Ambassade du Kazakhstan

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Kazakhstan
Le guide business 2012
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Analyses et avis d’experts
Témoignages d’entreprises
Secteurs porteurs
Environnement des affaires
Informations pratiques
SOMMAIRE
LE MOCI
Directeur
Vincent Lalu
RÉDACTION
Rédactrice en chef
Christine Gilguy (31)
Rédactrice en chef adjointe chargée
du site Lemoci.com
Isabelle Verdier (27)
Rédacteur en chef pôle logistique
Gilles Naudy (+33 (0)1 49 70 12 06)
Conseiller de la rédaction
Georges Rambaldi
Enquêtes et reportages
Sylvette Figari, chef de rubrique (26)
François Pargny, chef de rubrique (23)
Jean-François Tournoud, chef de rubrique (21)
Sophie Creusillet, rédactrice (30)
Réalisation
Madeleine Dorner, secrétaire de rédaction (38)
Maquette
Delphine Miot, rédactrice graphiste (37)
Ont collaboré à ce numéro
Régis Genté
Pour joindre votre correspondant par téléphone,
composez le (+33 (0)1 53 80 74 suivi des deux
derniers chiffres du poste.
Conception graphique
amarena
Impression
Imprimerie de Champagne
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Directrice de clientèle
Karine Grossman (+33 (0)1 53 80 74 07)
Antenne régionale sud
Karine Rosset (+33 (0)4 26 84 57 87)
Assistante commerciale
et responsable technique
Cindy Renaud (+33 (0)1 49 70 12 07)
Fax de la publicité : +33 (0)1 49 70 12 69
GESTION, ADMINISTRATION
Directeur délégué
Pierre Bessière (+33 (0)1 53 80 74 01)
Directrice du développement
Delphine Chêne
Directrice de la diffusion
Victoria Irizar (+33 (0)1 49 70 12 48)
Directeur de la fabrication
Robin Loison
Webmaster
Pierre Lalu
Comptabilité, gestion
Évelyne Montecot, Valérie Perrin
KAZAKHSTAN
3 Le guide business 2012
RÉTROSPECTIVE
6 1991-2011 : vingt ans de
rattrapage économique
INVESTISSEMENTS DIRECTS
ÉTRANGERS
7 La France passe devant
les États-Unis
ENTREPRISES
8 Ces Français qui réussissent
au Kazakhstan
• « Local content » Une demande
d’assouplissement
• CIS S’adapter pour gagner des
appels d’offres
• Protech « Nos clients, le top
1000 des Kazakhstanais les plus
riches »
• Danone et Lactalis Face à un
secteur laitier à reconstruire
RELATIONS BILATÉRALES
12 Le partenariat stratégique se
concrétise
• Trois questions à Jean-François
Dathie
SECTEURS PORTEURS
15 Innovation, diversification
• Innovation industrielle Rôle clé
des transferts de technologie
• Bâtiment Besoin de matériaux
de finition
• Transport Entre la Chine
et l’Europe, il y a le
Kazakhstan
• Pétrole Le moteur de
l’économie kazakhstanaise
• Agriculture Un énorme
potentiel, mais...
• Transport aérien En attendant
une ligne directe FranceKazakhstan
• Luxe Une forte demande
à satisfaire
• Défense La France en
embuscade
LES OPPORTUNITÉS
EN PROVINCE
20 Oust-Kamenogorsk veut sortir
de la mine
TRAVAILLER AVEC
LES KAZAKHSTANAIS
22 Décideurs
• Entretien avec Aïdan Karibjanov
RÉGLEMENTATION
24 Ce qu’il faut savoir pour
s’implanter et exporter
PRATIQUE
30 Contacts et manifestations
Se rendre au Kazakhstan
MOCI EVENEMENTS
Chef de projet pôle Événement
Benoît de Montmarin (+33 (0)1 49 70 12 73)
Commission paritaire.
Publication n° 0911 K 81051
ÉDITEUR Sedec SA
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numéro est soumise à l’autorisation préalable de
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Kazakhstan
Le guide business 2012
Le Kazakhstan fête cette année le 20e anniversaire de son
indépendance. Une nouvelle occasion de se pencher sur les
opportunités d’affaires et d’investissements qu’offre la
république la plus prometteuse d’Asie centrale alors que
Standard & Poors vient de rehausser sa note à BBB+. Comment aborder le marché ? Comment et dans quels secteurs
investir ? Quelles sont les pratiques locales ? Reportages, témoignages, informations pratiques et avis d’experts rassemblés
dans ce guide donnent les clés.
Astana, la
capitale depuis
1997, a été
quasi construite
ex nihilo au
milieu de
l’immense
steppe kazakhe.
Roma - Fotolia.com
« Faire des affaires au Kazakhstan,
c’est possible ! « Ce n’est pas un
pays facile, comme tous ceux de
l’ex-URSS, mais il est ouvert et veut
se développer. Reste que, avant de
s’y lancer, il faut faire davantage
d’enquête [due diligence] qu’ailleurs. Mais, en quinze ans, je l’ai vu
considérablement progresser »,
explique Michael Wilson, un avocat
d’affaires installé à Almaty.
Le Kazakhstan présente les avantages et les défauts d’un pays émergent, qui en 2011 devrait connaître
une croissance de 6,5 %. Avec
cette particularité qu'un vrai effort
de diversification est entrepris. D’un
côté, un dynamisme, nourri par une
économie tirée par un sous-sol
extrêmement riche (en pétrole
notamment), quantité de chantiers
en cours et à développer, des infrastructures soviétiques à refaire
entièrement, un État qui s’invente
tous les jours, à l’image d’Astana,
sa nouvelle capitale (depuis 1997)
quasi construite ex nihilo au milieu
de l’immense steppe kazakhe. De
l’autre, une bureaucratie encore
lourde, la corruption qui pollue tous
les secteurs, des fonctionnaires se
mettant peu à peu au diapason du
monde, un système juridique faible.
En cet automne 2011, les milieux
économiques du Kazakhstan ne
parlaient que du pays qui vient de
faire son entrée parmi les 50 meilleurs pays du monde pour faire des
affaires, le classement « Doing Business » de la Banque mondiale,
publié le 20 octobre 2011. Le
Kazakhstan a gagné 11 places par
rapport à 2010, pour se hisser au
47e rang. Il est loin devant la Rus-
Le pays a gagné 11 places
au classement Doing Business
de la Banque mondiale
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
3
sie (120e). Il est même devant certains pays européens dans ce classement effectué à partir de critères
comme la protection des investisseurs, le niveau des impôts, la rapi-
dité pour enregistrer une société.
Le président Noursoultan
Nazarbaïev peut s’en féliciter :
début 2010, il avait demandé au
gouvernement de tout faire pour
que le pays entre dans le top 50
dudit classement. Toutefois, la portée de ce dernier doit être nuancée car ce classement n’est établi qu’à partir des lois et règles
ï
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(Oust-Kamenogorsk)
ASTANA
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adoptées par les pays concernés,
pas à partir de l’évaluation de leur
application concrète.
À cet égard, Timour Nazhanov, de
l’Association indépendante des
entrepreneurs du Kazakhstan,
expliquait fin octobre au magazine
économique Kursiv que les PME
doivent toujours payer des dessousde-table aux bureaucrates. L’impôt
sur les sociétés a bien baissé de 30
à 20 % en 2009… mais le bénéfice serait ainsi rogné par la corruption, Les autorités disent vouloir
l’éradiquer, mais les résultats
demeurent faibles. C’est là qu’il faut
chercher une des raisons au côté si
tatillon de l’administration locale.
Cela dit, remettons les choses à leur
place : très rares sont, dans ce
pays, les cas de prédation sauvage
visant des entreprises étrangères,
4
Almaty
Taraz
Atyraoũ Capitale de région
Route principale
Voie ferrée
Aéroport, aérodrome
Oléoduc
Gazoduc
CHIFFRES-CLÉS
Population : 16,31 millions d’habitants
Superficie : 2 724 900 km2 (9e pays au monde)
Frontières : 12 185 km dont Russie 6 846 km ; Ouzbékistan 2 203 km ; Chine
1 533 km ; Kirghizistan 1 224 km ; Turkménistan 379 km
Distances : Paris-Astana 4 753 km ; Aqtau-Astana 1 727 km ;
Astana-Almaty 974 km
Taux de croissance du PIB réel
2009 : 4 % ; 2010 : 7 % ; 2011 (p) : 6,5 % ; 2012 (p) : 5,5 % ; 2013 (p) : 5,8 %
PIB par habitant : 8 764 dollars US en 2010
Taux de chômage : 5,7 %
Infrastructures : réseau ferroviaire 15 082 km ; réseau routier 93 612 km
Principales zones économiques spéciales
Atyrau : Petrochemical Park
Aktau : Marine Port Aktau
Astana : Astana New City (construction)
Burabay : (forêt, bois)
Almaty : IT Park
Shymkent : Ontustyk (textile)
Sources : FMI, Banque mondiale
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
Chantrieux
Qyzylorda
AZ
M RID
A
R
M E
Aqtaou
Baïqongyr
TA
NA
Taldyqorghan
Mer
d ’A r a l
contrairement à ce qui se passe
dans des pays voisins comme
l’Ouzbékistan. Les manifestations
de nationalisme économique de
ces dernières années, qui ne
concernent que de très gros chantiers, comme les gisements hydrocarbures de Kashagan ou Karachanak, sont en substance
présentées par les autorités du
pays comme une re-négociation de
contrats signés dans un contexte
où le Kazakhstan était encore faible politiquement et pas assez
expérimenté pour défendre correctement ses intérêts.
À cela, il faut ajouter une tradition
bureaucratique lourde. L’économie
a eu beau s’ouvrir, devenir libérale
à bien des égards, elle n’en
demeure pas moins dominée par
l’État. Le holding d’État SamrukKazyna produit plus de la moitié du
PNB du Kazakhstan. La route vers
une organisation plus libérale est
longue et on ne se refait pas en un
clin d’œil. Le très dirigiste président
Nazarbaïev, 71 ans, prototype de
l’homme qui s’est fait en gravissant
tous les échelons de l’ancien appareil soviétique, aime à fixer des
objectifs de développement ambitieux au pays en s’appuyant sur
d’importants programmes d’État.
Mais, comme à l’époque soviétique,
la mise en œuvre n’est pas toujours
à la hauteur des objectifs, que par
ailleurs ces programmes répondent
ou non aux vrais besoins du pays et
qu’ils soient réalistes ou non.
Souvent, l’intention est bonne.
Voire excellente, notamment
lorsqu’il s’agit de diversifier l’économie. La richesse du Kazakhstan,
c’est son sous-sol. Notamment le
pétrole dont il est le 18e exportateur mondial. Il pourrait entrer dans
le top 10 mondial d’ici une décennie. Mais, visionnaire, le chef de
l’État, à la tête de son immense
pays depuis 1989, a très tôt com-
Le partenariat stratégique
France-Kazakhstan porte ses fruits
pris qu’il fallait diversifier cette économie qui, par ailleurs, souffrait
d’avoir été cantonnée par Moscou
au rôle peu glorieux et peu rémunérateur de fournisseur de matières
premières, le Kazakhstan possédant toute la table de Mendeleïev
dans ses entrailles.
Là, par exemple, l’application des
directives n’est pas toujours satisfaisante. Les grands organismes
chargés de diversifier l’économie
souffrent de l'affairisme de certains
de leurs agents, comme nous l’a
expliqué un homme d’affaires occidental familier des hautes sphères
du business kazakhstanais. Il confirmait là des informations que plusieurs nous ont rapportées.
Malgré tout, ce sont autant de secteurs et de niches à investir pour les
entreprises étrangères. Une cinquantaine de sociétés françaises
sont présentes au Kazakhstan. Et
pas seulement celles issues du
CAC 40. Même si le pays est
encore pour la France davantage
synonyme de grands contrats que
de « success stories » pour nos
PME. Astana est très gourmande
en transferts de technologie française. « Ce qui compte, c’est le fait
que la France apporte une technologie qui contribue à la diversification de notre économie, ce qui est
notre priorité », explique Aïdan
Karibjanov, le vice-président de
Samruk-Kazyna.
Le partenariat stratégique entre la
France et le Kazakhstan, initié par
le président Sarkozy lors de sa visite
à Astana d’octobre 2009, porte ses
fruits. La France a le vent en poupe
au Kazakhstan. Certes, le pays est
Ubifrance ouvre le 1er janvier 2012
un bureau à Almaty
loin d’être parfait. Mais il semble
petit à petit régler certains de ses
problèmes. Toutefois, des difficultés
resteront. Comme l’immensité de ce
territoire, cinq fois la France, ce qui
occasionne des surcoûts et
demande souvent une organisation
plus lourde.
Le Kazakhstan est très loin, non
seulement de la France, mais aussi
de l’ensemble du monde, enclavé
qu’il est au cœur du continent eurasiatique. Mais ces difficultés sont
aussi des avantages en ce qu’il
demande des technologies et
savoir-faire spécifiques. Pour
preuve, Alstom vient de s’installer
dans le pays, le domaine des transports étant des plus prometteurs
dans un pays à mi-chemin entre la
Chine et l’Europe.
Au plan sociopolitique, la question
de la succession de M. Nazarbaïev
est un sujet de conversation récurrent des hommes d’affaires, locaux
comme étrangers, tant son régime a
imprimé sa marque aux vingt premières années de cette république.
« L’autoritarisme au Kazakhstan est
consultatif, au sens où il n’existe pas
de concurrence politique réelle mais
ou les autorités souhaitent obtenir
le soutien de la population, estime la
politologue Marlène Laruelle. Mais
cela ne suffit pas à garantir la stabilité. La mauvaise distribution de la
rente pétrolière peut avoir un impact
néfaste sur celle-ci. »
Ce risque, s’il doit être pris en
compte, ne doit pas être surestimé.
Pour l’heure, les sociétés qui misent
sur le Kazakhstan n’ont pas à s’en
plaindre. Ubifrance ouvre le 1er janvier 2012 un bureau à Almaty, le
principal centre économique du
pays : les entreprises françaises,
notamment les PME, devraient voir
leurs démarches facilitées.
Régis Genté,
envoyé spécial
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
5
KAZAKHSTAN
RÉTROSPECTIVE
1991-2011 Vingt ans
de rattrapage économique
La croissance
économique du
pays flirte avec
les 10 %
jusqu’en 2007.
6
Le Kazakhstan n’est pas encore
indépendant que Noursoultan
Nazarbaïev négocie avec les autorités et les pétroliers américains
pour leur allouer le gisement
pétrolier de Tengiz. Conscient que
c’en est fini de l’URSS, il comprend d’instinct que cette indépendance ne sera réelle que si le
pays valorise ses richesses avec
l’aide d’entreprises occidentales.
Les raisons sont géopolitiques,
financières et technologiques.
