d’expérience en tant qu’assistant de service social. Un certain nombre de garanties jusqu’alors
exigées ne le seront plus, ce qui fait évidemment peser un risque non négligeable sur les
publics pris en charge par les assistants de service social.
Ces trois articles sont des exemples frappants d’un désengagement et d’une
déresponsabilisation de l’État, au détriment de la sécurité des patients et de la prise en charge
des usagers. Ainsi, aux mauvais coups démocratiques succèdent les régressions dans le
secteur privé comme dans les services publics, et cela consolide une Europe à deux vitesses
qui fait de l’économie libérale son primat, et voue les législations sociales aux gémonies.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer les différences statutaires des textes européens. La
violation ou le défaut de transposition d’une directive européenne entraîne systématiquement
des sanctions financières à l’encontre des pays. Or ces directives ont très souvent une
dimension économique et visent précisément à consacrer la logique de la libre concurrence et
de la sacralisation du monde marchand. À l’inverse, la charte des droits sociaux
fondamentaux n’a aucune valeur contraignante, si bien que la non-conformité d’une
législation nationale par rapport à celle-ci n’entraîne aucune sanction. La raison de cette
distorsion est simple : il s’agit surtout de ne pas faire peser trop de contraintes sur le marché
européen pour ne pas entraver la dynamique des échanges, notamment dans le marché
intérieur. C’est dire le peu de valeur qu’accordent les promoteurs de l’Europe libérale aux
droits sociaux élémentaires reconnus par la charte, sans parler des législations nationales.
La preuve en est que nous votons aujourd’hui, dans une urgence volontaire, des tranches de la
directive « Services » pour, selon vos propres termes, madame la secrétaire d’État, « libérer le
potentiel de croissance des marchés de services en Europe en éliminant les obstacles
juridiques et administratifs injustifiés qui freinent les échanges dans ce secteur ». Dans le
même temps, vous refusez de mettre notre droit social en conformité avec les exigences du
Comité européen des droits sociaux. Suite à une procédure de réclamation collective engagée
par la Confédération générale du travail, ce comité a estimé, dans une décision du 23 juin
2010, que la législation française n’était pas, sur plusieurs points, en conformité avec la charte
sociale européenne révisée. Le Comité européen des droits sociaux a ainsi précisé, à
l’unanimité de ses membres, que le régime du forfait en jours sur l’année et les mécanismes
assimilant les périodes d’astreinte à des périodes de repos contrevenaient respectivement aux
articles 2 et 4 de la charte révisée. Or, en huit mois, le Gouvernement n’a rien fait pour
conformer notre droit à la décision rendue par ce comité. Pourquoi ? Au nom des députés
communistes et du parti de gauche, j’ai adressé un courrier daté du 19 janvier à M. le ministre
du travail afin de savoir ce que le Gouvernement comptait faire pour adapter notre législation
sociale aux exigences de la charte européenne que nous avons votée. Je n’ai pour l’heure pas
reçu la réponse de M. le ministre. C’est pourquoi les députés communistes, républicains et du
parti de gauche ont déposé aujourd’hui une proposition de résolution sur cette question.
Cet antagonisme nauséabond, qui fait primer les droits des marchés sur ceux des citoyens en
général, et des travailleurs et usagers en particulier, fait désormais partie du patrimoine
génétique d’une Union européenne qui a érigé le moins-disant social en mode de
gouvernance.
La directive « Services dans le marché intérieur », comme la plupart des directives
européennes, ne recherche que la libéralisation de l’économie et le démantèlement des règles
protégeant encore les salariés, les acteurs de l’économie notamment sociale, les usagers et les
consommateurs. L’Europe devrait protéger. Or elle détruit méthodiquement la protection
sociale, avec la bénédiction libérale de la majorité.