litre. Chapitre VI - Page : 9/20 TENEUR EN CAFEINE ET TAURINE DANS LES BOISSONS ENERGISANTES 2000 20000 1800 18000 1600 16000 1400 14000 1200 12000 1000 10000 Teneur en caféine 800 Teneur en taurine [mg/L de taurine] [mg/L de caféine] Figure 2 : teneurs mesurées en caféine et/ou taurine dans les échantillons prélevés 8000 600 6000 4000 seuil légal seuil légal 320 200 2000 0 0 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 n°de l'échantillon DETERMINATION DE LA TENEUR EN ACIDE BORIQUE DANS LES CAVIARS Introduction L’acide borique a une forte action conservatrice et antiseptique sur les levures. Son action bactériostatique et fongistatique est relativement faible et son unique application alimentaire est pour la conservation des œufs d’esturgeons. Bases légales L’acide borique utilisé comme agent de conservation (E284) dans le caviar doit obligatoirement être mentionné sur l'étiquetage et ne pas dépasser 4 g/kg de denrée. Produits analysés et résultats Les 12 échantillons de caviars prélevés étaient conformes pour leur teneur en acide borique qui variaient entre 1.5 à 3.2 g/kg et l’ensemble des étiquetages mentionnait la présence de cet additif. Chapitre VI - Page : 10/20 DETERMINATION DES SULFITES ET DE L'HISTAMINE DANS LE VIN Introduction Largement utilisés dans les vins et de nombreux autres aliments et boissons, les sulfites possèdent des propriétés antiseptiques et anti-oxydatives. Ils permettent de détruire notamment les levures et bactéries. Dans le domaine du sulfitage on vise aujourd'hui à optimiser l'emploi du SO2 pour avoir l'efficacité maximale avec des additions minimales. En l'absence de sulfites ou SO2 ajouté, le vin contient une certaine quantité de sulfite endogène produite par les levures naturellement présentes. Le SO2 dans le produit final détient une odeur caractéristique et peut déjà être perçue dans les vins à des teneurs aux alentours des 40 mg par litre. Son odeur désagréable constitue d'ailleurs une excellente protection contre les éventuels usages abusifs. Bases légales Pour diverses raisons, la mention de la présence de SO2 n'était pas légalement exigée dans l'étiquetage des vins. Une situation particulière admise pour aucune autre denrée alimentaire où tous les ingrédients et additifs doivent être mentionnés dans l'ordre décroissant de leur importance pondérale. Cependant, comme les sulfites ont été classés dans la liste des ingrédients allergènes ou susceptibles de provoquer des réactions indésirables, toute étiquette de vin mis en bouteille dès le 1er janvier 2008, doit contenir la mention "contient des sulfites" pour les vins qui présentent une teneur supérieure à 10 mg de SO2 par litre. Il n'existe pas de valeurs légales à ce jour pour les teneurs en histamine dans le vin. Il semblerait qu'une valeur seuil aux alentours des 10 mg/L soit raisonnable. Les limites légales pouvant être atteintes pour l'ajout de sulfites dans les vins sont indiquées sur les graphiques de la figure 3. Produits analysés Tout type de vin rouge, rosé et blanc, incluant ceux issus de l'agriculture biologique Résultats Les mesures effectuées montrent que l'ensemble des vins sont conformes (aucun dépassement de valeur de tolérance) et démontrent du bon usage du SO2 basé sur des connaissances techniques de plus en plus précises permettant ainsi de réduire au minimum son usage (cf. figure 3). 