Kazakhstan Le guide business 2012 • • • • • Analyses et avis d’experts Témoignages d’entreprises Secteurs porteurs Environnement des affaires Informations pratiques SOMMAIRE LE MOCI Directeur Vincent Lalu RÉDACTION Rédactrice en chef Christine Gilguy (31) Rédactrice en chef adjointe chargée du site Lemoci.com Isabelle Verdier (27) Rédacteur en chef pôle logistique Gilles Naudy (+33 (0)1 49 70 12 06) Conseiller de la rédaction Georges Rambaldi Enquêtes et reportages Sylvette Figari, chef de rubrique (26) François Pargny, chef de rubrique (23) Jean-François Tournoud, chef de rubrique (21) Sophie Creusillet, rédactrice (30) Réalisation Madeleine Dorner, secrétaire de rédaction (38) Maquette Delphine Miot, rédactrice graphiste (37) Ont collaboré à ce numéro Régis Genté Pour joindre votre correspondant par téléphone, composez le (+33 (0)1 53 80 74 suivi des deux derniers chiffres du poste. Conception graphique amarena Impression Imprimerie de Champagne PUBLICITÉ Directrice de clientèle Karine Grossman (+33 (0)1 53 80 74 07) Antenne régionale sud Karine Rosset (+33 (0)4 26 84 57 87) Assistante commerciale et responsable technique Cindy Renaud (+33 (0)1 49 70 12 07) Fax de la publicité : +33 (0)1 49 70 12 69 GESTION, ADMINISTRATION Directeur délégué Pierre Bessière (+33 (0)1 53 80 74 01) Directrice du développement Delphine Chêne Directrice de la diffusion Victoria Irizar (+33 (0)1 49 70 12 48) Directeur de la fabrication Robin Loison Webmaster Pierre Lalu Comptabilité, gestion Évelyne Montecot, Valérie Perrin KAZAKHSTAN 3 Le guide business 2012 RÉTROSPECTIVE 6 1991-2011 : vingt ans de rattrapage économique INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS 7 La France passe devant les États-Unis ENTREPRISES 8 Ces Français qui réussissent au Kazakhstan • « Local content » Une demande d’assouplissement • CIS S’adapter pour gagner des appels d’offres • Protech « Nos clients, le top 1000 des Kazakhstanais les plus riches » • Danone et Lactalis Face à un secteur laitier à reconstruire RELATIONS BILATÉRALES 12 Le partenariat stratégique se concrétise • Trois questions à Jean-François Dathie SECTEURS PORTEURS 15 Innovation, diversification • Innovation industrielle Rôle clé des transferts de technologie • Bâtiment Besoin de matériaux de finition • Transport Entre la Chine et l’Europe, il y a le Kazakhstan • Pétrole Le moteur de l’économie kazakhstanaise • Agriculture Un énorme potentiel, mais... • Transport aérien En attendant une ligne directe FranceKazakhstan • Luxe Une forte demande à satisfaire • Défense La France en embuscade LES OPPORTUNITÉS EN PROVINCE 20 Oust-Kamenogorsk veut sortir de la mine TRAVAILLER AVEC LES KAZAKHSTANAIS 22 Décideurs • Entretien avec Aïdan Karibjanov RÉGLEMENTATION 24 Ce qu’il faut savoir pour s’implanter et exporter PRATIQUE 30 Contacts et manifestations Se rendre au Kazakhstan MOCI EVENEMENTS Chef de projet pôle Événement Benoît de Montmarin (+33 (0)1 49 70 12 73) Commission paritaire. Publication n° 0911 K 81051 ÉDITEUR Sedec SA 11 rue de Milan - 75009 Paris - France Téléphone : +33 (0)1 53 80 74 00 www.lemoci.com Directeur de la publication Vincent Lalu Roma - Fotolia.com L’adresse électronique des collaborateurs permanents est : pré[email protected] Copyright : toute reproduction, même partielle, des textes et documents parus dans le présent numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. Couverture : XXXX- Fotolia.fr POUR CONTACTER LA RÉDACTION 01 53 80 74 00 POUR VOUS ABONNER France : 0811 02 12 12 Étranger : +33 (0)1 49 70 12 56 [email protected] POUR JOINDRE LE SERVICE PUBLICITÉ +33 (0)1 49 70 12 07 POUR ACHETER DES OUVRAGES 0811 02 12 12 www.lemoci.com Kazakhstan Le guide business 2012 Le Kazakhstan fête cette année le 20e anniversaire de son indépendance. Une nouvelle occasion de se pencher sur les opportunités d’affaires et d’investissements qu’offre la république la plus prometteuse d’Asie centrale alors que Standard & Poors vient de rehausser sa note à BBB+. Comment aborder le marché ? Comment et dans quels secteurs investir ? Quelles sont les pratiques locales ? Reportages, témoignages, informations pratiques et avis d’experts rassemblés dans ce guide donnent les clés. Astana, la capitale depuis 1997, a été quasi construite ex nihilo au milieu de l’immense steppe kazakhe. Roma - Fotolia.com « Faire des affaires au Kazakhstan, c’est possible ! « Ce n’est pas un pays facile, comme tous ceux de l’ex-URSS, mais il est ouvert et veut se développer. Reste que, avant de s’y lancer, il faut faire davantage d’enquête [due diligence] qu’ailleurs. Mais, en quinze ans, je l’ai vu considérablement progresser », explique Michael Wilson, un avocat d’affaires installé à Almaty. Le Kazakhstan présente les avantages et les défauts d’un pays émergent, qui en 2011 devrait connaître une croissance de 6,5 %. Avec cette particularité qu'un vrai effort de diversification est entrepris. D’un côté, un dynamisme, nourri par une économie tirée par un sous-sol extrêmement riche (en pétrole notamment), quantité de chantiers en cours et à développer, des infrastructures soviétiques à refaire entièrement, un État qui s’invente tous les jours, à l’image d’Astana, sa nouvelle capitale (depuis 1997) quasi construite ex nihilo au milieu de l’immense steppe kazakhe. De l’autre, une bureaucratie encore lourde, la corruption qui pollue tous les secteurs, des fonctionnaires se mettant peu à peu au diapason du monde, un système juridique faible. En cet automne 2011, les milieux économiques du Kazakhstan ne parlaient que du pays qui vient de faire son entrée parmi les 50 meilleurs pays du monde pour faire des affaires, le classement « Doing Business » de la Banque mondiale, publié le 20 octobre 2011. Le Kazakhstan a gagné 11 places par rapport à 2010, pour se hisser au 47e rang. Il est loin devant la Rus- Le pays a gagné 11 places au classement Doing Business de la Banque mondiale LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 3 sie (120e). Il est même devant certains pays européens dans ce classement effectué à partir de critères comme la protection des investisseurs, le niveau des impôts, la rapi- dité pour enregistrer une société. Le président Noursoultan Nazarbaïev peut s’en féliciter : début 2010, il avait demandé au gouvernement de tout faire pour que le pays entre dans le top 50 dudit classement. Toutefois, la portée de ce dernier doit être nuancée car ce classement n’est établi qu’à partir des lois et règles ï STAN O Oskemen (Oust-Kamenogorsk) ASTANA Oral A DE N Seme Qaraghandy K TA A Atyraoũ E N N E S PI CA Chymkent I TA adoptées par les pays concernés, pas à partir de l’évaluation de leur application concrète. À cet égard, Timour Nazhanov, de l’Association indépendante des entrepreneurs du Kazakhstan, expliquait fin octobre au magazine économique Kursiv que les PME doivent toujours payer des dessousde-table aux bureaucrates. L’impôt sur les sociétés a bien baissé de 30 à 20 % en 2009… mais le bénéfice serait ainsi rogné par la corruption, Les autorités disent vouloir l’éradiquer, mais les résultats demeurent faibles. C’est là qu’il faut chercher une des raisons au côté si tatillon de l’administration locale. Cela dit, remettons les choses à leur place : très rares sont, dans ce pays, les cas de prédation sauvage visant des entreprises étrangères, 4 Almaty Taraz Atyraoũ Capitale de région Route principale Voie ferrée Aéroport, aérodrome Oléoduc Gazoduc CHIFFRES-CLÉS Population : 16,31 millions d’habitants Superficie : 2 724 900 km2 (9e pays au monde) Frontières : 12 185 km dont Russie 6 846 km ; Ouzbékistan 2 203 km ; Chine 1 533 km ; Kirghizistan 1 224 km ; Turkménistan 379 km Distances : Paris-Astana 4 753 km ; Aqtau-Astana 1 727 km ; Astana-Almaty 974 km Taux de croissance du PIB réel 2009 : 4 % ; 2010 : 7 % ; 2011 (p) : 6,5 % ; 2012 (p) : 5,5 % ; 2013 (p) : 5,8 % PIB par habitant : 8 764 dollars US en 2010 Taux de chômage : 5,7 % Infrastructures : réseau ferroviaire 15 082 km ; réseau routier 93 612 km Principales zones économiques spéciales Atyrau : Petrochemical Park Aktau : Marine Port Aktau Astana : Astana New City (construction) Burabay : (forêt, bois) Almaty : IT Park Shymkent : Ontustyk (textile) Sources : FMI, Banque mondiale LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 Chantrieux Qyzylorda AZ M RID A R M E Aqtaou Baïqongyr TA NA Taldyqorghan Mer d ’A r a l contrairement à ce qui se passe dans des pays voisins comme l’Ouzbékistan. Les manifestations de nationalisme économique de ces dernières années, qui ne concernent que de très gros chantiers, comme les gisements hydrocarbures de Kashagan ou Karachanak, sont en substance présentées par les autorités du pays comme une re-négociation de contrats signés dans un contexte où le Kazakhstan était encore faible politiquement et pas assez expérimenté pour défendre correctement ses intérêts. À cela, il faut ajouter une tradition bureaucratique lourde. L’économie a eu beau s’ouvrir, devenir libérale à bien des égards, elle n’en demeure pas moins dominée par l’État. Le holding d’État SamrukKazyna produit plus de la moitié du PNB du Kazakhstan. La route vers une organisation plus libérale est longue et on ne se refait pas en un clin d’œil. Le très dirigiste président Nazarbaïev, 71 ans, prototype de l’homme qui s’est fait en gravissant tous les échelons de l’ancien appareil soviétique, aime à fixer des objectifs de développement ambitieux au pays en s’appuyant sur d’importants programmes d’État. Mais, comme à l’époque soviétique, la mise en œuvre n’est pas toujours à la hauteur des objectifs, que par ailleurs ces programmes répondent ou non aux vrais besoins du pays et qu’ils soient réalistes ou non. Souvent, l’intention est bonne. Voire excellente, notamment lorsqu’il s’agit de diversifier l’économie. La richesse du Kazakhstan, c’est son sous-sol. Notamment le pétrole dont il est le 18e exportateur mondial. Il pourrait entrer dans le top 10 mondial d’ici une décennie. Mais, visionnaire, le chef de l’État, à la tête de son immense pays depuis 1989, a très tôt com- Le partenariat stratégique France-Kazakhstan porte ses fruits pris qu’il fallait diversifier cette économie qui, par ailleurs, souffrait d’avoir été cantonnée par Moscou au rôle peu glorieux et peu rémunérateur de fournisseur de matières premières, le Kazakhstan possédant toute la table de Mendeleïev dans ses entrailles. Là, par exemple, l’application des directives n’est pas toujours satisfaisante. Les grands organismes chargés de diversifier l’économie souffrent de l'affairisme de certains de leurs agents, comme nous l’a expliqué un homme d’affaires occidental familier des hautes sphères du business kazakhstanais. Il confirmait là des informations que plusieurs nous ont rapportées. Malgré tout, ce sont autant de secteurs et de niches à investir pour les entreprises étrangères. Une cinquantaine de sociétés françaises sont présentes au Kazakhstan. Et pas seulement celles issues du CAC 40. Même si le pays est encore pour la France davantage synonyme de grands contrats que de « success stories » pour nos PME. Astana est très gourmande en transferts de technologie française. « Ce qui compte, c’est le fait que la France apporte une technologie qui contribue à la diversification de notre économie, ce qui est notre priorité », explique Aïdan Karibjanov, le vice-président de Samruk-Kazyna. Le partenariat stratégique entre la France et le Kazakhstan, initié par le président Sarkozy lors de sa visite à Astana d’octobre 2009, porte ses fruits. La France a le vent en poupe au Kazakhstan. Certes, le pays est Ubifrance ouvre le 1er janvier 2012 un bureau à Almaty loin d’être parfait. Mais il semble petit à petit régler certains de ses problèmes. Toutefois, des difficultés resteront. Comme l’immensité de ce territoire, cinq fois la France, ce qui occasionne des surcoûts et demande souvent une organisation plus lourde. Le Kazakhstan est très loin, non seulement de la France, mais aussi de l’ensemble du monde, enclavé qu’il est au cœur du continent eurasiatique. Mais ces difficultés sont aussi des avantages en ce qu’il demande des technologies et savoir-faire spécifiques. Pour preuve, Alstom vient de s’installer dans le pays, le domaine des transports étant des plus prometteurs dans un pays à mi-chemin entre la Chine et l’Europe. Au plan sociopolitique, la question de la succession de M. Nazarbaïev est un sujet de conversation récurrent des hommes d’affaires, locaux comme étrangers, tant son régime a imprimé sa marque aux vingt premières années de cette république. « L’autoritarisme au Kazakhstan est consultatif, au sens où il n’existe pas de concurrence politique réelle mais ou les autorités souhaitent obtenir le soutien de la population, estime la politologue Marlène Laruelle. Mais cela ne suffit pas à garantir la stabilité. La mauvaise distribution de la rente pétrolière peut avoir un impact néfaste sur celle-ci. » Ce risque, s’il doit être pris en compte, ne doit pas être surestimé. Pour l’heure, les sociétés qui misent sur le Kazakhstan n’ont pas à s’en plaindre. Ubifrance ouvre le 1er janvier 2012 un bureau à Almaty, le principal centre économique du pays : les entreprises françaises, notamment les PME, devraient voir leurs démarches facilitées. Régis Genté, envoyé spécial LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 5 KAZAKHSTAN RÉTROSPECTIVE 1991-2011 Vingt ans de rattrapage économique La croissance économique du pays flirte avec les 10 % jusqu’en 2007. 