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Conflit entre Constitution et droit international devant le juge …
I – Un principe : l’affirmation de
la suprématie de la Constitution
sur les normes internationales
La suprématie des normes constitutionnelles sur celles issues du droit international a fait
l’objet de multiples consécrations, notamment en 1996, 1998 et 2007. Le principe, ainsi, affirmé
trouve pour lui de solides fondements textuels.
Une suprématie régulièrement consacrée par le Conseil
d’Etat
La suprématie de la constitution est d’abord affirmée de façon implicite en 1996 (1). Elle fera
deux ans plus tard l’objet d’une consécration explicite, dont le considérant de principe sera repris
presque à l’identique dans l’arrêt Arcelor en 2007(2).
1 – Le précédent : l’arrêt Koné
C’est à l’occasion d’une affaire portant sur l’extradition d’un étranger demandée dans un but
politique que le Conseil d’Etat affirme, pour la première fois, mais de manière implicite, la
suprématie de la Constitution sur les engagements internationaux (CE, ass., 3/07/1996, Mr. Koné).
Le raisonnement suivi par le Conseil d’Etat consiste à interpréter l’accord franco-
malien à l’aune d’un principe fondamental reconnu par les lois de la République (PFRLR).
Concrètement, le juge administratif suprême considère que même si l’accord en cause ne
prévoit pas l’interdiction d’extrader un étranger dans un but politique, il faut considérer que
l’Etat français dispose quand même de cette possibilité, comme le prévoit le nouveau
PFRLR. Ce faisant, le juge administratif substitue la solution telle qu’elle résulte de la
Constitution à celle résultant de la norme internationale, ce qui revient à faire primer,
implicitement, mais certainement, la première sur la seconde. Cette solution fera l’objet d’une
consécration explicite deux ans plus tard.
2 – La consécration : l’arrêt Sarran
C’est à l’occasion d’une affaire portant sur un référendum en Nouvelle-Calédonie que le
Conseil d’Etat consacre explicitement la supériorité, dans l’ordre interne, de la Constitution sur les
engagements internationaux (CE, sect., 30/10/1998, Sarran).
L’affaire mettait en cause la légalité d’un décret au motif d’une contrariété entre celui-ci et
divers engagements internationaux. Mais, ce décret faisait, dans le même temps, une exacte
application de la Constitution. Ainsi, déclarer le décret non conforme aux normes internationales
revenait à constater, par voie de conséquence, que la Constitution elle-même était contraire aux
dites normes puisque le contenu des deux normes internes était le même. Ce faisant, le Conseil
d’Etat aurait fait primer les traités internationaux sur la Constitution française.
Le juge administratif suprême ne prend donc pas cette position et considère que dans le cas
où un acte administratif contrevient à un traité, tout en faisant une exacte application de la
Constitution, cet acte administratif n’est pas annulé. Sinon, cela reviendrait à faire primer le traité sur
la Constitution. Ce faisant, la Haute juridiction affirme pleinement le principe de la supériorité de la