300 250 Valeur de tolérance 160 mg/L 200 vin rouge avec sucre résiduel inférieur à 5 g/L 150 100 50 0 Teneur en SO2 [mg/L] is Fr se b an io Fr ce b - 20 an io 0 8 Fr ce b - 20 an io 0 8 c Fr e b - 20 an io 1 0 c Fr e b - 20 an io 0 ce - 8 2 Ita bio 01 lie - 0 Ita bio 200 lie - 8 Es bio 200 pa - 8 Es gne 200 pa - 9 gn 20 e - 09 Es 20 pa 09 g H n Fr on e an gr Fr ce - ie an 2 ce 00 - 8 Es 200 Su p a 8 iss gne Su e - is 20 Su se - 09 iss 20 Su e - 09 2 A isse 00 us - 9 tra 20 li 0 U e-2 9 SA 0 Su - 09 iss 20 Su e - 0 9 iss 20 A e 09 fri qu US - 20 e du A - 09 Su 200 d -2 9 00 8 Su io bi o nc eb nc e 00 9 200 -2 -2 Teneur en SO2 [mg/L] 250 01 Ita 0 lie -2 Fr 01 an 0 ce Po 20 rtu 10 ga l20 09 Es pa g ne Fr an ce -2 Fr 00 an 8 ce -2 Fr 00 an 8 ce -2 00 9 I t Po al i e rtu ga l20 U SA 09 A -2 lle 01 m 0 ag ne -2 Su 01 iss 0 e -2 00 Su 9 iss e -2 Su 00 9 iss e20 09 Fr a Fr a Ch i S u li iss 20 Po e 1 0 rtu - 2 ga 00 l- 9 20 1 A S ui 0 fri ss qu e e S du u i S ss Es ud e pa gn 20 Fr e - 09 a n 20 c 0 Su e - 2 9 iss 00 Au e 9 str - 2 ali 00 Su e - 9 iss 20 1 Su e - 2 0 iss 00 Su e - 2 9 iss 01 Su e - 0 iss 200 Su e - 9 iss 201 e - 0 Es 200 p Su ag 9 iss ne Su e - iss 200 Su e - 9 iss 201 Su e - 2 0 iss 00 Su e - 9 iss 201 Su e - 0 iss 200 Fr e - 9 a n 20 ce 09 -2 00 Ita 9 lie - Teneur en SO2 [mg/L] Chapitre VI - Page : 11/20 Figure 3: teneur en SO2 dans les vins 300 TENEUR EN SO2 DANS LES VINS BLANCS 250 Valeur de tolérance 260 mg/L 200 vin blanc, rosé avec sucre résiduel d’au moins 5 g/L 150 100 50 0 300 TENEUR EN SO2 DANS LES VINS ROSES Valeur de tolérance 260 mg/L vin blanc, rosé avec sucre résiduel d’au moins 5 g/L 150 100 50 0 TENEUR EN SO2 DANS LES VINS ROUGES Su iss Fr e bi an o c Fr e bi 20 0 an o - 8 ce Fr bi 200 an o - 8 c Fr e bi 201 an o - 0 c Fr e bi 200 an o - 8 ce 20 Ita bio 1 0 lie - 2 0 Ita bio 0 8 lie - 2 0 Es bio 0 8 pa - 2 g 0 Es ne 0 9 pa - 2 gn 00 e- 9 2 Es 0 09 pa gn H eFr o ng an rie c Fr e - 2 an ce 008 Es 200 8 Su pag iss ne Su e - 2 iss 00 9 Su e - 2 iss 00 9 e Su - 2 Au iss e 009 st r - 2 ali 00 e- 9 US 20 A 09 Su - 2 iss 00 Su e - 2 9 iss 00 e- 9 Af riq US 2 0 09 ue A du Su 200 d- 9 20 08 Histamine [mg/L] Ita 01 0 00 9 e20 Po 10 rtu ga l20 09 Es pa gn eFr an ce -2 00 Fr 8 an ce -2 00 Fr 8 an ce -2 00 9 -2 01 0 -2 -2 lie eb io eb io Fr an c an c an c Ita Po lie rtu ga l20 09 US A -2 Al lem 01 0 ag ne -2 01 Su 0 iss e20 09 Su iss e20 09 Su iss e20 09 Fr Fr Histamine [mg/L] Ch i Su li iss 20 Po e - 10 rtu 20 g a 09 l20 Su 10 Af i ss riq eue du Su is Su s e Es d - pa gn 20 0 9 e Fr - 2 an 0 0 ce 9 Su - 2 0 i Au ss e 09 str - 2 ali 00 9 e Su - 2 iss 01 0 e Su - 2 iss 00 9 e Su - 2 iss 01 0 e Su - 2 iss 00 9 e Su - 2 iss 01 e- 0 2 Es 00 9 Su p ag iss ne e Su - 2 iss 00 9 e Su - 2 iss 01 0 e Su - 2 iss 00 9 e Su - 2 iss 01 0 e Su - 2 iss 00 9 e Fr - 2 an 0 ce 0 9 -2 00 9 Ita lie - Histamine [mg/L] Chapitre VI - Page : 12/20 Figure 4: teneur en histamine dans les vins 10 TENEUR EN HISTAMINE DANS LES VINS BLANCS 8 6 4 2 0 5 TENEUR EN HISTAMINE DANS LES VINS ROSES 4 3 2 1 0 14 12 10 8 6 4 2 0 TENEUR EN HISTAMINE DANS LES VINS ROUGES . Les résultats démontrent également qu'il n'y a pas de problème d'intolérance au vin lié à l'histamine au vu des teneurs mesurées dans les échantillons analysés (cf. figure 4). Chapitre VI - Page : 13/20 ANALYSE DE PHOTOINITIATEURS ISSUS DES ENCRES D'EMBALLAGE DANS LES DENREES ALIMENTAIRES Introduction Les photoinitiateurs sont des molécules utilisées pour amorcer la réaction de séchage sous UV des encres d'emballage. En raison de la volatilité de ces molécules, il arrive qu'elles migrent dans la denrée alimentaire même si une barrière de protection est utilisée entre l'aliment et l'emballage. Si un des premiers scandales relatifs à cette problématique est né en 2005 à la suite de la contamination de lait pour bébé par un photoinitiateur (l'ITX), les alertes mettant