À force d'insister, Noursoultan
Nazarbaïev obtient de rencontrer
tard dans la nuit James Baker, le
chef de la diplomatie américaine,
très proche des milieux pétroliers
de son pays, dans un grand hôtel
de Moscou. Son opiniâtreté paie.
Le 6 mai 1993, le Kazakhstan
vend Tengiz pour 1 milliard de dollars à Mobil et à Chevron. La désormais ex-république soviétique ne
prend que 25 % des parts du
consortium. Ouverture au capital
étranger et diplomatie qui s’appuie
sur les richesses nationales pour
neutraliser les grandes puissances
les unes par les autres, dans le but
de défendre l’indépendance du
pays. La politique menée dans un
secteur comme l’uranium suivra le
même schéma, jusqu’à placer le
Kazakhstan au premier rang mondial des producteurs. Il n’est même
plus seulement question de céder
ses gisements pour un bon prix. En
échange d’une licence d’exploitation, Astana exige désormais de
prendre des parts à tous les
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
R. Genté
Pour aborder le Kazakhstan d’aujourd’hui, jeune République indépendante depuis décembre 1991, il faut prendre conscience d’où il vient.
Retour sur quelques étapes clés d’une course au rattrapage économique qui se poursuit aujourd’hui.
niveaux du cycle nucléaire. Terminé
le temps où la république centrasiatique n’était qu’exportatrice de
ses matières premières.
Les premiers temps de l’indépendance sont chaotiques. Le pays
avait sa place bien spécifique dans
l’économie soviétique. Mais
l’URSS n’existe plus, les chaînes
industrielles sont rompues. En
1995, le PIB du Kazakhstan est
60 % plus bas qu’à la veille de
l’indépendance. M. Nazarbaïev
lance dans l’urgence des réformes
établissant le marché libre, il privatise à tour de bras, en vendant
beaucoup des gisements du pays
à des entreprises étrangères,
comme Mittal qui rachète l’énorme
aciérie de Temirtau en 1995,
assainit les fondamentaux macroéconomiques. Un « choc sans thérapie » diront certains.
Au milieu des années 1990, l’entourage du président s’empare
des postes clés : sécurité intérieure, médias, grandes entreprises, énergie, banque », explique
le politologue Bayram Balci. Au
tournant des années 2000, l'économie kazakhstanaise s'envole et
connaît une croissance qui flirte
avec les 10 % jusqu’à la crise
financière, qui s’est invitée au
Kazakhstan dès 2007. Mais le
pays a le vent en poupe, notamment après la découverte des
fabuleuses réserves de brut du
gisement offshore de Kashagan.
Depuis la fin des années 1990, le
Kazakhstan est moins libéral.
Changement de stratégie politique ? « Non, nous n’avons pas
vraiment de politique économique
propre. Depuis l’indépendance, ce
n’est qu’une politique d’opportunisme, qui explique aussi le nationalisme économique de ces
dernières années », estime l’économiste Kanat Berentaïev. Quoi
qu’il en soit, cette approche plus
interventionniste s’accompagne
d’une volonté réelle de diversifier
l’économie et de créer un solide
tissu industriel national, quelque
peu freinée par la corruption et la
bureaucratie.
INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS
La France passe
devant les États-Unis
R. Genté
En dix ans, les investissements directs étrangers (IDE) au Kazakhstan
ont explosé. Une envolée dont profitent les entreprises françaises.
Le Kazakhstan est un pays boulimique de projets. Rassurés par la
stabilité politique du pays et appâtés par sa situation géographique,
les investisseurs ont parié sur le
Kazakhstan. En 1993, trois ans
après son indépendance, le
Kazakhstan n’attirait que 1,27 milliard de dollars, selon la Banque
nationale du Kazakhstan. En 2010,
le flux d’IDE a atteint 18,07 milliards
de dollars US. Soit 14 fois plus.
Largement en tête, les Pays-Bas ont
investi l’an dernier 5,65 milliards de
dollars dans le pays, soit presque
un tiers du total des IDE. Ils sont
suivis par la France (1,53 milliard de
dollars) qui est passée en 2010
devant les États-Unis (1,4 milliard).
Viennent ensuite le Royaume-Uni
(1,02 milliard), la Chine (89 millions
de dollars)… et un paradis fiscal :
les Îles Vierges britanniques. En
septième position, le voisin russe
gagne une place par rapport à
2009 avec 615,3 millions de dollars, devant trois pays qui se tiennent dans un mouchoir de poche :
le Japon (614,5 millions de dollars),
l’Italie (612,2 millions) et la Suisse
(478,9 millions). La répartition des
IDE montre un fort tropisme pour
les hydrocarbures et le secteur
minier. Le richissime sous-sol
kazakhstanais a attiré en 2010 plus
de 4 milliards de dollars d’investissements. Mais les secteurs qui totalisent le plus d’IDE sont l’immobilier
et les services aux entreprises.
Immobilier, location d’équipements,
sociétés de support informatique,
entreprises de R&D, de prospection
géologique ou de comptabilité, ont
drainé 8,8 milliards de dollars US.
Les industries de transformation,
que le gouvernement kazakhstanais
souhaite développer, ont quant à
elles attiré plus de 2 milliards de dollars. Le commerce (de gros ou de
détail), la construction, le transport
et la logistique, les services financiers, l’agriculture et l’innovation ont
chacun totalisé moins de 10 %
voire moins de 5 % des IDE réalisés au Kazakhstan. C’est dire le
potentiel de développement de ces
secteurs.
Sophie Creusillet
Les
investisseurs,
rassurés par la
stabilité
politique du
pays, ont parié
sur le
Kazakhstan.
Une cinquantaine d’implantations
Une cinquantaine d’entreprises françaises sont implantées
au Kazakhstan. Voici les principales :
Énergie : CGG Veritas, FMC Munai Systems, FMC Technologies, GDF Suez, AMEC SPIE, Areva, Schlumberger,
Synergy Resources, Total.
Minerais : BRGM, Aubert & Duval.
Électricité et électronique : Alcatel Lucent, Legrand,
Lemont/ Actaris SAS, Nexans, Schneider Electric, Gemalto,
MGE Office Protection Systems, Thales.
Transport : Alstom, KLM, Renault Trucks.
Logistique : Daher, Mory, Gefco.
Services aux entreprises : Bureau Veritas, Cifal, Dories,
Sodexo, CEIS.
Banques : Calyon, Natixis, Prosto Credit, Société Générale.
Tourisme et restauration : Aden, CAC (Central Asia Catering-CIS), CGTT Voyages, Evolution Voyages.
Matériaux de construction : Vicat, Saint-Gobain Isover.
Agroalimentaire : Danone, Pernod Ricard, Royal Canin,
Soufflet (malterie), Lactalis.
Pharmacie et cosmétiques : Beaufour Ipsen, L’Oréal, Laboratoire Innotech, Laboratoires Servier, Sanofi-Aventis.
Aéronautique, spatial : EADS Astrium et Eurocopter.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
7
KAZAKHSTAN
ENTREPRISES
Ces Français qui
réussissent au Kazakhstan
Les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à
s’intéresser au Kazakhstan. À côté des grands groupes qui s’y sont
implantés à la faveur de grands contrats, des PME et des entrepreneurs y développent leurs affaires, en dépit de règles contraignantes
comme celle du « local content », le « contenu local ». Comment fontelles ? Enquêtes et témoignages.
R. Genté
« Local content » Une demande d’assouplissement
Le Centre de
formation aux
métiers de
l’électricité,
à Almaty, dont
Schneider
Electric est
le partenaire
industriel.
8
La loi kazakhstanaise oblige les
sociétés étrangères à acheter
des biens et à employer localement. Une excellente façon de
soutenir le développement d’un
tissu industriel national… mais
l’application s’avère souvent difficile.
Le 4 novembre 2011, à Astana,
Eric Besson soulevait la question
« des dérogations nécessaires à la
législation du Kazakhstan en
matière de recrutement de maind’œuvre étrangère spécifique. » Et
ce n’est rien moins qu’avec le Premier ministre, Karim Massimov, que
notre ministre de l’Industrie abordait le problème. Certes, il le faisait à propos du gisement pétrolier géant de Kashagan, dont Total
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
préside la société opératrice. Mais
cela n’en prouve pas moins combien le « contenu local » est un vrai
sujet, perçu comme handicapant
pour les entreprises étrangères
œuvrant au Kazakhstan.
Le 1er janvier prochain, Astana prévoit d’accroître encore les taux de
« contenu local. » « Notre plan est
d’avoir 90 % de contenu local
dans les services d’ici à 2015 »,
explique Yerlan Kylbaïev, directeur
de département à l’Agence nationale du développement du
contenu local (Nadloc). Un
« contenu local » qui n’est « pas
applicable à un contrat signé entre
entreprises privées, mais seulement avec un organisme public,
une entreprise d’État, et pour le
secteur de l’exploitation du soussol », précise le fonctionnaire.
Cette loi est bonne sur le principe,
reconnaissent les hommes d’affaires étrangers. Surtout en cette
année de révoltes arabes, où les
logiques rentières ont montré leur
dangerosité dans les États pétroliers du Moyen-Orient qui n’ont
pas utilisé leurs pétrodollars pour
développer un tissu industriel et
créer de l’emploi.
Le problème, au Kazakhstan, est
l’application de cette loi qui exige
des taux de « contenu local » trop
élevés compte tenu des capacités
actuelles du pays. « En ce qui
concerne l’embauche de cadres,
on ne peut pas respecter la loi
sans mettre en danger nos opérations. Ce pays manque d’ingénieurs. Cela tient à la mauvaise
qualité de la formation, mais aussi
au très grand nombre de projets
en cours », explique un cadre d’une
entreprise minière occidentale.
Du coup, en 2011, des entreprises françaises se sont investies
dans la formation et la recherche
pour respecter la loi sur le
« contenu local » : Total avec un
projet d’institut de soudure,
Schneider Electric comme partenaire industriel d’un centre des
métiers de l’électricité, Lactalis et
Areva pour former leurs cadres. Le
législateur kazakhstanais travaille
à une loi sur le calcul du « contenu
local » applicable à tel ou tel secteur. « Il faudrait que cette loi ne
s’inspire pas que des industries
extractives, mais tienne compte
des fondamentaux des autres secteurs. Nous avons une activité d’intégrateur. Pour nous, la maintenance et la formation sont
capitales », témoigne Silvère
Delaunay, directeur d’EADS
Kazakhstan. En attendant, il faut
s’adapter.
R. G.
CIS S’adapter pour gagner des appels d’offres
CIS gère
18 contrats
avec des
sociétés
chinoises,
russes ou
kazakhstanaises.
D.R.
En 18 ans d’expérience sur les
chantiers pétroliers et miniers du
Kazakhstan, la société de catering marseillaise CateringInternational & Services (CIS) a appris
à évoluer dans ce pays en mutation permanente. Elle y prévoit
37 % d'augmentation du chiffre
d’affaires en 2012.
« Ce pays avance tellement vite
depuis quelques années qu’il faut
en permanence savoir s’adapter »,
raconte Rémy Guth, le directeur
de CAC, filiale au Kazakhstan de
CIS. Et ce pionnier de la société
marseillaise en Asie centrale de
préciser que le succès réside dans
la rapidité de l’adaptation aux évolutions du pays. C’est ainsi que
CIS a eu jusqu’à 1 200 employés
et gère 18 contrats, avec des
sociétés chinoises, russes ou
kazakhstanaises.
En 2009, CIS crée sa filiale 100 %
kazakhstanaise pour répondre au
nouvel impératif de « contenu local »
requis par la loi du pays. « Elle nous
permet de maximiser les notes que
nous obtenons dans les appels d’offres. Si vous remplissez les critères
du « contenu local », le prix que vous
proposez est minoré de 20 % »,
explique Saman Hamidi, directeur
Asie centrale de CIS. Tout le dispositif au Kazakhstan de CIS
témoigne de cet impératif d’adaptation. « Nous y avons quatre
bureaux, en raison de l’immensité
du pays, mais aussi des lourdeurs
administratives, affirme M. Hamidi.
Il nous faut remplir plusieurs fois les
mêmes imprimés pour le service
des impôts, la sécurité sociale, les
retraites, etc. C’est très lourd. J’ai
une équipe complète pour gérer
ces affaires », déplore-t-il. Grand
comme cinq fois la France mais
seulement peuplé de 15 millions
d’habitants, le pays impose des
contraintes qui lui sont propres.
« Lorsque je choisis un fournisseur,
je vérifie d’abord sa capacité à livrer
quelles que soient les températures
et aussi loin que se trouve notre
site », explique Rémy Guth. Les
choses s’améliorent. « Tout le
monde passe aux normes ISO, cela
facilite notre travail », constate
M. Hamidi. Du coup, CAC vient
d’adopter un business plan prévoyant une augmentation de 37 %
de son chiffre d’affaires en 2012.
R. G.
Protech « Nos clients, le top 1 000
des Kazakhstanais les plus riches »
2 000 dollars US pour faire protéger la peinture de sa voiture de
luxe, ça marche au Kazakhstan.
En janvier 2010, trois jeunes entrepreneurs, deux Français et un
Kazakhstanais, lançaient Protech,
à Almaty. C’est bien parti et le trio
multiplie les idées pour explorer
cette niche du luxe jusqu’au bout.
Des traitements et soins esthétiques pour les voitures de luxe,
c’est un vrai marché au Kazakhstan. Rien qu’à Almaty, la capitale
économique du pays, 160 Bentley
circulent dans le réseau de rues en
damier, dessiné à l’époque sovié-
tique, cinq Bugatti Veyron, une
quinzaine de McLaren SLR et de
Maybach sans parler des Porsche
et autres Lexus qu’on ne compte
plus. « Les gens qui achètent ce
genre de voitures des centaines de
milliers d’euros n’hésitent pas à
ajouter 2 000 dollars pour un service qui rendra leur véhicule brillant
comme un bijou. Ils disent oui tout
de suite », explique Stéphane Onimus, 35 ans, un des trois patrons
de « Le Rocher », qui a repris la
licence de Protech, société monégasque. En janvier 2010, il lançait
Protech à Almaty avec Alexandre
Houdebine et Eldos Daulet, un
jeune Kazakhstanais parfaitement
francophone. « Nous avons créé la
société en octobre 2009. En trois
semaines, assisté d’un notaire spécialisé, elle était enregistrée. Cela
a été facile », raconte Stéphane
Onimus.
Après une longue expérience commerciale à Dubaï, Stéphane décide
de s’installer au Kazakhstan en
2008. Il monte deux petites sociétés d’import mais se concentre surtout sur le projet Protech « qui
demandait à être très bien ficelé. »
Mais la niche haut de gamme est
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
9
KAZAKHSTAN
D.R.
Protech a
démarré en
septembre une
activité de pose
de films
protecteurs pour
carrosserie.