6 Le Kazakhstan n’est pas encore indépendant que Noursoultan Nazarbaïev négocie avec les autorités et les pétroliers américains pour leur allouer le gisement pétrolier de Tengiz. Conscient que c’en est fini de l’URSS, il comprend d’instinct que cette indépendance ne sera réelle que si le pays valorise ses richesses avec l’aide d’entreprises occidentales. Les raisons sont géopolitiques, financières et technologiques. À force d'insister, Noursoultan Nazarbaïev obtient de rencontrer tard dans la nuit James Baker, le chef de la diplomatie américaine, très proche des milieux pétroliers de son pays, dans un grand hôtel de Moscou. Son opiniâtreté paie. Le 6 mai 1993, le Kazakhstan vend Tengiz pour 1 milliard de dollars à Mobil et à Chevron. La désormais ex-république soviétique ne prend que 25 % des parts du consortium. Ouverture au capital étranger et diplomatie qui s’appuie sur les richesses nationales pour neutraliser les grandes puissances les unes par les autres, dans le but de défendre l’indépendance du pays. La politique menée dans un secteur comme l’uranium suivra le même schéma, jusqu’à placer le Kazakhstan au premier rang mondial des producteurs. Il n’est même plus seulement question de céder ses gisements pour un bon prix. En échange d’une licence d’exploitation, Astana exige désormais de prendre des parts à tous les LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 R. Genté Pour aborder le Kazakhstan d’aujourd’hui, jeune République indépendante depuis décembre 1991, il faut prendre conscience d’où il vient. Retour sur quelques étapes clés d’une course au rattrapage économique qui se poursuit aujourd’hui. niveaux du cycle nucléaire. Terminé le temps où la république centrasiatique n’était qu’exportatrice de ses matières premières. Les premiers temps de l’indépendance sont chaotiques. Le pays avait sa place bien spécifique dans l’économie soviétique. Mais l’URSS n’existe plus, les chaînes industrielles sont rompues. En 1995, le PIB du Kazakhstan est 60 % plus bas qu’à la veille de l’indépendance. M. Nazarbaïev lance dans l’urgence des réformes établissant le marché libre, il privatise à tour de bras, en vendant beaucoup des gisements du pays à des entreprises étrangères, comme Mittal qui rachète l’énorme aciérie de Temirtau en 1995, assainit les fondamentaux macroéconomiques. Un « choc sans thérapie » diront certains. Au milieu des années 1990, l’entourage du président s’empare des postes clés : sécurité intérieure, médias, grandes entreprises, énergie, banque », explique le politologue Bayram Balci. Au tournant des années 2000, l'économie kazakhstanaise s'envole et connaît une croissance qui flirte avec les 10 % jusqu’à la crise financière, qui s’est invitée au Kazakhstan dès 2007. Mais le pays a le vent en poupe, notamment après la découverte des fabuleuses réserves de brut du gisement offshore de Kashagan. Depuis la fin des années 1990, le Kazakhstan est moins libéral. Changement de stratégie politique ? « Non, nous n’avons pas vraiment de politique économique propre. Depuis l’indépendance, ce n’est qu’une politique d’opportunisme, qui explique aussi le nationalisme économique de ces dernières années », estime l’économiste Kanat Berentaïev. Quoi qu’il en soit, cette approche plus interventionniste s’accompagne d’une volonté réelle de diversifier l’économie et de créer un solide tissu industriel national, quelque peu freinée par la corruption et la bureaucratie. INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS La France passe devant les États-Unis R. Genté En dix ans, les investissements directs étrangers (IDE) au Kazakhstan ont explosé. Une envolée dont profitent les entreprises françaises. Le Kazakhstan est un pays boulimique de projets. Rassurés par la stabilité politique du pays et appâtés par sa situation géographique, les investisseurs ont parié sur le Kazakhstan. En 1993, trois ans après son indépendance, le Kazakhstan n’attirait que 1,27 milliard de dollars, selon la Banque nationale du Kazakhstan. En 2010, le flux d’IDE a atteint 18,07 milliards de dollars US. Soit 14 fois plus. Largement en tête, les Pays-Bas ont investi l’an dernier 5,65 milliards de dollars dans le pays, soit presque un tiers du total des IDE. Ils sont suivis par la France (1,53 milliard de dollars) qui est passée en 2010 devant les États-Unis (1,4 milliard). Viennent ensuite le Royaume-Uni (1,02 milliard), la Chine (89 millions de dollars)… et un paradis fiscal : les Îles Vierges britanniques. En septième position, le voisin russe gagne une place par rapport à 2009 avec 615,3 millions de dollars, devant trois pays qui se tiennent dans un mouchoir de poche : le Japon (614,5 millions de dollars), l’Italie (612,2 millions) et la Suisse (478,9 millions). La répartition des IDE montre un fort tropisme pour les hydrocarbures et le secteur minier. Le richissime sous-sol kazakhstanais a attiré en 2010 plus de 4 milliards de dollars d’investissements. Mais les secteurs qui totalisent le plus d’IDE sont l’immobilier et les services aux entreprises. Immobilier, location d’équipements, sociétés de support informatique, entreprises de R&D, de prospection géologique ou de comptabilité, ont drainé 8,8 milliards de dollars US. Les industries de transformation, que le gouvernement kazakhstanais souhaite développer, ont quant à elles attiré plus de 2 milliards de dollars. Le commerce (de gros ou de détail), la construction, le transport et la logistique, les services financiers, l’agriculture et l’innovation ont chacun totalisé moins de 10 % voire moins de 5 % des IDE réalisés au Kazakhstan. C’est dire le potentiel de développement de ces secteurs. Sophie Creusillet Les investisseurs, rassurés par la stabilité politique du pays, ont parié sur le Kazakhstan. Une cinquantaine d’implantations Une cinquantaine d’entreprises françaises sont implantées au Kazakhstan. Voici les principales : Énergie : CGG Veritas, FMC Munai Systems, FMC Technologies, GDF Suez, AMEC SPIE, Areva, Schlumberger, Synergy Resources, Total. Minerais : BRGM, Aubert & Duval. Électricité et électronique : Alcatel Lucent, Legrand, Lemont/ Actaris SAS, Nexans, Schneider Electric, Gemalto, MGE Office Protection Systems, Thales. Transport : Alstom, KLM, Renault Trucks. Logistique : Daher, Mory, Gefco. Services aux entreprises : Bureau Veritas, Cifal, Dories, Sodexo, CEIS. Banques : Calyon, Natixis, Prosto Credit, Société Générale. Tourisme et restauration : Aden, CAC (Central Asia Catering-CIS), CGTT Voyages, Evolution Voyages. Matériaux de construction : Vicat, Saint-Gobain Isover. Agroalimentaire : Danone, Pernod Ricard, Royal Canin, Soufflet (malterie), Lactalis. Pharmacie et cosmétiques : Beaufour Ipsen, L’Oréal, Laboratoire Innotech, Laboratoires Servier, Sanofi-Aventis. Aéronautique, spatial : EADS Astrium et Eurocopter. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 7 KAZAKHSTAN ENTREPRISES Ces Français qui réussissent au Kazakhstan Les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au Kazakhstan. À côté des grands groupes qui s’y sont implantés à la faveur de grands contrats, des PME et des entrepreneurs y développent leurs affaires, en dépit de règles contraignantes comme celle du « local content », le « contenu local ». Comment fontelles ? Enquêtes et témoignages. R. Genté « Local content » Une demande d’assouplissement Le Centre de formation aux métiers de l’électricité, à Almaty, dont Schneider Electric est le partenaire industriel. 8 La loi kazakhstanaise oblige les sociétés étrangères à acheter des biens et à employer localement. Une excellente façon de soutenir le développement d’un tissu industriel national… mais l’application s’avère souvent difficile. Le 4 novembre 2011, à Astana, Eric Besson soulevait la question « des dérogations nécessaires à la législation du Kazakhstan en matière de recrutement de maind’œuvre étrangère spécifique. » Et ce n’est rien moins qu’avec le Premier ministre, Karim Massimov, que notre ministre de l’Industrie abordait le problème. Certes, il le faisait à propos du gisement pétrolier géant de Kashagan, dont Total LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 préside la société opératrice. Mais cela n’en prouve pas moins combien le « contenu local » est un vrai sujet, perçu comme handicapant pour les entreprises étrangères œuvrant au Kazakhstan. Le 1er janvier prochain, Astana prévoit d’accroître encore les taux de « contenu local. » « Notre plan est d’avoir 90 % de contenu local dans les services d’ici à 2015 », explique Yerlan Kylbaïev, directeur de département à l’Agence nationale du développement du contenu local (Nadloc). Un « contenu local » qui n’est « pas applicable à un contrat signé entre entreprises privées, mais seulement avec un organisme public, une entreprise d’État, et pour le secteur de l’exploitation du soussol », précise le fonctionnaire. Cette loi est bonne sur le principe, reconnaissent les hommes d’affaires étrangers. Surtout en cette année de révoltes arabes, où les logiques rentières ont montré leur dangerosité dans les États pétroliers du Moyen-Orient qui n’ont pas utilisé leurs pétrodollars pour développer un tissu industriel et créer de l’emploi. Le problème, au Kazakhstan, est l’application de cette loi qui exige des taux de « contenu local » trop élevés compte tenu des capacités actuelles du pays. « En ce qui concerne l’embauche de cadres, on ne peut pas respecter la loi sans mettre en danger nos opérations. Ce pays manque d’ingénieurs. Cela tient à la mauvaise qualité de la formation, mais aussi au très grand nombre de projets en cours », explique un cadre d’une entreprise minière occidentale. Du coup, en 2011, des entreprises françaises se sont investies dans la formation et la recherche pour respecter la loi sur le « contenu local » : Total avec un projet d’institut de soudure, Schneider Electric comme partenaire industriel d’un centre des métiers de l’électricité, Lactalis et Areva pour former leurs cadres. Le législateur kazakhstanais travaille à une loi sur le calcul du « contenu local » applicable à tel ou tel secteur. « Il faudrait que cette loi ne s’inspire pas que des industries extractives, mais tienne compte des fondamentaux des autres secteurs. Nous avons une activité d’intégrateur. Pour nous, la maintenance et la formation sont capitales », témoigne Silvère Delaunay, directeur d’EADS Kazakhstan. En attendant, il faut s’adapter. R. G. CIS S’adapter pour gagner des appels d’offres CIS gère 18 contrats avec des sociétés chinoises, russes ou kazakhstanaises. D.R. En 18 ans d’expérience sur les chantiers pétroliers et miniers du Kazakhstan, la société de catering marseillaise CateringInternational & Services (CIS) a appris à évoluer dans ce pays en mutation permanente. Elle y prévoit 37 % d'augmentation du chiffre d’affaires en 2012. « Ce pays avance tellement vite depuis quelques années qu’il faut en permanence savoir s’adapter », raconte Rémy Guth, le directeur de CAC, filiale au Kazakhstan de CIS. Et ce pionnier de la société marseillaise en Asie centrale de préciser que le succès réside dans la rapidité de l’adaptation aux évolutions du pays. C’est ainsi que CIS a eu jusqu’à 1 200 employés et gère 18 contrats, avec des sociétés chinoises, russes ou kazakhstanaises. En 2009, CIS crée sa filiale 100 % kazakhstanaise pour répondre au nouvel impératif de « contenu local » requis par la loi du pays. « Elle nous permet de maximiser les notes que nous obtenons dans les appels d’offres. Si vous remplissez les critères du « contenu local », le prix que vous proposez est minoré de 20 % », explique Saman Hamidi, directeur Asie centrale de CIS. Tout le dispositif au Kazakhstan de CIS témoigne de cet impératif d’adaptation. « Nous y avons quatre bureaux, en raison de l’immensité du pays, mais aussi des lourdeurs administratives, affirme M. Hamidi. Il nous faut remplir plusieurs fois les mêmes imprimés pour le service des impôts, la sécurité sociale, les retraites, etc. C’est très lourd. J’ai une équipe complète pour gérer ces affaires », déplore-t-il. Grand comme cinq fois la France mais seulement peuplé de 15 millions d’habitants, le pays impose des contraintes qui lui sont propres. « Lorsque je choisis un fournisseur, je vérifie d’abord sa capacité à livrer quelles que soient les températures et aussi loin que se trouve notre site », explique Rémy Guth. Les choses s’améliorent. « Tout le monde passe aux normes ISO, cela facilite notre travail », constate M. Hamidi. Du coup, CAC vient d’adopter un business plan prévoyant une augmentation de 37 % de son chiffre d’affaires en 2012. R. G. Protech « Nos clients, le top 1 000 des Kazakhstanais les plus riches » 2 000 dollars US pour faire protéger la peinture de sa voiture de luxe, ça marche au Kazakhstan. En janvier 2010, trois jeunes entrepreneurs, deux Français et un Kazakhstanais, lançaient Protech, à Almaty. C’est bien parti et le trio multiplie les idées pour explorer cette niche du luxe jusqu’au bout. Des traitements et soins esthétiques pour les voitures de luxe, c’est un vrai marché au Kazakhstan. Rien qu’à Almaty, la capitale économique du pays, 160 Bentley circulent dans le réseau de rues en damier, dessiné à l’époque sovié- tique, cinq Bugatti Veyron, une quinzaine de McLaren SLR et de Maybach sans parler des Porsche et autres Lexus qu’on ne compte plus. « Les gens qui achètent ce genre de voitures des centaines de milliers d’euros n’hésitent pas à ajouter 2 000 dollars pour un service qui rendra leur véhicule brillant comme un bijou. Ils disent oui tout de suite », explique Stéphane Onimus, 35 ans, un des trois patrons de « Le Rocher », qui a repris la licence de Protech, société monégasque. En janvier 2010, il lançait Protech à Almaty avec Alexandre Houdebine et Eldos Daulet, un jeune Kazakhstanais parfaitement francophone. « Nous avons créé la société en octobre 2009. En trois semaines, assisté d’un notaire spécialisé, elle était enregistrée. Cela a été facile », raconte Stéphane Onimus. Après une longue expérience commerciale à Dubaï, Stéphane décide de s’installer au Kazakhstan en 2008. Il monte deux petites sociétés d’import mais se concentre surtout sur le projet Protech « qui demandait à être très bien ficelé. » Mais la niche haut de gamme est LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 9 KAZAKHSTAN D.R. Protech a démarré en septembre une activité de pose de films protecteurs pour carrosserie. Et d’autres projets sont dans les cartons… là et les concurrents directs quasi inexistants. « Nous avons fait une étude de marché, passé des accords avec les distributeurs des grandes marques en leur disant qu’avec nous ils allaient offrir un service en plus à leurs clients et donc encore améliorer leur marge, sans rien avoir à investir. » Dans le showroom de Land Rover, sur l’avenue Suyumbai à Almaty, un discret