en jeu la migration de contaminants issus de l'emballage (notamment la benzophénone et ses dérivés) se sont répétées ces dernières années. A ce jour, la Suisse est un des premier pays a avoir statué sur la présence de ce type de contaminant dans les denrées alimentaire et a établi deux listes de photoinitiateurs issus des encres d'emballages autorisés dans les denrées alimentaires: les substances évaluées toxicologiquement pour lesquelles une limite spécifique de migration a été attribuée (liste A) et les substances non évaluées pour lesquelles la limite de migration a été fixée au seuil de détection analytique, c'est-à-dire 10 µg/kg (liste B). Produits analysés 151 échantillons alimentaires très divers (pâtes, riz, céréales, müeslis, biscuits, plats préparés) emballés dans du carton ont été analysés. Systématiquement, l'emballage alimentaire a également été analysé. Résultats Si les 5-6 mêmes molécules sont systématiquement présentes dans tous les échantillons d'emballages, seuls quelques échantillons de denrées alimentaires sont contaminés par des photoinitiateurs. Leur concentration est souvent située autour de leur limite spécifique de migration. Cependant, deux échantillons contenaient chacun un photoinitiateur à une concentration dépassant largement sa limite spécifique de migration fixée par la loi. Par conséquent ils ont été retirés du marché. Pour le moment, plus d’une trentaine de composés sont recherchés et analysés au laboratoire mais ce type d'analyse est évolutif et d'autres photoinitiateurs ainsi que d'autres substances entrant dans la composition des encres d'emballages seront prochainement inclus dans le dépistage actuel. DOSAGE DE L'ACIDE TRANS 10-HYDROXY-2-DECENOIQUE DANS LA GELEE ROYALE Introduction La gelée royale est le produit de sécrétion des glandes mandibulaires et pharyngiennes des abeilles ouvrières. Elle est composée essentiellement d'eau, de glucides (glucose, fructose). Elle contient également naturellement de l'acide 10-hydroxy-2-décénoïque dans des proportions particulières. Ainsi, l'Ordonnance du DFI sur les denrées alimentaires d'origine animale (article 80 alinéa 2) stipule que la gelée royale pure doit contenir au minimum 1.4 % d'acide trans-hydroxy-2-décénoïque (t-HDA) en masse. Chapitre VI - Page : 14/20 Produits analysés 10 échantillons annonçant la présence de gelée royale ont été prélevés et analysés au laboratoire. Ces échantillons étaient à base de gelée royale pure, de miel, de compléments alimentaires sous forme liquide ou de gélules. Résultats 5 échantillons sur 10 étaient non conformes. A l'exception d'une erreur de composition liée à la teneur en t-HDA pour l'un de ces échantillons, les non-conformités étaient liées à des anomalies d'étiquetage. En raison du taux élevé de non-conformité mais également de l'intérêt pour les problèmes liés à l'authenticité, le secteur poursuivra ce type d'analyse l'année prochaine. EAUX-DE-VIE DE FRUITS Introduction L’adjonction de "bonificateurs" dont font partie les arômes de synthèse est interdite dans les eaux-de-vie de fruits. La recherche de ces arômes ajoutés repose sur le principe de la détermination des rapports énantiomériques de certains composés typiques des arômes des fruits étudiés. Dans les fruits naturels, ces substances sont présentes sous une forme unique alors que leurs homologues synthétiques se présentent sous forme de mélanges. Dans le cadre de cette campagne, nous avons également vérifié la teneur en alcool et effectué le dosage du méthanol, des alcools supérieurs. Certaines eaux-de-vie de fruits à noyau ont été sous-traitées au réseau des laboratoires (SCAV) cantonaux romands pour des mesures complémentaires de l'uréthane. L’adjonction d’arômes dans les aliments s’explique par plusieurs raisons. D’une part, les consommateurs sont de plus en plus exigeants en matière gustative et, d’autre part, les produits naturels sont soumis à des variations assez importantes selon leur origine, l’année, les contraintes climatiques, etc. Finalement il y a bien sûr une raison qui est d’ordre purement économique. L’utilisation d’un arôme de synthèse est nettement meilleur marché que l’utilisation de fruits ou d’arômes naturels. Il est bon de rappeler ici, les 3 classes d’arômes rencontrées dans les denrées alimentaires. ARÔMES NATURELS Il s’agit de molécules obtenues, en règle générale, par des procédés physiques (distillation, expression, etc.), à partir d’aliments ou de matières premières naturelles. Néanmoins, plus récemment, les composés obtenus par biosynthèse ont été admis comme arômes naturels. ARÔMES IDENTIQUES AU NATUREL OU ARÔMES SYNTHÉTIQUES Il s’agit de molécules obtenues par synthèse chimique. Ces composés doivent cependant être chimiquement identiques à ceux rencontrés dans la nature. ARÔMES ARTIFICIELS Cette catégorie regroupe des molécules créées par synthèse chimique mais qui n’existent pas à l’état naturel. Chapitre VI - Page : 15/20 Bases légales L'adjonction de bonificateurs, est interdite dans les eaux-de-vie de fruits. De ce fait, l'aromatisation d'une eau-de-vie est à considérer comme une tromperie. La teneur en alcool doit être indiquée en % vol. avec une marge de tolérance de plus ou moins 0.5 % volume. La valeur de tolérance pour la teneur en méthanol dans les eaux-de vie de fruits est de 10'000 mg/L (exprimé sur l'alcool pur). Cependant, cette valeur est adaptée spécifiquement à 12'000 mg/L pour certains fruits comme les mirabelles, les abricots, les pommes, les prunes, les quetsches ou à 13'500 mg/L dans le cas particulier des poires williams (Ordonnance sur les substances étrangères et les composants, OSEC au 15 avril 2010). L'OSEC a fixé une valeur de tolérance pour la somme des alcools supérieurs à 5'000 mg/L exprimé sur l'alcool pur. L'uréthane se trouve principalement dans les eaux-de-vie de fruits à noyau et cette substance fait l'objet d'une valeur limite fixée à 1'000 µg/kg. Produits analysés et résultats 44 types d'eaux-de vie de fruits, parmi lesquelles 10 se sont révélées non conformes (22.7 %) pour l'un ou l'autre des paramètres examinés. Tableau 1 : récapitulatif des non-conformités des différentes eaux-de-vie Non-conformité Ajouts d’arômes synthèse Teneur en alcool Teneur en alcool supérieurs Teneur en méthanol Uréthane Autre de Nombre d’échantillons 2 Remarques 5 5 dépassements de plus de 1% V/V d'alcool annoncé 1 1 3 1 (Teneur en propanol) 38'880 mg/L AA Certaines eaux-de-vie avaient plusieurs paramètres non-conformes. Les résultats obtenus au cours de cette campagne témoignent de la nécessité de poursuivre le contrôle de la mise sur le marché des boissons spiritueuses. Chapitre VI - Page : 16/20 ALCALOIDES PYRROLIZIDINIQUES Introduction Le thème des alcaloïdes pyrrolizidiniques (PAs) est connu depuis une centaine d'années. Ce sont des métabolites secondaires produits par plusieurs espèces de plantes souvent des mauvaises herbes. Leur ingestion peut provoquer de graves lésions du foie. L'intoxication peut se produire en consommant: > des céréales contaminées par des mauvaises herbes (essentiellement dans des zones de crises ou de famines par ex. Éthiopie, Afghanistan) > des préparations à base d'herbes et d'épices utilisées en médecine chinoise > du lait suite à la