Et d’autres
projets sont
dans les
cartons…
là et les concurrents directs quasi
inexistants. « Nous avons fait une
étude de marché, passé des
accords avec les distributeurs des
grandes marques en leur disant
qu’avec nous ils allaient offrir un
service en plus à leurs clients et
donc encore améliorer leur marge,
sans rien avoir à investir. »
Dans le showroom de Land Rover,
sur l’avenue Suyumbai à Almaty, un
discret présentoir noir est disposé
près des véhicules. Chaque matin,
une équipe de « Le Rocher » passe
bichonner les 4x4 à la peau de chamois. « Nous n’avons presque rien
investi dans les locaux puisque
nous travaillons chez les concessionnaires pour être au plus
proches des clients finaux. Soit ils
ont station de lavage, soit nous
utilisons un produit de nettoyage
écologique sans eau, avant de procéder au traitement Protech »,
explique Stéphane Onimus. Il a fallu
environ 85 000 euros d’investissement de démarrage pour obtenir la
franchise, acheter les produits et
les équipements. « Nous limitons
pour l’instant nos frais de fonctionnement en travaillant directement
chez nos partenaires concessionnaires en attendant de monter notre
propre centre », ajoute-t-il.
La société est en phase de démarrage, mais tout annonce un avenir
radieux. Le trio a démarré en septembre dernier son activité film avec
la marque Sunprotech : films
« teintage » de vitres, de protection
pour carrosserie, antirayures, décoratifs… D’autres projets sont dans
les cartons, comme le lavage dans
les hôtels de luxe… et pourquoi
pas le marché des jets privés des
oligarques kazakhstanais ? « Mais
il nous faut encore gagner en expérience », estime Stéphane Onimus.
R. G.
Danone et Lactalis Face à un secteur laitier
à reconstruire
Le secteur des produits laitiers
n’est pas le plus facile au
Kazakhstan. Danone et Lactalis
en savent quelque chose. Tout
est à faire.
C’est de l’amont à l’aval que les difficultés s’accumulent. « Notre plus
gros problème, c’est l’approvisionnement en lait. Il en manque dans
le pays », explique David Manzini,
10
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
le directeur de Danone en Asie
centrale et dans le Caucase.
Résultat, la petite usine d’Almaty,
ouverte il y a un an, prévue pour
15 000 t/an, principalement de
yaourts et de produits comme Activia ou Rastichka, ne tourne qu’à
35 % de ses capacités.
N’ayant jamais été véritablement
restructurée depuis la chute de
l’URSS, la production de lait au
Kazakhstan souffre de tous les
maux. La saisonnalité varie de un à
six au cours de l’année. La productivité est faible : 2 500 litres par an
et par vache, soit deux trois fois
moins qu’en Europe. La qualité n’est
pas toujours au rendez-vous. La collecte du lait est laborieuse tant les
producteurs sont éparpillés sur l’im-
mense territoire kazakh. Lactalis va
parfois chercher son lait jusqu’à
600 km. « Ouvrir une ferme serait
probablement une solution. Nous
sommes en cours d'étude pour le
développement d'un projet », affirme
David Manzini. Pour Danone Berkut, la filiale locale du groupe, il faudra également encourager le support des petits producteurs de lait
avec un système de coopératives,
car ils sont très dépendants de
négociants locaux. Ce moyen permettrait plus facilement d’octroyer
des microcrédits qui aideraient les
fermiers, parfois n’ayant que
quelques vaches, à améliorer quantité et qualité de leur production.
Côté marché, là aussi il s’agit de
structurer. « Il nous faut encore
expliquer au consommateur
kazakhstanais que, pour sa santé, il
doit manger de bons produits laitiers », explique M. Manzini. Le
directeur de Danone Berkut a par
exemple proposé voilà trois mois
au gouvernement de faire un programme d’éducation alimentaire
sur les produits laitiers, du type de
celui de la Commission nationale
interprofessionnelle laitière en
France (« les produits laitiers sont
vos amis pour la vie… »). Pas de
réponse pour le moment.
Actuellement, pour des raisons de
logistique et de prix, le marché est
tenu à 45 % par des sociétés vendant des yaourts UHT, moins chers
que les yaourts « vivants. » Avec
une inflation de plus de 7 % en
2011, notamment sur le panier de
la ménagère, Danone a choisi de
baisser ses prix de 17 à 20 % pour
les placer à environ 10 % au-dessus de ceux des yaourts UHT.
R. G.
D.R.
Le marketing
des produits
laitiers reste à
faire au
Kazakhstan.
Corruption Du mieux, mais le fléau persiste
« Je ne connais pas de sociétés qui aient fermé à
cause de la corruption, mais j’en connais que cela
a dissuadé de venir », nous explique un expatrié
occidental qui travaille au Kazakhstan depuis dix
ans. « C’est épuisant. Un coup c’est la douane,
un autre l’inspection du travail, les services hygiéniques, quelqu’un qui vous explique que contre
un dessous-de-table vous pourrez reconcourir
dans un appel d’offres perdu… À chaque fois, on
voit bien que ce n’est pas le respect de la loi qui
les amène », poursuit-il. Rares sont les hommes
d’affaires étrangers que nous avons interrogés qui
n’ont pas eu affaire à la corruption.
Certes, les choses s’améliorent. « Entre 1993,
quand je suis arrivé, et aujourd’hui, c’est le jour et
la nuit », constate Marc Bassot, vétéran français de
la république centrasiatique. Depuis quelques
années, le gouvernement mène une lutte contre
la corruption qui a conduit à l’arrestation de milliers
de fonctionnaires.
« C’est une vraie campagne de lutte. Des gens
sont arrêtés, ce qui est nouveau. Avant, les corrompus n’écopaient que d’amendes. Malgré tout,
la corruption ne diminue pas », estime Sergueï
Zlotnikov, directeur Kazakhstan de Transparency
International.
Manque de volonté politique au plus haut niveau ?
C’est ce que tend à prouver l’exemple d’une autre
ancienne république soviétique, la Géorgie, qui a
véritablement éradiqué la corruption depuis 2003.
R. G.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
11
KAZAKHSTAN
RELATIONS BILATÉRALES
Le partenariat
stratégique se concrétise
Le 6 octobre 2009, le Président Sarkozy se rendait à Astana et
érigeait le Kazakhstan en « partenaire stratégique » de la France. Mais
qu’en pensait le Kazakhstan ? Deux ans après l’offre française, il
semble que la France devienne aussi un véritable partenaire
stratégique du Kazakhstan.
R. Genté
Éric Besson,
ministre de
l’Industrie, de
l’Énergie et de
l’Économie
numérique, et
Jean-Charles
Berthonnet,
l’ambassadeur
de France au
Kazakhstan,
début novembre
à Astana.
Lorsque le 6 octobre 2009, à
Astana, Nicolas Sarkozy fait du
Kazakhstan un « partenaire stratégique » de la France, cela
n’engage que lui. Pas son homologue, Noursoultan Nazarbaïev.
D’autant que ce dernier mène des
plus habilement une politique
étrangère
multi-vectorielle,
conduite à coups de signatures
soigneusement accordées pour
faire fructifier les énormes réserves
de pétrole et de minerais du pays.
La république d’Asie centrale, tout
à son émergence, ne compte alors
déjà plus les « partenaires stratégiques » ou ce qui y ressemble :
Russie, Etats-Unis, Chine, Allemagne, Japon, Corée du Sud...
Toutefois, deux ans après la visite
de M. Sarkozy, il semble bien que
la réciprocité stratégique soit là.
Un indice ? En Europe, c’est la
12
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
France et l’Allemagne que le holding d’Etat Samruk-Kazyna a choisies comme cibles privilégiées
pour y chercher des partenaires
pour ses projets. La liaison « stratégique » possède même comme
une manifestation institutionnelle
avec l’existence d’un Conseil
franco-kazakhstanais des affaires,
co-présidé par Yves-Louis Darricarrère, le n° 2 de Total, et Aïdan
Karibjanov, le vice-président de
Samruk-Kazyna.
Pour ce dernier, « ce qui compte,
c’est le fait que la France apporte
une technologie qui contribue à la
diversification de notre économie,
ce qui est notre priorité. La plupart
des entreprises américaines présentes au Kazakhstan sont dans le
pétrole, du point de vue technologique la Russie n’est pas une
option, de même que la Chine,
outre des questions géopolitiques.
Quant à la France, regardez la liste
des entreprises qui travaillent au
Kazakhstan. Ce sont des leaders
dans leur domaine, pas seulement
dans les hydrocarbures », expliquet-il en un excellent français. « C’est
bien pour cela que nous sommes
là, en nous inscrivant pleinement
dans la stratégie de fond du
Kazakhstan de développement des
industries non-extractives », renchérit Silvère Delaunay, directeur
général d’EADS Kazakhstan, dont
les contrats dans les domaines de
l’espace, de la sécurité civile ou de
la défense sont basés sur le transfert de technologie et de savoirfaire.
Résultat : « Le partenariat stratégique se porte bien. L’étendard
français n’est pas porté que par
Total et Areva, mais aussi, depuis
un an ou deux, par Alstom, EADS
ou Thales. Les Kazakhstanais
apprécient que la France les aide à
moderniser leur pays », affirme
Jean-Charles Berthonnet, l’ambassadeur de France au Kazakhstan.
« La France est devenu le 4e pays
investisseur au Kazakhstan », de
5e qu’elle était en 2009, comme
s’en félicitait Eric Besson début
novembre dernier, à Astana.
Le ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique
illustrait par sa présence combien
le dialogue est soutenu depuis
deux ans entre membres des
gouvernements français et
kazakhstanais. Sans parler des
deux chefs d’Etat qui se sont rencontrés à quatre reprises dans le
même laps de temps. « C’est un
signe qui ne trompe pas », estime
M. Berthonnet.
« En outre, ce partenariat traite de
sujets majeurs », nous précisait
Eric Besson. Les sociétés françaises œuvrant dans le domaine
de le défense traitent avec Astana.
La présence française dans un
secteur aussi clé que le transport,
compte tenu de l’immensité du
pays, contribue aussi à renforcer
le caractère stratégique de ce partenariat. Ainsi, Alstom va-t-il produire des locomotives électriques
avec le groupe russe TransMashHolding et les chemins de fer
kazakhstanais. Même si la France
tente de s’impliquer pleinement
dans la diversification industrielle
kazakhstanaise, le domaine de
l’énergie n’est pas négligé pour
autant. Total a le vent en poupe et
lorgne sur de nouveaux gisements,
outre les 16,81 % qu’il détient sur
le champ offshore géant de Kashagan et les 17 % du champ de
gaz à condensats de Khvalynskoye
(dont GDF-Suez a acquis 8% des
parts). Quant à Areva, il signait
avec Kazatomprom, la société
nucléaire nationale du Kazakhstan,
à l’occasion de la visite de M. Besson, un accord pour la création
d’une usine de fabrication de combustible nucléaire dédiée au marché asiatique. Il prévoit « l’exploitation conjointe des mines
d’uranium pour la production de
4 000 tonnes par an entre 2012
et 2039, et une coopération élargie sur l’ensemble du cycle amont
du combustible ».
Dans la foulée, le ministre installait
le comité de pilotage d’un laboratoire franco-kazakhstanais sur les
terres rares, hautement stratégiques depuis que la Chine a
décidé de restreindre ses exportations. Pékin produisait jusqu’à présent 97 % desdites terres. Le
Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et des
industriels français (Areva, Rhodia
et Eramet) vont tenter d’apporter
leur expertise scientifique pour
évaluer les réserves kazakhstanaises et générer de nouveaux
projets industriels.
R. G.
L’association Cercles français d’affaires
au Kazakhstan tisse des liens
française. Total, EADS, Natixis ou Cifal sont représentés. L’ambassade de France aussi, en la personne de l’ambassadeur et du chef de la mission
économique. Chaque mois, l’ACFAK organise un
déjeuner ou un dîner. « Une fois sur trois, cela se
passe à Astana, la capitale politique. Sinon, c’est à
Almaty, la capitale des affaires », raconte JeanMichel Meunier. Tout ce petit monde poursuit la discussion à table. On y décrypte à plusieurs l’actualité politique ou économique kazakhstanaise,
évoque tel ou tel projet d’une de nos entreprises,
annonce l’ouverture d’une école française ou la prochaine visite du ministre Eric Besson… « À hauteur
de nos moyens, nous tentons aussi d’organiser des
visites sur des sites industriels du pays. Par ailleurs,
nous pouvons héberger une entreprise, lui fournir bureau, téléphone
et secrétariat, répondre aux questions des entreprises intéressées
par le Kazakhstan en les mettant
en relation avec nos membres et
nos contacts », explique JeanMichel Meunier. Services également ouverts aux associations et
chambres de commerces françaises, pour 500 euros de cotisation annuelle. Pour tout renseignement, l’ACFAK a son site web :
www.france.kz.
R. G.
L’association
propose des
services de mise
en relation
notamment.
R. Genté
Créée en octobre 2010, l’association Cercles français d’affaires au Kazakhstan (ACFAK) joue à plein
son rôle de développement et de maintien du « lien
avec la communauté d’affaires de la France et des
cercles francophone et francophile d’une part, et
celle du Kazakhstan d’autre part ». Une trentaine
de membres composent l’association. « L’essentiel
de la communauté d’affaires française », affirme
Jean-Michel Meunier, le président de l’ACFAK, par
ailleurs représentant au Kazakhstan de la Société
Générale. 11 heures, mercredi 2 novembre 2010,
Astana… une quinzaine d’hommes d’affaires français ou travaillant pour des sociétés de l’Hexagone
assistent à une présentation sur le blé au Regine’s,
branche kazakhstanaise du club de la chanteuse
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
13
KAZAKHSTAN
Trois questions à Jean-François Dathie
D.R.
« Un partenaire local n’est pas obligatoire… mais souvent recommandé »
Jean-François
Dathie est chef
du Service
économique pour
l’Asie centrale,
basé à Astana.
LE MOCI. Quelles sont les difficultés propres aux PME étrangères au Kazakhstan ?
Jean-François Dathie. Malgré un potentiel
considérable et une intensification des relations économiques bilatérales, le Kazakhstan
reste avant tout un pays de grands contrats,
dans des secteurs comme l’énergie, les minerais ou les transports. Les PME françaises
implantées au Kazakhstan sont souvent arrivées dans le sillage de grands groupes. Elles
restent encore très minoritaires par rapport à
leurs concurrentes allemandes ou italiennes.
Les investisseurs étrangers souhaitant pénétrer le marché kazakhstanais sont souvent
confrontés à une barrière linguistique. Au
niveau des relations avec l’administration, certaines lourdeurs administratives persistent et
compliquent les démarches à effectuer.
Une des difficultés nouvelles est aussi l’exigence croissante des autorités kazakhstanaises en matière de quotas de main-d’œuvre locale, qui vont passer à 90 % pour la
majorité des catégories salariales au 1er janvier
2012. Heureusement, les PME bénéficieront
d’une dérogation jusqu’en 2015. Enfin, il y a
l’absence de liaison aérienne directe entre
Paris et le Kazakhstan. C’est un frein à la
venue des PME.