présentoir noir est disposé près des véhicules. Chaque matin, une équipe de « Le Rocher » passe bichonner les 4x4 à la peau de chamois. « Nous n’avons presque rien investi dans les locaux puisque nous travaillons chez les concessionnaires pour être au plus proches des clients finaux. Soit ils ont station de lavage, soit nous utilisons un produit de nettoyage écologique sans eau, avant de procéder au traitement Protech », explique Stéphane Onimus. Il a fallu environ 85 000 euros d’investissement de démarrage pour obtenir la franchise, acheter les produits et les équipements. « Nous limitons pour l’instant nos frais de fonctionnement en travaillant directement chez nos partenaires concessionnaires en attendant de monter notre propre centre », ajoute-t-il. La société est en phase de démarrage, mais tout annonce un avenir radieux. Le trio a démarré en septembre dernier son activité film avec la marque Sunprotech : films « teintage » de vitres, de protection pour carrosserie, antirayures, décoratifs… D’autres projets sont dans les cartons, comme le lavage dans les hôtels de luxe… et pourquoi pas le marché des jets privés des oligarques kazakhstanais ? « Mais il nous faut encore gagner en expérience », estime Stéphane Onimus. R. G. Danone et Lactalis Face à un secteur laitier à reconstruire Le secteur des produits laitiers n’est pas le plus facile au Kazakhstan. Danone et Lactalis en savent quelque chose. Tout est à faire. C’est de l’amont à l’aval que les difficultés s’accumulent. « Notre plus gros problème, c’est l’approvisionnement en lait. Il en manque dans le pays », explique David Manzini, 10 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 le directeur de Danone en Asie centrale et dans le Caucase. Résultat, la petite usine d’Almaty, ouverte il y a un an, prévue pour 15 000 t/an, principalement de yaourts et de produits comme Activia ou Rastichka, ne tourne qu’à 35 % de ses capacités. N’ayant jamais été véritablement restructurée depuis la chute de l’URSS, la production de lait au Kazakhstan souffre de tous les maux. La saisonnalité varie de un à six au cours de l’année. La productivité est faible : 2 500 litres par an et par vache, soit deux trois fois moins qu’en Europe. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous. La collecte du lait est laborieuse tant les producteurs sont éparpillés sur l’im- mense territoire kazakh. Lactalis va parfois chercher son lait jusqu’à 600 km. « Ouvrir une ferme serait probablement une solution. Nous sommes en cours d'étude pour le développement d'un projet », affirme David Manzini. Pour Danone Berkut, la filiale locale du groupe, il faudra également encourager le support des petits producteurs de lait avec un système de coopératives, car ils sont très dépendants de négociants locaux. Ce moyen permettrait plus facilement d’octroyer des microcrédits qui aideraient les fermiers, parfois n’ayant que quelques vaches, à améliorer quantité et qualité de leur production. Côté marché, là aussi il s’agit de structurer. « Il nous faut encore expliquer au consommateur kazakhstanais que, pour sa santé, il doit manger de bons produits laitiers », explique M. Manzini. Le directeur de Danone Berkut a par exemple proposé voilà trois mois au gouvernement de faire un programme d’éducation alimentaire sur les produits laitiers, du type de celui de la Commission nationale interprofessionnelle laitière en France (« les produits laitiers sont vos amis pour la vie… »). Pas de réponse pour le moment. Actuellement, pour des raisons de logistique et de prix, le marché est tenu à 45 % par des sociétés vendant des yaourts UHT, moins chers que les yaourts « vivants. » Avec une inflation de plus de 7 % en 2011, notamment sur le panier de la ménagère, Danone a choisi de baisser ses prix de 17 à 20 % pour les placer à environ 10 % au-dessus de ceux des yaourts UHT. R. G. D.R. Le marketing des produits laitiers reste à faire au Kazakhstan. Corruption Du mieux, mais le fléau persiste « Je ne connais pas de sociétés qui aient fermé à cause de la corruption, mais j’en connais que cela a dissuadé de venir », nous explique un expatrié occidental qui travaille au Kazakhstan depuis dix ans. « C’est épuisant. Un coup c’est la douane, un autre l’inspection du travail, les services hygiéniques, quelqu’un qui vous explique que contre un dessous-de-table vous pourrez reconcourir dans un appel d’offres perdu… À chaque fois, on voit bien que ce n’est pas le respect de la loi qui les amène », poursuit-il. Rares sont les hommes d’affaires étrangers que nous avons interrogés qui n’ont pas eu affaire à la corruption. Certes, les choses s’améliorent. « Entre 1993, quand je suis arrivé, et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit », constate Marc Bassot, vétéran français de la république centrasiatique. Depuis quelques années, le gouvernement mène une lutte contre la corruption qui a conduit à l’arrestation de milliers de fonctionnaires. « C’est une vraie campagne de lutte. Des gens sont arrêtés, ce qui est nouveau. Avant, les corrompus n’écopaient que d’amendes. Malgré tout, la corruption ne diminue pas », estime Sergueï Zlotnikov, directeur Kazakhstan de Transparency International. Manque de volonté politique au plus haut niveau ? C’est ce que tend à prouver l’exemple d’une autre ancienne république soviétique, la Géorgie, qui a véritablement éradiqué la corruption depuis 2003. R. G. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 11 KAZAKHSTAN RELATIONS BILATÉRALES Le partenariat stratégique se concrétise Le 6 octobre 2009, le Président Sarkozy se rendait à Astana et érigeait le Kazakhstan en « partenaire stratégique » de la France. Mais qu’en pensait le Kazakhstan ? Deux ans après l’offre française, il semble que la France devienne aussi un véritable partenaire stratégique du Kazakhstan. R. Genté Éric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, et Jean-Charles Berthonnet, l’ambassadeur de France au Kazakhstan, début novembre à Astana. Lorsque le 6 octobre 2009, à Astana, Nicolas Sarkozy fait du Kazakhstan un « partenaire stratégique » de la France, cela n’engage que lui. Pas son homologue, Noursoultan Nazarbaïev. D’autant que ce dernier mène des plus habilement une politique étrangère multi-vectorielle, conduite à coups de signatures soigneusement accordées pour faire fructifier les énormes réserves de pétrole et de minerais du pays. La république d’Asie centrale, tout à son émergence, ne compte alors déjà plus les « partenaires stratégiques » ou ce qui y ressemble : Russie, Etats-Unis, Chine, Allemagne, Japon, Corée du Sud... Toutefois, deux ans après la visite de M. Sarkozy, il semble bien que la réciprocité stratégique soit là. Un indice ? En Europe, c’est la 12 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 France et l’Allemagne que le holding d’Etat Samruk-Kazyna a choisies comme cibles privilégiées pour y chercher des partenaires pour ses projets. La liaison « stratégique » possède même comme une manifestation institutionnelle avec l’existence d’un Conseil franco-kazakhstanais des affaires, co-présidé par Yves-Louis Darricarrère, le n° 2 de Total, et Aïdan Karibjanov, le vice-président de Samruk-Kazyna. Pour ce dernier, « ce qui compte, c’est le fait que la France apporte une technologie qui contribue à la diversification de notre économie, ce qui est notre priorité. La plupart des entreprises américaines présentes au Kazakhstan sont dans le pétrole, du point de vue technologique la Russie n’est pas une option, de même que la Chine, outre des questions géopolitiques. Quant à la France, regardez la liste des entreprises qui travaillent au Kazakhstan. Ce sont des leaders dans leur domaine, pas seulement dans les hydrocarbures », expliquet-il en un excellent français. « C’est bien pour cela que nous sommes là, en nous inscrivant pleinement dans la stratégie de fond du Kazakhstan de développement des industries non-extractives », renchérit Silvère Delaunay, directeur général d’EADS Kazakhstan, dont les contrats dans les domaines de l’espace, de la sécurité civile ou de la défense sont basés sur le transfert de technologie et de savoirfaire. Résultat : « Le partenariat stratégique se porte bien. L’étendard français n’est pas porté que par Total et Areva, mais aussi, depuis un an ou deux, par Alstom, EADS ou Thales. Les Kazakhstanais apprécient que la France les aide à moderniser leur pays », affirme Jean-Charles Berthonnet, l’ambassadeur de France au Kazakhstan. « La France est devenu le 4e pays investisseur au Kazakhstan », de 5e qu’elle était en 2009, comme s’en félicitait Eric Besson début novembre dernier, à Astana. Le ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique illustrait par sa présence combien le dialogue est soutenu depuis deux ans entre membres des gouvernements français et kazakhstanais. Sans parler des deux chefs d’Etat qui se sont rencontrés à quatre reprises dans le même laps de temps. « C’est un signe qui ne trompe pas », estime M. Berthonnet. « En outre, ce partenariat traite de sujets majeurs », nous précisait Eric Besson. Les sociétés françaises œuvrant dans le domaine de le défense traitent avec Astana. La présence française dans un secteur aussi clé que le transport, compte tenu de l’immensité du pays, contribue aussi à renforcer le caractère stratégique de ce partenariat. Ainsi, Alstom va-t-il produire des locomotives électriques avec le groupe russe TransMashHolding et les chemins de fer kazakhstanais. Même si la France tente de s’impliquer pleinement dans la diversification industrielle kazakhstanaise, le domaine de l’énergie n’est pas négligé pour autant. Total a le vent en poupe et lorgne sur de nouveaux gisements, outre les 16,81 % qu’il détient sur le champ offshore géant de Kashagan et les 17 % du champ de gaz à condensats de Khvalynskoye (dont GDF-Suez a acquis 8% des parts). Quant à Areva, il signait avec Kazatomprom, la société nucléaire nationale du Kazakhstan, à l’occasion de la visite de M. Besson, un accord pour la création d’une usine de fabrication de combustible nucléaire dédiée au marché asiatique. Il prévoit « l’exploitation conjointe des mines d’uranium pour la production de 4 000 tonnes par an entre 2012 et 2039, et une coopération élargie sur l’ensemble du cycle amont du combustible ». Dans la foulée, le ministre installait le comité de pilotage d’un laboratoire franco-kazakhstanais sur les terres rares, hautement stratégiques depuis que la Chine a décidé de restreindre ses exportations. Pékin produisait jusqu’à présent 97 % desdites terres. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et des industriels français (Areva, Rhodia et Eramet) vont tenter d’apporter leur expertise scientifique pour évaluer les réserves kazakhstanaises et générer de nouveaux projets industriels. R. G. L’association Cercles français d’affaires au Kazakhstan tisse des liens française. Total, EADS, Natixis ou Cifal sont représentés. L’ambassade de France aussi, en la personne de l’ambassadeur et du chef de la mission économique. Chaque mois, l’ACFAK organise un déjeuner ou un dîner. « Une fois sur trois, cela se passe à Astana, la capitale politique. Sinon, c’est à Almaty, la capitale des affaires », raconte JeanMichel Meunier. Tout ce petit monde poursuit la discussion à table. On y décrypte à plusieurs l’actualité politique ou économique kazakhstanaise, évoque tel ou tel projet d’une de nos entreprises, annonce l’ouverture d’une école française ou la prochaine visite du ministre Eric Besson… « À hauteur de nos moyens, nous tentons aussi d’organiser des visites sur des sites industriels du pays. Par ailleurs, nous pouvons héberger une entreprise, lui fournir bureau, téléphone et secrétariat, répondre aux questions des entreprises intéressées par le Kazakhstan en les mettant en relation avec nos membres et nos contacts », explique JeanMichel Meunier. Services également ouverts aux associations et chambres de commerces françaises, pour 500 euros de cotisation annuelle. Pour tout renseignement, l’ACFAK a son site web : www.france.kz. R. G. L’association propose des services de mise en relation notamment. R. Genté Créée en octobre 2010, l’association Cercles français d’affaires au Kazakhstan (ACFAK) joue à plein son rôle de développement et de maintien du « lien avec la communauté d’affaires de la France et des cercles francophone et francophile d’une part, et celle du Kazakhstan d’autre part ». Une trentaine de membres composent l’association. « L’essentiel de la communauté d’affaires française », affirme Jean-Michel Meunier, le président de l’ACFAK, par ailleurs représentant au Kazakhstan de la Société Générale. 11 heures, mercredi 2 novembre 2010, Astana… une quinzaine d’hommes d’affaires français ou travaillant pour des sociétés de l’Hexagone assistent à une présentation sur le blé au Regine’s, branche kazakhstanaise du club de la chanteuse LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 13 KAZAKHSTAN Trois questions à Jean-François Dathie D.R. « Un partenaire local n’est pas obligatoire… mais souvent recommandé » Jean-François Dathie est chef du Service économique pour l’Asie centrale, basé à Astana. LE MOCI. Quelles sont les difficultés propres aux PME étrangères au Kazakhstan ? Jean-François Dathie. Malgré un potentiel considérable et une intensification des relations économiques bilatérales, le Kazakhstan reste avant tout un pays de grands contrats, dans des secteurs comme l’énergie, les minerais ou les transports. Les PME françaises implantées au Kazakhstan sont souvent arrivées dans le sillage de grands groupes. Elles restent encore très minoritaires par rapport à leurs concurrentes allemandes ou italiennes. Les investisseurs étrangers souhaitant pénétrer le marché kazakhstanais sont souvent confrontés à une barrière linguistique. Au niveau des relations avec l’administration, certaines lourdeurs administratives persistent et compliquent les démarches à effectuer. Une des difficultés nouvelles est aussi l’exigence croissante des autorités kazakhstanaises en matière de quotas de main-d’œuvre locale, qui vont passer à 90 % pour la majorité des catégories salariales au 1er janvier 2012. Heureusement, les PME bénéficieront d’une dérogation jusqu’en 2015. Enfin, il y a l’absence de liaison aérienne directe entre Paris et le Kazakhstan. C’est un frein à la venue des PME. LE M OCI . Est-il recommandé aux PME étrangères d’avoir un partenaire local ? J.