consommation d'herbes dans les pâturages par les animaux de rente > du miel, car les abeilles butinant du pollen et du nectar de plantes contenant des PAs peuvent ainsi le contaminer Nous nous sommes intéressés aux miels qui ont fait l'objet de nombreuses études et qui constituent vraisemblablement une source d'expositions majeure aux PAs. Bases légales Selon une recommandation de l'OFSP datant du 7 septembre 2010, le miel ne doit pas contenir plus de 50 µg/kg d'alcaloïdes pyrrolizidiniques à structure de 1,2 nécine insaturée (cf. figure 5). Figure 5: structure de base d'une nécine 1,2 insaturée toxique. Les PAs sont des esters de 3 sortes de nécine: rétronécine, otonécine et platynécine. Les PAs de type rétronecine et otonécine comportant des nécines bases insaturées sont fortement hépatotoxiques contrairement aux PAs de type platynécine comportant des nécines bases saturées plus faiblement hépatotoxiques. Produits analysés Les miels analysés, soit monofloraux (qui présentent le plus grand risque de contamination car il n'y a pas d'effet de dilution du pollen), soit multi-floraux, provenaient du monde entier. Étant donné la grande quantité de PAs existants (plus de 600 substances connues à ce jour), notre recherche a été ciblée sur les standards commercialement disponibles et représentatifs des PAs les plus couramment retrouvés dans les miels. Ces derniers sont présents dans des plantes mellifères telles qu'echium, senecio, eupatorium, bourrache, consoude, tussilage, crotalaire, etc. Les PAs oxydes sont également d'intérêts, car ils sont aussi carcinogéniques et génotoxiques. Chapitre VI - Page : 17/20 Les alcaloïdes recherchés dans cette campagne sont les suivants: la sénécionine, la sénécionine-oxyde, la senkirkine, la sénéciphylline, la monocrotaline, la lycopsamine, la lasiocarpine, la rétrorsine, l'échimidine et l'héliotrine. Résultats Au total, 49 échantillons ont été analysés pour leur teneur en PAs. Toutes les concentrations retrouvées étaient inférieures à la recommandation de l’OFSP de 50 µg/kg d'alcaloïdes pyrrolizidiniques totaux à structure de 1,2 nécine insaturée. Cependant, 17 d'entre eux contenaient une concentration en PAs supérieure à leur limite de quantification (cf. tableau 2). L'échimidine est l'alcaloïde pyrrolizidinique le plus souvent retrouvé: il est le composé principal de la vipérine ou echium vulgare, plante très mellifère et très commune en Europe et en Amérique (Centrale, Nord et Sud) Les 2 miels les plus fortement contaminés étaient: un miel provenant du Chili et Mexique avec 35.8 µg/kg d'échimidine et un second miel provenant d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud avec 25 µg/kg d'échimidine. Chapitre VI - Page : 18/20 Tableau 2 : concentrations des divers alcaloïdes mesurés dans les miels prélevés Provenance miel Amérique du Sud Amérique Nord et Sud Type Dénomination Rétrorsine (µg/kg) Echimidine (µg/kg) Fleurs n.d. n.d. n.d. 25 n.d. Fleurs Fleurs Tilleul Chênaie n.d. n.d. n.d. n.d. Espagne Fleurs d'oranger n.d. n.d. Espagne Espagne Lavande maritime Citronnier Aucune connue Chili Mexique Croatie Espagne Europe / Asie/ Amérique du Sud France France France France Italie Italie Suisse Fleurs Eucalyptus Eucalyptus Orange 35.8 1 4.4 1.6 6 n.d. n.d. 1.1 n.d. n.d. 6.2 1.9 n.d. 4.7 n.d. 5.5 n.d. n.d. 1.4 2.9 n.d. 2.1 1.8 Lycopsamin e (µg/kg) Sénécionine (µg/kg) 5.4 n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. 4.3 3.5 n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. 