LE M OCI . Est-il recommandé aux PME
étrangères d’avoir un partenaire local ?
J.-F. D. Cette question est sensible pour les
grands groupes industriels alors que les autorités kazakhstanaises exigent plus en matière de
14
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
transfert de technologies et de développement
du tissu industriel national. En revanche, pour
les PME étrangères qui arrivent au Kazakhstan, un partenaire local n’est pas obligatoire…
mais souvent recommandé. Il permet de faciliter les contacts avec l’administration, de mieux
comprendre la législation et la réglementation
locales. Avant de signer tout accord, il convient
de vérifier la notoriété d’un partenaire en recoupant des informations provenant de cabinets
juridiques, des banques d’affaires, etc.
LE MOCI. Qu’est-ce que le Service économique fait et peut faire pour aider les PME
à appréhender le Kazakhstan ?
J.-F. D. La recherche d’un partenaire local peut
s’effectuer sur place via la participation à des
salons professionnels et en demandant l’appui du Service économique. À partir du 1er janvier 2012, un bureau Ubifrance démarrera ses
activités à Almaty pour accompagner les PME
au Kazakhstan. Organisations de missions individuelles, participation aux pavillons français
sur les salons professionnels, études de marché, recherche de partenaires…
Dans ses relations avec les entreprises, le Service économique d’Astana a plutôt pour vocation d’apporter son soutien dans le cadre des
grands contrats ou des relations institutionnelles. Il est notamment la cheville ouvrière
des réunions de coopération économique bilatérale, telles que la commission mixte ou le
Conseil des affaires franco-kazakhstanais.
Propos recueillis par R. G.
SECTEURS PORTEURS
Innovation, diversification
Le mot d’ordre du Kazakhstan est à la diversification. Parmi les
secteurs porteurs pour les savoir-faire français en 2012, l’innovation
industrielle, mais aussi les matériaux de construction, l’agriculture, le
luxe, les transports, et toujours, le secteur pétrolier, première source de
richesse du pays. Revue de détail.
Innovation industrielle Rôle clé
des transferts de technologies
ne plaisait visiblement guère aux
entreprises : deux ou trois par an
seulement faisaient appel au NIF.
« Souvent, les entrepreneurs ne veulent pas avoir à faire avec l’État et
la bureaucratie. Ils ne veulent pas
attendre longtemps que l’argent
vienne, que la police financière
débarque chez eux ou que nous suivions leur projet », admet Rassoul
Rakhimov, un des directeurs exécutifs du NIF. Résultat : le fonds sera
bientôt transformé en Agence nationale pour le développement des
technologies. « Nous continuerons à
financer des projets, mais nous
serons davantage un think tank du
gouvernement, pour concevoir la
stratégie nationale en la matière ou
identifier les technologies à cibler »,
explique le jeune fonctionnaire.
Pour l’heure, ce sont surtout les
transferts de technologies étrangères qui poussent l’innovation au
Kazakhstan. C’est le cas avec le
Centre franco-kazakhstanais de
transfert de technologies, créé en
2010, porté côté français par CEIS
(Compagnie européenne d’intelligence stratégique), qui détient
49 % des parts. En novembre dernier, un premier contrat était signé
dans ce cadre pour l’achat de panneaux solaires photovoltaïques. Un
projet qui a bénéficié du soutien
financier du gouvernement français.
Ce contexte a conduit une entreprise comme EADS à intégrer, dans
son approche, la stratégie kazakhstanaise de développement. « Nous
nous inscrivons complètement dans
une philosophie d’accompagnement
du développement et de la diversification de l’économie du pays »,
affirme Silvère Delaunay, directeur
Kazakhstan d’EADS. « C’est pourquoi nous sommes présents en tant
que partenaire stratégique aussi
bien dans l’aéronautique, l’espace,
les images satellites pouvant par
exemple être des plus utiles pour
l’agriculture, ou la défense-sécurité »,
poursuit-il.
R. G.
Le Kazakhstan
est encore
un marché
d’importation,
mais il
pousse aux
investissements.
Les 10 principaux produits d’importation
du Kazakhstan en 2010
ÉQU I PE M E NTS MÉCAN IQU ES
18,02 -15,25 %
MATÉR I E L ÉLÉCTR IQU E
10,48 +16,78 %
HYDROCAR B U R ES
9,91 -10,73 %
OUVRAG ES E N FE R, FONTE OU ACI E R
7,42 -59,49 %
VÉH ICU LES
4,31 -29,63 %
PRODU ITS PHAR MACE UTIQU ES
3,85 +28,96 %
MATIÈR ES PLASTIQU ES
3,28 +7,28 %
APPAR E I LS D’OPTIQU E
3,16 +30,32 %
VÉH ICU LES ET MATÉR I E LS FE R ROVIAI R ES
2,83 +26,82 %
Évolution
2009/2010
des importations
kazakhstanaises,
en pourcentage
Part de marché,
en pourcentage
MOBILER
2,68 +40,96 %
500
0
1000
1500
2000
Montant des importations en millions d’euros
2500
3000
Source : GTA-GTIS
Le transfert de technologie
est sans doute une des clés
pour s’installer durablement au
Kazakhstan. Le pays ne jure plus
que par l’innovation. Le Président
ne manque pas une occasion
d’insister sur ce point, après
avoir lancé la Stratégie pour le
développement industriel et l’innovation 2003-2015.
En réalité, les projets gouvernementaux ont de la peine à démarrer. Certes, on ne crée pas un secteur en un jour. En 2007, fasciné par
les succès de Singapour ou de la
Malaisie dans les hautes technologies, le président Nazarbaïev inaugurait le parc technologique
Alataou, à Almaty, dédié aux technologies de l’information. Un échec
pour le moment. « Tout le monde ne
parle que d’innovations technologiques. Mais c’est surtout déclaratif », estime un homme d’affaires
européen qui suit ces questions.
L’aspect étatique et bureaucratique
du dispositif a contribué à refroidir
les candidats. Un des principaux
instruments du dispositif kazakhstanais pour encourager l’innovation
industrielle est le Fonds national
d’innovation (NIF). Créé en 2003,
il a pour principale mission de soutenir financièrement des projets prometteurs. Il le faisait contre l’acquisition du brevet jusqu’en 2009, en
prenant des parts dans les entreprises qui le sollicitaient. Mais cela
3500
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
15
KAZAKHSTAN
Bâtiment Besoin de matériaux de finition
R. Genté
Le contraste est grand entre l’extérieur
et l’intérieur des édifices qui poussent
comme des champignons dans la
capitale kazakhstanaise, Astana. Vu de
l’extérieur, on se laisse impressionner
par la modernité des architectures, par
les édifices de verre des plus
modernes, parfois audacieuses. D’autant que cet extérieur semble bien
vieillir, malgré les écarts de température que
connaît cette région située au cœur du continent
L’extérieur
des bâtiments
semble bien
vieillir, mais la
qualité intérieure
laisse à désirer.
Transport Entre la Chine et l’Europe,
il y a le Kazakhstan
R. Genté
Sultan
Zhassybay,
directeur
général de
Gefco
Kazakhstan.
Le projet de route Chine de
l’Ouest - Europe de l’Ouest est
la colonne vertébrale des ambitions du Kazakhstan en matière
de transport. C’est dans ce
cadre qu’Alstom vient de s’installer dans l’immense république.
De la très dynamique Chine occidentale, le Sinkiang, à l’Europe,
cela prend 45 jours pour se faire
livrer par voie maritime, 14 si l’on
passe par le Transsibérien russe
(train), 10 lorsqu’on passera par le
Kazakhstan. C’est l’ambition affichée par Astana qui met les
moyens et table sur les voies
aériennes, ferroviaires et routières.
« Ce projet est très important. Ce
sera plus rapide de passer par le
Kazakhstan. Mais ce sera aussi
plus cher que par voie maritime.
Deux fois plus peut-être. Tout
dépendra donc des endroits où
16
eurasiatique (jusqu’à + 40° C l’été et - 40° C l’hiver). Mais lorsqu’on entre dans ces immeubles,
sillonne leurs couloirs, saisit les poignées de porte
des bureaux, dévale les escaliers, on est surpris
par le manque de qualité. « Nous avons les matériaux de base, produits au Kazakhstan. À part le
verre. Il faudrait construire une usine ici. Mais, pour
la finition, il nous faudrait plus de matériaux de qualité », explique Aytekin Gültekin, président de la
société turque Sembol, qui a construit quelquesuns des plus prestigieux édifices d’Astana. R. G.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
vous prendrez et livrerez les marchandises et du type de celles-ci.
Chacun devra calculer en fonction
de ces données », explique Sultan
Zhassybay, le directeur général de
Gefco Kazakhstan, tout juste
créée à Almaty par la filiale logistique du groupe PSA Peugeot
Citroën.
À l’occasion du salon Trans Eurasia - 2011, le 10 novembre, Berik
Kamaliev, le ministre du Transport
et des Télécommunications du
Kazakhstan, alignait les statistiques.
« 2 452 km de route ont fait l’objet
de reconstruction. (…) En ce
moment, les travaux sont en cours
sur 34 sections de route. 750 km
de routes seront construites cette
année. » Le projet, prévu pour être
achevé d’ici à 2015, n’est qu’un
grand chantier qui pourrait repré-
riat avec le russe TransMash Holding (TMH) et Kazakhstan Temir
Zholy, les chemins de fer kazakhstanais. Les deux tiers de ces
locomotives sont destinées au fret.
« Il était très important pour nous
de nous installer dans cette zone.
(…) Des flux historiques passaient
par le Kazakhstan, que ce soit la
vieille route de la Soie ou les flux
soviétiques. Stratégiquement, il fallait être là. Nous le sommes pour
longtemps », explique Bernard
Gonnet, directeur d’Alstom transport pour la CEI.
À peine installé, Alstom a signé, le
19 septembre 2011, un nouveau
protocole d’accord pour la production de moteurs d’aiguillage.
La signature intervient après un an
de tests sur les voies ferrées du
Kazakhstan pour évaluer la résis-
Alstom : « Stratégiquement,
il fallait être là »
senter à terme près de 20 milliards
d’euros d’investissements.
Un grand chantier qui avance.
Pour preuve le contrat remporté
l’an passé par Alstom pour assembler puis construire au Kazakhstan
295 locomotives électriques doubles, soit environ 500, en partena-
tance desdits moteurs aux basses
températures que connaît le pays.
« C’est une preuve de plus qu’il
est important que nous soyons sur
place pour être quotidiennement
en contact avec le client », conclut
Bernard Gonnet.
R. G.
L’or noir est déjà le moteur de
l’économie kazakhstanaise,
alors qu’il n’est qu’au début de
son aventure. La république
pointe au 18e rang des exportateurs de brut et ambitionne d’occuper la 5e place mondiale d’ici
dix ans. Après 2025, Astana veut
mettre sur le marché 3 millions
de barils par jour.
Trait de jeunesse, le Kazakhstan
détient 2,9 % des réserves de brut
de la planète, mais ne fournit que
2,1 % de la production mondiale
à ce jour. Bref, l’ancienne république soviétique est en pleine
ascension et a besoin d’une quantité énorme d’équipements, pétroliers et parapétroliers, de technologies, de services.
Son gisement vedette, Kashagan,
ne produira rien avant fin 2012
(voir encadré ci-desssous). Pour
l’heure, une petite partie seulement des 240 gisements pétroliers et gaziers kazakhstanais sont
en production, dont ceux de Tenguiz (TCO, exploité par un consortium conduit par Chevron) et de
Karachaganak, situés à l’ouest du
pays comme l’essentiel des
5,4 milliards de tonnes de
réserves de brut prouvées. Autant
d’occasions pour les grosses
sociétés et les PME parapétrolières d’emporter de beaux
contrats, même si la compétition
est rude. Sans parler de tous les
projets de pipelines, de bases
logistiques, d’infrastructures.
R. Genté
Pétrole Le moteur de l’économie kazakhstanaise
D’autant que la volonté politique
d’augmenter la part de la valeur
ajoutée dans le secteur est là :
modernisation et extension de trois
raffineries, création d’un site de
production d’hydrocarbures aromatiques (le français Axens y participe), construction de complexes
chimiques et pétrochimiques… Le
tout dans le cadre de la Stratégie
de développement du Kazakhstan
2020 et du Programme d’accélération du développement industriel
2010-2014.
D’un côté, il y a les nombreuses
niches de haute technologie destinées directement à la production
pétrolière (pompes, paliers magnétiques…) ou indirectement (installations électriques, sécurité…). Le
Kioge, le salon annuel du pétrole
et du gaz qui se tient début octobre, est une occasion pour prendre les premiers contacts.
Les sites web des grands projets,
Kashagan en tête (www.ncoc.kz,
cliquer sur « Doing business with
venture »), sont le moyen de veiller à l’évolution des chantiers et
aux appels d’offres en cours.
« Avec le lancement de la phase 2
de Kashagan, qui en est encore à
la phase de conception, il y aura
beaucoup d’appels d’offres en
2013-2014 », explique Philippe
Charlez, directeur des relations
publiques de la NCOC (North
Caspian Operating Company),
l’opérateur de Kashagan, conduit
par Total.
De l’autre, quantité de marchés
annexes existent. De la fourniture
de ressources humaines au catering, comme le réalisent la marseillaise Catering International
& Services (CIS) avec des clients
comme Baker Hughes ou
Nabors drilling, ou Sodexo, présente depuis 1990 au Kazakhstan, d’abord pour TCO et
aujourd’hui pour Agip (sur le gisement de Kashagan) ou pour les
Chinois exploitant le champ de
Karazhanbas.
« Nous sommes optimistes, le secteur explose. Cela ne veut pas dire
qu’il soit facile de faire des affaires
ici, entre la législation sur le « local
content » et des méthodes de
décision pas toujours très transparentes », explique Hassen Ben
Thabet, le directeur au Kazakhstan
de Sodexo.
R. G.
La base
« Bolashak »,
pour le
traitement
de la production
de Kashagan.
Le lancement
de la phase 2
du gisement
géant générera
de nombreux
d’appels
d’offres.
Kashagan Le plus gros projet pétrolier du monde
136 milliards de dollars, ce pourrait être le montant à terme des
investissements pour développer le champ de Kashagan, dans
la partie kazakhe de la Caspienne. Découvert en 2000, recelant au moins 11 milliards de barils de réserves récupérables,
c’est le plus gros gisement d’or noir découvert ces quarante
dernières années. Il a tout de suite attiré le gratin des majors
pétrolières, dont Total (16,81 % des parts aujourd’hui). À terme,
après 2025 certainement, le champ devrait produire 1,5 million
de barils/jour, la moitié de ceux exportés par un pays qui devrait
alors faire partie du top 5 mondial des producteurs d’or noir.
