LE MOCI -Dossier spécial Kazakhstan 2011 5
loin d’être parfait. Mais il semble
petit à petit régler certains de ses
problèmes. Toutefois, des difficultés
resteront. Comme l’immensité de ce
territoire, cinq fois la France, ce qui
occasionne des surcoûts et
demande souvent une organisation
plus lourde.
Le Kazakhstan est très loin, non
seulement de la France, mais aussi
de l’ensemble du monde, enclavé
qu’il est au cœur du continent eura-
siatique. Mais ces difficultés sont
aussi des avantages en ce qu’il
demande des technologies et
savoir-faire spécifiques. Pour
preuve, Alstom vient de s’installer
dans le pays, le domaine des trans-
ports étant des plus prometteurs
dans un pays à mi-chemin entre la
Chine et l’Europe.
Au plan sociopolitique, la question
de la succession de M. Nazarbaïev
est un sujet de conversation récur-
rent des hommes d’affaires, locaux
comme étrangers, tant son régime a
imprimé sa marque aux vingt pre-
mières années de cette république.
« L’autoritarisme au Kazakhstan est
consultatif, au sens où il n’existe pas
de concurrence politique réelle mais
ou les autorités souhaitent obtenir
le soutien de la population, estime la
politologue Marlène Laruelle. Mais
cela ne suffit pas à garantir la sta-
bilité. La mauvaise distribution de la
rente pétrolière peut avoir un impact
néfaste sur celle-ci. »
Ce risque, s’il doit être pris en
compte, ne doit pas être surestimé.
Pour l’heure, les sociétés qui misent
sur le Kazakhstan n’ont pas à s’en
plaindre. Ubifrance ouvre le 1er jan-
vier 2012 un bureau à Almaty, le
principal centre économique du
pays : les entreprises françaises,
notamment les PME, devraient voir
leurs démarches facilitées.
Régis Genté,
envoyé spécial
contrairement à ce qui se passe
dans des pays voisins comme
l’Ouzbékistan. Les manifestations
de nationalisme économique de
ces dernières années, qui ne
concernent que de très gros chan-
tiers, comme les gisements hydro-
carbures de Kashagan ou Kara-
chanak, sont en substance
présentées par les autorités du
pays comme une re-négociation de
contrats signés dans un contexte
où le Kazakhstan était encore fai-
ble politiquement et pas assez
expérimenté pour défendre correc-
tement ses intérêts.
À cela, il faut ajouter une tradition
bureaucratique lourde. L’économie
a eu beau s’ouvrir, devenir libérale
à bien des égards, elle n’en
demeure pas moins dominée par
l’État. Le holding d’État Samruk-
Kazyna produit plus de la moitié du
PNB du Kazakhstan. La route vers
une organisation plus libérale est
longue et on ne se refait pas en un
clin d’œil. Le très dirigiste président
Nazarbaïev, 71 ans, prototype de
l’homme qui s’est fait en gravissant
tous les échelons de l’ancien appa-
reil soviétique, aime à fixer des
objectifs de développement ambi-
tieux au pays en s’appuyant sur
d’importants programmes d’État.
Mais, comme à l’époque soviétique,
la mise en œuvre n’est pas toujours
à la hauteur des objectifs, que par
ailleurs ces programmes répondent
ou non aux vrais besoins du pays et
qu’ils soient réalistes ou non.
Souvent, l’intention est bonne.
Voire excellente, notamment
lorsqu’il s’agit de diversifier l’éco-
nomie. La richesse du Kazakhstan,
c’est son sous-sol. Notamment le
pétrole dont il est le 18eexporta-
teur mondial. Il pourrait entrer dans
le top 10 mondial d’ici une décen-
nie. Mais, visionnaire, le chef de
l’État, à la tête de son immense
pays depuis 1989, a très tôt com-
pris qu’il fallait diversifier cette éco-
nomie qui, par ailleurs, souffrait
d’avoir été cantonnée par Moscou
au rôle peu glorieux et peu rému-
nérateur de fournisseur de matières
premières, le Kazakhstan possé-
dant toute la table de Mendeleïev
dans ses entrailles.
Là, par exemple, l’application des
directives n’est pas toujours satis-
faisante. Les grands organismes
chargés de diversifier l’économie
souffrent de l'affairisme de certains
de leurs agents, comme nous l’a
expliqué un homme d’affaires occi-
dental familier des hautes sphères
du business kazakhstanais. Il confir-
mait là des informations que plu-
sieurs nous ont rapportées.
Malgré tout, ce sont autant de sec-
teurs et de niches à investir pour les
entreprises étrangères. Une cin-
quantaine de sociétés françaises
sont présentes au Kazakhstan. Et
pas seulement celles issues du
CAC 40. Même si le pays est
encore pour la France davantage
synonyme de grands contrats que
de « success stories » pour nos
PME. Astana est très gourmande
en transferts de technologie fran-
çaise. « Ce qui compte, c’est le fait
que la France apporte une techno-
logie qui contribue à la diversifica-
tion de notre économie, ce qui est
notre priorité », explique Aïdan
Karibjanov, le vice-président de
Samruk-Kazyna.
Le partenariat stratégique entre la
France et le Kazakhstan, initié par
le président Sarkozy lors de sa visite
à Astana d’octobre 2009, porte ses
fruits. La France a le vent en poupe
au Kazakhstan. Certes, le pays est
Le partenariat stratégique
France-Kazakhstan porte ses fruits
Ubifrance ouvre le 1er janvier 2012
un bureau à Almaty