4.8 n.d. n.d. nd n.d. 4 n.d. n.d. n.d. 2.7 n.d. n.d. n.d. n.d. La senkirkine, la sénécionine-oxyde, la sénéciphylline, la monocrotaline, la lasiocarpine et l'héliotrine ont été décelées dans aucun des échantillons de miel analysés. COMPLEMENTS ALIMENTAIRES A BASE DE PLANTES Introduction La tendance enregistrée au cours des dernières années veut que l’on commercialise de plus en plus d’aliments spéciaux, comme des compléments alimentaires ou des aliments fonctionnels. En raison du lien de ces produits avec le domaine de la santé, les autorités de contrôle sont régulièrement confrontées à la question de la délimitation entre les denrées alimentaires, les aliments spéciaux, et les produits thérapeutiques. Cette délimitation et l’attribution respective d’un produit à l’une ou l’autre de ces catégories ont d’importantes conséquences (autorisation, fabrication, publicité, distribution, remise, surveillance, etc.). Les médicaments sont définis comme des produits d’origine chimique ou biologique destinés à agir médicalement sur l’organisme et servant notamment à prévenir ou à traiter des maladies, des blessures et des handicaps. Les denrées alimentaires (incluant les compléments alimentaires) sont des produits nutritifs destinés à la constitution et à l’entretien de l’organisme, Chapitre VI - Page : 19/20 Pour pouvoir être assimilé à un produit nutritif, celui-ci doit servir à approvisionner le corps en substances garantissant son développement ou son fonctionnement normal (apport en substances alimentaires servant à couvrir les besoins énergétiques et matériels de l’organisme humain et à préserver sa santé). Pour toutes denrées alimentaires ou aliments spéciaux, les indications relatives à des effets ou à des propriétés que la denrée alimentaire ne possède pas, d’après l’état des connaissances scientifiques, ou qui ne sont pas suffisamment établis de manière scientifique, sont interdites. De même, les mentions de toute nature, prêtant à une denrée alimentaire des propriétés favorisant la prévention, le traitement ou la guérison d’une maladie humaine, ou présentant cette denrée comme un produit amaigrissant, ou encore suggérant qu’elle possède des propriétés analogues sont proscrit. Les présentations de toute nature suggérant qu’une denrée alimentaire est un produit thérapeutique sont elles aussi interdites. Seules les mentions relatives à l’addition de substances essentielles ou physiologiquement nutritives utiles du point de vue de la santé publique sont admises. De plus en plus de fabricants ajoutent aux denrées alimentaires et aliments dits "fonctionnels" qu’ils produisent, des préparations végétales ou des plantes dont l’objectif est d’aider le consommateur à se sentir mieux. Cependant, la plupart de ces espèces végétales possèdent des vertus thérapeutiques. De ce fait, l’OFSP et Swissmedic ont élaboré une classification des préparations végétales pour le domaine alimentaire ou thérapeutique (médical) en fonction de leurs composants ainsi que des usages possibles qui en découlent. Points forts légaux A l’heure actuelle il n’existe pas en Suisse une ordonnance spécifique pour les compléments alimentaires. Ceux-ci sont régulés par l’ordonnance sur les denrées alimentaires et celle sur les aliments spéciaux. Les nouveaux aliments et aliments spéciaux qui ne sont pas définis dans une ordonnance spécifique sont soumis à une autorisation de l'OFSP. Aucun produit commercialisé en tant que denrée alimentaire ou denrée alimentaire spéciale ne peut faire mention de vertus curatives. Les produits prônant des propriétés curatives sont des médicaments et sont, de ce fait, soumis à une autorisation délivrée par Swissmedic. Des vitamines et sels minéraux peuvent être ajoutés aux denrées alimentaires