-F. D. Cette question est sensible pour les grands groupes industriels alors que les autorités kazakhstanaises exigent plus en matière de 14 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 transfert de technologies et de développement du tissu industriel national. En revanche, pour les PME étrangères qui arrivent au Kazakhstan, un partenaire local n’est pas obligatoire… mais souvent recommandé. Il permet de faciliter les contacts avec l’administration, de mieux comprendre la législation et la réglementation locales. Avant de signer tout accord, il convient de vérifier la notoriété d’un partenaire en recoupant des informations provenant de cabinets juridiques, des banques d’affaires, etc. LE MOCI. Qu’est-ce que le Service économique fait et peut faire pour aider les PME à appréhender le Kazakhstan ? J.-F. D. La recherche d’un partenaire local peut s’effectuer sur place via la participation à des salons professionnels et en demandant l’appui du Service économique. À partir du 1er janvier 2012, un bureau Ubifrance démarrera ses activités à Almaty pour accompagner les PME au Kazakhstan. Organisations de missions individuelles, participation aux pavillons français sur les salons professionnels, études de marché, recherche de partenaires… Dans ses relations avec les entreprises, le Service économique d’Astana a plutôt pour vocation d’apporter son soutien dans le cadre des grands contrats ou des relations institutionnelles. Il est notamment la cheville ouvrière des réunions de coopération économique bilatérale, telles que la commission mixte ou le Conseil des affaires franco-kazakhstanais. Propos recueillis par R. G. SECTEURS PORTEURS Innovation, diversification Le mot d’ordre du Kazakhstan est à la diversification. Parmi les secteurs porteurs pour les savoir-faire français en 2012, l’innovation industrielle, mais aussi les matériaux de construction, l’agriculture, le luxe, les transports, et toujours, le secteur pétrolier, première source de richesse du pays. Revue de détail. Innovation industrielle Rôle clé des transferts de technologies ne plaisait visiblement guère aux entreprises : deux ou trois par an seulement faisaient appel au NIF. « Souvent, les entrepreneurs ne veulent pas avoir à faire avec l’État et la bureaucratie. Ils ne veulent pas attendre longtemps que l’argent vienne, que la police financière débarque chez eux ou que nous suivions leur projet », admet Rassoul Rakhimov, un des directeurs exécutifs du NIF. Résultat : le fonds sera bientôt transformé en Agence nationale pour le développement des technologies. « Nous continuerons à financer des projets, mais nous serons davantage un think tank du gouvernement, pour concevoir la stratégie nationale en la matière ou identifier les technologies à cibler », explique le jeune fonctionnaire. Pour l’heure, ce sont surtout les transferts de technologies étrangères qui poussent l’innovation au Kazakhstan. C’est le cas avec le Centre franco-kazakhstanais de transfert de technologies, créé en 2010, porté côté français par CEIS (Compagnie européenne d’intelligence stratégique), qui détient 49 % des parts. En novembre dernier, un premier contrat était signé dans ce cadre pour l’achat de panneaux solaires photovoltaïques. Un projet qui a bénéficié du soutien financier du gouvernement français. Ce contexte a conduit une entreprise comme EADS à intégrer, dans son approche, la stratégie kazakhstanaise de développement. « Nous nous inscrivons complètement dans une philosophie d’accompagnement du développement et de la diversification de l’économie du pays », affirme Silvère Delaunay, directeur Kazakhstan d’EADS. « C’est pourquoi nous sommes présents en tant que partenaire stratégique aussi bien dans l’aéronautique, l’espace, les images satellites pouvant par exemple être des plus utiles pour l’agriculture, ou la défense-sécurité », poursuit-il. R. G. Le Kazakhstan est encore un marché d’importation, mais il pousse aux investissements. Les 10 principaux produits d’importation du Kazakhstan en 2010 ÉQU I PE M E NTS MÉCAN IQU ES 18,02 -15,25 % MATÉR I E L ÉLÉCTR IQU E 10,48 +16,78 % HYDROCAR B U R ES 9,91 -10,73 % OUVRAG ES E N FE R, FONTE OU ACI E R 7,42 -59,49 % VÉH ICU LES 4,31 -29,63 % PRODU ITS PHAR MACE UTIQU ES 3,85 +28,96 % MATIÈR ES PLASTIQU ES 3,28 +7,28 % APPAR E I LS D’OPTIQU E 3,16 +30,32 % VÉH ICU LES ET MATÉR I E LS FE R ROVIAI R ES 2,83 +26,82 % Évolution 2009/2010 des importations kazakhstanaises, en pourcentage Part de marché, en pourcentage MOBILER 2,68 +40,96 % 500 0 1000 1500 2000 Montant des importations en millions d’euros 2500 3000 Source : GTA-GTIS Le transfert de technologie est sans doute une des clés pour s’installer durablement au Kazakhstan. Le pays ne jure plus que par l’innovation. Le Président ne manque pas une occasion d’insister sur ce point, après avoir lancé la Stratégie pour le développement industriel et l’innovation 2003-2015. En réalité, les projets gouvernementaux ont de la peine à démarrer. Certes, on ne crée pas un secteur en un jour. En 2007, fasciné par les succès de Singapour ou de la Malaisie dans les hautes technologies, le président Nazarbaïev inaugurait le parc technologique Alataou, à Almaty, dédié aux technologies de l’information. Un échec pour le moment. « Tout le monde ne parle que d’innovations technologiques. Mais c’est surtout déclaratif », estime un homme d’affaires européen qui suit ces questions. L’aspect étatique et bureaucratique du dispositif a contribué à refroidir les candidats. Un des principaux instruments du dispositif kazakhstanais pour encourager l’innovation industrielle est le Fonds national d’innovation (NIF). Créé en 2003, il a pour principale mission de soutenir financièrement des projets prometteurs. Il le faisait contre l’acquisition du brevet jusqu’en 2009, en prenant des parts dans les entreprises qui le sollicitaient. Mais cela 3500 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 15 KAZAKHSTAN Bâtiment Besoin de matériaux de finition R. Genté Le contraste est grand entre l’extérieur et l’intérieur des édifices qui poussent comme des champignons dans la capitale kazakhstanaise, Astana. Vu de l’extérieur, on se laisse impressionner par la modernité des architectures, par les édifices de verre des plus modernes, parfois audacieuses. D’autant que cet extérieur semble bien vieillir, malgré les écarts de température que connaît cette région située au cœur du continent L’extérieur des bâtiments semble bien vieillir, mais la qualité intérieure laisse à désirer. Transport Entre la Chine et l’Europe, il y a le Kazakhstan R. Genté Sultan Zhassybay, directeur général de Gefco Kazakhstan. Le projet de route Chine de l’Ouest - Europe de l’Ouest est la colonne vertébrale des ambitions du Kazakhstan en matière de transport. C’est dans ce cadre qu’Alstom vient de s’installer dans l’immense république. De la très dynamique Chine occidentale, le Sinkiang, à l’Europe, cela prend 45 jours pour se faire livrer par voie maritime, 14 si l’on passe par le Transsibérien russe (train), 10 lorsqu’on passera par le Kazakhstan. C’est l’ambition affichée par Astana qui met les moyens et table sur les voies aériennes, ferroviaires et routières. « Ce projet est très important. Ce sera plus rapide de passer par le Kazakhstan. Mais ce sera aussi plus cher que par voie maritime. Deux fois plus peut-être. Tout dépendra donc des endroits où 16 eurasiatique (jusqu’à + 40° C l’été et - 40° C l’hiver). Mais lorsqu’on entre dans ces immeubles, sillonne leurs couloirs, saisit les poignées de porte des bureaux, dévale les escaliers, on est surpris par le manque de qualité. « Nous avons les matériaux de base, produits au Kazakhstan. À part le verre. Il faudrait construire une usine ici. Mais, pour la finition, il nous faudrait plus de matériaux de qualité », explique Aytekin Gültekin, président de la société turque Sembol, qui a construit quelquesuns des plus prestigieux édifices d’Astana. R. G. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 vous prendrez et livrerez les marchandises et du type de celles-ci. Chacun devra calculer en fonction de ces données », explique Sultan Zhassybay, le directeur général de Gefco Kazakhstan, tout juste créée à Almaty par la filiale logistique du groupe PSA Peugeot Citroën. À l’occasion du salon Trans Eurasia - 2011, le 10 novembre, Berik Kamaliev, le ministre du Transport et des Télécommunications du Kazakhstan, alignait les statistiques. « 2 452 km de route ont fait l’objet de reconstruction. (…) En ce moment, les travaux sont en cours sur 34 sections de route. 750 km de routes seront construites cette année. » Le projet, prévu pour être achevé d’ici à 2015, n’est qu’un grand chantier qui pourrait repré- riat avec le russe TransMash Holding (TMH) et Kazakhstan Temir Zholy, les chemins de fer kazakhstanais. Les deux tiers de ces locomotives sont destinées au fret. « Il était très important pour nous de nous installer dans cette zone. (…) Des flux historiques passaient par le Kazakhstan, que ce soit la vieille route de la Soie ou les flux soviétiques. Stratégiquement, il fallait être là. Nous le sommes pour longtemps », explique Bernard Gonnet, directeur d’Alstom transport pour la CEI. À peine installé, Alstom a signé, le 19 septembre 2011, un nouveau protocole d’accord pour la production de moteurs d’aiguillage. La signature intervient après un an de tests sur les voies ferrées du Kazakhstan pour évaluer la résis- Alstom : « Stratégiquement, il fallait être là » senter à terme près de 20 milliards d’euros d’investissements. Un grand chantier qui avance. Pour preuve le contrat remporté l’an passé par Alstom pour assembler puis construire au Kazakhstan 295 locomotives électriques doubles, soit environ 500, en partena- tance desdits moteurs aux basses températures que connaît le pays. « C’est une preuve de plus qu’il est important que nous soyons sur place pour être quotidiennement en contact avec le client », conclut Bernard Gonnet. R. G. L’or noir est déjà le moteur de l’économie kazakhstanaise, alors qu’il n’est qu’au début de son aventure. La république pointe au 18e rang des exportateurs de brut et ambitionne d’occuper la 5e place mondiale d’ici dix ans. Après 2025, Astana veut mettre sur le marché 3 millions de barils par jour. Trait de jeunesse, le Kazakhstan détient 2,9 % des réserves de brut de la planète, mais ne fournit que 2,1 % de la production mondiale à ce jour. Bref, l’ancienne république soviétique est en pleine ascension et a besoin d’une quantité énorme d’équipements, pétroliers et parapétroliers, de technologies, de services. Son gisement vedette, Kashagan, ne produira rien avant fin 2012 (voir encadré ci-desssous). Pour l’heure, une petite partie seulement des 240 gisements pétroliers et gaziers kazakhstanais sont en production, dont ceux de Tenguiz (TCO, exploité par un consortium conduit par Chevron) et de Karachaganak, situés à l’ouest du pays comme l’essentiel des 5,4 milliards de tonnes de réserves de brut prouvées. Autant d’occasions pour les grosses sociétés et les PME parapétrolières d’emporter de beaux contrats, même si la compétition est rude. Sans parler de tous les projets de pipelines, de bases logistiques, d’infrastructures. R. Genté Pétrole Le moteur de l’économie kazakhstanaise D’autant que la volonté politique d’augmenter la part de la valeur ajoutée dans le secteur est là : modernisation et extension de trois raffineries, création d’un site de production d’hydrocarbures aromatiques (le français Axens y participe), construction de complexes chimiques et pétrochimiques… Le tout dans le cadre de la Stratégie de développement du Kazakhstan 2020 et du Programme d’accélération du développement industriel 2010-2014. D’un côté, il y a les nombreuses niches de haute technologie destinées directement à la production pétrolière (pompes, paliers magnétiques…) ou indirectement (installations électriques, sécurité…). Le Kioge, le salon annuel du pétrole et du gaz qui se tient début octobre, est une occasion pour prendre les premiers contacts. Les sites web des grands projets, Kashagan en tête (www.ncoc.kz, cliquer sur « Doing business with venture »), sont le moyen de veiller à l’évolution des chantiers et aux appels d’offres en cours. « Avec le lancement de la phase 2 de Kashagan, qui en est encore à la phase de conception, il y aura beaucoup d’appels d’offres en 2013-2014 », explique Philippe Charlez, directeur des relations publiques de la NCOC (North Caspian Operating Company), l’opérateur de Kashagan, conduit par Total. De l’autre, quantité de marchés annexes existent. De la fourniture de ressources humaines au catering, comme le réalisent la marseillaise Catering International & Services (CIS) avec des clients comme Baker Hughes ou Nabors drilling, ou Sodexo, présente depuis 1990 au Kazakhstan, d’abord pour TCO et aujourd’hui pour Agip (sur le gisement de Kashagan) ou pour les Chinois exploitant le champ de Karazhanbas. « Nous sommes optimistes, le secteur explose. Cela ne veut pas dire qu’il soit facile de faire des affaires ici, entre la législation sur le « local content » et des méthodes de décision pas toujours très transparentes », explique Hassen Ben Thabet, le directeur au Kazakhstan de Sodexo. R. G. La base « Bolashak », pour le traitement de la production de Kashagan. Le lancement de la phase 2 du gisement géant générera de nombreux d’appels d’offres. Kashagan Le plus gros projet pétrolier du monde 136 milliards de dollars, ce pourrait être le montant à terme des investissements pour développer le champ de Kashagan, dans la partie kazakhe de la Caspienne. Découvert en 2000, recelant au moins 11 milliards de barils de réserves récupérables, c’est le plus gros gisement d’or noir découvert ces quarante dernières années. Il a tout de suite attiré le gratin des majors pétrolières, dont Total (16,81 % des parts aujourd’hui). À terme, après 2025 certainement, le champ devrait produire 1,5 million de barils/jour, la moitié de ceux exportés par un pays qui devrait alors faire partie du top 5 mondial des producteurs d’or noir. L’avenir économique kazakhstanais, « radieux ou très radieux », comme le dit un cadre d’une firme étrangère, « dépend beaucoup de Kashagan. » Pour l’heure, l’opérateur, la NCOC (North Caspian Operating Company), conduite par Total, se débat pour livrer sa première huile fin 2012… mais initialement attendue en 2005. La combinaison des défis technologiques rend la tâche des plus ardues et fait gonfler la plus lourde facture de l’histoire du pétrole. R. G. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 17 KAZAKHSTAN Agriculture Un énorme potentiel, mais… R. Genté La culture des céréales ne peut être qu’extensive. Le potentiel agricole kazakhstanais est immense, mais le secteur demande à être restructuré. Les savoir-faire français peuvent saisir des opportunités. Avec une moisson de 29 millions de tonnes de céréales, l’année 2011 a été exceptionnelle au Kazakhstan. La meilleure récolte en soixante ans… et deux fois plus que l’an passé. C’est que le pays, du fait de son climat continental extrême, connaît de fortes variations de rendement avec une culture des céréales qui ne peut être qu’extensive (18 q/ha de blé en 2011). En conséquence, 3 à 4 millions de tonnes sont stockées en extérieur. Personne ne veut investir dans des capacités de stockage ou dans l’achat de wagons qui ne serviraient qu’une année de temps en temps. C’est aussi que l’ambition n’est pas à tout prix de devenir un gros exportateur de blé. « Nous voulons stimuler nos productions animales. Nous ne sommes pas autosuffisants pour toutes. Nous voulons donc réduire les surfaces de blé, qui sont de l’ordre de 70 % de la surface agricole. Il n’y a pas assez de rotation des cultures », explique Yevgeny Aman, secrétaire exécutif du ministère de l’Agriculture kazakhstanais. Mais cette mutation tarde à venir. Et ce malgré la volonté présidentielle. En janvier 2010, lors de son adresse annuelle à la nation, le président Nazarbaïev jetait les bases d’une nouvelle politique agricole : « La productivité du travail dans l’agriculture est la plus basse. Elle est d’environ 3 000 dollars par salarié et par an. Alors que dans les pays développés ce chiffre est de 50 000 à 70 000 dollars. (…) Notre tâche est d’au moins doubler d’ici à 2014 la productivité dans l’agriculture. » « Le problème est qu’il n’est pas suivi, avec ses grands plans volontaristes. Le secteur est dirigé par des organismes étatiques, comme Kazagrofinance, qui sont très mal gérés et où les fonctionnaires passent leur temps à s’occuper de leurs affaires, en s’appuyant sur les moyens dont ils disposent de par leur poste », explique un Occidental tentant de lancer des projets dans le secteur agricole kazakhstanais. Kazagrofinance aide surtout les grandes exploitations (parfois de plusieurs dizaines de milliers « Notre tâche est d’au moins doubler la productivité d’ici à 2014 » Ligne aérienne directe Patience ! Douze heures pour se rendre au Kazakhstan, ou pour rentrer en France depuis Astana ou Almaty, c’est trop ! « Cela freine les échanges », constate JeanCharles Berthonnet, l’ambassadeur de France au Kazakhstan. Pourtant, il faudra être patient… Certes, la volonté d’ouvrir la ligne est là, comme en atteste un protocole d’accord signé le 27 juin 2011 entre le ministre français des Transports, Thierry Mariani, et l’ambassadeur du Kazakhstan en France, Nourlan Danenov. Mais des obstacles techniques et commerciaux se dressent sur la route. Côté français, la ligne risque de ne pas être rentable, selon Air France. Côté kazakhstanais, la compagnie nationale Air 18 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 Astana pourrait elle-même desservir Paris. Le problème est qu’elle se trouve sur la liste grise de l’Union européenne (UE). Non pas que ses avions soient de vieilles carlingues. Mais les règles et standards appliqués par l’aviation civile kazakhstanaise, l’autorité de régulation nationale, ne sont pas tous reconnus par l’UE. Autant d’obstacles de part et d’autre qui font que, malgré la volonté de coopération des deux côtés, y compris au niveau des compagnies, ce n’est peut-être pas demain que l’on volera d’un seul trait entre l’Eurasie et l’Hexagone. À moins que cela ne se fasse d’abord sur une base « provisoire », comme le propose le protocole du 27 juin. R. G. d’hectares) quand ce sont celles de taille moyenne qui pourraient être le moteur de l’augmentation de la productivité. « Il existe des problèmes de fond, par exemple liés au financement à court terme pour ces exploitants de taille moyenne. Ils ne peuvent pas financer l’achat d’intrants et voient donc leur production limitée », explique Grégory Lecomte, coauteur (1) d’une étude sur le secteur agricole kazakh publiée dans le cadre du Programme OCDE pour la Compétitivité en Eurasie. Dans ce contexte, mais aussi parce qu’elles ne se montrent que peu au Kazakhstan, les entreprises françaises sont quasi absentes du secteur. Le savoir-faire de l’Hexagone aurait de quoi s’imposer dans le domaine des productions animales. R. G. (1) Rapport OCDE « Competitiveness and Private Sector Development : Kazakhstan 2010 – Sector Competitiveness Strategy », 2011. Luxe Une forte demande à satisfaire La Maison française, à Almaty. R. Genté Le luxe, et même, sinon surtout, le très grand luxe ont toute leur place au Kazakhstan. « On parle de 5 000 familles très riches dans le pays. Sans parler de la classe moyenne. Il y a vraiment de l’espace pour l’industrie du luxe », assure Jean-Christophe Sibelya, qui dirige la « Maison française », appartenant à un Kazakhstanais, sur l’avenue Fourmanova, à Almaty. « Les riches Kazakhstanais vont acheter leurs vêtements à Paris ou sur la Côte d’Azur. Bien sûr que des boutiques de luxe qui ouvriraient à Almaty ont toutes leurs chances de réussir », affirme celui qui dirige une cinquantaine de magasins dans le pays. La France du luxe se vend à merveille, comme toujours chez les nouveaux riches de l’exURSS. D’autant que le phénomène est encore neuf. Les premiers magasins vaguement de luxe sont apparus vers 1993, avec la boutique « Le petit Paris », avant de pousser comme des champignons après 2005. R. G. « Les Kazakhstanais ne veulent pas donner les clés de la maison aux Russes. Mais ils ne veulent pas non plus que les Américains s’installent. La France a donc ses chances », résume le sénateur Aymeri de Montesquiou. Non sans préciser que la concurrence en matière d’industrie de la défense n’en existe pas moins au Kazakhstan, « avec les Israéliens notamment ». Toujours est-il que la politique kazakhstanaise d’équilibre entre grandes puissances joue en faveur de la France en matière de défense et de sécurité. Les entreprises de l’Hexagone ont signé d’importants contrats, dans la foulée de la visite du Président Sarkozy en octobre 2009, dans la défense et les domaines contigus. À chaque fois, il s’agit de produire sur place, d’assembler du moins. Ainsi EADS avec ses filiales Eurocopter – pour 45 hélicoptères EC145 destinés à la sécurité civile ou au ministère de la Défense – et Astrium, qui doit livrer deux satellites d’observation de la Terre. Ou Thales, avec ses radios tactiques destinés aux forces armées kazakhstanaises – le site de production commun a été inauguré le 14 septembre dernier – ou son satellite de télécommunications KazSat3. Pour les deux groupes, l’idée est de s’installer durablement au Kazakhstan. « Nous pensons que le pays a un potentiel important, qu’il y a un intérêt stratégique pour notre groupe. Nous y voyons un gros potentiel pour tous nos métiers : la défense, la sécurité, le civil », explique Jean-Yves Tolot, vice-président en charge de la Turquie et de l’Asie centrale chez Thales. Beau- D.R. Défense La France en embuscade coup de dossiers sont en discussion plus ou moins avancée, dans ce pays qui veut créer son propre complexe militaro-industriel. Qu’il s’agisse par exemple de vedettes pour sa flotte de la Caspienne, destinées à protéger ses infrastructures pétrolières, ou de radars dédiés à la surveillance des frontières. R. G. Eurocopter assemble des hélicoptères au Kazakhstan. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 19 KAZAKHSTAN LES OPPORTUNITÉS EN PROVINCE Oust-Kamenogorsk veut sortir de la mine Le Kazakhstan ne se réduit pas à Astana et Almaty. Dans les régions (oblasts), les programmes de développement commencent à irriguer les économies locales. Comme à Oust-Kamenogorsk, capitale d’un oblast situé aux portes de la Sibérie, historiquement dédiée à l’industrie minière. Reportage. R. Genté Yerzhan Madeïev, président d’Azia Avto. L’oblast cherche à se diversifier, notamment dans la construction l’automobile. L’histoire d’Oust-Kamenogorsk, capitale de l’oblast (région administrative) de l’Est du Kazakhstan, situé à la frontière de la Russie et de la Chine, et non loin de la Mongolie, est intimement liée à l’extraction des richesses du soussol : zinc, béryllium, titane, or, cuivre… En ce mois de novembre 2011, les premières neiges viennent de tomber sur les bouleaux de la steppe environnante, nous signalant qu’ici c’est déjà la Sibérie. L’hiver, le thermomètre descend à - 40° C. Lorsqu’on entre en ville, rebaptisée du nom kazakh d’Oskemen depuis l’indépendance, tous les styles de construction des diverses périodes soviétiques défilent sous nos yeux : petits immeubles jaunes stalinien, khrouchtchovki à quatre étages, barres de béton brejnéviennes et de la perestroïka. Oust-Kamenogorsk 20 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 doit son développement urbain aux métaux non ferreux que recèle son sous-sol et à son industrie métallurgique. Comme toujours au Kazakhstan, les villes se sont construites autour des gisements de minerais. D’où leur style très fonctionnel. D’où que l’on soit, on y voit les hautes cheminées de l’usine Kazzinc, dont le principal actionnaire est le groupe basé en Suisse Glencore, crachant jour et nuit une épaisse fumée blanche. Juste à côté de ce fleuron de l’économie kazakhstanaise se trouvent les 142 hectares du site de l’usine métallurgique d’Oulba, construite en 1949 dans le cadre du programme nucléaire de l’URSS. D’Oulba sortent divers produits à base d’uranium, de tantale, de béryllium et de nobium. C’est là qu’Areva va fabriquer, avec la société nationale Kazatomprom, du combustible pour les centrales nucléaires asiatiques. Avec un tel capital industriel, on se dit que l’oblast de l’Est aura de la peine à échapper à son sort. « Nous le devons. Même si nous héritons des spécialisations régionales qui caractérisaient l’économie soviétique. Mais cette région est aussi rurale et nous voulons notamment développer l’agriculture », explique l’akim (gouverneur) de l’oblast, Berdybek Saparbaïev. C’est l’occasion pour nous de faire une vingtaine de kilomètres vers le Nord pour rencontrer Adil Jaksimbaïev, co-propriétaire de Vostokmoloko, une laiterie industrielle. Nous le retrouvons dans le village d’Ukrainka, dans une laiterie construite en 1929 et qu’il a rachetée en 1999. Une partie des opérations se fait encore à la main : coupe des livres de beurre, étiquetage d’un fromage à tartiner… « Notre problème, c’est l’approvisionnement en lait. Nous avons dû créer notre propre ferme de 1 500 vaches », explique M. Jaksimbaïev. Pour augmenter sa pro- Areva va fabriquer, avec Kazatomprom, du combustible Le laboratoire Irgetas, créé en 2007, explore notamment des pistes pour la production de nouveaux matériaux. R. Genté duction, Vostokmoloko a bénéficié du soutien de l’akimat, conformément aux programmes d’État destinés à l’amélioration du secteur agricole. Construction d’infrastructures publiques, prise en charge de la moitié des intérêts des prêts (sur les 12 % proposés par la banque) pour l’achat de vaches tchèques et la construction d’une nouvelle usine pour lait UHT, et enfin subvention de 35 % sur le prix du lait commercialisé. Cette action de l’akimat se retrouve dans les autres secteurs. « Nous voulons aussi asseoir notre stratégie de diversification sur nos bases en faisant en sorte que notre oblast ne se limite pas à produire des matières premières. À vrai dire, il y avait ici un fort secteur de machinerie », raconte Yermek Kosherbaïev, le vice-akim. Dans ce cadre, deux zones industrielles et deux parcs technologiques sont en cours de création. Pour commencer, le haut fonctionnaire nous suggère de visiter le laboratoire Irgetas, de l’université technique d’État. Le laboratoire a été créé fin 2007 après que l’université a remporté un appel d’offres dans le cadre du programme d’État 2015 de développement de la science au Kazakhstan. Un million d’euros pour l’équiper de microscopes ultraperformants destinés à « faire de la recherche fondamentale sur les matériaux de notre sous-sol et explorer les pistes vers la production de nouveaux matériaux », explique Sergueï Misevra, ingénieur chercheur du laboratoire. Irgetas travaille aussi avec le secteur privé. Il conduit par exemple une recherche financée par Kazzinc pour découvrir si de l’or est présent dans les nano-minéraux et comment l’en extraire. Pour ce qui est du secteur de la machinerie, nous nous rendons à l’usine de valves. Elle a été construite voilà 36 ans. Il y a trois ans, elle s’est fait certifier ISO. Elle s’est également mise aux normes API (American Petroleum Institute), l’an passé, grâce au soutien financier d’ENI, la major pétrolière ita- Azia Avto veut prendre 20 % du marché automobile lienne à qui elle fournit ses produits sur le champ gazier de Karachaganak, à l’Ouest du Kazakhstan. « C’est ENI qui a payé pour la certification API », explique Erzhan Ashimov, le vice-président de l’entreprise. Et pour ENI, c’était l’occasion de satisfaire aux exigences légales kazakhstanaises en termes de « contenu local ». L’aide de l’akimat est aussi décisive, selon M. Ashimov, pour ce qui est des deux étapes de modernisation en cours. Là encore sous forme de prise en charge de deux tiers des 12 % d’intérêts proposés par une banque privée. La première étape se termine : 15 millions d’euros d’investissements pour se doter de technologies de soudure plus performantes, achetées en République tchèque et en Italie. La seconde consistera à s’équiper afin de produire des valves rondes destinées à l’industrie gazière. Nous terminons notre tour par l’usine d’assemblage automobile Azia Avto. La semaine précédente, elle a signé avec le russe Avtovaz, partenaire stratégique de Renault depuis 2008, un accord pour la construction d’une nouvelle usine destinée à assembler, souder et peindre 100 000 Lada par an. Pour l’heure, Azia Avto se contente d’assembler 7 500 véhicules au Kazakhstan grâce à des partenariats avec Skoda, Chevrolet, Kia et General Motors. « Cela représente 40 % du marché national », affirme Yerzhan Mandïev, le jeune président de la société. Avec l’Union douanière entre le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie, le coût des voitures étrangères est devenu très élevé. Les voitures produites dans l’Union devraient donc inonder le marché national. De 19 000 véhicules « made in Kazakhstan » par an, il pourrait passer à 100 000 selon M. Mandïev. « Nous souhaitons prendre 20 % de ce marché, le reste de notre production sera écoulé en Sibérie, dans l’ExtrêmeOrient russe et en Asie centrale », raconte-t-il. Dans le cas d’Azia Avto, l’aide régionale est passée par SPK Ertis, une holding publique régionale, créée en 2008. Chaque oblast a sa SPK dont le but est de soutenir les PME et d’encourager la diversification et la modernisation de l’économie. C’est elle qui finance les infrastructures nécessaires à la construction de la nouvelle usine, notamment en apportant une voie ferrée sur le site. En échange, elle entrera à hauteur de 25 % au capital de la nouvelle entité. R. G. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 21 KAZAKHSTAN Travailler avec les kazakhstanais Entretien avec Aïdan Karibjanov « La France apporte une technologie qui contribue à la diversification de notre économie » R. Genté Aïdan Karibjanov est vice-président de SamrukKazyna et coprésident du Conseil des affaires francokazakhstanais*. Aïdan Karibjanov est sans doute parmi les plus francophiles, et francophones, des Kazakhstanais. Mais, au-delà des sentiments, c’est surtout l’offre française qui l’intéresse en ce qu’elle répond à la priorité stratégique d’Astana : diversifier l’économie nationale, sortir du tout-pétrole. Le Moci. Le holding d’État Samruk-Kazyna a fait de l’Allemagne et la France ses deux cibles privilégiées en Europe. Cela signifie que la France est bel et bien un partenaire stratégique pour le Kazakhstan ? Aïdan Karibjanov. C’est aux politiques qu’il faudrait poser la question. Ce que je peux dire, c’est que ce qui compte, c’est le fait que la France apporte une technologie qui contribue à la diversification de notre économie, ce qui est notre priorité. La plupart des entreprises américaines présentes au Kazakhstan sont dans le pétrole ; du point de vue technologique la 22 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 Russie n’est pas une option, de même pour la Chine, outre des questions géopolitiques. Quant à la France, regardez la liste des entreprises qui travaillent au Kazakhstan. Ce sont des leaders dans leur domaine, pas seulement dans les hydrocarbures. Le Moci. Dans ce cadre, quels sont les grands axes stratégiques de cette diversification ? A. K. Industrialiser, innover. Le président Nazarbaïev a très tôt compris que l’économie kazakhstanaise est trop dépendante du pétrole et du gaz. Imaginez que les prix baissent soudainement. Un des axes a d’abord été de développer notre industrie de base. En créant de nouvelles structures pour la pétrochimie, en modernisant trois raffineries construites à l’époque soviétique. Les moderniser revenait aussi à les adapter à la demande actuelle, le diesel qu’elles produisaient n’étant plus demandé sur le marché. Nous essayons aussi de produire de la valeur ajoutée à partir de nos industries traditionnelles, d’extrac- tion. Nous ne voulons plus que le Kazakhstan soit seulement producteur de matières premières. C’est là que notre stratégie vis-àvis des transferts de technologie prend tout son sens. En nous appuyant d’abord sur nos bases, nous pouvons mettre sur le marché des choses nouvelles pour nous. Regardez par exemple le secteur de la production de locomotives. Nous avons d’abord créé une joint-venture avec General Electric pour fabriquer des locomotives diesel. Et maintenant, nous allons faire de même avec les Français d’Alstom, ou bien avec EADS pour les hélicoptères. Le Moci. C’est la visite à Astana d’octobre 2009 de M. Sarkozy qui a relancé les contrats franco-kazakhstanais ? A. K. Elle a manifestement donné une impulsion nouvelle. C’est souvent comme cela, il faut l’impulsion politique. Le Moci. Cela veut-il dire que les contrats ne peuvent pas se signer sans un soutien « Les politiques ne sont pas absolument nécessaires pour conclure des affaires au Kazakhstan » politique au Kazakhstan ? A. K. Non, les politiques ne sont pas absolument nécessaires pour conclure des affaires au Kazakhstan. Le marché marche, dirais-je. Il y a d’ailleurs beaucoup d’affaires qui se concluent sans que les politiques y mettent leur nez. Les entreprises françaises qui comprennent la réalité kazakhe font du business ici, sans l’État. Mais évidemment, pour les grands contrats, sur des secteurs stratégiques, c’est différent. Le Moci. Quels sont les secteurs où le Kazakhstan a, disons, « besoin » de la France ? A. K. La France est là dans des secteurs clés et parce qu’elle apporte sa technologie et son savoir-faire. Voyez Total, Areva, EADS, Alstom. C’est de l’apport de nouvelles technologies, de hautes technologies, dont nous avons besoin. La défense est devenue un de nos grands axes de coopération. Je ne parle pas d’achat de Mirage ou de Mistral, mais de contrôler nos frontières par exemple. Le transport aussi est, bien sûr, un domaine où la France a sa place à prendre. Le Moci. Qu’est-ce qui fait la différence en faveur des entrepreneurs français ? A.K. Ils sont souvent perfectionnistes, toujours prêts. Les grands groupes ont une énorme expérience. Pour nous, vous savez, l’innovation n’est pas quelque chose de fantastique. Elle doit donner des résultats concrets. Parvenir à forer là où c’était compliqué, par exemple. Le Moci. Quels conseils donnez-vous aux entreprises françaises qui voudraient travailler au Kazakhstan ? A. K. Le Kazakhstan, depuis son indépendance il y a vingt ans, a développé un tissu d’entreprises qui peuvent répondre aux besoins des investisseurs français sur place : logistique, juridique, ressources humaines, etc. Les entreprises françaises désirant s’installer au Kazakhstan peuvent s’appuyer sur ce réseau. Le Moci. Vous co-présidez, avec Yves-Louis Darricarrère, le n° 2 de Total, le Conseil des affaires franco-kazakhstanais*. Quel rôle aimeriezvous que cette institution joue ? A. K. Pour le moment, cela marche assez bien. Le Conseil permet de faire avancer des projets qui bloquent ici ou là. Pour nous, Samruk-Kazyna, il nous donne un contact plus direct avec les entreprises. C’est aussi parfois l’occasion de mettre sur la table de nouveaux projets. Et puis, c’est un forum pour dire quels sont les problèmes rencontrés par les uns et les autres. Ensuite, nous pouvons faire remonter l’information au gouvernement kazkahstanais. Je crois qu’il faut continuer dans cette direction. Propos recueillis par R. G. * Voir contacts à la fin du dossier. D. R. Un Français chez Samruk-Kazyna Pierre-Yves Lucas (notre photo) est un nom à connaître. Depuis l’été 2011, il est conseiller du président du holding d’État Samruk-Kazyna. Au quotidien, c’est surtout avec M. Karibjanov, le vice-président, qu’il travaille. Sa mission, pour ce qui est des relations franco-kazakhstanaises, il la défi- nit ainsi : « Simplifier nos relations d’affaires ». « Un des problèmes de fond est le manque de confiance entre les parties. Souvent, il s’agit de questions techniques qui n’ont pas besoin de remonter au niveau politique », explique-t-il. PierreYves Lucas, 36 ans, connaît bien le Kazakhstan et ses élites. Voilà une douzaine d’années qu’il y travaille, pour des entreprises privées d’abord, pour la délégation de l’UE au Kazakhstan ensuite. R. G. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 23 KAZAKHSTAN RÉGLEMENTATION Ce qu’il faut savoir pour s’implanter et exporter Le Kazakhstan est une jeune république qui s’ouvre à l’international et souhaite accélérer son insertion dans le commerce mondial. D’où un environnement des affaires plutôt libéral, mais changeant et non dénué de spécificités locales. Voici l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour entamer une démarche d’implantation ou d’exportation dans ce pays. Les informations sont en partie tirées d’un guide très complet réalisé par le Service économique et édité par Ubifrance (voir « Bloc-notes » ci-dessous). R. Genté Dans ce pays jeune, le contexte juridique des investissements requiert un respect sans faille des textes en vigueur. 1/ Le cadre général : libéral, mais soucieux des intérêts nationaux • Au plan international, le Kazakhstan est signataire des principales conventions internationales relatives aux investissements étrangers. Il est membre du Centre international de règlement des différends liés à l’investissement (Cirdi) et de l’Agence de garantie des investissements multilatéraux (Miga), tous deux rattachés à la Banque mondiale. Sa candidature à l’OMC (depuis 1996) tarde à se concrétiser. • Avec la France, le Kazakhstan a signé une convention d’encoura24 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 gement et de protection réciproques des investissements, entrée en vigueur le 18 septembre 2000. Elle prévoit des clauses traditionnelles : non-discrimination ; protection contre l’expropriation, la nationalisation… ; garantie de libre transfert des dividendes et produits de cession ; clause d’arbitrage international. Les deux pays ont également conclu une convention de non double imposition. • Au plan national, la législation kazakhstanaise est relativement libérale et ouverte. Elle exige toutefois des investisseurs étrangers la signature préalable d’un « contrat d’investissement » avec les pou- voirs publics (voir plus bas). Par ailleurs, des mesures favorisant les intérêts nationaux ont été introduites ces dernières années. Ainsi, la loi sur l’investissement du 8 janvier 2003 a tout à la fois supprimé la distinction entre les investisseurs locaux et étrangers et introduit des mesures favorisant le traitement national. De même, l’ancienne loi sur l’utilisation des sous-sols a été modifiée fin 2007 pour autoriser le gouvernement à revoir les contrats qui ne lui seraient plus favorables, une stipulation qui demeure dans la nouvelle loi sur l’utilisation des sous-sols adoptée en 2010. En outre, les obligations des investis- Les administrations compétentes Trois interlocuteurs sont incontournables pour un investisseur étranger : • le Comité aux investissements du ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies : il peut faire bénéficier l’investisseur de certaines préférences fiscales et douanières après signature d’un « contrat d’investissement ». Il est rattaché au Conseil des investisseurs étrangers (ci-dessous) ; • le Conseil des investisseurs étrangers (FIC) : créé le 30 juin 1998 afin de faciliter le dialogue entre le gouvernement kazakhstanais et les investisseurs étrangers, il est dirigé par le président Nazerbaïev. Son objectif : contribuer aux objectifs de développement et de diversification économiques et à l’amé- seurs en termes de protection de l’environnement, contenu local, formation du personnel par exemple sont beaucoup plus scrupuleusement appliquées (voir aussi article sur le « Local content » plus haut). « Le contexte juridique des investissements, moins favorable aux étrangers qu’il n’a pu l’être par le passé, requiert donc une plus grande structuration des projets et un respect sans faille des textes en vigueur, observe Anaïs Chambon, auteur d’un guide S’implanter au Kazakhstan sous l’égide d’Ubifrance et de la Mission économique. La législation, bien qu’ayant évolué, reste relativement générale et pourrait poser des problèmes d’application pratique ou d’interprétation qu’il convient de prendre en compte. » 2/ Créer une société : des contraintes administratives locales Les formalités La création d’une société au Kazakhstan d’un bureau de représentation ou d’une succursale – nécessite l’enregistrement auprès des services du ministère de la Justice (www.minjust.kz). Une série de documents et d’attestations doit accompagner le formulaire de demande (en kazakh ou en russe) et les frais d’enregistrement doivent être acquittés (environ 65 dol- lioration de l’environnement des affaires. À ce titre, il s’occupe de l’identification des secteurs prioritaires et émet des recommandations pour promouvoir un cadre juridique favorable aux IDE. Le FIC, qui dispose d’un site Internet (www.fic.kz), s’appuie sur des professionnels étrangers et une association (Association du conseil des investisseurs étrangers du Kazakhstan- KFICA), qui fournit des renseignements sur les opportunités d’affaires, les secteurs porteurs, ou les incitations pratiquées. • L’Agence de promotion des investissements étrangers, Kaznex Invest, récemment créée, propose un accompagnement aux investisseurs étrangers (www.kaznex.kz). BLOC-NOTES Guide « S’implanter au Kazakhstan et en Ouzbékistan », décembre 2009, 69 euros TTC, Éd. Ubifrance Tél. : 01 40 73 34 60 - www.ubifrance.fr lars). Le ministère de la Justice délivre un certificat d’enregistrement, puis enregistre la nouvelle société auprès de l’Agence nationale des statistiques et des autorités fiscales locales. Une fois cette étape franchie, l’entreprise peut démarrer et ouvrir un compte auprès d’une banque locale. Attention aux délais ! D’après Anaïs Chambon, « en théorie, cela ne doit pas prendre plus de dix jours, mais en pratique il faut souvent compter quatre à cinq semaines ». Il est par ailleurs vivement recommandé, compte tenu de la barrière de la langue et de la complexité de la législation, « d’avoir recours à un cabinet juridique sur place, international ou local ». Un service qu’il faudra prendre en compte dans les coûts : dans un cabinet international, il faut compter 200 à 250 dollars de l’heure pour un juriste et Fiscalité Une des plus abouties d’Asie centrale La fiscalité kazakhstanaise, malgré des efforts de clarification, demeure complexe et fluctuante. Elle est néanmoins l’une des plus abouties de l’ex-URSS. Elle est régie par le Code fiscal de la République du Kazakhstan (www.nalog.kz/nal_zak/kodex/kodex_nk_ eng.htm (anglais). Il existe une convention fiscale de non double imposition entre la France et le Kazakhstan : www.impots.gouv.fr/portal/deploiement/p1/ fichedescriptive_1429/fichedescriptive_1429.pdf Depuis le 1er janvier 2009, le Code fiscal kazakhstanais fixe à 20 % l’impôt sur les revenus nets des personnes morales. Une baisse par étapes a été programmée : 17,5 % à compter du 1er janvier 2010 et 15 % l’année suivante. Mais en raison de la crise, la mesure a été repoussée au début 2013. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 25 KAZAKHSTAN Appels d’offres publics Les PPP se développent Marchés publics, concessions et partenariats publicprivé (PPP) sont régis par plusieurs lois différentes. Mais, selon le guide Ubifrance, de nombreuses dispositions réglementaires doivent encore être précisées et leur application demeure parfois incertaine. À noter que, selon la même source, « les modifications les plus récentes ont été calquées sur la législation française en vigueur ». Quoi qu’il en soit, l’organisme compétent en matière de PPP et de concessions est le Centre kazakhstanais des PPP environ 7 000 dollars en tout. Les cabinets locaux sont moins chers, mais il faut les connaître… Les conditions d’activité L’investisseur étranger doit savoir que le Kazakhstan présente plusieurs spécificités importantes. • En premier lieu, l’exercice de certaines activités nécessite l’obtention d’une licence (loi du 11 janvier 2007) auprès d’un ministère ou d’une autre agence publique, en fonction de l’activité concernée. Vingt-sept secteurs d’activité sont concernés, parmi lesquels : l’industrie, les transports, l’éducation, l’information et la communication, les services, la santé (y compris animale), la culture, les bâtiments (y compris l’architecture), les jeux, les spiritueux et les tabacs, les douanes, ou encore la finance. Plusieurs catégories de licences existent : générales (generalnie) (www.ppp-center.kz), qui dépend du ministère du Développement économique et du Commerce : il a pour mission d’analyser et d’évaluer les projets. Actuellement, les formes de PPP pratiquées sont le contrat de service, le contrat de gestion, le Design, Build, Operate and Finance (DBOF) et le contrat de concession. Important : il est nécessaire de créer une filiale dotée d’un capital correspondant à 20 % de l’investissement pour pouvoir répondre à un appel d’offres. et illimitées dans le temps ; ponctuelles (razovie) et limitées dans le temps, avec volume et montant (en argent ou en nature) autorisés (concerne notamment l’industrie des jeux et les opérations économiques) ; opérationnelles (operativnie) pour certaines opérations bancaires et catégories d’assurances. Pour obtenir une licence, toute une série de documents administratifs et juridiques sont à fournir. Si le dossier de demande est accepté, la licence est délivrée dans un délai de 30 jours à compter du dépôt du dossier, 10 jours pour les PME. • En deuxième lieu, en matière immobilière, le droit est restrictif pour les étrangers (Code civil, Code foncier, loi sur l’enregistrement immobilier) qui n’ont pas accès à la propriété. Cela les oblige à s’appuyer sur un parte- Coût du travail Le salaire moyen atteint 448 euros Le salaire mensuel minimum au Kazakhstan est actuellement de 15 999 tenge (78 euros). Dans la pratique, les salaires commencent généralement autour de 300 euros et augmentent rapidement selon les secteurs, l’expérience et le niveau d’études. Selon l’agence des statistiques kazakhstanaises, le salaire mensuel moyen s’élève à 91 925 tenge (448 euros). Les employeurs doivent payer l’impôt social qui représente, depuis le 1er janvier 2009, 11 % du salaire brut. La contribution au fonds national de sécurité sociale s’élève à 4 % du revenu brut des employés, avec un plafond correspondant à 10 fois le salaire minimum mensuel. Les cotisations pour la retraite représentent, quant à elles, 10 % du revenu brut. 26 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 naire local ou à essayer d’obtenir un permis de résidence, tâche réputée difficile. Toutefois, hors ces restrictions, les investisseurs étrangers peuvent bénéficier d’un certain nombre d’avantages, de nature fiscale et douanière. 3/ Bénéficier des régimes d’incitation Le contrat d’investissement Pour bénéficier des avantages, l’investisseur étranger doit, comme nous l’avons signalé plus haut, signer au préalable un contrat d’investissement avec le Comité aux investissements du ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies. Les préférences qui lui seront accordées ensuite le seront pour une durée déterminée, et varieront en fonction de l’importance du projet et de son impact attendu en termes de développement. D’une façon générale, le projet d’investissement devra répondre à des exigences de création, d’amélioration ou de renouvellement de moyens de production. Il devra intéresser l’une des activités prioritaires dont la liste est dressée chaque année par le gouvernement. Pour déposer un dossier de demande auprès du Comité des investissements, un certain nombre de documents administratifs, juridiques et financiers sont à fournir. Le délai de délivrance du contrat est de 30 jours. Les moyens de paiement au Kazakhstan Les informations ci-dessous sont extraites de l’Atlas 2011 des risques pays du Moci, publiées en juin dernier (1). Notes de risque pays OCDE : 5/7 EH Sfac : risque élevé 4/4 Coface : B Ducroire : court terme : 2/7 ; commercial : C (élevé) ; risque de transfert : 5/7 Monnaie locale Le tenge kazakhstanais (KZT). Librement convertible. Taux de change au 14 novembre 2011 : 1 EUR = 202,36 KZT ; 1 KZT = 0,0049 EUR Meilleures monnaies de facturation des échanges Le dollar américain (USD) et l’euro. Moyens de paiement conseillés crédit documentaire confirmé ou, plus rarement, virement Swift garanti par une assurance-crédit. Conditions de paiement Privilégier le paiement d’avance (plus de 75 % des transactions). Sinon, accorder 30 jours de délai maximum. Les importateurs essayent souvent d’obtenir 90 jours. N’accepter que dans le cas d’un crédit documentaire confirmé. Obtenir un acompte à la commande est possible et en demander est recommandé. Garanties bancaires locales Des garanties bancaires locales peuvent être obtenues rapidement auprès des principales banques locales : Turan Alem, Kazkomertzbank et Halyk Bank (HSBK). Attention, leurs coûts sont parfois assez élevés. (1) « Atlas des risques pays à l’usage des opérateurs du commerce international » Numéro spécial du Moci n° 1893 du 23 juin 2011. Contact : www.lemoci.com Important ! Seules les entités de droit kazakhstanais peuvent bénéficier d’aides à l’investissement, ce qui implique nécessairement, signale le guide Ubifrance, que l’investisseur ait procédé à une création ou a un rachat d’actifs, ou encore qu’il ait pris une participation au capital d’un actif existant. Avantages et obligations de l’investisseur L’investisseur étranger qui aura franchi les étapes précédentes pourra, muni de son contrat d’investissement, bénéficier de différents types d’avantages : • douaniers : exemption des droits de douane sur l’importation de produits (équipement, matières premières, pièces détachées) nécessaires au projet (5 ans maximum) ; • étatiques en nature (maximum 30 % de la valeur de l’investissement), notamment terrains, bâtiments, équipements et machinerie, ou moyens de transport ; Attention ! En cas d’annulation ou d’achèvement anticipé du contrat, « l’investisseur doit rembourser l’intégralité des avantages dont il a bénéficié », avertit le guide Ubifrance. Les zones franches Le programme « Stratégie pour le développement industriel et l’innovation 2010-2014 » du Kazakhstan, outre qu’il a identifié des secteurs prioritaires, a introduit la créa- tion de zones franches sous la tutelle du ministère de l’Industrie et du commerce : Plusieurs zones franches ont déjà été créées, dont : Astana-ville nouvelle (dédiée au BTP), en vigueur jusqu’en 2010 (www.sezastana.kz) ; Aktau-Seaport, dédié à la production d’équipements pour l’industrie pétrolière, en vigueur jusqu’au 1er janvier 2015 ; Alatau (2003), dédiée aux TIC, en vigueur jusqu’au 1er octobre 2013 (www.aitc.kz) ; Ontustuk (2005), dédiée au textile, en vigueur jusqu’au 1er juin 2030 (www.textilezone.kz). Les avantages fiscaux sont conséquents : exonération de l’impôt sur les bénéfices, de la taxe foncière, de la taxe immobilière, de la TVA (à l’exception d’Aktau Seaport), des droits de douane (dans certaines conditions). À noter que plusieurs projets de nouvelles zones franches seraient envisagés par le gouvernement. Le Kazakhstan a également développé des parcs technologiques, un peu sur le modèle français des pôles de compétitivité, avec des aides en termes de soutien logistique, services, infrastructures, équipements, etc. 4/ Différentes possibilités pour s’installer Au Kazakhstan, selon le guide Ubifrance, les deux voies les plus courantes d’implantation sont, d’une part, le bureau de représentation Franchise Le vent en poupe D’après le guide Ubifrance, le Kazakhstan est le pays d’Asie centrale où la franchise est la plus répandue : on y compterait plus de 150 franchises et 1 000 marques franchisées. Le secteur textile a été le moteur, mais la formule s’est répandue dans les cosmétiques ou l’alimentation. Au plan juridique, les franchises sont régulées par une loi de 2002 ainsi que par le chapitre 45 du Code civil. Les candidats intéressés peuvent s’adresser à trois organismes : l’Agence pour le franchisage, qui vise à encourager le développement des franchises ; l’Agence centrasiatique pour le franchisage et la licence (Cafla), laquelle est également compétente en la matière ; enfin, l’Institut national pour la propriété intellectuelle (NIIS) qui prend en charge la protection des techniques et du savoir-faire. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 27 KAZAKHSTAN L’Union douanière Kazakhstan - Russie Biélorussie, une nouvelle réalité La décision d’entrer dans l’Union douanière avec la Russie et la Biélorussie ayant été politique, chacun se demandait ce qui allait se passer concrètement. Près d’un an et demi après que les barrières douanières entre les trois pays ont été abolies, les premiers effets se font sentir. Certains positifs, d’autres non. Plus libéral que ses partenaires de l’Union, le Kazakhstan a dû augmenter ses droits de douane pour 90 % de la nomenclature. Résultat, les Kazakhstanais ont par exemple vu le prix des voitures augmenter de 20 %. « Nous transportons un tiers de voitures européennes en moins, neuves ou d’occasion, depuis l’entrée en vigueur de l’union douanière », témoigne Sultan Zhassybay, directeur de Gefco au Kazakhstan. Un des espoirs d’Astana était que les sociétés étrangères s’installent dans le pays, du fait du meilleur climat d’affaires qui y règne comparé à la Russie. Le tout en s’ouvrant un accès libre à un marché non plus ou succursale, d’autre part, la filiale. En théorie, comme mentionné plus haut, aucune discrimination n’est faite entre les sociétés résidentes et étrangères. Bureau de représentation ou succursale Bureau de représentation et succursale ne sont pas considérés comme des entités juridiques autonomes et présentent des similitudes sur de nombreux points, notamment leur statut juridique, leur procédure d’enregistrement et leur coût. Toutefois, il est important de souligner qu’un bureau ne peut avoir aucune fonction commerciale, son rôle étant purement et simplement représentatif, contrairement à la succursale. Les transferts de BLOC-NOTES • Comité du contrôle douanier du ministère des Finances : www.customs.kz • Site l’Union douanière : www.tsouz.ru (accessible en russe, kazakh et biélorusse) 28 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 I. Zhorov - Fotolia.com Le « partenariat à responsabilité limitée » est la forme de filiale la plus répandue au Kazakhstan. de 15 millions de Kazakhstanais mais de 170 millions d’habitants, Russes pour l’essentiel. À l’automne 2011, aucune société européenne n’avait choisi de s’installer dans la steppe kazakhe pour ces raisonslà. En revanche, il semblerait que des entreprises russes aient franchi la frontière en raison du climat d’affaires ou d’un impôt sur les sociétés plus bas. Il est encore un peu tôt pour évaluer l’impact réel de cette union tant pour ses membres que pour les pays y exportant ou y investissant. D’autant que Moscou est sur le point de faire son entrée dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et que le Kazakhstan devrait la suivre un an ou deux après. « Pour nous, l’avantage de leur entrée dans l’OMC sera que ces pays seront plus prédictibles », estime un diplomate européen. En attendant, le 1er janvier 2012, Kazakhstan, Russie et Biélorussie formeront un espace économique commun, partiellement du moins. R. G. fonds internes peuvent être effectués librement et ne font l’objet d’une notification aux autorités fiscales ou à la banque centrale que lorsqu’elles engagent un tiers. Se doter d’une filiale La filiale est une entité juridique à part entière qui prend généralement la forme, au Kazakhstan, soit d’une société par actions (AO), soit d’un « partenariat à responsabilité limitée (TOO) ». La TOO est la forme la plus répandue dans ce pays, selon le guide Ubifrance, notamment parce que ce statut est plus souple et moins exigent en termes de capital social, de reporting et de management interne. Ainsi, le capital minimum exigé pour une AO est de 75,6 millions de KZT (environ 370 000 euros) alors qu’il est de 151 200 KZT (740 euros) pour la TOO. D’une façon générale, la législation en vigueur pour ces deux types est assez proche des normes occidentales. Parmi les autres modes d’implantation au Kazakhstan, on peut citer les co-entreprises (joint-ventures) avec des partenaires locaux (sachant qu’il n’est pas nécessaire que les partenaires locaux soient majoritaires). De même, l’acquisition d’une société kazakhstanaise est possible, l’investisseur étranger pouvant être actionnaire à 100 % « sans difficultés ». Enfin, le développement de la franchise est à signaler (voir encadré « Franchise : le vent en poupe »). 