L’avenir économique kazakhstanais, « radieux ou très radieux »,
comme le dit un cadre d’une firme étrangère, « dépend beaucoup de Kashagan. » Pour l’heure, l’opérateur, la NCOC (North
Caspian Operating Company), conduite par Total, se débat
pour livrer sa première huile fin 2012… mais initialement attendue en 2005. La combinaison des défis technologiques rend
la tâche des plus ardues et fait gonfler la plus lourde facture de
l’histoire du pétrole.
R. G.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
17
KAZAKHSTAN
Agriculture Un énorme potentiel, mais…
R. Genté
La culture des
céréales ne
peut être
qu’extensive.
Le potentiel agricole kazakhstanais est immense, mais le secteur demande à être restructuré.
Les savoir-faire français peuvent
saisir des opportunités.
Avec une moisson de 29 millions
de tonnes de céréales, l’année
2011 a été exceptionnelle au
Kazakhstan. La meilleure récolte en
soixante ans… et deux fois plus
que l’an passé. C’est que le pays,
du fait de son climat continental
extrême, connaît de fortes variations
de rendement avec une culture des
céréales qui ne peut être qu’extensive (18 q/ha de blé en 2011). En
conséquence, 3 à 4 millions de
tonnes sont stockées en extérieur.
Personne ne veut investir dans des
capacités de stockage ou dans
l’achat de wagons qui ne serviraient
qu’une année de temps en temps.
C’est aussi que l’ambition n’est pas
à tout prix de devenir un gros exportateur de blé. « Nous voulons stimuler nos productions animales.
Nous ne sommes pas autosuffisants pour toutes. Nous voulons
donc réduire les surfaces de blé,
qui sont de l’ordre de 70 % de la
surface agricole. Il n’y a pas assez
de rotation des cultures », explique
Yevgeny Aman, secrétaire exécutif
du ministère de l’Agriculture
kazakhstanais. Mais cette mutation
tarde à venir. Et ce malgré la
volonté présidentielle. En janvier
2010, lors de son adresse annuelle
à la nation, le président Nazarbaïev
jetait les bases d’une nouvelle politique agricole : « La productivité du
travail dans l’agriculture est la plus
basse. Elle est d’environ 3 000 dollars par salarié et par an. Alors que
dans les pays développés ce chiffre
est de 50 000 à 70 000 dollars.
(…) Notre tâche est d’au moins
doubler d’ici à 2014 la productivité
dans l’agriculture. »
« Le problème est qu’il n’est pas
suivi, avec ses grands plans volontaristes. Le secteur est dirigé par
des organismes étatiques, comme
Kazagrofinance, qui sont très mal
gérés et où les fonctionnaires passent leur temps à s’occuper de
leurs affaires, en s’appuyant sur les
moyens dont ils disposent de par
leur poste », explique un Occidental
tentant de lancer des projets dans
le secteur agricole kazakhstanais.
Kazagrofinance aide surtout les
grandes exploitations (parfois de
plusieurs dizaines de milliers
« Notre tâche est d’au moins doubler
la productivité d’ici à 2014 »
Ligne aérienne directe Patience !
Douze heures pour se rendre au Kazakhstan, ou pour
rentrer en France depuis Astana ou Almaty, c’est
trop ! « Cela freine les échanges », constate JeanCharles Berthonnet, l’ambassadeur de France au
Kazakhstan. Pourtant, il faudra être patient… Certes,
la volonté d’ouvrir la ligne est là, comme en atteste un
protocole d’accord signé le 27 juin 2011 entre le
ministre français des Transports, Thierry Mariani, et
l’ambassadeur du Kazakhstan en France, Nourlan
Danenov. Mais des obstacles techniques et commerciaux se dressent sur la route. Côté français, la
ligne risque de ne pas être rentable, selon Air France.
Côté kazakhstanais, la compagnie nationale Air
18
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
Astana pourrait elle-même desservir Paris. Le problème est qu’elle se trouve sur la liste grise de l’Union
européenne (UE). Non pas que ses avions soient de
vieilles carlingues. Mais les règles et standards appliqués par l’aviation civile kazakhstanaise, l’autorité de
régulation nationale, ne sont pas tous reconnus par
l’UE. Autant d’obstacles de part et d’autre qui font
que, malgré la volonté de coopération des deux
côtés, y compris au niveau des compagnies, ce n’est
peut-être pas demain que l’on volera d’un seul trait
entre l’Eurasie et l’Hexagone. À moins que cela ne
se fasse d’abord sur une base « provisoire », comme
le propose le protocole du 27 juin.
R. G.
d’hectares) quand ce sont celles
de taille moyenne qui pourraient
être le moteur de l’augmentation de
la productivité.
« Il existe des problèmes de fond,
par exemple liés au financement à
court terme pour ces exploitants de
taille moyenne. Ils ne peuvent pas
financer l’achat d’intrants et voient
donc leur production limitée »,
explique Grégory Lecomte, coauteur (1) d’une étude sur le secteur agricole kazakh publiée dans
le cadre du Programme OCDE
pour la Compétitivité en Eurasie.
Dans ce contexte, mais aussi parce
qu’elles ne se montrent que peu
au Kazakhstan, les entreprises
françaises sont quasi absentes du
secteur. Le savoir-faire de l’Hexagone aurait de quoi s’imposer dans
le domaine des productions
animales.
R. G.
(1) Rapport OCDE « Competitiveness
and Private Sector Development :
Kazakhstan 2010 – Sector Competitiveness Strategy », 2011.
Luxe Une forte demande à satisfaire
La Maison
française,
à Almaty.
R. Genté
Le luxe, et même, sinon surtout, le très grand luxe
ont toute leur place au Kazakhstan. « On parle de
5 000 familles très riches dans le pays. Sans parler
de la classe moyenne. Il y a vraiment de l’espace
pour l’industrie du luxe », assure Jean-Christophe
Sibelya, qui dirige la « Maison française », appartenant à un Kazakhstanais, sur l’avenue Fourmanova,
à Almaty. « Les riches Kazakhstanais vont acheter
leurs vêtements à Paris ou sur la Côte d’Azur. Bien
sûr que des boutiques de luxe qui ouvriraient à
Almaty ont toutes leurs chances de réussir », affirme
celui qui dirige une cinquantaine de magasins dans
le pays. La France du luxe se vend à merveille,
comme toujours chez les nouveaux riches de l’exURSS. D’autant que le phénomène est encore neuf.
Les premiers magasins vaguement de luxe sont
apparus vers 1993, avec la boutique « Le petit
Paris », avant de pousser comme des champignons
après 2005.
R. G.
« Les Kazakhstanais ne veulent
pas donner les clés de la maison aux Russes. Mais ils ne veulent pas non plus que les Américains s’installent. La France a
donc ses chances », résume le
sénateur Aymeri de Montesquiou.
Non sans préciser que la concurrence en matière d’industrie de la
défense n’en existe pas moins au
Kazakhstan, « avec les Israéliens
notamment ». Toujours est-il que la
politique kazakhstanaise d’équilibre
entre grandes puissances joue en
faveur de la France en matière de
défense et de sécurité.
Les entreprises de l’Hexagone ont
signé d’importants contrats, dans la
foulée de la visite du Président Sarkozy en octobre 2009, dans la
défense et les domaines contigus.
À chaque fois, il s’agit de produire
sur place, d’assembler du moins.
Ainsi EADS avec ses filiales Eurocopter – pour 45 hélicoptères
EC145 destinés à la sécurité civile
ou au ministère de la Défense – et
Astrium, qui doit livrer deux satellites
d’observation de la Terre. Ou Thales,
avec ses radios tactiques destinés
aux forces armées kazakhstanaises
– le site de production commun a
été inauguré le 14 septembre dernier – ou son satellite de télécommunications KazSat3.
Pour les deux groupes, l’idée est de
s’installer durablement au Kazakhstan. « Nous pensons que le pays a
un potentiel important, qu’il y a un
intérêt stratégique pour notre
groupe. Nous y voyons un gros
potentiel pour tous nos métiers : la
défense, la sécurité, le civil »,
explique Jean-Yves Tolot, vice-président en charge de la Turquie et de
l’Asie centrale chez Thales. Beau-
D.R.
Défense La France en embuscade
coup de dossiers sont en discussion plus ou moins avancée, dans
ce pays qui veut créer son propre
complexe militaro-industriel. Qu’il
s’agisse par exemple de vedettes
pour sa flotte de la Caspienne, destinées à protéger ses infrastructures
pétrolières, ou de radars dédiés à
la surveillance des frontières.
R. G.
Eurocopter
assemble des
hélicoptères
au Kazakhstan.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
19
KAZAKHSTAN
LES OPPORTUNITÉS EN PROVINCE
Oust-Kamenogorsk
veut sortir de la mine
Le Kazakhstan ne se réduit pas à Astana et Almaty. Dans les régions
(oblasts), les programmes de développement commencent à irriguer les
économies locales. Comme à Oust-Kamenogorsk, capitale d’un oblast
situé aux portes de la Sibérie, historiquement dédiée à l’industrie
minière. Reportage.
R. Genté
Yerzhan
Madeïev,
président d’Azia
Avto. L’oblast
cherche
à se diversifier,
notamment
dans la
construction
l’automobile.
L’histoire d’Oust-Kamenogorsk,
capitale de l’oblast (région administrative) de l’Est du Kazakhstan,
situé à la frontière de la Russie et
de la Chine, et non loin de la Mongolie, est intimement liée à l’extraction des richesses du soussol : zinc, béryllium, titane, or,
cuivre… En ce mois de novembre
2011, les premières neiges viennent de tomber sur les bouleaux
de la steppe environnante, nous
signalant qu’ici c’est déjà la Sibérie. L’hiver, le thermomètre descend à - 40° C.
Lorsqu’on entre en ville, rebaptisée du nom kazakh d’Oskemen
depuis l’indépendance, tous les
styles de construction des
diverses périodes soviétiques défilent sous nos yeux : petits immeubles jaunes stalinien, khrouchtchovki à quatre étages, barres de
béton brejnéviennes et de la
perestroïka. Oust-Kamenogorsk
20
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
doit son développement urbain aux
métaux non ferreux que recèle son
sous-sol et à son industrie métallurgique.
Comme toujours au Kazakhstan, les
villes se sont construites autour des
gisements de minerais. D’où leur
style très fonctionnel. D’où que l’on
soit, on y voit les hautes cheminées
de l’usine Kazzinc, dont le principal
actionnaire est le groupe basé en
Suisse Glencore, crachant jour et
nuit une épaisse fumée blanche.
Juste à côté de ce fleuron de l’économie kazakhstanaise se trouvent
les 142 hectares du site de l’usine
métallurgique d’Oulba, construite
en 1949 dans le cadre du programme nucléaire de l’URSS.
D’Oulba sortent divers produits à
base d’uranium, de tantale, de
béryllium et de nobium. C’est là
qu’Areva va fabriquer, avec la
société nationale Kazatomprom, du
combustible pour les centrales
nucléaires asiatiques.
Avec un tel capital industriel, on se
dit que l’oblast de l’Est aura de la
peine à échapper à son sort. « Nous
le devons. Même si nous héritons
des spécialisations régionales qui
caractérisaient l’économie soviétique. Mais cette région est aussi
rurale et nous voulons notamment
développer l’agriculture », explique
l’akim (gouverneur) de l’oblast, Berdybek Saparbaïev. C’est l’occasion
pour nous de faire une vingtaine de
kilomètres vers le Nord pour rencontrer Adil Jaksimbaïev, co-propriétaire de Vostokmoloko, une laiterie industrielle. Nous le retrouvons
dans le village d’Ukrainka, dans une
laiterie construite en 1929 et qu’il
a rachetée en 1999.
Une partie des opérations se fait
encore à la main : coupe des livres
de beurre, étiquetage d’un fromage
à tartiner… « Notre problème, c’est
l’approvisionnement en lait. Nous
avons dû créer notre propre ferme
de 1 500 vaches », explique M. Jaksimbaïev. Pour augmenter sa pro-
Areva va fabriquer,
avec Kazatomprom, du combustible
Le laboratoire
Irgetas, créé en
2007, explore
notamment des
pistes pour la
production de
nouveaux
matériaux.
R. Genté
duction, Vostokmoloko a bénéficié
du soutien de l’akimat, conformément aux programmes d’État destinés à l’amélioration du secteur
agricole. Construction d’infrastructures publiques, prise en
charge de la moitié des intérêts
des prêts (sur les 12 % proposés
par la banque) pour l’achat de
vaches tchèques et la construction
d’une nouvelle usine pour lait UHT,
et enfin subvention de 35 % sur le
prix du lait commercialisé.
Cette action de l’akimat se retrouve
dans les autres secteurs. « Nous
voulons aussi asseoir notre stratégie de diversification sur nos bases
en faisant en sorte que notre oblast
ne se limite pas à produire des
matières premières. À vrai dire, il y
avait ici un fort secteur de machinerie », raconte Yermek Kosherbaïev, le vice-akim. Dans ce cadre,
deux zones industrielles et deux
parcs technologiques sont en cours
de création. Pour commencer, le
haut fonctionnaire nous suggère de
visiter le laboratoire Irgetas, de l’université technique d’État.
Le laboratoire a été créé fin 2007
après que l’université a remporté un
appel d’offres dans le cadre du
programme d’État 2015 de développement de la science au
Kazakhstan. Un million d’euros pour
l’équiper de microscopes ultraperformants destinés à « faire de la
recherche fondamentale sur les
matériaux de notre sous-sol et explorer les pistes vers la production de
nouveaux matériaux », explique Sergueï Misevra, ingénieur chercheur
du laboratoire. Irgetas travaille aussi
avec le secteur privé. Il conduit par
exemple une recherche financée par
Kazzinc pour découvrir si de l’or est
présent dans les nano-minéraux et
comment l’en extraire.
Pour ce qui est du secteur de la
machinerie, nous nous rendons à
l’usine de valves. Elle a été
construite voilà 36 ans. Il y a trois
ans, elle s’est fait certifier ISO. Elle
s’est également mise aux normes
API (American Petroleum Institute),
l’an passé, grâce au soutien financier d’ENI, la major pétrolière ita-
Azia Avto veut prendre 20 %
du marché automobile
lienne à qui elle fournit ses produits
sur le champ gazier de Karachaganak, à l’Ouest du Kazakhstan.
« C’est ENI qui a payé pour la certification API », explique Erzhan
Ashimov, le vice-président de l’entreprise. Et pour ENI, c’était l’occasion de satisfaire aux exigences
légales kazakhstanaises en termes
de « contenu local ».
L’aide de l’akimat est aussi décisive,
selon M. Ashimov, pour ce qui est
des deux étapes de modernisation
en cours. Là encore sous forme de
prise en charge de deux tiers des
12 % d’intérêts proposés par une
banque privée. La première étape
se termine : 15 millions d’euros
d’investissements pour se doter de
technologies de soudure plus performantes, achetées en République
tchèque et en Italie. La seconde
consistera à s’équiper afin de produire des valves rondes destinées
à l’industrie gazière.