dans les valeurs maximales autorisées. Ces produits peuvent être munis d'une revendication publicitaire conforme aux directives de l'OFSP relative aux recommandations de la Commission fédérale de l'alimentation. (CFA). Pour protéger la santé des consommateurs, la remise des vitamines en Suisse est régie par deux législations. La législation sur les denrées alimentaires réglemente les préparations de vitamines à basse concentration, classées parmi les compléments alimentaires, tandis que la loi sur les produits thérapeutiques régit les préparations vitaminées à haute concentration. Les plantes classifiées dans la catégorie des plantes actives selon Swissmedic ne peuvent pas entrer dans la composition des denrées alimentaires, préparation végétales ou compléments alimentaires sans autorisation préalable. Chapitre VI - Page : 20/20 Produits analysés et résultats Tout type de préparation à base de plantes vendue en tant que denrée alimentaire ou complément alimentaire. En tout ce sont 235 préparations à base de plantes qui ont été examinées et analysées. Le but visé et/ou l'étiquetage et/ou la composition de 192 produits n'étaient pas conformes avec les exigences du droit alimentaire. De nombreuses allégations de santé (dont de manière récurrente la mise en avant de vertus amincissantes, fortifiantes et anti-déprime) et des étiquetages ne correspondant pas à ceux d'un complément alimentaire étaient une source principale de non-conformité. Selon la classification des substances et préparations végétales en tant que médicaments ou denrées alimentaires de l'OFSP (Pflanzenliste Version 1.3), de nombreuses plantes comme l'aubépine (Crataegus L. spec.), la passiflore (Passiflora incarnata ), le gingko (Ginkgo biloba), la Griffe du diable (Harpagophytum procumbens), le frêne (Fraxinus excelsior), l'échinacée (Echinacea Moench spec.), le millepertuis (Hypericum perforatum) et la valériane (Valeriana officinalis) ont été identifiées dans la composition de produits commercialisés comme compléments alimentaires et correspondent à des plantes listées Swissmedic soumises à autorisation. De ce fait, toutes les préparations contenant une ou plusieurs de ces plantes ne peuvent être librement commercialisées en tant que denrées ou compléments alimentaires. Selon cette même classification, on y précise que des préparations à base de racine/rhizome d'igname (Discorea L. spec.) ou d'aloès (Aloe vera / Aloe ferox) ne peuvent pas être commercialisée sous forme de comprimés ou doses uniques. Dans le cas des divers échantillons à doses uniques à base d'Aloès, les teneurs mesurées correspondent à une consommation de 88 mg par jour d'aloïnes totaux pour une prise journalière maximum de 6 gélules de 290 mg. A titre indicatif, la teneur maximale autorisée dans les jus d'aloès est de 0.1 mg/L. Ces préparations sont donc également non-conformes. Le ginseng n'est admis dans les denrées alimentaires qu'en tant qu'aromatisant pour autant que la teneur en ginsénosides soit nettement inférieure à celles utilisées dans les produits phytothérapeutiques. L'utilisation recommandée de plusieurs échantillons analysés représente des prises quotidiennes allant de 2.8 à 30 mg de ginsénosides totaux par jour. Ces doses sont comparables, voire supérieures, aux dosages utilisés en phytothérapie. De ce fait ces produits doivent être enregistrés auprès de Swissmedic en tant que produits thérapeutiques. En conclusion, les allégations santé et l'utilisation de plantes thérapeutiques constituent la source majeure de non-conformité pour les produits à base de plantes vendus en tant que compléments alimentaires.