5/ Le dédouanement : tenir compte des délais Le guide de la Banque mondiale Doing Business 2012 évalue à 76 jours le délai moyen de transit des marchandises au Kazakhstan. Le pays est classé 176e seulement pour l’efficacité de son transport transfrontalier, ce dont il faudra tenir compte au moment de la rédaction des contrats et de l’organisation des livraisons. Le régime douanier kazakhstanais (code douanier du 5 avril 2003) s’inspire des normes de l’OMC, ce qui est plutôt un bon point pour les opérateurs étrangers. Le Kazakhstan a par ailleurs cherché à harmoniser ses tarifs avec les pays voisins, dans le cadre de la Communauté des États indépen- Le régime douanier s’inspire des normes de l’OMC dants (CEI) et de la Communauté économique eurasiatique (CEEA). Cette dernière a notamment permis de générer une Union douanière avec la Russie et la Biélorussie, en vigueur depuis juillet 2010, qui a eu pour effet de relever le niveau général des tarifs douaniers du pays (voir encadré page précédente). Au plan national, auparavant, les tarifs étaient fixés par le gouvernement via le Comité du contrôle douanier du ministère des Finances (www.customs.kz) : ils oscillaient entre 5 % et 30 % selon les produits. Il existait 17 régimes douaniers particuliers, mais celui de la libre circulation restait le plus répandu. Comme indiqué précédemment (avantages et obligations de l’investisseur), certains biens destinés à des investissements dans les secteurs prioritaires ou en provenance de pays moins développés peuvent par ailleurs béné- ficier d’exemptions. Au total, il faut faire attention aux délais du dédouanement. « Le régime douanier kazakhstanais peut parfois constituer un obstacle pour les investisseurs étrangers », souligne le guide Ubifrance « S’implanter en Ouzbékistan et au Kasakhstan », au même titre que le système fiscal. En outre, prévient-il, « certaines pratiques contraignantes (obligation de se conformer aux normes qualitatives locales, nécessité de présenter des documents/certificats inhabituels) peuvent rallonger les délais de passage des douanes ». Au total, il est recommandé aux opérateurs étrangers « de se familiariser avec ces démarches et de respecter les exigences des autorités douanières qui demeurent très influentes ». Actualisé avec le concours de James Hogan et de Saule Massalina, du cabinet Salans à Almaty Kaznex Invest bataille pour les investissements étrangers Être une fenêtre d’entrée sur le Kazakhstan, c’est l’ambition de Kaznex Invest, agence gouvernementale créée en avril 2010 pour promouvoir les investissements étrangers au Kazakhstan. Ses jeunes cadres sont à la manœuvre en cette fin 2011 pour faire passer leur « Plan national des Investissements », qui se heurte à quelques résistances, bien qu’initié par le gouvernement. « Si 50 % de nos idées sont adoptées, ce sera déjà bien », lâche Kairat Karmanov, vice-président de Kaznex. Ledit Plan propose quantité de mesures pour favoriser les investissements et améliorer le climat d’investissement. Cela va « de la suppression des visas pour les investisseurs venant des pays de l’OCDE à l’assistance sur place pour organiser ses rendez-vous, à travers cette fenêtre unique que serait Kaznex, en passant par un système interne d’évaluation des performances de nos gouvernements régionaux, ambassades et ministères en matière d’attraction des investissements », détaille M. Karmanov. Ce plan prévoit aussi l’exemption de taxes sur le revenu, le foncier et la propriété, pour cinq à sept ans, pour les investissements supérieurs à 15 millions de dollars dans les secteurs de haute technologie réalisés hors industries extractives. Il propose aussi une garantie de commandes de la part de l’État en phase de lancement ou la « stabilité de la législation » pour dix ans, un gel de la loi pour l’investissement au stade où elle en était au moment de la signature du contrat. Nous retrouvons là Kaznex bien dans son rôle. Outre celui de prospecter les investisseurs aux quatre coins du monde pour atteindre l’objectif de 50 milliards de dollars d’IDE au Kazakhstan d’ici à 2020. Les choses ne vont pas toujours aussi vite que la jeune Kaznex semble le souhaiter. L’an passé, elle nous annonçait la création d’un poste d’ombudsman (défenseur) des investisseurs et la nomination de représentants dans six sept grands pays. L’ombudsman n’existe toujours pas et seul un représentant de Kaznex en Chine a été nommé. En revanche, son portail web (www. kaznex.kz) a bien été créé et s’avère déjà un outil bien pratique. R. G. LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 29 KAZAKHSTAN PRATIQUE Contacts et manifestations Contacts en France • Ambassade du Kazakhstan 59, rue Pierre-Charon - 75008 Paris Ambassadeur : Nourlan Danenov Conseiller économique et commercial : Anuarbek Akhmetov www.amb-kazakhstan.fr • Conseil des affaires franco-kazakhstanais Medef International Géraldine Pavlov Tél. : 01 53 59 16 27 [email protected] • Centre franco-kazakhstanais de transfert de technologies (KZFCTT) 280 bd St-Germain - 75007 Paris Le centre est hébergé dans les locaux de CEIS (www.ceis.eu). Tél. : 01 45 55 00 20 Contacts sur place Français • Ambassade de France à Almaty www.ambafrance-kz.kz • Services économiques - À Astana Tél. : +7 717 297 44 89 [email protected] - à Almaty (devient une Mission économique Ubifrance le 1er janvier 2012) Tél. : +7 727 396 98 00 [email protected] www.missioneco.org/kazakhstan • Conseil des affaires franco-kazakhstanais Kazbek Beisebayev Tél. : +7 701 514 7315 [email protected] ou [email protected] • Association des cercles 30 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 français d’affaires au Kazakhstan Émanation d’un ancien club informel des expatriés français. www.france.kz Kazakhstanais • Kaznex Invest Agence de promotion des investissements créée en avril 2010, fonctionnant comme un guichet unique pour les investisseurs étrangers. - Astana Tél. : +7 7172791718 Fax : +7 7172791719 [email protected] www.kaznex.kz Contact pour la France : Ardak Dossanov tél. : +7 7172 79 93 93 [email protected] - Almaty Tél. : +7 7272590690 Fax : +7 7272582151 • Conseil des investisseurs étrangers (FIC) Rattaché à la présidence de la République, il chapeaute le Comité aux investissements du ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies qui délivre les contrats d’investissement que chaque investisseur étranger doit signer. www.fic.kz (anglais) QUELQUES CABINETS D’AVOCATS TRAVAILLANT AVEC LES SOCIÉTÉS FRANÇAISES • Salans (Almaty) M° James Hogan Tél. : + 7 727 258 23 80 [email protected] www.salans.com • Michael Wilson and Partners, Ltd (Almaty) Tél. : + 7 727 258 4890 [email protected] - www.mwp.kz • Macleod Dixon LLP (Almaty) Yerzhan Kumarov Tél. : + 7 727 311 24 80 yerzhan.kumarov @macleoddixon.com www.macleoddixon.com • Astana Law Partners LLP Alex Verba [email protected] www.astanapartners.com • Grata law Firm (Almaty) Tél. : + 7 727 244 57 77 [email protected] www.gratanet.com • Magisters (Astana) Tél. : + 7 717 297 4390 [email protected] www.magisters.com • PriceWaterhouse Coopers (Almaty et Astana) - Almaty Tél. : + 7 727 330 32 00 - Astana Tél. : + 7 717 255 07 07 www.pwc.com/kz • Ernst & Young (Almaty, Astana, Atyrau) - Almaty Tél. : + 7 727 258 59 60 [email protected] - Astana Tél. : + 7 717 258 04 00 [email protected] - Atyrau Tél. : + 7 712 299 60 99 [email protected] www.ey.com • Sayat Zholshy Partners Vitaliy Vodolazkin Tél. : + 7 727 311 00 20 [email protected] www.szp.kz KAZAKHSTAN Les principaux salons professionnels en 2012 • Plastex Kazakhstan 14-16 mars, Almaty Salon international spécialisé dans la plasturgie www.chemie.kz/en/plastex [email protected] • Homedeco Kazakhstan 1er-3 avril, Almaty Décoration intérieure et tissus d’ameublement [email protected] www.homedecofair.com • Interfood Astana 18-20 avril, Astana Aliments, boissons, équipements www.astanafood.kz/en [email protected] • Kitf 25-27 avril, Almaty Tourisme et voyage www.kitf.kz/en [email protected] • Kihe/Drugstore 16-18 mai, Almaty Salon international de la santé www.kihe.kz/en [email protected] • Kazagro / Kazfarm 26-28 octobre, Astana Agriculture et élevage www.ifw-expo.com [email protected] • Astana Build 23-25 mai, Astana Bâtiment, intérieur, chauffage… [email protected] www.astanabuild.kz/en • Kazbuild 14-16 novembre, Almaty Construction, aménagement intérieur www.kazbuild.kz/en/ [email protected] • Transit Kazakhstan 19-21 septembre, Almaty Transport et logistique www.transitkazakhstan.kz/en [email protected] • Kioge 26-28 octobre, Astana Industrie pétrolière www.kioge.com graeme.coombes@ ite-exhibitions.com Les opérations collectives françaises au Kazakhstan en 2012 Pavillons France Missions de prospection • Mining World Central Asia, salon minier 19-21 septembre, Almaty Contact Ubifrance : Clémence Hauteville Tél. : 01 40 73 34 52 [email protected] • Rencontres acheteurs des cosmétiques, à l’occasion de Kazinterbeauty 26-27 avril, Almaty Contact au service économique de l’ambassade de France : Inessa Sultanova Tél. : + 7 727 396 98 00 [email protected] • Rendez-vous Vins et Spiritueux 7-12 mai, Almaty Contact à Ubifrance : Yvette Lasserre Tél. : 01 40 73 32 44 [email protected] Colloque dans le secteur des transports ferroviaires et urbains 12 -3 juin, Astana David Beaudlet - Tél. : 01 40 73 36 48 [email protected] • Kazfarm, salon de l’agriculture 26-28 octobre, Astana Contact Ubifrance : Tatiana Chilovsky Tél. : 01 40 73 33 62 [email protected] • Kioge, salon des hydrocarbures 26-28 octobre, Astana Contact à Ubifrance : Agnès Hagyak Tél. : +33 (0)1 40 73 34 87 [email protected] 32 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 KAZAKHSTAN Se rendre au Kazakhstan Formalités Les ressortissants français désirant se rendre au Kazakhstan peuvent obtenir directement leur visa à l’ambassade du Kazakhstan à Paris. En cas de demande d’un visa à plusieurs entrées, une lettre d’invitation est nécessaire. Le visa est délivré sous 7 jours. La procédure d’enregistrement auprès du Service des visas et des autorisations (OVIR) du ministère de l’Intérieur continue d’être nécessaire. Une fois dans le pays, cet enregistrement est effectué dans un délai de 5 jours par la plupart des hôtels ou par la partie invitante. Prix des visas touristiques : entrée simple (30 jours), 32 euros ; double entrée (60 jours), 64 euros. Prix d’un visa affaires (de 3 à 90 jours) : entrée simple, 48 euros ; entrée double, 72 euros ; entrée triple, 110 euros. Aucun vaccin n’est exigé. Se rendre dans le pays Aucune compagnie aérienne européenne ne dessert directement Astana ou Almaty depuis la France. Transit obligatoire par Almaty, Moscou, Hanovre, Vienne, Prague, Tachkent, Istanbul ou Francfort. Bon plan L’hôtel Holiday Inn d’Almaty, dont le chef est français, est un des rendez-vous favoris des Français. www.ichotelsgroup.com, chercher à « Kazakhstan » Déplacements de ville à ville Train de nuit entre Almaty et Astana, la capitale (14 h). Environ 150 dollars AR. Monnaie et change Le tengué (KZT). Taux de change (14 novembre 2011) : 1 euro = 202,36 KZT Bon à savoir Les cartes de paiement internationales sont largement acceptées dans les grandes villes tant à Almaty, que Astana, Atyrau et Sources d’informations Outre ceux mentionnés plus haut, voici quelques sites utiles complémentaires. Institutionnels kazakhstanais • http://en.government.kz Site du gouvernement kazakhstanais. En russe, anglais et kazakh • http://en.government.kz/resources/ govsites Cette page répertorie tous les sites des ministères et agences gouvernementales • www.nationalbank.kz Site de la Banque nationale du Kazakhstan, en anglais et en russe • www.customs.kz Site du comité du contrôle douanier du ministère des Finances, qui fixe les tarifs (pour le moment en russe, kazakh et biélorusse) 34 LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011 • www.tsouz.ru Site de l’Union douanière Russie-Kazakhstan-Biélorussie Sites d’informations • www.kazpravda.kz/l/eng Kazakhstansakya Pravda, anglais et russe • http://eng.gazeta.kz Portail Internet d’informations sur le Kazakhstan, en anglais et en russe • www.newsline.kz Site d’informations économiques sur le Kazakhstan et l’Asie centrale, en anglais • http://silkroadintelligencer.com Site d’informations économiques sur le Kazakhstan, en anglais Aktau, notamment dans les hôtels, les restaurants et grands supermarchés. Dans les autres villes, prévoir du liquide. À noter que le paiement cash s’effectue obligatoirement en tengué. Le paiement en devises étrangères est proscrit par la loi. Location de voitures Aucun loueur de voitures n’est présent à l’aéroport d’Astana. La location de véhicule sans chauffeur est déconseillée. À Almaty, un loueur de voitures présent à l’aéroport : Garage Taxi Tél. : +7 7272 276 29 07 www.garage999.kz/ru Coût moyen d’une location de voiture catégorie B (sans chauffeur) : 62 euros par jour (9h-18h) ou 15 euros de l’heure. Location d’une voiture avec chauffeur : 20 euros de l’heure. Informations issues du Moci n° 1895 du 21 juillet 2011 « Spécial voyages d’affaires » À LIRE • Vers un nouveau partenariat entre la France et l’Asie centrale : (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan), Aymeri de Montesquiou, La Documentation française, 2005, 139 pages. • L’Asie centrale à l’aune de la mondialisation : une approche géoéconomique, Marlène Laruelle et Sébastien Peyrouse, Armand Colin, 2010, 234 pages. • Guide « S’implanter au Kazakhstan et en Ouzbékistan », Ubifrance, 2009, 230 pages, 69 euros TTC. www.ubifrance.fr