Nous terminons notre tour par
l’usine d’assemblage automobile
Azia Avto. La semaine précédente,
elle a signé avec le russe Avtovaz,
partenaire stratégique de Renault
depuis 2008, un accord pour la
construction d’une nouvelle usine
destinée à assembler, souder et
peindre 100 000 Lada par an. Pour
l’heure, Azia Avto se contente
d’assembler 7 500 véhicules au
Kazakhstan grâce à des partenariats avec Skoda, Chevrolet, Kia et
General Motors. « Cela représente
40 % du marché national », affirme
Yerzhan Mandïev, le jeune président
de la société.
Avec l’Union douanière entre le
Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie, le coût des voitures étrangères est devenu très élevé. Les
voitures produites dans l’Union
devraient donc inonder le marché
national. De 19 000 véhicules
« made in Kazakhstan » par an, il
pourrait passer à 100 000 selon
M. Mandïev. « Nous souhaitons
prendre 20 % de ce marché, le
reste de notre production sera
écoulé en Sibérie, dans l’ExtrêmeOrient russe et en Asie centrale »,
raconte-t-il. Dans le cas d’Azia Avto,
l’aide régionale est passée par SPK
Ertis, une holding publique régionale, créée en 2008. Chaque oblast
a sa SPK dont le but est de soutenir les PME et d’encourager la
diversification et la modernisation
de l’économie. C’est elle qui finance
les infrastructures nécessaires à la
construction de la nouvelle usine,
notamment en apportant une voie
ferrée sur le site. En échange, elle
entrera à hauteur de 25 % au capital de la nouvelle entité.
R. G.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
21
KAZAKHSTAN
Travailler
avec les kazakhstanais
Entretien avec Aïdan Karibjanov
« La France apporte une technologie qui contribue à la diversification
de notre économie »
R. Genté
Aïdan
Karibjanov est
vice-président
de SamrukKazyna et coprésident du
Conseil des
affaires francokazakhstanais*.
Aïdan Karibjanov est sans doute
parmi les plus francophiles, et francophones, des Kazakhstanais.
Mais, au-delà des sentiments, c’est
surtout l’offre française qui l’intéresse en ce qu’elle répond à la
priorité stratégique d’Astana :
diversifier l’économie nationale,
sortir du tout-pétrole.
Le Moci. Le holding d’État
Samruk-Kazyna a fait de l’Allemagne et la France ses
deux cibles privilégiées en
Europe. Cela signifie que la
France est bel et bien un partenaire stratégique pour le
Kazakhstan ?
Aïdan Karibjanov. C’est aux politiques qu’il faudrait poser la question. Ce que je peux dire, c’est que
ce qui compte, c’est le fait que la
France apporte une technologie
qui contribue à la diversification de
notre économie, ce qui est notre
priorité. La plupart des entreprises
américaines présentes au
Kazakhstan sont dans le pétrole ;
du point de vue technologique la
22
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
Russie n’est pas une option, de
même pour la Chine, outre des
questions géopolitiques. Quant à
la France, regardez la liste des
entreprises qui travaillent au
Kazakhstan. Ce sont des leaders
dans leur domaine, pas seulement
dans les hydrocarbures.
Le Moci. Dans ce cadre, quels
sont les grands axes stratégiques de cette diversification ?
A. K. Industrialiser, innover. Le président Nazarbaïev a très tôt compris que l’économie kazakhstanaise est trop dépendante du
pétrole et du gaz. Imaginez que les
prix baissent soudainement. Un
des axes a d’abord été de développer notre industrie de base. En
créant de nouvelles structures
pour la pétrochimie, en modernisant trois raffineries construites à
l’époque soviétique. Les moderniser revenait aussi à les adapter à la
demande actuelle, le diesel
qu’elles produisaient n’étant plus
demandé sur le marché. Nous
essayons aussi de produire de la
valeur ajoutée à partir de nos
industries traditionnelles, d’extrac-
tion. Nous ne voulons plus que le
Kazakhstan soit seulement producteur de matières premières.
C’est là que notre stratégie vis-àvis des transferts de technologie
prend tout son sens.
En nous appuyant d’abord sur nos
bases, nous pouvons mettre sur le
marché des choses nouvelles pour
nous. Regardez par exemple le
secteur de la production de locomotives. Nous avons d’abord créé
une joint-venture avec General
Electric pour fabriquer des locomotives diesel. Et maintenant,
nous allons faire de même avec les
Français d’Alstom, ou bien avec
EADS pour les hélicoptères.
Le Moci. C’est la visite à
Astana d’octobre 2009 de M.
Sarkozy qui a relancé les
contrats franco-kazakhstanais ?
A. K. Elle a manifestement donné
une impulsion nouvelle. C’est souvent comme cela, il faut
l’impulsion politique.
Le Moci. Cela veut-il dire que
les contrats ne peuvent pas
se signer sans un soutien
« Les politiques ne sont pas
absolument nécessaires pour
conclure des affaires au Kazakhstan »
politique au Kazakhstan ?
A. K. Non, les politiques ne sont
pas absolument nécessaires pour
conclure des affaires au Kazakhstan. Le marché marche, dirais-je. Il
y a d’ailleurs beaucoup d’affaires
qui se concluent sans que les politiques y mettent leur nez. Les
entreprises françaises qui comprennent la réalité kazakhe font du
business ici, sans l’État. Mais évidemment, pour les grands
contrats, sur des secteurs stratégiques, c’est différent.
Le Moci. Quels sont les secteurs où le Kazakhstan a,
disons, « besoin » de la
France ?
A. K. La France est là dans des
secteurs clés et parce qu’elle
apporte sa technologie et son
savoir-faire. Voyez Total, Areva,
EADS, Alstom. C’est de l’apport
de nouvelles technologies, de
hautes technologies, dont nous
avons besoin. La défense est
devenue un de nos grands axes de
coopération. Je ne parle pas
d’achat de Mirage ou de Mistral,
mais de contrôler nos frontières
par exemple. Le transport aussi
est, bien sûr, un domaine où la
France a sa place à prendre.
Le Moci. Qu’est-ce qui fait la différence en faveur des entrepreneurs français ?
A.K. Ils sont souvent perfectionnistes, toujours prêts. Les grands
groupes ont une énorme expérience. Pour nous, vous savez, l’innovation n’est pas quelque chose
de fantastique. Elle doit donner
des résultats concrets. Parvenir à
forer là où c’était compliqué, par
exemple.
Le Moci. Quels conseils donnez-vous aux entreprises
françaises qui voudraient travailler au Kazakhstan ?
A. K. Le Kazakhstan, depuis son
indépendance il y a vingt ans, a
développé un tissu d’entreprises
qui peuvent répondre aux besoins
des investisseurs français sur
place : logistique, juridique, ressources humaines, etc. Les entreprises françaises désirant s’installer au Kazakhstan peuvent
s’appuyer sur ce réseau.
Le Moci. Vous co-présidez,
avec Yves-Louis Darricarrère,
le n° 2 de Total, le Conseil
des affaires franco-kazakhstanais*. Quel rôle aimeriezvous que cette institution
joue ?
A. K. Pour le moment, cela marche
assez bien. Le Conseil permet de
faire avancer des projets qui bloquent ici ou là. Pour nous, Samruk-Kazyna, il nous donne un
contact plus direct avec les entreprises. C’est aussi parfois l’occasion de mettre sur la table de nouveaux projets. Et puis, c’est un
forum pour dire quels sont les problèmes rencontrés par les uns et
les autres. Ensuite, nous pouvons
faire remonter l’information au gouvernement kazkahstanais. Je crois
qu’il faut continuer dans cette
direction.
Propos recueillis
par R. G.
* Voir contacts à la fin du dossier.
D. R.
Un Français chez Samruk-Kazyna
Pierre-Yves Lucas (notre photo) est
un nom à connaître. Depuis l’été
2011, il est conseiller du président
du holding d’État Samruk-Kazyna. Au
quotidien, c’est surtout avec M. Karibjanov, le vice-président, qu’il travaille.
Sa mission, pour ce qui est des relations franco-kazakhstanaises, il la défi-
nit ainsi : « Simplifier nos relations d’affaires ». « Un des problèmes de fond est le manque de confiance entre les parties.
Souvent, il s’agit de questions techniques qui n’ont pas
besoin de remonter au niveau politique », explique-t-il. PierreYves Lucas, 36 ans, connaît bien le Kazakhstan et ses élites.
Voilà une douzaine d’années qu’il y travaille, pour des entreprises privées d’abord, pour la délégation de l’UE au
Kazakhstan ensuite.
R. G.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
23
KAZAKHSTAN
RÉGLEMENTATION
Ce qu’il faut savoir
pour s’implanter et exporter
Le Kazakhstan est une jeune république qui s’ouvre à l’international
et souhaite accélérer son insertion dans le commerce mondial.
D’où un environnement des affaires plutôt libéral, mais changeant et
non dénué de spécificités locales. Voici l’essentiel de ce qu’il faut
savoir pour entamer une démarche d’implantation ou d’exportation
dans ce pays. Les informations sont en partie tirées d’un guide très
complet réalisé par le Service économique et édité par Ubifrance
(voir « Bloc-notes » ci-dessous).
R. Genté
Dans ce pays
jeune, le
contexte
juridique des
investissements
requiert un
respect sans
faille des textes
en vigueur.
1/ Le cadre général :
libéral, mais soucieux
des intérêts nationaux
• Au plan international, le Kazakhstan est signataire des principales
conventions internationales relatives aux investissements étrangers. Il est membre du Centre international de règlement des
différends liés à l’investissement
(Cirdi) et de l’Agence de garantie
des investissements multilatéraux
(Miga), tous deux rattachés à la
Banque mondiale. Sa candidature
à l’OMC (depuis 1996) tarde à se
concrétiser.
• Avec la France, le Kazakhstan a
signé une convention d’encoura24
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
gement et de protection réciproques des investissements,
entrée en vigueur le 18 septembre
2000. Elle prévoit des clauses traditionnelles : non-discrimination ;
protection contre l’expropriation, la
nationalisation… ; garantie de libre
transfert des dividendes et produits
de cession ; clause d’arbitrage
international. Les deux pays ont
également conclu une convention
de non double imposition.
• Au plan national, la législation
kazakhstanaise est relativement
libérale et ouverte. Elle exige toutefois des investisseurs étrangers
la signature préalable d’un « contrat
d’investissement » avec les pou-
voirs publics (voir plus bas). Par
ailleurs, des mesures favorisant les
intérêts nationaux ont été introduites ces dernières années. Ainsi,
la loi sur l’investissement du 8 janvier 2003 a tout à la fois supprimé
la distinction entre les investisseurs
locaux et étrangers et introduit des
mesures favorisant le traitement
national. De même, l’ancienne loi
sur l’utilisation des sous-sols a été
modifiée fin 2007 pour autoriser le
gouvernement à revoir les contrats
qui ne lui seraient plus favorables,
une stipulation qui demeure dans
la nouvelle loi sur l’utilisation des
sous-sols adoptée en 2010. En
outre, les obligations des investis-
Les administrations compétentes
Trois interlocuteurs sont incontournables pour un
investisseur étranger :
• le Comité aux investissements du ministère de
l’Industrie et des Nouvelles technologies : il peut
faire bénéficier l’investisseur de certaines préférences fiscales et douanières après signature d’un
« contrat d’investissement ». Il est rattaché au
Conseil des investisseurs étrangers (ci-dessous) ;
• le Conseil des investisseurs étrangers (FIC) :
créé le 30 juin 1998 afin de faciliter le dialogue entre
le gouvernement kazakhstanais et les investisseurs
étrangers, il est dirigé par le président Nazerbaïev.
Son objectif : contribuer aux objectifs de développement et de diversification économiques et à l’amé-
seurs en termes de protection de
l’environnement, contenu local, formation du personnel par exemple
sont beaucoup plus scrupuleusement appliquées (voir aussi article
sur le « Local content » plus haut).
« Le contexte juridique des investissements, moins favorable aux
étrangers qu’il n’a pu l’être par le
passé, requiert donc une plus
grande structuration des projets et
un respect sans faille des textes en
vigueur, observe Anaïs Chambon,
auteur d’un guide S’implanter au
Kazakhstan sous l’égide d’Ubifrance et de la Mission économique. La législation, bien qu’ayant
évolué, reste relativement générale
et pourrait poser des problèmes
d’application pratique ou d’interprétation qu’il convient de prendre
en compte. »
2/ Créer une société :
des contraintes
administratives locales
Les formalités
La création d’une société au
Kazakhstan d’un bureau de représentation ou d’une succursale –
nécessite l’enregistrement auprès
des services du ministère de la Justice (www.minjust.kz). Une série de
documents et d’attestations doit
accompagner le formulaire de
demande (en kazakh ou en russe)
et les frais d’enregistrement doivent être acquittés (environ 65 dol-
lioration de l’environnement des affaires. À ce titre, il
s’occupe de l’identification des secteurs prioritaires
et émet des recommandations pour promouvoir un
cadre juridique favorable aux IDE. Le FIC, qui dispose d’un site Internet (www.fic.kz), s’appuie sur des
professionnels étrangers et une association (Association du conseil des investisseurs étrangers du
Kazakhstan- KFICA), qui fournit des renseignements
sur les opportunités d’affaires, les secteurs porteurs,
ou les incitations pratiquées.
• L’Agence de promotion des investissements
étrangers, Kaznex Invest, récemment créée, propose un accompagnement aux investisseurs étrangers (www.kaznex.kz).
BLOC-NOTES
Guide « S’implanter au Kazakhstan et en Ouzbékistan »,
décembre 2009, 69 euros TTC, Éd. Ubifrance
Tél. : 01 40 73 34 60 - www.ubifrance.fr
lars). Le ministère de la Justice délivre un certificat d’enregistrement,
puis enregistre la nouvelle société
auprès de l’Agence nationale des
statistiques et des autorités fiscales locales. Une fois cette étape
franchie, l’entreprise peut démarrer et ouvrir un compte auprès
d’une banque locale.
Attention aux délais ! D’après Anaïs
Chambon, « en théorie, cela ne doit
pas prendre plus de dix jours, mais
en pratique il faut souvent compter quatre à cinq semaines ». Il est
par ailleurs vivement recommandé,
compte tenu de la barrière de la
langue et de la complexité de la
législation, « d’avoir recours à un
cabinet juridique sur place, international ou local ». Un service qu’il
faudra prendre en compte dans les
coûts : dans un cabinet international, il faut compter 200 à 250 dollars de l’heure pour un juriste et
Fiscalité Une des plus
abouties d’Asie centrale
La fiscalité kazakhstanaise, malgré des efforts de clarification,
demeure complexe et fluctuante. Elle est néanmoins l’une des plus
abouties de l’ex-URSS. Elle est régie par le Code fiscal de la République du Kazakhstan (www.nalog.kz/nal_zak/kodex/kodex_nk_
eng.htm (anglais).
