thèses ou des positions sous-entendues dans le sujet. Passer à un mode réflexif permet déjà
d'identifier à peu près ce qu'il s'agit d'interroger ou de remettre en cause. On peut définir ce qu'on
peut appeler « le soupçon du sujet ».
3) Dégager les thèses en présence
Une fois qu'on a dégagé le présupposé du sujet, on peut essayer de répartir les thèses et de cerner les
premières opposition : il s'agit de voir rapidement les forces ou les thèses susceptibles de s'opposer
au moins à un premier niveau d'élaboration. Quelles sont les conceptions, ou les positions
philosophiques qui peuvent être opposées sur la question posée, et à partir des analyses que l'on a
faites.
Exemple :
–« être libre est-ce faire ce que je veux ? » : cette formule est une évidence ou un lieu
commun qu'il faut remettre en cause. Le remettre en cause ne signifie pas cependant qu'on
doit nécessairement dire que « la liberté ce n'est pas faire ce que l'on veut », on peut tout-à-
fait soutenir une telle définition de la liberté, néanmoins, l'objectif de la dissertation c'est de
passer au crible une telle définition et voir si elle résiste, et ce qu'elle implique.
–« la violence est-elle toujours moralement condamnable ? ». Si on se pose la question c’est
que peut-être il y a des raisons qui font que cette violence n’est pas toujours condamnable.
On peut voir assez rapidement les forces en présence :
– Une thèse ‘de sens commun’ : la violence est condamnable, toute violence est
condamnable et mauvaise, qui exprime finalement la condamnation morale de la
violence : ce qu’il faut c’est que les hommes vivent en paix, et non comme des
animaux.
–Une thèse paradoxale (ie qui va à l'encontre de la doxa, de l'opinion commune) : la
violence n’est pas toujours condamnable, même si elle l’est souvent parce qu’elle
est parfois nécessaire pour arrêter la violence ou pour faire naître un ordre nouveau.
Cette étape consiste à faire varier les points de vue. En général quand on ne réfléchit pas trop on a
tendance à répondre « cela dépend des cas ». Cette étape consiste à prendre conscience des
positions philosophiques qui permettent de penser comment comprendre la diversité des cas et des
réponses. Plutôt que de répondre directement au sujet, on cherche à comprendre quels sont les
positions philosophiques possibles qui permettent de s'engager pour répondre au sujet. Il faut
chercher aussi à voir sur quoi se fondent ces différentes conceptions.
Cette étape permet aussi de se rapprocher du problème posé par le sujet. S'il n'y a pas pas de
réponse unique à une question simple, c'est qu'il y a un problème philosophique derrière, c'est-à-dire
une conception philosophique, une thèse que l'on va chercher à exprimer.
[Exemple: « peut-on perdre son temps ? ». La réponse spontanée consiste à dire que « cela dépend
de ce qu'on fait, etc... ». La méthode consiste à dire que cette réponse est insuffisante et de chercher
en fonction de quelle définition ou de quelle conception du « temps bien mis à profit » ou même de
ce que c'est que le temps que l'on peut élaborer une réponse philosophique à la question. Si je dis
que je perds mon temps à faire de la philosophie plutôt qu'à apprendre un vrai métier : c'est que
j'engage une certaine définition du temps gagné : c'est du temps utile, du temps qui permet ensuite
d'avoir un métier, de gagner de l'argent. C'est supposer que perdre son temps c'est l'utiliser à
quelque chose défini en fonction de certains critères : argent, efficacité, carrière. Mais je vois bien
aussi que je peux prendre les choses autrement – et peut-être même que je dois prendre les choses
autrement – : je peux aussi me dire que toute activité humaine est perte de temps, puisque le temps
ne se garde pas, qu'il passe quoique je fasse.... Ces deux réponses engagent deux conceptions du
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