Il existe une convention fiscale de non double imposition entre la
France et le Kazakhstan : www.impots.gouv.fr/portal/deploiement/p1/
fichedescriptive_1429/fichedescriptive_1429.pdf
Depuis le 1er janvier 2009, le Code fiscal kazakhstanais fixe à 20 %
l’impôt sur les revenus nets des personnes morales. Une baisse par
étapes a été programmée : 17,5 % à compter du 1er janvier 2010 et
15 % l’année suivante. Mais en raison de la crise, la mesure a été
repoussée au début 2013.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
25
KAZAKHSTAN
Appels d’offres publics Les PPP se développent
Marchés publics, concessions et partenariats publicprivé (PPP) sont régis par plusieurs lois différentes.
Mais, selon le guide Ubifrance, de nombreuses dispositions réglementaires doivent encore être précisées et leur application demeure parfois incertaine.
À noter que, selon la même source, « les modifications les plus récentes ont été calquées sur la législation française en vigueur ». Quoi qu’il en soit, l’organisme compétent en matière de PPP et de
concessions est le Centre kazakhstanais des PPP
environ 7 000 dollars en tout. Les
cabinets locaux sont moins chers,
mais il faut les connaître…
Les conditions d’activité
L’investisseur étranger doit savoir
que le Kazakhstan présente plusieurs spécificités importantes.
• En premier lieu, l’exercice de
certaines activités nécessite
l’obtention d’une licence (loi du
11 janvier 2007) auprès d’un ministère ou d’une autre agence
publique, en fonction de l’activité
concernée. Vingt-sept secteurs
d’activité sont concernés, parmi lesquels : l’industrie, les transports,
l’éducation, l’information et la communication, les services, la santé (y
compris animale), la culture, les bâtiments (y compris l’architecture), les
jeux, les spiritueux et les tabacs, les
douanes, ou encore la finance.
Plusieurs catégories de licences
existent : générales (generalnie)
(www.ppp-center.kz), qui dépend du ministère du
Développement économique et du Commerce : il a
pour mission d’analyser et d’évaluer les projets.
Actuellement, les formes de PPP pratiquées sont
le contrat de service, le contrat de gestion, le Design, Build, Operate and Finance (DBOF) et le
contrat de concession.
Important : il est nécessaire de créer une filiale dotée
d’un capital correspondant à 20 % de l’investissement pour pouvoir répondre à un appel d’offres.
et illimitées dans le temps ;
ponctuelles (razovie) et limitées
dans le temps, avec volume et
montant (en argent ou en nature)
autorisés (concerne notamment
l’industrie des jeux et les opérations économiques) ; opérationnelles (operativnie) pour certaines
opérations bancaires et catégories d’assurances.
Pour obtenir une licence, toute
une série de documents administratifs et juridiques sont à fournir.
Si le dossier de demande est
accepté, la licence est délivrée
dans un délai de 30 jours à compter du dépôt du dossier, 10 jours
pour les PME.
• En deuxième lieu, en matière
immobilière, le droit est restrictif
pour les étrangers (Code civil,
Code foncier, loi sur l’enregistrement immobilier) qui n’ont pas
accès à la propriété. Cela les
oblige à s’appuyer sur un parte-
Coût du travail Le salaire moyen
atteint 448 euros
Le salaire mensuel minimum au Kazakhstan est actuellement de 15 999 tenge
(78 euros). Dans la pratique, les salaires commencent généralement autour de
300 euros et augmentent rapidement selon les secteurs, l’expérience et le niveau
d’études. Selon l’agence des statistiques kazakhstanaises, le salaire mensuel moyen
s’élève à 91 925 tenge (448 euros).
Les employeurs doivent payer l’impôt social qui représente, depuis le 1er janvier 2009,
11 % du salaire brut. La contribution au fonds national de sécurité sociale s’élève à 4 %
du revenu brut des employés, avec un plafond correspondant à 10 fois le salaire minimum mensuel. Les cotisations pour la retraite représentent, quant à elles, 10 % du
revenu brut.
26
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
naire local ou à essayer d’obtenir
un permis de résidence, tâche
réputée difficile.
Toutefois, hors ces restrictions, les
investisseurs étrangers peuvent
bénéficier d’un certain nombre
d’avantages, de nature fiscale et
douanière.
3/ Bénéficier
des régimes d’incitation
Le contrat d’investissement
Pour bénéficier des avantages,
l’investisseur étranger doit,
comme nous l’avons signalé plus
haut, signer au préalable un
contrat d’investissement avec le
Comité aux investissements du
ministère de l’Industrie et des
Nouvelles technologies. Les préférences qui lui seront accordées
ensuite le seront pour une durée
déterminée, et varieront en fonction de l’importance du projet et
de son impact attendu en termes
de développement.
D’une façon générale, le projet
d’investissement devra répondre
à des exigences de création,
d’amélioration ou de renouvellement de moyens de production.
Il devra intéresser l’une des activités prioritaires dont la liste est
dressée chaque année par le
gouvernement.
Pour déposer un dossier de
demande auprès du Comité des
investissements, un certain nombre de documents administratifs,
juridiques et financiers sont à
fournir. Le délai de délivrance du
contrat est de 30 jours.
Les moyens de paiement
au Kazakhstan
Les informations ci-dessous sont extraites
de l’Atlas 2011 des risques pays du Moci,
publiées en juin dernier (1).
Notes de risque pays
OCDE : 5/7
EH Sfac : risque élevé 4/4
Coface : B
Ducroire : court terme : 2/7 ;
commercial : C (élevé) ;
risque de transfert : 5/7
Monnaie locale
Le tenge kazakhstanais (KZT).
Librement convertible.
Taux de change au 14 novembre 2011 :
1 EUR = 202,36 KZT ;
1 KZT = 0,0049 EUR
Meilleures monnaies de facturation
des échanges
Le dollar américain (USD) et l’euro.
Moyens de paiement conseillés
crédit documentaire confirmé ou,
plus rarement, virement Swift garanti
par une assurance-crédit.
Conditions de paiement
Privilégier le paiement d’avance
(plus de 75 % des transactions).
Sinon, accorder 30 jours de délai
maximum. Les importateurs essayent
souvent d’obtenir 90 jours.
N’accepter que dans le cas d’un crédit
documentaire confirmé.
Obtenir un acompte à la commande
est possible et en demander
est recommandé.
Garanties bancaires locales
Des garanties bancaires locales
peuvent être obtenues rapidement auprès
des principales banques
locales : Turan Alem, Kazkomertzbank
et Halyk Bank (HSBK). Attention,
leurs coûts sont parfois assez élevés.
(1) « Atlas des risques pays à l’usage
des opérateurs du commerce international »
Numéro spécial du Moci
n° 1893 du 23 juin 2011.
Contact : www.lemoci.com
Important ! Seules les entités de
droit kazakhstanais peuvent
bénéficier d’aides à l’investissement, ce qui implique nécessairement, signale le guide Ubifrance,
que l’investisseur ait procédé à une
création ou a un rachat d’actifs, ou
encore qu’il ait pris une participation au capital d’un actif existant.
Avantages et obligations
de l’investisseur
L’investisseur étranger qui aura
franchi les étapes précédentes
pourra, muni de son contrat d’investissement, bénéficier de différents types d’avantages :
• douaniers : exemption des droits
de douane sur l’importation de produits (équipement, matières premières, pièces détachées) nécessaires au projet (5 ans maximum) ;
• étatiques en nature (maximum
30 % de la valeur de l’investissement), notamment terrains, bâtiments, équipements et machinerie,
ou moyens de transport ;
Attention ! En cas d’annulation ou
d’achèvement anticipé du contrat,
« l’investisseur doit rembourser
l’intégralité des avantages dont
il a bénéficié », avertit le guide
Ubifrance.
Les zones franches
Le programme « Stratégie pour le
développement industriel et l’innovation 2010-2014 » du Kazakhstan, outre qu’il a identifié des secteurs prioritaires, a introduit la créa-
tion de zones franches sous la
tutelle du ministère de l’Industrie et
du commerce :
Plusieurs zones franches ont déjà
été créées, dont : Astana-ville nouvelle (dédiée au BTP), en vigueur
jusqu’en 2010 (www.sezastana.kz) ;
Aktau-Seaport, dédié à la production d’équipements pour l’industrie
pétrolière, en vigueur jusqu’au
1er janvier 2015 ; Alatau (2003),
dédiée aux TIC, en vigueur jusqu’au
1er octobre 2013 (www.aitc.kz) ;
Ontustuk (2005), dédiée au textile,
en vigueur jusqu’au 1er juin 2030
(www.textilezone.kz).
Les avantages fiscaux sont conséquents : exonération de l’impôt sur
les bénéfices, de la taxe foncière,
de la taxe immobilière, de la TVA
(à l’exception d’Aktau Seaport), des
droits de douane (dans certaines
conditions).
À noter que plusieurs projets de
nouvelles zones franches seraient
envisagés par le gouvernement. Le
Kazakhstan a également développé des parcs technologiques,
un peu sur le modèle français des
pôles de compétitivité, avec des
aides en termes de soutien logistique, services, infrastructures,
équipements, etc.
4/ Différentes possibilités
pour s’installer
Au Kazakhstan, selon le guide Ubifrance, les deux voies les plus courantes d’implantation sont, d’une
part, le bureau de représentation
Franchise Le vent en poupe
D’après le guide Ubifrance, le Kazakhstan est le pays d’Asie centrale
où la franchise est la plus répandue : on y compterait plus de 150
franchises et 1 000 marques franchisées. Le secteur textile a été le
moteur, mais la formule s’est répandue dans les cosmétiques ou l’alimentation. Au plan juridique, les franchises sont régulées par une loi de
2002 ainsi que par le chapitre 45 du Code civil. Les candidats intéressés peuvent s’adresser à trois organismes : l’Agence pour le franchisage, qui vise à encourager le développement des franchises ;
l’Agence centrasiatique pour le franchisage et la licence (Cafla),
laquelle est également compétente en la matière ; enfin, l’Institut national pour la propriété intellectuelle (NIIS) qui prend en charge la
protection des techniques et du savoir-faire.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
27
KAZAKHSTAN
L’Union douanière Kazakhstan - Russie Biélorussie, une nouvelle réalité
La décision d’entrer dans l’Union douanière avec la
Russie et la Biélorussie ayant été politique, chacun se
demandait ce qui allait se passer concrètement. Près
d’un an et demi après que les barrières douanières
entre les trois pays ont été abolies, les premiers effets
se font sentir. Certains positifs, d’autres non.
Plus libéral que ses partenaires de l’Union, le
Kazakhstan a dû augmenter ses droits de douane
pour 90 % de la nomenclature. Résultat, les Kazakhstanais ont par exemple vu le prix des voitures augmenter de 20 %. « Nous transportons un tiers de voitures européennes en moins, neuves ou d’occasion,
depuis l’entrée en vigueur de l’union douanière »,
témoigne Sultan Zhassybay, directeur de Gefco au
Kazakhstan.
Un des espoirs d’Astana était que les sociétés étrangères s’installent dans le pays, du fait du meilleur climat d’affaires qui y règne comparé à la Russie. Le
tout en s’ouvrant un accès libre à un marché non plus
ou succursale, d’autre part, la filiale.
En théorie, comme mentionné plus
haut, aucune discrimination n’est
faite entre les sociétés résidentes
et étrangères.
Bureau de représentation
ou succursale
Bureau de représentation et succursale ne sont pas considérés
comme des entités juridiques autonomes et présentent des similitudes sur de nombreux points,
notamment leur statut juridique,
leur procédure d’enregistrement et
leur coût. Toutefois, il est important
de souligner qu’un bureau ne peut
avoir aucune fonction commerciale,
son rôle étant purement et simplement représentatif, contrairement
à la succursale. Les transferts de
BLOC-NOTES
• Comité du contrôle douanier
du ministère des Finances :
www.customs.kz
• Site l’Union douanière :
www.tsouz.ru (accessible en
russe, kazakh et biélorusse)
28
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
I. Zhorov - Fotolia.com
Le « partenariat
à responsabilité
limitée » est la
forme de filiale
la plus répandue
au Kazakhstan.
de 15 millions de Kazakhstanais mais de 170 millions
d’habitants, Russes pour l’essentiel. À l’automne
2011, aucune société européenne n’avait choisi de
s’installer dans la steppe kazakhe pour ces raisonslà. En revanche, il semblerait que des entreprises
russes aient franchi la frontière en raison du climat
d’affaires ou d’un impôt sur les sociétés plus bas. Il
est encore un peu tôt pour évaluer l’impact réel de
cette union tant pour ses membres que pour les pays
y exportant ou y investissant. D’autant que Moscou
est sur le point de faire son entrée dans l’OMC
(Organisation mondiale du commerce) et que le
Kazakhstan devrait la suivre un an ou deux après.
« Pour nous, l’avantage de leur entrée dans l’OMC
sera que ces pays seront plus prédictibles », estime
un diplomate européen. En attendant, le 1er janvier
2012, Kazakhstan, Russie et Biélorussie formeront
un espace économique commun, partiellement du
moins.
R. G.
fonds internes peuvent être effectués librement et ne font l’objet
d’une notification aux autorités fiscales ou à la banque centrale que
lorsqu’elles engagent un tiers.
Se doter d’une filiale
La filiale est une entité juridique à
part entière qui prend généralement la forme, au Kazakhstan, soit
d’une société par actions (AO), soit
d’un « partenariat à responsabilité
limitée (TOO) ». La TOO est la
forme la plus répandue dans ce
pays, selon le guide Ubifrance,
notamment parce que ce statut est
plus souple et moins exigent en
termes de capital social, de reporting et de management interne.
Ainsi, le capital minimum exigé
pour une AO est de 75,6 millions
de KZT (environ 370 000 euros)
alors qu’il est de 151 200 KZT
(740 euros) pour la TOO. D’une
façon générale, la législation en
vigueur pour ces deux types est
assez proche des normes occidentales.
Parmi les autres modes d’implantation au Kazakhstan, on peut citer
les co-entreprises (joint-ventures)
avec des partenaires locaux
(sachant qu’il n’est pas nécessaire
que les partenaires locaux soient
majoritaires). De même, l’acquisition d’une société kazakhstanaise
est possible, l’investisseur étranger
pouvant être actionnaire à 100 %
« sans difficultés ». Enfin, le développement de la franchise est à
signaler (voir encadré « Franchise :
le vent en poupe »).
5/ Le dédouanement :
tenir compte des délais
Le guide de la Banque mondiale
Doing Business 2012 évalue à
76 jours le délai moyen de transit
des marchandises au Kazakhstan.
Le pays est classé 176e seulement
pour l’efficacité de son transport
transfrontalier, ce dont il faudra
tenir compte au moment de la
rédaction des contrats et de l’organisation des livraisons.
Le régime douanier kazakhstanais
(code douanier du 5 avril 2003)
s’inspire des normes de l’OMC,
ce qui est plutôt un bon point pour
les opérateurs étrangers. Le
Kazakhstan a par ailleurs cherché
à harmoniser ses tarifs avec les
pays voisins, dans le cadre de la
Communauté des États indépen-
Le régime douanier s’inspire
des normes de l’OMC
dants (CEI) et de la Communauté
économique eurasiatique (CEEA).
Cette dernière a notamment permis de générer une Union douanière avec la Russie et la Biélorussie, en vigueur depuis juillet
2010, qui a eu pour effet de relever le niveau général des tarifs
douaniers du pays (voir encadré
page précédente).
Au plan national, auparavant, les
tarifs étaient fixés par le gouvernement via le Comité du contrôle
douanier du ministère des
Finances (www.customs.kz) : ils
oscillaient entre 5 % et 30 % selon
les produits. Il existait 17 régimes
douaniers particuliers, mais celui
de la libre circulation restait le plus
répandu. Comme indiqué précédemment (avantages et obligations
de l’investisseur), certains biens
destinés à des investissements
dans les secteurs prioritaires ou en
provenance de pays moins développés peuvent par ailleurs béné-
ficier d’exemptions. Au total, il faut
faire attention aux délais du
dédouanement. « Le régime douanier kazakhstanais peut parfois
constituer un obstacle pour les
investisseurs étrangers », souligne
le guide Ubifrance « S’implanter en
Ouzbékistan et au Kasakhstan »,
au même titre que le système fiscal. En outre, prévient-il, « certaines
pratiques contraignantes (obligation de se conformer aux normes
qualitatives locales, nécessité de
présenter des documents/certificats inhabituels) peuvent rallonger
les délais de passage des
douanes ». Au total, il est recommandé aux opérateurs étrangers
« de se familiariser avec ces
démarches et de respecter les exigences des autorités douanières
qui demeurent très influentes ».
Actualisé avec le concours de
James Hogan et de
Saule Massalina,
du cabinet Salans à Almaty
Kaznex Invest bataille pour les investissements étrangers
Être une fenêtre d’entrée sur le Kazakhstan, c’est l’ambition
de Kaznex Invest, agence gouvernementale créée en avril
2010 pour promouvoir les investissements étrangers au
Kazakhstan. Ses jeunes cadres sont à la manœuvre en cette
fin 2011 pour faire passer leur « Plan national des Investissements », qui se heurte à quelques résistances, bien qu’initié par le gouvernement. « Si 50 % de nos idées sont adoptées, ce sera déjà bien », lâche Kairat Karmanov,
vice-président de Kaznex.
Ledit Plan propose quantité de mesures pour favoriser les
investissements et améliorer le climat d’investissement. Cela
va « de la suppression des visas pour les investisseurs
venant des pays de l’OCDE à l’assistance sur place pour
organiser ses rendez-vous, à travers cette fenêtre unique
que serait Kaznex, en passant par un système interne d’évaluation des performances de nos gouvernements régionaux,
ambassades et ministères en matière d’attraction des investissements », détaille M. Karmanov.
Ce plan prévoit aussi l’exemption de taxes sur le revenu, le
foncier et la propriété, pour cinq à sept ans, pour les investissements supérieurs à 15 millions de dollars dans les secteurs de haute technologie réalisés hors industries extractives. Il propose aussi une garantie de commandes de la part
de l’État en phase de lancement ou la « stabilité de la législation » pour dix ans, un gel de la loi pour l’investissement au
stade où elle en était au moment de la signature du contrat.
Nous retrouvons là Kaznex bien dans son rôle. Outre celui de
prospecter les investisseurs aux quatre coins du monde pour
atteindre l’objectif de 50 milliards de dollars d’IDE au
Kazakhstan d’ici à 2020. Les choses ne vont pas toujours
aussi vite que la jeune Kaznex semble le souhaiter. L’an
passé, elle nous annonçait la création d’un poste
d’ombudsman (défenseur) des investisseurs et la nomination
de représentants dans six sept grands pays. L’ombudsman
n’existe toujours pas et seul un représentant de Kaznex en
Chine a été nommé. En revanche, son portail web (www.
kaznex.kz) a bien été créé et s’avère déjà un outil bien
pratique.
R. G.
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
29
KAZAKHSTAN
PRATIQUE
Contacts
et manifestations
Contacts en France
• Ambassade du Kazakhstan
59, rue Pierre-Charon - 75008 Paris
Ambassadeur : Nourlan Danenov
Conseiller économique et commercial : Anuarbek Akhmetov
www.amb-kazakhstan.fr
• Conseil des affaires
franco-kazakhstanais
Medef International
Géraldine Pavlov
Tél. : 01 53 59 16 27
[email protected]
• Centre franco-kazakhstanais
de transfert de technologies
(KZFCTT)
280 bd St-Germain - 75007 Paris
Le centre est hébergé dans les
locaux de CEIS (www.ceis.eu).
Tél. : 01 45 55 00 20
Contacts sur place
Français
• Ambassade de France à Almaty
www.ambafrance-kz.kz
• Services économiques
- À Astana
Tél. : +7 717 297 44 89
[email protected]
- à Almaty (devient une Mission
économique Ubifrance le 1er janvier
2012)
Tél. : +7 727 396 98 00
[email protected]
www.missioneco.org/kazakhstan
• Conseil des affaires
franco-kazakhstanais
Kazbek Beisebayev
Tél. : +7 701 514 7315
[email protected] ou
[email protected]
• Association des cercles
30
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
français d’affaires
au Kazakhstan
Émanation d’un ancien club informel des expatriés français.
www.france.kz
Kazakhstanais
• Kaznex Invest
Agence de promotion des investissements créée en avril 2010,
fonctionnant comme un guichet
unique pour les investisseurs
étrangers.
- Astana
Tél. : +7 7172791718
Fax : +7 7172791719
[email protected]
www.kaznex.kz
Contact pour la France :
Ardak Dossanov
tél. : +7 7172 79 93 93
[email protected]
- Almaty
Tél. : +7 7272590690
Fax : +7 7272582151
• Conseil des investisseurs
étrangers (FIC)
Rattaché à la présidence de la
République, il chapeaute le Comité
aux investissements du ministère
de l’Industrie et des Nouvelles technologies qui délivre les contrats
d’investissement que chaque investisseur étranger doit signer.
www.fic.kz (anglais)
QUELQUES CABINETS
D’AVOCATS TRAVAILLANT
AVEC LES SOCIÉTÉS
FRANÇAISES
• Salans (Almaty)
M° James Hogan
Tél. : + 7 727 258 23 80
[email protected]
www.salans.com
• Michael Wilson and
Partners, Ltd (Almaty)
Tél. : + 7 727 258 4890
[email protected] - www.mwp.kz
• Macleod Dixon LLP (Almaty)
Yerzhan Kumarov
Tél. : + 7 727 311 24 80
yerzhan.kumarov
@macleoddixon.com
www.macleoddixon.com
• Astana Law Partners LLP
Alex Verba
[email protected]
www.astanapartners.com
• Grata law Firm (Almaty)
Tél. : + 7 727 244 57 77
[email protected]
www.gratanet.com
• Magisters (Astana)
Tél. : + 7 717 297 4390
[email protected]
www.magisters.com
• PriceWaterhouse Coopers
(Almaty et Astana)
- Almaty
Tél. : + 7 727 330 32 00
- Astana
Tél. : + 7 717 255 07 07
www.pwc.com/kz
• Ernst & Young (Almaty,
Astana, Atyrau)
- Almaty
Tél. : + 7 727 258 59 60
[email protected]
- Astana
Tél. : + 7 717 258 04 00
[email protected]
- Atyrau
Tél. : + 7 712 299 60 99
[email protected] www.ey.com
• Sayat Zholshy Partners
Vitaliy Vodolazkin
Tél. : + 7 727 311 00 20
[email protected]
www.szp.kz
KAZAKHSTAN
Les principaux salons professionnels en 2012
• Plastex Kazakhstan
14-16 mars, Almaty
Salon international spécialisé dans
la plasturgie
www.chemie.kz/en/plastex
[email protected]
• Homedeco Kazakhstan
1er-3 avril, Almaty
Décoration intérieure et tissus
d’ameublement
[email protected]
www.homedecofair.com
• Interfood Astana
18-20 avril, Astana
Aliments, boissons, équipements
www.astanafood.kz/en
[email protected]
• Kitf
25-27 avril, Almaty
Tourisme et voyage
www.kitf.kz/en
[email protected]
• Kihe/Drugstore
16-18 mai, Almaty
Salon international de la santé
www.kihe.kz/en
[email protected]
• Kazagro / Kazfarm
26-28 octobre, Astana
Agriculture et élevage
www.ifw-expo.com
[email protected]
• Astana Build
23-25 mai, Astana
Bâtiment, intérieur, chauffage…
[email protected]
www.astanabuild.kz/en
• Kazbuild
14-16 novembre, Almaty
Construction, aménagement intérieur
www.kazbuild.kz/en/
[email protected]
• Transit Kazakhstan
19-21 septembre, Almaty
Transport et logistique
www.transitkazakhstan.kz/en
[email protected]
• Kioge
26-28 octobre, Astana
Industrie pétrolière
www.kioge.com
graeme.coombes@
ite-exhibitions.com
Les opérations collectives françaises
au Kazakhstan en 2012
Pavillons France
Missions de prospection
• Mining World Central Asia, salon minier
19-21 septembre, Almaty
Contact Ubifrance : Clémence Hauteville
Tél. : 01 40 73 34 52
[email protected]
• Rencontres acheteurs des cosmétiques, à l’occasion de Kazinterbeauty
26-27 avril, Almaty
Contact au service économique de l’ambassade
de France : Inessa Sultanova
Tél. : + 7 727 396 98 00
[email protected]
• Rendez-vous Vins et Spiritueux
7-12 mai, Almaty
Contact à Ubifrance : Yvette Lasserre
Tél. : 01 40 73 32 44
[email protected]
Colloque dans le secteur des transports ferroviaires et urbains
12 -3 juin, Astana
David Beaudlet - Tél. : 01 40 73 36 48
[email protected]
• Kazfarm, salon de l’agriculture
26-28 octobre, Astana
Contact Ubifrance : Tatiana Chilovsky
Tél. : 01 40 73 33 62
[email protected]
• Kioge, salon des hydrocarbures
26-28 octobre, Astana
Contact à Ubifrance : Agnès Hagyak
Tél. : +33 (0)1 40 73 34 87
[email protected]
32
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
KAZAKHSTAN
Se rendre au Kazakhstan
Formalités
Les ressortissants français désirant se rendre au Kazakhstan peuvent obtenir directement leur visa à
l’ambassade du Kazakhstan à
Paris. En cas de demande d’un
visa à plusieurs entrées, une lettre
d’invitation est nécessaire.
Le visa est délivré sous 7 jours.
La procédure d’enregistrement
auprès du Service des visas et
des autorisations (OVIR) du ministère de l’Intérieur continue d’être
nécessaire. Une fois dans le pays,
cet enregistrement est effectué
dans un délai de 5 jours par la plupart des hôtels ou par la partie invitante.
Prix des visas touristiques : entrée
simple (30 jours), 32 euros ; double entrée (60 jours), 64 euros.
Prix d’un visa affaires (de 3 à 90
jours) : entrée simple, 48 euros ;
entrée double, 72 euros ; entrée
triple, 110 euros.
Aucun vaccin n’est exigé.
Se rendre dans le pays
Aucune compagnie aérienne européenne ne dessert directement
Astana ou Almaty depuis la
France. Transit obligatoire par
Almaty, Moscou, Hanovre, Vienne,
Prague, Tachkent, Istanbul ou
Francfort.
Bon plan
L’hôtel Holiday Inn d’Almaty,
dont le chef est français, est un
des rendez-vous favoris des
Français.
www.ichotelsgroup.com,
chercher à « Kazakhstan »
Déplacements
de ville à ville
Train de nuit entre Almaty et
Astana, la capitale (14 h). Environ
150 dollars AR.
Monnaie et change
Le tengué (KZT).
Taux de change (14 novembre
2011) : 1 euro = 202,36 KZT
Bon à savoir
Les cartes de paiement internationales sont largement acceptées
dans les grandes villes tant à
Almaty, que Astana, Atyrau et
Sources d’informations
Outre ceux mentionnés plus haut, voici quelques sites utiles complémentaires.
Institutionnels kazakhstanais
• http://en.government.kz
Site du gouvernement kazakhstanais. En
russe, anglais et kazakh
• http://en.government.kz/resources/
govsites
Cette page répertorie tous les sites des
ministères et agences gouvernementales
• www.nationalbank.kz
Site de la Banque nationale du Kazakhstan, en anglais et en russe
• www.customs.kz
Site du comité du contrôle douanier du
ministère des Finances, qui fixe les tarifs
(pour le moment en russe, kazakh et biélorusse)
34
LE MOCI - Dossier spécial Kazakhstan 2011
• www.tsouz.ru
Site de l’Union douanière Russie-Kazakhstan-Biélorussie
Sites d’informations
• www.kazpravda.kz/l/eng
Kazakhstansakya Pravda, anglais et russe
• http://eng.gazeta.kz
Portail Internet d’informations sur le
Kazakhstan, en anglais et en russe
• www.newsline.kz
Site d’informations économiques sur le
Kazakhstan et l’Asie centrale, en anglais
• http://silkroadintelligencer.com
Site d’informations économiques sur le
Kazakhstan, en anglais
Aktau, notamment dans les hôtels,
les restaurants et grands supermarchés. Dans les autres villes,
prévoir du liquide.
À noter que le paiement cash s’effectue obligatoirement en tengué.
Le paiement en devises étrangères
est proscrit par la loi.
Location de voitures
Aucun loueur de voitures n’est présent à l’aéroport d’Astana. La location de véhicule sans chauffeur est
déconseillée.
À Almaty, un loueur de voitures
présent à l’aéroport :
Garage Taxi
Tél. : +7 7272 276 29 07
www.garage999.kz/ru
Coût moyen d’une location de voiture catégorie B (sans chauffeur) :
62 euros par jour (9h-18h) ou 15
euros de l’heure. Location d’une
voiture avec chauffeur : 20 euros
de l’heure.
Informations issues du Moci
n° 1895 du 21 juillet 2011
« Spécial voyages d’affaires »
À LIRE
• Vers un nouveau
partenariat entre la France et
l’Asie centrale : (Kazakhstan,
Kirghizistan, Ouzbékistan,
Tadjikistan, Turkménistan),
Aymeri de Montesquiou,
La Documentation française,
2005, 139 pages.
• L’Asie centrale à l’aune de
la mondialisation : une
approche géoéconomique,
Marlène Laruelle et Sébastien
Peyrouse, Armand Colin,
2010, 234 pages.
• Guide « S’implanter
au Kazakhstan
et en Ouzbékistan »,
Ubifrance, 2009, 230 pages,
69 euros TTC.
www.ubifrance.fr
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